Le destin des Ackerman - Tome 1
Le jour n'est pas encore levé, la nuit noire règne encore sur ce coin du monde doucement caressé par une chaude brise d'été. Les fugitifs du bataillon stationnés dans cette petite maison de campagne sont tirés de leur sommeil réparateur si bienvenu après un enchaînement d'évènements intenses et traumatisants.
Hanji vient de débouler et trouve Livaï assis dans le séjour en train de nettoyer son équipement tridimensionnel. Les deux officiers échangent deux mots puis le Caporal se lève pour aller réveiller et chercher ceux qui dorment.
- Eren va être dévoré ? S'étonne Armin après une brève première explication du capitaine, une fois que tout le monde est rassemblé.
Mikasa a le visage qui commence à se décomposer à mesure que les détails sur cette nouvelle sont donnés. Les autres membres de l'escouade Livaï écoutent sans broncher, Moblit reste droit avec le visage fermé comme d'habitude.
Thomas est derrière Hanji, adossé contre le mur, les bras croisés, ne regardant personne.
- Eren m'a fait part d'une conversation entre Ymir et Bertolt qui me mène à déduire qu'Ymir était un titan qui déambulait à l'extérieur des murs. Elle aurait dévoré un camarade de Reiner, Bertolt et Annie. Mais un titan ne redevient pas humain en dévorant n'importe qui, leur compagnon avait sûrement le pouvoir de transformation. Autrement dit, un titan redevient humain en ingérant un porteur de ce pouvoir et obtiendrait ainsi les pouvoirs de ce dernier. Eren n'est alors qu'un réceptacle, un hôte remplaçable par un autre. Par conséquent, si le gouvernement possède un titan, ils vont lui donner Eren en pâture pour récupérer sa transformation. Explique Hanji.
Mikasa sent la colère et la peur saisir ses entrailles : il faut faire au plus vite et elle le fera seule s'il le faut. Elle tourne les talons et commence à se diriger vers la porte d'entrée à pas rapides.
Livaï l'attrape par l'épaule pour l'intercepter et l'empêcher d'agir bêtement en fonçant tête baissée comme elle le fait si souvent quand son frère adoptif est en danger.
- Calme-toi. Dit-il avec autorité. Perdre ton sang-froid ne ramènera pas Eren plus vite.
Mikasa serre les dents, elle semble hésiter entre désobéir et réfréner sa pulsion. Elle décide finalement de se résigner puis dégage gentiment son épaule de l'emprise de son supérieur.
- Commençons par réfléchir à un plan puis nous nous rendrons au domaine de Rhodes Reiss. Conclut Livaï. Préparez-vous à partir.
- A vos ordres ! Disent ses subordonnés.
Hanji se tourne vers Moblit et Thomas.
- Tous les trois nous allons rendre visite à Erwin.
- Capitaine, puis-je formuler une requête ? Demande Thomas qui lève son regard vers sa supérieure.
Elle acquiesce.
- Je demande la permission d'accompagner l'escouade tactique au domaine des Reiss, si le Caporal-Chef est d'accord. Je ne vous serai d'aucune utilité en ville et je préférerai donner mon énergie à ramener Eren et traquer ceux qui ont si lâchement abattu nos camarades. Dit-il avec un aplomb qui ne lui ressemble pas tellement mais une flamme brille dans son regard.
Hanji le fixe un moment puis se tourne vers Livaï qui écoutait. Les soldats de son escouade sont déjà sortis de la salle pour aller se préparer. Thomas se tourne à son tour vers le Caporal.
Celui-ci soupire.
- Ce n'est pas une mauvaise idée, deux lames de plus ne seraient pas de refus si nous sommes attendu par la division centrale... Et ce sera sûrement le cas. Mais la décision revient à Hanji. Répond Livaï.
La capitaine revient à Thomas et soupire, à son tour.
- Bien, difficile de te refuser ça Thomas. Mais sois prudent, je n'ai pas envie de perdre un autre membre de mon escouade.
- Oui capitaine.
Sur ce Thomas monte pour aller se préparer lui aussi.
Lorsqu'il entre dans la chambre commune, tout le monde est en train de se changer rapidement. Le regard de Thomas tombe sur Mikasa qui est quasiment tournée face à la porte. Il découvre ses abdominaux impressionnants à moitié devinés par la faible luminosité de la pièce mais aussi et surtout son flanc gauche jauni d'hématomes sur presque toute sa surface, traces de la poursuite de Reiner et Bertolt quand un titan a essayé de la broyer dans sa main.
Il se tourne rapidement vers ses affaires pour imiter les autres, se mettant de dos au reste de la salle. Le jeune homme repense à la façon dont il a rejeté Mikasa il y a une heure à peine. Parce qu'il est lâche il n'a pas osé le lui dire dans les yeux, par peur de voir sa réaction.
Il s'en veut, à présent, et regrette déjà. Pas sa décision de ne plus s'attacher à quiconque, mais celle de repousser la jeune femme parce que, finalement, c'est une évidence qu'il s'est déjà attaché à elle. Il est déjà trop tard. Leurs rapports n'ont pas commencés de la meilleure manière, certes, mais cela les a inévitablement rapprochés et ce, sans encore prendre en compte les épreuves de ces derniers jours. Elle a été là pour lui quand il a appris la mort de ses camarades mais lui, il refuse d'être à son écoute ou de lui proposer du réconfort alors qu'elle vient d'apprendre que Eren va se faire dévorer. Les chances de le secourir à temps sont minces et même si elle ne le montre pas elle doit être dans tous ses états.
