Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 24 : Nouveaux amis - Courte pause

5815 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/02/2024 21:27

Je vous propose aujourd'hui un chapitre plus court et détendu, après deux parties un peu lourdes émotionnellement ! Bonne lecture à tous !


Après avoir compris de nombreuses choses à son propre sujet, Roxas a présenté ses excuses à Kairi pour son comportement agressif. Cette dernière, encore blessée, lui a demandé de ne plus venir la voir, et Roxas n'a pu qu'accepter, confiant ainsi sa sécurité et celle de Lea à Riku. La jeune fille parviendra-t-elle un jour à pardonner au jeune homme ?

Riku : …Je sais pas pourquoi, mais j'ai comme l'impression qu'on ne va pas s'attarder là-dessus dans ce chapitre. *hausse les épaules*

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 Malgré le résulta mitigé de son échange avec Kairi, Roxas ne pouvait s'empêcher de se sentir plus léger les jours suivant. Comme si un poids qu'il ignorait était parti de sa poitrine.

L'entraînement se passait normalement, entre les exercices pénibles du matin, les duels de l'après-midi et les combats dans la montagne ; Phil leur avait même permis de s'aventurer plus loin dans les reliefs. Tout allait bien, surtout qu'en plus la voix de ses angoisses avait cessée de se manifester depuis qu'il avait failli chuter de la falaise.

Ses exercices avec Donald et Dingo se passaient dans une meilleure entente aussi, malgré que ce ne soit pas au niveau des fins de mission avec ses amis, à regarder le coucher de soleil… Mais il ne pouvait qu'apprécier la compagnie des deux amis de Sora, bien qu'ils n'aient pas du tout le même lien qu'avec le jeune Élu. Quelques fois, l'adolescent se sentait un peu de trop, comme s'il n'avait pas sa place à cet endroit et cet instant précis ; mais ces moments restaient brefs et oubliables. Tout était normal, autant que cela pouvait l'être.

Jusqu'à aujourd'hui.

- Comment ça, on a pas exercice ? fit le garçon désemparé.

Ce matin-là, pour la troisième fois depuis son retour, le jeune homme avait dormi plus que d'habitude ; ce qui n'aurait pas été inquiétant si l'entraînement ne stipulait pas de courir aux aurores autour du stade. Roxas avait bondi du lit et réveillé ses camarades lorsqu'il s'en était rendu compte, avant de se précipiter sur le terrain pour y entendre Phil leur dire ces mots.

- T'as pas entendu p'tit ? C'est jour de congé pour vous ! répéta le satyre.

- Mais… et l'entraînement ?

- L'entraînement reprend demain ! répliqua l'entraîneur. Vous avez bien bossé ces derniers temps, alors aujourd'hui c'est quartier libre ! Faites ce que vous voulez !

Tandis que les deux amis de Sora semblaient ravis de cette nouvelle, le garçon fixa le vide, perdu. Puis il demanda :

- …Je peux emprunter des mannequins alors ? J'essayerai de pas trop les abîmer.

- Eh, j'ai dit "Faites ce que vous voulez", pas "Entraînez-vous comme vous voulez" ! s'écria Phil. Aujourd'hui c'est PAS d'entraînement, alors je veux pas vous voir sur le terrain, capiche ?

- Mais tu disais qu…

- Tu vas pas t'y mettre toi aussi ! Pour une fois qu'on peut se reposer ! s'exclama Donald, visiblement déjà agacé qu'il veuille s'entraîner.

- Mais…

- Et en plus il a fallu que tu nous tires du lit quand on pouvait dormir, alors ça suffit ! Si je te prends à t'entraîner, je t'apprendrais pourquoi je suis le magicien royal !

Le garçon le regarda lui et son camarade, stupéfait, alors que leur entraîneur les avaient déjà laissés, puis fixa le sol, perdu :

- …Si je ne m'entraîne pas, alors… Qu'est-ce que je fais ?

Cette sincère question fit lever un sourcil aux deux amis qui s'échangèrent un bref regard avant de reporter leur attention sur lui :

- Allons, tu as bien quelque chose à faire, non ?

Le jeune homme contempla le sol, incertain, avant que le magicien n'ajoute agacé :

- Oh et puis zut ! Tu vas pas me dire que t'es incapable de trouver quelque chose en dehors de l'entraînement !

