Les Lumières dans les Ténèbres : La Réalité de la Fée Noire
Chapitre 54 : Le guerrier du village fantôme (Kairi/Riku)
4769 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 31/07/2022 15:44
– Kairi –
Après un moment qui me sembla durer une éternité, quelqu’un emporta le sac dans lequel Raya, Sisu et moi-même nous trouvions. Malgré tous mes efforts, il m’était impossible d’utiliser ma Keyblade pour trancher notre « prison », mes bras étant ligotés. Utiliser un sort était ici exclu : je risquais de blesser tout le monde. Raya se débattait de toutes ses forces, mais sans succès.
- Quelqu’un a faim ? Proposa la voix de Sisu, sans doute à la personne qui nous transportait.
Aucune réponse.
- Non ? Tant pis, j’aurais essayé.
Quelques minutes plus tard, nous entendîmes un léger grincement, comme le bruit d’une porte qui s’ouvre, et la température monta de quelques degrés. Ensuite, la toile qui nous entourait fut tirée vers le haut, comme si on portait le sac par le dessus. C’est là que je me rendis compte que je ne sentais absolument rien sous mes pieds.
Sommes-nous suspendues au-dessus du vide ? Me demandais-je, inquiète.
La même personne – enfin, j'imagine – nous laissa en refermant la porte.
- Essayons déjà de nous débarrasser du sac, proposai-je.
- Bonne idée, approuva Raya.
Ensemble, nous essayâmes de bouger autant que possible. Après quelques secondes d’efforts, à moins que cela n’était dû à la chance, le sac tomba à nos pieds, révélant l’endroit où nous nous trouvions.
C’était une petite cabane faîte en pierre et en bois suffisamment grande pour héberger une seule personne, me semblait-il, ou une toute petite famille. Le changement de température que j’avais ressenti un peu plus tôt s’expliquait non seulement par le fait que nous étions à l’intérieur, mais aussi et surtout par le feu de la cheminée à quatre ou cinq mètres devant nous. Les flammes étaient si puissantes qu’à elles seules, elles parvenaient à éclairer tout l’habitacle ; nous permettant de voir un établi sur lequel reposait quelques armes assez difficiles à distinguer, à gauche de la cheminée, trois ou quatre pots en porcelaine et une espèce de petit banc de bois.
- Intéressant, comme endroit, commenta Sisu.
Pour l’instant, rien de bien grave, jusqu’à ce que je plisse les yeux.
- Raya… l’appelais-je.
- J’ai vu, répondit-elle. Je ne sais pas qui nous a fait ça, mais il a pris ses précautions.
Elle avait raison, la guerrière avait perdu son épée – cette dernière se trouvant sur le banc de bois, hors d’atteinte – ainsi que sa sacoche contenant les morceaux de la Pierre du Dragon qu’elle avait réussi à collecter jusqu’ici.
Ce n’est qu’après que je m’aperçus que la sensation que j’avais eue précédemment n’était pas due au hasard : nous étions effectivement suspendues par la taille grâce à une corde qui par je-ne-sais quelle malchance, retenait aussi nos bras en otage, à une trentaine de centimètres du sol.
- Kairi, demanda Raya. Tu peux faire quelque chose avec ton espèce d’épée-clef magique ?
- Impossible. Je ne suis pas suffisamment libre pour tenter quoi que ce soit. Désolée.
La jeune femme soupira.
- Pas grave. Il faut qu’on trouve vite un moyen de…
Soudain, la porte s’ouvrit, coupant court à nos pensées. La personne qui se dressait à l’extérieur était si grande et massive qu’elle laissait à peine la lumière pénétrer. Lentement, elle entra dans la cabane, obligée de baisser la tête à cause de son énorme carrure, et nous toisa. Il s’agissait indéniablement d’un homme, chauve sur le sommet du crâne, vêtu d’un manteau de fourrure et d’un collier de ce qui ressemblait dangereusement à des os. Pourtant, ce qui m’inquiétait le plus…
C’était la hache presque aussi grande que moi à ses côtés.
– Riku –
- Alors, on fait quoi, Boucles d’Argent ? me demanda Araen pour la énième fois.
- Je ne sais pas, lui répondis-je, là aussi pour la énième fois.
