Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

De nouveau revenu à la place de Sora après l'apparition d'une Fusion Non-Forme, Roxas se trouve à l'instar de son double amnésique des évènements arrivés après son combat contre Saïx. Suite à une requête d'Ienzo, le garçon a tenté de transférer les données de la Cité du Crépuscule virtuelle au Jardin Radieux, mais l'intervention d'Ansem et Xemnas a résulté en leur destruction totale, anéantissant en même temps tout les espoirs de Roxas de renouer avec sa vie d'antan. Que peut-il faire, à présent ?

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 Roxas contempla distraitement le petit cristal refléter la lumière du dortoir. L'estomac de Sora grogna bruyamment, l'informant du vide qui le constituait depuis presque 24 heures, mais le Simili ignora royalement ses plaintes lancinantes ; même le pire maux de ventre faisait pâle figure face à la douleur qui l'avait brûlé vif lorsque Ansem avait détruit toutes les données de la Cité virtuelle.

Un échange qu'il avait surpris entre Donald et Dingo confirmait ce qu'il savait déjà : Ienzo n'avait pratiquement rien pu transférer avant l'attaque, faisant de leur mission un échec total. Et en plus, il fallait que Sora soit injoignable à ce moment précis.

Tu parles d'une journée pourrie.

Une ombre venue du couloir se dressa sur l'adolescent allongé sur le lit, lui faisant lever les yeux vers la silhouette familière qui se dessinait sur le mur devant lui.

- …Roxas ? Tu dors ? fit une voix inquiète.

Ignorant la figure dégingandée, Roxas fit semblant de dormir ; avec un peu de chance, l'intrus goberait son manège et partirait.

Sauf qu'il insista.

Se rapprochant du lit dans un léger grincement de chaussures, Dingo pencha une mine inquiète vers le garçon pour voir s'il dormait vraiment. Constatant qu'il avait les deux yeux bien ouverts, il fit tout doucement :

- Excuse-moi… Roxas ?

Sachant qu'il ne pourrait pas échapper à la conversation malgré son indifférence, le Simili consentit à lever les yeux du cristal pour fixer ceux du chien. Un court silence se fit, avant que le chevalier ne demande en se tordant les mains :

- …Est-ce que ça va ?

Pendant un instant, Roxas considéra répliquer d'un regard froid. Mais étrangement, il sentit une gêne à répondre ainsi. Alors, pour une fois, il haussa les épaules en fixant à nouveau le cristal :

- Je suis pas blessé.

Son ton certes froid était neutre et dépourvu de sa sécheresse habituelle. Dingo pencha la tête, semblant toujours aussi concerné, avant de se gratter la tête, hésitant :

- Tu sais… je voulais pas vraiment parler de ça…

- Si tu te demandes pour la mission, alors oui j'apprécie pas du tout que Xemnas et Ansem aient tout foutu en l'air, fit alors sèchement le Simili.

Cette réponse subite fit se rétracter le chevalier qui fixa alors le sol comme s'il s'en voulait d'avoir demandé. Un long silence s'installa, avant que le capitaine n'ajoute :

- …Je dois te dire… pour la mission d'hier… les d-

- Les données ont été totalement perdues, je sais, le coupa brusquement l'adolescent en agrippant soudain son cristal.

S'il avait répliqué cette fois-là, ce n'était pas juste parce qu'il le savait déjà : c'était plus que… il n'avait aucune envie d'entendre à nouveau ça. Rien qu'y repenser lui faisait encore plus mal au ventre que la douleur sourde qu'il émettait en ce moment-même.

Devant cette réponse subite, le chien se frotta le bras, comme s'en voulant pour ce qu'il s'était passé. Mais il reprit bientôt la parole :

- Ienzo souhaite quand même qu'on vienne au Jardin Radieux pour faire le point sur la situation.

- On est pas déjà assez au point sur le fait que Sora s'est re-barré dans son cœur et qu'on peut même plus explorer notre meilleure piste ? marmonna le garçon en fixant le mur.

- …C'est vrai, fit Dingo après une pause, mais il nous a dit qu'il avait quand même reçu quelques données avant de perdre la connexion, et même si c'est vraiment peu, il voudrait que tu y jette un œil. Avec un peu de chance, il aura téléchargé le bon document qui pourra t'aider.

Roxas fronça les sourcils, méditant ; honnêtement, il avait aucune envie de retourner au Jardin Radieux même pour ça. Il avait déjà eu trop d'espoir envolés depuis son retour pour se permettre d'espérer encore quoi que soit. Il en avait assez.

Mais…

Une sorte de pressentiment inconnu lui souffla d'y aller quand même. Juste par curiosité.

Jetant un dernier regard à son cristal bien à l'abri dans sa paume, il soupira, fatigué, puis se leva enfin en lâchant un faible :

- C'est bon. Allons-y.

Assis dans un fauteuil, jouant distraitement à faire refléter la lumière dans son cristal, Roxas commençait à trouver le temps long. Donald et Dingo étaient passés par la maison de Merlin, expliquant qu'ils devaient parler au vieil enchanteur sur un sujet qu'ils n'avaient pas daigné expliciter au Simili. Et lui, il attendait depuis tout ce temps, à fixer vaguement au travers de la sphère la lumière, si différente de celle à la Tour Mystérieuse ou à la Cit… à celle du soleil couchant. Si les amis de Sora tenaient tant à trouver au plus vite un moyen de ramener leur Élu chéri, ils prenaient étrangement tout leur temps pour ce faire.

Fatigué d'attendre, le garçon baissa le bras en soupirant, avant de se lever pour jeter un coup d’œil aux livres d'un présentoir. Leurs tranches évoquaient des titres magiques et d'autres plus romanesques, tels que "Volonté de l'Avant" ou "Un seul monde, une autre destinée" d'auteurs aux étranges initiales AS et NL. Et parmi eux, un ouvrage à la couverture parfaitement familière.

Un magnifique ciel de nuit étoilée, avec deux personnages assis dans l'herbe à contempler le firmament: Sora, et un tout petit ours jaune vêtu de rouge. En lettres capitales était marqué au dessus : "WINNIE L'OURSON".

Curieux, Roxas l'examina de plus près : à bien y regarder, le dessin de Sora était nettement effacé, comme si quelqu'un avait frotté très fort son image pour le faire disparaître. Sans trop savoir pourquoi, une sourde mais faible douleur enserra brièvement sa poitrine, comme si cela le peinait de voir l'effigie de son double ainsi enlevée du livre. Le seul souvenir qu'il en avait était qu'il était très cher au cœur de l’Élu, qui aimait s'y plonger de temps à autre pour souffler entre deux aventures…

- Ah, te voilà !

La voix familière fit sursauter l'adolescent, le sortant de sa rêverie. Respirant profondément suite à l'arrivée surprise de Zexion, le Simili garda une main au cœur battant de Sora tout en se tournant vers le scientifique.

- Mes excuses, je ne voulais pas te surprendre ainsi, s'approcha ce dernier. Si je comprends bien, tu es de nouveau parmi nous, Roxas ?

L'adolescent mit quelques instants à assimiler ses paroles, plus par contrecoup de la surprise qu'autre chose :

- …Oui, je suppose, dit-il d'un ton froid.

- J'ai également été informé de ta perte de mémoire durant le retour de Sora, ajouta l'adulte dans sa pose du penseur. Bien qu'en connaissant les circonstances de vos derniers échanges, cela n'est pas complètement surprenant.

Roxas se contenta de le fixer impassible. Le visage de l'adulte s'écarquilla d'une réalisation, et il s'éclaircit la gorge en baissant les yeux, navré :

- Ahem… Je tiens à te présenter mes plus sincères regrets pour ce qu'il s'est passé hier… J'ai fait tout mon possible pour récupérer le maximum de données, mai-

- Épargne-moi ça, je suis déjà au courant, fit le Simili un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

Pris de court par cette réplique flagrante, Zexion resta interdit avant de reprendre :

- …Bref. J'ai examiné le peu que j'ai pu transférer, et bien que je n'y ai rien remarqué de notable, j'espère que l'un de nos camarades y trouvera un élément familier.

Juste à ce moment-là, deux têtes connues pénétrèrent à leur tour dans la pièce :

- Ah ! Ienzo est là, on peut aller voir les données ! fit Donald en se dirigeant vers la porte.

