L'Ode à la liberté [Livre I]

À force de se flageller, le sang se répandait de ses lèvres et de la paume de ses mains, passant à travers ses doigts. L’amoureux transi se réfugia la tête entre les jambes, accusant le coup - manifestant des remords sur sa conduite.

Le mentor se cantonnait toujours dans la même position, étudiant de plus près le prépubère embourbé dans le marasme de l’amour. Loin d'être exemplaire - il ne se rappelait pas qu’à son jeune âge, les hormones jouaient autant des tours. Vivre dans les bas-fonds ne lui avait pas accorder ce luxe. Devenir explorateur, oui, mais encore… Cependant, ce qui alarmait le caporal, était la réaction virulente du jeune Jäger. Le nabot grimaça, se massant le front, se demandant ce qui allait suivre quand les autres rentreront.

— Tu ferais mieux de revoir tes priorités Eren. Ce n’est pas parce qu’on n’entreprendra plus d’expéditions pendant quelques temps, que ça sera relâche.

Eren releva la tête conscient des devoirs qui l’incombait.

— N’oublie pas qu’on à besoin de toi et de tes pouvoirs pour reboucher le mur. Ainsi que de retrouver la mémoire de ton père, ajouta le capitaine - posant une patte sur la crinière du marmot. Ensuite, tu pourras penser à folâtrer avec l’autre.

Toujours avec son petit air agacé, Livaï se releva et ordonna au jeune homme de partir, ne souhaitant plus voir sa tête de déterré. Le brun ne se fit pas prier, lui permettant d’éviter de terminer le nettoyage et d’autres tâches ménagères. S’apprêtant à quitter les lieux, la queue entre les jambes, le caporal l’interpella.

— Un dernier petit conseil. Ne précipite pas les choses.

Le jeune Titan opina de la tête et sortit.

Traum est complètement raide dingue de toi. Alors pourquoi étaient-ils toujours au même stade ? Rencontrer « l’ami d’enfance » avait ébranlé ses nerfs, peut-être qu’il était de même pour la blondinette après avoir fait la connaissance de Mikasa et Armin. Le soupirant réalisa qu’il ignorait beaucoup de choses la concernant. Il ne savait pas s’il devait être triste ou en colère. Toutefois, les raisons qu’il l’a poussé à agir aussi violemment étaient bien plus absconses, qu'il l’imaginait.

Mordu, passionné, désireux, concupiscent… Captatif - son âme flottait dans cette prison de chair et d’os, infesté par ces émotions des plus corrosifs, entravant chaque martèlement pour ne pas briser les barreaux déjà fragilisé. Le soupirant s’opposait quand même aux autres alternatives. Égoïste de sa part peut-être, mais pour rien au monde, il ne céderait pas sa place.

Toujours planté devant la porte, il remarqua la présence d’une silhouette à sa droite. La moitié du visage emmitouflé dans une écharpe rouge qu’elle tenait fermement - de peur de la perdre - la jeune fille aux cheveux de jais et au teint de neige semblait l’avoir attendu tout le long.

— Mikasa, qu’est-ce que tu fais là ? 

Esquivant les yeux émeraude, la jeune asiatique baissa les siens de couleurs grisâtres, orientant son regard vers la droite un instant, avant d’observer les mains du garçon.

— Eren !

À la vue du sang, elle se précipita vers lui, cramponnant ses mains sur les siennes pour voir l’étendu des dégâts, et devenait déplus en plus inquiète en voyant le filet de sang sur la commissure gauche de sa lèvre.

Le brun tiqua enfin. Il n’avait pas ressenti les blessures qu'il s’était infligé. De la fumée se dégageait de chaque blessure, lui permettant de guérir rapidement. Ni vu, ni connu. Il réajusta l’écharpe de la demoiselle, quelque peu craintif.

— Mikasa, l’appela-t-il - hésitant. Tu as tout entendu ?

— Non. Enfin… je suis arrivée au moment où je t’ai entendu hurlé comme un putois, admit-elle.

