Dans l'ombre

Chapitre 4 : Le Plan

4633 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/05/2023 22:10

Nous nous sommes endormis dans cette position. Coller ensemble, à la recherche de l’ultime réconfort. Son bras qui m’enveloppe toujours les épaules. Combien de temps sommes nous restés ainsi? Aucune idée, mais assez longtemps pour se faire réveillé par Solomon s’exclamant;


  • Elle a ouvert les yeux! Vite entré!


Ominis et moi s'exécutent pour découvrir une Anne toujours allongée dans son lit. Sébastian se tient à ses côtés et ne daigne même pas se retourner vers nous à notre arrivée. Ominis s'accroupit près d’elle. Pour ma part, je n’arrive même pas à la regarder. Tout cela est de ma faute. C’est moi qui devrait être à sa place, coucher sur ce matelas. J’aurais dû recevoir cette malédiction, c’est moi qui en étais la cible dès le départ. 


  • Où est Calypso? questionne Anne. 


Sa voix est presque inaudible. Elle est faible. Je la voie essayant de se relever et en être tout simplement incapable. Elle me cherche. Sébastian se lève et s’éloigne, laissant à sa sœur l’opportunité de me regarder. Son visage est verdâtre, presque cadavérique. Le dessous de ses yeux nous propose désormais une teinte violette. Son corps semble avoir vieilli de plusieurs années. Elle me fait signe de m’approcher d’elle. Je m’avance avec précaution, sous les regards inquiets des personnes qui nous entourent. Je le sens à nouveau, la tristesse remonte jusqu'à mes yeux. 


  • Oh Calypso, nul besoin de pleurer, me dit-elle.


Trop tard, ses paroles ont l’effet inverse. Cependant, ce n'est pas uniquement de la tristesse, mais de la culpabilité également. Je m'agenouille sur le sol dur de la maison et pose ma main sur elle. Ce simple geste l’a fait aussitôt réagir. Elle se crispe de douleur. Une étrange lumière rouge vif illumine son abdomen. Je me redresse immédiatement de plus en plus rongé par les remords. 


  • Non attends, reste près de moi, finit-elle par articuler.


Incertaine, je regagne ma place à ses côtés. Elle me regarde avec ses yeux remplis de compassion. Je me sens incapable d’en faire de même.


  • Je suis désolé, murmurais-je. 
  • Tu es désolé? poursuit-elle. Mais tu n’as pas à être désolé. 


Elle pose sa main sur la mienne et son geste m’apaise instantanément. Je m'apprêtais à ajouter que tout ceci est de ma faute. Que c’est moi qui aurait dû subir ce maléfice, mais elle enchaîne presqu’aussitôt ; 


  •  Je sais ce que tu penses. J’ai pris moi-même la décision de m’interposer. Je n'ai simplement pas été assez rapide pour me protéger davantage. Ne t’en fais pas pour moi, je vais m’en sortir.


Un long soupir se fit entendre de l’autre côté de la pièce.


  • N’importe quoi.


De lourd pas se dirige jusqu'à la sortie et la porte se referme dans un vacarme qu’un Demiguise aurait pu apparaître d’un moment à l'autre le dévoilant de son voile invisible. Sébastian venait de partir de la maison. Étrangement, l’atmosphère est devenue plus légère. Sa colère habitait chacun coin et en venait même jusqu'à nous posséder. Personne d’autre à oser bouger, nous pensions probablement tous la même chose, il se calmera tout seul.


  • Anne, tu devrais boire le contenu de la tasse que j’ai laissé sur la petite table à côté de toi, suggère Solomon. 


Avec l’aide de son oncle, Anne apporte le contenu de la tasse jusqu'à ses lèvres. Le liquide est clair et d’un vert brillant, une potion Wiggenweld. Elle a le pouvoir de guérir certaines blessures infligées par des sortilèges. Bien qu’efficace, elle ne peut pas tout guérir. Ces effets sont quasi instantanés, nous saurons alors rapidement si Anne se porte mieux. Pendant ce temps, Solomon apporte à Ominis et moi du thé bien chaud. 


  • Après la nuit que nous venons de vivre, nous en avons grandement besoin les enfants.