Étrangement, l'empressement du canard sonna quelque peu suspect aux oreilles de Roxas ; mais il l'ignora et rejoignit le groupe. Portant machinalement la main à la poche, il s'arrêta net en n'y palpant que du vide et regarda en arrière : pas de trace de son cristal. Tâtant ses vêtements sans y détecter la moindre trace de l'objet, il revint aussitôt sur ses pas et fouilla partout autour du présentoir, fébrile :

- Mais où il… Où il est ?

- Que se passe-t-il ? demanda Aerith qui venait d'entrer dans la pièce.

- Mon cristal… j'ai perd… où il est ? bafouilla l'adolescent qui fouinait maintenant sous les meubles.

- Que t'arrive-t-il, Roxas ?

- J'ai perdu mon cristal ! cria cette fois le garçon avant de reprendre ses recherches paniquées.

Le groupe se figea, surpris par sa soudaine crise de colère, avant que Dingo ne demande prudemment :

- Tu l'avais bien avec toi lorsque nous t'avons laissé ici, non ?

- Oui ! Je l'avais même sort… ça vous regarde pas !

- Alors il ne doit pas être bien loin si tu n'as pas bougé d'ici jusqu'à ce qu'on arrive ! conclut Donald.

- Alors pourquoi je le retrouve pas ?

- S'il s'agit d'un petit objet, intervint Zexion, il est possible qu'il ait roulé quelque part, et étant donné le capharnaüm de cette pièce, je doute que nous puissions le retrouver de sitôt en cherchant si précipitamment…

- Mais je l'avais il y a cinq minutes ! Pourquoi je l'ai plus ? s'énerva l'adolescent qui sentait un terrible poids lui écraser la poitrine.

La soigneuse s'agenouilla alors près de lui, disant d'une voix très douce :

- Je vois que tu y tiens beaucoup, mais tu n'as pas à t'inquiéter comme ça. Écoute, pendant que vous allez voir les données, je vais faire fouiller toute la pièce ! D'accord ?

- Mais il est fragile ! Si quelqu'un le cassait en…

- Alors je dirais à tout le monde de faire très attention en cherchant ! On va le retrouver, ne t'en fait pas.

Le garçon leva des yeux humides vers elle, croisant les siens bienveillants. L'adolescent se mordit la lèvre, tremblant ; il ne voulait pas partir sans son cristal. C'était la dernière preuve que la Cit… que ses vacances d'été avaient vraiment existé, aussi fausses fussent-elles.

Mais il ne pouvait nier qu'ils avaient raison. La sphère n'avait pas pu quitter la pièce, et chercher aussi fébrilement n'allait pas la lui ramener plus vite.

À contrecœur et un étau enserrant sa poitrine, Roxas rejoignit la forteresse.

Les yeux de ciel du Simili parcoururent les documents et images affichés sur l'écran, cherchant une familiarité.

Mais rien.

Poussant un soupir de dépit, Roxas recula en secouant la tête :

- Y'a rien là dedans.

Les deux scientifiques présents s'échangèrent un regard, avant que Vexen n'insiste :

- En es-tu sûr ? Étant donné la préciosité de ces documents, leur examen minutieux est requ-

- Y'a RIEN, vous avez pigé ? éclata l'adolescent en leur jetant un regard noir. Maintenant fichez-moi la paix, c'est déjà assez chiant comme ça !

Et sans attendre leur réaction, il tourna les talons et s'apprêta à partir. Alors que l'ancien Numéro IV s'insurgeait de cette "outrageuse insolence", Dingo rattrapa le garçon :

- A-Attends, on a pas finit de voir… laisse-nous cinq minutes, d'accord ? lui demanda-t-il, suppliant.

Le Simili lui jeta un regard froid, puis alla s'adosser contre le mur en croisant les bras. Le chevalier le remercia chaleureusement et retourna à l'examen des fichiers avec Donald tandis que le scientifique râlait toujours sur le manque de respect des jeunes. Zexion en profita pour essayer de calmer son mentor et demander aux deux amis de Sora des détails sur l'ordinateur de la veille, estimant qu'ils pouvaient avoir vu des éléments importants perdus durant l'attaque. Roxas poussa un soupir agacé : ça ne mènerait à rien, il en était sûr.

Alors que leur conversation s'attardait sur les documents survolés pendant la connexion, le garçon en eut assez et leur faussa purement compagnie. Il ne comptait pas aller bien loin, juste au quartier général ; mais il ne resterai pas ici à ne rien faire.

L'inactivité le rendait toujours malade. Enfin, c'était l'impression qu'il avait depuis l'attaque. Au moins, il aurait l'occasion de tabasser quelques Sans-cœurs sur le chemin ; ça, ça serait plus utile que de bêtement rester à regarder des documents sans intérêt.

Retrouvant sans difficulté son chemin dans le labyrinthe de couloirs, le Simili trancha sans grand enthousiasme toutes les créatures qui lui barrèrent la route. Un pauvre Carapaçon leva son épée vers lui, mais un sombre sort de glace le gela avant qu'il n'ait fait un pas et Roxas brisa la statue ainsi faite, observant mollement un cœur s'envoler des débris ténébreux vers le ciel sans fin…

Mais une fois aux faubourgs, un détail étrange attira son attention ; depuis plusieurs minutes, les Ombres et Soldats apparaissaient en petits groupes dans les coins ombragés. C'était naturel que les Sans-cœurs se manifestent plus dans la pénombre ou durant la nuit, mais à ce point… Comme s'ils s'étaient soudain fait plus nombreux en ville…

Il n'eut pas le temps de se poser plus de questions qu'il vit Léon débouler d'une ruelle Gunblade au poing, se ruer dans la maison de Merlin, avant d'en ressortir quelques instants plus tard pour disparaître à nouveau sans jamais remarquer l'adolescent.

Roxas n'aimait pas ça. Il sentait qu'il y avait un problème. Un gros problème.

Juste quand il avait cette pensée, une soudaine vague d'Ombres le frôla et s'engouffra par la porte restée entrouverte. Stupéfait par la scène, le garçon se précipita dans la maison, Keyblade au poing ; il put tout juste voir la masse s'écraser maladroitement d'un mur à l'autre, repoussée par deux silhouettes, avant qu'elle ne charge dans sa direction pour repartir d'où elle était venue. Évitant de justesse la furie noire qui se dispersa à l'extérieur, l'adolescent resta un instant déboussolé par la succession d'évènements alors qu'une étrange sensation de malaise lui tordait l'estomac.

- Roxas ? fit alors une voix désagréablement familière.

L'intéressé se tourna alors vers Riku et Youfie, près de ce qui ressemblait à un vortex brumeux de couleur indéfinissable émettant des étincelles et, plus inquiétant, des volutes noirâtres.

- Il se passe quoi ici ? répliqua-t-il sèchement, plus intéressé par le portail que par la vague de Sans-cœurs qui venaient de dévaster la pièce.

- C'est Xehanort ! fit aussitôt la ninja. On essaye de réunir tout le monde pour l'arrêter, mais-

- X-Xehanort est ICI ? s'écria le garçon en écarquillant les yeux d'horreur. Où est-il ?

- Roxas, quoi qu'il arrive, tu ne dois pas l'affronter ! intervint aussitôt l'aîné. On essaye déjà de gérer la crise de Lea et Kairi-

- Il est avec eux ? explosa l'adolescent en foudroyant le Maître du regard.

Ses yeux se posèrent soudain sur l'étrange vortex. Est-ce c'était…?

- Il sont là-dedans, c'est ça ?

- Roxas, il faut que tu m'écoutes ! supplia le Porteur en l'approchant beaucoup trop près. Tu ne dois pas franchir ce portail avant l'arrivée de Merlin ! Il fonctionne que dans un sens, et si tu y entres tu sera coincé là-bas jusqu'à ce qu'on arrive !

- Et tu comptais laisser Axel et Kairi seuls contre Xehanort ?

- Tu ne comprends pas…

- Je comprends très bien que vous les abandonnez ! Mais moi non !

- Roxas ! s'écria Riku en se plantant droit devant lui. Quoi que tu fasses, n'y vas pas !

- Je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi !

Et ne voulant plus rien écouter, Roxas poussa le Maître hors de son chemin et sauta sans hésiter dans le portail.

La dernière chose qu'il entendit avant que tout ne soit noyé dans un vortex de couleurs et sons informes fut la voix de Riku hurler son nom.