Sous nos yeux, un colosse venait d’emporter un sac dans lequel se trouvaient Kairi, Sisu et Raya. Grâce aux arbres, il n’avait vu ni Araen, ni moi. La perspective de l’affronter ne m’effrayait pas spécialement (même s’il maniait une énorme hache aussi aisément que moi un couteau), au contraire, mais je ne savais pas ce qui se passerait si j’essayais. Quand ce type traversa la porte de Dos du Dragon, je ne vis quasiment rien du village en lui-même, ni même des gens qui pourraient s’y trouver. Sous mes yeux, Kairi venait de se faire capturer. Je brûlais d’envie d’aller la sauver mais… je n’aurais peut-être fait qu’empirer la situation. Pourtant…
Et si j’essayais quand même ? Je ne peux pas la laisser !
Non. Il fallait que je me calme. Je ne l’abandonnais pas, bien au contraire. Si nous attaquions maintenant, nous la mettrions en danger, obligé d’affronter un village entier et que sais-je encore.
- Mec, s’impatienta Araen. Tu te décides ? Kairi – et peut-être nos chances de partir d’ici – s’en vont, là.
- Je sais, répondis-je sèchement. Laisse-moi juste un peu de temps.
Donald, nous ayant suivi jusqu’ici, nous vit tous les deux, cachés derrière les troncs les plus épais que nous ayons pu trouver. Il nous imita aussitôt.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Donald.
Je lui expliquai la situation aussi vite que possible, sans pouvoir m’empêcher de penser que chaque seconde qui passait réduisait nos chances de sauver mon amie.
Pendant mon monologue, j’observais mon environnement, m’attendant à ce qu’un monstre de Maléfique – voire la sorcière elle-même – surgisse et s’en prenne à nous. Pourtant, rien du tout.
Une seconde.
« Rien du tout. »
Je n’entendais absolument rien dans les environs. Bizarre pour un supposé village, non ?
Peut-être qu’il n’y a… personne ? supposais-je en mon for intérieur. Peu importe. Mieux vaut rester prudent.
- Donald, je ne sais pas combien ils sont là-dedans. Va chercher les autres au bateau et libérez Kairi, Raya et Sisu dans le village en étant le plus discret possible. Pendant ce temps, on essaiera de s’assurer que personne ne vienne nous déranger. Si jamais vous tombez sur des monstres…
Le sorcier brandit son sceptre.
- Je m’en occuperai.
Je lui souris.
- Je te fais confiance.
Il s’éloigna dans la direction par laquelle il était venu en courant aussi vite que possible.
Araen me lança un regard perplexe.
- Tu crois vraiment que ce canard peut être discret ?
- Oui. Mais je pensais surtout à Boun, au bébé et ses compagnons. Je préférerais le faire moi-même, mais c’est la meilleure solution. Et puis…
Mon regard croisa quelque chose. Ou plutôt quelqu’un. À une bonne vingtaine de mètres de nous, une femme et trente/quarante personnes, tous armés de lances ou d’arcs avançaient parmi les arbres. Le truc, c’est qu’il n’y avait pas que des humains. J’aperçus à leurs côtés des monstres que je n’avais jamais vus avant. D’abord, il y avait des créatures relativement humanoïdes aussi grandes que des enfants, avec de longs cheveux, de petits yeux violets et une seule jambe. De telle sorte que la seule façon pour eux d’avancer était de faire des petits bonds. Ça, passe encore. Ce qui me surprenait le plus, c’était leur silhouette translucide. Un peu comme… des fantômes. Des créatures ressemblant à des esprits en dehors des Enfers, je sais que ça paraît absurde, pourtant je vous assure que c’est bien ce que j’avais sous les yeux. Aussi, ce qui les accompagnait n’était guère rassurant. Déjà, l’autre type de monstre en question ne ressemblait pas à un animal en particulier, mais à plusieurs en même temps, comme si quelqu’un s’était amusé à couper des parties de corps d’êtres vivants avant de les assembler n’importe comment. La chose avait une tête de dragon, une crinière de lion, un corps de cheval avec de grandes ailes d’oiseau ainsi qu’une queue de… girafe ? Bien sûr, le corps de la totalité des monstres – environ quarante – se composait de flammes vertes. Je ne savais pas où Maléfique trouvait les idées pour créer ces atrocités, mais elle était inspirée.
Ni une ni deux, je fis signe à Araen de grimper dans les arbres, ce qui, au vu de ses capacités, me semblait faisable pour lui. Nous servant des branches les plus puissantes, en quelques sauts, nous nous retrouvâmes à une dizaine de mètres au-dessus du sol. En plissant les yeux, j’observai la femme qui les dirigeait. Elle était vêtue d’un haut sans manche, révélant une silhouette oscillant entre le svelte et le musclé, et d’un pantalon assez large et flexible, parfait pour le combat. Une guerrière, sans l’ombre d’un doute. J’en eus la confirmation lorsqu’elle fit tournoyer sa lance avec une facilité dangereuse. Ce ne fut que lorsque je m’attardai sur sa coiffure (rasée d’un côté et tous ses cheveux noirs de jais plaqués de l’autre) que je la reconnus.
