Dans l'ombre

Chapitre 3 : Feldcroft et gobelins

4323 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/05/2023 22:43

Les derniers jours de juin sont plutôt ennuyeux. Je suis sorti de ma chambre seulement pour manger et pour aller à la salle de bain, on peut dire que pour mes besoins de bases. Je n’ais pas encore vu ma mère car soit elle travail, soit elle est dans sa chambre. Depuis mon retour, le nombre de blessés relié à des sortilèges à grimper en flèche selon les informations de la gazette du sorcier. Ma mère a même été transférée de service à l’hôpital car il manquait de guérisseur au service de pathologie des sortilèges. Enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre quand j’ai ouvert une de ses lettres pensant que j’en ouvrait une provenant d’Anne. C’était une lettre étrange presque codée qui était signée seulement B.  Dans mes hiboux échangés avec les Pallow, Anne semblait inquiète de la conversation que j’ai entendu entre les deux hommes. Je n’ai pas encore été visité les jumeaux. Mon premier voyage est prévu demain, le 7 juillet, soit le jour de mon anniversaire. L’espoir de revoir mes amis demain me redonne le sourire et le courage de sortir de cet endroit misérable. Je décide donc de rendre visite à Monsieur Yaxley au chaudron baveur avant d’aller sur le chemin de traverse. J'espérais qu’il m’en dise davantage sur le mystérieux homme de ma mère car je suis resté sur ma faim avec ce qu’il m’a dit lors de mon retour. Il n’était pas présent lorsque je suis entré, c’était sa femme qui s’occupait du pub. J’ai donc passé la dernière journée de mes quatorze ans à arpenter le chemin de traverse et à manger de la glace en terminant le devoir que le Professeur Ronen nous a donné pour l’été. Je déteste quand les professeurs nous laissent des devoirs à faire durant les vacances. J’ai l’impression qu’ils s’en sont donné à coeur joie cette année puisque nous avons nos brevets universels à passé en cinquième année. Je décide de rentrer à la maison lorsque les lueurs du soleil commencent à devenir orangé. Juste avant d'entrer à nouveau au Chaudron Baveur, je m’arrête devant une petite affiche qui annonce l’ouverture d’une nouvelle boutique. Elle se trouve à la bordure de l’Allée des embrumes, une ruelle miteuse où plusieurs boutiques reliés à la magie noire ont pignon sur rue. L’affiche indique l’ouverture de la boutique Barjow et Beurk, spécialistes en vente d'antiquités!  Quel drôle de nom pour un magasin de magie noire. 


Le lendemain matin je me réveille de bonne heure, beaucoup trop heureuse d’aller retrouver mes amis. Je me dirige vers la cuisine et tombe sur ma mère qui lit paisiblement la gazette du sorcier en sirotant son thé, elle n’est pas encore au travail. 


  • Bonjour Maman, lui dis-je surprise d’enfin pouvoir la voir.
  • Oh, bon matin Calypso, me répond-t-elle sans même lever les yeux de son journal. 


Je me sers un jus de citrouille et du pain qu’elle a laissé pour moi sur la table. Je lis sans le vouloir la manchette de la gazette du sorcier; De plus en plus d’attaques, les gobelins en sont-ils l’origine? Je décide de questionner ma mère, peut-être qu’elle en sait davantage en raison de la nature de son travail. 


  • Maman, est-ce vrai ces attaques? La semaine dernière dans la gazette un article faisait mention d’un nombre de patients plus élevé à Ste-Mangouste.

Elle lève enfin les yeux vers moi en refermant son journal.


  • Ne t’en fais pas avec cela, nous sommes en sécurité ici, réponds-t-elle en regardant sa montre. Je ferais mieux d’y aller sinon je vais être en retard. Ne m’attends pas ce soir je dois faire un double quart de travail aujourd’hui.


Elle me donne un baiser sur le front et s’éloigne vers la porte.


  • Je vais aller voir des amis aujourd’hui, ils habitent à…
  • Pas de problème ma chérie, bonne journée.