Le tourbillon bigarré et sonore se stabilisa brusquement alors que Roxas retrouvait soudain pied, manquant de perdre l'équilibre à l'arrivée de ce voyage interspatial. Reprenant ses esprits, le garçon leva le nez, détaillant une vaste salle en pierres sans fenêtre, vide de tout son ou signe de vie. Empruntant l'unique porte de la pièce, il se retrouva alors dans un salon aux meubles rustiques baigné de lumière crépusculaire se déversant par les fenêtres. Devant lui, une autre porte percée d'une ouverture semblait mener vers l'extérieur. Et toujours personne.

San trop réfléchir, l'adolescent passa la porte, débouchant sur l'orée d'une forêt éclairée par les doux rayons du couchant. Un chemin de terre s'y enfonçait, et seul le bruissement des arbres s'échappait des environs. Sa Keyblade noire à la main et les sens en alerte, le Simili s'engagea sur le sentier.

Le bruit de ses pas et du vent dans les feuilles demeura longtemps l'unique son l'accompagnant dans ses recherches. Ce silence lui pesait ; Axel et Kairi étaient confrontés à Xehanort, et jusqu'ici aucun cri, aucune agitation témoignant d'un combat ne s'était faite présente. Il était peut-être arrivé trop tard…

Et puis d'un coup, un très léger craquement retentit au loin. Cherchant parmi les arbres la cause de ce bruit, le garçon ne vit rien. Sans hésiter plus longtemps, il s'enfonça plus profondément dans la forêt, prêt à répliquer au moindre besoin. Observant attentivement ses environs, il entendit à nouveau un craquement, plus proche cette fois ; se baissant par réflexe dans les broussailles, il entraperçut une forme rosée se déplacer de manière suspecte entre les arbres. S'arrêtant un instant, il vit la forme disparaître de son champ de vision, alors que le silence se faisait à nouveau autour de lui. L'adolescent resta immobile, ne sachant pas si la silhouette inconnue l'avait remarquée. Rien ne bougea, poussant le Simili à reprendre prudemment sa route dans les buissons, l’œil aux aguets.

Soudain un nouveau craquement beaucoup plus près que prévu le fit sursauter, lui faisant tourner d'instinct sa Keyblade vers la silhouette qui venait de marcher sur une brindille. Une fleur de fer jaune se retrouva alors à deux centimètres de son visage avant qu'il n'ait le temps de réagir ; figé de surprise, il resta immobile devant le chrysanthème métallique, avant qu'un murmure extrêmement familier et un corps rose ne remplacent la fleur en se précipitant sur lui :

- Tu es là ! P-Pardon, j'ai cru qu'il m'avait retrouvée, et-et je savais plus quoi faire ! Je suis si soulagée !

Surpris par ce contact prolongé totalement inattendu, et surtout, étrangement gênant, le garçon ne put que baisser la tête vers la jeune fille qui se blottissait contre lui, cramponnée à ses vêtements comme si elle allait tomber dans un gouffre. Après quelques secondes, elle leva enfin les yeux vers lui, un sourire tremblant sur son visage rougit de sueur.

- K… Kairi…

- Chut, fit-elle aussitôt doucement. Il ne faut pas qu'il n-

La Porteuse s'arrêta brusquement en voyant le regard exorbité du Simili, puis se pencha un instant sur lui, yeux plissés, avant de les écarquiller lentement. Se reculant d'un coup comme fuyant le corps soudain étranger du jeune homme, elle le regarda de haut en bas, stupéfaite :

- …R… Ro… Roxas ?

Comprenant la méprise, il se mordit la lèvre, l'air navré, et hocha une unique fois la tête. Son visage se décomposa alors qu'elle fixait le vide, semblant essayer de comprendre ce qu'il se passait ou peut-être d'avaler le fait que ce n'était plus son ami d'enfance qui lui faisait face.

- M… Mais com…

L'espace d'un instant, une douleur aiguë serra la poitrine du Simili en voyant l'expression de la jeune fille. Mais soudain la raison exacte de sa venue ici lui revint en tête, et il se pencha vers elle, scrutant son corps à la recherche de la moindre blessure apparente :

- Kairi, je sais que tu m'attendais pas, mais je suis venu dès que j'ai su que vous étiez en danger. Tu es blessée ?

La Porteuse cligna des yeux comme pour assimiler ses mots, puis se reprit :

- J-Je… Non, je vais bien, mais-

Un bruit non loin leur fit lever le regard, et celui de la jeune fille se décomposa. Roxas ne vit rien aux alentours mais remarqua le changement d'humeur de la Princesse, alors qu'elle murmurait lentement :

- C-Ce… c'est lui, je le sens…

- Xehanort ? S'écria à voix basse le garçon. Écoute-moi ! Je me charge de le garder à distance ! Va au portail et mets-toi en sécurité ! Ne t'occupe pas de moi, cours !

Et sitôt cet ordre donné, l'adolescent surgit des buissons, Souvenir Perdu à la main, courant tout droit en direction du bruit sans même entendre l'avertissement de Kairi.

Traversant branches et broussailles, il écarta les feuillages pour déboucher soudain sur une éclaircie. Un éclat orangé l'aveugla un instant, avant qu'il ne rouvre les yeux sur un espace au bord d'une falaise, surplombant le reste de la forêt. Le soleil du couchant éclairait l'endroit, lui donnant une atmosphère chaleureuse et rassurante au Simili.

Alors qu'il restait un instant en émoi devant les lieux qui lui semblaient si familiers, il vit une silhouette au manteau noir dressé au bord du plateau, occultant un peu l'astre orangé. L'adolescent se tendit, avant de reconnaître la crinière de feu qu'arborait l'adulte, et un sourire s'étira sur ses lèvres.

- Axel !

Appelant son ami, il fit un pas en avant, soulagé de le voir malgré la présence proche de leur ennemi. L'autre tourna alors la tête vers lui, répondant à son nom.

Et Roxas s'arrêta net.

Plus que jamais dans ces lieux intemporels, le Temps semblait avoir arrêté net sa course.

Roxas ne bougeait plus, le visage décomposé et en plein déni. De l'autre côté de la clairière, Axel le fixait sans un mot, semblant à demi étonné de sa présence comme s'il s'était attendu à le voir.

Mais son expression ou les quelques écorchures dans son manteau noir n'avaient aucun intérêt pour l'adolescent. La seule et unique chose qu'il voyait en ce moment même étaient ses yeux.

Ses yeux aux iris aussi froids que l'ambre jaune qui les composaient à présent.

Lentement, le Numéro VIII se tourna vers le Numéro XIII, qui restait là immobile, muet, pétrifié. Alors que l'homme continuait de le fixer d'un air distant, comme l'observant, un faible murmure traversa les lèvres tremblantes du garçon :

- …C-Comment… comment t'as pu faire ça ?

Les yeux de l'adulte se plissèrent à peine, tel un vague signe de regret. Puis, la voix s'éleva faiblement, comme un soupir :

- C'était le seul moyen…

Les yeux déjà écarquillés de l'adolescent s'agrandirent encore plus, avant qu'il ne baisse la tête. Tout son corps se mit à trembler, alors que l'autre glissa dans un murmure :

- …Tu n'étais pas censé être là.

- C'est tout ? C'est comme ça que tu prétends nous protéger ?

Ces paroles, Roxas venait de les cracher à l'homme d'un regard noir, alors que ses poings se crispaient à en blanchir ses phalanges. Comme prit de court par cette réponse, l'adulte écarquilla les yeux, semblant chercher ses mots avant de rétorquer :

- …Tu ne comprends pas ? Je fais ça pour vous ! Pour vous deux !

- Ah vraiment ? C'est tout ce que t'as comme excuse pour avoir rejoint cette ordure ?

- Les Gardiens sont condamnés ! répliqua aussitôt l'homme, son regard brûlant à nouveau. Je fais ça pour vous protéger !

- T'appelles ça nous protéger ? En l'aidant à nous détruire ?

- J'essaye de vous sauver ! Pourquoi tu ne veux pas le comprendre ?

- Parce que tu crois que ça c'est la solution ? s'écria l'adolescent, ses yeux de ciels brillant reflétant le crépuscule derrière eux.

- C'est la seule solution ! rugit l'homme alors que des flammes commençaient à embraser les lieux.

Cette réponse figea Roxas qui écarquilla les yeux, avant de lui hurler :

- Non ! Tu mens ! Et tu le sais ! Tu fais juste ça pour nous avoir avec toi quoi qu'il nous en coûte, comme l'égoïste que tu es !

