Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 25 : Nouveaux amis - Souvenirs d'été

11008 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/02/2024 21:28

Après de nombreuses journées remplies d'action, Roxas a pu goûter à son premier jour de congé depuis longtemps… et peut-être même de toute son existence. Peut-être est-ce le premier pas vers son retour…

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Les choses allaient enfin comme elles le devaient.

Tout ne se passait pas toujours aussi vite ou bien que voulu, mais Donald et Dingo étaient soulagés de voir Roxas s'ouvrir et vivre en adolescent ordinaire, comme ils s'efforçaient de l'y aider depuis que Sora leur en avait confié la garde.

En même temps, peut-être faisaient-ils plus de vrais efforts envers lui qu'avant. Mais ça n'en retirait pas l'évolution du jeune garçon qui passait de complètement renfermé sur soi à réceptif à l'attention portée ; et ça, il ne le devait qu'à lui-même. L'adolescent était réservé, mais intéressé par les nouvelles choses, comme un enfant découvrant le monde.

Peut-être même l'était-il, cet enfant.

Ses élans curieux contrastaient cependant beaucoup avec ses habitudes plus strictes de l'entraînement et des excursions. Il adaptait son combat avec ses camarades et ne tapait plus comme un malade lors de leurs duels, mais le reste était toujours sérieux, carré, comme s'il prenait l'exercice très à cœur ; au contraire de Sora qui voyait ça d'un œil certes concentré s'il le fallait, mais détendu, amical…

Même si dans ses derniers entraînements, il était resté très centré sur la récupération des forces perdues de son Examen…

C'était encore un peu compliqué de s'adapter à ces deux facettes du jeune homme, mais les derniers évènements rendait cela beaucoup plus facile qu'au premier jour. L'adolescent faisait autant d'efforts pour aller vers eux qu'il en mettait durant leurs durs entraînements, et ce malgré quelques maladresses : une fois, pendant un combat contre une foule Sans-cœur, lui et Dingo avaient enclenché une Coopération Partenariat pour en finir vite fait ; mais Roxas n'avait manifestement pas l'habitude de lancer à coup de Keyblade un bouclier tenu par un camarade se trouvant juste à côté, étant donné le large swing ayant bien failli coûter son chapeau (et peut-être autre chose) au capitaine. Et contrairement à ce que Donald avait apparemment cru, l'expression choquée du garçon prouvait que c'était parfaitement accidentel.

Le duo s'était promis d'apprendre leurs Coopérations au jeune homme dès la fin de leur mission, le magicien s'étant d'ailleurs porté volontaire pour commencer avec les siennes, au grand dam de son élève.

…D'ailleurs, pensa alors Dingo tandis qu'ils rentraient au colisée, il n'y avait pas que ça que Roxas n'avait pas travaillé dernièrement. Qu'était-ce déjà… ah oui, bien sûr.

La Fusion.

Depuis son dernier retour, l'adolescent n'avait toujours pas utilisé cette technique une seule fois, même lors de longs combats. Quant à savoir si c'était parce qu'il n'y arrivait plus à son tour ou s'il avait tout simplement cessé de le faire, c'était un mystère.

En dehors de tout cela, et malgré l'ambiance parfois maladroite entre les trois camarades d'entraînement, tout allait pour le mieux ; tout semblait démontrer que, petit à petit, les choses s'arrangeaient enfin pour le jeun homme et ses amis.

Et ce qui arriva en cette journée ne fit que le confirmer.


La mission du jour les vit explorer une zone au pied du Mont Olympe, où les Sans-cœurs s'étaient regroupé récemment ; Hercule y avait interdit le passage le temps qu'on se charge des créatures.

Les trois camarades progressèrent rapidement, éliminant sans plus de difficulté les monstres certes nombreux mais pas différents de d'habitude. Cependant leur excursion les mena rapidement à des gorges ombragées et partiellement fermées ; et tout aussi vite, les deux amis remarquèrent un changement dans l'attitude de Roxas.

Lui qui n'hésitait pas à ouvrir la marche était à présent sur la retenue, laissant ses camarades aller devant ou scrutant les environs, et surtout les hauteurs.

Donald et Dingo avaient déjà une petite idée de ce qui provoquait ce comportement ; mais leur arrivée à un passage complètement fermé le leur confirma lorsque le garçon s'arrêta net, refusant de les suivre.

- Il y a un problème ? fit le canard en se retournant vers lui.

Pour toute réponse, l'adolescent fixa le tunnel, blême et craintif, avant de lâcher :

- …J'aime pas cet endroit.

- Tu veux rester ici le temps qu'on explore ? proposa le chien.

- NON !

Le garçon baissa rapidement les yeux en voyant les deux compagnons sursauter à sa réaction, et murmura doucement :

- Non, je veux dire qu… J'ai pas envie de rest-de vous laisser y aller seuls, bafouilla-t-il en contemplant le sol.

Le duo s'échangea un regard, puis s'approcha de l'adolescent :

- Tu veux qu'on s'arrête pour aujourd'hui ? fit gentiment le capitaine.

Roxas fixa alors le passage, semblant en proie à un conflit intérieur, puis fronça les sourcils et s'avança, droit et les poings fermés malgré le subtil frisson de ses membres :

- Non. On va voir et on s'en va.

Les deux amis ne discutèrent pas plus et rejoignirent l'adolescent, groupés alors qu'ils pénétraient tout trois dans le passage obscur.

Une flamme brûlant doucement au bout de son bâton, Donald inspecta immédiatement les hauteurs à la recherche de la moindre forme arachnoïde ; mais seuls le contour des rochers se dessina à la lueur de sa torche. Soulagés mais pas rassurés pour autant de l'absence de mygale géante, le petit groupe poursuivit doucement sa route vers l'autre côté, scrutant chacun les ombres pour éviter l'embuscade.

Mais contre toute attente, la traversée se passa sans encombres. Arrivés au bout, les trois amis furent un instant aveuglé par la lumière du dehors. Quand ils purent rouvrir leurs yeux, ce fut pour voir un spectacle à leur couper le souffle.

Le tunnel débouchait sur une cuvette rocheuse où poussait une verdoyante praire. La sortie de la caverne était un peu en hauteur, formant une corniche peu élevée, et un petit sentier menait au centre de la clairière où un simple rocher se dressait tel un autel taillé par l'homme. L'endroit n'avait aucune autre issue que la grotte d'où ils venaient, mais vu l'offrande florale relativement récente, le passage humain régulier était certain.

Les trois compagnons admirèrent un moment cette beauté naturelle de l'érosion, avant que Roxas ne s'avance vers le rocher central. Le garçon constata que la pierre avait été largement abîmée par le temps et les intempéries, comme si les lieux avaient été témoins des siècles passés. Quelques figures gravées dans la roche pouvaient encore être distinguées sur les faces de l'autel, mais impossible de les reconnaître.

Le groupe inspecta encore un peu les environs à la recherche de Sans-cœurs, mais aucun n'avait pénétré ici. Ce fut donc avec un léger sourire sur le visage et heureux de leur découverte que les amis retournèrent dans le passage inquiétant.

- On dirait qu'on a rempli notre mission du jour, fit joyeusement Dingo.

- Ouais, faudra qu'on vérifie quand même si y'a pas des Sans-cœurs dans le coin, marmonna Donald en éclairant la grotte de son bâton.

L'adolescent allait acquiescer, content de leur travail du jour, quand une drôle d'impression lui tomba sur les épaules, comme une sensation fraîche… qui au lieu de le mettre sur ses gardes le rassurait presqu-

Oh.

L'adolescent scruta immédiatement les environs, inquiet ; cette impression d'aise ne pouvait vouloir dire qu'une chose. Une très mauvaise chose.

« Ah non ! Vous allez pas vous y mettre les chauves-souris ! » râla soudain Donald suite à un battement d'ailes dans les hauteurs.

