Les Lumières dans les Ténèbres : La Réalité de la Fée Noire

Chapitre 64 : Celle qui brise la Lumière (Mickey)

6776 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/07/2023 11:09

Deux semaines.

Voilà deux semaines que mes amis avaient disparu.

Après la discussion que j’avais eue avec Maître Yen Sid, ce dernier me conseilla de retourner à Disneyville, le temps que Merlin et lui trouvent une solution.

« Tu dois protéger ton peuple, me disait-il. Il n’y a aucun moyen de savoir combien de temps la Pierre Angulaire fracturée tiendra face aux forces des Ténèbres. »

Comme souvent, la sagesse du Maître ne lui faisait pas défaut, alors je décidai de l’écouter. Les jours passèrent au fur et à mesure que je m’occupais des réparations de la ville et du château, des habitants traumatisés et blessés. Voir mes semblables dans un tel état me brisait le cœur.

Pendant ce temps, je ne pouvais m’empêcher de me faire un sang d’encre pour Sora, Riku et les autres. En plus de cela, d’autres faits demeuraient sans explications.

Cinq nouveaux Porteurs le même jour.

Le Numéro III.

Le cas de Maxwell.

La ressemblance troublante de Thomas avec notre pire ennemi, Xehanort.

Ce timing... Tout cela semblait trop calculé. Trop… parfait.

Et puis, nous avions confronté Xehanort et ses sbires il y a quelques mois, montrant bien qu’il est encore en activité. Avec tout ce qui se passait en ce moment, pourquoi n’envoyait-il qu’un membre de l’Organisation XIII ? Pourquoi restait-il aussi silencieux ? Il pourrait s’agir d’erreurs de sa part, certes, mais je n’y croyais pas ; Xehanort est un des hommes les plus intelligents que j’ai jamais rencontré.

-         À quoi penses-tu ?

Minnie me regardait depuis un moment déjà, remarquant que j’étais perdu dans mes réflexions.

-         C’est juste… tant de questions qui restent sans réponse.

-         Pour le moment, me rassura-t-elle.

-         J’ai l’impression qu’il nous manque une information, continuai-je. Une information cruciale qui donnerait un sens à tout ceci.

-         Concentre-toi sur ce que tu sais pour le moment, me conseilla Minnie. Tu trouveras une solution. Comme toujours.

Elle disait ça avec une assurance qui me laissa sans voix. Cette confiance en moi malgré la situation ; aucun doute là-dessus, c’était bien mon épouse. Je me demande comment je m’en sortirais sans elle. Ni même si j’y arriverais.

-         Mickey !

La voix du Maître résonna dans ma tête grâce à notre lien mental.

-         Il faut que tu viennes à la tour le plus vite possible.

-         Que se passe-t-il ? lui répondis-je.

-         Je t’expliquerai sur place. Mais autant te le dire maintenant : tu ne reviendras pas tout de suite à Disneyville.

-         Très bien. J’arrive aussi vite que possible.

Je me doutais que ça allait arriver, à un moment où un autre. Minnie, quelques soldats et moi-même essayions de planifier la défense du territoire en cas de possible attaque. Malheureusement, je n’allais pas pouvoir rester plus longtemps.

-         Je vais devoir y aller.

-         Où est-ce que… (Minnie observa mon expression.) Oh, je vois.

-         Cette fois-ci, je ne sais pas du tout quand je reviendrai. Mais…

-         Tu dois y aller.

Minnie poussa un soupir. Je savais qu’elle voulait rester à mes côtés, mais mon épouse se fit violence, malgré le fait que ça lui coûtait.

Je lui pris ses mains dans les miennes.

-         Je te promets de revenir le plus vite possible.

Minnie secoua la tête en souriant.

-         Pas la peine. Je sais que le feras.

Je lui rendis son sourire. Malheureusement, je ne pouvais pas prolonger ce moment de tendresse plus longtemps. Avec beaucoup de regrets, je me détachai d’elle avant de m’adresser aux soldats.

-         Les amis. Je vais m’absenter un moment. Alors je compte sur vous pour protéger notre foyer en mon absence !