- …Allez détruire des Sans-cœurs ?

- NON, NON et NON ! s'écria aussitôt le canard devant sa timide suggestion. On en élimine bien assez tout les jours ! Et en plus ça te mettrai en danger et on a eu assez de danger les dernières fois ! Alors fait tout ce que tu veux, SAUF quelque chose à voir avec les Sans-cœurs ou la Keyblade ou quoi que ce soit !

Et sur ces mots, Donald tourna les talons pour vaquer à ses propres occupations, laissant là l'adolescent. Dingo le regarda s'éloigner, avant de s'excuser pour l'attitude de son ami et partir de son côté en souhaitant bonne journée au jeune homme.

Roxas resta là un moment, perdu et incertain.

Que pouvait-il faire ? Qu'avait-il à faire ?

L'adolescent réfléchit quelques minutes, avant de se rappeler qu'il voulait ajouter quelques trucs dans son carnet. Allant aussitôt dans leur dortoir, il s'assura d'être seul avant d'ouvrir le précieux objet aux dernières pages. Il ne l'avait montré à personne, et y notait un peu tout ce qu'il voyait, remarquait ou lui arrivait ; les Sans-cœurs, les sorts qu'il connaissait, comment se battaient ses camarades… Il ne l'avait pas vraiment rempli, mais y écrire le calmait toujours.

Survolant les derniers mots, il s'attarda sur les griffonnages du Sans-cœur bleu l'ayant congelé et des monstres hérissés invulnérables, notant rapidement quelques détails et idées avant de s'arrêter, contemplant les lignes gribouillées à gauche. Pensif, il revint plusieurs pages en arrière, là où il avait une nuit inscrit les étranges visions musicales dont il avait rêvé. Ignorant les petites taches maculant le papier, il relut les mots, essayant d'en dégager un sens qui toujours lui échappait.

Sans trop savoir pourquoi, il plongea sa main dans la poche et en retira l'étoile bleue qui y siégeait depuis son dernier retour. Le verre de l'amulette réverbéra doucement la lumière de la fenêtre, aveuglant l'adolescent lorsqu'il la dirigea accidentellement vers son visage et l'obligeant à clore sa paupière. Tandis qu'il clignait, une image informe lui revint.

Le rêve de l'étoile et de la silhouette tombant dans les profondeurs.

Se frottant l’œil un instant, Roxas repensa à cette vision, puis regarda à nouveau le talisman dans sa paume.

La silhouette était toujours floue dans son esprit, mais la forme de l'étoile et de l'amulette dans sa main étaient la même. Il avait vu cette étoile en rêve.

Le garçon fixa un long moment l'Éclaireuse, songeur. Quelques mois plus tôt, une nuit gorgée de rêves et d'astres étranges l'avait fait se réveiller en pleurs, comme s'il… comme si quelqu'un réagissait à travers lui. Et là, quelques semaines après avoir à nouveau repris conscience dans le corps de Sora, la même étoile qui avait hanté cette nuit se retrouvait dans sa poche, comme un signe du destin. Mais un signe de quoi ?

Roxas avait beau se tourner les méninges, la familiarité de l'amulette ne lui rappelait rien de connu. Comme si ce n'était pas lui qui avait la réponse à cette énigme…

Soupirant, l'adolescent remit l'étoile dans sa poche, bien à l'abri avec le porte-bonheur de Kairi et son précieux cristal, et se leva machinalement pour aller au stade ; ce ne fut qu'en arrivant dans le hall qu'il se rappela qu'ils étaient interdits d'exercice, et il alla tristement s'asseoir sur un banc pour réfléchir.

Qu'est-ce qu'il pouvait faire ?

Un souvenir lui revint alors en mémoire, du temps où il était encore au service de l'Organisation…

Ses premières vacances. Ou plutôt, son premier jour de vacances.

Ce congé était lui aussi arrivé sans prévenir, et il n'avait pas plus su quoi faire en dehors des missions qu'on lui donnait et des après-midis sur le clocher. Il s'était donc retrouvé à contempler le crépuscule au sommet de la gare, un bâtonnet à la main, en attendant que le temps passe… Heureusement pour lui, ses amis étaient très vite arrivés, et la journée s'était conclue comme d'habitude, avec un magnifique coucher de soleil et une bonne glace à l'eau de mer avec ses d-son ami Axel. Celui-ci lui avait même appris que les adolescents comme le trio de la Cité avaient eux aussi des vacances pendant un mois entier.