Machinalement, le canard leva son bâton enflammé en un geste agacé vers les supposés chiroptères, poussant instinctivement Dingo et Roxas à lever les yeux à leur tour. Dans les ombres des hauteurs, plusieurs formes oblongues et crochues pendaient des rochers, comme autant d'épées noires au-dessus de leurs têtes. Un frisson parcourut la masse, comme un signe d'éveil, alors que l'adolescent avait une soudaine épiphanie :

- Les gars…

C'est pas des chauves-souris.

Juste à ces mots, la foule d'ombres au plafond s'agita encore et se tourna vers le groupe… révélant une multitude d'iris jaunes et luisants.

Dans un instant de lucidité, les trois compagnons invoquèrent en un seul éclat leurs armes, une seconde avant que la nuée de Sans-cœurs ailés ne fondent sur eux. La masse évita le Brasier X que Donald venait de lancer et piqua droit sur les deux autres, leurs têtes aiguisées en avant. Si le bouclier arrêta net ceux ayant visé Dingo, Roxas ne fut pas si chanceux et reçut la charge qu'il ne put parer complètement de sa Clé blanche. Le canard déchaîna immédiatement une volée de Glacier X sur les volatiles les plus proches, gelant la plupart d'entre eux pour que ses camarades les achèvent sur place.

La horde se sépara alors en deux ; tandis que les uns revenaient à la charge, les autres se dispersèrent dans toute la grotte en encerclant le groupe, comme préparant un plan sinistre. Un Miroir bien placé de Roxas repoussa les monstres fondant sur eux, éliminant certains avec sa riposte, mais comme un seul être ceux restés à l'écart battirent de leurs ailes et envoyèrent sur le groupe une volée de plumes noires acérées. Le capitaine se défendit assez bien grâce à son arme, mais malgré tout ses efforts pour les couvrir plusieurs projectiles piquèrent sans pitié ses deux camarades qui essayaient de gérer la charge des chiroptères.

Agacé par l'essaim qui lui avait envoyé des plumes piquantes dans les fesses, le magicien retroussa ses manches et enflamma les environs, bien décidé à montrer à ces volatiles de quel bois ils se chauffaient. Ses cercles de feu eurent raison des plus téméraires, mais la masse était encore bien trop importante pour déclarer victoire. Alors qu'il se retournait pour frapper une créature approchant trop près, son regard rencontra celui du jeune homme qui s'était tourné vers lui, une main levée dans sa direction ; sans savoir pourquoi, ses yeux se baissèrent sur la paume tendue, et il l'entendit à peine murmurer :

- Donald, j…

Mais sans explication, le garçon se tut tout aussi vite, puis se détourna du magicien pour éliminer des chauves-souris de son côté. Donald ne put s'empêcher de se demander ce qui avait bien pu faire hésiter l'adolescent, avant d'envoyer précipitamment un Brasier X sur un monstre le ciblant en traître.

La nuée de créatures s'arrêta alors un instant, comme ayant enfin leur compte ; mais elles se replièrent sur elles même tels de sombres parapluies et fondirent sur le groupe en tournoyant, rasant le sol. Donald et Dingo les évitèrent en sautant au-dessus ou hors de portée, mais Roxas n'en eut pas le temps et les monstres lui lacérèrent les jambes. Grimaçant de douleur, il se dégagea d'une Onde circulaire et conjura dans l'instant une Foudre qui électrisa toute la masse. Décidant de profiter de cette accalmie, le garçon décampa aussitôt vers la sortie la plus proche, menant à la doline, bientôt suivi par ses deux camarades.

Certaines créatures les coursèrent jusqu'au grand jour, mais quelques sorts et coups de bouclier en eurent vite raison. Enfin débarrassés d'elles, le groupe reprit haleine, épuisés par l'expérience. Donald souffla un grand coup, pas fâché d'avoir la paix, avant de faire un bond en voyant l'adolescent ; de multiples coupures et lacérations couvraient ses bras et jambes, et une fine mais remarquable ligne rouge marquait sa joue alors qu'une minuscule goutte de sang y perlait doucement.

- Roxas ! T'as vu dans quel état tu es ?

- C'est rien, juste des égratignures, c'est mon pantalon le pire, fit le garçon devant les lacérations de son vêtement pendant tristement comme un short mal découpé.

- Pas de ça avec moi ! répliqua le canard en levant son bâton, incantant un Soin sur le champ.

Mais il n'eut même pas le temps de finir le sort qu'une pluie de flèches s'abattit sur eux par surprise. Dingo eut juste le temps de les protéger des plus dangereuses avant qu'ils ne lèvent les yeux vers les coupables, d'autres Sans-cœurs au vague aspect d'archers nains à longs bonnets rouges. Par réflexe, les trois camarades se mirent à couvert dans la grotte, mais la nuée de chauves-souris obscures les accueillit à grand renforts de piqués. Coincés entre le marteau et l'enclume, le groupe préféra tenter de passer la pluie de flèche, bien moins forte et régulière que celle des volatiles, et fonça lors d'une accalmie.

Une fois les tireurs en vue, les trois compagnons firent virevolter leur magie, bouclier et Keyblade dans leur direction, n'en faisant rapidement qu'une bouchée. Mais comme si ça suffisait pas, une nuée d'Ombre qui n'avait visiblement attendu que ça pour apparaître émergea du sol, encerclant le groupe.

Et juste quand ils finissaient de débarrasser les créatures du plancher, un rugissement tonitruant retentit dans la montagne, résonnant jusque dans la chair des trois camarades. Ils se retournèrent juste à temps pour voir un géant armé d'une hache au masque repoussant atterrir dans la clairière en un véritable tremblement de terre.

Le mastodonte retira sa hache de l'autel où elle s'était plantée et rugit encore ; face à un tel monstre de roc et d'armure, les compagnons choisirent purement et tout simplement la fuite.

Sauf que le monstre se dressait entre eux et la grotte, et ne semblait pas prêt à les laisser gentiment passer. Les trois camarades s'échangèrent un regard, hochèrent la tête de concert et partirent d'une traite chacun d'un côté, juste avant que le Sans-cœur n'abatte son arme sur leur emplacement précédent. Tandis que Donald et Dingo contournaient le mastodonte, Roxas s'élança au contraire droit sur lui et glissa agilement entre ses minuscules jambes, profitant au passage pour lui envoyer un Glacier à bout portant pour essayer sans succès de le geler.

Mais juste quand il se redressait pour sprinter vers le passage, quelques Soldats apparus avec le géant se jetèrent sur l'adolescent, le forçant à rouler loin de leur griffes et de la sortie tant espérée. Le garçon trancha les créatures les plus proches dans la foulée, espérant avoir le temps de courir vers la grotte ; mais le Sans-cœur géant tournoya sur son arme en projetant des rochers dans toutes les directions, forçant le jeune homme à les parer pour éviter une blessure grave. Il eut à peine le temps de baisser le bras que le mastodonte revint à la charge, faisant lourdement valser sa hache. Levant sa Keyblade pour se protéger, Roxas parvint à intercepter le coup mais fut déséquilibré ; et il ne put arrêter le revers qui frappa violemment, l'envoyant voler jusque contre un mur de la doline.

Choqué et sonné par le coup, l'adolescent retomba lourdement à terre, lâchant malgré lui sa Keyblade qui se dissipa en plumes de Lumière. Alors qu'il peinait à se redresser, le souffle court, un cri de peur commun l'appela et il distingua les silhouettes de Donald et Dingo se précipiter vers lui, juste à temps pour le protéger d'un nouveau jet de rocs. Le dernier projectile frappa si fort qu'il désarçonna le chevalier et rompit la barrière du mage, les faisant tomber à la renverse.

Alors qu'ils essayaient tous de reprendre leurs esprits, le géant de pierre poussa un cri tonitruant qui fit vibrer jusqu'à leur squelette, avant de brandir sa hache comme pour les intimider.

Les deux adultes se relevèrent aussitôt armes au poing, prêts à protéger l'adolescent encore à terre. Mais tous deux savaient que parti comme ça, le combat risquait fort de mal se terminer ; ils devaient fuir au plus vite, ou trouver une tactique super puissante pour tuer ce monstre avant que…

- Les gars.