Ils se mirent au garde-à-vous :

-         Compris, Majesté, répondirent-ils d’une voix. Vous pouvez compter sur nous !

Je les remerciai avant de me diriger vers le hangar. Je sortis le prototype de Gummiphone ; l’image de mes deux amis écureuils apparurent sur l’écran.

-         Tic, Tac. Préparez le vaisseau, je dois partir immédiatement.

 

 

-         Bonjour, Maître, saluai-je en arrivant dans la salle où il se trouvait, tout en haut de la tour.

Maître Yen Sid, comme à son habitude, méditait assis sur sa chaise, une grande pile de bouquins, dont plus de la moitié ouverts, à ses côtés.

Je ne savais pas ce qu’il cherchait, mais nul doute qu’il s’agissait de quelque chose d’important.

-         Bonjour, Mickey. J’aurais aimé que nous reparlions dans de meilleurs circonstances.

-         Moi aussi, admis-je. Quel est le problème ?

Il se concentra un instant, comme pour vérifier quelque chose.

-         Après les évènements qui ont conduit à la défaite du Simili de Xehanort, j’ai décidé d’utiliser un sort de surveillance grâce à aux étoiles, afin d’anticiper les déplacements de nos ennemis.

-         Vous pouvez donc savoir où l’Organisation XIII se trouve dans l’ensemble des mondes ? demandai-je, impressionné.

Maître secoua la tête.

-         Pas l’ensemble, mais certains d’entre eux seulement.

-         Lesquels avez-vous choisi ?

-         Agrabah, le Domaine Enchanté, la Forêt des Nains, le Pays des Merveilles, le Château du prince Adam, le Palais des Rêves et l’Île du Destin. Mon pouvoir ne peut faire plus.

En réfléchissant aux noms qu’il venait de me donner, je m’aperçus qu’un point commun les reliait tous.

-         Ces mondes… C’est celui des Princesses de Cœur !

-         Précisément, affirma Maître Yen Sid. Xehanort a voulu les utiliser par le passé pour ouvrir le chemin menant à Kingdom Hearts, dans le but d’acquérir le savoir et la puissance ultime.

-         Pourtant, Sora, Donald et Dingo l’ont empêché d’y arriver, rappelai-je. Et il n’a pas essayé de s’en prendre à elles depuis.

-         C’est justement ça que je soupçonne, expliqua-t-il. Il pourrait essayer à nouveau d’ouvrir ce chemin avec leur aide, volontaire ou non.

-         La dernière fois, me souvenais-je, nous avons été pris au dépourvu et elles ont toutes été capturées.

-         Pas cette fois, dit le Maître avec assurance. Cela nous amène à la raison de ta présence. Mon étoile à proximité du Château de la Bête a repéré une activité grandissante de Similis et de Sans-Cœurs en son sein.

-         Belle est en danger alors ! m’écriai-je. Je m’y rends tout de suite.

-         N’y va pas seul, ordonna le sorcier.

-         Mais, Maître… On ne peut pas attendre !

-         C’est vrai, mais Sora et les autres Porteurs ne sont pas disponibles. Pour maximiser nos chances de réussites, il nous faut d'autres alliés. Heureusement, nous en avons.

Quand le Maître vit dans mon regard que je venais de comprendre à qui il faisait allusion, il déclara :

-          Ne perds pas de temps. Quant à moi, (Son regard se posa sur les livres devant lui.) j'ai encore des recherches à faire.

Je m’inclinai, déterminé à empêcher la machination de l’ennemi.

-         Compris, Maître. Je barrerai la route à Xehanort coûte que coûte.

Mon interlocuteur sourit avec bienveillance.

-         Je sais que tu le feras. Maintenant va, Roi Mickey. La Princesse a besoin de toi.