Les pupilles tremblantes, Eren avala péniblement sa salive. Elle, autant qu’Armin, savait qu’il avait la fâcheuse tendance à s’emporter, mais le fait qu'elle ait découvert sa jalousie maladive. Avoir deux Ackerman sur le dos n’augurait rien de bon pour lui. 

Son air de chien battu avait la fâcheuse tendance de faire flancher l’exploratrice, toujours prête à lui pardonner le moindre écart. 

Le soldat Jäger écarquilla de nouveau les yeux, réalisant qu’il n’avait jamais donné de réelles réponses à son amie d’enfance. 

— Mikasa, l’appela-t-il encore. Tu sais que je tiens à toi…

— Ne dis rien, le coupa-t-elle - caustique, ne voulant pas en entendre davantage. Allons rejoindre les autres, Armin nous attends à l’entrée.

Encore un trait propre aux Ackerman supposa Eren, voyant sa sœur adoptive reprendre un tempérament calme, sans une once d’émotion. Au moins, il n’avait pas besoin de se confondre en excuses pour ne pas avoir répondu favorablement à ses attentes.

Une nouvelle sensation étrange l’accaparait, comme si une faille dans l’univers se créait pour l’attirer à l’intérieur du néant.

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Aspirant à une liberté sous toutes les formes afin de pouvoir s’échapper de cette prison dorée, où il était impossible de voler sans se brûler les ailes, Eren rêvassait du monde extérieur. Hostile, mais plus séduisant dans le monde dans lequel il vivait. Il brûlait d’envie d’en finir avec sa vendetta et parcourir l’univers en toute quiétude. Le gouvernement, le Bataillon d’Exploration, ses camarades… Plus aucune attente. Il pourrait laisser derrière lui tout ce qui avait attrait à la dépendance. Chacun serait libre de tout mouvement.

Cependant, il désirait qu’une certaine créature demeure à ses côtés le restant de ses jours, pour finir leur séjour à l’Éden. Utopique, mais idéaliste vu qu'ils courraient dans la même direction. À défaut d’être le lierre, il serait un frêne. Aussi grand et plus résistant que les murs qui les entourent, la plante grimpante pourra s’épanouir infiniment sur cet arbre.

« Æsma ». L’évocation de ce prénom sortit le jeune Titan de ses songes. 

— Æsma, répondit Marlow - pensif. Ce n’était pas facile au début. Je ne sais pas de qui de Hitch ou elle était la pire des pestes. Elles se cherchaient constamment les noises.

— Dis donc, ça me rappelle deux de nos camarades, sourit Miss Patate.

— Ouais, et je suis sûre qu’elles se battaient pour un garçon, pouffa Conny - un regard plein de sous-entendu vers le soldat Freudenberg.

Le soldat à la coupe au bol regarda circonspect le duo de comique. 

— Boris ? S’étonna le garçon - qui visiblement ne comprenait rien à rien. Non, Hitch faisait tout pour les caser ensemble.

Instinctivement, Jean ferma les yeux, le visage aspergé d’eau. Le garçon prit une profonde inspiration avant de souffler et de réouvrir les paupières pour fusiller du regard le coupable.

Le brun ayant avalé une partie de sa boisson de travers, toussait, crachant tous poumons.

Réaction qui n’étonna guère Armin. Toutefois, ce qui l’intriguait était la non-réactance de Mikasa. Depuis, le goûter, la jeune asiatique s’était brusquement enfermer dans son cocon. Il observait de nouveau son ami d’enfance. Lui aussi paraissait quelque peu perdu. 

— Hé face de sanglier, je peux savoir ce qu’il te prend ? maugréa la tête de cheval.

Le jeune Titan frappa maintes et maintes fois la poitrine, sous le regard amusé des deux clowns, savourant leur petite victoire. Du revers de sa manche, il s’essuya les lèvres et regarda Jean, s’excusant de cette petite maladresse.

— Oh ! Et c’est qui ce Boris ? enchérit la cueilleuse-chasseuse - pleine de curiosité. Un ex petit ami ?

Pour la seconde fois, l’explorateur Kirschtein reçu l’averse en pleine figure. Il bondit du banc pour attraper Jäger par le col de sa chemise.