Et elle claque la porte. Elle ne m’a même pas souhaité un joyeux anniversaire. Depuis la mort de mon père, rares sont les fois ou elle s’est souvenu de mon anniversaire.  Je ne peux pas lui en vouloir. Elle ne me l'a jamais dit, mais je sais qu’elle se sent coupable de ce qui lui est arrivé. Peut-être aurait-il guérit s’il n’avait pas bu ses remèdes artisanaux. Plusieurs personnes survivent à la varicelle du dragon. Je continue de manger mon petit-déjeuner en feuilletant le journal qu’elle a laissé sur la table. Je ne comprends pas pourquoi tous les adultes à qui je parle me disent de ne pas m’en faire avec les récentes attaques! Les pages de la gazette sont tapissées d'articles concernant les gobelins et leurs ascension vers le pouvoir. Des noms de sorcier sont même écrit car ils sont soupçonnés de travailler main dans la main avec eux. Il y a même un article complet qui dénonce le fait que la ministre Spavin ne fait rien et que les attaques ont soulevé des soupçons chez les Moldus. Une carte fait état des régions habitées par les loyalistes de Rannrok, ce nom de gobelin est dans tous les articles que j'ai lus. Ils ont fait plusieurs gains dans des régions éloignées d’Écosse et viennent de s’établir dans la côte de Collet. J’ai l’impression qu’il remonte lentement mais sûrement vers l’école. Je ne peux pas croire qu’ils font toutes leurs attaques simplement pour prendre le pouvoir aux sorciers. Que cherche-t-il et surtout pourquoi certains sorciers s’associent avec eux, considérant le mépris que ces gobelins semblent avoir pour nous? Je repense à la conversation que j’ai surprise; cet enfant fera son entrée à l’école en cinquième année Harlow comme elle. Sur le coup j’étais beaucoup trop abasourdi d’entendre encore ce nom de gobelin que je n’ais porter aucune attention à cette phrase. Elle fera son entrée en cinquième année… Depuis le début de mes études, jamais un élève n’est entré après la première année. Cette personne doit posséder un don spécial, un don puissant qui fait l’envie des fidèles de Rannrok. Est-ce que c’est ce qu’il désire? Un hibou fait son entrée par la fenêtre de la cuisine, un hibou grand-duc, aux yeux jaune profond et aux plumes soyeuse. Une enveloppe ainsi qu’un petit paquet sont attachés à ses pattes.


 Joyeux anniversaire Calypso.


Sébastian.


J’ouvre avec délicatesse le petit présent rectangle. Il s’agit d’une photo de nous quatre prise lors de notre première année à Poudlard. Nous devions être en cours de défense contre les forces du mal puisqu’on voit le squelette du Noir des Hébrides du Professeur Hécat fièrement suspendu au dessus des bureaux. Anne est assise et elle fait apparaître un papillon d’un bleu ciel avec sa baguette sur la main d’Ominis qui se tient légèrement penchée au-dessus d’elle. Sébastian est debout entre lui et moi et me chuchote quelque chose à l'oreille avant que j’éclate de rire. Ce souvenir est flou dans ma tête, mais il représente parfaitement notre amitié depuis toutes ces années. Les larmes me montent aux yeux. Ce bout de papier représente ce pourquoi je suis prête à me battre. Depuis la mort de mon père, j’ai l’impression que le sens du mot famille a pris une toute autre signification pour moi. Les liens du sang sont forts, mais pas autant que ceux du cœur à mes yeux. Je suis émue que ce cadeau provient de Sébastian, je me serais attendu à cela de la part d’Anne.  Est-ce que le sous-entendu d’Ominis dans le train lors de notre retour à Londres peut-être vrai finalement? Non certainement pas, Sébastian a fait les yeux doux à toutes les filles de sa maison l’année dernière. Je passe le restant de la journée dans ma chambre à lire et terminer quelques devoirs d’été. Vers dix-sept heures je me précipite vers la cheminée et je me remémore un message que Anne m’a envoyé quelques jours plus tôt;


Solomon a réussi à connecter nos deux cheminées, tu pourras y voyager sans problème. Simplement à prononcer clairement, Maison de Solomon Pallow, Feldcroft. Je suis impatiente de pouvoir te revoir. 