Comment ils faisaient pour passer ce mois sans rien faire ou ne pas perdre la tête était encore un mystère pour lui.

Alors qu'il se reposait de nouveau cette question, une idée lui vint soudain : mais bien sûr ! Il n'avait qu'à faire pareil ! Il suffisait d'emprunter le vaisseau Gummi et se rendre à la Cité du Crépuscule ! Là-bas, il n'aurait plus qu'à s'acheter une glace et…

C'est là qu'il réalisa qu'il serait tout seul sur le clocher. Tout seul à manger sa glace salée. Tout seul à regarder le soleil disparaître derrière l'horizon.

Tout seul.

Car cette fois il n'y aurait personne pour le rejoindre là-haut. Hayner, Pence et Olette ne connaissaient sûrement pas ce coin secret. Et Axel…

Roxas baissa sombrement la tête, alors qu'un lourd poids lui enserrait la poitrine. Depuis l'attaque de Xehanort, et l'affrontement contre Axel qui en avait résulté, Roxas n'avait jamais revu son meilleur ami. Il n'avait juste pas pu.

Et il avait beau savoir que leur ennemi ne ratait aucune occasion de les rabaisser ou faire douter pour mieux les abattre, ce qu'il avait dit la dernière fois ne le quittait pas.

Car même si Xehanort était coupable depuis le début, Roxas restait en partie responsable du désespoir de son ami. S'il n'avait pas été si rancunier, si violent dans ses mots, peut-être que…

L'adolescent secoua la tête, essayant de chasser les picotements qui lui prenait aux yeux et au nez. Il voulait revenir en arrière et retirer tout ce qu'il avait dit, ou s'excuser à Axel pour ses mots, mais…

Il n'avait pas pu. Il n'avait pas su.

Et, au contraire de Kairi, ou Riku, ou Donald et Dingo, il ne savait pas comment s'y prendre. Il avait quand même à s'excuser envers son meilleur ami ! Et peut-être pas juste pour leur dernière dispute ; peut-être aussi pour tout ce qu'il avait fait de travers et qui les avait séparés bien avant ça…

Mais comment s'y prendre ? Par où commencer pour lui dire à quel point il regrettait ?

- Roxas ? Qu'est-ce que tu fais ?

Complètement plongé dans ses pensées, le garçon n'avait pas entendu les pas caractéristiques de Donald et sursauta à sa voix, avant de se tourner vers lui, encore un peu perturbé d'être ainsi dérangé :

- Ah euh, bah… Rien… Pourquoi ?

Le magicien le fixa, les bras croisés, et Roxas lui lança un regard agacé, sur le point de lui dire que non, il n'était pas allé s'entraîner en cachette. Mais à sa surprise, le canard prit rapidement un air inquiet, avant de redemander :

- Tu n'as vraiment rien à faire ? Rien du tout ?

Le garçon songea à lui répondre d'une pique habituelle quand il réalisa qu'il n'avait effectivement rien à faire. Rien si ce n'était réfléchir à sa propre condition et à tout ce qu'il s'était passé ; et franchement, il n'en avait vraiment pas envie. Fixant le sol, il resta muet, ne sachant que dire. Donald le regarda un moment, sourcils froncés, avant de lui faire signe de le suivre :

- Allez, viens.


Un balai dans les mains et le regard perdu dans la pièce, Roxas se demandait encore comment il s'était retrouvé dans cette drôle de situation. Donald l'avait emmené au Gummi pour la routine d'entretien et l'avait assigné au nettoyage des pièces principales, pendant que lui et Dingo vérifiaient les machines. Franchement, faire le ménage ne l'embêtait pas tant que ça ; en fait, ça l'occupait. Même s'il lui avait demandé de faire quelque chose de casse-pied, c'était toujours mieux que de n'avoir rien à faire hormis repenser au sens de son existence ou autres questions "philosophiques" dont il préférait largement se passer.