J’ai l’impression que le thé est un prétexte pour faire passer le temps plus vite. Personne ne se regarde, personne ne fait de bruit. Tout ce que nous entendons sont les sons des tasses sur leur assiette et le bruit du mécanisme de l’horloge. L’attente est insupportable puisqu’elle signifie que la potion ne fait aucun effet. Elle est toujours allongée dans son lit en douleur. Nous la fixons toujours dans l’espoir que quelque chose se passe. Les minutes sont longues, presque infinies.


  • Calypso, tu devrais aller parler à Sébastian. Tu es la seule qu’il écoute vraiment, conclut Anne. 


J’hésite. Je ne veux pas la quitter. Je me sens responsable d’elle, de ce qui lui est arrivé.  Devant mon hésitation, elle ajoute;


  • Je vais bien. Vas-y, je déteste quand il boude tout seul dans son coin.


À contre-cœur, je me lève et sors à mon tour de la maison. Dehors, le soleil m’aveugle et me brûle la peau. Les flammes laissées par la bagarre d’hier laissèrent place à une fumée dense et une forte odeur de cendre. Quel triste spectacle elles ont laissé. Les habitants essayent tant bien que mal de reconstruire leur hameau, leurs maisons. Je tente de le trouver au travers ce paysage meurtri. Au loin sur ma gauche, je remarque une seule personne qui a décidé de ne pas se joindre aux autres. Il est dos à moi et lance sa colère sur ce qui me paraît être des mannequins d'entraînement, comme à l'école. Anne m’a déjà parlé de cet endroit. Un lieu  ou chaque été elle et Sébastian passe le plus clair de leur temps à pratiquer les sortilèges appris durant l’année scolaire. Il se défoule sur ses pauvres mannequins qui ne lui ont absolument rien fait. Le bruit de mes pieds contre le sol de sable le font se tourner vers moi.


  • Qu’est-ce que tu veux Calypso? me dit-il avant de reprendre ses activités.


Ce que je veux? Je ne le sais même pas moi-même. Je suis ici, sous ce soleil cuisant, car on m’a demandé d’y être. Je suis ici pour Anne qui souhaite revoir son frère à ses côtés. Je suis également ici car une partie de moi souhaite s’excuser et le réconforter dans le tourment que mon insouciance lui a fait subir.  Peut-être suis-je un peu égoïste, mais au fond de moi, je sais que je suis ici pour me consoler, pour sentir la chaleur de son étreinte. Mon inactivité le fait tourner à nouveau vers moi. Il fronce les sourcils et me lance un regard noir. Je baisse automatiquement la tête vers le sol, incapable de supporter ses yeux contratrié sur moi. Il s’avance et me répète plus fort;


  • Qu’est-ce que tu veux Calypso?


Je suis incapable de prononcer quoi que ce soit. Tout comme quand j’ai aperçu Anne, je faiblis et les larmes remontent toute seule pour déferler sur mes joues. Il me prend alors le visage entre son pouce et son index pour relever ma tête. Un geste brusque qui me force à plonger mes yeux larmoyants dans les siens. Les siens qui m’accusent et qui font monter à nouveau mon sentiment de culpabilité. Il attend que je dise quelque chose, mais je reste de marbre.


  • Qu’est-ce qui t'arrive tu as perdu l’usage de ta voix maintenant. 


Il me parle sur un ton arrogant, de défi.


  • Lâche-moi Sébastian… finis-je par articuler.
  • Tu veux que je te dises…


Il resserre son étreinte sur mon visage. Le ton de sa voix à hausser de quelques décibels.


  • Ce qui est arrivé à Anne cette nuit est entièrement ta faute. Tu n’aurais pas dû la laisser s’interposer devant toi. 


Je comprends ce qu’il ressent. Je le comprends d’être en colère contre moi. Après tout, si sa sœur n’avait pas intervenu entre moi et le maléfice, je l’aurais reçu de plein fouet. Je relève légèrement les sourcils en signe d’approbation. Il lâche soudainement son emprise, se retourne vers les mannequins et me dit;


  • Laisse-moi tranquille maintenant.


