Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 26 : Nouveaux amis - Retrouvailles

9976 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/02/2024 21:40

S'étant rendu à la Cité du Crépuscule, Roxas a fait la paix avec la destruction des données et s'est découvert une nouvelle Keyblade. Mais par dessus tout, il a découvert que Hayner, Pence et Olette le connaissaient déjà avant, du temps où il était encore dans l'Organisation XIII… Avec à présent trois nouveaux amis attendant son retour, l'adolescent est plus que déterminé à éclaircir le mystère entourant son échange avec Sora.

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 Malgré les récents évènements, les jours passèrent normalement pour le trio.

Leurs excursions écourtées se trouvèrent compensées par encore plus d'exercices éprouvants, durant lesquels ils avaient pu réviser leurs attaques en équipe, permettant à Roxas d'éviter une nouvelle catastrophe de "swing beaucoup trop large". Mais la pratique restait la meilleure tactique pour s’entraîner, et l'adolescent était toujours le plus impatient des trois à l’approche de l'heure d’excursion ; ses camarades avaient bien remarqué son bonheur et sa fierté à brandir sa toute première Keyblade créée, et comment le lui reprocher ? Sora lui-même était excité comme une puce lors de sa première transformation, tellement qu'il l'avait accidentellement envoyée dans un mur, apprenant du même coup Diskobolos et manquant Donald d'une plume.

Juste après s'être réconciliés à la Jungle Profonde.

Heureusement que l'Élu n'ait pas fait ça à chaque nouveau porte-clé…

Les fins de journée étaient occupées à entretenir le Gummi ; ou tout du moins le furent-elles lorsque le magicien s'aperçut que le garçon semblait profiter de son temps libre pour aller faire de courts vols on ne savait où. Et n'avait visiblement pas envie de le leur dire.

Décidément, il y avait des choses qui ne changeaient pas.


Assis dans un canapé du salon, Roxas feuilletait distraitement les pages de son carnet, tentant de noyer l'ennui qui le gagnait en cet après-midi calme.

Il avait essayé de combler ce passage à vide en écrivant, mais après avoir rempli ses notes sur les Sans-cœurs, les techniques de combat, esquissé sa Souvenirs d'été chérie et réexaminé encore et encore les étranges rêves intenses pour en dégager un sens toujours indécryptable, il avait compris que c'était peine perdue. Il n'avait rien à ajouter. Ou alors juste un malheureux "Jour 100 : Je m'ennuie".

Soupirant, l'adolescent laissa son regard glisser vers le plafond magiquement translucide, ses pensées dérivant au hasard de la myriade de sentiments en lui.

La journée à la Cité du Crépuscule. Les souvenirs de Hayner, Pence et Olette à son sujet. Ses propres souvenirs là-bas, dont certains lui semblaient inaccessibles. Son entente de plus en plus amicale avec Donald et Dingo. La sensation véritable de Fusion, qu'il n'avait pas encore souhaité retenter. Les données au Jardin Radieux, dont il n'avait plus eu de nouvelles. Sora qu'il sentait juste là, dans son cœur comme à attendre un signe pour revenir.

Riku qui malgré tout ce que lui avait fait par rancœur ou par dépit n'avait jamais haussé le ton ni été agressif. Kairi qu'il avait blessée, plus profondément qu'il ne l'avait lui-même pensé, et qui avait tout les droits de ne plus jamais vouloir le revoir. Ses propres actes, faits par inquiétude ou par colère et qu'il n'était même pas sûr de comprendre. Ces actes qui avaient blessé ceux qui comptaient le plus pour lui.

…Axel.

Une intense douleur serra la poitrine de l'adolescent lorsqu'il repensa au meilleur ami qu'il n'avait pas eu le courage de revoir depuis sa possession, tandis qu'il se tournait sur le flanc en se tenant la tête dans un geste réveillant des souvenirs imprécis et pénibles.

Il n'avait pas revu Axel parce qu'il lui en voulait. Il lui en voulait parce qu'il avait décidé de rejoindre Xehanort même si ça n'avait pas duré. Il l'avait rejoint parce que lui, son meilleur ami, l'avait traité d'égoïste ; et il l'avait traité d'égoïste parce qu'il s'était senti trahi et n'avait rien compris ; et il n'avait rien compris parce que… parce qu'il avait été aveugle. Tellement aveugle qu'il avait blessé Axel qui était juste terrifié de le perdre à nouveau.

Et il ne s'était même pas excusé.

Roxas fronça les sourcil et se mordit la joue, alors qu'un étau horrible lui compressait le cœur ; il était allé s'excuser à tous ceux qu'il avait (ou cru) blessé, même envers Kairi dont il n'attendait même pas le pardon un jour. Ça avait été dur, mais il l'avait fait ; parce qu'il se devait de le faire. Mais… il n'avait pas pu, pas su le faire pour Axel.

Peut-être parce qu'au fond, il ne pouvait pas se résoudre à le regarder en face.

L'adolescent sentit comme un rire amer résonner au fond de lui : il avait été capable de faire face à tous ceux envers qui il avait été froid depuis son retour, mais il était même pas fichu de le faire pour son meilleur ami. Son meilleur ami. Entre de la lâcheté ou du dédain, il ne savait pas quoi choisir pour "expliquer" son comportement…

- Hé, Roxas ! Tu nous entends ?

L'exclamation nasillarde mais néanmoins inquiète sortit brusquement l'adolescent de ses pensées, le faisant sursauter. Se tournant distraitement vers son origine, il vit alors Donald, Dingo et Jiminy penchés par dessus le dossier du canapé, leurs regards préoccupés fixés sur lui ; se redressant, il fronça un sourcil confus :

- Euh, vous me parliez…?

- Tout va bien ? demanda doucement le chevalier.

- Hein ? Ben, oui, pourquoi…?

- T’avais pas l’air d’aller bien à te tenir la tête comme ça, fit aussitôt le canard d’un ton suspicieux.

Le garçon laissa échapper une faible exclamation, avant de machinalement se retourner pour ne plus affronter leurs regards lourds de craintes ; regards qu’il n’arrivait toujours pas à supporter malgré ses meilleurs efforts.

- Roxas, que t'arrive-t-il donc ? demanda poliment le chroniqueur en sautant sur l'accoudoir où reposait la tête du jeune homme.

Leur camarade ne répondit pas plus, ses yeux de ciel obstinément rivés dans le vide. Un pas palmé résonna sur le sol du vaisseau, avant que la figure inquiète mais ferme du magicien n'apparaisse face à lui, poings sur les hanches. Roxas le fixa un instant, puis baissa les yeux en se retournant vers le firmament.

- Je… C'est… Axel.

Ses camarades eurent un mouvement de surprise, puis se regardèrent, concernés, avant de reporter leur attention sur lui :

- C'est… à cause de Xehanort ?

Un simple hochement de tête lui répondit. Dingo se tordit nerveusement les mains un moment, avant d'ajouter timidement :

- Et vous… n'en avez pas parlé depuis, c'est ça ?

Le garçon fronça douloureusement les sourcils, puis soupira :

- Pire que ça… je l'ai pas revu.

Ses amis restèrent muets en comprenant l'ampleur du problème, alors que Roxas se redressait pour enlacer ses genoux, attristé.