La voix sûre et claire de Roxas les prit par surprise. Se retournant vers l'adolescent qui venait de poser la main sur leurs bras, ils le virent fixer intensément le Sans-cœur en face, une lueur étrange et familière dans le regard. Inspirant profondément comme pour se donner du courage, le garçon détacha alors du monstre ses iris de ciel pour les plonger dans ceux de ses compagnons, les regardant droit dans les yeux d'un air à la fois incertain et confiant. Et il demanda alors, d'une voix résolue mais tremblante :

- …Est-ce que vous me faites confiance ?

Le temps sembla se figer pendant une seconde, alors que les deux amis fixaient surpris l'adolescent qui toujours les regardait intensément, de ce regard déterminé mais aussi hésitant comme implorant une faveur qu'il n'était pas sûr de mériter.

Et la sensation familière leur vint à eux aussi.

Les deux amis hochèrent de concert la tête, un sourire et regard déterminés répondant à celui inquiet du jeune homme. Ce dernier écarquilla brièvement les yeux, puis une lueur reconnaissante éclaira ces iris de ciel tandis que le garçon se relevait, s'élançant sans flancher vers le géant en pleine charge alors que ses mains se posaient sur l'épaule de ses deux compagnons.

Et une Lumière comme nulle autre pareille envahit la clairière.


Contemplant la lumière du Gummi à travers son cristal, Roxas laissa échapper un sourire malicieux.

Phil s'était emporté comme pas possible lorsqu'ils étaient revenus de leur excursion couverts de bleus et avait d'emblée réduit leur temps d'excursion pour les missions prochaines, alors que c'était lui-même qui les avaient envoyés éliminer des Sans-cœurs, bien qu'il ne devait pas s'attendre à ce qu'un Géant de Roc et ses sous-fifres aient investi le coin. Mais c'était pas le sermon comique malgré son inquiétude qui faisait sourire l'adolescent.

C'était sa Fusion avec Donald et Dingo.

S'il avait arrêté d'emprunter à tout va la force des amis de Sora depuis son dernier retour, c'était autant par hésitation que par respect envers eux. Après tout ce qu'il s'était passé, il avait secrètement décidé d'être cordial ou au moins d'essayer, au lieu de les ignorer eux et leurs sentiments. Et ne pas invoquer la Fusion faisait partie de cette tentative.

Il n'avait jamais oublié ce que Donald avait dit le jour où il avait activé la Maîtrise : "Faire des Fusions à tort et à travers c'est dangereux pour nous tous !". Même si son comportement laissait penser le contraire, cet avertissement lui était resté. C'était en partie pour cela qu'il n'arrivait jamais qu'à utiliser brièvement cette capacité.

Sauf que ce jour-là, lorsque le Sans-cœur les avait acculés dans cette clairière, l'urgence l'avait poussé à activer ce pouvoir. Mais avant ça… il voulait l'accord de Donald et Dingo. Il ne voulait plus se servir d'eux à sa guise, même si la situation ne leur laissait pas le choix.

Mais quand ils l'avaient fixé en retour, de ce regard sûr et déterminé, il avait sentit une intense chaleur se propager depuis sa poitrine dans tout son corps. Et là, la puissance de leur Fusion fut décuplée, comme si leur accord commun avait déclenché la vraie force de ce pouvoir.

Et voir le Sans-cœur géant recevoir un double disque de Keyblades dans la face n'en avait été que plus jouissif.

L'adolescent ne put empêcher de sourire un peu plus en revoyant le déchaînement magistral de Foudres et Glaciers et Brasiers et Keyblade virevoltante qu'il avait abattu sur le monstre, qui bien que résistant n'avait pu tenir tête à la force sans précédent de cette Maîtrise. Oui, ça avait été un magnifique final, même s'ils s'étaient retrouvés tout les trois complètement épuisés juste après. Encore heureux qu'Hercule ait eu l'idée d'aller les chercher.

Roxas se redressa du canapé en entendant Donald arriver, ses pieds palmés claquant sur le sol étrangement métallique du vaisseau de gomme :

- …t'envoie bousiller du Sans-cœur et ça t'empêche de partir parce que t'en a rencontré, stupide entraîneur…

- Toujours à râler contre Phil ? fit l'adolescent au magicien qui ne l'avait pas vu.

Surpris dans sa tirade, l'intéressé se contenta de lancer un regard agacé à son camarade avant de partir vers sa chambre, alors que Dingo revenait justement du couloir :

- J'ai vérifié les moteurs et les canons, tout va bien.

- Oui, oui, on a déjà vérifié ça y'a même pas une semaine, répliqua le canard sans se retourner, on devrait plutôt être en train de s'assurer qu'il y ait pas de Sans-cœurs dans le coin au lieu de rester ici à rien faire !

- Et si on allait quelque part ? fit alors Roxas.

Sa proposition interpella ses camarades qui se tournèrent vers lui, alors que l'adolescent réalisait qu'il avait pensé tout haut.

- …Tu veux aller quelque part, Roxas ? demanda gentiment le chien.

Le garçon détourna la tête, comme si quelque chose le dérangeait sans qu'il veuille en parler. Les deux amis s'échangèrent un regard, puis le capitaine s'approcha doucement du jeune homme :

- Roxas… Est-ce que…

- En fait… Je crois qu'il y a un endroit où j'aimerai être, avoua l'adolescent en se tournant vers eux sans vraiment les regarder, ses yeux contemplant toujours la petite sphère bleue entre ses doigts.


Roxas avança d'un pas incertain, son visage froncé éclairé de temps à autre par un rai de lumière crépusculaire filtrant à travers les hautes branches. Derrière lui, ses compagnons suivaient en silence, inquiets mais déterminés à l'accompagner.

Plus vite qu'il ne l'aurait voulu, le garçon atteignit l'orée du bois, alors qu'à une simple dizaine de mètres se dressait la silhouette inchangée du manoir abandonné. L'adolescent fixa sa haute façade, songeur, puis baissa doucement les yeux vers la clairière devant les murs de brique avec appréhension. La vue d'un emplacement noir et dépourvu d'herbe verte juste devant la grille le glaça, mais il tenta de chasser ce sentiment alors qu'il crispait les poings, tremblant.

- Roxas… tu peux partir si tu ne te sens pas bien, lui dit alors doucement Dingo en s'approchant tandis que Donald posait une main compatissante sur le garçon.

Le jeune homme les regarda brièvement, avant de retourner son regard blessé mais déterminé vers la marque sombre :

- Non. Je comprends que ça vous inquiète, mais… je dois le faire.

Ses deux camarades hochèrent la tête, compréhensifs, et l'accompagnèrent solennellement tandis qu'il approchait pas à pas de l'emplacement du bûcher.

Une douleur se resserra de plus en plus dans la poitrine de Roxas tel un étau voulant l'étouffer à mesure qu'il approchait des lieux du crime, tandis que revenaient en un raz-de-marée mental les horribles images de l'évènement. À plusieurs reprises son esprit vacillait, priant pour qu'il tourne les talons loin de ces lieux maudits et de leur désastre ; mais son cœur resta sûr et le guida peu à peu jusque là où sa vie d'avant s'était définitivement arrêtée, presque trois semaines plus tôt.

Debout au pied de là où l'ordinateur, ainsi que tout les souvenirs qu'avait Roxas de ses vacances d'été furent incinérées, l'adolescent resta immobile, contemplant en silence la tache brûlée où reposaient quelques rares minuscules débris. La sensation se resserra dans la poitrine du garçon, alors que son nez se mettait à picoter désagréablement et que son cerveau lui hurlait de s'en aller ; mais il tint bon.

Roxas n'avait pas trop pensé à quoi faire une fois sur place. Mais il laissa parler son instinct, et fit ce qui lui sembla juste.

Après avoir contemplé dans un mutisme des plus solennels la trace du bûcher de sa vie d'antan, le garçon eut comme une impulsion et, lentement, s'agenouilla devant la tombe de ses souvenirs. Donald et Dingo, qui jusque là l'avaient observé en silence par respect pour lui ou peut-être ces données qui n'étaient plus, vinrent alors à ses côtés ; le capitaine se pencha pour être à la hauteur du garçon, tandis que le magicien se tordait les mains hésitant et que Jiminy sur son épaule retirait son chapeau dans un geste de recueillement solennel.