Pendant un instant, cette dernière phrase sembla faire reculer l'homme en noir ; mais bientôt son regard jaune s'éteignit comme la flamme de colère qui y brûlait jadis. Alors que des braises se changeaient lentement en lames circulaires dans ses paumes, il murmura :

- Très bien. Si tu refuses de m'écouter, je te ferai venir moi-même.

Le garçon serra les dents, alors qu'une douleur atroce et qu'un brasier intense s'opposaient dans sa poitrine ; puis dans un cri de rage, il se jeta sur l'homme qui finissait d'invoquer ses Chakrams, Souvenir Perdu en avant.

Leurs armes se rencontrèrent dans un fracas métallique qui retentit dans toute la forêt. L'instant de flottement ainsi provoqué laissa le temps aux adversaires de se fixer dans les yeux. Un incendie brûlait ardemment dans ceux du Simili, tandis que seule une faible lueur fatiguée se reflétait dans ceux du Numéro VIII.

Puis les coups laissèrent place aux mots. Les armes se rencontraient dans des jets d'étincelles, chaque assaut plus furieux que le précédent. Une frappe plus violente repoussa l'adolescent au loin ; le pyromane en profita pour enflammer ses armes et les lancer sur le garçon. Se rétablissant en plein vol, ce dernier renvoya les projectiles et roula au sol, un genou fléchi. L'homme rattrapa ses Chakrams et resta immobile, alors qu'ils reprenaient tout deux leur souffle.

- Pourquoi tu refuses de comprendre ? finit par dire le Numéro VIII.

- Comprendre quoi ? cracha le Simili avec un rictus de dédain. Que tu es un égoïste qui a abandonné ses amis en prétendant les protéger ?

- Je vous ai protégés ! hurla le pyromane alors que ses flammes s'intensifiaient. C'est vous qui croyez faire tout ce que vous voulez ! Alors allez-y, courrez ! Je serai toujours là pour vous ramener, quel qu'en soit le prix !

Ces mots éveillèrent une étrange sensation au cœur de Roxas. Comme un mélange d'horreur et de remords et de tristesse qui rongeait sa poitrine. Comme un regret lointain qui avait un jour été un espoir.

Mais Roxas secoua la tête, résigné :

- Tu ne peux plus nous ramener, maintenant. C'est trop tard.

- Alors je vous ferai revenir de force ! rugit le Numéro VIII en levant son arme, les flammes dévorant les environs.

Mais alors qu'il allait la lancer en une traînée de feu, un Glacier sortit de nulle part le toucha de plein fouet, éteignant les flammes de sa main et laissant une fine coupure sur sa joue. Surpris par ce sort inattendu, les deux combattants se tournèrent en même temps vers son origine.

Debout à l'orée de la forêt, Keyblade brandie en tremblant vers l'homme en noir, se tenait Kairi, une triste expression résolue dans ses iris bleus humides.

Roxas écarquilla aussitôt les yeux :

- Kairi ! Ne reste pas là, tu dois partir !

- Je ne peux pas ! Je ne vais pas vous abandonner tout les deux ! dit-elle en fixant intensément le garçon.

Et pour une raison inconnue Roxas se sentit touché par ces mots et ces yeux profonds délicatement violacés.

- …La Princesse de Cœur, dit lentement Axel, ses yeux d'ambre froid fixés sur la jeune fille.

Ses propos reportèrent l'attention des deux adolescents sur lui, la Porteuse pointant sa Clé sur lui en esquissant un pas de recul, comme hésitant à rester.

- …Nous avons besoin d'elle aussi. Tout comme ils ont besoin de moi, déclara-t-il sombrement.

- Comment ça ?

- Saïx n'était pas venu pour elle, fit l'homme. Mais pour moi. Leur dernier membre. Cependant, nous aurons besoin d'elle, donc elle viens avec moi.

- Dans tes rêves ! s'écria soudain l'adolescent.

Et sans attendre, il lança sa Keyblade, obligeant l'homme à reculer pour éviter l'assaut qui traça une traînée de Lumière, séparant l'individu de la jeune fille tel une barrière protectrice. Alors que le garçon semblait lui interdire par cet acte de s'approcher de la jeune fille, le pyromane observa les deux Porteurs pointer leurs armes sur lui, avant de se jeter sur eux.

Roxas lança encore Souvenir Perdu sur l'homme qui la renvoya d'un Chakram et projetant l'autre enflammé sur lui ; Kairi jeta aussitôt un sort dessus pour le dévier, permettant au garçon de rattraper son arme et venir au corps-à-corps avec le Numéro VIII. Ce dernier para les attaques de son disque restant et recula lorsque la Princesse rejoignit son camarade ; rappelant son arme, il enflamma ses deux projectiles et les jeta sur le duo. Agissant comme un seul être, les adolescents conjurèrent ensemble un puissant Glacier qui gela sur place les Chakrams malgré leur chaleur. Le garçon en profita pour charger l'homme ainsi désarmé, alors que le pyromane évitait toutes ses frappes comme s'il lisait dans ses pensées. Le Simili se jeta soudain sur lui, Keyblade brandie ; l'homme leva le bras, et une flamme noirâtre se forma dans sa main tendue.

De la même teinte que celle qui avait détruit toute sa vie.

Figé, Roxas fut touché en pleine poitrine par l'orbe de Ténèbres brûlantes qui le projeta en arrière. Hurlant de douleur alors qu'un feu semblait consumer ses chairs externes et internes, il atterrit violemment au sol, Souvenir Perdu disparaissant en une myriade d'étincelles noires.

- Sora ! hurla Kairi en se précipitant, oubliant toute prudence.

Surgissant soudain des flammes, la haute silhouette du Numéro VIII se dressa devant elle. Elle leva immédiatement Appel du Destin, prête à défendre son ami de leur ancien allié, quand son regard croisa celui d'Axel.

Avec la lueur des flammes et les légères traces de sang séché sur sa joue, il semblait que le visage de l'homme arborait deux marques particulières sur ses pommettes.

Deux larmes inversés.

Comme pétrifiée par un sort, Kairi ne bougea plus, ses yeux rivés sur ceux sombres et jaunes d'Axel, ne pouvant que rester là sans rien faire, immobile et tremblante. Sans prêter attention à son état, le Numéro VIII lui saisit vigoureusement le poignet, lui arrachant un cri. Lâchant sa Keyblade sous la douleur, la jeune fille revint subitement à la réalité et essaya en vain de desserrer la poigne de fer qui écrasait son articulation. Sans regarder en arrière, l'homme leva sa main libre et fit apparaître un sombre passage contrastant drastiquement avec la lueur du couchant. Voyant le portail violâtre, le cœur de la Princesse s'emballa soudain alors qu'elle criait, se débattant de toutes ses forces :

- Non ! Non ! Arrête ! Lâche-moi !

Mais aucune de ses plaintes ne semblèrent parvenir aux oreilles du pyromane. Alors que sa lutte s'intensifia sans succès et que ses yeux se baignaient de larmes désespérés, Roxas releva lentement la tête. Son regard se posa immédiatement sur la frêle silhouette entraînée dans les Ténèbres, redite d'une scène qu'il n'avait jamais vue.

D'un seul coup, il se retrouva au cœur de l'action, sa propre main serrée en un étau autour du poignet d'Axel, celui-là même qui retenait celui de Kairi en otage. Ces derniers fixèrent surpris ce petit être qui venait d'arriver, stupéfaits ; dans un même geste, une Clé de Lumière se matérialisa dans la paume gauche de l’Élu et projeta d'un revers l'homme dans un rocher, loin de la jeune fille. Soudain libre, la Princesse resta figée, autant de surprise que d'étonnement, alors que le garçon brandissait courageusement un bras devant elle, la protégeant de son corps, Tendre Promesse serrée dans sa paume et son regard profond dardé sur le Numéro VIII.

- Ne. La. Touche. PAS !

La subite explosion de colère surprit les deux adolescents. L'homme se releva lentement, stupéfait, mais déterminé. Alors au creux de sa paume, dans un éclair noir semblable à un sinistre œil scrutateur, apparut une Keyblade.

Une Clé grise aux lames acérés de chauve-souris, une unique pupille verte fendue fixant sans ciller le duo retranché dans un coin de la clairière.

Sans quitter du regard celui à présent totalement jaune et froid du Numéro VIII, Roxas déclara sans une once d'hésitation :

- Kairi. Pars.

Et sans attendre, il se jeta sur le Chercheur alors que la jeune fille fuyait de toute la vitesse de ses jambes.