 

Ma destination suivante était un monde appelé le Jardin Radieux ; un monde plutôt beau, composé en grande majorité d’une cité moderne en pierre grise. J’aurais pu me promener un long moment, en saluant les habitants, mais, malheureusement, l’heure n’était pas à la ballade. À peine atterri, je me dirigeai vers la maison d’un ami : Merlin. Je toquai à la porte en bois ; aussitôt, une fille d’une quinzaine d’années aux courts cheveux noirs ouvrit la porte. Quand elle me vit, un sourire éclaira son visage et ses yeux violets pétillèrent.

-         Bonjour et bienvenue, Majesté ! salua-t-elle chaleureusement.

-         Bonjour à toi, Youfie, répondis-je. Puis-je entrer ?

Elle hocha la tête et me laissa passer.

La maison de Merlin se résumait en une pièce, toutefois suffisamment grande pour accueillir un certain nombre de personnes. Cid, un homme blond d’une quarantaine d’années, travaillait comme à son habitude sur l’immense ordinateur en face de l’entrée. Parmi les autres personnes présentes, il y avait Léon, un jeune homme brun d’une vingtaine d’années au physique digne de celui d’un guerrier mais dont l’intelligence se devinait dans ses yeux bleus au beau milieu d’un visage sérieux marqué d’une cicatrice. Assis autour de l’unique table circulaire, il était en grande discussion avec Aerith ; une femme du même âge environ au caractère doux malgré une forte détermination. Lorsque Youfie annonça mon arrivée, chacun cessa son activité et m’accueillit :

-         Bon retour à vous, salua la jeune femme.

-         J’espère que vous vous en sortez après tout ce qui se passe, me dit Léon.

-         Vous en avez mis du temps pour revenir, me reprocha gentiment Cid.

Le jour où j’appris la disparition de nos amis, Maître Yen Sid prévint Merlin tandis que je me rendais ici. Cid étant un mécanicien et un informaticien hors pair passionné par les vaisseaux, je pensais qu’il pourrait m’aider à les retrouver, d’une façon ou d’une autre.

-         Désolé, Cid. Tu sais bien que je suis très occupé ces derniers temps.

Comme à son habitude, il passa le pouce juste sous son nez.

-         Je comprends, assura-t-il.

-         Du nouveau concernant nos amis ?

Il reporta son attention sur le grand écran devant lui sur lequel on pouvait y voir de nombreuses inscriptions qui ne me disaient rien.

-         Malheureusement, non. Je ne sais pas comment Maléfique s’y prend mais elle les cache fichtrement bien ; impossible de localiser ne serait-ce que la boîte noire du vaisseau gummi.

En voyant mon expression, Aerith essaya de nous remonter le moral :

-         Nous finirons bien par les retrouver.

-         On leur doit bien ça, ajouta Youfie.

-         D’ici-là, intervint Léon d’un ton posé, Sora, Donald et Dingo se débrouilleront. Comme d’habitude. Ils font parti du Comité de Restauration du Jardin Radieux après tout.

Cette remarque dessina un sourire sur nos lèvres à tous.

-         Maintenant, Majesté, reprit Léon, j’imagine qu’il y a une autre raison à votre visite ?

J’allais lui répondre lorsque l’on toqua à la porte. Cette dernière s’ouvrit, découvrant deux jeunes gens que je reconnus immédiatement.

-         Cloud, dit Tifa, la femme aux longs cheveux noirs, ses yeux rouges lançant des éclairs à son interlocuteur, on pourrait essayer ça, tu ne crois pas ?

-         Je suis pas intéressé, répondit le jeune homme aux cheveux blonds en pics, son épée gigantesque attachée dans son dos.

-         Il n’y a pas grand-chose qui t’intéresse, de toute façon.

En nous voyant, Tifa s’empourpra légèrement puis salua chacune des personnes présentes.

-         Désolé pour cette entrée, s’excusa-t-elle, plus particulièrement à mon égard.

Cloud, aussi taciturne qu’à son habitude, m’adressa seulement un hochement de tête respectueux. La grande majorité de nos alliés était présente, mais il manquait une personne : le propriétaire de la maison.

-         Où est Merlin ? demandai-je.

Cid réfléchit quelques instants.

-         Je crois avoir entendu le vieux grigou dire qu’il devait chercher je-sais-plus-quoi.