- En fait… je veux m'excuser, mais je… j'ai toujours pas trouvé comment le faire.

- T'excuser ? s'étonna le magicien. Mais pourquoi, parce que t… ahem… vous… on a été obligés de… de l'attaquer quand…

Comprenant à quoi il faisait référence, l'adolescent se recroquevilla encore plus ; à cette réaction, Donald s'affola :

- Mais t'as pas à te reprocher ça ! Si t-On avait rien fait Xehanort l'aurait emmené dans son Organisation et Kairi serait peut-être leur prisonnière et-et toi…

- Je suis sûr qu'il t'en veux pas de t'être défendu, reprit Dingo en voyant que son ami n'osant plus poursuivre. Il aurait pas voulu qu'il t'arrive quelque chose, et c'est pas ta faute-

- Si ça l'est, le coupa un peu brusquement le garçon.

Surpris par une telle affirmation, les deux compagnons restèrent figés avant que Donald ne s'exclame :

- Écoute bonhomme, pour ton altercation avec Kairi je suis d'accord que tu te sentes coupable, mais croire que c'est ta faute si Xehanort possède tout le monde à tort et à travers là c'est idiot ! Si ce type a fait du mal à Axel c'est de sa faute et non-

- Sauf que j'ai blessé Axel, fit alors sans oser lever les yeux vers eux. Je lui ai dit des choses horribles et ça l'a fait douter. Et Xehanort en a profité pour le convaincre que c'était le mieux à faire s'il voulait nou-me sauver, et…

Les adultes restèrent sans voix, ne sachant que répondre à cette information. Puis, après un temps, Dingo osa se tourner vers l'adolescent :

- Et, donc… Tu veux t'excuser… pour ça ?

Un nouvel hochement de tête. Un silence s'ensuivit, avant que Jiminy ne propose :

- Si tu n'es pas sûr de pouvoir le faire personne, peut-être devrais-tu lui écrire ?

- J'ai déjà essayé, soupira l'adolescent dépité en s'avachissant dans le canapé. C'est tout ce que j'en ai tiré.

Disant cela, il sortit de sa poche une feuille qu'il tendit au trio ; sur le papier, était noté maladroitement, en grand et de travers dix petits mots :

désolé d'avoir pa prit de gant avec toi

Roxas

Devant ce laconique message, les trois adultes ne purent s'empêcher d’être dépités à leur tour, avant de reporter leur attention sur le jeune homme occupé à fixer mélancolique le plafond transparent. Le chevalier réfléchit un instant, puis proposa :

- Tu sais, c'est déjà quelque chose… Peut-être que tu devrais… je sais pas… lui proposer d'aller dans un endroit où vous serez tranquilles, et lui expliquer ce que tu as sur le cœur.

- …Et s'il veut pas me parler ?

- Il faut déjà essayer ! argua Donald. En plus, t'es pas sûr qu’il t’en veuille, non ?

- …Je vois pas comment il pourrait pas m’en vouloir, murmura sombrement le jeune homme.

Ses camarades se renfrognèrent, sentant que la discussion allait dans une impasse. Mais Jiminy se redressa de toute sa petite hauteur et sauta sur les genoux du garçon, le poussant à le laisser monter dans sa paume alors qu’il regardait son protégé droit dans les yeux :

- Roxas, en tant que conscience, je me dois de t’aiguiller dans cette situation, car de toute évidence tu culpabilises beaucoup pour ce qu’il s’est passé. Alors laisse-moi te dire une bonne chose : plus tu laissera de temps s’écouler entre ces évènements avec Axel et tes excuses, plus cela sera difficile d’aller lui parler.

L'adolescent écarquilla brièvement les yeux, tandis que le chroniqueur poursuivit son discours :

- De plus, qu’il soit ou non blessé à cause de toi, il est important que tu lui dises franchement ce que tu ressens et combien tu regrettes ce qui est arrivé. Peut-être sera-t-il en colère, peut-être que non ; mais au moins saura-t-il que tu désires faire amende honorable. Et c’est cela le plus important : l’honnêteté. Soit honnête envers lui, et surtout envers toi-même, et vous pourrez tout les deux avancer.

Ses deux camarades hochèrent la tête, encourageants ; le jeune homme les regarda un instant sans rien dire, puis baissa la tête, semblant considérer cette possibilité. Dingo posa alors une main chaleureuse sur son épaule, la serrant doucement :

- Et… On comprend que ça soit quelque chose de personnel, mais si t’as besoin de soutien pour ça, on sera là. T’as juste à nous demander.

Roxas fixa encore le sol, puis jeta un regard timide aux trois adultes à ses côtés. Un faible sourire reconnaissant s'étira sur les lèvres de l'adolescent, alors qu'il murmurait :

- Merci les gars. Je vais essayer.

Ses amis lui sourirent en retour, soulagés qu’il accepte leur soutien. Tandis qu’ils se redressaient, prêts à laisser le jeune homme vaquer à ses affaires, une petite voix familière s’éleva, et le faux Élu tourna son regard de ciel vers eux, presque implorant :

- Je… je me sens pas encore prêt pour faire ça, mais… Il y a autre chose, une chose importante que j’aimerai… Que j’ai besoin de faire.


Roxas s'avança vers la cachette secrète, écartant doucement les feuilles sur son chemin. Son cœur s'accéléra lorsqu'il comprit où il comptait se rendre, mais l'adolescent inspira et expira lentement pour calmer ses ardeurs, comme rassurant un habitant inconnu en lui.

Tout comme il s'était excusé auprès du trio de la Cité, et avait retenté une baignade à la piscine, ce qu'il venait faire ici était "inutile", mais important.

Il retournait affronter ses peurs.

Son dernier passage ici datait encore de son premier retour, lorsque Riku l'avait emmené pour "lui faire changer d'air". Il avait exploré l'îlot en tous sens, mais avait été marqué par la visite de la grotte ; ou plutôt, sa non-visite. Sans qu'il sache pourquoi, il avait été très mal dès son approche des lieux, une sensation qui n'avait fait que s'aggraver à mesure qu'il avançait ; au point qu'il avait dû faire demi-tour, et n'avait plus voulu y penser.

Mais cette fois, il devait y aller ; affronter ce qui l'empêchait de venir. Et surtout, comprendre pourquoi il craignait tant cet endroit.

Debout devant la petite ouverture, Roxas sentit ses mains trembler. Il songea à serrer les poings très fort ; mais finit par fermer les yeux et inspira profondément, sentant tambouriner en lui le cœur commun de lui et Sora. L'organe ne se calma pas, mais les frissons cessèrent et l'adolescent souffla un bon coup, avant de se baisser pour pénétrer dans le couloir de terre.

Un faible et long grognement l'accueillit de l'autre côté, et le garçon frissonna un instant avant de sentir une brise sur son visage. Se rappelant que ce n'était que le vent qui créait ce son, l'adolescent s'avança dans le tunnel, croyant entendre une très jeune voix similaire à Sora clamer que le monstre n'avait aucune chance face à lui et Riku ; et la lointaine voix du passé l'encouragea à avancer malgré le nœud dans sa gorge.

…En fait, en écoutant bien, il y avait effectivement une voix étrange qui résonna de plus en plus fort alors qu'il approchait de la cavité centrale…

Roxas hésita encore ; et si quelqu'un…?