Je prends donc place au centre des cendres, face au salon de ma maison. Haut et fort je prononce; Maison de Solomon Pallow, Feldcroft, puis je jette la poudre. Un feu vert d’émeraude se charge de me faire voyager. Je me met alors à tourbillonner sur moi-même avant d'atterrir dans la cheminée d’une maison qui m’est inconnue. La maison est petite et ne comprend qu’une seule et unique grande pièce. 


  • Ça doit être Calypso! s'exclame Anne.


Elle entre en trombe dans la maison et me saute au cou. Quel bonheur de la revoir.


  • J’avais si hâte que tu arrives enfin! Joyeux anniversaire, continue-t-elle.


Elle me prend une main et m’attire vers ce que je présume est son lit. J’aperçois un livre qui repose sur les couvertures, Les contes de Beedle le Bard. Je me souviens très bien que mon père avait l’habitude de me lire La Fontaine de la Bonne Fortune avant de m’endormir. Un brin de nostalgie s’empare de moi à la vue de ce simple livre. 


  • Je voulais te l’offrir en personne, dit-elle en me tendant un petit paquet le sourire aux lèvres. Je l’ai fait moi-même, sans l’aide de la magie!


Une écharpe, jaune et noir, les couleurs de ma maison à Poudlard. Depuis que je la connais, Anne a une fascination pour les moldus. Le vêtement n’est certainement pas parfait, mais elle est si fière de ce qu’elle a fait.


  • J’ai acheté le nécessaire a Monsieur Ndiaye. Il a toujours un inventaire d’objets moldus quelque part. Bon les couleurs au départ n'étaient pas ce que je voulais alors je t’ais peut-être menti un petit peu. J’ai utilisé ma baguette seulement pour que ce soit jaune et noir. Sinon j’ai tout fait moi-même! Monsieur Ndiaye m’a dit que ça s’appelle du tricot.


Je la regarde bouche-bé. Elle m’impressionnera toujours. Comment a-t-elle appris à faire cela toute seule. La laine s’enroule sur elle-même pour former un long chemin que je suis capable de mettre autour de mon cou pour me garder au chaud. 


  • Merci beaucoup Anne.


Elle me prend par la main avec excitation et m'entraîne hors de la maison. Le soleil brille toujours aussi fort. Outre les quelques maisons qui se dressent autour de celle des Pallow, la nature règne ici. J’aperçois au loin Sébastian qui s’amuse à lancer des sorts sur un mannequin en compagnie d’Ominis. 


  • Calypso! s’écrie alors ce dernier. 


Il se précipite vers moi et me prend dans ses bras. Je me sens chez moi, enfin. Nous passons le reste de l’après-midi à bavarder de notre début d’été. Quand j’ai finalement raconté en entier la conversation que j’ai surprise entre un certain Harlow et un certain Rookwood, les réactions de mes amis furent plutôt mitigées. Anne est la plus préoccupée des trois, elle clame haut et fort les faits racontés dans le journal. Sébastian pense que ce n’est rien du tout et que la gazette fait du sensationnalisme. Ominis est partagé. Le sujet a vite été oublié lorsque Solomon nous annonce qu’il est temps de rentrer pour manger un peu. Ce n’est pas grand chose pour un quinzième anniversaire. Un repas simple mais qui est partagé avec des personnes spéciales, importantes pour moi. J’aimerais que ma mère soit présente avec nous. J’aimerais que mon père puisse me voir, j’aimerais qu’il me dise qu’il est fière de moi. Même s’ils ne sont pas avec moi, je sens que cette année est différente. Mes amis les plus chers depuis les cinq dernières années sont tous réunis pour moi. Je ne suis pas seule. Je me sens bien loin de Londres dans ce milieu où colline et verdure sont maîtres. Les rires provoquent une lourde et agréable cacophonie dans la petite maison des Pallow. Solomon a décidé d’aller partager quelques verres d’hydromel avec les gens du hameau, nous laissant libre de terminer la soirée comme nous le souhaitons. J’ai perdu la notion du temps et je dois avouer que je n'ai pas du tout envie de rentrer à la maison. 