Alors qu'il poussait distraitement la poussière des recoins vers un autre, son regard tomba sur des marques sur le plancher, à l'emplacement des chaises. Des raclures faites par les pieds, analysa aussitôt le garçon sans faire exprès. Tandis qu'il passait le balai autour de la table, il continua de noter ces mêmes traces sous plusieurs sièges ; elles étaient plus ou moins visibles à certains endroits, la plus grande se trouvant sous la chaise en bout de table. Quelqu'un devait avoir sérieusement fait racler la chaise de manière répétée pour que ça soit marqué à ce point.

! Je t'ai déjà dit cent fois de SOULEVER ta chaise quand tu te recules !

L'adolescent s'arrêta brusquement pour lever instinctivement la tête vers le couloir où était parti Donald, confus. Il aurait juré avoir entendu la voix du canard, même s'il ne comprenait pas pourquoi il était en colère.

Mais tu le fais exprès ou quoi, …?

Roxas porta soudain la main à la tête, alors qu'une légère migraine lui prenait la tempe. Puis il réalisa ce qu'il se passait.

Ça recommençait.

Il revoyait des souvenirs qui n'étaient pas à lui. Des souvenirs de Sora, dans le vaisseau.

Une drôle de sensation lui pinça la poitrine quand il comprit cela, tandis qu'un léger bourdonnement lui prenait les oreilles alors qu'il croyait entendre le magicien dans une de ses énièmes remontrances destinée cette fois-ci à un passé de Sora. Ça lui faisait encore mal de voir les souvenirs de son double remonter sans prévenir, se mêlant à ses propres pensées comme si l'Élu essayait de ressurgir, de reprendre le contrôle de ce corps qui lui était propre.

Roxas détestait ça.

Tu testes ma patience, peut-être ?

Et pourtant… Il laissa le souvenir se dérouler, sans l'entraver. L'image d'un Donald bras croisés et tapant lentement du pied par terre lui apparut, pas très différente des autres fois où il avait vu le canard s'agacer de son comportement ou lui tenir tête… et un sentiment d'apaisement lui vint.

Roxas n'aurait su l'expliquer, mais revivre un peu des souvenirs de son être d'origine ne le gênait pas. C'était comme si… ça lui faisait du bien.

Un peu comme s'il s'amusait à revoir des moments un peu maladroits de son existence.

Alors, il laissa les souvenirs venir à lui, quand la voix exaspérée du canard et celle un peu plus amicale du chien sermonnaient Sora abîmant le parquet de sa chaise. Un autre éclat lui vint quand il remarqua une grande tache sombre sur un canapé, alors que Donald râlait pour une tasse renversée. La voix du magicien résonna encore dans son esprit à la vue de marques circulaires et de coupures sur les plans de travail et la table-bar, ainsi que d'une légère tache noire sur la cuisinière. Un dernier échange retentit alors que le garçon remarquait un rangement à couteau d'où manquait étrangement plusieurs lames.

Les marques de coups sur la porte du garde-manger éveillèrent des bruits de dispute dans la mémoire du jeune homme, mais s'arrêtèrent lorsqu'il remarqua un petit détail incongru ; en bas, près du coin, un petit gribouillis d'un garçon ébouriffé brandissant une clé géante brillante trônait fièrement dans un coin, près d'une inscription gravée à la va-vite. L'adolescent se pencha, effleurant des doigts la gravure où il déchiffra :

J'ai un truc anti-verrouilleur-de-garde-manger Donald !

Sora arrête de dessiner sur les murs !

Alors me donne pas le mauvais exemple !

Les deux inscriptions attribuées à l'Élu étaient accompagnées de têtes miniatures, souriante pour l'une et tirant la langue pour l'autre. Une autre imitant un canard familier très fâché annotait la phrase du milieu, comme un pied de nez de son auteur au magicien soupe au lait.

Roxas ne put s'empêcher de sourire alors qu'une sensation moqueuse montait doucement en lui. Aucun souvenir de son double ne lui vint en tête, mais il imaginait très bien la scène.

Finissant de passer le balai dans le salon, son regard tomba sur le recoin du mur du couloir. Deux trait bien distincts marquaient la paroi. Se penchant pour les regarder de plus près, l'adolescent vit gravé juste à côté deux petites inscriptions :

Sora, 14 ans.

