Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Quelques jours auparavant, nous fêtions les un an du dernier-né de la série. Avec ce chapitre, je célébrais à l'origine la majorité de leur aîné, Kingdom Hearts premier du nom !

Et selon les sources officielles, cela signifie également que je célébrais l'anniversaire de Sora ! Qui semble-t-il n'a toujours que quinze ans, étrangement…

Enfin ça sera pas pire que Sacha de l'anime Pokémon qui reste éternellement bloqué à dix ans…

Mais bref !

À la surprise générale, ce ne fut pas Roxas mais Sora qui s'éveilla à la suite de l'affrontement contre Saïx. L’Élu ignore tout de ce qu'il s'est passé durant son absence, et retourna à l'Olympe en attendant que ses souvenirs lui reviennent. Son entraînement lui rappellera-t-il quelque chose ?

Et selon la fanbase c'est aussi l'anniversaire d'un certain Vanitas, alors bon anniversaire à lui ! *jette des confettis sur l'intéressé qui s'enfuit aussitôt*

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 - ÇA VA PAS DE DISPARAÎTRE COMME ÇA PENDANT DES JOURS ? OÙ VOUS ÉTIEZ PASSÉS ?

Le trio mit quelques secondes à se remettre des cris de Phil, avant que Dingo ne réponde doucement :

- On a pas fait exprès, un gros Sans-cœur nous a perdus et-

- ET EN PLUS VOUS ÊTES TOMBÉS SUR UN SANS-CŒUR ? MAIS VOUS ÊTES MALADES ! QU'EST-CE QUI VOUS A PRIS ?

- IL NOUS A PRIS QU'ON S'EST FAITS COINCÉS ET QU'ON POUVAIT PAS RENTER AVANT VOILÀ ! hurla Donald en serrant les poings.

Tandis que le canard s'engueulait avec leur entraîneur, Sora s'éloigna en débouchant ses pauvres oreilles. Ils venaient tout juste de revenir au Colisée, et si visiblement justifier leurs absences précédentes avait été plus facile, ce coup-ci Phil semblait bien déterminé à leur remonter les bretelles.

Après une intense (et surtout bruyante) négociation entre le magicien et le satyre, ce dernier se tourna vers le trio et déclara :

- Bon ! Si je vous vois pas rentrer à temps la prochaine fois, j'enverrai Hercule vous chercher histoire que vous nous refassiez pas un truc pareil ! Ah, et si jamais vous comptez vous éclipser quelques jours, VOUS PRÉVENEZ AVANT QU'ON S’INQUIÈTE PAS POUR RIEN !

Cette dernière remarque fit grimacer Sora et Donald, qui n'appréciaient pas cette compréhensible mais agaçante surveillance rapprochée. Phil se tourna vers le garçon et lança :

- Ah d'ailleurs, graine de champion ! Faut s'assurer que tout ce bazar t'ait pas fait perdre la main ! Alors en piste et plus vite que ça !

L'adolescent, prit de court, obtempéra quand même et rejoignit le terrain avec ses amis, pendant que le satyre installait toute une batterie d'urnes autour d'eux. L’Élu comprit immédiatement quel exercice allait suivre et avala difficilement sa salive ; la dernière fois qu'il avait subi l'entraînement de Phil, son score avait été tellement lamentable que l'entraîneur des héros l'avait repris plus par pitié que par demande.

Mais Donald et Dingo lui avait assuré que Roxas s'était très bien débrouillé durant l'exercice. Vu que c'était principalement un tour de force, si son Simili avait pu casser ces pots sans problèmes… lui avait sans doute ses chances.

Préparant sa Keyblade, Sora s'élança dès le signal du départ sur la première rangée, frappant un large coup pour l'envoyer sur une autre et se faciliter la tâche.

Mais sa frappe ne fit que rebondir sur les amphores sans les faire bouger. Surpris par cette réaction inattendue, l'adolescent reprit néanmoins ses esprits et entreprit de casser les pots un à un pour ne pas perdre de temps.

Il se rendit rapidement compte que même cette tactique restait inefficace ; toute la force qu'il déployait s'épuisait sans lui permettre d'atteindre son but. Il tenta de s'aider de magie et invoqua sans réfléchir un Aimant ; mais l'orbe magnétisé tint tout juste une seconde avant qu'un éclair ne s'abatte à sa place, détruisant quelques urnes au passage sans pour autant l'arranger.

Trop affairé à "vaincre" ces amphores de malheur, il ne vit pas le temps passer et ne s'arrêta que lorsqu'un objet non identifié rentra en contact avec sa tête. Tournant son attention vers ce qui l'avait frappé pour le foudroyer du regard, il comprit que Phil venait de lui balancer un bras de mannequin pour l'arrêter ; massant son crâne douloureux, il regarda l'entraîneur et ses amis le rejoindre, remarquant au passage l'air inquiet de ces deux derniers. Le satyre dit alors, après avoir réfléchi un moment :

- …Bon, je vais pas te le cacher p'tit : c'était pas terrible. Pas autant que lorsque t'es revenu t'entraîner, mais pas terrible. Donc va falloir mettre les bouchées doubles si tu perd autant après trois jours sans entraînement, capiche ?