Un instant le garçon croisa le regard triste mais compatissant du chevalier, avant de reporter ses yeux de ciel sur les quelques cendres encore présentes. Ses mains se resserrèrent sur ses genoux, alors qu'il fronçait les sourcils, comme en proie à une douloureuse pensée ; puis il baissa la tête, ses mèches obscurcissant ses iris célestes, et mordit sa lèvre tremblante. Les trois amis s'échangèrent un bref regard avant de s'approcher encore du garçon, inquiet ; et alors qu'ils levaient une main vers lui ou semblaient prêt à le prendre dans leurs bras, la voix brisée mais résolue de Roxas s'éleva :

- D-Donald… Dingo… Jiminy… J… Je dois être seul un moment.

Ses camarades se figèrent un instant, mais ils acquiescèrent et, après avoir chacun posé sa main sur lui en un geste de compassion, s'éloignèrent doucement en silence.

Roxas se surprit à lever les mains vers celles de ses compagnons au moment où celles-ci le quittaient, comme voulant retenir ces paumes rassurantes ; mais son geste s'arrêta à mi-chemin, et il referma les poings sur les genoux, repartant dans son recueillement.

Ses yeux fixèrent encore le peu de cendres restées sur les lieux du sinistre, alors que son regard se posait sur un minuscule débris semblable à un bout de papier consumé par le feu. Une douce brise s'éleva comme un souffle l'entourant, et quelque chose effleura délicatement sa joue, avant de retomber au milieu des cendres.

Une petite fleur violet pâle, aux multiples pétales droits et fins entourant un cœur jaune vif.

Comme attirée par elle, l'adolescent se pencha, intrigué ; une nouvelle brise s'éleva, emportant avec elle la fleur offerte. Mais Roxas tendit les bras et plaqua au sol l'offrande en un geste fébrile, comme terrifié. Après une seconde, comme réalisant sa peur, le garçon souleva doucement ses mains aplaties contre la terre brûlée, révélant la petite fleur toujours au creux de ses paumes.

L'adolescent la fixa un moment, avant de la prendre avec délicatesse pour la regarder de plus près ; ses doigts effleurèrent les innombrables pétales allongés autour du cœur rond, osant à peine les toucher comme craignant de les arracher.

Contemplant la fleur dans ses mains, Roxas se revit quelques semaines plus tôt, courant de toutes ses forces non pour échapper à quelqu'un, mais pour sauver quelque chose de cher. Se revit incapable de faire quoi que ce soit d'autre à part voir ce qui lui était le plus précieux être détruit sous ses yeux. Revit la photo brûler en cendres.

Revit les iris jaunes et luisants d'Axel le fixer froidement.

Un étau resserra encore la poitrine du garçon, alors qu'il fermait les paupières face à ces souvenirs déchirants. Le picotement revint dans son nez et ses yeux, alors que ceux-ci s'humidifiaient lentement. Son esprit lui hurla une dernière fois de cesser cette injuste torture qu'il s'infligeait inutilement.

Mais Roxas rouvrit les yeux, résolu. Serrant une dernière fois la fleur contre son cœur, il fixa les cendres, luttant contre la boule qui se formait dans sa gorge.

Puis, cérémonieusement, il déposa la fleur sur le lit d'herbes grises ; et, pour qu'elle ne soit plus emportée par les rafales, il creusa doucement au pied de la tige et l'enfouit sous la terre cendreuse, la laissant ainsi dressée au cœur du cercle brûlé.

Ses yeux étaient humides, mais il ne pleura pas.

Il contempla une dernière fois la fleur, délicatement plantée sur les lieux du désastre, puis se redressa lentement, renifla, essuya ses yeux, et partit, laissant derrière lui les cendres de son passé disparaître dans les herbes et la brise.


Roxas vit Donald et Dingo restés à l'écart pendant qu'il se recueillait lui faire gentiment signe, avant de repartir lorsqu'il revint vers eux. Baissant la tête alors qu'il replongeait dans ses pensées, il porta instinctivement la main à la poche et en sortit le cristal, le serrant au creux de sa paume comme pour se rassurer.

Son cœur était encore serré de s'être rendu là où il s'était vu perdre tout ses souvenirs et sa vie d'antan ; mais curieusement, quelque chose en était aussi parti. Comme si… faire ça avait encore retiré un poids en lui. Il devrait peut-être demander à Donald ou Dingo comment des expériences déplaisantes pouvait au final lui procurer du bien-être…

Mais il n'eut pas plus le temps d'y penser qu'un cri le poussa à relever la tête ; un peu plus loin, des Sans-cœurs avaient décidé d'attaquer ses camarades par surprise. Sans hésiter, l'adolescent s'élança à leur secours, pulvérisant d'une Clé étincelante les premiers monstres se jetant sur lui. Alors qu'il repoussait à temps les Ombres s'étant ruées sur ses compagnons, une impression étrange naquit au creux de sa poitrine, similaire à la Fusion mais différente ; non, c'était une sensation de chaleur qui grandit et se propagea jusque dans son bras, tel un lien cœur-main serrant fort sa Keyblade reflétant la lueur du couchant. Cette impression bien qu'étrange lui donna de la force, comme un encouragement après le dur moment qu'il venait de passer.

Le combat s'acheva rapidement, alors que le dernier Sans-cœur trépassait sous le Brasier explosif du garçon. L'esprit encore troublé par l'adrénaline du combat et cette sensation dans sa poitrine, l'adolescent reprit son souffle :

- Ça va les gars ? fit-il en inspectant les environs du regard.

Un étrange silence lui répondit, avant que Donald ne bredouille, stupéfait :

- R-Roxas…

- Hum ?

Dingo lui désigna alors quelque chose, les yeux ronds :

- Ta Keyblade…

Roxas les regarda un instant, perplexe, avant de baisser les yeux vers la Clé métallique qui scintillait encore de son invocation.

Et d'avoir le souffle coupé devant sa nouvelle forme.

Entre ses mains, la blanche Tendre Promesse avait cédé la place à une Clé aux ornements extrêmement familiers. Des étincelles d'or perlaient de la tige au panneton semblable aux entrelacs du célèbre trophée de Struggle, où les cristaux jaune, rouge et vert siégeaient à leurs places respectives ; le dernier emplacement était occupé par la médaille que Setzer lui avait glissée pour le convaincre de le laisser gagner, sans succès. Suivant la lame du trophée, l'adolescent vit formant la garde la ceinture du Champion du tournoi ; et au creux de sa main une poignée fraîche, où était gravé dans le bois bleuté sous une petite couronne le mot "WINNER".

Ébahi par la nouvelle forme de l'arme, l'adolescent réalisa soudain que son cristal qu'il serrait de cette même main quelques instants auparavant avait disparu, comme s'étant volatilisé ; s'affolant une seconde, il baissa le regard vers le sol et ce faisant tomba sur le porte-clé de la Keyblade.

Un fin cordon blanc tressé, au bout duquel pendait doucement la précieuse sphère bleue.

Abasourdi, Roxas saisit délicatement l'orbe, le caressant du pouce comme pour s'assurer qu'il était bien réel. Il sursauta lorsque, tirant sans vraiment le faire exprès dessus, le fil se détacha de lui-même et qu'en un éclat de Lumière la Keyblade reprit sa forme de Tendre Promesse. Dans sa paume restait le porte-clé, le cristal bleu roulant doucement entre ses doigts.

Clignant les yeux, le garçon resta figé, avant de remettre le cordon à la base de la garde par intuition ; dans un éclat or et orangé la Clé redevint trophée aux cristaux.

Encore troublé par l'expérience, le jeune homme tourna un regard distrait lorsque ses camarades s'approchèrent :

- Waouh ! Ça faisait longtemps qu'on avait pas vu ça ! s'exclama Donald en admirant la nouvelle arme.

- Que… ça quoi ?