Je ne peux m'empêcher de toucher l’endroit ou sa main était quelques secondes plus tôt. Ses doigts ont laissé une brûlure accablante sur ma peau. J’ai l’impression qu’il y a laissé une marque invisible.  Je rebrousse chemin et j’espère que demain il ira mieux. J'espère qu’il sera capable de me pardonner et qu’Anne guérira avec le temps. Je ne pourrais pas vivre avec ce fardeau sinon. Plus je me rapproche de la maison des Pallow, plus j’entends cette voix  qui s’élève, claire et déterminée. Maman? Est-ce réellement possible qu’elle soit ici? Je presse le pas afin de la découvrir dans la grande pièce complétement hystérique. Solomon essaie de la raisonner tandis qu’Anne et Ominis me regardent terrifier. Je décide donc d’intervenir.


  • Maman? Mais qu’est-ce que tu fais ici?
  • Moi? Qu’est-ce que je fais ici? Je pourrais bien te demander la même chose, jeune fille!


Elle m’attire vers elle en s'agrippant par le collet de ma chemise et en quelques secondes à peine nous nous consumons par un feu vert émeraude. Nous atterrissons dans notre triste salon de Londres. Je me laisse mener par ma mère qui continu son discours;


  • Tu aurais dû me dire où tu te trouvais! Quand j’ai consulté l’historique de la cheminée et j’ai constaté l’endroit où tu étais je me suis inquiété! La Gazette est tapissée d’articles de l’attaque d’hier soir. S’il t’était arrivé quelque chose je m’en serais éternellement voulu. Tu es puni! Interdiction de sortir jusqu'à nouvel ordre! 


Elle m’a entraîné jusque dans ma chambre et elle a verrouillé la porte avec un enchantement. Finalement, sa baguette ne doit pas être oubliée au fond d’un placard comme je le croyais. Je me laisse tomber sur mon lit et ferma les yeux.


Dix jours. Cela fait dix jours que je suis enfermé dans ma chambre. Techniquement, je peux en sortir. Ma mère a déverrouillé ma porte le lendemain de notre retour de Feldcroft. Je ne me suis tout simplement pas autorisée à en sortir. Je suis incapable de penser a autre chose que l’état de santé d’Anne. Je n'ai eu aucune nouvelle depuis. Sois elle ne m’écrit pas ou ma mère ne me donne pas les lettres qu’elle m’envoie. Je me demande si elle va mieux, si le maléfice est levé. Je suis seule à la maison depuis le début de ma quarantaine. Je dois avouer que je tourne un peu en rond à regarder les quatres murs de ma petite chambre. Mes devoirs sont maintenant tous terminés et je m’ennuie. Je décide donc de sortir de ma chambre. Je remarque quelque chose d'inhabituel, la porte de la chambre de ma mère n’est pas complètement fermée. La légère embrasure nous laisse deviner l'immense fouilli qui se trouve à l’intérieur. Je m’y aventure en prenant le soin de peser chacun de mes pas. Je me sens comme dans un labyrinthe. Je zigzag au travers les choses de ma mère qui habillent le sol. À l’autre bout de la pièce, l’énorme chaudron rouillé laisse échapper une légère fumée inodore. Je me demande bien ce qui y mijote. Mon attention est cependant attirée vers la bibliothèque. Entouré par des livres de toutes sortes, j'aperçois une petite boîte qu’on a essayé de cacher. Une boite de baguette magique. Je tire sur celle-ci en prenant le soin de ne rien déplacer. Une boite longue et fine avec deux baguettes d’or qui s’entrecroise. Chacune lançant trois étoiles, le blason de l’école Beauxbâtons. À l'intérieur s’y trouve une longue baguette en bois de Houx. Il s’agit de celle de mon père. Prise de vertige grâce à cette simple et unique pensée, je la laisse tomber au sol. Elle l’a conservée tout ce temps. Clairement, elle ne souhaite pas la voir puisqu’elle était dissimulée par plusieurs livres, mais elle est toujours là. Une relique bien présente qui nous rappelle l’existence de cet homme. Je me penche pour ramasser la boîte et la baguette quand j'aperçois ce livre. Noire à la reliure de cuir, le même que Garreth lisait dans le train à notre retour à Londres. Je ramasse la baguette et le livre et remet la boîte où je l’ai trouvée. Je regagne rapidement ma chambre avec mes trouvailles. Je place soigneusement la baguette de mon père dans ma valise pour l’école bien recouverte de mes livres de classe. Je ne veux pas qu’elle soit trouvée.  Je me demande bien ce que Garreth voulait apprendre dans ce livre, Les potions de grands pouvoirs. Je consulte les pages et elles sont remplies de recettes toutes plus difficiles les unes que les autres. Des potions terrifiantes, qui retournent la peau, qui font pousser des bras a des endroits où personne n’en désire et qui te métamorphose en d’autres être humain. Je referme le livre et le lance avec les autres dans ma valise. En me recouchant sur mon lit, j’entends la porte d’entrée se refermer. Des pas fluides se dirigent vers ma chambre. Ma mère y fait son entrée. Elle semble exténuée. Elle s’assoit au pied de mon lit et me regarde directement dans les yeux.