La dure vérité pétrifia Sora ; mais il ravala sa déception et hocha la tête, déterminé. Ravi de sa réponse, Phil lui glissa un encouragement en allant préparer le terrain. Le jeune homme le remercia, avant de baisser les yeux en repensant à ses piètres résultats : s'il avait déjà perdu autant de force en si peu de temps, alors…

Un contact chaleureux sur son épaule lui fit lever la tête vers Donald et Dingo qui le fixaient, désolés. Sans qu'il ne puisse s'en empêcher, l’Élu leur rendit un regard trahissant sa propre tristesse envers cette performance loin d'être celle espérée. Ses deux amis posèrent alors une main compatissante sur lui :

- Sora, c'est pas grave. T'es juste un peu rouillé depuis que tu t'es réveillé, lui dit Donald.

- Et puis c'est pas comme si tu savais plus te battre ! Je suis sûr que d'ici quelques jours tu pourras de nouveau faire des merveilles ! renchérit le chevalier avec encouragement.

Le garçon les fixa tout deux, puis fit un sourire reconnaissant et serra un poing en l'air avec assurance :

- Vous avez raison les gars. Faut pas se dégonfler !

Ses deux camarades lui sourient en retour, avant que Phil ne les appellent depuis l'autre bout du stade pour commencer les exercices.

Ainsi recommencèrent les courses à six heures du matin, les tabassages de Sans-cœurs et l'éternelle période de courbatures quotidiennes.

Et pourtant, rien ne sembla changer pour l’Élu.

Car même après quelques jours, et même plus d'une semaine, il en était toujours au même point. Certes, il ne se sentait plus bizarre ou un peu fatigué, ni étourdi après avoir utilisé la magie. Mais ses compétences n'avait pas changé depuis son retour de la Tour Mystérieuse.

Il savait juste se battre, parer, esquiver les coups et conjurer Brasier, Glacier et Foudre. Le reste était toujours soit raté, soit pratiquement inefficace. Encore qu'il ne sache pas comment invoquer ses Esprits ou ce fameux train d'artifice volant, c'était compréhensible ; lui-même n'avait pas vraiment compris ce qu'il s'était passé à ces moments-là.

Mais chaque fois qu'il tentait d'exécuter Explosion, ou de faire virevolter son arme en une Spirale ascensionnelle, sa force s'évanouissait dans le néant ou sa Keyblade lui glissait des mains. Comme si son propre corps peinait à suivre ce que son esprit savait faire par cœur quelques mois auparavant.

L’Élu s'était donc résolu à perfectionner des petites techniques de base le temps de comprendre ce qui n'allait pas avec lui ; ce qui marchait assez bien.

Mais le reste ne changea guère. Et c'était un vrai mystère.

Un jour qu'il se battait une nouvelle fois avec ses méninges pour se rappeler comment on lançait un Aimant sans invoquer la foudre avec, une phrase de Dingo le fit tiquer :

- Ça serait peut-être plus facile si tu te servais de la Fusion.

Cette simple remarque figea Sora dans tout son être. Se retournant lentement vers son ami, tout comme Donald qui cependant était moins stupéfait que lui, il demanda avec incrédulité :

- Utiliser la Fusion ?

- Ben oui, comme Roxas ! fit le chevalier comme si c'était une évidence.

- Roxas pouvait utiliser la Fusion ?

Ses deux amis réalisèrent soudain que ni l'un ni l'autre ne lui avait parlé de ce détail. S'échangeant à présent un regard gêné à cette bévue, ils restèrent muets tandis que l'adolescent réitéra sa question :

- Roxas utilisait la Fusion quand il était là ? Il y arrivait ?

- …Oui, finit par avouer timidement le magicien. Il pouvait. C'était toujours très court, mais il y est déjà arrivé plusieurs fois.

- …Quelles Fusions ? demanda lentement le garçon.

Les deux amis s'échangèrent un nouveau regard hésitant, avant que Dingo n'annonce :

- La Vaillance, la Sagesse et la Maîtrise.

Cette nouvelle sembla encore plus choquer le jeune homme qui ne dit plus rien, ses yeux rivés au sol comme encaissant l'information. Le capitaine se tordit les mains et s'apprêtait à lui dire quelque chose de réconfortant quand celui-ci redressa la tête en souriant :

- Mais c'est super s'il peut ! Peut-être que c'était moi qui le lui permettait ! Comment il faisait ? fit-il en se tournant vers ses deux amis, ravi.

Quoique surpris par ce changement d'humeur, ses compagnons furent rassurés de voir que l’Élu prenait bien la chose. Cependant, ils ne purent lui répondre :

- Ben… on sait pas vraiment, dit Donald en se grattant la tête.

- Comment ça ?

- En fait, il nous a pas montré comment il faisait pour choisir la Fusion ou même comment il les déclenchait, expliqua le chien.

- Tout ce qu'on sait, c'est que la première fois qu'il y est arrivé, Dingo et moi on se… chamaillait sur quelque chose, que la seconde fois c'était en faisant l'entraînement de Phil, la troisième en duel avec Dingo et la quatrième contre les Sans-cœurs qui nous cassaient les pieds au temple dans les montagnes ! Le reste, on avait pas le temps de se retourner qu'il mettait fin à la Fusion sans prévenir.

- C'est un véritable mystère qu'il n'a pas daigné nous éclaircir, ajouta Jiminy en sautant sur l'épaule de Dingo.