  • Ok ok.. attendez je crois que j’en ai une autre qui vous fera tordre de rire, dit Sébastian. Pourquoi les sorciers sont-ils toujours habillés même quand il fait chaud?


Un lourd silence s’installe autour de la table. Anne, Ominis et moi se regardent à tour de rôle.


  • Non vraiment personne? continue Sébastian. Pour être pas trop nus.


Il éclate de rire et je laisse échapper un petit ricanement tandis que mes deux amis le regardent avec exaspération. C’est un moment typique de nous quatre. Je suis toujours la seule à rire des blagues de Sébastian même si elles ne sont jamais drôles. 


  • Sébastian, le patronus est un sortilège de protection à ne pas prendre à la légère. De toute façon avec ta maturité émotionnelle, je te parie 10 gallions que tu n'es pas capable de lancer ce sorts, lui met au défi Anne.


Sébastian regarde sa sœur avec un air de défi dans les yeux.


  • Marché conclu, ajoute-t-il.


Les jumeaux se donnent la main et tous se dirigent vers l’extérieur de la maison sous le ciel étoilé. Tout ce que nous entendons ce sont les bruits des paroles vives des villageois toujours debout, rien à voir avec les tumultes de la ville. Sébastian s’installe en face de sa sœur toujours aussi confiant de remporter la somme pariée. Il sort sa baguette, la pointe vers le ciel et prononce;


  • Spero Patronum


Rien. Absolument rien ne se produit, aucun jet de lumière, même pas une petite bourrasque de vent. 


  • Je peux tenter un deuxième essai, s’écria-t-il aussitôt.
  • Non! Un seul essai! C’est mon tour maintenant, ajoute Anne. Spero Patronum.


Un petit filet de lumière bleu jaillit de sa baguette. Anne a toujours excellé en sortilège et en voilà bien la preuve. Elle lève la main devant elle, paume vers le ciel. Sébastian s’avance à contre cœur et lui donne ses gallions.


  • Calypso maintenant c’est ton tour, s’écrit-elle en se tournant vers moi.
  • Non, non je ne peux pas, ajoutais-je.
  • Pas besoin de stresser, tu es dans les highlands présentement le ministère ne sera même pas signaler que tu as utilisé ta baguette même si tu n'es pas majeure, conclut-t-elle.  


Je prends une grande inspiration. Un moment heureux, le moment le plus heureux de ma vie. C’est ce que je dois garder dans ma tête si je veux que mon patronus fonctionne. Il s’agit d’un enchantement très complexe et difficile à maîtriser. Je me concentre et pense au moment de la photo. La photo que Sébastian m’a envoyée ce matin. Lui et moi, Anne et Ominis. Mes amis que je chéri depuis cinq ans et qui sont présents pour moi depuis le début de nos études à Poudlard. 


  • Spero Patronum


Une lueur plus intense que celle d’Anne est projetée par ma baguette. On distingue les formes d’un animal, des poils longs au niveau d’une tête flou couronné par deux longues oreilles. L’image s’évapore devant nos yeux aussi rapidement qu’elle est apparue. Je suis incapable de ne plus fixer l’endroit où mon patronus s’est volatiliser. J’ai été capable de le faire apparaître, de manière partiel, mais il s’est tout de même matérialisé. Je suis bouche-bée par la force de ce souvenir et par les sentiments qu’il fait vivre en moi. Mes amis sont également sous le choc. Devant nous, un autre animal prend forme. Cette fois-ci il est très clair, un serpent. Il est long et massif, il montre ses crocs et ses yeux sont habités par une étrange lumière. Le reptile se promène entre nous trois avant de disparaître quelques mètres plus loin.