Sans doute aurait-elle aimé, comme lui plus tôt, se réfugier dans ses bras pour laisser aller sa crainte et sa tristesse, se savoir soutenue, ne serait-ce qu'un peu. Il a été égoïste et idiot en la repoussant, tout ça pour retarder ce qu'il sait inévitable quant à son attachement pour la jeune Ackerman. Il s'est précipité pour répudier tout contact humain sans même prendre de recul face à cette terrible journée.
Être déçu de soi-même, se sentir coupable sans savoir comment réparer les choses et être bloqué par cette fichue tendance à se considérer indigne d'intérêt... Voilà les choses qui l'empêchent d'essayer de revenir en arrière.
Mikasa termine de boutonner sa chemise d'uniforme et balaie rapidement la pièce du regard puisqu'elle a entendu quelqu'un entrer une minute plus tôt, à la recherche du nouveau venu. Elle remarque rapidement Thomas qui se prépare mais ne voit pas son lieutenant, Moblit.
Étrange.
Ses yeux se baissent légèrement et détaillent son dos dont la surface est à moitié couverte de bandages ou encore cet avant-bras en sale état dont le bandage a déjà besoin d'être changé. C'est d'ailleurs en observant ses bras qui portent les marques de sa chute qu'elle prend enfin conscience de son besoin d'être entourée de ceux-ci.
Elle a appris à rester forte avec les années, à être un pilier pour ceux qui l'entourent. Depuis six ans, sa vie repose sur le contrôle de ses émotions mais, aujourd'hui, cette résignation est plus que jamais compliquée à sauvegarder. L'embuscade de la division centrale, le fait que chaque minute qu'ils perdent est une chance moindre de sauver Eren... Ce rejet injuste est la goutte d'eau qui a bien failli faire déborder le vase.
- Je ne veux pas m'attacher à toi. Sont les mots qui résonnent en elle en cet instant.
Elle détourne le regard et chasse tant bien que mal ces pensées parasites avant de sortir de la chambre puis de retourner au rez-de-chaussée.
Cinq minutes suffiront à ce que tout le monde soit prêt. Livaï les attend, Hanji et Moblit sont déjà partis.
- Bien, il est impératif pour nous de régulièrement changer d'endroit. Nous allons nous réfugier dans la forêt à quelques kilomètres d'ici le temps de préparer un plan d'attaque et de se ravitailler. Thomas a décidé de nous rejoindre le temps de l'opération de sauvetage. Il se tourne vers le soldat Ralle. Tu iras donc avec Mikasa, Armin et Jean en ville pour prendre des vivres, tu es le moins connu d'entre nous. Nous établirons le camp ici. Livaï montre un point sur une carte.
Tout le monde acquiesce.
[ Six heures plus tard - District de Trost ]
Lise et Judith sortent l'une après l'autre de la grande porte du bâtiment des dortoirs. Leurs visages portent une expression choquée.
Elles arrivent dans la cour centrale et voient au moins une dizaine de chariots dans lesquels les membres du bataillon - enchaînés - montent, durement guidés par des soldats des brigades spéciales. Judith baisse la tête et regarde les menottes à ses mains, ne comprenant absolument rien à ce qu'il se passe.
Très vite elle est installée dans l'un de ces chariots, Lise à ses côtés, puis deux soldats des brigades spéciales s'installent au bout des assises, fusil en main.
Le temps du trajet personne n'ose parler, tout le monde regarde ses pieds. Le convoi va traverser la ville puis ils vont tous les faire descendre pour rejoindre un souterrain dans lequel leur prison les attend. Le soin est pris de séparer hommes et femmes puis ils seront enfermés en groupes de six par cellule.
En une heure de temps, tous les effectifs du bataillon qui étaient postés sur Trost sont arrêtés et emprisonnés. Dans le reste du district les routes sont contrôlées et les infrastructures du corps d'armée sont fouillés pour capturer le reste des membres du bataillon d'exploration.
Un groupe d'officiers passe devant les cellules où sont enfermées les nouvelles recrues. L'homme à leur tête a des cheveux courts et noirs, les yeux sombres et une vilaine cicatrice qui recouvre presque toute la surface gauche de son cou. Il s'arrête devant chaque groupe de soldats du bataillon et semble les détailler.
Il finit par s'arrêter devant celle où se trouvent Lise et Judith. Les deux jeunes femmes lèvent les yeux vers cet homme charismatique à la carrure imposante et, quand elles croisent son regard, elles ont un choc. Elles échangent un regard surpris puis reviennent à ce visage dont la ressemblance frappante avec quelqu'un qu'elles connaissent bien est déroutante.
L'officier détourne les yeux du groupe et porte son attention à ses subalternes.
- Pourquoi ne sont-ils par parmi les nouvelles recrues ? Demande-t-il sèchement à un bleu qui tient un registre, il est tout tremblant.
- Euh, je... Je ne sais pas monsieur je... Peut-être que...
- Hors de ma vue et amenez-moi quelqu'un qui peut m'apprendre quelque chose que je ne sais pas ! S'énerve l'officier qui doit être celui en charge de cette prison.