Sora fixa à nouveau le vide, comme assimilant toutes ces informations, avant de croiser les bras l'air songeur :

- Ah… je vois…

- On est désolé Sora, on voudrait pouvoir t'aider, s'excusa Dingo penaud… Je crois qu'on a pas réussi à faire ce que tu nous a demandé quand on t'a contacté dans l'ordinateur…

L’Élu se figea, repensant à cette fameuse conversation le jour de son réveil : ses amis lui avaient expliqué qu'il avait vraisemblablement décidé de rester en retrait pour permettre à son Simili de vivre une vie "normale", le temps de trouver un moyen de le ramener définitivement.

Si apprendre qu'il avait volontairement laissé le contrôle à Roxas pour qu'il passe du temps ailleurs que dans son cœur ne surprenait pas l'adolescent, n'avoir toujours aucun souvenir dudit moment le perturbait toujours. Il faisait de gros efforts pour se rappeler autre chose que son coucher à la Tour et son réveil au Jardin, mais rien. Un vide total. On lui aurait dit qu'il avait dormi un an dans une capsule que ça aurait été pareil.

Chassant ces pensées de son esprit, Sora préféra trouver un moyen de reproduire la même situation qui avait mené Roxas à utiliser la Fusion. Et l'entraînement du lendemain fut un excellent moyen de reconstituer la scène.

Face à lui sur le terrain, Dingo, bouclier prêt, et dans les gradins, Donald observant la scène. Sora leur avait demandé d'essayer de recréer la même situation que celle où le Simili avait utilisé la Sagesse, tandis qu'il imiterait son "double" ; enfin, essayerait.

Alors que Phil sonnait le début du combat, l'adolescent s'excusa mentalement auprès de son ami chevalier, puis fonça Keyblade en avant. Son camarade bloqua parfaitement l'assaut, et tous deux restèrent un moment dans la position avant de se dégager pour que Sora enchaîne avec une série de frappes que le capitaine esquiva, comme prévu. L’Élu poursuivit ses attaques, essayant de se rappeler comme appeler à lui la Sagesse… Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas pu goûter à ce pouvoir que lui-même ne savait plus trop comment faire. Avant, il lui suffisait de penser au nom de son ami ou de la Fusion, ou de simplement frôler le camarade requis pour l'enclencher en un clin d’œil…

Mais là, plus rien. Le vide.

Une frustration s'infiltra peu à peu dans le cœur du garçon, alors qu'il pensait de toutes ses forces à la Sagesse et à Donald en continuant d'envoyer des coups sur Dingo sans que rien d'autre n'arrive à part une fatigue progressive.

Soudain, dans le fond de son cœur s'alluma une impression familière, comme un souvenir lointain. Son propre corps sembla le guider alors qu'il poursuivit ses assauts de plus en plus vite, tourbillonnant et frappant en croix sans même prêter attention à ce qu'il se passait. Il se sentait presque filer, comme le vent, chaque attaque plus vive que la précédente. Un coup vint frapper le bouclier, si fort qu'il le sentit résonner dans tout son bras en l'arrêtant un bref instant.

Il vit une faible aura émanant de sa main crispée sur sa Keyblade tenue dans le mauvais sens luire d'une teinte vert blanchâtre…

Et d'un seul coup la fatigue l'écrasa au sol.

Presque effondré sur lui-même, l'adolescent resta figé, plus de stupeur que d'épuisement, alors que le chevalier sortit prudemment sa tête de derrière sa protection avant de se ruer vers lui en le voyant écroulé par terre :

- Sora, ça va ?

- Qu'est-ce que qu'il t'est arrivé ?

- P'tit, p'tit ! Comment tu te sens ?

Soudain entouré par tant de monde, le garçon peina à formuler une phrase mais leva un pouce pour rassurer ses amis sur son état ; Phil décida de le laisser dans les gradins pendant que Donald le remplaçait.

Assis seul sur les bancs de pierre, Sora se repassa tout le fil du combat dans sa tête sans prêter attention à celui que menaient ses camarades. Quelque chose s'était passé, il en était sûr. Il était certain d'avoir failli activer la Fusion.

Et juste quand il était sur le point de l'atteindre, tout s'était effondré. Comme s'il n'avait pas supporté le choc. Comme si son propre corps lui avait dit : "Non, tu ne peux pas faire ça".

Fermant les yeux, l'adolescent se passa une main sur la figure, tandis que dans son cœur se nichait une douleur sourde qu'il ne pouvait calmer.

L'entraînement se poursuivit, sans plus de changement. L’Élu maîtrisait de mieux en mieux son combat et parvenait cette fois à bien se débrouiller seul, mais le fait d'avoir été à ça de la Fusion lui restait en travers de la gorge. Au moins, ses coopérations avec ses deux amis n'avaient pas faiblis, et ils pouvaient même exécuter une Trinité complète bien que cela épuise souvent le garçon.

Mais cette histoire de Fusion le préoccupait toujours.

Et puis un jour, alors que Sora était resté au colisée, n'ayant pas eut envie d'aller taper du Sans-cœur, le groupe de Donald, Dingo et Hercule ne rentra pas à l'heure prévue. Et lorsque Pégase revint enfin à la nuit tombée, ce fut avec le héros seul. Le grec eut tôt fait d'expliquer qu'ils avaient rejoint une ville dans laquelle ils s'étaient perdus de vue durant leur mission. Il était sûr que les deux amis n'avaient pas quitté les lieux, mais il faisait trop sombre pour faire des recherches et l'endroit était très peu dangereux ; Hercule avait donc décidé de revenir le lendemain. Donald et Dingo sauraient très bien se débrouiller tout seuls.