— Bon sang Eren mais qu’est-ce qui te prend ?! 

Déjà vanner par la tête de cheval, le brun un petit sourire en coin, défia du regard son collègue.

— Je pensais qu’en t’arrosant un peu, tu allais devenir plus beau, mais c’est un échec. 

— Je vais te refaire le portrait, tu vas voir…

— Hey ! S’éleva une voix derrière Jean - qui se prit une tape sur le crâne. Au lieu de vous chamailler, vous feriez mieux de terminer votre repas et fissa. Erwin, Hanji et toute sa clic viennent de rentrer à l’instant. Vous avez vingt minutes, pas une de plus. Un retardataire et toute l’escouade sera de corvée.

Le nabot disparu aussi vite qu’il était apparu, laissant toute son escouade pantoise.

Les soldats arrivèrent pile poil à l’heure. Pour éviter « la » punition. Certains avaient sacrifier la fin de leur repas en l’offrant à l’ogre. 

Toute l’escouade de recherche les attendaient sagement sur le canapé. Les explorateurs semblaient quelque peu nerveux, notamment leur chef qui tapait du pied en fusillant du regard son supérieur. Étrange… 

— Et bah Traum, encore à cherche les emmerdes ? demanda Livaï - tapotant sa propre pommette.

Eren regarda en direction d’Æsma, possédant un jolie œil au beurre noir sur le visage. Un peu trop prononcé à son goût, qu’il en restait bouche bée. Armin, le poussa légèrement le trouvant trop indiscret, mais le brun n’avait pas non plus sa langue dans sa poche.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?! Demanda-t-il inquiet.

La blondinette, mais aussi le reste de son équipe se crispèrent à la question. Une synchronisation un peu trop parfaite selon le caporal-chef. Contre tout-attente, c’est la morveuse qui prit les devants.

— J’ai voulu faire la cake devant Delroy et je me suis rétamée en beauté.

L’expression crispa du soldat Henchmann se métamorphosa directement en un faux sourire espiègle.

— C’est vrai… embraya le grand basané - enroula son bras autour des épaules de sa co-équipière. Si vous voulez tout savoir, Æsma s’est donner en spectacle. Mademoiselle a cru bon de me faire une démonstration avec le tout premier prototype du harnais tridimensionnel. L’équipement était dysfonctionnel. Elle a mis les gaz et s’est pris un arbre en pleine tronche. Pour quelqu’un qui a fini première de sa promo, ça fait peine à voir.

Enfin, le chef Ackerman n’était pas dupe, préférant attendre la fin de la réunion pour connaitre le fin mot de l’histoire.

Le jeune Titan lui n’y voyait que du feu.

Delroy riait, caressant la crinière de sa collègue. Collègue dont les joues se teintèrent, un petit sourire timide en prime. Eren remua vivement la tête pour chasser cette horrible scène de son esprit . Si elle décide d’être avec un autre, tu n’auras pas d’autre choix que d’accepter sa décision. Impossible, se disait-il. Néanmoins, le fait que son « ami » soit affreusement tactile envers « sa dulcinée » le mettait en émoi. 

Erwin partagea les informations qu’il avait pu soutirer au chef des Rovdyr. Dès qu’il faisait allusion à Jane Traum, l’équipe d’escouade de recherche donnait l’impression qu’on les avait envoyés au casse-pipe. 

Le soupirant plissa les yeux se remémorant tout de même ce qu’il venait se passer, analysant les gestes et expressions de ses deux. Rien n’allait. Trois jours d’absence et tout semblait avoir brutalement changé. Une complicité plus qu’ambigu mettait à fleur de peau l’éphèbe, se demandant soudainement si les émotions qui le travaillaient était du poison ou le nectar de la vie.

Lorsque que Livaï leur avait annoncé le retour de leur camarde, les sentiments d’Eren s’étaient mélangés. D’une part, il était heureux de la revoir, de l’autre, il éprouvait une certaine rancœur persuadé qu’elle lui avait menti durant leur fameux « rencard » et là… voir la complicité entre ses deux là… Quelle bande d’hypocrites, raisonna-t-il intérieurement - et froidement. 

