Les Lumières dans les Ténèbres : La Réalité de la Fée Noire

Chapitre 52 : La fuite du village des marchands (Riku)

5062 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/05/2022 15:20

-         C’est pas trop tôt ! fit Donald en nous voyant.

Nous venions enfin d’arriver au bateau, Kairi et moi, malgré une course qui me sembla interminable. Raya, Donald et Araen (finalement revenu) avaient réussi à se débarrasser de quelques-uns de nos ennemis mais il en restait trop pour eux. Je pouvais les aider, pourtant…

Qu’est-ce que je fais ? Je ne peux pas juste laisser Kairi là…

-         Je peux veiller sur elle, me dit une voix non loin de moi.

C’était Boun. Il se trouvait sur le bateau et essayait d’échapper aux attaques des créatures, pourtant il me lançait un regard déterminé. J’avais mes doutes, je ne vais pas vous le cacher. L’idée de remettre ma meilleure amie à un gamin de douze ans incapable de se défendre ne me plaisait pas du tout. Cependant… je n’avais pas vraiment le choix. Et puis, d’après ce qu’avait dit Maléfique, la sorcière n’en avait pas après nous, pas encore, mais semblait plutôt prioriser les pierres. Kairi ne risquerait pas grand-chose. En tout cas, c’est ce que j’espérais.

-         O.K., répondis-je un peu à contrecœur. Je compte sur toi.

Je déposai soigneusement Kairi sur le pont avant de faire apparaître Point du Jour. Puis, je me lançai à l’attaque à mon tour.

Pendant que je me battais, je fis un rapide bilan de la situation. Raya s’occupait de protéger Sisu coûte que coûte. Autour d’elle, Donald ne lâchait rien, logique dans la mesure où les deux femmes possédaient la totalité des morceaux de la pierre du Dragon. Cela expliquait aussi le fait que les monstres semblaient plus s’acharner sur elles. Un sorcier en support en plus ne pouvait qu’être bénéfique. Privé de combat (plus ou moins par ma faute), Araen se déchaînait comme un beau diable. Il alternait entre coups de poings et de Keyblade – le tout en étant électrifié bien sûr – en riant aux éclats. Boun et Kairi se trouvaient sur le Palais de la Crevette, plus ou moins à l’abri. En revanche, aucune trace de Maxwell ou de Lydia. Cela aurait pu ne pas être problématique, l’ennui, c’était l’environnement. Nous combattions sur un pont en bois assez fragile au bout duquel notre unique moyen de locomotion se trouvait. Autant vous dire que bouger convenablement là-dessus n’était pas chose facile. En plus, nos ennemis étant ailés, ils profitaient de leur avantage aérien pour se tenir le plus possible au-dessus de l’eau, tout autour de nous. Les seuls moments où nous pouvions les détruire étaient quand ils attaquaient en piqué avant de repartir, hors d’atteinte.

-         Ces trucs ne sont pas complètement stupides ! commenta Raya.

Trois d’entre eux me foncèrent dessus mais ils se heurtèrent à ma Keyblade.

-         Donald ! À toi de jouer !

Le sorcier réagit à mon appel en les détruisant avec son sceptre électrifié.

Quelques autres s’en prirent à Raya. Elle para leurs lames et éventra à plusieurs reprises ses ennemis qui finirent par se réduire en cendres. Le tout en gardant un œil sur Sisu. Impressionnant.

Une seconde.

Un autre m’attaqua, mais je le repoussais avec ma Keyblade avant de le fendre en deux.

Pourquoi est-ce qu’ils ne lancent pas de tornades de feu ?

Je me débarrassai de deux autres à l’aide de mon épée.

Je vois.

Ils ne pouvaient attaquer que comme ça. Nous avions trois pierres du dragon en notre possession. Maléfique ne pouvait pas se risquer de les perdre en détruisant tout n’importe comment. Elle n’était pas bête. Mais malheureusement pour elle : moi non plus.

-         Raya, donne-moi une pierre !

La jeune femme, en plein combat contre un autre monstre, me regarda comme si j’étais devenu fou :

-         Ça va pas la tête ?