Sora entendit tout cela, et bien qu'il voulut monter en selle pour aller les chercher lui-même, comprit que ça valait pas la peine d'en faire une maladie et alla se coucher.

Mais pour une raison étrange, il ne put fermer l’œil de la nuit. Une troublante inquiétude s'était nichée dans son estomac, le nouant sournoisement petit à petit tandis qu'elle remontait lentement jusqu'au cœur en le faisant battre si vite qu'il crut le sentir exploser.

Sora tenta encore et encore de clore ses paupières, oublier cet incident pas grave et enfin dormir pour affronter l'entraînement de demain ; chaque fois qu'il fermait les yeux, une drôle de crainte l'envahissant telle une vague froide. Comme si quelque chose lui disait, au fond de lui, tout au fond, qu'il ne se réveillerait pas la prochaine fois. Qu'il ne se réveillerait plus jamais.

Et pourtant, il n'avait aucune raison de penser cela. C'est vrai, quoi ! Il était pas blessé, ses amis non plus, et ils étaient pas portés disparus, juste un peu perdu dans une ville même pas si loin d'ici… Il les reverrait demain matin, Phil avait même accepté qu'il rate une heure de course pour aller les chercher là-bas ! Il y avait vraiment pas de quoi s'inquiéter !

Mais les heures passèrent. Passèrent.

Et passèrent encore.

Quand finalement l'aube étendit ses rayons timides dans le dortoir, Sora n'avait pas bougé, allongé sur sa couchette, mains posées sur le ventre et yeux grands ouverts rivés sur le plafond de leur chambre.

Il n'avait pas pu dormir.

Lorsqu'il consentit à se sortir du lit quelques minutes plus tard, la porte s'entrouvrit et Donald et Dingo entrèrent enfin. Ils ne purent même pas bouger ou dire un mot que deux bras frêles s'étaient emparé d'eux pour les serrer dans une étreinte tremblante. Juste le temps de réaliser ce qu'il s'était passé, les deux amis avaient rendu l'embrassade en murmurant des paroles réconfortantes à l’Élu qui les serrait contre lui sans les lâcher une seule seconde.

Il fut décidé ce même jour que si Sora ou Donald ou Dingo refusait de prendre part à la mission du jour, les deux autres resteraient aussi sur place.

Et pour une raison qui lui semblait évidente mais qu'il n'arrivait cependant pas à éclaircir, Sora était plus que soulagé de savoir qu'il ne serait plus jamais tout seul le soir.

- Et toujours rien du côté de tes souvenirs, Sora ?

- …Non. C'est vraiment le trou noir. J'ai beau essayé de me rappeler, j…

- C'est pas grave, t'en fait pas pour ça. C'est pas comme si tu t'étais réveillé après une journée à te la couler douce, hein ?

La remarque du jeune Maître fit rire l’Élu malgré lui, et il répondit avec un sourire reconnaissant :

- Ça tu peux le dire ! Et vous, du côté des données ?

Ce fut au tour de Riku d'afficher un air désolé :

- Toujours rien. Even et Ienzo ont éliminé un tas de possibilités et Cid a bien avancé avec Tron sur la restauration du système, mais à part ça… On est aussi bredouilles que vous.

Un court silence s'installa dans le cockpit, avant que l'adolescent ne conclut :

- Donc rien a changé nulle part, hein ?

L'aîné se contenta de hocher la tête, comme refusant d'admettre ouvertement leurs échecs respectifs. Le garçon soupira, puis sourit un peu tristement :

- Alors à la prochaine ?

- Alors à la prochaine, acquiesça son ami. On vous tient au courant s'il y a le moindre changement chez nous.

L’Élu hocha la tête sans un mot, mais s'écria soudain en voyant l'autre avancer la main vers le bouton "Fin de transmission" :

- Attends ! Riku !

- …Qu'est-ce qu'il y a Sora ?

Le jeune homme sembla hésiter, mais demanda quand même :

- …Et Kairi ? Comment ça va ?

Le Maître écarquilla brièvement les yeux, avant de répondre en souriant :

- Très bien. Je n'ai pas pu la voir récemment à cause de son entraînement dans la salle temporelle, mais d'après Merlin et les Bonnes Fées, tout se passe bien ! Il semblerait même qu'elle rattrape Lea ! ajouta l'aîné avec un regard connaisseur.

Sora sentit soudain ses joues chauffer, puis remercia Riku et lui demanda de dire bonjour à la jeune fille de sa part avant de raccrocher.

Le petit sourire resta sur ses lèvres quelques instants, avant que son expression ne s'assombrisse alors qu'il se passait les mains sur la figure en soupirant : rien n'avait avancé depuis son retour. Il n'avait retrouvé aucun souvenir de la soirée ou de son passage à Space Paranoids, et visiblement le mot de passe des données Ansem restait tout aussi mystérieux.

Quelle bande de Gardiens ils faisaient.

Le garçon sentit une main se poser sur son épaule et enleva les siennes du visage pour voir ceux de Donald et Dingo le fixer d'un sourire triste, leurs paumes réconfortantes serrant doucement son bras. L’Élu leur rendit une expression un peu déçue, mais finit par leur sourire en retour en les remerciant du regard.