— Eren ! L’appela-t-on - ne lésinant pas à lui donner un coup de tête. Son capitaine lui conseillait vivement d’être attentif. 

Le brun se frotta le crâne pour soulager sa douleur et tenta de ne pas se laisser distraire par les nouveaux tourtereaux.

— Comme je disais, continua le commandant Smith, pour les mois à venir nous allons « remanier » vos deux escouades. Chaque semaine, un nouveau partenaire, tout grade confondu. J’aimerais que durant ce cours laps de temps, vous preniez le temps de bien connaître votre co-équipier et que vous co-ordonniez vos compétences à chacun. Les journées se dérouleront comme suie.

Erwin distribua à chaque soldat le planning d’une semaine lambda.

• Lundi :

Entraînement de base toute la journée. 

(manœuvre tridimensionnel, combat au corps-à-corps, tir, escalade etc…)

• Mardi :

Entraînement de base toute la matinée, les duos devront commencer à établir des stratégies offensives et défensives.

Apprentissage de l’équipent tridimensionnel de l’armée humaine avec des soldats des Brigades Spéciales.

• Mercredi :

En groupe de quatre :

Extraction le matin. Entraînement composé de deux manches entre chaque équipe adverse. L’une d’elle doit récupérer d’importants documents chez l’ennemi et les ramener dans leur zone de sécurité. L’autre doit repousser et protéger ces documents jusqu’à la fin du temps imparti.

Capture de drapeau et défense du quartier général, l’après midi. Ramener le drapeau de l’équipe adverse dans son camp et réussir à détruire leur base.

• Jeudi : 

De nouveau en équipe de deux, chasse aux Titans le matin et mêlée générale, l’après midi.

• Vendredi :

Apprentissage au maniement de l’équipement tridimensionnel anti-humains le matin, accompagnés de certains brigadiers et les duos peaufineront leurs stratégies offensives et défensives.

• Samedi :

Match à mort en équipe. Faire le maximum d’élimination dans un temps impartie et supprimer également les équipes adverses.

— Chaque jour, je veux voir un rapport individuel de votre journée, déposé sur mon bureau. Samedi, à partir de quatorze-heures, vous aurez quartier libre, dimanche inclus, dit le Major - puis s’adressa à Eren. Concernant, tes entraînements personnels, nous les caleront le lundi, mercredi et vendredi. Je t’autorise à te transformer durant les entraînements lorsque nous irons en forêt. 

Le garçon opina de la tête. 

— Jean, continua le grand blond. Après avoir longuement discuté avec Livaï, nous avons décidé de te monter en grade dès aujourd’hui. En tant que nouvel officier, le lundi et mardi matin, tu entraîneras les nouvelles recrues avec ton co-équipier de la semaine. 

La main sur le cœur, le concerné accepta sans broncher les ordres de son supérieur, étonné par cette nouvelle.

— Cependant, il est possible que je prenne un peu de votre temps à chacun les week-ends. Armin, avec Hanji, j’aimerais que vous réfléchissiez et élaboriez des plans pour la prochaine mission reconquête, puis que nous mettions en commun nos idées. Prenez le temps nécessaire. Æsma, si tu pouvais venir en soutien à l’escouade d’artillerie, ça nous serait bénéfique pour la fabrication des nouvelles armes. 

Chaque explorateur hocha de la tête, en guise de réponse.

— Tu disais également qu’il pouvait y avoir des livres intéressants à la bibliothèque. Il est possible que je te demande de retourner chez tes parents, poursuivit-il calmement.

— Aucun problème Major, répondit fébrilement la gamine.

— Pas toute seule, j’espère, rétorqua le chef Zoe - un regard assassin.

Eren n’écoutait plus, observant l’escouade de recherche qui paraissait vraiment sous-tension. Hanji à bout de nerf. Moblit plus stressé que d’habitude et les deux « amoureux » qui n’arrêtaient pas de se jeter des petits regards… Il serra les poings, refrénant son envie de mettre le quartier général à feu et à sang. Comment son propre ami a-t-il pu le trahir ? Un week-end et un putain de pigeon lui avait mis la patte dessus.