-         Je sais ce que je fais ! insistai-je.

Raya hésitait, mais ce fut Sisu qui accéda à ma demande.

-         Fais bien attention, Riku !

-         Mais, Grande Sisu ! On ne peut pas…

-         Si. Moi je peux lui faire confiance.

Comme prévu, les sbires de la sorcière suivirent l’objet magique en plein vol du regard – ils n’avaient pas de pupilles mais c’était évident – avant de se ruer dessus. Je pus saisir la pierre avant eux. Dès l’instant où je la touchai, je fis un tour sur moi-même et réduisis les créatures les plus proches en cendres. Maintenant que j’avais une pierre en ma possession, je captais un peu plus leur attention. Ainsi, il y en avait de moins en moins autour de Sisu et Raya.

Le pont se mit soudain à trembler. Araen venait de détruire un de nos opposants avec sa Keyblade d’un coup en piqué.

-         Le but n’est pas de détruire le pont, Araen !

-         Je me suis retenu, Boucles d’Argent. T’inquiètes !

Ce type… La tendance qu’avait Araen à agir comme bon lui semblait commençait à sérieusement me taper sur le système. Il fallait que j’aie une conversion avec lui. J’avais beau ne pas être aussi idiot que le blond, je préférais tout de même éviter le sol dans une situation comme celle-ci.

Je lançai la pierre dans les airs.

-         Riku ! m’avertit Raya.

Presque une dizaine de créatures volèrent vers la pierre pendant que je sautais de toutes mes forces. Quand mon poing se referma sur l’artefact, je donnai un violent coup d’épée tout autour de moi. Aucun ne survécut. Pendant mon atterrissage, je lançai ma Keyblade en plein sur un assaillant de Raya (avec qui elle semblait avoir du mal). Voyant une ouverture, un autre s’en prit à moi en dardant ses deux lames. Mon arme réapparut dans ma main et je le détruisis sans la moindre hésitation.

Ça dure trop longtemps.

Beaucoup trop. J’étais parti avec Kairi avant que Dang Hu et ses sbires ne se réveillent mais depuis le temps, je pense que la cheffe devait déjà être partie à notre recherche. Je multipliais les sorts à courte portée avec Donald, protégeant un maximum Raya et Sisu tout en veillant à ce qu’Araen ne fiche pas tout en l’air. Sans oublier Kairi, bien sûr. Ma plus grande priorité.

En plus de ça, il fallait que je m’occupe de retrouver les deux nouveaux porteurs.

Il restait huit monstres, quatre de chaque côté du pont.

Le problème, c’est qu’ils n’attaquaient plus du tout, se contentant simplement de nous observer. Sans doute voulaient-ils gagner du temps. Je voulus lancer d’autres sorts mais ma réserve magique touchait à sa fin, de même que pour Donald. Nous avions en avions trop abusé. Qu’est-ce que je pouvais faire, au juste ?

Soudain, un rayon de lumière transperça nos adversaires et les réduisit au silence. En plissant les yeux, je m’aperçus qu’une Keyblade se trouvait à l’intérieur. Ça ne pouvait être que l’œuvre d’une seule personne.

-         Désolé du retard, s’excusa Maxwell, un arc de lumière pure dans les mains et sa Keyblade servant de flèche.

Il se tenait sur le pont non loin de nous, accompagné de Lydia. Tous deux ne semblaient pas être blessés. Cela dit, son amie avait une expression étrange sur le visage. Malgré tout, Maxwell nous sourit.

-         On a eu un petit contre… BOUN, BAISSE-TOI !

En une fraction de seconde, Maxwell décocha une nouvelle « flèche » en direction du bateau. J’eus juste le temps de voir deux monstres s’apprêtant à attaquer Kairi avant d’être détruits simultanément par la Keyblade du nouveau porteur. L’arc disparut et l’épée rejoignit son propriétaire.

Maxwell soupira de soulagement.

-         C’était moins une.

Il me fallut quelques instants pour reprendre mes esprits.

-         Tout le monde au bateau !