- Boucles d’Argent, chuchota Araen. Ce ne serait pas…
- Oui. La femme qui poursuivait Raya.
Ce qui signifiait que nous avions Croc du Dragon sous les yeux. Mais aussi que nous étions encerclés.
En dessous de nous, je vis Donald, accompagné du reste de notre équipage soigneusement contourner la petite armée. En se faisant la courte échelle, dans le plus grand des silences, ils parvinrent à s’infiltrer dans le village, tout ça sous la direction du sorcier. Je souris. Décidément, on pouvait vraiment compter sur Donald.
Espérons qu’ils parviennent à sauver tout le monde pour que ne puissions partir sans affrontement inutile.
Je ne savais pas ce que Maléfique nous réservait, alors mieux valait préserver nos forces.
La cheffe se tint fièrement devant la grande porte avant de hurler :
- Habitants de Dos. Nous recherchons Raya, une fugitive de Cœur du Dragon. Faites-la sortir, ou nous viendrons !
Je ne sais pas exactement combien de temps nous avons attendu. Soudain, l'un d’entre eux, assez proche de nous, chuchota à son allié :
- C’est du bluff, non ?
- Y a des chances, confirma l’autre. On n’est même pas sûr si elle est là et avec qui alors autant essayer.
Intéressant.
- O.K. Ils ne savent rien, expliquai-je au blond. Avec un peu de chance, on peut s’en aller avec la pierre sans perdre plus de t…
- Mec, me coupa Araen. Pourquoi ne pas juste s’occuper du leader ? Vu les monstres qu’elle se trimballe, elle a de fortes chances d’être liée à Malmal.
- « Malmal » ? Attends, tu parles de la sorcière ?
- Tout juste. Suffit que je la grille un petit peu et on aura toutes les informations qu’on veut !
- Mauvaise idée. On devrait peut-être…
- Fais-moi confiance et admire !
- Araen, NON !
Sans prendre la peine de m’écouter, il sauta de l’arbre et fit apparaître sa Keyblade. L’air crépita autour de lui et des éclairs bleus illuminèrent son arme.
- Mange ça ! hurla-t-il.
La cheffe de l’armée se retourna dans notre direction. Même si elle fut d’abord surprise en voyant un adolescent électrique lui sauter dessus en riant, la combattante esquiva sans peine son attaque d’un salto arrière. Araen la rata complètement et détruisit la porte d’entrée du village.
Je n’eus pas d’autres choix que de le rejoindre et faire face à nos nombreux ennemis.
Le leader nous regarda de haut en bas, avant de jeter un œil derrière nous. Sans baisser ma garde pour autant, je l’imitai. Lorsque mon regard se posa sur les nombreuses statues au milieu du village, je compris pourquoi il n’y avait aucun bruit depuis notre arrivée.
- Princesse Namaari, fit l’un des soldats. Cela voudrait-il dire que…
- Exact, répondit la princesse avec un sourire en coin. Non seulement le village a été complètement pétrifié par le Druun, mais en plus, nous sommes sûrs que Raya est ici, à présent.
Grâce à cet imbécile d’Araen, le leader s’était rendu compte qu’elle avait l’avantage, qu’il ne lui restait plus qu’à donner l’ordre avant de nous submerger. Kairi avait été encore plus mise en danger à cause de son initiative. Maintenant, nous n’étions plus que deux… face à plus d'une centaine d’ennemis.
– Kairi –
Le colosse nous regardait toujours d’un œil mauvais, sa hache massive à l’épaule. C’est à peine si Raya, Sisu et moi échangeâmes un regard.
- Vous avez du génie toutes les trois, déclara-t-il de sa voix bourrue en fermant la porte, pour croire que vous pouvez voler la pierre de Dos du Dragon.
L’homme termina sa phrase en lançant sa hache au-dessus de la cheminée. La lame se planta dans le bois aussi facilement que dans du beurre.
- Pierre ? répondit Raya en feignant l’ignorance. Qui parle de pierre ? On n’en a rien à faire des…
Le villageois ouvrit sa sacoche, laissant tomber trois pierres du Dragon brillantes d’un éclat azur.
- O.K, fit l'épéiste Je sais que là, j’ai l’air d’une menteuse.
- Tu mens, dit Sisu. Normal que tu passes pour une menteuse.
- Sisu… l’avertis-je.
