La caverne des espoirs brisés
[Suite du journal du Druide Almechior
Comment devais-je m’y prendre, pour rejoindre ce rocher noir au-delà du gouffre qui s'ouvrait sous mes yeux ? Il ne m’est pas venu d’autre idée que d’avancer, de mettre un pied devant l’autre en priant la Dame Verte de guider mes pas. Et j’ai marché, droit devant, les yeux fermés, car je n’osais pas affronter le vide sous moi. Aussi incroyable que cela paraisse, je ne suis pas tombé, mes pieds s’appuyaient sur je ne sais quoi ! Au bout de quelques pas, j’ai ressenti quelque chose d’étrange, comme si je passais au travers d’une toile d’araignée gluante. J’ai alors rouvert les yeux.
Je me tenais sur un pont de pierre, aux rambardes décorées de gargouilles. Le ciel était d’une couleur changeante et indéfinissable entre le noir, l’or et le rouge sang. Face à moi, à l’extrémité du pont, s’ouvrait une grotte dans la paroi du sombre rocher. Elle n’était pourtant pas visible quand j’étais encore de l’autre côté du voile, dans l’autre monde.]
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Braegor entendit trois sons sourds, quelque part sur sa droite, suivi de deux bruits puissants d’éclaboussures et d’un son indéfinissable, mélange de craquements d’os et de couinements visqueux. Le Parangon ouvrit les yeux et aperçut l’hydre se débattant dans son sang, l’une de ses têtes gisant à la surface, retenue au reste de son corps par un simple lambeau de chair. Puis il vit un boulet de canon percuter le monstre à la base de ses cous, avant que celui-ci ne sombrât définitivement dans un ultime spasme.
Ce fut seulement à ce moment-là qu’Etchmiéazna rompit sa transe. Sa première vision fut celle d’un bateau émergeant de la brume. Un vaisseau étrange à la voilure en éventail, au pont d’un noir charbon et dont la figure de proue représentait une tête géante de lézard. Elle ne comprit pas immédiatement ce qui s’était passé, et Braegor était lui aussi tout ahuri d’être encore en vie. Ils n’avaient toujours pas prononcé la moindre parole quand un tintement métallique les rappela à l’instant présent. C’était la lance de Gildarion, que celui-ci venait d’envoyer au milieu de la barque avant de se hisser à son bord. Il ne l’avait pas lâchée, s’y accrochant avec toute la force du désespoir, quand l’hydre l’avait balancé à la mer. Une lance, pour un Elfe, était bien plus qu’une arme, c’était un prolongement de son être.
« Et bien, ma chère Etchmiéazna, je constate que j’ai eu raison de croire en vous et en vos prières, même si je n’imaginais pas que la main des Lumineux prendrait la forme d’un vaisseau Tyran salamandre. » Gildarion avait prononcé ces paroles sur le ton de la conversation, d’un naturel qui contrastait tellement avec leur situation si extraordinaire, que Braegor ne put se retenir de rire. Le Parangon fut tellement soulagé de revoir son compagnon qu’il se jeta dans ses bras. « Moi non plus, je n’ai pas douté de la protection des Lumineux ! » lança-t-il gaiement à l’Abbesse.
Ce n’était pas tout à fait vrai, car il avait bien cru que sa dernière heure était venue. Mais pour Etchmiéazna, sa remarque fut un coup dur. Elle avait prié sincèrement, mais sans s’attendre à une réponse divine. « Quelle triste ironie, suis-je donc la seule à avoir douté de mes Dieux ? » pensa-t-elle.