Des pas rapides se font entendre dans l'escalier de pierre et un soldat apparaît, essoufflé.
- Capitaine..!
Le soldat s'approche après avoir repris son souffle pendant quelques secondes puis tend trois épais carnets.
- Ce sont les registres du bataillon, j'ai vérifié, les transferts y sont également consignés.
- Bien, j'imagine que c'est par date...
Il regarde la couverture du premier : "840 - 845" puis le jette au sol. Pareil pour le second sur lequel figure "845 - 849". Il ouvre enfin le troisième qui concerne la période qui l'intéresse. L'officier n'a pas besoin de chercher longtemps puisqu'il sait exactement ce qu'il cherche et de toute façon les registres militaires sont tous faits pareil.
- Il est bien écrit qu'ils ont rejoint le bataillon mais rien n'indique qu'ils ont été réassignés. Vous avez des nouvelles des équipes d'intervention ? Demande-t-il en refermant l'épais carnet.
- Pas encore capitaine.
- Bon, ils étaient sûrement dans la campagne, dès que vous les avez amenez-les moi.
- Oui capitaine ! Répondent les sous-officiers.
Le groupe de soldats des brigades s'éloigne et Judith s'approche de Lise, préoccupée.
- Dis... Tu trouves pas que ce type a un air de...
- De Thomas, oui. Complète Lise qui interrompt son amie. Elle est assise contre le mur du cachot et replie les jambes contre elle, faisant reposer son menton sur ses genoux. J'ai cru que c'était lui pendant un instant, en plus vieux.
- Moi aussi... Mais il n'a pas dit que ses parents vivent à Karanes ?
- Si-si et cet homme est clairement trop vieux pour être son grand-frère.
- Tu crois que...?
- J'en sais rien. Il ne m'a jamais vraiment parlé de lui.
- Je vois...
Judith plonge dans ses pensées et essaye de comprendre ce qu'elle a vu. Elle tente de fouiller dans les souvenirs de moments passés avec Thomas mais rien ne lui vient concernant ses parents, sinon qu'il en a très rapidement fait mention une fois ou deux mais n'a donné aucun détail qui puisse l'aider là tout de suite. Il parlait surtout de sa sœur qu'il idolâtrait. Aurait-il menti ? Si oui qu'est-ce que ça a bien pu lui apporter ?
Elle ouvre de grands yeux, comme si elle venait de trouver la réponse qui expliquait énormément de choses, une théorie qui éclaire toutes les zones d'ombre.
- Dis Lise...
- Mh ? Cette dernière relève la tête et range une mèche de cheveux roux derrière son oreille.
- Si jamais cet officier est le père de Thomas, tu ne trouves pas que ça explique pas mal de choses ?
- Comment ça tu veux dire que...
La fin de sa phrase meurt dans le silence.
Judith n'a jamais été aussi proche du soldat Ralle que Lise ou Josh mais elle a toujours trouvé que quelque chose cloche chez lui. Il parlait souvent de sa sœur, il parlait de son envie d'intégrer les bataillons, de la rendre fière...
Mais dans les faits, il était parmi les pires de la promotion et n'avait aucune force, aucun domaine dans lequel il était au moins bon. A chaque fois qu'il y avait des tests éliminatoires il les passait de justesse alors que son niveau théorique était en dessous des exigences.
Judith avait toujours soupçonné ce jeune homme de se faire pistonner ou d'avoir un parent très haut placé dans l'armée. Avoir un père ou un oncle haut gradé des brigades spéciales expliquerait tout cela.
- Qu'il nous ment depuis le début sur qui il est vraiment. Reprend Judith.
- En trois ans, il se serait forcément trahi au moins une fois, c'est pas le plus malin d'entre nous. Je ne crois pas qu'il aurait vraiment pu nous berner à ce point. Tempère la rousse qui n'a pas l'air d'y croire, même si la ressemblance avec cet officier des brigades spéciales est frappante.
Judith soupire puis se gratte l'avant-bras en continuant d'y réfléchir.
- ...Je ne sais pas. Même si on s'est amusé ensemble quelques fois, on n'était pas vraiment proches pour autant. Non je ne peux pas y croire c'est... Ajoute Lise.
- Grotesque ? Pourtant ça a l'air de coller parfaitement. Je comprends que tu ne puisses pas y croire... Mais regarde autour de nous, regarde ce qu'il se passe. Le gouvernement fait emprisonner les soldats du bataillon, il y a des attaques à mains armées en pleine ville qui sont dirigées contre nous... On ne peut plus faire confiance à toute personne qui porte les ailes de la liberté.
- Tu as sûrement raison mais il ne vaut mieux pas s'emballer, laissons-lui le bénéfice du doute. Tempère mademoiselle Niso.
- Lise, réfléchis, ne te laisse pas avoir.
Cette dernière soupire longuement.
Quelqu'un tape contre les barreaux, c'est un soldat des brigades.
- La ferme vous deux !
[ Quelque part dans l'enceinte du mur Rose ]
Quatre personnes encapuchonnées marchent dans un bois en portant caisses et sacs en toile de jute.
- Remontre-moi ça Armin, ça me fait vraiment beaucoup trop marrer la façon dont ils l'ont dessiné ! Dit Jean qui essaye d'attraper le prospectus distribué en ville par les brigades spéciales avec un portrait robot du Caporal-Chef.