-         Aucune idée de ce dont il parlait, dit Léon, mais ça semblait important.

Quelque chose d’important…

Pas le temps d’y penser pour le moment. Il y a urgence !

-         Très bien. Voici la situation…

À la fin de mes explications, Léon et Aerith se levèrent d’un bond.

-         Il ne faut pas perdre plus de temps, dit Léon.

-         Nous n’avons peut-être pas de Keyblade, renchérit Aerith, mais nous ferons le maximum.

-         Comptez sur nous, affirma Youfie. Le ninja que je suis est de votre côté !

-         Je ne sais pas qui sont ces Princesses, déclara Tifa, mais si je peux aider, je viens.

Elle lança un regard à Cloud qui ne semblait pas vraiment lui laisser le choix.

-         C’est bon, je vous rejoins, déclara-t-il. De toute façon, vu l’aide que vous nous avez apportée ici, c’est la moindre des choses.

Rassuré, un sourire se dessina sur mes lèvres.

-         Merci beaucoup à tous.

-         Désolé de ne pas pouvoir vous aider, s’excusa Cid, le combat n'est pas trop mon fort.

-         Aucun problème, lui répondis-je. Reste ici au cas où tu trouves quelque chose pour Sora et les autres.

-         Compris, Majesté.

Je me tournai vers mes alliés et amis.

-         Allons-y.

 

Je n’avais pas beaucoup visité le monde de Belle. La seule fois où je m’y étais rendu, je soutenais Sora, Donald et Dingo sans qu’ils ne le sachent. Comme pour eux, ma seule connaissance de cet endroit se limitait au Château, lieu de résidence de la Princesse de Cœur. L’atterrissage s’effectua devant ce dernier, en pleine nuit.

-         C’est calme, commenta Tifa.

-         Je n’aime pas ça, grommelai-je. Restez sur vos gardes.

Chacun dégaina son arme respective, s’il en possédait : Cloud avec son épée géante, Léon, sa Gunblade, Youfie son Shuriken aussi grand que la moitié de son corps et Chaîne Royale D., une Keyblade ressemblant en tout point à celle de Sora, sauf pour les couleurs qui sont inversées ; la garde étant d’argent et la lame d’or.

Nous traversâmes la grande cour, plongée dans la pénombre, bercée par un silence surnaturel. Le bruit de nos pas était la seule chose que nous entendions, accompagné du bruissement des feuilles provoqué par le vent. Malgré ma concentration, je ne sentais pas le moindre danger, chose curieuse, au vu des dires de Maître Yen Sid.

Une fois devant la porte principale, nous nous tinrent prêt à tout. Silencieusement, nous ouvrîmes la porte, découvrant un hall vide.

-         Étrange, commenta Léon. Je m’attendais à déjà trouver une horde de…

Un bruit m'interpella ; comme si l’air sifflait. Obéissant à mes réflexes, je parais la chose qui fusait droit sur moi. Le projectile rebondit sur le sol avant de se planter dans une des colonnes de l’entrée. Il s’agissait d’une lance si noire qu’elle semblait façonnée dans l’obscurité même, ce qui était sans doute le cas.

-         Vous en avez mis du temps ! fit une voix familière.

Plusieurs mètres devant, en haut des escaliers, quelqu’un se tenait adossé contre l’immense porte derrière lui. Sans surprise, il portait un manteau noir lui recouvrant la totalité du corps, si bien qu’il était impossible de voir son visage. S’il s’agissait bien du propriétaire de la lance…

-         Numéro III ! lançai-je. Que fais-tu, ici ?

-         N’est-ce pas évident, Majesté ? répondit-il.

-         L’Organisation XIII… murmura Aerith.

-         Il doit être là pour la Princesse.

Je ne voyais que ça moi aussi ; ça expliquerait la présence grandissante de forces du Mal dont parlait le sorcier.

-         C’est ça, fit le garçon. Bien joué, Squall.

Les mains de Léon se crispèrent sur son arme.

-         Mon nom, c’est Léon.

-         Peu importe.