Mais il secoua aussitôt la tête : même s’il y avait quelqu'un d'autre, il était venu là pour une raison précise. Faisant un autre pas, il parvint enfin en vue de la caverne couverte de gribouillis. Il n'était plus très loin, courage…

- …sais plus quoi faire, Sora.

La voix si tendre et si triste tinta dans ses oreilles alors qu'il pénétrait dans la cavité. Perturbé par ce son et les dessins familiers des parois, il resta immobile, cherchant des yeux il ne savait quoi dans la pénombre.

Et là, dans le coin le plus éloigné, juste devant la porte où résidait le cœur de ce monde, une petite silhouette rosée était agenouillée, une main caressant la roche.

Sans qu'il sache pourquoi ni puisse l'empêcher, le corps tout entier de Roxas se figea comme victime d'un sort. Fixant bêtement la jeune fille à genoux devant le précieux dessin d'un échange, il resta muet, écoutant un peu malgré lui les paroles de la Porteuse contemplant mélancolique l'étoile sous ses doigts :

- …Il s'est passé tellement de choses depuis ton retour, même si tu le sais sans doute déjà… Mais je… j'ai beau réfléchir, je saurai toujours pas comment t'expliquer. Je sais que c'est pas de ta faute si on se voit plus vraiment, mais j… l'époque où nous étions ensemble tout les tr… non, tout les deux me manquent… Et je… J'ai l'impression que… quelque chose change en moi, je sais pas quoi, m… quand je pense à toi, c'est différent et j… Je sais pas si une simple promesse suffit… peut-être que… Que toi et m… que nous… Ce n'est peut-être pas censé-

Quelque chose remua soudain dans la poitrine de Roxas, qui retrouva soudain l'usage de ses membres et recula, cognant une pierre qui ricocha en écho répercuté dans toute la grotte.

- Qui est là ? s'écria soudainement la Princesse en levant un regard affolé vers l'entrée.

L'adolescent sentit son corps se glacer en la voyant se tourner vers lui.

Non, ça ne devrait pas être lui, il ne devait pas être ici, il devait s'en aller, il devait fuir

Tandis qu'il reculait encore, tentant vainement d'échapper au regard de la jeune fille qui ne tarderait pas à le voir, un souffle frais s'éleva soudain tel un nuage l'enveloppant. Une volute noire passa devant sa vision, et quelque chose l'englouti tout entier, juste au moment où Kairi allait poser les yeux sur lui.

Ne sachant plus ce qu'il se passait, Roxas recula encore, s'enfonçant fébrilement toujours plus dans ces nuées sombres et fraîches. Son pied rencontra soudain quelque chose, le faisant trébucher alors qu'il tentait désespérément de se rattraper.

Il quitta la volute fraîche en même temps qu'il tomba au sol, atterrissant en vacarme dans un amoncellement de bric-à-brac.

Rouvrant les paupières qu'il avait fermées par pur réflexe, il plongea ses yeux décontenancés dans deux iris bleus et surtout empreints d'une froideur acérée.


Roxas resta figé, fixant en retour le regard surpris mais froid au pied duquel il avait atterri.

Puis il y eut une soudaine agitation et des cris tout autour alors que Léon pointait brusquement sa Gunblade sur lui.

Toi !

- Qu'est-ce qui-D'où il sort ? s'exclama Cid quelque part sur sa gauche.

- Un intrus ? fit une voix féminine inconnue derrière lui.

- Un espion ? répondit une autre au même endroit.

- Un voleur de trésor ! rajouta une troisième plus fluette.

- C-Comment il est…? bafouilla Youffie à sa droite.

- …Tout va bien ? ajouta enfin Aerith droit devant.

Complètement dérouté autant par les voix que la situation, Roxas regarda fébrilement dans tous les sens, remarquant son reflet dans l'épée de Léon, trois petites fées bigarrées semblant prêtes à lui faire la peau, et l'inquiet regard vert d'Aerith. Après quelques secondes, le garçon bredouilla :

- Qu… Comment je suis arrivé ici ?

- Comment ? Tu débarques d'un couloir de Ténèbres et c'est tout ce que t'as à dire ?

- Qu-UN COULOIR DE TÉNÈBRES ? s'étrangla le garçon en se redressant.

Il put tout juste faire un centimètre que la lame du guerrier vira un peu trop rapidement vers sa gorge, l'obligeant à retomber dans son tas de livres en levant des mains pacifiques :

- H-Hé, du calme-

- Tu surgis d'un portail juste sous nos yeux, et tu me demandes d'être calme ? cracha l'épéiste, ses yeux devenant plus acérés que sa lame.

- J'ai pas fait exprès !

- Ah bon ? Qu'est-ce qui nous le prouve ?

Roxas ne put rien répondre et avala difficilement sa salive. Aerith s'approcha alors de Léon et posa sa main sur son bras, inquiète mais ferme :

- Léon, s'il nous voulait du mal, il aurait déjà attaqué.

Le guerrier se permit de quitter le regard nerveux de Roxas pour le plonger dans celui convaincu de la jeune femme, fixa froidement l'adolescent une dernière fois, puis retira lentement l'arme de sa gorge. Respirant enfin, le garçon s'assit très lentement pour éviter d'involontaires soupçons, tandis que Cid et Youffie s'approchaient enfin et que les trois petites fées tournaient curieuses autour de lui, alors qu'il reculait gêné par leur comportement.

- Je le trouve différent de la dernière fois, remarqua celle blonde en orangé.

- Oui, il a moins de trésors qu'avant, constata la brune en blanc et bleu.

- Sûr que c'est que ça ? marmonna celle aux cheveux gris en noir.

- Explique-toi et vite, ordonna immédiatement Léon, guettant le moindre faux pas du garçon.

- Je… J'étais quelque part quand quelque chose m… m'a surpris et… Je me suis retrouvé là, fit l'adolescent toujours aussi confus.

- Tu crois vraiment qu'on va avaler une histoire aussi stupide ? cracha froidement l'épéiste. Utiliser les Ténèbres juste parce tu étais surpris ?

- C'était un accident ! Je sais même pas comment j'ai fait !

Un silence accueillit ses paroles, alors que tous le fixaient dubitatifs ou incertains. Roxas réalisa ce qu'il avait dit et baissa les yeux : oui, il était bien arrivé ici après avoir failli être surpris par Kairi, mais…

Mais pourquoi avait-il utilisé un couloir des Ténèbres ?

Était-ce… vraiment involontaire ? L'invoquait-il par pur réflexe ?

Il n'eut pas plus le temps d'y penser qu'un soupir dédaigneux attira son attention vers Léon :

- Seuls les utilisateurs des Ténèbres peuvent créer des passages obscurs. Tu penses vraiment que tu feras passer ça pour un accident ?

L'adolescent fut extrêmement agacé par son scepticisme et se releva aussitôt, sourcils froncés :

- Oh très bien ! Tu vas voir si je crée des couloirs pour m'amuser !

Et sur ces mots il fit un vague geste vers un mur, ignorant la posture offensive de Léon et l'air ahuri du reste du comité.

Mais pour un petit instant, Roxas fut pris d'un doute : ce portail était-il vraiment un accident…?