  • Un basilic, s’étonne Anne. Ominis comment as-tu appris a aussi bien maitriser ton patronus? 
  • J’ai longtemps observer ma tante pratiquer le sien lorsque j’étais plus jeune, avoue-t-il en haussant les épaules.


Plus rien ne m’étonne, j’ai des amis extraordinaires. Je suis choyé par ce que ce déménagement m’a apporté. Même si mon ancienne vie me manque, je ne voudrais pas échanger le présent pour tous les galions du monde. 


Nous passons le reste de la soirée ensemble, allongé sur le sol sablonneux du hameau à regarder les étoiles.


  • Regardez ici, je crois qu’il s’agit de la constellation de la licorne, dis-je en pointant mon doigt en direction des étoiles.
  • Tu es certaine? me répondit Sébastian confus. 
  • Oui Sébastian, on discerne très bien sa corne. Je crois que tu vas avoir du rattrapage à faire pour le cours d’astronomie si tu veux réussir ton B.U.S.E, poursuit Anne.


Nous restons en silence pendant plusieurs longues minutes avant d’entendre des cris au loin. Je me redresse avant d’apercevoir un feu ravageant au loin ainsi que ce qui me semble être un duel entre sorciers


  • Il y a quelque chose qui cloche là-bas, regardez. 


Mes amis se redressent rapidement, les yeux écarquillés devant la scène. 


  • Les enfants, rentrez immédiatement à la maison, hurle Solomon avant de partir en direction des dlammes. 


Sébastian attira Ominis et moi par l’épaule. Anne ne se laisse pas faire et s’élance à toute vitesse vers le spectacle une fois que son oncle s’est éloigné. Elle est suivie de près par Ominis qui lui demande poliment d’être raisonnable et de rebrousser chemin. 


  • Anne qu’est-ce que tu fais, lui criais-je.


Elle est rendue trop loin, elle ne nous entends pas ou est-ce qu’elle ne veut pas nous entendre? C’est risqué de s’aventurer dans un tel combat. Je me précipite vers eux dans l’espoir de pouvoir les arrêter. Des jets de lumières ensorcelés se précipitent de tous les côtés.  J’ai de la difficulté à bien voir devant moi. J'essaie de les éviter le plus possible, de me protéger et de me défendre en dernier recours. Je monte une colline à la course et je crois distinguer Ominis engager dans un duel. Je l’aperçois, elle se tient debout au plus haut de la colline encerclée par ces créatures, des gobelins. Ils doivent être une dizaine autour d’elle. Ils l’attaquent et elle se défend. 


  • Stupéfix 


Je m’engage avec Anne dans ce combat, je dois la ramener en sécurité à la maison. Avant même que je puisse la rejoindre, une voix, mystérieuse et grave, s’élève dans l’obscurité de la nuit. 


  • Les enfants doivent être vus et non entendus. 


Une silhouette se dessine vaguement à l’horizon et elle projette une forte lumière rouge, elle se rapproche de la couleur du feu, en ma direction. Je n'ai pas le temps de réagir que quelqu’un s’interpose entre moi et le sortilège, Anne. Son corps est replié sur lui-même à mes pieds. Il semble inanimé, vide. Je sens la colère monter à l’intérieur de moi. La silhouette recule dans la nuit mais les gobelins continuent leur ascension vers le village. Je me dépêche de soulever Anne du sol. Je dois la ramener à sa famille. 


  • Bombarda.