Il claqua des doigts et une multitude de Sans-Cœurs apparurent autour de nous, mais ils n’étaient pas seuls : un autre type de créatures appelés « Simili » les accompagnait. Contrairement aux Sans-Cœurs, créatures obscures issues des Ténèbres du cœur des gens, les Similis se distinguaient d’eux par une couleur blanche-grisâtre et provenaient du corps et de l’âme des défunts. Dans un cas comme dans l’autre, ils étaient dangereux, surtout au vu de leur nombre. Un tel timing…

-         Il veut gagner du temps, devinai-je. Il doit y avoir d’autres créatures dans le château pour trouver Belle.

-         Dans ce cas, dit Youfie, on ne peut pas rester ici !

-         Exact. Youfie, avec Aerith et Cloud, cherchez-la.

-         Comment est-ce qu’on saura que c’est elle ? demanda Aerith.

-         Vous le saurez, croyez-moi, assurai-je. Quand vous la verrez, elle, le prince ou ses domestiques, n’oubliez pas de dire que vous êtes des amis de Sora. Tifa, Léon et moi restons ici.

Tous acquiescèrent.

-         Allez-y, ordonna le Numéro III.

Une première vague s’attaqua à Tifa, Léon et Cloud mais fut balayée par l’épée de ce dernier, qui créa un chemin jusqu’aux escaliers. Le problème : il fallait passer par le membre de l’Organisation pour explorer le reste du château. Léon ayant compris cela, il tira une boule de feu à l’aide de sa Gunblade dont la taille et la puissance pouvaient rivaliser avec la magie de Lea. Son opposant tendit la main et l’obscurité alentour s’y concentra pour former une véritable claymore dont il se servit pour détruire le sort. Voyant une ouverture, Tifa atterrit d’un bond derrière lui. Comme s’il l’avait vu venir, le Numéro III l’esquiva dans ma direction et se retrouva au milieu de ses sbires. Le passage étant ainsi libéré, le trio se sépara en deux : Cloud emprunta les escaliers menant à l’aile est, tandis que Youfie et Aerith se dirigèrent à l’ouest.

-         Je vois, constata le garçon. Pas besoin de me retenir, on dirait.

Le combat s’intensifia d’une manière que je n’aurais pas crue possible. Peut-être que l’environnement, parfaitement à son avantage, jouait un rôle, mais le Numéro III paraissait bien plus fort que deux semaines plus tôt. Et ses monstres ne nous facilitaient pas la tâche, non plus. Léon et Tifa était d’excellents combattants : le jeune homme détruisait des monstres et les créations de l’adversaire à l’aide de coups de feu et de lame tandis que notre alliée enchaînait les ennemis avec des attaques de poings et de pieds d’une force à la limite de l’inhumanité. Eux s’occupaient principalement des gêneurs, tandis que je me concentrais sur le Numéro III.

Les minutes passèrent sans qu’un parti l’emporte vraiment sur l’autre : peu importe le nombre de monstres détruits, ils revenaient. Et le Numéro III était loin de s’avouer vaincu.

Soudain, un tremblement retentit.

-         Ça vient d’au-dessus de nous ! remarqua Tifa.

Lame d’or contre lame noire, son visage toujours invisible, notre ennemi n’eut pas l’air vraiment surpris :

-         Il n’a pas eu de chance, ce Cloud. Tomber sur elle tout seul…

-         Qu’est-ce que tu veux dire ? demandai-je.

Le plafond se fissura puis dans un bruit fracassant laissa passer deux personnes. L’une d’entre elles était irrémédiablement Cloud ; en pleine chute libre, il se servait de son épée pour parer quelque chose. Une arme tenue par l’adversaire qui se trouvait au-dessus de lui. Le jeune homme n’eut pas une chute agréable.

-         CLOUD ! s’écria Tifa.

Elle se précipita vers lui mais ne fut pas assez rapide. Cloud repoussa d’un coup son adversaire qui n’eut pas d’autres choix de faire quelque pas en arrière. Le jeune homme enchaîna ensuite avec un bond pour nous rejoindre.