- Arrête de m'emmerder Jean, si on le déchire on...
- Ça vaaaaa... J'essaye juste de rire un peu parce qu'avec les deux derrières c'est pas trop l'ambiance... Jean se tourne vers Mikasa et Thomas qui ne marchent pas l'un à côté de l'autre. Ils ne se sont pas adressés la parole pendant le chemin. Hein les taciturnes ?
La jeune femme lance un regard à son compagnon qui montre bien sa totale indifférence pour sa taquinerie. En revanche, Thomas regarde méchamment le soldat Kirschtein.
Jean revient à Armin et se penche pour parler plus bas.
- Mais merde, lui il a complètement perdu les pédales...
- Essaye de le comprendre...
- Je le comprends, mais on passe tous par là, on a tous perdu des camarades, c'est pas une raison pour avoir cette humeur de chien.
Armin baisse la tête, il sait que Jean a raison mais il sait aussi qu'il n'aime pas Thomas et c'est sans nul doute en rapport avec Mikasa. La veille, lorsqu'elle l'a prit dans ses bras pour le consoler, Jean serrait les dents et regardait en leur direction avec un air enragé.
La tête pensante du groupe a bien remarqué qu'entre son amie d'enfance et le membre de l'escouade Hanji il y a quelque chose qui se passe. Au début il ne voulait pas y croire, vu que la jeune femme a beaucoup de mal avec les nouvelles têtes et préfère rester dans un cercle très fermé de connaissances.
Puis, suite à ces deux jours pendant lesquels ils ont épluché des kilos et des kilos de pommes de terre ensemble, il a remarqué les regards timides qu'ils s'échangeaient. Armin n'a jamais vu d'un mauvais œil la façon dont Mikasa est obsédée par la sécurité de Eren et peut balayer d'un revers de la main tout ce qui existe s'il est en danger. Mais il est venu à la conclusion que, si même elle parvient à s'attacher à quelqu'un d'autre, ça ne pourrait qu'être bénéfique et être le signe que malgré tout ce qu'il se passe, les choses vont en s'améliorant.
Oui, il le pense vraiment. Peut-être qu'il s'emballe, peut-être qu'il n'y aura rien de plus entre eux, mais ce serait un grain d'espoir, une minuscule preuve que malgré les épreuves et les obstacles, Mikasa peut s'ouvrir à d'autres voire enfin penser à son propre bien-être. Armin l'interprète comme ça et quand il a vu Mikasa serrer le soldat Ralle dans ses bras il n'y avait plus de doute à ses yeux.
Depuis le temps qu'ils se connaissent il a appris à voir au delà de sa carapace et il sait qu'elle a désespérément besoin d'une affection que Eren ne lui donne pas et ne lui donnera sans doute jamais.
Il se retourne alors et remarque qu'ils ont l'air distants, ils ne marchent pas aux côtés l'un de l'autre et ne se parlent pas. Étrange. Est-ce qu'ils se sont encore chamaillés ? Il devrait aller voir Mikasa pour lui demander ce qu'il se passe mais elle ne voudra sûrement pas en parler.
Ou alors aller voir Thomas, mais vu son changement radical de comportement ce n'est pas non plus une bonne idée. Pourtant il veut et doit faire quelque chose, si ces deux là ne sont pas complètement concentrés sur le sauvetage d'Eren ce sont des chances déjà minces qui s'amenuisent.
Le groupe arrive finalement au campement et rejoint Conny, Sasha et Livaï.
- Le ravitaillement est fait Caporal ! Dit Jean avant de se délester des sacs qu'il portait sur son dos.
Armin s'avance jusqu'à l'officier et lui tend le tract.
- Les brigades distribuaient ça. S'ils disent vrai le bataillon est déjà démantelé. Une battue va être organisée aujourd'hui et les routes principales sont contrôlées. Impossible de passer sans sauf-conduit. Explique le blond qui retire sa capuche.
- Comment sais-tu ça ? Demande Livaï après avoir parcouru rapidement le bout de papier sur lequel il ne voit pas les informations énoncées par son subalterne.
Armin se tourne vers Thomas qui fait une pile avec les sacs avant de s'affairer à s'équiper d'un appareil tridimensionnel.
- Il nous a dit avoir entendu un officier expliquer à un peloton de nouvelles recrues leur mission du jour. Répond monsieur Arlelt.
- Oh ? Espérons qu'il ait été aussi discret qu'hier...
Mikasa qui s'était accroupie avec Armin devant le caporal - qui est assit sur une souche - se retourne vers le soldat Ralle. Il s'est éclipsé à un moment en prétextant savoir où trouver un produit en particulier et qu'il les rejoindrait au bateau. Sur le coup elle avait trouvé ça bizarre.
- Qu'allons-nous faire Caporal-Chef ? Demande Armin.
Mikasa revient à son supérieur.
- Il faut faire vite ou Eren va... Dit-elle.
- Calmez-vous. Coupe Livaï. Ils voyagent en carrosse, il leur faudra une journée pour atteindre le domaine. Nous n'avons plus qu'à profiter de ce temps pour établir un plan.
A peine Livaï termine-t-il sa phrase que Sasha se tourne brusquement, bandant son arc.
- Caporal-Chef, j'entends du monde qui approche.
Tous se retournent vers mademoiselle Braus d'un air étonné.