- La création d'une nouvelle Keyblade ! Ou d'un porte-clé, je sais pas… expliqua Dingo. Ça arrivait parfois à Sora quand on visitait les mondes : sa Keyblade s'imprégnait d'un objet et prenait une nouvelle forme. On est pas spécialistes, mais visiblement ça peut arriver si un Porteur ressent un truc fort lié à un endroit ou quelque chose comme ça…

- Quoi qu'il en soit, celle-ci est magnifique ! commenta Jiminy en contemplant la Clé nouvelle née.

Encore un peu sous le choc, Roxas regarda à nouveau sa nouvelle arme, avant de l'agiter doucement dans l'espace ; elle était un peu plus lourde que l'aérienne Tendre Promesse, mais restait légère, maniable, pas du tout gênant malgré son aspect métallique.

Le crépuscule éclaira alors intensément les orbes du panneton, traversant la matière cristalline. Et Roxas comprit.

Ce n'était pas qu'une Keyblade rappelant la Cité du Crépuscule. C'était une manifestation de toute sa vie ici. De ses vacances. De son passé.

De ses…

- Souvenirs d'été.

- Hein ?

Roxas sourit doucement, brandissant sa Keyblade nouvelle devant ses yeux.

- C'est son nom. Souvenirs d'été, fit-il en contemplant la merveille dans la lueur du couchant.

Les trois amis s'échangèrent un regard, puis sourirent à leur tour :

- Ça lui va très bien, acquiesça Donald.

Le garçon leur lança un regard reconnaissant, où miroitait aussi l'espoir et le soulagement, puis avança droit devant, vers la Cité.


Les trois compagnons retournèrent en ville par le trou du mur, à présent grandement bouché par des planches et des barrières de travaux ; ils se reçurent d'ailleurs le regard estomaqué des passants, mais firent de leur mieux pour les ignorer.

- Je vais te montrer si je suis lamentable !

Roxas se figea, puis tourna la tête vers la voix familière : un peu plus loin, Hayner et Olette, plein d'affiches dans les mains, parlaient à un quatuor local dont le meneur toisait avec arrogance le chef de la bande, lequel semblait prêt à se bastonner tandis que son amie lui tirait le bras pour lui dire de s'en aller.

- Pas la peine, ça se voit déjà bien assez en te regardant, répliqua alors Seifer d'un air suffisant.

Derrière lui, Rai acquiesça vivement tandis que Fuu lâchait un laconique "Évidence", pendant que Vivi se contentait de réajuster son chapeau géant et que Hayner voyait rouge :

- Ah ouais ? Pas autant que toi, Seifer !

- C'est tout ce que t'as à dire ? T'as autant de répondant qu'au combat, le nargua l'autre d'un sourire arrogant.

Le chef sembla sur le point de se jeter sur lui, mais son rival ajouta aussitôt :

- Et je te déconseille de me chercher des ennuis, à moins que tu ne veuilles encore un "avertissement" du comité disciplinaire de la Cité du Crépuscule ?

- HÉ !

Les deux chefs de groupe se figèrent, puis tournèrent la tête vers Roxas, fixant Seifer d'un air blasé. Les amis de Pence semblaient surpris mais très contents de revoir le garçon, tandis que leur rival était plutôt indifférent :

- Je peux savoir pourquoi tu t'en mêles ? fit-il les sourcils froncés.

- Je peux savoir pourquoi tu nous emmerdes ? fit l'adolescent un sourcil levé.

Alors que Donald et Dingo étaient choqués d'un tel langage, Seifer sembla surpris par cette répartie mais n'en laissa rien paraître :

- J'ai été assez généreux de passer l'éponge quand toi et tes complices avez troublé l'ordre public, fit-il en balayant l'espace, alors je te conseille de pas trop te la ramener… surtout après avoir en plus vandalisé un chantier, ajouta-t-il en remarquant les planches décollées du mur.

- Ou sinon quoi ?

La provocation irrita le chef du comité disciplinaire, qui s'avança alors vers l'adolescent, le toisa de toute sa hauteur en le regardant droit dans les yeux, et déclara au garçon qui le fixait sans flancher :

- Sinon je pense que je serai dans l'obligation de te remettre à ta place lors d'un match de Struggle.

Sur ces mots, Seifer s'éloigna théâtralement la tête haute, alors que Rai acclamait son chef et que Olette empêchait tant bien que mal Hayner de se jeter sur son rival.

- Oh, tu veux dire comme la fois où tu as perdu tout tes points en trente secondes, c'est ça ?

Le champion se figea sur place alors que son visage se décomposait, avant de jeter un regard furieux à l'adolescent qui souriait de toutes ses dents, moqueur. Reprenant un semblant de dignité, Seifer lui lança un regard hautain en soufflant, dédaigneux :

- Uniquement parce que j'ai eu assez de pitié pour te laisser gagner, minable.

- Ah oui, c'est vrai ; la fois d'avant, tu n'avais plus de points en vingts secondes, fit Roxas malicieux.

Le chef écarquilla les yeux devant tant d'audace, avant de se retourner pour répliquer froidement :

- Très bien. Tu es convoqué demain, même heure, à la place des fêtes, pour recevoir ta correction, petit malin.

Et sur ces mots, Seifer tourna les talons et partit, pendant que Rai et Fuu derrière lui jetaient soit de pathétiques menaces soit un regard glacial au garçon et que Vivi suivait docilement. Hayner et Olette rejoignirent alors le trio, estomaqués :

- Bonjour Sora, Donald, Dingo, contente de vous revoir ! Et désolée pour Seifer, il a fallu qu'il embête Hayner pour leur dernier match, s'excusa la jeune fille.

- Comment tu peux pas réagir quand on insulte ta fierté ? Au fait, c'est vrai ce que t'as dit ? Tu l'as battu aussi vite ?

- Pas exactement ; si je me rappelle bien, c'était en dix, fit nonchalant l'adolescent.

Les deux amis le fixèrent ahuris, et peut-être un peu jaloux pour Hayner, avant d'éclater de rire :

- Oh c'est pas vrai ! T'es le meilleur Sora ! s'écria le chef en donnant une tape dans le dos du garçon.

Roxas ne put s'empêcher de se figer devant le geste familier du blondin ; après tout, ce n'était pas directement à lui que c'était adressé… Mais ce n'était pas grave. Ça n'en retirait pas sa chaleur.

- Au fait, qu'est-ce qui vous amène ici ? Vous recherchez encore des pistes pour retrouver Roxas ? leur demanda la jeune fille.

L'adolescent eut un recul surpris, mais secoua la tête :

- Pas… pas exactement. Je devais faire quelque chose et… je voulais passer un peu de temps ici, aussi…

En disant ces mots, le garçon tourna son regard vers la place du tram et ne put s'empêcher d'en remarquer les changements ; la brèche menant au manoir abandonné commençait à être rebouchée par des briques, les toits des immeubles avaient l'air différents, des arbres étaient plantés à côté du mur et il en distinguait même d'autres au loin, près du magasin des Mogs. Même Hayner et Olette avaient changés, leurs tenues verte camouflage et orange beige florale ayant laissé la place à des vêtements et accessoires rouges et noirs. Mais un motif à carreau ainsi que les couleurs similaires des habits dénotait une certaine forme d'unité, tel un signe d'amitié.

Roxas fronça doucement les sourcils, son regard nostalgique se promenant sur les lieux désormais différents de son passé fictif.

- …Pourquoi les choses ont changé ici ? se surprit-il à soupirer.

Les deux locaux s'échangèrent un regard intrigué, avant de se tourner vers lui :

- C'est comme ça, les choses changent, fit Hayner en haussant les épaules.

- Je comprends que ça te fasse bizarre, Sora, tu n'es pas là tout le temps. Mais quand on vit ici, on ne remarque pas toujours les petits changements. Même si c'est vrai que depuis que la mairie a décidé de reboucher la brèche menant au manoir abandonné, on est un peu obligé de trouver d'autres passages pour explorer le coin, admit Olette attristée.

- Oui, mais Pence est méga doué pour ça ! Il y en a pas deux comme lui pour trouver les cachettes et secrets de la cité ! fit le chef d'un poing enthousiaste.