Mes alliés s’exécutèrent. Une fois à bord, Raya dit à Boun :

-         Partons tout de suite Capitaine ! Prochain arrêt, Dos du Dragon !

Sur ces mots, Sisu plongea à nouveau dans l’eau pendant que chacun des membres de l’« équipage » s’agrippait à quelque chose. Le bateau démarra brusquement et commença à fendre l’eau à vive allure.

Bientôt, le village de Griffe se réduisit en un simple amas de lumières chaudes dans la nuit.

 

 

Les minutes passèrent. Pendant que nous nous éloignions, les paroles de Maléfique tournaient sans cesse dans ma tête pendant que mon regard se perdait dans l’horizon.

« Je t’en prie : va sauver ces gens sur votre précieux bateau ! Mais retiens que cela ne fera que retarder l’inévitable. Je veux ces pierres… et je les aurai. »

Pourquoi Maléfique était-elle si déterminée à trouver ces artefacts ? Dès notre arrivée dans ce monde, nous savions qu’elle avait un lien avec l’apparition de ces monstres de flammes vertes mais qu’essayait-elle de faire. Je n’aimais pas ça.

Aussi, il y avait autre chose qui me préoccupait dans ses paroles…

-         Riku…

Kairi m’avait rejoint, m’arrachant à mes pensées obscures.

-         Tu devrais continuer à te reposer, lui conseillai-je.

Mon amie secoua la tête.

-         Je vais mieux, ne t’en fais pas.

Je savais qu’elle était forte, et j’avais envie de la croire. Cependant, quelque chose sonnait faux. En lui demandant de se reposer, je ne parlais pas de sa santé physique – je savais qu’elle est assez robuste – mais des paroles de la Fée Noire. Je n’avais jamais vu Kairi dans cet état. Je ne m’attendais pas à une telle colère de sa part. Et je suis sûr qu’elle non plus.

Elle m’imita et fixa l’horizon elle aussi, pensive.

-         Ignore ce que t’as dit Maléfique. C’est complètement faux.

-         Tu as tort, Riku. Elle a raison.

Avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, elle ajouta :

-         Contrairement à toi, je n’ai pas été choisie par la Keyblade. Je n’ai pas fait grand-chose face à l’Organisation dans leur repaire, ni même pu vous aider lors de votre Examen. Si tu ne m’avais pas donné Appel du Destin, je serais encore sur notre Île, à tout vous laisser faire. Toi et… Sora.

Dans sa voix, je pouvais sentir un mélange de frustration, de tristesse et de profonde culpabilité. Elle se sentait vraiment inutile. Elle serrait dans ses mains un objet en forme… d’étoile ? La chose qui avait été volée par les singes des heures auparavant. Kairi semblait beaucoup y tenir, et quand elle prononça le nom du brun…

Oh, je vois.

Quoi qu’il en soit, je ne pouvais pas laisser mon amie comme ça.

Sora était – et est toujours – plus doué que moi pour ce genre de chose, mais je sais que dans cette situation, il m’aurait dit de laisser parler mon cœur. Je pris une profonde inspiration.

-         C’est là que tu as tort.

Je sentis son regard sur moi.

-          Je t’ai peut-être donnée cette Keyblade, mais c’est elle qui t’a choisie. Toi, pas moi. Et je peux te le prouver.

-         Comment ça ? me demanda-t-elle.

Je la regardai droit dans les yeux.

-         Jette ton épée le plus loin possible.

Quelques instants, elle crut que je me moquais d’elle mais, voyant mon expression, elle fit apparaître sa Keyblade. Hésitante, il lui fallut plusieurs secondes pour finalement la lancer. À peine quelques secondes plus tard, la Keyblade rejoignit sa propriétaire, qui ne put retenir un petit cri de surprise.

-         Ces épées peuvent être capricieuses, en particulier envers les personnes qu’elles n’ont pas reconnues. Appel du Destin te considère comme légitime. Aussi…

Je reportai mon attention sur la forêt qui nous entourait.