Une tempête de coups s'abattit sur les deux combattants, chacun plus fort que le précédent, sans jamais toucher rien d'autre que l'arme adverse. Une véritable rage semblait s'être emparée d'eux dans ce combat sans aucun répit. Mais là où la fureur de l'adulte gardait une parfaite maîtrise, la colère de l'adolescent laissait place à un déchaînement de frappes sans contrôle, guidés seulement par l'émotion. Cette furie grandissant de plus en plus lui coûta la prudence ; alors qu'il avait pu repousser l'homme d'un coup plus puissant que le reste, il se jeta Clé brandie au dessus de la tête sur l'adversaire. Sans même hésiter, le pyromane leva la main et conjura un Brasier X obscur sur lui ; le Simili vit la redite et réagit cette fois à temps, abaissant sa lame pour arrêter le sort. Mais le feu ténébreux fut plus puissant qu'il ne l'avait imaginé et explosa au contact, le projetant en arrière.

Son arme lui échappa des mains, et alors qu'il reprenait ses esprits, une ombre se dressa devant lui. Il eut juste le temps de relever la tête pour voir une silhouette aux yeux jaunes luisants lever une Keyblade noire, prêt à l'abattre droit dans son cœur.

- ARRIÈRE !

Une énorme boule de feu fusa sur l'homme qui la repoussa de son arme, avant de reculer pour éviter un jet de bouclier mais se prit une orbe de lumière de plein fouet alors qu'une barrière violacée s'éleva soudain autour de Roxas. Une multitude de silhouettes barrèrent la route au Chercheur, et tandis que la protection se dissipait, l'adolescent vit Riku se planter droit devant lui, une étrange Clé plate argentée au poing.

Encore sous le choc, le garçon resta figé alors que deux mains se posèrent sur lui, épaulés par un bouclier et un bâton reconnaissables entre mille. Les Gardiens s'étaient dressés entre lui et l'homme qui avait failli lui arracher le cœur quelques secondes avant.

- Ne l'approche pas, Xehanort ! clama Riku en brandissant fermement sa Keyblade.

- C'est terminé, déclara aussitôt le Roi en pointant Stella vers le pyromane. Tu ne pourras pas t'enfuir. Libère Lea, et disparais !

Le Chercheur les dévisagea un instant, inexpressifs. Puis un sourire qu'ils ne connaissaient que trop bien s'étira sur ses lèvres alors qu'il répondit, dédaigneux :

- Parce que vous pensez sincèrement que ce cher Numéro VIII a été contraint de rejoindre nos rangs ?

- Arrête de parler de Lea comme ça ! s'écria Kairi retranchée derrière Roxas, sa Keyblade tremblant dans sa main.

- Je n'ai pas à recevoir d'ordres de toi, Princesse, répliqua l'homme en lui jetant un regard inquiétant.

La jeune fille resserra ses mains autour des épaules de l'adolescent, tremblante, alors que le pyromane reportait son attention sur les Gardiens :

- Pour votre gouverne, je n'ai eu nul besoin de lui forcer la main. Il est revenu de lui-même.

La façon qu'il avait de déclarer ces mots d'un air hautain fit bouillir le sang dans les veines du Simili.

- MENTEUR !

Sans plus attendre, le garçon se jeta sur l'homme pour lui faire payer ses mensonges. Une main puissante le rappela soudain en arrière, tandis qu'une silhouette familière se dressa devant lui en le protégeant de tout son corps. Riku eut tout juste le temps de parer l'assaut du Chercheur, mais la force de l'impact le projeta en arrière, emportant avec lui Roxas et Dingo qui étaient dans sa trajectoire. Alors qu'ils roulaient dans l'herbe, Donald réagit au quart de tour et lança un Brasier X dans la figure du pyromane ; la flamme fut proprement réceptionnée par la main libre de l'homme, laissant le temps au canard de réaliser son erreur. Le Chercheur renvoya le feu infusé de ténèbres sur l'envoyeur, obligeant le magicien et Kairi à sauter hors d'atteinte de l'explosion qui s'ensuivit en créant un mur de flammes. Mickey se précipita aussitôt vers la jeune fille, conjurant un sort Perle sur le pyromane pour lui laisser le temps de la rejoindre. Riku en profita pour aller au contact avec l'homme, mais fut rapidement repoussé et renvoyé mordre la poussière. Alors que le Roi et ses laquais tentaient d'éteindre l'incendie, le Chercheur tourna son regard vers le Simili toujours à terre, et un sourire mauvais étira ses traits.

- Je te dois des remerciements, lança-t-il alors à l'adresse du garçon qui peinait à se redresser.

Tous relevèrent la tête vers le pyromane suite à ces paroles. Ravi d'avoir enfin leur attention, il poursuivit :

- Oui, c'est grâce à toi que Lea a réalisé la futilité de votre lutte et a enfin joint notre cause. Tu as été d'une grande aide pour le convaincre de l'insignifiance des Gardiens !

- Tu racontes n'importe quoi ! Sora ne ferait jamais ça ! déclara Kairi, les poings serrés.

- Vraiment ? C'est pourtant lui qui a désigné Lea comme étant un égoïste et un menteur ne cherchant qu'à assouvir son propre bonheur au détriment de celui de ses si chers amis, n'est-ce pas ? fit-il en jetant un regard qui en disait long vers le Simili.

Une soudaine réalisation frappa Roxas, qui écarquilla les yeux. Satisfait du résultat, l'homme allait continuer sa tirade quand une lame le manqua de peu, lui coûtant au passage quelques mèches écarlates décolorées ; Riku resserra sa poigne sur sa Keyblade, foudroyant d'un regard furieux et glacial le Chercheur :

- Je t'interdis de reporter tes propres fautes sur lui.

Le pyromane esquiva les frappes qui suivirent ces mots, avant d'abaisser la main, projetant un mur de flamme autour de lui ; l'aîné se précipita devant Roxas pour le protéger d'une barrière noire, tandis que Mickey sautait par dessus la vague et que Donald et Dingo couvraient Kairi de leur magie et bouclier.

L'homme profita de la confusion pour se ruer sur la Princesse, envoyant valser le chevalier qui s'était interposé et brisant d'un seul coup la protection qu'avait levé le magicien, le laissant sonné. La jeune fille brandit sa propre Clé comme pour lui interdire de s'approcher, mais ne bougea pas quand il leva son arme. Une Perle l'obligea cependant à s'écarter, laissant le temps au Maître de se jeter sur lui. Le Numéro VIII fit un salto arrière pour l'esquiver, avant de parer sans la moindre difficulté la charge de Roxas qui s'était enfin relevé. Le repoussant à terre, il abaissa à nouveau sa main, créant un second mur de flammes noires qui barrèrent la route aux Gardiens, le laissant seul avec le Simili.

Alors que le garçon se redressait, sonné, le pyromane en profita pour reprendre son discours précédent :

- J'aurai aimé pouvoir également te convaincre de nous rejoindre, fit-il d'un ton étonnamment désolé. Mais tu es si entêté… Un trait de caractère que j'admire, je dois l'avouer.

- La ferme ! J'en ai marre de vos mensonges !

- Et pourtant, continua l'homme sans prêter attention à cette réplique… Il n'a pas fallu beaucoup pour persuader ce cher Axel de revenir… En fin de compte, la simple perspective de pouvoir enfin sauver eux qu'il a perdus a été extrêmement efficace.

- J'ai dit la ferme ! rugit l'adolescent.

Sans plus réfléchir, il se jeta à nouveau sur lui, Keyblade en avant.

En un éclair, Tendre Promesse finit au sol, disparaissant en une nuée de lumière, et une main enserra la gorge de Roxas, soulevé de terre sans effort par le Numéro VIII.

Luttant pour se défaire de l'étau qui l'étouffait et essayer de respirer, le Simili se débattit faiblement, sentant sa conscience partir de seconde en seconde. Le pyromane l'approcha alors de lui, le dévisageant de ses yeux jaunes dénués de vie :

- Pauvre Axel, fit-il sans remord… Toutes ses tentatives pour sauver ceux qui lui sont chers, réduites une à une à néant… Cette incapacité à les protéger, fussent-ils les amis d'hier ou d'aujourd'hui… Cette frustration de ne jamais réussir malgré tout ses efforts… Tout cela engendra une insupportable culpabilité, emplie de regrets… et de Ténèbres…

Roxas leva des yeux déjà à moitié vidés de leur vie, tandis qu'il s'accrochait désespérément à celle qui luttait pour ne pas mourir asphyxié sous cette poigne impitoyable.