- D'ailleurs il est où ? remarqua Dingo.

- Oh, il planche sur des pistes pour vous aider avec Roxas, fit la jeune fille. Du coup, on doit travailler un peu pour lui vu qu'il ne peut pas faire ça et le-

- Ah oui ! s'écria brusquement le garçon, faisant sursauter tout le monde. On a du boulot à terminer si on veut assez d'argent pour aller à la plage l'été prochain !

Son amie s'affola aussitôt en réalisant, tandis que le trio comprit pourquoi ils portaient toutes ces affiches depuis tout à l'heure. Dans leur panique, l'une d'elles tomba, dévoilant un magnifique établissement à l'enseigne mêlant toque et fleur de lys, et Donald la ramassa :

- "Ouverture du Grand Bistrot au centre-ville ; un véritable palais des saveurs présenté par… Balthazar Picsou et son petit chef" ! Oncle Picsou a ouvert quelque chose à la Cité du Crépuscule ?

- Oui, juste ici ! pointa Hayner en se dirigeant vers le petit tunnel du tram. Venez, on va vous montrer !

Le trio suivit les deux amis de l'autre côté, pour une surprise de taille pour Roxas : là où s'était autrefois tenu la boutique d'armurerie et la petite impasse, se dressait le même bâtiment de l'image, semblant encore plus luxueux et lumineux que cette dernière déjà plus vraie que nature. Certains curieux s'attardaient sur la devanture du restaurant ou essayaient de voir à l'intérieur.

- Ça fait quelques temps que c'est là, poursuivit Olette, et le parton offre plein de petits boulots pour en faire la publicité avant l'ouverture.

- Et d'ailleurs on devrait y aller si on veut pas avoir une baisse sur notre salaire ! renchérit Hayner avant de détaler. Désolé, on se reverra plus tard ! À plus !

- À tout à l'heure, Sora, Donald et Dingo ! leur cria la jeune fille en leur faisant de grand gestes.

Alors qu'ils disparaissaient dans la foule pour coller leurs affiches, Roxas reporta son regard vers l'établissement lumineux ; de tout les changements qu'il y avait eu jusqu'à présent dans la Cité qui l'avait vu naître, c'était de loin le plus choquant. Voir là un bâtiment si gigantesque, si voyant, de plus à cause des modifications qu'il avait dû demander pour être créé, laissait littéralement le garçon sans voix.

C'était comme si on avait éliminé une partie de la ville pour y mettre une terrasse et un restaurant à la place.

Et il ne savait pourquoi, mais quelque chose en lui détestait profondément ce changement. Comme si… ça avait aussi détruit quelque chose de son passé.

Repensant à la dernière fois où il était passé ici, et où il avait eu ce terrible mal de crâne en voyant l'impasse… Roxas ne put s'empêcher d'éprouver un terrible regret. Regret de ne pas avoir profité des lieux plus longtemps, regret de ne pas être revenu plus tôt, regret du passé…

Regret d'avoir manqué quelque chose, , dans cette ruelle sans issue.

Car au fond de son cœur, il sentait, il savait que quelque chose s'y était passé. Quelque chose de déplaisant ou de rassurant, il n'en était pas entièrement sûr, mais quelque chose d'important.

Et maintenant…

- Ça va Roxas ? fit doucement Dingo en posant prudemment sa main sur l'épaule du garçon, le sortant de ses pensées.

- Oh, je… C'est juste… J'ai l'impression que, qu'il y avait quelque chose dans l'impasse qu'il y avait avant, ici, et que maintenant c… Il n'y a plus rien à faire, soupira-t-il en haussant les épaules.

Il sentit ses yeux picoter encore une fois, alors que Donald et Dingo s'échangeaient un regard concerné. Remarquant leur air inquiet, l'adolescent balaya rapidement leurs inquiétudes d'un petit rire résigné :

- Bah, c'est pas grave, on peut rien y changer… C'est juste du passé, faut pas s'en faire…

Tournant les talons pour clore le sujet, le jeune homme s'éloigna lentement ; ses deux camarades s'échangèrent un nouveau regard avant de le suivre, lorsqu'une voix connue les arrêta dans leur élan :

- Par mon premier sou ! Voilà les sauveurs de mon bistrot !

Le trio se tourna vers la porte du restaurant d'où venait de sortir un canard ressemblant à Donald en élégant manteau bleu et rouge et chapeau haut-de-forme, portant sous son bras une boîte blanche. L'individu agita sa canne en salutation, s'approchant d'eux :

- Oncle Picsou ! s'écrièrent en chœur Donald et Dingo.

- …Oncle qui ? fit Roxas en levant un sourcil, revenant sur ses pas.

- C'est l'oncle multi-milliardaire de Donald, lui glissa rapidement le chien. C'est un peu un globe-trotteur-entrepreneur qui ne rate pas une occasion pour s'enrichir.

- Pour quoi faire s'il est déjà riche ?

Ses deux camarades haussèrent les épaules, montrant qu'ils ne comprenaient pas non plus cette lubie, tandis que le vieux canard arrivait à eux. Ses yeux se posèrent sur le trio, s'attardant sur le garçon un instant :

- Je vois que tu as l'air en forme Sora… et aussi un petit peu changé, fit-il d'un regard observateur.

L'adolescent sentit qu'il avait flairé le secret, mais se contenta de hausser les épaules :

- Mouais, j'ai mes raisons, fit-il nonchalamment.

Le milliardaire jeta un bref regard à ses deux compagnons, comme leur posant une question secrète, puis hocha la tête sans plus s'attarder :

- Enfin ! Je sais mieux que quiconque que partir à l'aventure n'est pas de tout repos, surtout avec Donald ; j'espère qu'il se tient à carreau, d'ailleurs ! fit Picsou en agitant sa canne vers l'intéressé.

Roxas retint avec difficultés un sourire alors que le pauvre neveu se désolait de sa remarque.

- Ne vous inquiétez pas, Oncle Picsou, Donald est sage ; c'est plutôt Sora qui apprend à se tenir à carreau en ce moment, assura Dingo.

L'adolescent perdit aussitôt son sourire et lança un regard offensé vers le chien, tandis que c'était au tour de Donald de rire face à son infortune.

- Enfin bref ! reprit alors Picsou. Moi et mon chef voulions vous remercier de votre aide !

- …Notre aide ? fit Roxas en levant un sourcil, fixant ses camarades tout aussi perdus que lui.

- Oui ! Vous l'avez courageusement sauvé des Sans-cœurs, alors il a préparé ceci exprès pour vous ! fit le canard en leur tendant la boîte qu'il tenait depuis tout ce temps.

Le garçon accepta la boîte, l'inspectant brièvement un instant, avant d'en soulever doucement le couvercle pour découvrir…

D… Des fruits.

Une ribambelle de fruits brillants et colorés couronnant avec élégance une tarte crémeuse à la pâte croustillante.

- Un gâteau ! s'écrièrent en chœur Donald et Dingo, sortant l'adolescent de sa contemplation.

Roxas se rendit alors compte qu'il venait de fixer le cadeau sucré bien plus longtemps que nécessaire, et qu'en plus il était en train de saliver abondamment. Presque il bavait sur leur gâteau. Fermant la bouche pour éviter un accident salivaire et arrêter d'avoir l'air stupide, le garçon leva les yeux vers le milliardaire, juste à temps pour le voir ajuster son chapeau qui avait étrangement l'air de bouger tout seul :

- E-Euh, merci… On peut tout le manger le gâteau ?

Alors qu'il se giflait mentalement devant sa propre phrase débile, l'adolescent vit à nouveau le haut-de-forme de Picsou s'agiter bizarrement, poussant ce dernier à le saisir pour le tenir en place :

- Oui oui, du calme… Ahem, le chef vous informe que ce n'est pas un gâteau mais une Tarte aux Fruits, leur dit-il après avoir vraisemblablement parlé à son couvre-chef.

Encore une fois la mention de "fruit" fit saliver Roxas, qui à ce train-là se demandait d'où lui venait cette anormale envie fruitée.

- Eh bien, quel que soit son nom, ça a l'air drôlement bon ! fit joyeusement Dingo.