Les trois compagnons se retrouvèrent bientôt dans l’ombre du navire salamandre. Lorsque la coque de la barque rencontra celle du Tyran, une échelle de corde fut lancée depuis le pont de celui-ci. Le temps qu’ils se demandassent s’il s’agissait d’une invitation à monter, une Salamandre enjamba la balustrade et descendit avec une facilité que ne laissait pas supposer sa carrure massive. Elle était coiffée d’un tricorne noir orné de plumes multicolores, et à sa ceinture pendait d’un côté un imposant pistolet et de l’autre un sabre sans gaine. Sa peau était d’un rouge plutôt foncé, témoignant d’un âge relativement avancé, mais ses yeux brillaient d’un éclat intense, signe que son feu intérieur n’était pas près de s’éteindre. Une fois à bord du canot, elle se planta devant le trio, sans prendre tout de suite la parole.
« Merci infiniment pour votre secours, sans lequel nous serions dans le ventre de cette maudite hydre à l’heure qu’il est, intervint Etchmiéazna, réagissant la première, peut-être poussée par la culpabilité de ne pas avoir cru à une intervention salvatrice.
– Oui, quelle chance nous avons eu que vous vous soyez trouvée dans les parages, renchérit Braegor.
– Oh, cela n’a rien à voir avec la chance, répondit malicieusement la Salamandre. Nous croisions dans ces eaux dans l’attente du capitaine Gildarion. Mais j’avais le souvenir d’un vaisseau plus imposant...
– Comment... ? Mais enfin... qui donc êtes-vous ? » bredouilla l’Elfe qui commençait pourtant à la reconnaître, sans se l’avouer tout à fait.
Pour ceux qui n’étaient pas de leur race, il était bien difficile de distinguer les Salamandres entre elles. Mais Gildarion ne pouvait avoir oublié la dernière avec laquelle il avait eu directement affaire. La corsaire lui sourit, attendant qu’il réalisât pleinement ce qu’impliquait son identité. Comme elle devait s’y attendre, l’Elfe se mit en colère.
« Vous m’attendiez ici, dites-vous ? Cela veut dire que vous avez trahi votre engagement !
– Pas le moins du monde. J’ai livré votre colis à la personne désirée, comme promis. Notre contrat ne stipulait aucunement que je ne pouvais pas y jeter un œil, que Kthorlaq me brûle la langue si je mens ! » L’expression était subtile : le feu instillé dans le corps des Salamandres par la bénédiction de Kthorlaq n’était pas dangereux. Bien au contraire, il était pour elles une source de vie, conjurant le froid de la Malveillante Hiver qui persistait encore dans leur sang. « Que Kthorlaq me brûle la langue si je mens » était donc employé chez les Salamandres lorsqu’elles assumaient être de mauvaise foi, bien que cela ne soit pas toujours évident pour les étrangers qui n’étaient pas au fait de leur histoire, et en particulier du combat qu’elles avaient mené contre Hiver dans le Sud de Mantica.
« Et puis, à quoi vous attendiez-vous ? Dix mille Couronnes Thereniennes, je me doutais bien qu’il ne s’agissait pas d’un faire-part de mariage. Je suis d’un naturel curieux... alors, un tel prix pour du courrier, je ne pouvais pas résister à la tentation d’en découvrir le contenu ! Mais ne soyez pas ingrat, car sans ma petite indiscrétion, je n’aurais pas pu vous protéger de cette hydre, ni des autres, car elle n’était pas la seule à rôder dans ces eaux... »
Braegor failli s’étrangler en entendant la somme de dix mille Couronnes Thereniennes. Cela représentait environ deux années de sa solde. Quel colis avait tant de valeur aux yeux de Gildarion ? Quant à l’Elfe, il se ravisa. Il était vrai que si la Salamandre n’avait pas lu sa lettre ni vu sa carte, elle ne se serait pas retrouvée là. S’inclinant bien bas, il s’adressa à elle respectueusement :
« Je suppose dans ce cas que vous avez l’intention de nous aider à atteindre notre destination... Et je tiens à vous témoigner toute ma gratitude. Cependant je n’ai plus les moyens de vous dédommager de votre peine, ayant abandonné mes dernières ressources avec mon navire.