Le trio redescendit dans l'espace de vie pour vaquer à leurs occupations ou s'occuper du Gummi. Sora préféra s'isoler et se rendit donc dans sa chambre du vaisseau en traînant des pieds (attrapant ainsi les quelques vêtements abandonnés au sol), pour se laisser tomber sur son lit visage dans l'oreiller, poussant un profond soupir agacé.

Ils n'avançaient pas. Ils n'avançaient pas du tout.

Il avait beau se lever dès l'aube tout les jours, faire travailler ses muscles (qui ne montraient aucun changement visible), exercer son savoir de combat contre ses propres amis ou les Sans-cœurs et se concentrer sur ses souvenirs à chaque instant de tranquillité qu'il pouvait avoir, rien ne changeait. Il était toujours aussi nul et sa mémoire en était restée là, bloquée au soir où il s'était endormi pour ne se réveiller qu'un mois plus tard à la suite d'un affreux combat dont il n'avait même pas conscience.

Il n'avait même pas retrouvé cette sensation éprouvée pendant son premier voyage avec Donald et Dingo, qui se manifestait avant lors des missions de terrain. Tout ça lui manquait, le bon vieux temps où ils se baladaient de monde en monde, verrouillaient les Serrures pour protéger l'univers et recherchaient leurs amis disparus…

L’Élu devait bien l'avouer ; même si ç'avait aussi été une période très dure à se retrouver tout seul dans l'inconnu, sans repères, sans personne qu'il connaisse et à se battre pour sa propre survie, c'était aussi l'un des meilleurs moments de sa vie. Il avait rencontré deux supers amis, s'en était fait des tas d'autres à travers les mondes, et avait vécu une magnifique aventure. Il y avait eu son lot de douleurs, comme ce combat contre un serpent-manieur-de-sabre à Agrabah ou l'aband-séparation de Donald et Dingo quand Riku lui avait vol-prit la Keyblade… mais aussi son lot plus grand encore de bonheurs, comme quand il avait enfin pu réunir les 101 dalmatiens échoués à la Ville de Traverse, ou fait son premier envol au Pays Imaginaire. Pour rien au monde il aurait voulu changer quoi que ce soit à ce voyage.

Ça avait été le plus beau de tout les temps.

Et qu'est-ce qu'il faisait à présent ? Il passait son temps à se lever à l'aube pour courir dans tout les sens après un pouvoir dont il ne savait rien pendant qu'allez savoir où dans la galaxie le pire homme que les mondes aient jamais connu préparait une Guerre des Keyblades sans que rien ni personne ne l'arrête dans ses sombres desseins.

Les Gardiens craignaient vraiment.

Libérant sa face de l'oreiller, l'adolescent plongeant la main dans sa poche et en retira l'étoile de Kairi pour la regarder. Le petit visage dessiné souriait toujours sans faillir, comme un indéfectible encouragement secret de la part de sa créatrice à son égard. Une douleur lança le cœur du jeune homme en repensant au peu de temps qu'ils avaient chacun pu passer ensemble depuis leur retour sur… non, depuis la destruction de leur île. Ils avaient été séparés dès que les Ténèbres avaient frappé leur monde même si leurs cœurs ne s'étaient en fait jamais quittés, s'était retrouvés le temps de vaincre Ansem avant que la renaissance des mondes ne les éloignent à nouveau l'un de l'autre, puis avaient eu tout juste le temps de se revoir pour détruire Xemnas et rentrer chez eux avant que le devoir de Porteur et l'Examen du Symbole de Maîtrise ne l'appelle lui et Riku ; et depuis qu'il avait échoué et qu'ils réapprenaient le combat chacun de leur côté, leurs entraînements respectifs ne leur avait pas laissé beaucoup de temps pour eux.

Kairi n'avait même pas pu assister à son dernier départ, la salle temporelle où elle et Lea s'exerçaient ne pouvant être ouverte que par les pouvoirs de Merlin et des Bonnes Fées combinés.

Sora fronça les sourcils en se mordant la lèvre, caressant du pouce la figure souriante du porte-bonheur en pensant tristement à son amie… Si seulement ils pouvaient s'entraîner ensemble, il avait tellement à lui dire ! Ses aventures dans les mondes, des techniques de combat, des ennemis qu'il avait rencontré, de tout ce qu'il aurait voulu faire avec elle pendant leur absence…

L'adolescent sortit brusquement de ses pensées en sentant ses joues s'échauffer. Se frappant les pommettes pour dissiper ses songes embarrassants, il se redressa sur le lit et sentit soudain quelque chose sous ses fesses. Retirant la "chose" de dessous son postérieur, il s'arrêta une seconde en réalisant ce que c'était.

La photo de Roxas. Celle où il se trouvait devant le manoir de la Cité du Crépuscule avec Hayner, Pence et Olette.

Sora se rappela soudain la situation du Simili et fronça les sourcils, attristé. Tout était très flou, mais il avait vu les souvenirs de son "double" lors de l'Examen. Vu sa souffrance, sa douleur, ses doutes sur son existence, ses regrets, et dans tout ça les rares moments de joie qu'il avait pu vivre dans la Cité virtuelle, avant de devoir retourner là d'où il venait, d'où il était né… pour que lui se réveille.

Il ne méritait pas ça. Personne au monde ne méritait ça.