Et rien ne se passa.

Scrutant la paroi où aucune ouverture ténébreuse n'était apparue, le comité resta figé, avant de se tourner vers l'adolescent qui leur lançait un regard signifiant : "Vous voyez bien !". Léon continua tout de même de le fixer avec méfiance, à l'exaspération du Porteur :

- Qui nous dit que tu n'en crées pas exprès ?

- Pour la dernière fois : Je. Ne. Sais. Pas. Faire. Ça ! martela Roxas en balayant l'espace.

À cet instant une impulsion lui parcourut le bras, des étincelles jaillirent de ses doigts et une sphère de Lumière aveuglante s'échappa de sa paume, allant doucement éclater contre le mur sans laisser de traces de son passage. Sursautant devant cet exploit, le garçon cligna des yeux, la main en l'air, puis regarda tour à tour sa paume et la paroi.

- …C'est nouveau ça…

Craignant soudain la réaction des autres, il tourna la tête vers eux, pour les voir eux aussi figés, mais pas sur le qui-vive. Plutôt… stupéfaits qu'il ait lancé une telle attaque. Aerith sembla réfléchir, avant de murmurer :

- J'ignore ce que vous en pensez, mais un être des Ténèbres aurait difficilement pu lancer une telle Perle.

Léon sembla soudain comprendre le sous-entendu et écarquilla les yeux, puis les reporta sur le garçon et fronça les sourcils, avant de lâcher froidement :

- …Très bien. J'ignore ce que tu fais, mais je te conseille de ne plus débarquer ici en couloir obscur.

Roxas se mordit la joue, nerveux, alors que Cid marmonnait en mâchonnant son bâtonnet :

- C'que c'est compliqué avec ces deux-là… Bon ben tu nous excuses Rox-truc mais on a des choses sur le feu, alors à la revoyure !

- Euh… je veux vraiment pas embêter, fit prudemment l'adolescent, mais faudrait appeler Donald et Dingo…

- Bah pourquoi ?

- Ben… j’ai pas vraiment de vaisseau, et ils vont s'inquiéter, alors…

L'informaticien se passa une main sur la figure, avant d'envoyer un message aux deux lascars. Roxas décida de s'asseoir dans un coin tandis que le comité retournaient à leur occupations. Alors que les trois petites fées repartaient aider après lui avoir tourné autour, le garçon contempla distraitement ses mains, songeur… et perdu.

Il avait invoqué un couloir de Ténèbres. Exactement comme le premier jour où il été revenu en Sora. Pour la deuxième fois, il avait invoqué un pouvoir obscur par réflexe.

Il avait usé des Ténèbres.

Des pas le sortirent soudain de ses méditations, et il tourna la tête pour voir approcher Aerith. La jeune femme l'observa un instant, mains jointes sur sa jupe, puis pencha la tête comme pour scruter de son regard apaisant le nouveau venu :

- Tu ne l'as pas fait intentionnellement, n'est-ce pas ?

Roxas se retint tout juste de rouler des yeux :

- C'est ce que j'arrête pas de vous dire…

- Je parle de ton attaque lumineuse de tout à l'heure.

L'adolescent s'arrêta net, les yeux écarquillés, puis baissa la tête, pensif. Ça non plus, c'était pas fait exprès… qu'est-ce qu'il avait donc aujourd'hui avec ses "pouvoirs" ? Ils devenaient incontrôlables ? Ou se mettait-il à en gagner il ne savait d'où ?

- Ce sont en général des utilisateur de Lumière très puissants qui parviennent à en conjurer aussi facilement, ajouta la soigneuse en s'asseyant à côté du garçon. Ce n'est peut-être qu'un accident, mais ça reste très surprenant que tu aies pu le faire sans te blesser.

Roxas la regarda, étonné. Est-ce que… ça voulait dire qu'il était un porteur de Lumière très fort ? Il se savait déjà familier avec la Lumière, c'était son élément en tant que Simili, mais puissant à ce point ? …Avait-ce un lien avec ce qui était arrivé quand il avait visité Yen Sid deux mois plus tôt ?

- Je t'enseignerai avec plaisir des sorts de Lumière pour que tu évites de te blesser involontairement, poursuivit Aerith. Mais… je crains de ne pouvoir commencer aujourd'hui…

Disant cela, elle regarda brièvement Léon adossé dans un coin avec sa Gunblade posée non loin, surveillant Roxas de ses yeux méfiants, et l'adolescent ne put s'empêcher de ressentir un frisson en croisant le regard glacial du guerrier. Il le savait suspicieux de lui dès leur rencontre, mais depuis peu il le sentait tendu, comme s'il s'attendait à voir le Porteur se retourner contre eux…

Exactement comme ce qui s'était passé presque un mois avant.

Roxas réalisa soudain pourquoi Léon était si froid avec lui, et baissa les yeux. Il ne pouvait que comprendre ; s'il avait été à sa place, il aurait lui-même gardé ses distances avec celui qui avait agressé l'un des leurs sans explications…

Youffie appela alors Aerith pour retourner au rangement du QG ; mais tandis qu’elle se levait, la jeune femme se pencha vers l'adolescent et lui murmura :

- Je sais que d'autres ne seraient pas entièrement d'accord avec moi, mais… Tu peux venir ici quand tu veux. Si jamais tu as besoin d'aide, ou d'un refuge… tu seras toujours le bienvenu pour moi, Roxas, fit-elle en posant doucement une main sur son épaule.

Le Porteur ne sut comment réagir et se contenta de fixer ce contact en hochant timidement la tête. La soigneuse lui sourit une dernière fois, puis rejoignit sa camarade dans les couloirs du QG. Cid se tourna alors vers le jeune homme pour annoncer que Donald et Dingo étaient en chemin, avant de retourner à son pianotage de clavier. Le jeune homme se levait pour partir sans plus les déranger quand l’informaticien lança tout à coup :

- 'Fait, rien de neuf sur Sora et toi ?

Un peu surpris par cette question brusque, Roxas entrouvrit la bouche pour rester coi, perdu. Mais son mutisme fut rapidement interrompu par Cid :

- Toujours rien le p'tit nouveau, hein… bougonna-t-il en mâchonnant son bâtonnet. Enfin, c'est pas comme si ça changeait quelque chose en ce moment, sans vouloir vexer…

L’adolescent ne dit rien, ne sachant que répondre, quand Léon reprit son arme et se dirigea vers la sortie. Le garçon voulut lui adresser la parole, mais l'adulte se contenta de lui lancer un bref regard glacial, épée sur l'épaule, avant de disparaître. Le jeune homme le regarda partir, un clair sentiment de malaise naissant dans sa poitrine. De toute évidence, l'atmosphère était tendue ici. Peut-être bien à cause de lui, en fait…

- Bon, tu veux quoi ? dit alors l'informaticien, tirant l'adolescent de ses pensées.

- Hein ?

- J’te vois venir à ton regard, t'as quelqu'chose à nous demander, non ?

- Ah… je cherche A-euh Merlin, bafouilla l’adolescent avec crainte.

Il aurait préférer avouer que c'était Axel qu'il voulait voir, mais son inquiétude avait repris le dessus.

Mais ça ne l'empêcherait aucunement d'aller parler à son ami.