– Hum... Pardonnez ma hardiesse, reprit la Salamandre, mais il me semble avoir aperçu un instrument qui scintillait d’une belle lueur... »
Gildarion sursauta. Il s’attendait à ce que la corsaire répondît poliment à sa politesse, certainement pas à ce qu’elle lui réclamât si effrontément son dernier trésor ! Sa longue-vue... Nikaryon lui avait recommandé de l’emporter afin qu’elle puisse servir de monnaie d’échange, en dernier recours. Mais il aurait tant aimé repousser encore le moment où il devrait la déposer dans des mains inconnues, des mains n’appartenant pas à un Elfe de la Lignée des Mers. Sans un mot, il la sortit du bagage d’où elle dépassait, et la tendit à la Salamandre. Celle-ci la saisit, la soupesa et l’essaya, également silencieuse. Après quelques instants, elle la replia et la glissa dans une poche de sa ceinture. Puis, tournant vers l’Elfe un sourire de satisfaction, elle s’exclama :
« Et bien, je crois qu’avec un tel salaire, je vous emmènerais au bout du monde, si cela vous chante !
– Auriez-vous simplement l’obligeance de me donner votre nom ? demanda Gildarion, la tête baissée et le cœur déchiré. Cette longue-vue est un héritage familial à la valeur sentimentale incommensurable, si tant est que sa valeur marchande soit évaluable, et je souhaiterais à tout le moins connaître la personne à qui elle appartient désormais.
– Mon nom... Mon nom... Ce n’est pas une bonne idée de me le demander. Chaque fois que je me présente telle que je suis, on se moque de moi, on ne me croit pas. J’entends déjà vos sarcasmes : « C’est ça, et moi je suis Samacris, la Mère des Phénix » me dira la Dame basiléenne, « et moi je suis Raegorn, Chapelain de la Confrérie », ajoutera le Sire humain, et pour finir, notre bon capitaine elfe ajoutera « et moi je suis Valandor ! »
– Prend garde, Salamandre, à ne pas prononcer le nom de Samacris à la légère. Je ne tolérerai pas le blasphème, et la loi de Basiléa s’applique partout où peut s’abattre le fléau d’arme que voici ! » Etchmiéazna accompagna ces menaces d’un mouvement du poignet qui fit se balancer la masse au bout de sa chaîne. En réaction, la Salamandre empoigna la crosse de son pistolet et, sans même le sortir de sa ceinture, en dirigea le canon vers la Basiléenne. « Et sache que Valandor n’était pas un Elfe », ajouta cette dernière, sans se laisser intimider.
À peine venait-elle de prononcer cette dernière phrase, qu’elle sentit une lame sous son menton. Gildarion avait pointé sa lance contre l’Abbesse dans un mouvement instinctif si rapide que lui-même semblait surpris de son geste. Les Elfes de la Lignée des Mers tiraient une fierté immense d’être les gardiens de la dépouille de Valandor et ne souffraient pas que l’on doutât de son appartenance à leur race. Lorsque Gildarion réalisa qu’il avait failli égorger son alliée, il se ressaisit toutefois et bredouilla quelques excuses gênées et maladroites. Braegor, fort contrarié, l’interrompit :
« Je crois que le moment est mal choisi pour débattre de la nature de Valandor. Elfe, humain ou Dieu, nous en discuterons plus volontiers autour d’une bonne table... au moment du dessert, de préférence, quand les couteaux auront été desservis et remplacés par d’inoffensives cuillères... Quant à vous, je ne sais pas si votre nom mérite un tel suspens, ni s’il nécessite de semer la zizanie dans notre compagnie. Je vous dirai toutefois qu’en aucun cas je ne me prétendrai être le glorieux Raegorn, pour avoir moi-même allumé son bûcher funéraire, étant son fils aîné. »
La Salamandre fut fort étonnée de cette annonce, mais pas autant que Gildarion, qui lança un regard accusateur à Etchmiéazna. Celle-ci lui répondit par une moue qui signifiait « par pitié, nous en reparlons en privé plus tard ». Comme l’Elfe se sentait coupable de l’avoir mise en joue brutalement et qu’il voulait faire amende honorable, il n’insista pas. Par chance pour l’Abbesse, Braegor était tourné vers la corsaire et ne remarqua rien de cet échange muet.