- Il tient réellement à vous, tu sais… soupira l'homme d'une voix presque triste. Il se reproche tellement de choses… Et par dessus tout, il se reproche de n'avoir pas pu vous sauver… Tout est de sa faute, c'est ce que tu lui reproches, n'est-ce pas ? Et bien, tu avais raison. Tout est de sa faute. Et ce sentiment ne l'a plus jamais quitté.

Plus aucun bruit ne retentit, à l'exception du craquement des flammes et les quelques rares gémissements du garçon, à présent presque inerte. Voyant qu'il avait cessé de bouger, le Chercheur se retourna vers le passage obscur toujours ouvert.

- E-Et… Et al… lors ?

Le pyromane tourna le regard vers la voix rauque et étranglée, levant un sourcil, avant que Roxas ne relève faiblement le visage, fixant de ses iris de ciel mourants mais déterminés ceux jaunes et sans éclat d'Axel :

- C-C'est t-ta f… faute s-si o-on est p… par… tis… Et-t a-alors ?

Comme surpris par cette dernière résistance, l'homme écarquilla les yeux, une vague lueur s'y reflétant devant ceux brillants du garçon.

- Qu-qu'est-c-ce… qu… t… vas faire p… pour chang… ç-ça ? H-Hein, Axel ? Qu'est-ce que tu… f-fais maintenant ? Tu chois… sis d'aid… aider cette ordure ? Tu cr… crois vraim… que c'est une bonne idée ? Si c… c'est ça… tu n'es pas le Axel que je connais… je le sais… je l…

Les mots moururent dans la gorge de l'adolescent pour laisser place à une puissance quinte de toux alors qu'il retrouvait enfin l'air, ses deux pieds bien posés sur le sol ferme. Pendant tout son discours, Axel l'avait fixé, un éclat de lumière revenant peu à peu dans ses yeux jaunes. Tout semblait s'être ralenti.

- Maintenant !

Surgissant de nulle part, Mickey lança une Perle surpuissante, forçant l'homme à se retourner pour parer l'assaut. Au même moment, une main forte saisit l'épaule de Roxas et le tira hors de portée de l'homme alors qu'il s'écroulait, trop affaibli pour rester debout. Le pyromane s'apprêta à lancer un Brasier en pleine visage du Maître, mais ce dernier agrippa fermement sa paume pour annuler le sort.

Le Chercheur put tout juste voir Kairi lever sa Keyblade, un "Je suis désolée" sincère mais déterminé s'échappant de ses lèvres, avant que les trois Porteurs ne brandissent à l'unisson leurs Clés vers son cœur.

Une lueur intense rivalisa quelques secondes avec celle du couchant qui éclairait les lieux et Roxas put juste voir une silhouette noire s'écrouler lourdement, avant que tout ne disparaisse.

Quand le Simili ouvrit à nouveau les yeux, ce fut pour voir trois visages familiers penchés sur lui.

Plissant les paupières en tentant d'apaiser le mal qui lui vrillait les tempes, il dévisagea un instant les images floues dansant devant ses yeux, avant d'enfin reconnaître Léon, Aerith et Mickey qui le fixaient, inquiets mais soulagés.

- …Pourquoi je suis là ? parvint-il à articuler en se redressant de côté, une main inconnue l'empêchant de tomber.

- Tu avais besoin de repos après votre dernier combat, fit laconiquement le guerrier.

Ses explications étranges firent froncer les sourcils à l'adolescent, avant que tout ne lui revienne en un éclair ; se relevant brusquement, il s'apprêta à dégainer sa Keyblade tandis qu'Aerith tentait de le garder sur le lit :

- Axel ! Kairi ! Où sont-ils ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que Xehanort-

- Tout va bien, déclara fermement l'adulte en l'empêchant de se lever. On s'est débarrassé de lui.

- …Où est Axel ? demanda tremblant le garçon.

- Dans sa chambre, dit doucement la soigneuse. Il est hors de danger, mais il lui faudra du temps pour se remettre complètement.

- …Et Kairi ?

- Elle se repose elle aussi, ajouta-t-elle. Personne n'est gravement blessé. Tout va bien.

- …C'était pas un rêve, alors, réalisa sombrement Roxas.

Tous baissèrent la tête en guise de réponse, l'air désolé, résigné ou abattu. Après un court silence, le Roi osa lever les yeux, l'air plus défait que jamais :

- Non, malheureusement… et nous n'avons rien vu venir. J'aurai dû comprendre que quelque chose clochait lorsque Xehanort n'a pas tenté de nous arrêter dans le Royaume du Sommeil. J'aurai dû comprendre qu'il avait possédé l'un de nous…

- Majesté, fit alors la jeune femme, ça ne sert à rien de se lamenter sur le passé. Nous avons pu empêcher que Xehanort n'enlève Kairi et avons libéré Lea de son emprise. Nous avons gagné une bataille, pas essuyé une défaite.

Le monarque baissa les yeux, mais hocha la tête, reconnaissant.

Mais Roxas n'y prêta pas attention. Toute cette histoire lui tordait l'estomac, enserrait sa poitrine et lui donnait l'impression d'étouffer.

Sans un regard pour le groupe, il se leva d'un coup et se précipita vers la porte.

- Attends ! Tu es encore fatigué, il faut te reposer ! s'exclama Aerith en voulant le retenir.

- J'ai besoin de sortir !

Cette réponse sembla leur suffire, car ils le laissèrent tranquillement partir. Roxas déambula dans le couloir, essayant d'oublier la fatigue qui tiraillait chacun de ses muscles. Il voulait juste changer d'air après toutes ces conneries qui lui arrivaient en même pas deux jours.

Arrivant au salon, où discutaient Donald, Dingo et Youfie, le Simili allait se diriger vers la sortie quand il remarqua une silhouette aux cheveux d'argent détestablement familiers dans un coin de la pièce.

Tenant dans sa main un cristal bleu unique en son genre.

- REND-LE-MOI !

Riku eut à peine le temps de se tourner vers le cri qu'une tête brune au yeux de ciel furieux envahit son champ de vision et s'empara du petit objet dans sa main comme s'il voulait la lui arracher. Il ne put même émettre un son de surprise qu'un poing rencontra avec haine son visage et le projeta en arrière.

Alors que les spectateurs restaient figés devant cette scène et que l'aîné se redressait, le nez en sang, Roxas sortit furieusement dans la rue.

C'était encore lui ! C'était de sa faute s'il avait encore perdu son cristal ! Voleur un jour, voleur toujours on dirait.

Cette fois, il en avait plus qu'assez. Assez de tout, d'Axel qui l'abandonnait encore parce qu'il croyait leur cause perdue, de Riku qui lui dérobait encore tout ce qui lui importait, de Xemnas et Ansem et Xehanort qui dès le début de son existence avaient tout fait pour détruire leurs vies, de Sora qui avait commencé tout ça à fuir dans son cœur et ne leur avait même pas dit ce qu'il avait fait, de simplement être coincé ici à ne pouvoir rien faire…

Et en plus les Sans-cœurs qui apparaissent juste quand il voulait qu'on lui foute la paix. Appelant d'un geste agacé sa Clé noire, il détruisit les créatures ténébreuse ; encore heureux qu'elles soient faciles à détruire, c'était déjà assez casse-pieds comme ç-

Un coup de griffe qu'il n'avait pas vu le frappa de plein fouet, avant qu'il n'élimine l'Ombre ayant osé le prendre en traître. Mais un frisson le saisit quand il sentit sa main libre refermée sur du vide ; le choc lui avait fait lâcher le cristal, qui roulait à présent vers un Rondouillard s'apprêtant à charger. Il vit horrifié l'imposant pied du bonhomme s'abaisser vers la précieuse sphère, et plongea pour la récupérer avant l'instant fatidique.

Mais le pied du monstre s'abattit sans pitié sur la petite chose fragile, juste sous les yeux du garçon :

- Non ! NON !

Brûlant de fureur et de désespoir, l'adolescent envoya un puissant Brasier qui consuma la créature en un instant. Se jetant à genoux sur les cendres ténébreuses qui s'évaporaient, le Simili baissa un regard horrifié vers ce qu'il restait du cristal.

Mais contre toute attente, il semblait toujours entier. Tremblant, le garçon saisit avec la plus grande délicatesse la petite sphère, craignant un instant qu'elle ne s'effondre en miette à son contact. Mais rien. Le cœur battant, il l'examina, cherchant la moindre trace d'une fissure dans les entrelacs gravés.