-         Tu nous as aidé de bien des façons, que tu sois là ou pas. Nous donnant de la force quand nous même n’y croyions plus. Ton potentiel est énorme, mais ne le gâche pas en te comparant à Sora ou à moi en permanence. Focalise tes efforts sur toi-même et tu parviendras à le réveiller complètement. (Je me tournai vers elle et la regardai droit dans les yeux en souriant.) Une Princesse de Cœur et une Gardienne peut largement le faire.

Kairi resta silencieuse pendant que sa Keyblade disparaissait. Mon amie continuait de me fixer. Finalement, elle déclara :

-         Tu ne parles pas autant, d’habitude.

Je devais faire une drôle de tête, parce qu’elle éclata de rire. Ma surprise passée, je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour. Cela me fit vraiment du bien de la voir comme ça. Quelques instants plus tard, elle essuya une larme et plongea une nouvelle fois son regard dans le mien avant de me dire :

-         Merci. Merci beaucoup, Riku !

-         Pas la peine de me remercier. Je n’ai fait que dire ce que l’on pense, moi et… (Je pointai du doigt ce qu’elle tenait en main.) Sora.

Son visage afficha une expression de surprise :

-         Co… comment as-tu su ?

-         Ce n’étais pas très dur à deviner. Il t’a fait ce porte-bonheur après notre examen, j’imagine ?

L’objet, pas plus grand que sa paume, en question ressemblait à un coquillage de forme étoilée, et l’une des branches se terminait par un dessin (plus ou moins bien fait) représentant quelqu’un avec des cheveux acajou : sans doute Kairi. Elle le serra contre son cœur avec un sourire rêveur :

-         Oui. Avant que je ne continue l’entraînement avec Lea. Il me l’a donné parce que, d’après lui, ce n’est pas juste qu’il ait droit à un porte-bonheur de ma part et pas moi. De cette façon, nos cœurs seront liés. Peu importe où nous sommes.

-         C’est lui tout craché.

Elle hocha la tête en signe d’approbation.

-         C’est donc le genre de choses qu’il se passe entre vous pendant que je ne suis pas là. Je me demande ce que j’ai bien pu rater d’autres…

Là-dessus, je lançai un coup d’œil entendu à Kairi, qui devînt aussitôt écarlate.

-         R… Rien du tout !

-         C’est bien le problème ! ajoutai-je en souriant.

Ça ne l’aida pas à se calmer. Je reportai mon attention par-delà le bateau.

-         Je sais que je n’ai pas besoin de te le dire, mais garde le précieusement. Je suis sûr que cet idiot en fait autant avec le sien.

Quelques secondes s’écoulèrent.

-         Bien sûr, me répondit-elle finalement.

Un cri venant de derrière nous nous surprit. Je fis volte-face juste pour voir Raya éviter un grand bol de bois vide.

Une chose que j’aurais peut-être dû préciser. Juste après notre départ, je m’étais aperçu que le bébé et ses compagnons nous avaient rejoints. Autant vous dire qu’ils faisaient un sacré boucan : mangeant gaiement et fichant le désordre en même temps. C’était un peu agaçant, certes, pourtant je respectais le fait qu’ils se comportent comme ça après avoir subi l’attaque de monstres de feu volants.

-         Merci pour ces clients, dit le capitaine à l’attention de Raya, devant une grande marmite.

-         J’ai promis de leur offrir du congee à volonté, répondit-elle. Ils ont bien fait leur travail.

L’un des singes émit un rot de confirmation.

Boun, qui les regardait manger, constata comme moi leur appétit féroce. Il passait son temps à les resservir. Même Araen était stupéfait.

-         Combien ces trucs ont d’estomacs, au juste ?

-         Neuf, répondit très sérieusement Boun.

-         Ah ouais ? Bah, c’est ce qu’on va voir.

C’est ainsi que débuta un combat de « celui qui mangera le plus » entre le blond et les macaques.

Sisu, l’air abattue, s’assit.

-         Oh, toï. J’en reviens pas. La vieille dame me voulait du mal !

-         Sisu, appela Maxwell, que s’est-il passé ?