Sora, 15 ans.

Devant la dizaine de centimètres qui séparait les deux traits, Roxas comprit rapidement de quoi il s'agissait. C'était des marques de croissances. Touchant les traits du doigt, le garçon ne put s'empêcher de remarquer que le plus haut se trouvait presque au niveau de ses yeux, indiquant que l'Élu avait encore pris quelques centimètres. Baissant les yeux pour revenir à son ménage, l'adolescent remarqua encore une marque annotée d'un "Donald, fin de croissance" bien plus bas, et un éclat de dispute revint en tête, cette fois accompagné de rires lointains.

Roxas ne put s'empêcher de sourire tandis que résonnait dans son souvenir la voix du canard poursuivant un Sora riant aux éclats devant un Dingo amusé, avant de disparaître dans les méandres de la mémoire de l'Élu…


- Ça va, t'as besoin d'aide Roxas ? fit Dingo revenant de la salle des machines

L'adolescent secoua la tête, finissant de passer la serpillière sur le sol maintenant parfaitement propre de la salle principale. Il allait demander s'il devait faire autre chose quand la voix de Donald résonna depuis le bout du couloir :

- Dingo ! Où t'as encore mis le mode d'emploi des canons ?

- Pourquoi ? Je croyais que tu savais les faire marcher depuis le temps, fit le chevalier alors que le canard finissait de le rejoindre.

- Je sais les faire marcher quand on utilise le Gummi, pas quand on reste des semaines sans bouger ou exploser des vaisseaux !

- Bah… je crois que tu l'avais passé à S… à Sora avant qu'on parte, en fait, répondit le capitaine en se grattant la tête.

Le magicien poussa un profond soupir en réalisant que l'intéressé n'était pas là pour lui dire où il avait fourré ce mode d'emploi. Roxas qui avait observé la scène les fixa un instant, puis tourna son regard vers la première porte du couloir des chambres où trônait un panneau "Demandez avant d'entrer – Merci" à l'écriture familière. Et une idée lui vint :

- Bon je vais le chercher, fit-il en se dirigeant vers la pièce.

- Roxas ? Mais…

- Si Sora l'avait il a dû le mettre dans sa chambre, non ? raisonna l'adolescent. Alors j'y vais ! Comme ça il se plaindra pas que vous fouillez dans ses affaires !

Ils n'eurent pas plus le temps de protester que le garçon avait déjà pénétré dans la chambre réservée au Porteur et refermé la porte derrière lui.

Roxas dû s'arrêter un instant une fois dans le repaire de l'Élu, figé devant le spectacle.

La pièce, de forme rectangulaire, était remplie d'objets en tout genre ; certains par terre, d'autres sur le mobilier, et quelques uns dépassant des rangements. De droite à gauche, il y avait un placard mural avec un coffre géant au pied, un énorme pouf bleu dans le coin, un bureau en bois aux innombrables mini rangements dessus et dessous, un meuble aux étagères remplies de bric-à-brac et un panier à linge relégué derrière la porte. Mais le plus remarquable était le lit juste en face ; au lieu d'être simplement posé contre le mur, ce dernier était dans le mur, tel une couchette murale. Un deuxième matelas était justement situé au dessus, mais semblait n'avoir pas été utilisé comparé au premier aux couettes traînant à moitié hors du lit. Une lampe murale à pétales éclairait le bureau, et un mobile aux formes étoilées et maritimes tournait doucement, suspendu dans le coin gauche près du lit, alors que le petit lustre Gummi illuminait intensément la pièce.

Roxas resta un instant en contemplation des lieux, avant d'oser faire quelques pas dans la pièce qui lui semblait toute petite ; son pied rencontra un objet caché sous un T-shirt, qu'il ramassa. Une épée en bois, un peu abîmée mais en excellent état. Reposant l'épée sur le coffre d'où dépassait quelques vêtements et autres babioles non identifiables, l'adolescent s'avança vers le lit, y jetant un coup d’œil ; l'endroit était comme creusé dans le mur, mais suffisamment haut pour s'y asseoir sans risquer de se cogner la tête. Une autre lampe murale veillait sur l'oreiller, et la patte d'une peluche dépassait de sous les draps. Le mur du fond était bizarrement en relief, et le garçon comprit en touchant la matière que c'était en fait une fenêtre obstruée par des stores horizontaux. Roxas se sentait presque à l'aise ici, comme… à l'abri dans un coin caché.