Mais rien. Le cristal était parfaitement intact, comme au premier jour.

Stupéfait, Roxas ne put que contempler la petite sphère dans ses paumes, décontenancé :

- …C-Comment… comment est-ce que…?

- …C'est à cause de nous, Roxas.

Roxas se retourna brusquement vers Dingo, se tenant non loin avec Donald. Figé, le garçon murmura :

- …Quoi ?

Les deux compagnons restent muet un instant, se tordant nerveusement les doigts ou se grattant la tête, avant que le magicien ne commence :

- On était pas vraiment venus pour les donnés, cette fois.

- A… avec ce qui s'est passé hier, quand on a vu que tu avais toujours ce cristal… on a compris d'où il venait, et que t'y tenais vraiment… alors…

- Alors on a voulu s'assurer que personne puisse le… casser, lui aussi, et on est allés demander à Merlin un coup de main pour ça.

- Il avait besoin du cristal pour son sort, alors… on te l'a emprunté… juste le temps qu'il le protège, c'est tout ! Et on pensait te le rendre en cachette, mais… avec ce qui s'est passé, on n'y a plus repensé jusqu'à… On voulait juste te faire une surprise, Roxas…

Le Simili les dévisagea, les yeux écarquillés de stupéfaction. Balbutiant, il fixa sa sphère, puis le duo :

- M-Mais v… mais c… Pourquoi ?

Les amis de Sora s'échangèrent un regard, avant de fixer Roxas d'un même air sincère :

- Parce qu'on voulais plus jamais que tu repasses par la même souffrance.

Ces simples mots figèrent le Simili dans tout son être, comme s'il ne s'attendait pas à ça. Ses yeux fixèrent stupéfait le duo, puis le cristal maintenant protégé à jamais, et ne le quittèrent plus.

Riku massa son nez proprement soigné par Mickey, puis releva la tête en entendant la porte des chambres s'ouvrir. Kairi entra alors dans la petite salle commune, ses doux traits marqué par la fatigue ; l'aîné s'approcha immédiatement :

- Eh, Kairi… comment tu te sens ? demanda-t-il en posant une main chaleureuse sur son épaule.

La jeune fille fronça quelques instants les sourcils, comme méditant sa réponse ; mais bientôt, un sourire reconnaissant éclaira son visage assombri :

- Un peu fatiguée, mais très bien !

- Tu es vraiment sûre ? avança doucement le Roi, l'air concerné. Après ce qu'il s'est passé…

- Je… je sais que vous vous inquiétez parce que Xehanort a failli posséder l'un de nous…

- Pas n'importe lequel d'entre nous, fit Riku en serrant un peu plus l'épaule de son amie. Lea.

L'allusion crispa quelque peu la Porteuse, mais elle se reprit vite :

- Oui. Mais… malgré tout, je sais au fond de moi que celui qui nous a attaqué aujourd'hui était Xehanort, pas Axel, ou Lea. Il n'était pas lui-même, et si ça avait été le cas je sais qu'il ne m'aurait pas fait de mal. J'ai… juste été un peu prise de court, tout s'est passé si vite…

- D'ailleurs, avança doucement Donald en s'approchant… On… on sait toujours pas ce qui s'est passé pour que… ça arrive.

Cette question fit se rétracter la jeune fille qui se prit le bras, tremblante. Le magicien allait s'excuser et dire qu'ils avaient pas besoin de savoir tout de suite quand elle reprit la parole :

- On… s'entraînait, comme d'habitude… et puis… tout d'un coup… il est tombé. J'ai cru que je l'avais frappé trop fort, m-mais… I-Il… il a juste eut le temps de me dire de courir qu…

Kairi venait de se mordre la lèvre, larmoyante, alors qu'autour d'elle tous se rassemblaient, posant une main compatissante sur son épaule.

- A-Après… j'ai couru… j'ai d'abord pensé à revenir au portail pour vous avertir, mais des Ténèbres ont bloqué l'accès et je… j'ai juste tourné en rond jusqu'à ce que S… Roxas arrive, et la suite…

Le groupe hocha la tête, connaissant le reste de l'histoire. Le Roi ajouta :

- Merlin et les Bonnes Fées vont s'assurer que Lea n'ait pas de séquelles après ce… ces évènements. En attendant, il serait préférable que vous vous reposiez quelques temps.

- C'est pas la peine ! assura alors la jeune fille. Je ne tiens pas à rester sur la touche même pour ça, je suis prête à me battre !

Riku sourit face à cette détermination. Sora déteignait vraiment sur elle, même quand il n'était pas présent.

- Est-ce que tu penses pouvoir nous rejoindre maintenant ?

La voix basse et familière attira l'attention de tous vers la frêle silhouette de Sora, resté depuis tout à l'heure à l'écart dans un fauteuil à contempler un cristal dans la lumière. Les mots de Roxas, qui n'avait encore rien dit, surprirent le groupe.

- …Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda lentement Kairi.

Roxas rattrapa la sphère dans sa main, puis répéta sans jamais les regarder :

- Crois-tu pouvoir te battre avec nous contre Xehanort ?

La jeune fille fronça les sourcils, visiblement confuse, avant de répondre :

- Et bien… je sais que je ne suis pas aussi forte que Riku ou Sora, mais je… je trouve que je me débrouille bien, surtout après ce que… qu'il s'est passé tout à l'heure…

Un long silence répondit à ses mots. Puis, lentement, le garçon se leva, s'avança le regard bas, puis posa des yeux de ciel inexpressifs sur elle.

- Attaque-moi.

Sa demande subite surpris le groupe qui le fixa médusé, alors que Kairi clignait des yeux:

- H-Hein ? M-mais que, pourqu-

- Ne te pose pas de questions, attaque-moi, répéta-t-il simplement.

La jeune fille resta interdite ; puis, appelant à elle sa Keyblade, elle obéit et esquissa un très léger coup dans sa direction pour ne pas le blesser.

En l'espace d'un éclair le Simili dévia l'assaut d'une Clé noire avant de la rediriger vers la Porteuse. Prise de court, elle put à peine parer ce coup, puis un autre d'une Clé blanche venu moins d'une seconde après. Reculant sous le choc, elle tituba tandis que les attaques pleuvaient toujours sans retenue. Une frappe la poussa à terre, Appel du Destin lui échappant des mains dans un éclat de Lumière. La Princesse resta pétrifiée, fixant la silhouette familière qui abaissa sa Keyblade noire sur elle.

- STOP !

La lame s'arrêta nette lorsqu'une barrière se dressait soudain devant Kairi, alors que le dos de Souvenir Perdu s'immobilisa à un centimètre de la protection. Roxas tourna le regard vers Donald, son bâton courageusement brandit vers eux.

Et sans un mot, il se redressa et fit disparaître ses Keyblades.

Alors que le bouclier s'effaçait de lui-même, le groupe resta figé comme hésitant à réagir suite à cette soudaine altercation. Le Simili se tourna vers Kairi, toujours à terre, et lui tendit sa main gauche. La jeune fille regarda sa paume tendue, puis son visage impassible, et ne bougea pas. Comprenant sa décision, les yeux de ciel du garçon semblèrent se teinter de regret alors qu'il baissait le bras, déclarant d'une voix neutre :

- Quoi que tu penses, je ne t'aurai jamais touchée.

Sa réponse si contradictoire à son attitude précédente choqua l'assemblée. Tandis que la Princesse se relevait toute seule, parcourue d'un frisson subtil, Donald ouvrit le bec furieux :

- Qu'est-ce qui t'a pris comme ça ?

- Je devais m'assurer que je n'imaginais pas des choses, et aussi que tu t'en rendes compte toi.

- Qu'est-ce qu-

- Tu n'es pas prête.

Cette réplique cinglante figea net la Porteuse. Alors qu'elle écarquillait les yeux, le garçon poursuivit :

- Tout le monde l'a remarqué, n'est-ce pas ? Tu n'as pas pu te défendre quand j'ai riposté, et tu n'as même pas essayé de me porter un véritable coup. Tu as juste frappé sans conviction, sans oser y aller vraiment contre moi.

- Mais j'allais pas t-

- Imagine que nous ayons été seuls, que ce n'était pas moi mais Axel. Imagine que ce soit arrivé quelques heures plus tôt.