-         Je voulais aider Raya. Je savais que Dang Hai n’était pas du genre à se laisser amadouer et elle n’avait pas de cadeau. J’ai pensé à aller faire du shopping…

-         Mais elle n’avait pas d’argent, intervint Boun, l’air coupable. Je lui ai alors conseillé de prendre un crédit.

-         Et ça ne s’est pas très bien passé, repris la femme. Avant que les choses ne dégénèrent, c’est là qu’elle est intervenue. Pensant qu’elle me conduirait à Dang Hai, je l’ai suivie jusqu’à la sortie du village. Pour qu’au final, elle me fasse chanter : comme quoi elle me laisserait à la merci des Druuns si je ne lui disais pas où se trouvaient les pierres.

Je jetai un œil à Donald qui comprit tout de suite.

-         Je l’ai perdue de vue, répondit ce dernier sur un ton de regret. Je suis parti à sa recherche, mais je ne pouvais pas laisser le bateau sans défense trop longtemps. Au final, j’ai laissé tomber en pensant qu’elle ne courrait pas de gros dangers comme elle n’avait aucune pierre sur elle. Désolé.

Je soupirai.

-         Pas de problème, Donald. Le principal, c’est que Sisu n’ait rien. Pas vrai, Raya ?

L’épéiste hocha la tête.

-         N’empêche, continua Sisu. Comment est-ce que les humains peuvent être aussi cruels ?

Raya croqua du jaquier qu’elle avait sorti de je-ne-sais-où.

-         Désolée, Sisu, mais ainsi va le monde d’aujourd’hui. Faut faire confiance à personne.

La gamine monta sur la table et s’approcha de Sisu.

-         Même pas aux bébés ? demanda-t-elle.

-         Eh bien… commença Raya.

-         Elle est trop mignonne !

-         C’est vrai, acquiesça Kairi avant de s’approcher d’elles.

Les deux jouèrent un peu avec la petite avant que celle-ci ne se décide à tirer les joues de l’amie de l’épéiste.

-         Gaa… Gah ?

-         Salut (le bébé continua de jouer avec son visage). Jeuuu m’ooowppelle Sisu.

-         Siiisoo… !

Elle grimpa alors sur le visage de son interlocutrice.

-         Et moi, c’est Kairi, lui dit mon amie.

-         Kaaari… ?

-         C’est pas loin, commentai-je.

Kairi me fit une grimace.

-         Elle m’adore, dit Sisu.

-         Méfiez-vous, répondit la jeune femme, elle pourrait voler vos dents.

-         Ou vos brochettes, ajouta Araen avant de replonger dans son assiette.

Lydia, comme à son habitude, assistait à toute la scène dans un tel silence que j’avais presque oublié qu’elle était là. Elle ne semblait pas particulièrement vouloir se joindre à elles, mais plutôt dire quelque chose. Cette fille parlait si peu… Je connaissais à peine le son de sa voix. Qu’est-ce qu’elle avait bien pu vivre pour être comme ça ?

Non… Ce ne sont pas mes affaires.

Cela dit, un truc la préoccupait. Comme je n’obtiendrais pas de réponses d’elle, je préférai m’adresser à son ami.

-         Maxwell. Que vous est-il arrivé ? Pourquoi est-ce que tu es parti sans rien dire ?

Lydia jeta un coup d’œil furtif au concerné.

-         J’ai vu… le numéro III, répondit-il.

-         Quoi ? fit Donald.

-         Tu es sûr que c’était lui ? demanda Kairi.

Il hocha la tête.

-         J’avais la même sensation qu’au château, ou encore aux Enfers, mais en plus fort. Aucun doute possible.

Cela ne me semblait pas improbable. Maxwell se trouvait en transe. Non, même au-delà de ça. Ce n’était pas juste qu’il l’avait senti, il était comme… attiré par le membre de l’Organisation, bien décidé à le rejoindre à tout prix. Maxwell ne semblait pas être le genre de type à agir sans réfléchir un minimum. Il ne serait pas parti comme ça en temps normal. Surtout en laissant Lydia derrière.