Il souhaitait, il désirait le voir, il voulait essayer. Il ne savait pas combien de temps le courage de lui faire face après tout ce qui était arrivé allait durer, mais il voulait essayer.

Il voulait le voir.

- Ah désolé, le vieux grigou est super occupé avec les Fées à surveiller Mister flammes aujourd'hui, on l'a pas vu de la journée ! La preuve, je me suis toujours pas reçu de sort de sa part ! répliqua Cid en haussant les épaules.

Le garçon se figea, avant de bredouiller :

- Alors ça veux dire… qu'o-je peux pas aller voir Axel ?

- Nope ! Paraît qu'il peut pas quitter la salle temporelle, question de sécurité ! Franchement j’sais pas sécurité de qui, mais tant qu'on se prend pas d'attaque surprise, moi j’dis rien…

Roxas écarquilla les yeux, puis baissa lentement la tête ; un étau serra sa poitrine alors qu'il comprenait qu'il ne pourrait pas revoir son meilleur ami, et surtout, qu’il ne pourrait pas s’excuser. Encore.

L'adulte l'observa un instant, puis retira son bâtonnet de sa bouche et lui demanda sérieusement :

- Hé. C'est si important que ça pour que tu tires cette tronche ?

Le jeune homme sembla surpris de son attention, mais secoua la tête :

- Je… C'est rien.

Alors qu'il se retournait lentement vers la porte, la voix de l'informaticien le retint :

- Faut que tu sache, Rox-quelque-chose, fit-il alors que l'adolescent était légèrement froissé de cette appellation… Depuis que ce Xehanort s'est invité ici y'a un mois, tout le monde est sur le qui-vive. Léon patrouille tout le temps, les génies du labo passent leurs nuits à décrypter ce Code Ansem et les trois vieilles fées gardent en permanence l'accès au monde temporel. Ils sont tellement occupés que je me fais même plus agresser par Merlin, ajouta l'adulte d'un ton très sérieux.

Le garçon le fixa un instant, attentif. Un court silence s'installa, avant que Cid ne décolle son regard du mur pour le planter dans celui de Roxas, d'un air qu'il n'avait encore jamais vu :

- Je dis pas que t'as quelque chose à te reprocher dans cette histoire, mais… faudrait que tu fasses bouger Sora, où qu'il soit passé. Ça vaudrait mieux pour tout le monde qu'on trouve une solution pour vous deux, et vite.

L'adolescent resta figé tandis que l'informaticien le fixait encore un moment, avant de remettre son bâtonnet en bouche et retourner pianoter sur son ordinateur. Le Porteur baissa les yeux, ne sachant que dire, puis partit sans un mot.


Errant sans but dans les rues, Roxas finit par arriver en haut des remparts. Au loin, se dressant seule dans le paysage bleuté du Grand Vallon, la forteresse ténébreuse ayant abrité l'armada de Sans-cœurs se découpait sur l'horizon rose-orangé du ciel. Sa silhouette maigre inspira une certaine crainte au garçon, mais l'ancienne place forte des Ténèbres lui semblait fragile, presque en ruine au milieu des rocs…

Le jeune homme secoua la tête et s'appuya sur le muret de pierre, songeur. Ses pensées revinrent vers Axel. Il voulait s'excuser pour ce qu'il avait dit, et fait, et de l'avoir blessé autant physiquement que mentalement ; il le voulait tellement. Mais… de toute évidence, il n'était pas venu au bon moment.

…Pff, "bon" moment… Comme s'il y avait des "bons" moments pour tout.

En fait, il avait de nouveau évité cette confrontation. Tout comme la fois où il était venu expressément s'excuser à Kairi mais avait comme par hasard oublié pour Axel. Et là, rebelote…

S'il tenait vraiment à s'excuser, il aurait insisté, ou laissé un message, quelque chose ; il aurait fait savoir à Axel qu'il voulait parler et que c'était important. Mais non, il n'avait rien fait. Encore une fois. À croire que c'était pas si important, finalement…

Roxas manqua de se frapper pour penser une telle chose. Bien sûr que c'était important ! Il voulait s'excuser à Axel et le revoir, malgré tout ça…

Alors, pourquoi l'évitait-il ? Qu'est-ce qui rendait cette chose aussi compliquée quand elle ne l'était pas ; quand s'excuser à Kairi ou même admettre qu'il devait la vie à Riku ne l'avait pas été à ce point ?

Pourquoi n'y arrivait-il pas ?

Qu'est-ce qui l'en empêchait ?

Crispant ses poings sur la pierre, Roxas baissa la tête, tremblant. Puis dans un seul geste défait, il se laissa tomber sur le muret en poussant un profond soupir.

Il était vraiment un lâche, en fin de compte.

À moitié avachi sur le rempart, l'adolescent resta ainsi un moment, immobile, avant de rouvrir lentement ses yeux sur l'horizon rosé. Il ne comprenait pas les autres et surtout ne se comprenait pas lui-même. Tout était compliqué…

- …Si seulement je pouvais savoir…

- As-tu besoin d'aide, mon enfant ?

Presque malgré lui le garçon eut un sursaut phénoménal et se redressa d'un bond, fixant de ses yeux éberlués la petite personne qui venait de l'aborder. Une brève seconde de silence passa avant que l'inconnue ne s'excuse :

- Oh, pardonne-moi, je ne voulais pas te faire peur, dit-elle de la voix la plus douce au monde.

- J-J'ai pas eu peur, démentit automatiquement le jeune homme clignant des yeux.

Ses sens ayant cessé de s'affoler lui firent comprendre que son interlocutrice était une petite dame d'un âge fort avancé, à la robe violette et au chignon haut et gris. La douceur encore présente parmi ses rides témoignait d'autant de gentillesse et balaya tout les doutes du garçon sur ses intentions. La vieille dame le regarda un instant, ses tendres yeux bleus laissant comprendre qu'elle n'était pas dupe du léger mensonge de l'adolescent, avant de lui sourire :

- Dans ce cas, me voilà rassurée, fit-elle en se tournant vers le paysage bleuté.

Roxas resta muet un moment, encore un peu confus, avant de contempler encore une fois le ciel d'après-midi.

- Vous… m'aviez proposé votre aide ? dit-il après une pause.

- S'il est quelque chose que je puisse faire pour toi, ce sera avec plaisir », acquiesça la vieille dame en le regardant à nouveau tendrement.

Le garçon se sentit étonnamment touché par cette attention, mais finit par secouer la tête en reposant son menton sur ses bras :

- Non, c'est gentil mais… je crois que personne peut vraiment m'aider pour ça, soupira-t-il tristement.

- Est-ce réellement le cas ? Peut-être pourrais-je t’aider si tu m’expliques ce qui t’es si difficile ?

Roxas s'inquiéta l'espace d'un instant de son insistance, mais quelque chose en lui le rassura dès qu'il recroisa les doux yeux bleus de l'inconnue, comme une petite voix lui disant qu'il pouvait avoir confiance.