- Oui, exactement ! renchérit son camarade.

- Et surtout bizarre que ça me fasse saliver autant tout d'un coup… pensa tout haut l'adolescent.

- Oh, t'as juste faim, c'est tout, répondit Donald un peu trop vite au goût de Roxas.

Comme par réflexe, le garçon jeta un coup d'œil à ses deux compagnons, et sentit dans leurs regards qu'il y avait autre chose qu'ils ne lui disaient pas. Mais tandis qu'ils remerciaient Picsou pour son geste, un mouvement dans sa capuche lui fit tourner le regard vers Jimimy qui lui glissa discrètement à l'oreille :

- Ils n'ont sûrement rien dit par peur de te blesser mais… je pense que ton attirance pour cette tarte est due à Sora qui adore les fruits, fit-il avec hésitation.

L'adolescent écarquilla les yeux à cette nouvelle ; mais bizarrement, il ne se sentait pas vexé. Ou blessé. Il était même plutôt content de pouvoir expliquer son autrement anormale envie de fruits.

- …Vous avez déjà pensé à le ramener avec de la nourriture ? Parce que là je pense qu'il a très envie de se manifester, fit-il doucement au criquet avec un petit sourire.

Cette remarque fit rire le chroniqueur, alors que leur camarades se retournaient vers eux.

- Dites, je sais que c'est pour nous remercier d'avoir aidé, reprit l'adolescent, mais… Je me rappelle pas d'avoir sauvé un chef des Sans-cœurs, fit-il en regardant ses compagnons tout aussi confus.

À ces mots, le haut-de-forme de Picsou s'agita encore, à l'étonnement du groupe, et le vieux milliardaire se mit à sourire :

- Hé hé… Dans ce cas, inutile de le garder sous mon boisseau, ou plutôt mon chapeau, fit-il en soulevant lentement son couvre-chef. Mes amis, je vous présente le Petit chef.

Et de sous le chapeau du canard, un jeune rat à la fourrure grise apparut, sautant aussitôt sur le haut-de-forme pour faire face au trio qui le regarda éberlué :

- Mais c'est…

- Toi ? Le petit rat qui me tirait les cheveux pour ses fruits la dernière fois ? s'écria le garçon en se penchant vers ce dernier.

Le rongeur roula des yeux, semblant consterné que l'adolescent ne se souvienne que de ce détail alors que Picsou semblait perplexe devant cette affirmation. Le milliardaire leur expliqua alors que, lors d'un de ses nombreux voyages, il s'était vu déguster le meilleur repas de sa vie ; et voulant voir le cuisinier, il avait ainsi fait la connaissance du "Petit chef". Ce dernier souhaitant étendre ses horizons culinaires, il avait décidé d'investir dans le projet, et ainsi était né le Grand Bistrot, sur le point d'ouvrir ses portes.

Juste quand il finissait de raconter l'aventure, deux silhouettes familières coururent à leur rencontre :

- Les amis ! fit Hayner en arrivant tandis que Olette leur faisant signe de la main.

- Alors, avez-vous terminé avec les affiches ? leur demanda Picsou.

- Oui patron, on a épuisé notre stock !

- Tant mieux ! Il me reste encore plein de prospectus à distribuer ! fit le vieux canard au désarroi des deux amis. Mais ce sera pour demain, je suppose…

Sur ce, il leur souhaita bonne journée et retourna au restaurant, alors que Roxas remarquait que Petit chef semblait les regarder avec intérêt… surtout lui…

- On a fait aussi vite que possible, fit alors Hayner. Pence est au courant que vous êtes là, il arrive dans pas longtemps.

- Il ne nous a rien dit, mais vu comment il était concentré je pense qu'il a peut-être une bonne piste, ajouta Olette avec un sourire confiant.

Roxas écarquilla les yeux un bref instant, mais secoua mentalement la tête ; c'était très peu probable qu'il trouve quoi que ce soit, à moins de parvenir à hacker les ordinateurs de l'Organisation XIII en personne. Enfin, s'ils en avaient encore… Mais il hocha la tête doucement, un très léger sourire reconnaissant aux lèvres :

- C'est gentil. Je sais pas comment vous remercier pour tout ce que vous faites pour moi, avoua-t-il.

- En retrouvant Roxas, pardi ! fit Hayner enthousiaste. Et puis, pas besoin de remerciement quand il sera là, pas vrai ?

- J'ai une idée, dit alors Dingo en regardant la boîte que tenait toujours l'adolescent. Et si nous goûtions cette fameuse tarte aux fruits que nous a offerte Oncle Picsou ?

- Il vous a offert ça ? Vous avez fait quoi ? s'étonna le chef.

- …Bah ce qu'on fait de mieux, on dirait, fit un peu gêné le garçon en se tournant vers une table libre.

Quelques instants plus tard, le petit groupe goûta donc la fameuse tarte ; et quelle tarte ! Une merveilleuse crème onctueuse sur un lit de compote fruitée, couronnée de fruits aux goûts et textures en parfaite harmonie, le tout enveloppé d'une incomparable pâte sablée et croustillante à souhait. Si ça n'avait tenu qu'à lui, Roxas aurait avalé la totalité du dessert pourtant consistant ; et quelque chose lui disait que ce n'était pas juste parce que Sora était titillé par un de ses plats préférés…

- C'est trop méga bon ! Presque plus que les glaces à l'eau de mer ! s'écria Hayner la bouche pleine.

- S'ils proposent des choses comme ça au Grand Bistrot, je comprends pourquoi ils veulent autant de publicité ! renchérit Olette en finissant sa part.

- Leur petit chef est prometteur, c'est vrai ! acquiesça Dingo.

- J'en reprends ! s'écria Donald en levant déjà la main vers le reste de tarte.

Mais Roxas fut plus rapide et souleva le dessert hors de portée du magicien, sous son regard surpris alors qu'il sautait pour l'atteindre :

- Hé ! Tu vas quand même pas finir tout ça tout seul !

- Non mais toi non plus ! répliqua fermement l'adolescent. Pence n'y a même pas goûté et il en reste presque que la moitié, alors on lui en garde !

- Bah tant pis pour lui, il avait qu'à bosser comme nous s'il en voulait ! taquina le blondin.

- Hayner, tu sais qu'il est occupé pour autre chose d'important, le gronda gentiment son amie.

L'intéressé haussa les épaules d'un sourire malicieux, tandis que Roxas les regarda tout deux un peu pensif… C'était vrai, Pence essayait encore de trouver une piste pour lui…

Le garçon sourit un peu tristement, ne prêtant plus vraiment attention au canard qui essayait de lui grimper dessus pour avoir de la tarte. Ils étaient têtus, mais…

Ça ne changerait rien, malheureusement. Sans les données, il n'y avait plus rien qui le rattachait à eux ou à la Cité du Crépuscule, en dehors de toutes ces fins de missions passées tous les trois, au sommet du clocher…

- J'AI TROUVÉ !

Le groupe sursauta à l'arrivée de Pence qui venait d'abattre quelque chose sur la table, manquant de faire tomber la précieuse tarte au sol, avant de se retourner vers lui :

- Mais ça va pas de nous faire peur comme ça ? s'écria Hayner tandis que Donald s'accrochait encore à la jambe de Roxas tenant précautionneusement la boîte dans ses mains.

- J'ai compris pourquoi Roxas nous disait quelque chose, les amis ! s'exclama Pence sans lui prêter attention. On le connaît déjà !

- Mais c'est pas une raison p-Attends quoi ?

Le féru d'informatique tapota confiant l'énorme cahier sur la table, un sourire triomphant aux lèvres :

- Je savais bien que j'avais entendu son nom quelque part, alors j'ai cherché dans mes vieux dossiers, dit-il en faisant tourner les pages remplies de feuilles volantes et de gribouillages. Et je l'ai trouvé !

Tout en disant cela, le garçon arrêta son feuilletage et pointa une des lignes noircissant le cahier, poussant le groupe à la regarder de plus près :

- Blablabla mystère de la Cité blablabla croisé deux inconnus ; connaissent très bien CdC, cherchaient ami perdu : pourraient être bons camarades pour chasse aux mystères… Et ? Je vois pas Roxas là-dedans !