Le bruit caractéristique d'une lame sortie de son fourreau se fait entendre. Livaï regarde en direction de Thomas qui en est la source.
- Attends. On va leur tendre un piège, on n'est pas là pour trucider tous ceux qu'on croise.
Quelques minutes plus tard, deux soldats des brigades s'avancent sur le sentier qui mène au campement.
Thomas, qui a été posté en avant-garde, fait signe à Mikasa et Livaï qu'ils approchent en leur donnant leur nombre avec ses doigts. Armin se met en place et s'agenouille au bord de la rivière pour remplir des seaux d'eau, attirant ainsi leur attention. Le soldat Ralle écoute les deux soldats des brigades discuter pendant qu'ils continuent leur chemin, fusil en main. Il les observe et sent une colère vengeresse monter en lui.
Il parvient à contrôler sa pulsion meurtrière en se souvenant de sa mission puis reste en alerte au cas où ils ne seraient pas seuls dans le secteur.
- Pas un geste ! S'écrie Marlo en mettant en joue Armin qui est de dos. Retourne-toi lentement ! Ordonne-t-il ensuite.
Le soldat Arlelt lève les mains puis se redresse doucement.
- Tu es du bataillon hein ?
Armin finit de se retourner et regarde le soldat droit dans les yeux.
- C'est ça... Et ne t'avise pas de crier. Garde la pose et fais ce qu'on...
Avant qu'il ne termine sa phrase, Mikasa et Livaï surgissent des hauteurs des arbres environnants et leur sautent dessus pour les neutraliser. Ils placent une lame sous la gorge de chaque soldat des brigades.
- C'est ça, tout doux. Maintenant tendez-lui vos armes. Conseille Livaï avec calme.
Thomas descend de son arbre et rejoint le groupe en marchant.
- Et ne vous avisez pas de crier. Dit Armin après avoir récupéré les deux fusils.
Quand Thomas arrive à leur hauteur, Livaï lui fait un signe de tête. Le jeune homme s'occupe alors de retirer l'équipement tridimensionnel des deux captifs ainsi que leur cape et leur veste, qui pourraient servir pour s'infiltrer ou passer un contrôle.
Conny et Sasha font le guet un peu plus loin, Mikasa et Armin s'occupent ensuite de leur ligoter les mains. Jean s'affaire pendant ce temps à leur faire les poches pour trouver leurs papiers.
- Caporal. Dit Jean qui tend à Livaï les fameux documents officiels.
- Alors... Brigades spéciales de Stohess, soldat Marlo Freudenberg et... Hitch Doris, même affectation. On va bien s'occuper de vous... S'amuse un peu Livaï en utilisant un ton lugubre pour leur faire peur, ce qui marche forcément.
L'effroi de la jeune femme ligotée se lit sur son visage.
- Par votre faute, plus de cent habitants de Stohess sont morts ! S'écrie-t-elle subitement.
- Pardon ? S'étonne le Caporal-Chef.
Marlo essaye de faire taire sa coéquipière mais sans succès.
- Vous vous prenez sans doute pour des héros et des justiciers mais vous avez plongé des familles entières en enfer ! Continue-t-elle.
- On est au courant, merci. Répond Livaï, toujours aussi calme, ce qui déstabilise Hitch.
- Et vous, vous avez été formés dans le sud non ? Demande-t-elle en direction de Mikasa et Armin. Avec Annie Leonhart. Vous vous entendiez bien ? Non forcément, elle n'avait pas d'amis hein... Elle était du genre renfermée et revêche, comme si elle avait peur de sympathiser.
Livaï jette un coup d'œil en direction de Thomas. A son entrée dans l'escouade Hanji il avait été mit au courant sur les circonstances de la mort de Petra. Il a donc peur que le fait que Hitch évoque la meurtrière de sa sœur ne provoque chez lui une réaction incontrôlable, mais il a l'air de rester calme et se contente de les regarder.
En vérité, il bout à l'intérieur.
- Je ne savais pratiquement rien d'elle et elle est introuvable depuis ce jour-là... Hitch se retourne brusquement vers Livaï qui était dans son dos, sa lame posée sur l'épaule avec toute la décontraction dont il peut faire preuve dans ces moments là. Parce qu'elle a dû être pulvérisée par le titan !
- Loin de là puisque c'était elle, le titan. Annonce brusquement le Caporal-Chef.
Ceci calme instantanément la jeune femme et choque Marlo.
- Dur à gober pas vrai ? Vous comme nous, personne ne sait rien du monde dans lequel on vit. A part les types planqués au centre des murs... On vous relâchera quand on partira d'ici. Ajoute Livaï.
Les deux soldats des brigades spéciales baissent la tête, cette révélation les a assommés.
- C'était Annie..? Souffle Hitch qui ne s'en remet pas.
- Caporal-Chef, laissez-moi vous aider ! S'écrie Marlo. A mes yeux vous êtes sur la bonne voie. Si je peux corriger les injustices de ce monde, je suis prêt à tout ! Assure-t-il et force est de constater qu'il est convaincant.
- T'es sérieux là ? Demande l'officier en le toisant de haut.
Thomas et Jean ont un sourire amusé aux lèvres.
- Je vous en prie Caporal !
- C'est non. Statue fermement Livaï. Impossible de savoir si t'es vraiment prêt à te mettre le régime à dos. Il range sa lame et regarde ses hommes. On y va, Sasha attache-les quelque part.