- …J'ai pas vraiment envie d'en parler, mais… disons que…

Que quoi ? Qu'il vol-empruntait le corps d'un autre parce qu'il n'était plus censé exister ? Qu'il avait plus ou moins poussé son seul et meilleur ami encore vivant à s'allier au pire homme actuellement existant, et qu'il voulait s'excuser pour ce qu'il avait fait ? Que les mondes, oui-pas-juste-celui-où-on-est-là-maintenant, étaient menacés par un être démoniaque qui n'hésitait pas à manipuler et faire souffrir pour assouvir ses desseins complètement démentiels ?

Qu'il ne savait juste même pas où il en était dans sa vie de presque-non-humain ?

- …Que je suis à la recherche de quelqu'un de très important p… pour moi.

Roxas se mordit brièvement la joue à l'annonce de ce demi-mensonge, mais aucun picotement ne vint titiller sa poitrine. C'était vrai, il voulait retrouver Sora, ou plutôt trouver un moyen de le ramener parmi eux si possible sans qu'il re-disparaisse sans explications ; mais, honnêtement… il n'était pas vraiment sûr de pouvoir le considérer comme si important à ses yeux, en tout cas comparé à Axel et son autre ami…

- Est-elle si difficile à retrouver ? demanda la vieille dame.

- Oh… euh… Je saurai pas dire exactement, dit-il en se grattant la tête. C'est plus que… c'est un peu comme s'il changeait de place tout le temps, en un sens…

Ce mensonge titilla cette fois le cœur du garçon, mais il préférait ça à devoir expliquer à une étrangère qu'il n'avait techniquement pas besoin de chercher vu qu'il était dans son cœur mais qu'il était on ne sait comment endormi et blablabla…

Un silence suivit la réponse du jeune homme, le poussant à regarder à nouveau la vieille dame à côté de lui. Celle-ci le contemplait toujours de son regard tendre ; sauf que cette fois-ci, une ombre étrange s'était incrustée dans ces yeux foncés. Pas celle d'un sinistre dessein, plutôt d'une douleur ou tristesse. Ce subtil changement intrigua l'adolescent qui fronça doucement les sourcils, attendant une réponse.

- Cela fait-il longtemps que tu le recherches ? dit-elle enfin, une sorte de curiosité inquiète dans sa voix.

- …Un certain temps, ouais… répondit vaguement Roxas en préférant fixer l'horizon un instant.

La grand-mère hocha la tête, puis fixa à son tour le ciel un peu plus orangé.

- En fait, avoua l'adolescent un peu malgré lui, je dois pas juste le retrouver, je… Il faut que je lui parle.

- À quel sujet ?

- …Pour arranger les choses.

Roxas se frappa mentalement pour laisser de telles informations à une inconnue, même s'il pensait sincèrement qu'elle n'avait aucune mauvaise intention. Et si quelqu'un d'autre écoutait, hein ?

- Que souhaites-tu arranger ? demanda encore la vielle dame.

- En fait, j…

L'adolescent croisa brièvement son regard, comme essayant de savoir à quel point il pouvait lui faire confiance. Puis, contemplant l'horizon bleu et rose, il éleva doucement la voix, comme incertain :

- …Je… j'ai dit quelque chose d'horrible, sans réfléchir, et… Et puis, il lui est arrivé quelque chose et j… J'ai pas pu m'excuser et je…

Roxas ne sut plus quoi dire et enfouit sa tête dans les bras en soupirant. Sans trop savoir pourquoi, il avait confié son problème avec son meilleur ami. Pour protéger le secret de Sora ou tout simplement avoir quelque chose à répondre, il ne savait pas vraiment.

- Tu t'en veux pour ce qu'il s'est passé, n'est-ce pas ?

La douce voix de la grand-mère lui le sortit de ses pensées, avant qu'il ne hoche la tête en regardant distraitement le paysage. Oh que oui, il s'en voulait. En même temps…

- …Pourquoi je lui ai dit ça, c'était débile ! s'écria-t-il soudain en se redressant, les poings serrés. À croire que j'ai fait exprès de le blesser ! Pourquoi…?

L'adolescent resta figé un instant, comme ne sachant pas lui-même où il en était, puis laissa retomber sa tête entre ses mains.

- Pff, quel imbécile…

- Es-tu réellement responsable de ce qui lui est arrivé ? demanda doucement la vieille dame.

- …Je suppose ? Si je l'avais pas blessé, il ne m'en aurait pas voulu au point de… je pense pas que ça serait arrivé, quoi…

- Qui sait ? fit la senior en contemplant l'horizon. Cela n'a peut-être eu aucune incidence.

L'adolescent écarquilla les yeux, puis tourna son regard de ciel vers la vieille dame qui fixait toujours le firmament.

Parfois, nos plus grandes actions ne sont qu'une goutte dans l'océan… et parfois, un simple geste anodin peut changer toute une vie. Tel est le destin. Et il ne tient qu'à nous de suivre son cours là où il nous porte. Peut-être finira-tu sur la berge, dans les rapides, ou atteindras-tu la mer… Seul le temps nous le dira.

Roxas fixa un instant cette vieille personne contemplant le ciel sans crainte, comme prête à affronter les épreuves qui l'attendaient, et repensa à ce qu'il s'était passé ces dernières semaines. Il avait évité Axel et l'emploi de la Fusion, l'un pour une raison inconnue et l'autre par respect ; mais d'un autre côté, il s'était excusé envers Kairi, Donald, Dingo, et était revenu là où la Cité virtuelle avait été détruite. Il avait évité certains risques et en avait prit d'autres. Et étrangement, il n'était pas sûr de savoir lesquels lui étaient les plus coûteux.

Tout d'un coup, il se sentait presque courageux, mais encore trop inquiet pour tout affronter ; ou peut-être tout affronter tout seul.

Alors qu'il réfléchissait, la voix de la grand-mère s'éleva à nouveau, cette fois teintée de tristesse :

- Je dois te l'avouer… Je souhaite moi aussi retrouver quelqu'un qui m'est très chère.

Surpris par cette soudaine confession, l'adolescent s'approcha, curieux :

- Vraiment ? Qui ? Je peux vous aid…

- Ne t'embarrasses de questions, mon enfant, fit-elle reconnaissante mais résignée. Cela fait bien longtemps que je n'espère plus la revoir.

- Oh…

Roxas se sentit un peu bête pour cette réponse et ses questions indiscrètes. Mais quelque chose en lui le poussa à insister :

- Mais… vous voulez quand même savoir ?

La vieille dame le regarda alors et sourit, d'un sourire reconnaissant mais empli d'une tristesse qui fendit le cœur de l'adolescent :

- C'est mon vœu le plus cher. Chaque jour, je prie pour qu'enfin je sache ce qu'elle est devenue… Mais ce jour n'est hélas pas arrivé, conclut-elle en baissant tristement les yeux.

- Vous… n'avez pas cherché ?

Elle contempla encore l'horizon, son regard bleu assombri par cette même ombre qu'il avait vu peu avant.

_ Dès que j'ai pu revenir ici, j'ai cherché partout dans les endroits où nous aimions nous balader, dans les lieux qu'elle adorait… Mais plus jamais je ne l'y ai vue. Cela fait des années que j'ai cherché, sans que je réussisse… À présent, je ne souhaite que son bonheur, où qu'elle puisse être. Le reste n'a pas d'importance, fit-elle en portant la main à la poitrine.