Le sous-entendu pétrifia le groupe, mais la jeune fille répliqua :

- Je… je comprends ce que tu veux dire, m-

- Tu te rends compte que tu n'es pas parvenue à te défendre contre moi, alors que je n'étais même pas sur mes gardes ? Comment comptes-tu réagir face à un ennemi qui ne te laissera aucune ouverture ?

- Mais tu n'es pas un ennemi ! Je n'allais pas te frapper comme si tu l'étais !

- Axel non plus n'étais pas un ennemi, et tu n'as pas pu te défendre !

La vérité fit se rétracter la Princesse, alors que l'adolescent ajoutait, imperturbable :

- Tu n'as pas non plus été capable d'attaquer correctement lorsque je te l'ai demandé, parce que tu n'as pas osé lever ta Keyblade sur moi. Tu n'as pas pu lever ta Keyblade sur quelqu'un que tu connais, même quand tu étais en danger.

Un lourd silence s'abattit sur eux, avant que le Simili ne conclut d'un ton sans appel :

- Tu ne peux pas encore nous rejoindre dans ce combat. Tu n'as pas les capacités pour te battre, ni te défendre quelle que soit la situation. Tu n'es pas prête à nous rejoindre, et si tu continue ainsi à faire comme si rien ne pouvais arriver, tu ne seras jamais prête.

Plus rien ne bougea, alors que Kairi dévisageait le garçon qui la regardait sans ciller, inexpressif.

Et, sans un mot, la Princesse tourna les talons et disparut dans le couloir, les larmes aux yeux.

Pendant un instant, Roxas resta là à fixer l'endroit où elle se tenait auparavant. Puis, lentement, le Simili baissa la tête, ses yeux de ciel sombres et emplis d'une colère qui semblait tournée contre lui-même.

Sora fixa sans un mot Roxas.

Ou plutôt, le reflet de Sora fixait Roxas depuis la surface du plan d'eau d'où ce dernier contemplait la silhouette de son double.

Les vagues provoquées par la cascade rendaient l'image renvoyée déformée, mais malgré l'expression ferme inadéquate à la frimousse radieuse de l’Élu, c'était bien le visage de Sora que le Simili fixait en silence depuis un long moment déjà.

Mais en réalité, Roxas ne voyait pas vraiment cette figure aux traits maigres et tirés qui le dévisageait de ses yeux teintés de ciel. Le garçon était noyé dans ses réflexions, profitant d'un moment de paix dans l'entraînement de terrain pour libérer le flot de pensée auparavant retenu par l'adrénaline des combats.

Il n'était personne. Un être voué à disparaître dans le cœur qui l'avait créé, n'être qu'une copie d'un autre sans avoir de "lui" à soi.

Un créature créée lors de la quasi destruction de quelqu'un de beaucoup plus important et réel, ramenée il ne savait comment au prix de la présence de cette même personne, et qui usurpait la place qu'il avait parmi ses proches.

Une entité forcément détestée de ces fameux proches et leurs alliés, et qui ne pouvait que comprendre leur haine envers lui, lui qui avait agressé l'un d'eux et volé la présence de leur Élu si précieux et aimé.

Un Simili qui n'avait maintenant plus rien ni personne à qui s'accrocher, et n'attendais que de disparaître à nouveau dans les ombres où étaient sa place…

Alors pourquoi ?

Pourquoi les Gardiens tenaient-ils autant à le ramener parmi eux ? Pourquoi essayaient-ils de l'aider ?

Pourquoi lui montraient-ils tant d'attention au point de protéger son cristal, un objet n'étant pour eux d'aucune utilité ou d'aucune importance qu'il soit brisé ou non ?

Qu'est-ce qu'ils voulaient faire ?

Figé dans l'image du reflet aquatique et noyé dans les clapotis, Roxas n'y comprenait rien.

Il n'y comprenait rien du tout.

Tout était compliqué… et en même temps, comme s'il savait la réponse à sa portée. Mais qu'il ne savait pas où l'attraper.

Des bruits de course le sortirent enfin de ses pensées, alors qu'il entendait déjà les caquètements énervés de Donald et les pas reconnaissables de Dingo. Détachant son regard de la surface de l'eau, le Simili regarda les deux amis de Sora courir vers lui, l'ayant rattrapé après qu'il soit parti combattre des Sans-cœurs de son côté. Le canard allait sans doute repartir dans un de ses sermons sur l'importance de ne pas se séparer en pleine mission et blablabla…

Il aurait pu, si une troupe de créature noires familières ne s'étaient pas dressées entre eux. Sans enthousiasme, le garçon se lança au combat, voulant rapidement en finir pour rentrer au colisée. Mais il comprit très vite que les Ombres n'étaient pas venues toutes seules lorsqu'un petit régiment de monstres volants rejoignit leurs rangs. Encore quelque chose qui faisait durer l'affrontement plus longtemps que nécessaire.

Agacé par leurs arrivées incessantes, l'adolescent décida d'en finir vite. Et le meilleur moyen d'y arriver était encore "d'emprunter" un peu de force à ses camarades de combat. Leur jetant un coup d’œil, il les vit en pleine bagarre contre les Gladiateurs volants, ces agaçants Sans-cœurs qui leur menaient la vie dure depuis leur arrivée au Colisée. Les deux semblaient parfaitement en forme… mais Dingo était déjà loin avec son fameux Dingo-Turbo.

Tant pis Donald, ça sera encore toi…

Déblayant ses environs immédiats d'un assaut circulaire, le garçon inspira lentement, prêt à invoquer le pouvoir de Sora, avant d'appeler à lui la magie du sorcier ; après, il suffirait de quelques éclairs et peut-être un petit Brasier final pour nettoyer les lieux, et…

Mais juste au moment où il sentait la force mystique entrer en lui, le faisant se cambrer sous sa puissance enivrante, une toute petite figure noire surgit du sol… droit sur lui.

Le Simili resta figé lorsque l'Ombre se jeta sur lui, ses petites griffes envieuses dardées vers lui… et effleura la Lumière au cœur de sa poitrine.

Dingo finissait de faire voler quelques Soldats sur son bouclier-luge quand une voix familière retentit tel un cri d'horreur dans la montagne :

- Non, NO-

Se retournant instinctivement vers Sora qui avait hurlé de terreur, le chevalier eut le temps de voir Donald tituber avant qu'une impression terrifiante, telle une vague de malheur, ne lui fasse plier un genou à son tour. Levant les yeux vers l'endroit où se trouvait le garçon, il eut tout juste le temps de voir une lumière mourir engloutie par une orbe de Ténèbres, avant qu'une forme noire horriblement familière n'en surgisse en déchiquetant de ses mains nues l'Ombre à proximité immédiate.

Se jetant sur les monstres, la créature trancha et cogna en une danse macabre d'une cadence effrénée. Un groupe de Sans-cœurs volants s'apprêta à l'attaquer pendant qu'il lacérait un Soldat ; dans un réflexe, Dingo lança son bouclier sur eux alors qu'un puissant Brasier de Donald le rejoignait pour défendre la silhouette méconnaissable. Les attaques dissipèrent la masse, permettant à la forme de se jeter sur eux pour les exterminer dans une furie de griffes et de coups de pieds mêlés de magie noire. Les quelques monstres restants semblèrent comprendre la menace qu'était cette chose et repartirent dans les Ténèbres, sauf quelques infortunés qui finirent sous les griffes impitoyables de la créature.

Mais malgré leur disparition, cette dernière ne sembla pas comprendre que le danger était écarté et se débattit violemment, roulant par terre comme affrontant un ennemi invisible. Donald et Dingo restèrent figés, n'osant pas intervenir, quand soudain les Ténèbres autours de la silhouette se dissipèrent enfin, révélant un adolescent qui s'effondra en un cri pathétique, se tenant la poitrine comme si son cœur allait en jaillir. Tremblant, il resta figé, un éclat terrorisé et perdu dans ses iris bleu profond. Morts d'inquiétude, Donald et Dingo se précipitèrent vers lui, osant à peine le toucher :

- Est-ce… est-ce que ça va ? demanda le chevalier.

Le garçon continua de fixer le ciel, le souffle court, le visage en sueur, comme essayant de reprendre ses esprits. Puis, lentement, d'une voix rauque presque méconnaissable, il murmura :

- Roxas…

Roxas a eu peur.

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Les pistes s'amenuisent, Lea a été possédé par Xehanort, et maintenant Roxas a basculé dans la Non-Forme… Quelle nouvelle infortune attend les Gardiens ?