  • Écoute ma chérie… Je suis désolé de la réaction que j’ai eu il y a quelques jours. J’étais tellement inquiète. Il y a de plus en plus d’attaques reliées à l’utilisation de sortilèges, de la magie de plus en plus noire si tu veux mon avis. J’étais terrifiée à l'idée qu’il te soit arrivé quelque chose. Dieu soit loué, tu es saine et sauf.


Elle me regarde d’un air chagriné et elle enchaîne; 


  • Depuis quelques jours, la jeune fille qui était dans cette maison… quel est son nom déjà?
  • Anne…
  • Oui Anne c’est bien cela. Et bien depuis quelques jours, elle a été admise dans mon département à l'hôpital. Lorsqu’elle a su que je suis ta mère, elle m’a demandé des nouvelles de toi immédiatement. J’ai également compris que vous êtes amies et que vous vous êtes rencontrés à l’école. Elle m’a demandé pourquoi elle n’avait pas eu de nouvelle de toi depuis la journée de l’incident puisqu’elle t’a envoyé plusieurs hiboux. 


Elle marque une longue pause avant de me montrer la pile de lettres dans sa main.


  • Je ne te les ai pas donnés. J’espère que tu pourras me pardonner, je voulais simplement te protéger. 


Elle me les donne avant de m’avouer;


  • Avant de venir à l'hôpital,  ils sont allés voir la guérisseuse de l’école. Madame Blainey, mais elle n’a rien pu faire pour la soigner. Je ne sais pas quel type de magie l’a atteinte, mais je te promets d’essayer de la guérir. 


Elle quitte ma chambre sans prendre la peine d’en refermer la porte. J’imagine que ma punition est alors levée. Je commence à ouvrir et à lire chacune de mes lettres. La majorité sont de Anne. Elle me décrit son état général et sa visite à l'école en plein été. Elle me raconte que Solomon aimerait trouver un remède pour la guérir mais plus les jours avancent, plus il perd espoir. Elle me parle également de Sébastian qui s’est refermé sur lui-même depuis l’incident. Elle m’avoue qu’il lui a raconté la conversation que nous avons eue lorsqu'elle m’a demandé d’aller lui parler. Elle écrit en lettre majuscule qu’il s’est conduit en imbécile et qu’elle lui a répété à mainte et mainte reprise qu’elle a fait cela de manière réfléchi et que je ne suis pas responsable de ce qui lui arrive. Les autres lettres étaient d’Ominis. Il me confie que l’état d’Anne le préoccupe de plus en plus et qu’il a hâte de pouvoir m’en parler. Il passe la majorité de son temps chez les Pallow à s'occuper d’Anne et a raisonné Sébastian. Pauvre Ominis, il a toujours été le plus sage de nous quatre et c’est dans des situations comme celle-ci qu’on s’en rend bien compte. La dernière lettre provient de Sébastian et seulement trois mots décorent le parchemin.


Je suis désolé


Je repousse tous les parchemins le plus loin possible de moi. Je ne peux rien faire d’autre que me recroqueviller dans mon lit et pleurer. Anne n’est pas guérie, elle ne va pas mieux. On dirait qu’il n’y a rien qui puisse la soigner complètement. Je sens que la culpabilité me ronge de plus en plus.  Si je n’avais jamais mis les pieds a Feldcroft rien de tout cela ne se serait produit. Je suis prête à tout pour les gens que j’aime et je ne la laisserai pas souffrir, je dois trouver un remède pour la guérir complètement de ce sortilège malicieux. 