La triste résignation de la grand-mère serra le cœur du garçon, qui sans savoir pourquoi avait une inexplicable envie de l'aider à son tour. Mais il n'eut pas le temps de s'affliger qu'elle lui sourit à nouveau chaleureusement malgré l'ombre sur son visage :

- Ne t'en fait pas, mon garçon… Je sais mieux que quiconque que mon temps est compté. Je profite de ce que la vie m'offre, et espère que ma très chère enfant soit sauve et heureuse là où elle est. Je n'aurai sans doute plus le temps de la revoir, mais je suis sûr que toi tu retrouvera la personne que tu cherches tant.

Roxas fut touché de son soutien, mais ne pouvait chasser ce sentiment qui lui creusait la poitrine. Lui n'avait pas vraiment besoin de savoir où était Sora, ni même de le ramener si tôt quand cette pauvre dame avait passé tant de temps à chercher quelqu'un de cher et ne pouvait même pas savoir comment elle allait ! C'était tout simplement injuste.

- Vous êtes sûre que je ne peux pas vous aider ? Je peux peut-être chercher avec vous, ou demander à mes amis…

- Tu es d'une grande gentillesse, mon enfant. Je désire plus que tout la retrouver, c'est vrai, cependant je sais au fond de moi qu'elle va bien. Mon cœur le sait, même si mon vieux cerveau en veut la confirmation à tout prix, fit-elle avec un léger rire. Et toi ? Es-tu sûr que je ne peux pas t'aider ?

- Ah… euh, sans vous vouloir vous vexer je crois que ça serait vraiment trop compliqué à expliquer, vous savez… répondit le garçon en se grattant la nuque, gêné.

La vieille dame lui sourit encore, ne semblant le moins du monde offensée, puis hocha doucement la tête :

- Si tu le dis… Mais sache une chose, mon enfant : parfois, ce qui nous semble bien loin n'est en réalité qu'à notre portée. Celui que tu cherches n'est peut-être pas aussi éloigné que tu le crois.

Le conseil perturba quelque peu l'adolescent, mais il hocha la tête en retour, reconnaissant :

- Merci. Je m'en souviendrai, madame.

Cette dernière lui sourit encore, puis reporta son regard profond vers le ciel à présent presque entièrement orangé. Ses yeux devinrent mélancoliques, comme recherchant dans ces étendues célestes la réponse à une question connue d'elle seule, et un sourire triste s'étira faiblement sur ses rides tandis qu'elle soufflait en un doux murmure :

- Ma tendre enfant chérie, où que tu sois, j'espère que la lumière continue de te guider. Crois en elle, et les Ténèbres ne pourront jamais te vaincre.

Roxas la regarda un instant, alors qu'elle serrait la main sur son cœur comme en une prière.

Et tout d'un coup, une lueur lui traversa l'esprit tel un éclair.

Des images et des sons brouillés défilèrent dans sa tête, comme un film mal enregistré ; un tunnel d'où surgissait de la Lumière, alors qu'il volait vers elle ; une salle verte aux grandes étagères, et une voix douce qui contait une histoire.

Des souvenirs qui n'étaient pas les siens, et en même temps un peu les siens…

Ton cœur rayonnera de son pouvoir et repoussera les Ténèbres.

Comprends-tu, …?

Roxas secoua la tête, essayant de reprendre le contrôle d'une mémoire qui ne lui était pas sienne. Le résultat était flou, imprécis, comme s'il essayait de…

- Tout va bien, mon enfant ?

La voix de la grand-mère sortit enfin l'adolescent de sa transe, alors qu'il réalisait qu'il avait porté la main à sa tête encore bourdonnante de l'expérience :

- O-Oui, oui je, c'est rien, c'est rien…

Essayant de rassembler ses esprits, le garçon ferma les yeux, retraçant sans vraiment le vouloir les dernières images qu'il avait pu voir. C'était incompréhensible, et bizarre, comme une sensation de déjà-vu qu'il était sûr de ne jamais avoir vécu. Mais il comprit ce que c'était ; encore une manifestation de Sora, ou plutôt de ses souvenirs, à cause d'un stimulus extérieur…

Alors qu'il tentait de se reprendre, le regard du jeune homme tomba sur la vieille dame, inquiète et semblant prête à le prendre dans ses bras. Son esprit embrouillé revint un instant sur les quelques fragments de souvenirs encore nets ; et soudain il eut un déclic.

L'adolescent fixa le vide, les yeux écarquillés alors qu'il liait les pièces du puzzle devant lui, et son cœur battit tout à coup la chamade sans qu'il ne sache si c'était lui ou Sora qui réagissait ainsi.

- Es-tu sûr que tu vas bien ? Tu semblais énormément souffrir…

La grand-mère s'interrompit lorsque l'adolescent lui saisit subitement les mains, s'agenouillant à sa hauteur :

- Madame, vous voulez toujours retrouver cette personne dont vous m'avez parlée, n'est-ce pas ?

- J-Je… Oui, plus que tout, mais j-

- Venez avec moi, s'il vous plaît ! Je crois que je peux vous aider ! répondit tout aussi vite l'adolescent en se redressant.

Quelque peu prise de court, la vieille dame hocha néanmoins la tête : Roxas n'attendit pas plus et s'élança dans les rues, manquant presque de la traîner dans son empressement.


Après quelques minutes de course suffisamment lente pour que la senior puisse suivre, ils arrivèrent au bâtiment du comité ; l'adolescent poussa aussitôt la porte, surprenant Aerith toute occupée à fouiller des cartons :

- Oh, bonjour… qu'est-ce je peux faire pour vous ? fit-elle en remarquant la vieille inconnue.

- Ah, Aerith, tu tombes bien, dit le garçon essoufflé… Tu peux t'occuper de cette dame s'il te plaît ?

La jeune femme haussa un sourcil, tandis que l'adolescent s'approchait rapidement et lui expliqua entre deux souffles :

- Elle cherche quelqu'un qui vivait par ici avant, alors je l'ai amenée… Tu pourrais-

La porte menant chez Merlin s'ouvrit soudainement, laissant passer Cid qui s’écria aussitôt en voyant le jeune homme :

- Ah tu tombes bien Rox-machin, Donald et Dingo sont arrivés ! Ils t’attendent au hangar !

L'intéressé laissa échapper un bruit de surprise, mais se tourna vers la vieille dame qui attendait près de l’entrée et se pencha gentiment à sa hauteur :

- Je suis désolé, je dois partir… Restez ici, je suis sûr que quelqu’un pourra vous aider à retrouver cette personne que vous cherchez.

- Oh… Très bien, je vais attendre, acquiesça avec reconnaissance la grand-mère après une hésitation.

Le garçon sourit, puis se tourna une dernière fois vers Aerith pour lui passer le relais et présenter le reste des personnes vivants ici à la vieille femme ; et sans attendre une réponse de qui que ce soit, le garçon s'éclipsa prestement au hangar à vaisseaux, sans que personne ne le retienne.

La jeune femme installa la doyenne dans un fauteuil, et tandis qu’elle allait demander quelle personne elle recherchait, la porte du QG s’ouvrit à nouveau ; croyant que c’était encore Roxas, les deux femmes se tournèrent vers la nouvelle arrivante. Cette dernière semblait préoccupée, mais s’arrêta net quand elle distingua la petite silhouette juste à côté de lui.