« Et bien dans ce cas, commença la Salamandre en soulevant son tricorne en signe de respect, je crois pouvoir vous révéler que mon nom n’est autre que Flamme-Ardente, et qu’ainsi vous pouvez me nommer. »
Ce nom ne dit rien à Braegor, mais pour Etchmiéazna, qui était instruite, il évoquait une corsaire mythique. Quant à Gildarion, qui avait vécu plusieurs siècles sur les mers, il était si familier que l’Elfe en conçut quelques soupçons. On ne comptait plus les exploits attribués à Flamme-Ardente, si bien qu’il était certain que ce titre avait été porté par plusieurs générations de corsaires, et que différentes Salamandres l’avaient revendiqué en différentes époques. Quoi qu’il en soit, il fallait admettre que jamais une corsaire prénommée Flamme-Ardente n’avait entaché la réputation du titre, et qu’en conséquence Gildarion pouvait tenir celle qui se trouvait devant lui pour une navigatrice et une combattante hors-pair.
« Je suis honoré, Flamme-Ardente, de me tenir en votre compagnie, et je suis pareillement réconforté que mon trésor familial revienne à un si noble marin, dit-il en s’inclinant de nouveau. Et voici également l’Abbesse Etchmiéazna, qui gouverne la Sororité de Makrachirès à la frontière septentrionale de l’Hégémonie. Ainsi les présentations sont faites. Peut-être pourrions-nous dès lors monter à bord de votre navire. Je ne dissimulerai pas mon désir d’embarquer sur le vaisseau d’une légende telle que la vôtre... » Tout en parlant, il cherchait du regard l’échelle de corde qui devait leur permettre de rejoindre le pont du Tyran, et ne la voyant pas il se mit à bredouiller. La Salamandre ne manqua pas de relever l’embarras de Gildarion et s’expliqua :
« Hum... Je crois qu’une petite mise au point s’impose. Il me semble que vous n’avez pas bien saisi la situation, alors je vais la clarifier officiellement. J’ai pris le commandement de cette barque. Si vous souhaitez vous mutiner, je vous conseille d’attendre que nous soyons hors de portée de ces canons-ci, fit-elle en désignant les imposantes pièces de métal qui dépassaient des sabords ouverts. Au demeurant, elle n’avait toujours pas lâché son pistolet. Je ne vous laisse pas le choix, mais c’est dans votre intérêt que je prends le gouvernail de ce canot... au sens propre comme au figuré. Notre Basiléenne ici présente devrait au moins me rejoindre sur cette conception de l’autorité », ajouta-t-elle avec un sourire malicieux pour l’Abbesse. Etchmiéazna ne trouva rien à dire, elle ne pouvait effectivement remettre en question le principe d’un commandement vertical incontestable sans trahir le fondement même de l’Hégémonie.
On descendit deux tonneaux au moyen de cordes. Flamme-Ardente en réceptionna un et Braegor récupéra le second. Il s’agissait d’eau et de nourriture.
« Voici de quoi nous sustenter pour le reste du voyage. Nous ne sommes plus très loin, mais cela ne veut pas dire que le plus dur est derrière vous.
– Mais pourquoi ne pas emprunter votre vaisseau ? osa enfin Braegor, que la vue des rations de poissons séchés renvoyait cruellement à ses souvenirs de banquet dans le confort du Limbe elfe. Il me semble que ce serait à la fois plus rapide et plus sûr... Je veux dire, pour vous avant tout, qui nous faites l’honneur de nous convoyer.