Caressant du doigt l'image, le garçon laissa son regard se perdre sur la figure imprimée du jeune homme blond ; il ne souriait pas, mais une certaine étincelle dans ses yeux éclairait doucement son visage comme le ferait un rire. Et en même temps, une sorte de tristesse s'était glissée à l'intérieur de ses iris, comme s'il savait déjà quel serait son destin et s'y était résigné.

Comme si c'était la bonne chose à faire.

Mais ça ne pouvait pas être la bonne chose à faire.

Sora eut soudain une révélation ou plutôt une idée. Portant la main au cœur, l’Élu se concentra en baissant la tête, essayant de ressentir la présence de son Simili au fond de lui-même.

- …Roxas… Je sais pas si tu m'entends, ou si tu as conscience de ce que je fait… et si c'est le cas je te serai très reconnaissant de pas écouter quand je pense à Kairi ! fit-il en rougissant brièvement. 'Fin bref… Roxas, je sais que je t'ai déjà dit que nous étions deux personnes différentes, et que je t'ai promis de trouver un moyen de te sauver un jour… mais…

Sora ferma alors les yeux en inspirant profondément, puis rouvrit ses paupières pour fixer avec douceur et tristesse le garçon de la photo :

- Je veux que tu saches, que peu importe ce que tu as vécu, peu importe ce qu'on te diras, peu importe que tu sois censé être la moitié de moi et que me rejoindre était la meilleure chose à faire et tout ça… Ça ne peut pas être bien. Ça ne peut pas être juste. Tu mérites plus que moi d'exister et d'être avec tes amis, même si tout le monde peut penser le contraire. Tu as le droit de vivre, Roxas. Et un jour, tu vivras, sans moi. Je ferai tout pour ça. Et en attendant que ce jour arrive… j'espère que tu te sentiras pas trop seul dans mon cœur.

Un lourd silence répondit à cette tirade déterminée, alors que le garçon fixa encore l'adolescent sur la photo comme attendant une réponse qu'il, il le savait, ne pouvait pas donner.

Puis il glissa l'image dans sa poche, se leva et quitta sa chambre.

Courant sans fin, il tendit désespérément la main vers les silhouettes qui s'éloignaient lentement en lui tournant le dos, comme ignorant ses efforts pour les rejoindre. Ses jambes étaient lentes, lourdes, comme s'il soulevait le monde entier avec elles. Ses pas maladroits résonnaient dans l'espace flou, alors que tout se brouillait et disparaissait autour de lui.

Sans qu'il comprenne comment, il se retrouva au sol, essoufflé, écrasé par la fatigue. Il regarda aux alentours, et soudain la silhouette noire se trouva à côté de lui.

Comme la dernière fois.

"Ainsi la Lumière cède la place aux Ténèbres. Bonne nuit, Sora."

Il écarquilla les yeux, et l'autre tendit une main menaçante dans sa direction.

Ne pas fermer les yeux. Quoi qu'il arrive, ne surtout pas fermer les yeux.

Mais ses paupières ne lui obéissaient pas. Plus la main s'approchait, et plus le noir rongea sa vision. Il voulut détourner le regard, mais ses pupilles restèrent obstinément fixées sur cette main qui allait l'atteindre, l'emmener là où il ne voulait pas aller.

Et il se retrouva à chuter dans le vide il ne savait où.

Il ne voyait rien aux alentours, mais savait qu'il n'avait pas fermé les yeux ; il distinguait toujours de temps à autre ses vêtements flotter dans le vent ; ou l'eau ? Il ne savait pas.

Soudain la surface s'illumina, à plusieurs mètres au dessus de lui. Il tendit la main pour l'atteindre, et soudain quelque chose n'alla pas.

Ce n'était pas sa main. La paume ornée de deux bagues noire et blanche et d'un bracelet à damier se retourna lentement vers lui, surprise.

Et soudain les Ténèbres l'agrippèrent par la gorge et l'entraînèrent au fin fond de l'abysse.

Sora se réveilla subitement en sueur, le souffle saccadé et dressé dans son lit. L'instant de stupeur passé, il regarda les alentours, fébrile : Donald et Dingo ronflaient comme d'habitude, avachis dans leurs lits entourant le sien. L’Élu fixa le vide, puis se passa la main sur la figure, fatigué : il avait encore fait un cauchemar. Les images restaient floues, mais il aurait mis sa main à couper que c'était en rapport avec l'Examen. La façon sournoise et machiavélique qu'avait employé Xehanort pour tenter de faire de lui son dernier réceptacle lui était resté en travers de la gorge et de la mémoire. Le pousser à suivre les fantômes de ses amis pour l'entraîner de plus en plus profond dans le sommeil, jusqu'à ce qu'il ne s'en éveille plus…

Quelle ordure.

Un grand coup sur la porte de leur dortoir le fit sursauter en plus de réveiller ses deux amis ; le garçon réalisa alors que c'était déjà l'aube et que Phil était venu les tirer du lit pour leur séance d'exercices. Se levant, l'adolescent alla se préparer à l'instar de ses compagnons plus ou moins habitués à ces réveils matinaux.

Mais tandis qu'il enfilait ses vêtements de jour, un drôle de sentiment se nicha en lui. Le cauchemar qu'il venait de faire… quelque chose dedans l'intriguait.

La sensation ne le quitta pas malgré les tours de piste et les exercices physiques, d'ordinaires suffisants pour lui vider la tête. Quelque chose clochait… quelque chose qu'il était sûr de connaître.