Son attention se reporta sur la pièce, retombant sur le bureau où malgré l'empilement de trucs résidait une sorte d'ordre dans l'emplacement des crayons, papiers et autres outils de dessin. On avait l'impression que on n'y avait pas touché depuis un bon moment. Se levant en veillant à ne pas renverser le pot sur la tablette jaillissant du mur-lit, Roxas vit plusieurs papiers froissés dans la corbeille à côté ; par pure curiosité, il en sortit une boule qu'il déplia.

C'était un dessin de vaisseau, annoté de quelques détails ainsi que d'un nom maintenant indéchiffrable. L'adolescent contempla le schéma, puis entreprit de retirer le reste des boulettes pour les défroisser à leur tour. Tous des plans, avec quelques dessins d'îles et de visages familiers souriants. Les schémas étaient accompagnés de notes sur les caractéristiques des engins et certains étaient sobrement nommés "Gummi vitesse 1", "Gummi attaque 2"… Roxas devait l'admettre ; son être d'origine n'était peut-être pas maître ès réalisme, mais ces esquisses étaient suffisamment réussies et bien pensées pour imaginer en faire des vaisseaux.

Alors qu'il contemplait les dessins plus généraux d'îles, l'adolescent remarqua que le mur juste à côté du pouf était lui aussi gribouillé d'images de palmier, de personnage ébouriffé portant une clé géante et d'êtres bizarres combattant des monstres aux yeux ronds et vides. Touchant les gravures, le garçon ne put s'empêcher de sourire en pensant que Donald avait dû passer un savon à l'Élu pour avoir dessiné sur les murs de sa chambre ; s'il s'en était rendu compte, bien entendu. Parmi le bazar trônant nonchalamment par terre se trouvait, entre quelques bouts de bois et copeaux non balayés, plusieurs couteaux de tailles différentes qui semblaient tout droit sortir d'un ensemble de cuisine…

Le garçon se rappela soudain qu'il était censé trouver un livre, et s'empressa de jeter un coup d’œil dans les nombreux rangements de la chambre de l'Élu, regardant dans le coffre garni de vêtements et d'objets en bois, les tiroirs remplis de draps sous le lit et ceux pleins de babioles, cahiers et plantes séchées du bureau, sur les rangements de l'étagère et dans les petites boîtes qu'il trouvait çà et là.

Mais plus d'une fois, il tomba sur des objets ou des livres qui attiraient son attention, et passait un peu de temps à tous les regarder, curieux ; comme ce cahier remplis de feuilles volantes où d'autres plans de vaisseau garnissaient les pages, ou cette sculpture miniature de ce qui était sans doute un Avale-Rêve, ou cette palette aux couleurs toutes usées.

Chaque petit objet témoignait d'un passage dans les mondes de l'Élu, ou d'un rappel de son île natale et de sa vie d'avant la tempête. Chacun était fabriqué avec soin, certains plus détaillés que d'autres, certains plus entamés que finis, mais tous reflétait d'une passion et d'une attention réelle.

Oui, Roxas pouvait le dire : son double savait créer de ses mains. Et ce qu'il faisait reflétait sa personnalité : chaleureuse, rassurante et optimiste.

L'adolescent finit par enfin retrouver le livre simplement posé sur le pouf, caché par une jambe de pantalon dépassant du coffre, et quitta enfin la pièce ; mais avant de partir, il ne put s'empêcher de jeter un œil en arrière, repensant à ce qu'il avait découvert ici et dans le reste du vaisseau. Le garçon sourit doucement quand il réalisa.

Ces lieux n'étaient pas juste un simple vaisseau servant à se déplacer de monde en monde. Ils avaient été le théâtre d'innombrables moments quotidiens, colériques, banals ou amusants selon les jours.

Ça avait été la maison d'un trio pendant deux ans.

Et peut-être… ça le serait encore quelques temps.


Roxas regarda la lumière des lampes du salon au travers de son cristal chéri, s'amusant à la comparer nostalgiquement à celles qu'il avait vu au Jardin Radieux et sur le Mont Olympe.