-         Ensuite, continua le brun. Je l’ai affronté et j’ai gagné. Par contre, aucune information sur le morceau de la Pierre Angulaire de Lumière qu’il a volé, comment sauver notre monde, ou encore les plans de Maléfique.

-         Tu l’as battu tout seul ? s’étonna Donald.

Il n’était pas le seul surpris, d’ailleurs. Kairi aussi.

-         Tu en es sûr ? lui demandai-je.

-         Je ne serais pas là pour en parler sinon.

Il marquait un point. Pourtant… un combat contre un membre de l’Organisation XIII en pleine nuit aurait dû faire bien plus de bruit que ça. Et aussi, Maxwell aurait vraiment pu s’en sortir seul vu l’effet qu’a le numéro III sur lui ?

-         Ça veut dire qu’on ne verra plus ce type ? demanda Araen.

Le regard de Maxwell se fit lointain.

-         J’avoue que je ne sais pas.

-         Hmpf, fit le blond avant de reprendre son repas.

-         Sur ce (Il bailla), je ne vous cache pas que j’ai un peu sommeil.

-         Profitez-en pour vous reposer, conseilla Raya. On a quelques heures avant notre prochaine destination.

Maxwell s’assit et s’endormi aussitôt. Vu tout ce qu’il avait fait en quelques heures à peine, sa fatigue était compréhensible. Enfin, si tout ce qu’il disait était vrai. Kairi et moi échangeâmes un regard avant de nous diriger vers Lydia, qui ne fut pas surprise de nous voir arriver. Vu son comportement renfermé, mieux valait laisser Kairi gérer la conversation.

-         Excuse-nous, Lydia… Qu’est-ce que tu as vu ?

Elle ne répondit pas.

-         Tu peux nous faire confiance, ajoutai-je. Tu sais bien que nous ne sommes pas hostiles.

Lydia jeta un œil un Kairi qui lui fit un sourire d’encouragement. Cette dernière se décida enfin à nous dire d’une petite voix :

-         C’est juste que… Je n’y comprends rien.

-         Pas de problème, lui répondis-je.

-         On y réfléchira ensemble, d’accord ? renchérit Kairi.

Lydia avala sa salive avant de nous raconter ce qu’elle avait vu. Une fois qu’elle eut terminé, Kairi et moi ne savions plus quoi dire. Beaucoup de questions se bousculaient dans ma tête. Maxwell avait eu les yeux dorés pendant quelques secondes ? Exactement comme Thomas quand il utilise son espèce de forme obscure ? Qu’est-ce que ça voulait dire ?

-         Vous avez une explication ? nous demanda Lydia.

-         Non… Pas vraiment, reconnut Kairi.

Honnêtement, je ne savais pas du tout quoi penser non plus.

-         Peut-être que ce n’est rien.

Je savais bien que la jeune fille essayait de se rassurer, alors je ne lui répondis pas. Pourtant, je savais que cela ne pouvait pas être aussi simple. Trop de choses étaient arrivées en si peu de temps ! Difficile de croire à une coïncidence. Après ce que nous avait raconté Lydia, je ne pouvais m’empêcher de me dire que toute cette histoire allait bien plus loin que ce que je pensais. Que ce que nous pensons. Mes yeux se posèrent sur le concerné, dormant en apparence paisiblement. Les bruits de nos compagnons en train de manger m’apparurent de plus en plus lointain ; mon ouïe se trouva seulement bercée par le son des vagues contre la coque du bateau. Un frisson me parcourut l’échine. Mon pouls s’accéléra. Les Ténèbres en moi s’agitaient, essayant de me dire quelque chose.

L’origine de tout ça ? Maxwell. Sans aucun doute. Etrangement, je ne pouvais plus détourner mon regard de ce garçon si mystérieux.

Je ne sais pas si cela était dû à ma fatigue liée aux précédents évènements ou à ce que Lydia nous avait dit un peu plus tôt, mais il m’a semblé que Maxwell me regardait droit dans les yeux de ses iris d’or ; son visage éclairé par la lueur blafarde lunaire, le faisant briller d’un air presque surnaturel.


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