-         Rien de cassé ? lui demanda Tifa.

-         Ça va, répondit-il. Je ne sais pas qui j’affronte, mais elle est puissante.

En suivant son regard, je compris pourquoi l’affrontement avait été aussi intense entre eux deux. À en juger par sa silhouette, la personne qui se tenait aux côtés du Numéro III était indéniablement une femme. Mais le plus important était qu’elle portait le manteau de l’Organisation XIII.

-         Je vous présente la nouvelle Numéro II de l’Organisation, annonça son allié.

La numéro II ? Combien de membres avaient changé au juste ?

La nouvelle venue utilisait en guise d’arme un objet particulier. Il s’agissait d’un long bâton noir qui se terminait par une longue lame recourbée principalement d’un rouge éclatant tachetée de formes noires faisant penser à des gouttes de pluies une fois écrasées au sol. En observant plus attentivement, je m’aperçus que cette lame avait la forme… de la moitié d’un cœur ? C’était bien ça. L’autre moitié se trouvait à l’exact opposé de l’arme en diagonale ; les deux lames se recourbant de sorte à laisser juste assez de place pour la main gantée de la Numéro II. De plus, les irrégularités de la lame formaient des espèces d’ondulations, qui me faisait penser à des flammes.

La présence de la Numéro II ne ressemblait en rien à celle de son compagnon. Ce dernier était dangereux, évidemment, mais sa dangerosité relevait plus de la force tranquille. La numéro II, au contraire, bien qu’elle n’eût dit mot, dégageait une haine incroyable, une voracité exacerbée, comme si l’air du hall se concentrait autour de sa personne.

-         Exact, roi Mickey, déclara notre ennemi, comme s’il lisait dans mes pensées. Elle est en colère, pas contre vous heureusement, mais contre certaines personnes ; des jeunes femmes au cœur soi-disant purs qui n’ont aucun autre intérêt que d’exister. Peu importe où elles sont…

Son alliée, silencieuse depuis son introduction, redressa la tête brusquement, l’air d’avoir détecté quelque chose.

-         … La Numéro II les traque.

La concernée fit un mouvement du poignet tenant son arme et cette dernière se prolongea des deux côtés à l’aide de chaînes, augmentant considérablement la portée de sa lance.

-         Et fait ce pourquoi elle est née.

Elle lança une de ses lames juste au-dessus de nos têtes, lame qu’elle mania à distance à l’aide de sa chaîne, détruisant la porte principale du château. Par miracle, personne ne fut atteint, mais le pire restait à venir. Derrière Cloud, Tifa, Léon et moi, à l’extérieur, se trouvait un groupe composé de Youfie, Aerith, quelques personnes qui étaient sans doute les domestiques, le prince Adam derrière lequel se cachait une femme brune dont les yeux noisette observaient la Numéro II avec une terreur absolue. Ils avaient dû trouver une porte à l’arrière du château, afin de contourner les monstres, pour mieux mettre Belle à l’abri.

Tout à coup, la princesse Belle tituba, très vite rattrapée par son époux.

-         Qu’est-ce qui lui arrive ? demanda Aerith.

Belle elle-même répondit d’une voix faible :

-         Je… Je ne sais pas. Mes forces m'abandonnent petit à petit.

Si soudainement…, pensais-je en dirigeant mon regard vers notre ennemie.

-         Aerith ! dit Léon. On va gagner du temps. Avec Youfie, retournez au vaisseau et…

La Numéro II envoya une nouvelle fois sa lame droit sur les nouveaux arrivants. Cloud utilisa le plat de son épée pour tenter une parade avec mon aide. Très vite, nous fûmes dépassés.

-         Ça… n’a rien à voir… avec tout à l’heure ! s’écria Cloud, ployant sous l’effort.

Nous utilisâmes toutes nos forces, sans arriver plus que ça à repousser l’assaut Léon et Tifa essayèrent de nous aider, mais les monstres et le Numéro III lui-même leur barrèrent le chemin. Finalement, sentant que mes bras m’abandonnaient malgré la force procurée par mon épée, je n’eus pas d’autres choix que de dévier la lame, détruisant quelques créatures au passage.