- Parce que c'est pas tout ! Regarde ce que j'ai marqué dans la marge !

Le chef plissa les yeux, lisant avec difficulté les touts petits caractères :

- …Jour je-sais-pas-quoi… Ai nom du garçon : Roxas. A pu retrouver ami perdu depuis la dernière fois, a battu record tour d'adresse Hayner en deux minutes… Attends, on l'a vraiment rencontré ?

- Oh ! Je crois que je me souviens ! comprit alors Olette. C'était l'année dernière, juste après que Seifer ait battu ton record !

- T'es obligée de me le rap-Une minute… Ah oui ! Je m'en souviens très bien maintenant, c'était ce garçon qui avait battu mon record en deux minutes !

- C'est ce que tu viens de lire, fit déconfit Pence devant son peu d'attention.

- C'est super ! s'écria la jeune fille. On sait maintenant pourquoi on connaît Roxas !

- Exactement ! Et un mec capable de battre mon propre record comme lui est encore plus cool que ce que je pensais ! T'as vu Sora, on a maintenant une pis… Sora, qu'est-ce qui t'arrive ?

Devant eux, le garçon resta muet, ses yeux écarquillés rivés sur le trio de la Cité, figé dans une expression de stupeur et de bouleversement totale.

Une cascade de larmes se déversant de ses yeux de ciel.

Les trois amis furent désemparés par sa réaction subite alors que Donald et Dingo s'approchaient de lui pour essayer de le consoler, sans plus savoir quoi faire. L'adolescent secoua soudainement la tête, comme réalisant ce qu'il se passait avant de se frotter les paupières, tentant sans succès d'arrêter les gouttes qui coulaient de ses yeux.

- S-Sora… je… est-ce qu'on a dit un truc…? s'inquiéta Hayner en levant une main hésitante vers lui.

- N-Non, c'est juste…

Roxas renifla, retenant au mieux les pleurs, ses yeux clos pour endiguer le flot, et sa voix tremblante mais confiante s'éleva doucement :

- J-J'ai pas pu m'empêcher de penser que j… R-Roxas… Il est perdu loin de tout ce qu'il connaît e-et j…

Le garçon releva alors ses yeux de ciel vers le trio inquiet, et sourit derrière ses dernières larmes :

- S'il savait combien vous… s'il savait tout ce que vous faites pour lui… que vous êtes là vous aussi, il… J'ai pas pu m'empêcher d'imaginer ce que ça lui ferait s'il pouvait vous entendre vouloir son retour et… Je sais qu'il en serait profondément touché.

Les trois amis écarquillèrent les yeux et s'échangèrent un regard, prit de court par ces paroles. Mais bientôt ils se sourirent tous, et Hayner fixa l'adolescent avec assurance :

- Eh, tu croyais quand même pas qu'on allait le laisser tomber ? Je comprends que ça te chamboule, mais pas la peine de pleurer comme ça, hein ! fit-il en posant une main sur l'épaule du garçon.

- Ne t'en fait pas, ajouta Olette, même si c'est peu, on vous aidera.

- Surtout que maintenant on a une piste super sérieuse pour retrouver ton Roxas ! renchérit Pence en tapotant son cahier contre lui. Tu peux compter sur nous à 100% !

Leur ami s'essuya le nez une dernière fois, le sourire un peu tremblant, et hocha la tête. Son regard tomba alors sur la boîte qu'il avait posée sur la table, et après une brève réflexion il la saisit et la tendit au trio :

- Prenez-le.

- Hein ? Euh, c'est très gentil pour la tarte, Sora, ma-

Prenez-le, répéta l'adolescent en poussant doucement la boîte dans leurs bras. Je veux que vous l'ayez, pour vous remercier pour ce que vous avez fait.

- Mais on a pas besoin de remerciement, fit la jeune fille. On fait ça parce qu'on en a envie, c'est tout.

- Et j'ai envie de vous le donner, insista une dernière fois Roxas. S'il vous plaît.

Le trio sembla hésiter, surpris par cette gratitude compréhensible mais inattendue, avant que le garçon n'ajoute avec un petit rire nerveux :

- J'ai pas de glace à l'eau de mer, alors c'est tout ce que j'ai pour compenser.

Les trois amis eurent un regard étonné, avant de sourire et d'enfin accepter le cadeau sucré.

- C'est d'accord. Mais la prochaine t'as intérêt à en avoir pour nous quatre ! fit le chef avec un clin d'œil.

- Quatre…? s'étonna l'informaticien en comptant sur ses doigts, avant de comprendre avec un sourire.

Roxas écarquilla brièvement les yeux, avant de sourire doucement une dernière fois, tremblant :

- J-Je… on va devoir y aller, dit-il désolé.

- …Déjà ? s'attrista la jeune fille.

- Mais on reviendra vite, c'est promis ! s'empressa-t-il d'ajouter alors que ses yeux brillaient étrangement.

- Oui, super vite ! acquiesça vivement Donald.

- Si vite que vous n'aurez même pas le temps de dire ouf ! renchérit Dingo.

Hayner leur lança un sourire étincelant, avant de lever le pouce :

- C'est d'accord ! À très vite les amis !

- On va potasser ce dossier Roxas ! s'écria Pence en brandissant son cahier.

- Faites attention à vous, finit Olette en leur faisant au revoir.

Le trio s'éloigna alors d'eux, Roxas agitant une main timide alors que Donald et Dingo étaient plus expressifs, avant de tourner définitivement les talons pour rejoindre le vaisseau.

L'adolescent alla immédiatement aux commandes et démarra le Gummi d'emblée, quittant si vite le monde crépusculaire que ses camarades furent presque plaqués sur leurs sièges. Pendant quelques minutes, le vaisseau vola à toute vitesse dans l'espace, avant de s'arrêter brusquement dans un coin tranquille.

Surpris autant par ce freinage sec que leur départ hâtif, les adultes reprirent leurs esprits et se tournèrent vers le pilote, bien décidé à lui demander des explications.

Mais alors que le canard ouvrait le bec, les deux camarades entendirent un son bien particulier, et s'avancèrent pour découvrir une scène déchirante : Roxas, recroquevillé sur lui-même, son corps presque plié en deux et les mains plaquées sur son visage alors que ses épaules étaient secouées de spasmes inquiétants.

Les deux amis ne savaient que trop bien ce qu'il ce passait et s'approchèrent doucement, hésitant un peu. Mais lorsqu'un sanglot s'échappa du corps tremblant du garçon, ils n'attendirent pas plus et posèrent doucement leur mains sur ses épaules, Jiminy sautant de sa cachette pour se joindre à eux.

Maintenant tout près de l'adolescent, les trois compagnons purent voir son visage caché derrière les mèches ; un visage baigné de larmes, à la lèvre tremblante, comme relâchant toutes les émotions qu'il avait pu retenir. Cette vision serra le cœur des trois amis ; mais soudain d'entre ces mains et ces larmes une faible voix s'éleva, répétant inlassablement les mêmes mots :

- J'existe, j'existe, j'existe…

Et alors, l'espace d'un bref instant, le regard céleste de l'adolescent se dévoila derrière ces mèches brunes en désordre, un regard baigné d'une lueur apaisée tandis que les larmes se déversaient de l'iris droit comme une souffrance qui enfin s'efface. Et dans un denier souffle, s'éleva avec le sourire tremblant mais soulagé l'ultime :

J'existe…

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Malgré d'inévitables changements, une chose demeure : Roxas n'est ni seul, ni oublié. Maintenant que Hayner, Pence et Olette se souviennent de leur rencontre, a-t-il enfin la clé de son tant attendu retour ?




…Et oui, je SAIS qu'en français c'est "tarte multifruit" ; mais eh ! C'était littéralement une "Tarte aux Fruits" en anglais et japonais, alors j'ai le droit !

*Sora tire la langue en chipant une part au trio de la Cité, pendant que Riku secoue la tête devant ses bêtises*

Laisser un commentaire ?