Les deux femmes se fixèrent dans les yeux, toutes deux figées ; mais alors que pour l'une c'était de perplexité, pour l'autre c'était d'un bouleversement total.

La grand-mère fixa de ses yeux écarquillés la belle jeune fille devant elle, comme face à une apparition divine. Cette dernière la dévisagea, un peu étonnée et surtout confuse face à ce visage étranger et qui pourtant éveillait des sentiments familiers, rassurants. La vieille dame s'avança alors doucement, tremblante, comme n'osant pas bouger de peur que tout ne disparaisse sous ses yeux tandis que la Porteuse la fixait toujours, perdue et cherchant la réponse à la question que lui posait ce visage tendre. La doyenne leva lentement les mains vers elle, hésitante, avant que ses traits ne deviennent soulagés tandis que ses yeux bleus vieillis ne miroitent de joie :

- J'ai prié durant tant d'années pour juste savoir ce que tu étais devenue… et te voilà, devant moi…

Soudain quelque chose se brisa dans la tête de la jeune fille, et elle écarquilla les yeux, pétrifiée, alors que les souvenirs flous mais palpables remontaient dans son esprit. Elle se mit à trembler à son tour, stupéfaite, voulut porter les mains à la bouche et finit par tomber à genoux sous le choc. La vieille dame s'approcha encore d'elle, levant ses mains ridées vers le visage blême mais plein de vie de la demoiselle, et caressa avec la plus grande douceur sa joue :

- Tu étais si petite dans mon souvenir… et regarde-toi, tu es une belle jeune fille maintenant, dit-elle en souriant tendrement.

La jeune fille hoqueta, muette, tandis que les larmes coulaient toutes seules :

- T-Tu… c… c'est toi ?

Cette fois, ce fut au tour de la grand-mère de pleurer de joie, en contemplant toujours sa petite-fille avec tendresse.

- Tu as tellement grandi, Kairi.

Ces simples mots finirent de briser le carcan dans sa mémoire, alors que les larmes serraient son cœur dans un étau douloureux mais chaleureux.

Tout s'effaça autour d'elles, et le monde retrouva soudain sa Lumière.


Mettant en fuite les Sans-cœurs de sa zone, le Porteur de Souvenirs d'été ne put s'empêcher de repenser à Kairi. Il était parti trop tôt pour savoir, pressentant qu'il n’avait déjà plus sa place et surtout pour éviter de recroiser la Princesse, mais… avait-il vu juste…? Était-elle bien la personne que cette vieille dame recherchait tant ?

Un Gladiateur volant se jeta brusquement sur lui, le sortant de ses pensées alors qu'il éliminait prestement la menace. Il devait vraiment arrêter de trop réfléchir, ça commençait à devenir dangereux…

Jetant un œil à ses camarades, l’adolescent comprit qu’ils reprenaient leur exploration du coin et les rejoignit. Tandis qu’ils parcouraient leur zone du jour, l’esprit du garçon retourna vers ce jour particulier : Donald lui avait passé un savon lorsqu’ils s’étaient retrouvés au hangar du Jardin Radieux, mais ne lui avait pas demandé comment il avait fait pour passer des Îles du Destin à l’ancienne place forte des Ténèbres sans vaisseau ; à son grand soulagement, il devait l’avouer. Il n’arrivait déjà pas à comprendre pourquoi il créait des Portails de Ténèbres, inutile d’avoir les questionnements du canard en plus.

Il ne savait toujours pas non plus pourquoi la cachette secrète de l’île de jeu lui conférait cette sensation si étrange ; il était parti trop vite pour le savoir. Enfin, peut-être que s’il était resté, il y aurait eu autre chose qui lui aurait fait peur…

La Princesse de Cœur. Il n’avait pas oublié leur accord ; et s’il pouvait arguer que leur rencontre était parfaitement fortuite, il n’avait nulle envie de s’attirer sa colère, même accidentellement. De plus, la conversation qu’il avait surprise… non, il n’avait pas à s’occuper de ça. C’était entre Kairi et…

La voix du magicien fit lever le nez de l'adolescent, dirigeant son attention vers les Sans-cœurs qui venaient d’apparaître ; visiblement le canard comptait bien profiter d’eux pour se venger des jours perdus à faire des pompes au colisée. Content d’avoir lui aussi autre chose pour lui occuper l’esprit, le garçon dégaina sa Clé crépusculaire et fonça sans tarder dans la baston.

Un double Brasier vint incinérer une Ombre fugitive, alors que Dingo vérifiait qu'aucun autre monstre ne restait dans leur zone du jour. Roxas et Donald se fixèrent l'un l'autre, avant que ce dernier ne pointe fièrement son bâton vers le jeune homme :

- J'allais l'éliminer en premier ! T'avais pas besoin d'en rajouter !

- Oh te vexes pas, je voulais être sûr que ça allait pas juste lui cramer les fesses dans sa fuite, fit l'adolescent en faisant habilement tourner sa Keyblade-trophée.

Le magicien allait en rester là quand il comprit le sous-entendu et s'apprêtait à s'égosiller quand il s'éloigna rapidement avec un léger sourire malicieux. Le canard grommela en serrant les poings, ne sachant pas s'il préférait ses remarques moqueuses au traitement glacial d'avant. Le garçon le regarda un instant bouder, avant de sourire en reportant son attention vers Thèbes et la mer lointaines. Elles paraissaient si petites depuis leur falaise…

Quand un grand bruit gronda juste en dessus.

Dans un horrible instant de réalisation, l’adolescent comprit ce qui allait arriver. Son pied fit un pas en arrière tout seul, alors que son regard se baissait machinalement vers le vide qui allait l’appeler dès que la corniche aurait fini de s’effondrer sous lui.

- ROXAS !

Au même moment, deux mains se posèrent sur ses épaules, comme une tentative désespérée de le protéger de son sort imminent, pile lorsque le Porteur posait ses yeux sur le gouffre devant eux…

Le gouffre qui n’existait tout simplement pas.

Juste à cet instant, la corniche s'effrita sous leurs pieds, les faisant tout trois glisser dans une pente terreuse. Roulant dans le ravin en soulevant un nuage de poussière, ils s'arrêtèrent enfin dans une petite clairière parsemée d'arbustes ; reprenant son souffle en essayant de calmer son pauvre cœur après cette terreur panique, Roxas inspira à fond et s'assit, se massant le crâne :

- Quelle descente, ça va les gars ? fit-il en se tournant vers eux.

Donald bafouilla une réponse incompréhensible alors que ses pupilles tournaient encore bizarrement dans leurs orbites, tandis que Dingo levait un pouce malgré sa position jambes par-dessus tête :

- Juste un peu renversé !

L'adolescent ne put s'empêcher de sourire malgré sa frayeur, rassuré de les voir en bon état et un peu amusé par leur situation.

Mais soudain un frisson glacial envahi ses os, comme un pressentiment maléfique. Sentant la présence avant de la voir, il leva les yeux vers l'autre côté de la clairière où ils étaient tombés.

Son regard croisa aussitôt ceux des silhouettes familières vêtues de sombre, elles aussi figées devant leur arrivée surprise.

Un improbable duo bien connu qu'ils s'attendaient pas à voir ici.

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