Ce ne fut qu'au moment du déjeuner qu'il comprit de quoi il s'agissait.

- Les gars, faut qu'on retourne au Jardin Radieux.

Sa déclaration subite arrêta net Donald et Dingo durant leur repas. Alors que le chevalier penchait la tête d'un air intrigué, le magicien lui demanda, concerné :

- Qu'est-ce qui se passe Sora ?

L’Élu resserra sa main sur sa cuillère, avant de lever le regard le plus sérieux qu'il ait jamais fait vers ses amis :

- Je crois que j'ai une piste pour les données.

Il n'en fallut pas plus pour que le canard prépare le vaisseau et négocie leur absence avec leur entraîneur, avant que le trio ne fonce jusqu'à leur destination. Sora sentit ses propres mains tremblantes se crisper sur les manettes du Gummi durant tout le voyage, comme s'il savait d'instinct qu'il allait découvrir une information capitale.

Après tout, il venait peut-être de trouver le mot de passe qui révélerait les recherches du plus grand sage que ce monde avait connu.

Sans perdre de temps, le groupe se téléporta au bureau d'Ansem, faisant sursauter un Ienzo en pleine réflexion :

- Oh ! Bonjour, je ne m'attendais pas à vous voir, les salua-t-il. Est-ce que…

- Ienzo, j'ai une idée pour le code ! Ouvre-moi les données !

Quelque peu surpris par l'empressement du jeune homme, le scientifique obtempéra néanmoins et ouvrit l'espace demandé, avant que Sora ne s'y précipite presque, cherchant des yeux les bonnes touches.

- Puis-je savoir quel mot tu as en tête, ne serait-ce que pour t'épargner d'éventuelles tentatives inutiles ? demanda l'adulte en le regardant faire, semi-perplexe.

- J'en ai plein, enfin surtout plein de version d'un seul, répliqua l’Élu en commençant à taper.

Ses deux amis le regardèrent entrer les mots "Sceau du Dissident", alors que Ienzo écarquilla lentement les yeux en découvrant ce à quoi pensait le garçon. Juste avant qu'il n'entre le code, ce dernier se retourna vers l'adulte fasciné :

- Intéressant, très intéressant…

- Ienzo, vous l'avez tenté celui-là ?

- Non. J'ignore où tu as eu cette idée, mais…

Il n'eut pas le temps de poursuivre que le Porteur avait appuyé sur "Entrée", laissant l'ordinateur analyser la proposition.

Mais très vite, la réponse s'afficha sous la forme d'un "REFUSÉ" en rouge, à la demi-surprise des personnes présentes. Sora resta figé un instant, puis se secoua et tapa cette fois-ci "Dissident". Un nouveau refus. L’Élu tapota impatiemment sur le rebord, l'air de réfléchir, puis se tourna vers le scientifique :

- Comment on écrit qui avec ça ?

- Pardon ? Comment écrire "qui" ? répéta Ienzo.

- Oui, ki ! La lettre bizarre, celle qui ressemble à un X ou je sais pas quoi mais qui se prononce comme ki !

- Ah, tu veux parler de chi ! fit l'adulte en s'approchant de l'ordinateur. Un instant…

Il pianota sur quelques touches et un symbole "χ" apparut sur l'écran. Sora se précipita pour l'entrer, avant d'hésiter une seconde et d'y rajouter "-Blade" pour finalement le proposer.

Mais la réponse fut toujours la même. L'adolescent entra alors un simple "X-Blade" qui fut tout autant refusé, puis un nouveau "χ" tout seul, sans plus d'effet. Ses mains se mirent alors à trembler, tandis qu'il entra un "X" qui ne changea rien, puis un "χ Sceau du Dissident" et un "Sceau χ" qui furent tout autant rejetés par l'ordinateur. Sora resta figé un moment, comme stupéfait, puis tapa au hasard sur les touches pour se recevoir encore plus de refus de la part de la machine, avant qu'il ne se mette à littéralement frapper le clavier de ses poings en poussant des cris de frustration. Donald et Dingo se précipitèrent pour le retenir avant qu'il ne fasse de réels dégâts tandis que Ienzo tentait de le calmer :

- S-Sora, garde ton calme, ce n'est pas comme ça qu-

- Pourquoi ça marche pas ? Pourquoi ÇA veut pas marcher ? s'écria le garçon en frappant une dernière fois la machine.

Un lourd silence s'ensuivit, avant que le scientifique ne déclare prudemment :

- C'est effectivement très frustrant, mais cela ne signifie pas que c'est inutile. Chaque nouvel échec nous permet d'éliminer des possibilités et d…

- Mais je m'en fiche de ça ! Moi je veux que ça marche ! Je veux qu'on découvre ce code ! Je veux qu'on sauve Roxas et Aqua, et qu'on en finisse avec ce Xehanort de malheur ! s'écria l’Élu en lançant un regard dépité au scientifique.

- Je comprends parfaitement, mais nous ne pourrons résoudre cela qu'en…

- Non ! Tu comprends rien ! Tu peux rien comprendre ! T'es pas là à chercher par tout les moyens à sauver quelqu'un prisonnier de ton propre cœur parce que t'as pas été fichu de réussir quand il le fallait ou de te souvenir comment t'as fait pour le ramener !