- A vos ordres ! Répond-elle passant son arc par dessus sa tête et se précipitant vers eux pour faire ce qu'on lui demande.
Lorsque Livaï passe près de Jean, ce dernier l'interrompt.
- Attendez, laissez-moi m'occuper d'eux.
Le caporal-chef le jauge un instant.
- Entendu, fais vite. Répond-il.
Thomas est un peu plus haut et dévisage Jean qui lève les yeux vers le soldat Ralle à son tour. Pour Mikasa et Armin qui voient le regard qu'ils échangent, ils voient bien cette tension et savent que ça risque d'éclater d'ici peu de temps.
Jean se retourne en serrant les dents. Le reste de la troupe va attendre, Armin en profite pour prendre son amie d'enfance à part.
- Mikasa, il faut qu'on discute, viens avec moi.
- D'accord. Répond-elle.
Il marchent tous les deux sur une dizaine de mètres en s'enfonçant dans la végétation.
- Dis-moi, qu'est-ce qu'il se passe avec Thomas ? Demande Armin qui semble inquiet.
Mikasa s'étonne du sujet qu'il aborde et se demande pourquoi est-ce qu'il pose cette question, pourquoi est-ce qu'il s'inquiète de ce qu'il se passe entre elle et cet idiot de Thomas. Elle ouvre donc la bouche pour répondre mais rien ne sort.
- Ne fais pas cette tête... Hier tu l'as pris dans tes bras pour le consoler et cette nuit vos deux couches étaient vides... Aujourd'hui vous ne vous êtes pas adressé la parole. Vous vous êtes encore tapé dessus ?
Mikasa ne laisse pas transparaître la douleur du souvenir de leur conversation pendant la nuit.
- Non. Nous ne sommes juste pas faits pour nous entendre. Dit-elle sur un ton plus sec qu'elle ne le voudrait.
Armin fronce, pas convaincu par cette réponse, il sait qu'elle est sur la défensive.
- Bon, j'espère que ce n'est que ça. Parce que je sais que tu veux tout faire et feras tout pour sauver Eren, mais je te connais depuis qu'on est enfants Mikasa... C'est la première fois que tu te préoccupes autant d'un inconnu. Alors... Quoi qu'il se passe entre vous, vous feriez mieux d'arrondir les angles, ça serait mieux pour tout le monde si vous êtes concentrés sur notre mission. Tu ne crois pas ? Dit-il sur ton qui démontre toute sa diplomatie et son empathie.
Les mots de Armin provoquent une réaction chez la jeune femme, une pulsion qui la pousse à délier sa langue.
- Tu as raison mais... Je ne sais pas comment m'y prendre. J'aimerai le faire changer d'avis sur une décision qu'il a prise mais venant de moi ça ne sera pas crédible. Confie-t-elle, gênée par ce besoin de se dévoiler.
- Peut-être que, au contraire, venant de toi ça aura en fait plus de sens. J'ai vu la façon qu'il a de te regarder et ce n'est pas de la méchanceté ni du ressentiment. Affirme le blond.
Mikasa ouvre de grands yeux et reste un instant à regarder le sol, comme si cette révélation lui avait provoqué une absence, lui avait fait louper un battement. Elle lève ensuite son regard et remarque au loin Thomas qui est adossé au tronc d'un arbre, les bras croisés, attendant que le Caporal leur donne l'ordre de se mettre en route.
Les yeux bleus du soldat Ralle sont tournés en sa direction et lorsqu'elle les croise, il détourne immédiatement le regard comme si de rien n'était.
Mikasa soupire.
- Je ne t'embête pas plus, rappelles-toi juste que dans les circonstances actuelles nous avons besoin d'être soudés. Termine Armin.
- Entendu. Comprend la jeune femme qui acquiesce lentement en baissant la tête.
[ Trente minutes plus tard ]
L'escouade tactique, Marlo, Hitch et Thomas arrivent près d'un campement des brigades spéciales, amenés ici par les informations données par les deux soldats capturés.
- Regagnez votre unité pour éviter les soupçons. Conseille Livaï à l'intention de Marlo et Hitch.
- Compris. Disent-ils avant de s'éloigner.
Le caporal-chef observe quelques instants ce campement puis se relève et rejoint les hommes sous ses ordres pour exposer son plan.
- En piste, à nous de les prendre par surprise !
Tous montent à bord d'un chariot sauf Livaï et Thomas. Le plan est simple : foncer dans les caisses qui leurs servent de portail pour les enfoncer puis leur tomber dessus. L'objectif est de capturer leur officier pour lui soutirer des informations. Les deux en retrait s'occuperont d'intercepter d'éventuels fuyards.
Ce que Livaï ne dit pas c'est qu'il veut surtout éviter que Thomas participe à une confrontation directe avec les brigades spéciales pour le moment, il a peur qu'il y ait des débordements tragiques et non nécessaires, ils ne sont pas là pour tuer qui que ce soit.
Deux minutes plus tard le chariot s'élance, les deux hommes qui sont en retrait regardent de loin, prêts à intervenir.
- Je n'ai pas encore pu te présenter mes condoléances en personne pour Petra, je suis désolé. Dit Livaï, le regard fixé sur le campement déjà assailli par leurs camarades.
Thomas s'étonne de ses mots et du sujet abordé, il ne s'y attendait pas.