- Bah, c’est vrai.
Notre « hôte » éclata de rire, curieusement suivi par Sisu.
- Pourquoi est-ce qu’il rit ? nous demanda-t-elle.
Soudain, je m’aperçus de quelque chose : mes mains n’étaient pas assez bien attachées. Je sentais que le piège n’avait pas été prévu pour laisser autant d’espace au niveau des poignets. Il suffisait juste d’un peu de temps et je pourrais…
L’homme surgit à nos côtés.
- Votre peur est un délectable nectar qui rassasie mon âme. C’est bon ! Ça a le goût de… de…
- Mangue ? suggérai-je.
- Oui, voilà ! De la mangue.
- Pourquoi tu penses à de la mangue à moment pareil ? me demanda Raya.
Je haussai les épaules ; je voulais juste dire n’importe quoi pour gagner du temps.
- J’adore la mangue, ajouta Sisu.
- Bien sûr que vous adorez la mangue ! Y a que les crétins qui n’aiment pas ça.
L’homme s’éloigna de nous et j’entrepris de continuer mes manœuvres pour me libérer.
- Il y a si longtemps que je n’avais plus goûté au regard tremblant de l’ennemi.
Il prit une grande inspiration, l’air pensif.
- Comme le temps passe. (Son regard se dirigea vers l’âtre de la cheminée.) Cela fait si longtemps…
Le voir comme ça me fit de la peine. Je veux dire, il n’avait pas l’air si méchant que ça… Raya tourna sa tête dans ma direction et chuchota :
- Tu t’en sors ?
Elle devait avoir remarqué ce que j’essayais de faire.
- Petit à petit. Mais…
- Tu as besoin de temps, pas vrai ? Pas de problème. On va essayer d’en gagner le plus possible et le moment venu, on se débarrasse de lui.
- Je… Je ne sais pas…
Raya me lança un regard interrogateur.
- Il n’a pas vraiment l’air dangereux, poursuivis-je. Juste…
- Seul, termina Sisu. Vous avez l’air seul.
- NON ! Objecta notre interlocuteur. Je ne me sens pas seul ! En tant que fier guerrier de Dos, je ne suis né que pour une seule chose : semer la terreur et fracasser le crâne de mes ennemis !
- Ça fait deux choses, remarqua Sisu.
En guise de réponse, il nous hurla à la figure, nous faisant sentir une haleine… disons… pas très agréable.
- Si vous pouviez voir vos têtes, se moqua le villageois.
Il resta là à rire tout seul pendant quelques secondes. Les filles et moi échangeâmes un regard sans rien dire, jusqu’à ce que Raya en ait marre :
- Qu’est-ce que vous comptez faire de nous ?
- Oh ! Ça va être terrible. Horrible ! Euh… il faudra… Deux semaines pour nettoyer !
Raya haussa un sourcil.
- Vous ne savez pas, c’est ça ?
- Si si, je sais, mentit le guerrier. Je répète ce plan terrifiant dans ma tête ! J’ai mal au cœur rien que d’y penser. Vous verrez. En attendant (son sourire revint), jouez à la balançoire ! Ha ha ! Elle est bonne, hein ?
BOUM !
Tout se passa très vite. La porte de la maison explosa, laissant passer une énorme sphère et projetant notre geôlier contre le mur. Il me fallut quelques secondes pour comprendre qui venait à notre secours.
- On est arrivé à temps ! déclara Donald, soulagé. Tout va bien, Kairi ?
Je lui souris en hochant la tête, très heureuse de le voir.
Les singes, le bébé et Boun descendirent de leur monture (Tuk Tuk). Très rapides, les singes ligotèrent le guerrier avec une corde contre un pilier de bois. Ce dernier essaya de se libérer mais tomba nez-à-nez avec un Tuk Tuk qui grondait pour le dissuader de toute tentative. Il leva la tête et vit la petite qui imitait l’animal du mieux qu’elle pouvait.
- Un enfant ? s’étonna-t-il.
Boun se précipita vers nous, prit l’épée de Raya et coupa nos liens.
- Bravo ! félicitâmes Sisu et moi.
- Beau travail, capitaine ! renchérit Raya.
- Croc est là ! répondit-il.
- Quoi ?
Raya s’approcha de la porte et observa l’extérieur pendant qu’une voix puissante proférait des menaces à l’encontre du village si jamais Dos ne livrait pas Raya. En l’imitant, je m’aperçus que le pressentiment que j’avais eu était bon : il n’y avait plus aucun habitant. Enfin, plus aucun qui ne soit pas pétrifié, d’après les dizaines de statues visible depuis notre localisation. Toutes les maisons, vides, sans la moindre once de vie à l’intérieur ou l’extérieur... Un sort… vraiment horrible.