Cette réplique sèche avait résonné dans toute la pièce, alors que Sora fixait furieux l'adulte qui avait levé le bras comme pour se défendre. Un lourd silence envahit la pièce. Puis, lentement, Ienzo abaissa sa main et répondit de façon désagréablement neutre :

- Non. Je ne peux certainement pas comprendre ce qu'il peut arriver dans le cœur d'un autre. Mais ce que je sais, c'est que nous faisons absolument tout notre possible pour que ce tu cherches à faire se concrétise un jour. C'est le seul moyen de nous racheter pour avoir osé expérimenté le cœur en nous prenant pour des êtres tout-puissants.

Ils se fixèrent encore un moment dans les yeux, comme s'affrontant du regard, avant que Sora ne baisse la tête et ne tourne les talons pour quitter la pièce. Donald et Dingo dévisagèrent le scientifique, s'échangèrent eux-même un regard concerné, puis rattrapèrent leur protégé sans rien dire.

Le garçon déambula dans les couloirs sous la forteresse, l'air crispé. Ses deux amis se contentèrent de le suivre sans un mot, ne sachant quoi faire pour améliorer son humeur. Ils savaient tout deux que la question Roxas lui faisait beaucoup de mal, encore plus parce qu'il ne savait toujours pas comment il avait ramené son Simili deux mois plus tôt. Ils lui aurait bien remonté le moral avec des encouragements, mais ils sentaient bien que ça tomberait dans l'oreille d'un sourd. Il fallait trouver quelque chose qui lui fasse vraiment plaisir, ou au moins qui ne lui rappelle pas Roxas pendant quelques instants.

Ils eurent la même idée en même temps.

- Dis, Sora… commença prudemment Dingo.

- Quoi ?

La réponse sèche fit reculer le chevalier, mais ce fut Donald qui prit les devants :

- On se disait… tant qu'on est là, si on passait voir Kairi et Riku ?

Les derniers mots firent ralentir l’Élu un instant, mais il reprit aussitôt son chemin :

- Kairi est occupée, dit-il sèchement.

- Elle ne s'entraîne pas tout le temps, quand même, raisonna le capitaine. Il faut bien qu'elle s'arrête pour se reposer, non ?

- …J'ai pas envie de la déranger. C'est important qu'elle s'entraîne pour qu'elle puisse nous rejoindre.

- Et Riku ? proposa le chien.

- Je sais pas où il est… et puis il doit sûrement être occupé avec le Roi à chercher les deux autres Porteurs d'il y a dix ans ou à trouver un moyen de sauver Aqua pour de bon, répliqua sans joie l'adolescent.

- Mais il nous avait dit qu'il resterait au Jardin Radieux pour les données et si jamais tu te rappelais de quelque chose, non ?

Les deux amis virent soudain l’Élu se figer, et le canard crut bien avoir dit ce qu'il ne fallait pas, avant que Sora ne se retourne vers eux, indécis :

- Moui… t'as raison. Je pourrais passer le voir ! fit-il, soudain beaucoup plus enjoué.

Ravis de voir que leur plan mettait le garçon de meilleure humeur, le duo hocha vivement la tête en souriant.

- Exactement !

- Alors qu'est-ce qu'on attends ? fit l'adolescent en leur faisant signe de se dépêcher avant de se mettre à courir vers la ville.

Sans plus attendre, les camarades de l’Élu se précipitèrent à sa suite, rassurés de voir que leur compagnon de toujours avait retrouvé le moral à l'idée de revoir son meilleur ami.

Mais un obstacle se dressa soudain entre eux et la cité sous la forme de Sans-cœurs. Les deux combattants n'eurent même pas le temps de dire ouf que leur camarade dégaina sa Keyblade en vociférant des menaces contres les créatures pour avoir osé le ralentir alors qu'il allait voir Riku. Sans plus attendre, ses compagnons le rejoignirent dans la bagarre pour enfin lui permettre de retrouver son ami.

Mais étrangement, les créatures se montrèrent particulièrement tenaces. Les Carapaçons semblaient s'être alliés aux monstres volants rouges qui harcelaient le trio de leur magie Brasier comme pour les agacer. Sans compter les Ombres qui glissaient dans le sol dès qu'ils essayaient de frapper, pour ensuite surgir en traître alors qu'ils étaient déjà débordés.

Alors que le combat commençait à s'éterniser, le duo décida d'en finir avec une bonne vielle coopération lorsqu'ils entendirent, presque en un murmure :

- Donne-moi ta force.

Et soudain, ils sentirent la Fusion naître en eux…

Avant qu'une horrible sensation n'aspire toutes leurs forces alors qu'un affreux sentiment les glaçait d'effroi.

Vidés de leur énergie, ils ne purent que s'écrouler sans pouvoir réagir, à demi-sonnés. Quelque chose les frôla, comme une griffe noire ; levant le regard dans sa direction, ils virent une forme ténébreuse achever les derniers Sans-cœurs à coup d'assauts rapides comme l'éclair. La forme se tourna alors vers eux, une forme humanoïde effroyablement familière, qui les fixa de ses yeux jaunes sans vie.

- Sora !

Les deux amis ainsi que la forme se retournèrent vers l'origine de la voix pour voir Riku au sommet des éboulis, fixant d'un regard écarquillé la silhouette noire.

Lui et la figure ténébreuse se fixèrent un moment dans les yeux, l'un épouvanté, l'autre inexpressif.

Puis, tel un animal, la Non-Forme tourna les talons et fila à toute vitesse par la brèche des remparts, droit vers le Grand Vallon.