Le lendemain, je me réveille de la même manière que je me suis couchée, en boule. Je me sens prise d’une soudaine envie d’accomplir quelque chose. Ma dernière pensée avant de m’endormir me redonne l’énergie de sortir de cette pièce misérable. Mon nouveau projet de l’été est de délivrer Anne du mal qui l’habite.  Je rejoins ma mère dans la cuisine pour y partager notre petit-déjeuner. Comme à son habitude elle lit La Gazette avec attention. En zieutant la couverture, j’en devine que les attaques faites par les Gobelins sont de plus en plus fréquentes. Je profite du moment ou elle va se servir une nouvelle tasse de thé pour lui demander;


  • Est-ce que je suis autorisé à quitter la maison? J’ai terminé tous mes devoirs d’été et je dois avouer que je commence à m’ennuyer ici.


Elle ne prend même pas la peine de me regarder et me réponds;


  • Non. Avec ce qui est arrivé à ton ami, tu ne devrais même pas avoir l’envie de sortir d’ici.
  • Mais maman, les attaques se déroulent majoritairement en Écosse. Je pourrais seulement aller sur le Chemin de Traverse. J’ai besoin de changer d’air.


Nous nous regardons dans les yeux durant plusieurs minutes. Elle finit par me dire;


  • Très bien. Mais tu es à la maison avant le coucher du soleil. Je vais également demander à Monsieur Yaxley un compte rendu de tes allés et de tes venus. 


Dans un élan d'enthousiasme je saute au cou de ma mère en la remerciant environ 200 fois. Je retourne dans ma chambre dans l’idée de me faire un plan précis de ce que je cherche et quel endroit je devrais visiter en premier. Clairement je dois me rendre chez Fleury et Bott, ils ont peut-être un livre sur les maléfices et les méthodes de guérison. Peut-être qu’Ollivander aura quelque chose à me proposer, une baguette magique super puissante, guérisseuse de tous les maux? Est-ce que ça peut vraiment exister? Je n'ai rien à perdre. J’ajoute donc la boutique à ma liste. L’apothicaire a peut-être des ingrédients de potions qui peuvent aider. Ces trois emplacements sont un bon début dans ma quête vers la guérison d’Anne. J’attrape ma sacoche qui contient quelques gallions et je sors le plus rapidement possible de la maison sans prendre la peine de dire au revoir à ma mère qui n’est toujours pas partie au travail. 


Je dois avouer que je ne m’attendais pas à cela comme journée. Je suis assise sur la terrasse de Chez Florian Fortarôme à manger une glace dans l’espoir que cela m’aidera à me remonter le moral. Je suis de retour à la case départ car je n'ai absolument rien trouvé qui puisse aider Anne. Aucun livre peut m’aider si je n’ais pas identifier le maléfice en question, ce sont les mots exact du libraire. Si une potion pouvait tout guérir il n’y aurait personne à Ste-Mangouste ma petite dame, m'a gentiment expliqué l’Apothicaire. Sans parler d’Ollivander et sa baguette la plus puissante jamais connue mais qui reste introuvable à ce jour, la baguette de la destinée. Mais où est-ce qu’il peut bien prendre toutes ces histoires? Je décide de rentrer à la maison bredouille et de chercher demain dans la bibliothèque de ma mère. Elle a sûrement quelque chose dans son fouilli qui peut être utile. J’arpente, la mine basse, le pavé de pierre en direction du Chaudron Baveur. Je me sens bien seule depuis un instant. Tout au long de la journée je me suis laissé nourrir par un espoir de pouvoir retrouver ma meilleure amie, celle qu’elle était avant la nuit de mon anniversaire. 


  • Mademoiselle Lavigne, quelle surprise de vous voir ici! m'interpelle une voix chantante qui m’est familiaire.


En réalité, ce n’est pas si surprenant de me voir ici puisque j’y passe littéralement la majorité de mon temps libre estival. Je relève les yeux afin d’apercevoir le Professeur Bulbille tenant un gros pot de rempotage pour plantes magiques. 


  • Bonjour Professeur Bulbille. Qu’est-ce que vous faites ici?
  • Je devais récupérer quelques items pour être prête pour le début des classes et…


C’est à ce moment précis que mon attention est dirigée complètement ailleurs. Au-dessus de son épaule un peu plus loin, cette affiche qui m’a bien fait rire au début de l’été. Elle est peut-être là la réponse à ce que je cherche désespérément. 