– Et bien non, ce ne serait pas plus sûr, comme vous dites. Je l’ai annoncé tout à l’heure, cette hydre n’était pas seule à hanter ces eaux. Nous en avons observé une dizaine, qui convergeaient toutes dans la même direction, vers cette île où nous devons nous rendre. D’ailleurs, d’autres animaux semblent étrangement attirés par ce lieu. Nous avons ainsi pu voir un grand corbeau, de ceux qui vivent dans les montagnes du Nord et les Monts Halpi. C’est une longue route jusqu’ici, trop longue pour un oiseau terrestre. Je n’arrive pas à comprendre comment il a pu faire toute cette traversée sans halte. Mais peu importe, ce qui est le plus préoccupant, c’est que selon toute vraisemblance un joli tas d’hydres des mers doit grouiller aux abords de l’île. Mon navire est capable de tenir tête à trois ou quatre de ces monstres, mais guère plus. C’est pourquoi nous n’avons pas d’autre choix que d’arriver en douce, et ce petit canot fera très bien l’affaire, après quelques ajustements... »
Elle s’avança au milieu de la barque, et commença à soulever du fond une planche de bois. Celle-ci parut pousser sous les yeux ébahis de Braegor, qui semblait assister à un prodige. Gildarion s’aperçut de l’étonnement du Parangon et lui expliqua : « Il s’agit d’une dérive rétractable. Elle est abaissée lors de la navigation, mais peut se relever. Cela permet, entre-autre, d’accoster sur une plage. Quant à savoir pourquoi notre nouveau capitaine prit la décision de relever la dérive, c’est une autre histoire... Et j’espère que notre curiosité sera satisfaite ? » lança-t-il à l’attention de la Salamandre.
Sans attendre la réponse de Flamme-Ardente, Braegor s’écria : « Mais sans dérive, nous risquons de... dériver ! » Peut-être avait-il finalement retenu quelques leçons glanées auprès des marins elfes, peut-être avait-il simplement déduit l’usage de l’objet d’après son nom. Toujours était-il que l’Elfe et le Frère de la Marche reçurent enfin des éclaircissements de la corsaire.
« Les hydres ne s’intéressent pas aux poissons ni autres animaux marins. Elles préfèrent s’attaquer aux bateaux. Et comment les repèrent-elles, d’après-vous ? À la vibration que fait la quille en se mouvant dans l’eau. Retirer notre dérive est le prix à payer pour flouer les hydres. Nous sommes chanceux cependant, car les vents nous sont favorables et nous pouvons naviguer vent arrière sans la dérive, ce qui nous amènera presque à destination. Ensuite, il faudra ramer un petit peu, mais cela ne devrait pas poser trop de problèmes puisque je vois là des bras puissants pour lesquels ce ne sera qu’une promenade de santé... » Flamme-Ardente avait dit cela en regardant successivement Gildarion puis Braegor, car elle avait perçu la rivalité implicite qui s’était installée entre eux, à leur insu d’ailleurs. En les prenant ainsi à parti, elle savait qu’aucun des deux ne se dédirait et qu’ils rameraient à sa guise pour ne pas passer pour le plus faible.
Le temps qu’ils aient cette discussion, le Tyran avait déjà mis cap au large. Ils ne leur restaient plus qu’à reprendre leur route, en direction du sud. La mer était calme et le vent soufflait fort, aussi progressèrent-ils sans trop d’effort. Toutefois, Flamme-Ardente était sur le qui-vive, scrutant sans répit les eaux environnantes. Ce faisant, elle employait parfois sa nouvelle longue-vue, et ne cessait de produire de petits grognements de satisfaction à chaque fois qu’elle l’utilisait. Au bout d’un moment, elle aperçut d’ailleurs une hydre sur bâbord. Mais celle-ci était suffisamment loin et se déplaçait assez vite pour que leurs routes ne se croisassent.