- Vous êtes tout seul, ici ? demandai-je au guerrier bien qu’en connaissant la réponse.
Il baissa la tête tristement.
- Mon peuple a combattu le Druun vaillamment… mais en vain.
Ce n’est pas surprenant qu’il soit comme ça dans ce cas. Comment est-ce que je me comporterais si je rentrais chez moi et trouvait mon Île inhabitée ? Je n’osais même pas l’imaginer.
Raya afficha une expression triste… et son regard s’arrêta sur un berceau. Un berceau vide. L’épéiste réfléchit quelques instants. Puis elle se dirigea vers sa sacoche.
- Les soldats de Croc sont là pour moi.
Elle rangea les pierres et donna la sacoche à Sisu.
- Si je parviens à les distraire, sauvez-vous.
Son amie la regarda avec des yeux ronds.
- Tu vas te battre contre une armée entière ?
En jetant un œil une nouvelle fois à l’extérieur, je vis, en plus des nombreux soldats, des monstres de flammes vertes, cadeaux de Maléfique.
- Non.
Les têtes se tournèrent vers moi.
- Je ne te laisserai pas y aller toute seule, Raya. Ils sont beaucoup trop nombreux, et puis certains ennemis risquent de poser problème. Alors…
Je tendis la main et Appel du Destin apparut.
- Fais-moi confiance.
Elle me regarda un long instant. Je m’attendais à ce qu’elle proteste, or elle se contenta de sourire.
- Même si j’essayais de te dissuader, ça n’y changerait rien, je me trompe ?
- Exact ! lui répondis-je en souriant à mon tour.
- Tu peux aussi compter sur moi, Raya ! Intervint Donald en brandissant son sceptre.
La jeune femme eut un petit rire.
- Très bien. Vous serez d’une grande aide tous les deux.
- Vous êtes toujours peu, face à une armée, déclara Sisu, très inquiète.
- On va juste gagner du temps, expliqua Raya. Je connais les points faibles de Namaari…
« Namaari » ? C’est donc cette femme, le leader de Croc, qui se trouve aux portes du village en ce moment ?
- … Dès que vous serez loin, nous vous rejoindrons.
Raya se tourna vers le guerrier ligoté. Sans éprouver la moindre colère ou rancœur, elle posa un genou devant lui.
- Comment vous appelez-vous ? lui demanda-t-elle.
- Mon surnom, c’est Tong.
- Tong, vous ne savez rien de moi, et je ne sais rien de vous, mais je suis sûre que vous connaissez une issue secrète.
Tong ne répondit pas.
- Écoutez, poursuivit Raya. Il est important que mes… que mes amis restent sains et saufs. Alors… Pouvez-vous nous aider ? S’il vous plaît.
Un long silence suivit ses paroles. Même si la décision de Tong serait cruciale pour la suite (voire notre survie), même si j’avais envie d’ajouter quelque chose, je savais que Raya avait dit le nécessaire. À présent, tout reposait dans les mains du guerrier. Je sentis mon cœur battre de plus en plus fort, je n’arrêtais pas de me demander où était Riku, mais je gardai silence.
Enfin, Tong hocha la tête. En regardant la scène, le sourire de Sisu s’élargit.
Je jetai un regard aux singes qui comprirent aussitôt et commencèrent à détacher Tong.
Soudain, un violent fracas parvint à nos oreilles : la porte du village avait volé en éclats !
Au milieu des décombres, Riku et Araen, seuls face à Namaari et son armée de soldats et de monstres. Je serrai ma prise sur ma Keyblade, plus que jamais déterminée. Donald fit de même avec son bâton de sorcier.
- Allons-y, Raya, lui dis-je.
La jeune femme s’assura que son épée était bien à sa ceinture, remis sa longue cape rouge dissimulant son arme ainsi que son grand chapeau circulaire.
- Les gars, commença Boun. Revenez vite au bateau, O.K. ?
En guise de réponse, il eut un sourire de notre part avant que nous reportions notre attention sur la bataille qui nous attendait.
- Prêt ? leur demandais-je.
- On peut dire ça, répondit un Donald qui fournissait des efforts visibles pour ne pas trembler.
- Ouais, comme a dit Donald. Objectif…
Elle ajusta son couvre-chef et prit une grande inspiration.
- … ne pas mourir.
Ainsi, tous les trois, nous élançâmes vers les combats.
Et ce, sans plus prêter attention à nos chances de survie.