Barjow et Beurk, spécialistes en vente d'antiquités! 


Peut-être pourrais-je y trouver une quelconque relique de magie noire qui la sauvera de ses souffrances. Pourquoi n’ais-je pas immédiatement pensé à l’Allée des embrumes? Ma mère me l’a clairement dit ce matin, le nombre d’accidents reliés à des sortilèges issues de magie de plus en plus noire. C’est de ce côté que je dois faire mes recherches. Sans prendre la peine de regarder mon Professeur de botanique je la salue et me dirige d’une démarche hypnotisé vers ce nouvel objectif. À peine arrivé à l’orée de cette allée malfamée, une main m’arrête brusquement en m’aggripant par le poignet.


  • Ce n’est pas un endroit très recommandé pour les étudiants Mademoiselle Lavigne. Faites attention où vous mettez les pieds.


Le Professeur Bulbille m’arrête dans ma progression, mais elle a raison. Ce n’est pas l’endroit pour des adolescents. Pourquoi n’y ais-je pas pensé plus tôt. Tout cela a beaucoup plus de sens à présent. 


  • Vous avez raison Professeur, merci. On se revoit à la rentrée.


Et je reprends mon chemin vers la maison. Plus j’avance vers celle-ci , plus j'accélère le pas. Je dois faire un tour dans cette boutique en étant quelqu’un d’autre, de plus vieux et c’est la bibliothèque de ma mère qui m’a donné la réponse hier.  Je dois récupérer ce livre au plus vite. Ma mère semble toujours au travail et je décide de m’enfermer dans ma chambre afin d’avoir l’esprit concentré sur mon plan, sur le PLAN. Je fouille frénétiquement dans ma valise pour retrouver le livre au fond, brillant de sa couverture de cuir, Les Potions de grands pouvoirs. Je tourne les pages avec conviction jusqu’à la recette espérée. 


Le Polynectar 


Le Polynectar est une potion qui permet à un sorcier de prendre temporairement l’apparence d’un autre être humain. C’est une potion d’un niveau de difficulté assez élevé par contre. J’espère être en mesure de bien l’exécuter pour qu’elle fonctionne bien. D’après le livre, plus le sorcier est expérimenté, plus la métamorphose sera longue. Quels sont les ingrédients?


  • 3 mesures de Sisymbre
  • 2 bottes de Polygolum
  • 4 Sangsues
  • 2 Chrysopes
  • 3 mesures de Peau de serpent d’arbre du cap
  • 1 mesure de corne de bicorne


Le seul bémol est que la recette prend un mois entier avant d’être prête. Au moins, je serais en mesure de mettre mon plan entièrement en exécution avant le retour en classe. Je cherche rapidement dans mon nécessaire à potion pour faire le décompte de ce que je possède déjà. Ma mère étant une potionniste amatrice d’expérience, j’ai toujours plus d’ingrédients que nécessaire. Merci à elle parce que la seule chose qui me manque est la peau de serpent. Je me demande si elle en aurait dans sa chambre? Sur la pointe des pieds, je m’aventure dans la maison en direction de la chambre de ma mère. Pas de chance, elle a verrouillé la porte avec un enchantement, comme à son habitude. Je rebrousse chemin avec une idée en tête. Et si j’étais en mesure d’utiliser la baguette de mon père sans que le ministère ne se rendre compte qu’une mineure en a fait l’usage? Après tout, il n’a jamais existé dans ce pays et je doute fort bien que le ministre Français prenne de son temps pour venir me sermonner jusqu’ici. Il faut simplement qu’elle fonctionne encore. Qui ne tente rien n’a rien. J'agrippe la baguette et m'exclame confiante devant la porte;


  • Alohomora!


J’entends le cliquetis, ça a fonctionné. Rapidement je me dirige vers l’armoire où elle entrepose ses ingrédients. Je n'ai pas besoin de chercher très longtemps car la peau de serpent d’arbre du cap me saute directement aux yeux. Je prends seulement la mesure exacte de la recette pour ne pas attirer les soupçons. Je retourne dans ma chambre, attrape mon chaudron d’école, allume le feu toujours avec la baguette de mon père et je commence la concoction bien confiante que ce plan réussira le mois prochain.



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