- Je ne veux pas raviver ta peine mais je veux te dire que ça m'a fait le même effet que toi avec tes camarades, quand c'est arrivé. Ça fait des années que je suis dans les bataillons et ce n'est pas pour ça que je me suis habitué à perdre des camarades.
Thomas baisse la tête en serrant les dents.
- Moi aussi je me suis dit que le mieux à faire est de ne plus s'attacher aux autres et de devenir quelqu'un de froid et associable. D'une certaine manière je le suis mais il faut se rendre à l'évidence : on ne peut pas sauver tout le monde, nous sommes en guerre. On ne peut pas non plus survivre seul dans cet enfer. Je crois que Petra n'aimerait pas que son petit prince se condamne en voulant se la jouer solitaire ni qu'il devienne aussi rabat-joie que moi.
Thomas sursaute, abasourdi par l'emploi de ce surnom. Comment sait-il que c'est de cette manière qu'elle aimait le surnommer ? Mais il est dans le vrai, sa douleur et la cruauté de ce monde ne doivent pas faire de lui ce qu'il n'est pas, il doit surmonter ces épreuves. C'est certain que Petra aimerait qu'il reste lui-même.
- M'enfin, je suis rarement de bon conseil et c'est d'ailleurs pour cela que Petra et les autres y sont restés ce jour-là. Mais je pense qu'il ne faut pas en vouloir au monde entier. Petra, Isabelle, Furlan, Nifa... Ils ont choisi de s'engager, ils ont choisi d'intégrer ce corps d'armée dangereux, ils connaissaient bien les risques. Alors chercher des coupables c'est leur enlever cette liberté qu'ils ont prise en s'engageant et cette même liberté qu'ils cherchaient tant à trouver en se battant contre les titans. Termine Livaï.
Thomas ne peut qu'être d'accord avec ce discours, avec le sens de ses mots et ce qu'ils impliquent. Un déclic se produit dans son esprit déjà tourmenté par les récents évènements.
Sous leurs yeux, Mikasa met une sacrée raclée aux soldats des brigades mais les autres ne sont pas des tendres non plus. Trois minutes suffisent pour aplatir toute la compagnie. Livaï actionne alors son équipement tridimensionnel et part en quête de l'officier.
Le groupe rejoint Thomas sur cette petite colline qui domine la clairière dans laquelle se trouve le camp.
Son regard est moins dur, moins triste, moins froid. La leçon du Caporal-Chef est pleine de bon sens et lui donne à réfléchir : une profonde remise en question est en marche. Il a véritablement agit comme un idiot et aujourd'hui, surtout aujourd'hui, alors que les effectifs du bataillon sont drastiquement réduits et qu'il fait partie de cette escouade pour un temps, il ne peut pas se permettre le comportement qu'il commençait à adopter.
Il s'en rend compte maintenant, avec le recul. Il a le droit de pleurer sa sœur et ses camarades, il a le droit d'avoir du mal à se relever des pertes qui sont - et il doit s'y faire - quotidiennes ici mais il doit apprendre à surmonter tout cela et garder son objectif en ligne de mire. Lui qui voulait ne plus être un pleurnichard, ne plus être faible, c'est complètement ce qu'il s'apprêtait à faire avec la décision de ne plus se rapprocher de personne.
Mikasa arrive après tout le monde et son regard croise celui de Thomas. Pendant un instant, tous les deux semblent surpris de cet échange silencieux et restent figés sans savoir quoi faire.
La jeune femme a les mots d'Armin qui lui reviennent en tête mais toutes ces choses qu'elle aimerait lui expliquer et lui faire comprendre ne veulent pas sortir, comme si ce n'était pas le bon moment. Mais elle n'oublie pas non plus ce qu'il lui a craché au visage cette nuit. Sa retenue vient en partie de là.
Thomas de son côté aimerait s'excuser pour sa bêtise, lui donner des mots rassurants quand à la situation d'Eren et leur capacité à le sauver. Il voudrait être là pour elle comme elle a été là pour lui la veille. Mais il se sent si fautif, si lâche et si faible qu'il a l'impression qu'il ne mérite même pas son pardon, il ne mérite même pas l'intérêt qu'elle a manifesté à son égard.
Alors, après ces quelques instants à se regarder les yeux dans les yeux, ils vont chacun baisser la tête et Mikasa reprend sa marche pour rejoindre les autres.
Livaï revient avec le fameux responsable du campement, quelques minutes plus tard.
- Aller, on bouge. Dit-il.
[ La nuit tombée ]
- Arrêtez... Supplie une voix fatiguée et éraillée avant qu'un autre coup se fasse entendre.
- Où sont Eren et Historia ? Demande Livaï qui vient de mettre un coup de pied dans le visage de l'officier de la licorne.
- Quels braves héros... Commence-t-il avant de cracher du sang et une dent. Les soldats du poste de contrôle sont de pauvres recrues innocentes. Vous êtes fiers de les avoir passés à tabac ?
- Mince alors, c'est bien malheureux... Répond Livaï avant de violemment enfoncer le bout de sa botte dans la bouche de l'officier, une autre dent saute dans le mouvement et du sang coule sur le cuir ciré. C'est bien malheureux pour tes dents aussi. Tu devrais me répondre tant que tu peux encore articuler. Où sont Eren et Historia ? Il retire ensuite son pied.