Ils avaient fini par passer la journée à nettoyer le vaisseau et vérifier les machines, et maintenant le soir était pratiquement tombé. Enfin, c'était ce que le garçon supposait, car il n'y avait pas de fenêtre dans le salon pour confirmer cette hypothèse. La seule chose qui le poussait à penser ça était son estomac qui s'étant manifesté bruyamment, couplé au fait qu'ils avaient passé beaucoup de temps ici. Cette supposition fut rapidement vérifiée lorsque Donald et Dingo revinrent de la salle des machines pour préparer le repas, repas qui fut très rapidement servi au vu des réserves pratiquement épuisées du garde-manger.

Alors que Roxas écoutait en silence les trois amis discuter de leurs plans la prochaine fois qu'ils auraient un jour de repos, un petit rire familier attira l'attention de la tablée vers le chevalier :

- Je peux savoir ce qui te fait rire ? fit le magicien en levant un sourcil, perplexe.

Son compagnon jeta un regard à la converse de soupe qu'avait réchauffée l'adolescent pour sa propre consommation, une lueur nostalgique dans les yeux, avant de répondre comme utilisant un code secret connu de lui seul :

- La soup-à-Papa.

Le garçon fronça les sourcils, confus, tandis que le canard semblait tout comprendre et que Jiminy demandait, pas plus avancé non plus :

- Pardon, je crois n'avoir pas bien compris…?

- Il pense à son fils.

Roxas manqua de recracher l'eau de son verre devant la réplique cinglante de Donald, attirant l'attention non désirée de la tablée sur lui :

- Est-ce que ça va, Roxas ? s'inquiéta le chien.

- Ahem, oui, ç-rien, rien, bredouilla l'intéressé en se passant une main sur la figure pour cacher la rougeur qu'il sentait chauffer dans ses joues.

Les trois adultes s'échangèrent un regard concerné, mais ne lui firent pas plus de remarque tandis que le chroniqueur revenait à leur conversation initiale :

- Et donc, tu pensais à ton fils ?

- Oui, Maxie, acquiesça Dingo. Quand il était petit, il s'amusait à écrire des mots avec les lettres de sa soupe, comme "Au revoir", "Papa", "Je t'aime"…

- Au moins il s'amusait pas à voir si c'était un projectile efficace pour embêter ses frères, bougonna dans son bec Donald qui n'avait visiblement pas la même expérience des repas familiaux.

Jiminy se racla alors la gorge pour attirer son attention sur le chevalier, et le canard comprit en le regardant que ses tendres souvenirs le rendaient nostalgique de son époque de père. Détournant habilement la conversation, le magicien proposa de passer la nuit au vaisseau afin d'éviter un réveil brusque pour leurs exercices du lendemain.

Alors que les trois adultes se mettaient d'accord sur comment dormir sur place en évitant des tours supplémentaires, Roxas écouta distraitement, repensant sans trop savoir pourquoi à cette fameuse mention de "soup-à-Papa". Ses yeux se posèrent sur la conserve de soupe aux nouilles devant lui, et une hésitation se nicha dans sa poitrine.

Plus tard, tandis que Donald et Jiminy partaient dans leur chambre et que Dingo rangeait la cuisine, Roxas lui tendit sans un mot son assiette et allant derechef s'allonger dans le canapé, ne sachant où aller pour se dérober. Alors qu'il contemplait son cristal dans la lumière des néons, il se demanda si le chevalier verrait son message, ou s'il mettrait son plat au lave-vaisselle sans remarques les cinq petites lettres méticuleusement alignées au centre…

Une soudaine baisse de luminosité fit rouvrir ses yeux fermés un bref instant, pour constater que quelqu'un avait éteint la lumière sans prévenir. Se redressant pour râler contre celui qui avait éteint les feux en ignorant sa présence, il tourna la tête vers la cuisine.

Ses yeux de ciel tombèrent aussitôt sur une voûte d'étoiles étincelantes.

Bouche bée devant cette vision, l'adolescent resta un moment figé face à la myriade d'astres scintillants devant ses iris. C'était comme si le plafond s'était effacé pour laisser la place au firmament et ses innombrables galaxies. Retombant sur les coussins, il contempla la scène, une sensation de chaleur se diffusant dans son ventre alors que son cœur battait un peu plus, comme lui murmurant qu'il était sauf et en sécurité, protégé par la voûte des cieux qui veillait sur lui.