Pendant que Tifa affrontait le membre de l’Organisation en duel, Léon envoya quelques sorts Brasier X avec sa Gunblade en direction de l’ennemie. Cette dernière avançait lentement vers Belle, sans se soucier de l’attaque. Elle n’en eut pas besoin : d’un claquement de doigt, les sorts de feu se désintégrèrent. La chaîne se rétracta pour former à nouveau l’arme à double tranchant d’origine, arme que la Numéro II frappa au sol, créant un dôme noir autour d’elle. Soudain, les murs se mirent à trembler, le plafond à se fissurer, le sol se fragilisa. Le phénomène ne se limitait pas qu’au château, l’extérieur également subissait. Comme si…

-         Ce monde… commença Tifa. Il s’écroule !

-         Ne me dites pas que c’est elle qui fait ça ?! s’écria Youfie essayant malgré tout de rester en équilibre.

C’était impossible ! Qui pourrait détruire un monde entier aussi facilement ?

Pourtant, c’était bel et bien ce qu’il se passait : des morceaux de château nous tombaient dessus, les colonnes du hall d’entrée qui soutenaient le plafond se fissuraient à une vitesse alarmante et des pans entiers de la cour d’entrée s’effritaient, empêchant toute retraite. Le seul endroit qui semblait sécurisé était l’intérieur de la zone de la numéro II. Son collègue modela une nouvelle claymore à partir des ténèbres sur laquelle il sauta pour léviter ainsi qu’un véritable tapis d’épées sombres qu’il plaça au-dessus de sa tête.

-         Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Léon. Nous ne pouvons pas rester ici éternellement !

Je sortis la télécommande.

-         J’appelle le vaisseau Gummi immédiatement. Se battre dans ces conditions, c’est du suicide !

Au moment où je m’apprêtais à appuyer sur les boutons, Maître Yen Sid me contacta mentalement. Quand il termina de me délivrer son message, je tombai des nues. Figé, c’est à peine si je pouvais me concentrer sur le combat.

-         Qu’y a-t-il ? observa Cloud.

Quel idiot j’avais été ; incapable de m’en apercevoir plus tôt. Je le savais pourtant, que l’ennemi était intelligent.

-         Quel est le problème, Roi Mickey ? demanda à nouveau Cloud.

Je le regardai :

-         C’est un piège !

L’incompréhension parcourut nos rangs.

-         Vous vous en êtes finalement rendu compte, dit le Numéro III. Le but était d’attirer les derniers combattants de la Lumière les plus puissants ici pendant que nous recherchons les autres Princesses.

-         Tu mens ! Rétorqua Youfie. Comment aurais-tu pu être courant de notre venue ?

-         Disons… que Maître Xehanort connait bien Yen Sid. Et puis, tu peux toujours demandé au roi.

Cela me coûtait de l’admettre, mais…

-         Il dit la vérité. Maître Yen Sid vient de me prévenir que les mondes des autres Princesses de Cœur étaient assaillis par les Sans-Cœurs et les Similis. Exactement comme ici.

-         Comment le sais-tu ? demanda Aerith.

-         On s’en fiche, répondit le Numéro III. À l’heure actuelle, nos monstres cherchent les collègues de Belle. Le temps que vous arriviez, nous les aurons déjà trouvées.

On ne pouvait pas laisser faire ça. On ne pouvait pas laisser Xehanort gagner ! Malgré la situation, mon cœur trouva la force d’avancer.

-         Même si nos forces sont réduites, vous échouerez, leur assurai-je. En tant que Gardien de la Lumière, je ne vous laisserai pas capturer les Princesses !

Léon esquissa un sourire, suivit de Cloud. Tifa, Youfie et Aerith parurent reprendre du poil de la bête.

-         Bien dit, Majesté, commenta Léon.

-         Tout se passera bien, d’une façon ou d’une autre, déclara Aerith avec assurance.

Le Numéro III émit ce qui ressemblait à un soupir.

-         Votre Lumière est si faible.