- Arrêtez de vous entêter, tout ce que vous pouvez faire c'est ramper dans la fange pour espérer poursuivre votre cavale ! Et si vous ne vous rendez pas, vos camarades seront tous exécutés !
Thomas serre les dents et a une pulsion violente envers cet enfoiré de moustachu qui lui sort par les yeux : Lise, Judith, Josh et les autres... Pour eux aussi le temps est compté. Il commence à s'en approcher en fixant méchamment leur captif mais après deux pas il se fait stopper par Armin et Jean.
- ...en commençant par le chef de votre bataillon, Erwin Smith ! Termine de provoquer le membre des brigades spéciales.
Ni une ni deux, Livaï l'attrape par le bras, le retourne puis lui colle le visage contre l'arbre et lui fait une clé de bras. Un bruit sinistre se fait entendre puis un râle de douleur.
- Arrête de beugler, t'avais qu'à répondre à ma question. Chez nous les vies n'ont pas toutes la même valeur. Et tous les cinglés du bataillon d'exploration en sont conscients.
A ces mots, tous ceux qui ne regardaient pas la torture se tournent vers le malheureux. Certains sont nerveux et ne supportent pas ce qu'ils voient - comme Sasha, Conny, Jean et Armin - d'autres ont un regard froid en observant toute la scène comme Mikasa et Thomas.
- Dis-moi où sont Eren et Historia. Insiste le Caporal-Chef.
- J'en sais rien, je le jure ! On ne nous a rien dit ! Supplie le moustachu dont la bouche est devenu un champ de bataille. Kenny Ackerman est bien trop prudent !
- Ackerman..? S'étonne Livaï.
Mikasa est surprise elle aussi.
- C'est son nom de famille ? Demande-t-il encore.
- Ben oui... Répond le torturé.
- C'est vrai qu'il garde tout pour lui... Surtout les choses importantes.
Mikasa semble vraiment déstabilisée et fixe le sol.
- Mais tu dois bien avoir une idée alors travaillons ta mémoire.
- Non, arrête !
- Il te reste pas mal d'os, on y arrivera. Menace Livaï.
- T'es un vrai détraqué ! Affirme l'officier des brigades qui pleure à chaudes larmes.
- Peut-être, ouais.
Soudain Sasha bande son arc.
- Quelqu'un vient par ici !
Mikasa dégaine immédiatement deux lames, Thomas en sort aussi une. Conny et Jean mettent leur fusil à l'épaule.
Trois personnes encapuchonnées approchent. Une fois à quinze mètres de la position du groupe, ils abaissent leur capuchon : Hanji, Moblit et Julia sont là.
- Tiens, je ne m'attendais pas à te revoir aussi vite quat'z'yeux. Déclare Livaï qui relâche son captif et s'avance vers la capitaine.
- Moi aussi je suis contente de te revoir, j'apporte avec moi de bonnes nouvelles.
Thomas s'approche et reconnaît les trois personnes qui viennent leur rendre visite. Son regard se pose tout de suite sur Julia qui a l'air perdue. Elle ne porte pas d'uniforme et sa coiffure n'est pas aussi soignée que d'habitude : ses cheveux sont lâches et un peu ébouriffés, ses traits marqués par la fatigue.
Les deux groupes se rassemblent. D'abord, Hanji tend une copie du journal du jour à Livaï qui fait mention du coup d'état mené par le Commandant Pixis et le Général Zackley mais aussi de l'imposture de la famille Fritz.
Elle vient ensuite saluer Thomas en mettant ses deux mains sur ses épaules.
- Je me suis dit que si je revenais plus vite tu aurais moins de chances de devenir aussi timbré que les animaux de cette escouade tactique. Plaisante Hanji, amusant toute la galerie.
Elle le relâche ensuite et laisse Julia s'approcher, elle semble vraiment désemparée. La jeune femme vient tout de suite enlacer Thomas.
- J'ai appris ce qui est arrivé hier, j'ai eu si peur... Heureusement que tu t'en es sorti... Souffle-t-elle d'une voix étranglée parce qu'elle se retient de pleurer, sa joue contre le torse de Thomas qui, dans un premier temps, ne sait pas vraiment quoi faire et a les bras suspendus dans l'air. Finalement il les laisse lentement tomber et l'enlace pour la rassurer.
Mikasa qui regardait le journal par dessus l'épaule de Livaï lève la tête et regarde en direction des deux membres de l'escouade Hanji qui s'enlacent. Là, tout de suite, les mots d'Armin n'existent même plus, il n'y a que amertume et dégoût. Il la rejette alors qu'elle a fait tous les efforts du monde pour aller vers lui mais il ne repousse pas cette... Blondasse.
Armin lui aussi les regarde un instant puis soupire : il sait que ça ne va rien arranger entre eux.
Hanji leur explique que tous soupçons et accusations contre le bataillon n'ont plus lieu d'être et que les actions de l'escouade tactique sont reconnues comme légitime défense, ce qui veut dire que tout le monde est libre et n'a plus à se cacher.
Cette information provoque une grande joie chez les soldats qui en hurlent en levant les poings.
- Allons mettre un terme à cette guerre. Dit finalement Hanji en brandissant un livre.
Les deux escouades vont chercher leurs chevaux et partir en direction du domaine de la famille Reiss, là où Eren et Historia devraient être retenus.