Subjugué par ce spectacle, le garçon ne vit pas Dingo l'observer depuis le couloir, son regard ému s'humidifiant un peu plus devant son émerveillement, et partir en silence le sourire aux lèvres.


Une odeur de café réveilla en douceur Roxas, qui rouvrit des paupières lourdes mais reposées. Se frottant les yeux pour chasser les dernières traces de sommeil, il s'assit sur le canapé, faisant tomber de ses épaules une couverture qu'il était sûr de ne pas avoir eue sur lui au moment de son coucher. Remettant les pièces de sa mémoire en place, il tourna la tête vers l'odeur matinale et vit assit derrière le comptoir Dingo qui finissait de préparer le petit déjeuner. Se rappelant qu'ils avaient rangé et dormi au vaisseau la veille, le jeune homme alla prendre son repas avec ses camarades déjà levés, se dépêchant afin de ne pas arriver en retard à l'entraînement du jour.

Alors qu'il finissait de se préparer, il vit les trois adultes venir vers lui, semblant vouloir lui parler :

- Euh… Roxas ?

- Hum ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Eh bien…

Les trois adultes semblaient hésiter ou ne pas savoir comment tourner leur phrase, à l'impatience du jeune homme qui mit les mains sur les hanches, un sourcil levé.

- J'ai encore fait quelque chose qui vous plaît pas ? fit-il en tapotant son doigt contre sa cuisse.

- Non ! C'est juste que…

Ils s'échangèrent un regard avant que le canard ne s'élance, poings sur les hanches :

- Voilà, Dingo, Jiminy et moi nous avons beaucoup discuté, et nous sommes tombés d'accord.

L'adolescent fronça immédiatement les sourcils, peu sûr d'apprécier ce qui allait suivre. Mais le magicien poursuivit aussitôt :

- On sait pas combien de temps ça va durer, ni même si t'auras envie de rester… mais peu importe ! Nous avons décidé qu'il était temps que tu ais toi aussi ta chambre dans le vaisseau !

Cette révélation fut une totale surprise pour le garçon ; il s'attendait plutôt à une remarque sur son comportement ou quelque chose du genre… pas à cette proposition !

- Sora a déjà sa chambre comme tu l'as vu, continua Donald en faisant un geste de la tête vers la porte, et nous occupons celle juste à côté, mais à part ça toutes les autres sont libres ! Tu peux prendre celle que tu veux et y mettre tes affaires, comme tu veux !

Roxas resta un instant sans rien dire, immobile. Puis, lentement, il se tourna vers le couloir, alla vers la chambre de Sora et regarda les portes du mur y faisant face. Puis il s'avança vers la deuxième du mur de droite, tandis que Dingo ajoutait :

- Toutes les chambres ont un lit, un bureau et une armoire avec un coffre, mais on peut mettre d'autres choses si t'en as envie.

L'adolescent ne répondit pas, se contentant de fixer la porte, avant de la pointer du doigt :

- C'est la vôtre, c'est bien ça ? fit-il.

- Oui, et non on ne déménagera pas, désolé, fit le canard comme s'il s'attendait à ce qu'il leur demande de prendre cette chambre.

Le garçon ne répondit rien et se contenta de fixer les portes du mur gauche, avant de s'avancer vers celle juste en face de la chambre du trio :

- Celle-ci, dit-il simplement en posant la main sur le battant comme pour le marquer.

Le duo resta un instant sans rien dire, puis hochèrent la tête de concert en souriant, avant d'inviter le jeune homme à prendre ses quartiers s'il le voulait.

C'est alors qu'ils réalisèrent qu'ils étaient toujours attendus pour leurs exercices matinaux, et de se rendre en quatrième vitesse au stade.

Et d'y recevoir dix tours de piste pour leur retard.

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Roxas commence doucement à s'acclimater à sa vie "d'humain". Mais cela va-t-il durer ?

Roxas : Autre question : ces "parties 10" vont-elles encore durer ?

*s'enfuit lorsque je lui fais un regard tueur*

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