-         Comment ? demandai-je, mais il ignora ma question.

-         Vous vous trompez sur toute la ligne.

Les tremblements de terre augmentèrent en intensité ; la destruction du monde s’accélérait.

-         Qui a parlé de les capturer ? Non… non… Ce n’est pas ce que le Maître veut. Et ce n’est absolument pas ce qu'elle veut, non plus.

-         Alors… quel est votre objectif ?

Mon interlocuteur se gratta la tête, avant d’observer son alliée.

-         Il est temps on dirait. Numéro II, finissons-en.

Le dôme autour d’elle disparut, les tremblements cessèrent. Ça aurait pu être une bonne nouvelle…

Si la Numéro II n’avait pas disparu de notre champ de vision. À droite, à gauche, aucune trace d’elle.

Soudain, nous entendîmes des cris étouffés dans notre dos. Le volte-face effectué nous plaça devant une vision inattendue : les pauvres domestiques tous à terre, le prince Adam prit au dépourvu et la Numéro II qui tenait Belle par la gorge, la levant comme si elle ne pesait rien du tout. La Princesse se débattait de toutes ses forces, voulant appeler à l’aide mais rien n’y faisait. Le plus proche étant le prince Adam, il dégaina son épée et tenta une attaque.

-         Je ne te laisserai pas…

Sans même le regarder, ni utiliser sa lance, la Numéro II donna un coup de poing d’une puissance inouïe qui projeta violemment le prince à l’autre bout du hall. L’homme s’écrasa contre le mur avec un bruit inquiétant.

Paré à attaquer, mes amis et moi nous apprêtions à attaquer lorsque… Lorsque cela arriva.

Belle avait beau agripper, frapper, griffer dans tous les sens, son assaillante demeurait stoïque. Bientôt, elle n’eut plus la force pour rien d’autre que suffoquer.

Alors, la nouvelle membre de l’Organisation desserra la prise sur son cou, permettant à Belle de respirer à nouveau. Aurait-elle changé d’avis ? Non…

Car elle plongea la main dans la poitrine de la Princesse, qui hurla de douleur. Un cri de désespoir et de souffrance tel que je n’en avais jamais entendu auparavant. Son regard embué par les larmes se dirigea vers l’endroit où était tombé son être aimé. Elle tendit le bras, essayant vainement d’atteindre son époux dans les décombres du hall.

-         Adam… appela-t-elle dans un souffle.

La Numéro II retira sa main, et le bras de Belle retomba, raide. L’ennemie la lâcha vulgairement au sol, tenant dans ses mains un orbe d’une lumière éclatante à la pureté inégalée : le cœur de Belle.

-         Je vous présente à nouveau…

Elle éclata l’orbe avec ses mains, qui se réduisit en une poussière d’or qui fut aspirée par le corps de la Numéro II. Elle dégagea une aura violette quelques instants, avant qu’elle ne disparût. Elle semblait à présent encore plus forte.

-         La Numéro II, plus connue sous le nom de…

La femme tourna la tête vers nous, permettant de montrer la seule chose de visible : ses yeux. Des yeux doré brillant dans l’obscurité de sa capuche. Des yeux dorés où résidait la définition même de la démence pure.

-         « Tueuse de Princesses ».

Le choc empêchait tout mouvement de ma part. Le choc de n’avoir rien pu faire. Le choc de la scène qui se déroulait sous nos yeux. Belle ne bougeait plus, inerte, sur le sol. Plus aucune vie n’émanait d’elle. Plus aucune Lumière. Rien du tout.

Le Numéro III avait raison : nous avions eu tort sur toute la ligne de penser que Xehanort essayerait de capturer les Princesses une nouvelle fois. De penser qu’il ferait la même chose deux fois.

Non. Loin de là.

Son objectif était clair à présent ; aussi clair qu’il n’était terrifiant. Et ce plan avait commencé à se mettre en marche sous nos yeux. Ce plan qui annoncerait la fin des Princesses de Cœur.


Et la première d’entre elles venait de mourir.


Laisser un commentaire ?