Le maléfice m’effleure la tempe et se dirige tout droit sur les gobelins. Certains ont réussi à s’éloigner et d’autres se sont mis à voler dans les airs en raison de la force du sortilège de bombardement. Mes oreilles commencent à siffler et j'aperçois Sébastian qui se dirige à toute vitesse vers eux. Je continue mon chemin alors que mon ami s’implique dans un duel contre les créatures. Plus je me rapproche du hameau, plus je vois les habitants défendre leur propriété. Je ne pourrais pas dire combien ils sont, mais ils sont beaucoup plus que les sorciers. J’ai de la difficulté à ramener Anne vers la maison, elle se fait de plus en plus lourde et je suis incapable de nous défendre si on décidait de nous attaquer. Une petite lueur rouge pointée vers le haut s’approche de nous, Ominis. Il soulève Anne et me dit;


  • Je m'occupe de la ramener, toi vas chercher Sébastian.


Je m’élance en direction de la colline, là où je l’ai laissé affronter les gobelins. J’évite toutes sortes de sortilèges avant d’y arriver. Je le vois toujours engager dans sa revanche. Il y a quelque chose de différent chez lui, je ne l'ai jamais vu ainsi. Est-ce de la colère? Probablement, on peut l’apercevoir dans ses yeux, ils cherchent vengeance. J'essaie tant bien que mal de me faufiler au travers des gobelins qui l’entourent pour agripper sa main et le ramener vers chez lui. Il résiste, il est décidé et ne veut pas me suivre. Il m’ignore et ignore surtout cette silhouette qui apparaît à nouveau devant mes yeux. La même que j’ai vu quand j’étais ici avec Anne. Elle revient, toujours dans la pénombre. Je me jette entre elle et Sébastian avec un sortilège de protection avant que le maléfice ne l’atteigne, probablement est-ce le même qu’Anne a subi pour me sauver. Je lutte contre lui, contre sa volonté de combattre encore. Je réussi tout de même à le traîner au bas de la colline. Il s’arrête brusquement et me crie;


  • Pourquoi t'es-tu interposé? J’aurais bien été capable de nous débarrasser de ces fichus gobelins.


La rage habite désormais ses yeux. Il semble essoufflé, fatigué.


  • Sébastian…


Je n’arrive pas à trouver les mots exacts.  Je voulais le sauver comme Anne l’a fait pour moi. J’ai voulu le protéger car je n'ai pas été capable de le faire avec sa sœur. Je sais qu’il m’en veut. Il agrippe mes épaules avec ses mains et me répète;


  • Pourquoi est-ce que tu as fait ça?


Je ne sais pas quoi lui répondre. Les larmes montent et je n’arrive pas à les contrôler. J’arrive seulement à lui marmonner un mot;


  • Anne…


Il se calme aussitôt et redescend ses bras. Son regard se pose immédiatement sur sa maison et en l’espace de quelques secondes nous reprenons notre course vers celle-ci. Il ouvre la porte à la volée et la scène devant nous est désolante. Elle est couchée sur son lit, inconsciente. Ominis est assis auprès d’elle et Solomon fait les cent pas dans la maison. Lorsqu’il nous aperçoit, Sébastian et moi, il arrête de marcher et nous hurle;


  • Mais qu’est-ce que je vous avais dit? Je vous ai demandé de retourner à l’intérieur pour votre sécurité. Vous ne m’avez pas écouté et voilà ce qui est arrivé…


Je n’étais pas capable d’entendre la suite, je pleure encore et je me sens coupable. Terriblement coupable de ce qui vient d’arriver à ma meilleure amie. Je ne peux pas rester ici, je dois sortir. Dehors, je m’aperçois que c’est le calme plat. Les villageois semblent également avoir regagner leurs maisons. Je m’effondre, incapable de me contrôler davantage. Les larmes coulent par elles-même le long de mes joues. Qu’est-ce que j’ai fait? Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans cette position, mais les lueurs d’un soleil levant se faisaient apercevoir à l’horizon. J’entends quelqu’un qui s’avance derrière moi, qui m’appelle.


  • Calypso.


Ominis s’assoit à mes côtés. Il n’ajoute rien et enroule seulement son bras autour de moi et m’attire vers lui. Nous regardons au loin, les ravages laissés par cette nuit. Feldcroft est silencieux et se consume lentement par le feu laissé par les gobelins. 



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