Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 8 : Bienvenue sur la Grille - Rencontres familières

5961 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/02/2024 22:54

Alors que nos héros se rendaient au bureau d'Ansem le Sage, dans l'espoir de trouver une explication sur le retour de Roxas dans le corps de Sora, Léon a soudain pointé son arme sur le Simili. Pourquoi le menace-t-il ainsi ?

Léon : Sora me doit de l'argent…

Roxas : Attends, quoi ?

…Ah ça c'était pas prévu…

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 Un silence de mort s'abattit dans la pièce. Roxas renvoya un regard perçant à Léon, le regard d'un adversaire calculant froidement ses issues pour s'échapper au plus vite. Derrière eux, tous étaient figés, certains de stupeur, d'autres de crainte pour ce qui allait advenir.

- L… Léon ? bredouilla Youfie. Qu'est-ce qui te prend de menacer Sora-

- Ce n'est pas Sora, la coupa net l'épéiste sans quitter le garçon des yeux.

- L-Léon, commença Dingo, tu devrais peut-être…

- Ce n'est pas Sora ! Donald et Dingo, vous ne le voyez pas ? s'écria plus fermement le guerrier. Il lui ressemble trait pour trait, mais je sais que ce n'est pas lui. Est-ce que je me trompe ? conclut-il en dévisageant le jeune homme d'un air méfiant.

Ce dernier resta muet, serrant la mâchoire et ses yeux couleur de ciel fixant ceux de l'adulte sans ciller. Alors que Cid et Youfie se demandaient si leur camarade n'avait pas d'un coup perdu la tête et qu'Aerith observait la scène d'un air inquiet, Donald et Dingo se regardèrent brièvement l'un l'autre, hésitants, ne sachant pas comment aborder le sujet sans passer pour des fous ou provoquer un malheureux massacre.

Soudain, Léon vit le Simili faire un très léger mouvement suspect. Levant son épée, il trancha l'air, manquant d'un cheveu sa cible qui esquiva le coup, mais se retrouva alors dos au mur. L'épéiste pointa aussitôt son arme vers lui pour le bloquer, alors que tous les autres hurlaient de terreur face à la situation.

Plaqué contre la pierre et les muscles tendus à l'extrême, l'adolescent fixa la lame à quelques centimètres de sa gorge, puis les yeux perçants et glacés de Léon. Plus personne n'osa bouger. Les deux adversaires se dévisagèrent, l'un méfiant, l'autre presque provoquant.

Puis, très lentement, le garçon leva les mains dans une pose pacifique, avant de briser enfin le silence :

- Je ne suis pas un ennemi.

- Alors qui es-tu ? Et pourquoi tu te fais passer pour Sora ? fit l'épéiste sans quitter son regard.

- Léon, on peut tout expliquer, s'avança alors Dingo sur un ton suppliant. Pose juste ton arme, s'il te plaît. C… C'est vrai, ce n'est pas Sora, mais il ne te fera pas de mal. Je te le jure.

L'homme fixa un instant le duo, l'air incertain, reporta son attention sur l'adolescent, puis abaissa lentement sa Gunblade. Ce dernier sembla presque soupirer de soulagement, avant de lui lancer un regard méfiant alors qu'il le contournait pour s'asseoir sur un fauteuil en joignant les mains comme pour réfléchir.

- Vous nous expliquez ce bazar ? C'est le jumeau caché de Sora ce gosse ou quoi ?

- Eh ben, pas vraiment, commença Donald, en f-

- C'est à moi de leur dire, le coupa froidement Roxas en jetant un regard noir au magicien. C'est moi qui suis concerné dans cette histoire.

Le canard lui renvoya un regard furieux, alors que les autres se regroupaient autour du jeune homme, les uns perplexes, les autres inquiets, et le dernier suspicieux. Après avoir médité quelques instants les paupières closes, le Simili replongea ses yeux bleus dans ceux du comité de restauration :

- Avant que je commence, est-ce que Sora vous a déjà raconté ce qu'il s'était passé lorsqu'il est revenu de la Forteresse Oubliée avant d'aller vaincre Ansem, il y a environ deux ans ?

Tous se regardèrent, avant qu'Aerith ne prenne la parole :

- Nous savons qu'il y a vaincu Maléfique, et également qu'il… qu'il a dû temporairement se changer en Sans-cœur pour sauver Kairi.

- Et vous savez aussi ce qu'il se passe quand une personne perd son cœur, n'est-ce pas ?

- Il devient un Sans-cœur, répliqua froidement Léon, bras croisés comme attendant qu'on dise quelque chose qu'il ignorait.

- Et un Simili ! ajouta Youfie, semblant toute fière de se souvenir d'un tel détail.

- Et donc ? fit Cid en mâchonnant son bâtonnet impatiemment.

Le jeune homme les regarda tous un moment, avant d'inspirer profondément :

- Ce que tu as dit sur moi tout à l'heure, fit-il en fixant Léon… est à moitié faux. Parce que, dans un sens… Je suis Sora. Ou plutôt ce qu'il est resté de lui après être devenu Sans-cœur. Je suis son Simili, Roxas.

Tous les membres du Comité écarquillèrent les yeux à cette nouvelle.

- Quoi, un Simili ? Alors y'a deux Sora maintenant ? fit la ninja.

- Une seconde, comment ça se fait que Sora ait jamais parlé de toi ? s'écria l'informaticien.

- Et comment il a fait pour redevenir humain s'il a été Simili ? lança l'épéiste, dubitatif.

- Sora et moi avons coexistés un an sans jamais nous rencontrer. Quant à savoir pourquoi il a pu rester humain pendant tout ce temps… Je l'ignore, mais je suppose que Kairi y a quelque chose à voir… Cependant, sans moi, Sora était un être incomplet, et j… il a fallu que je fusionne avec lui. Je suis donc retourné d'où je venais, dans son cœur. Mais Sora pensait encore pouvoir me permettre de vivre indépendamment de lui, et il cherchait une solution quand c'est arrivé.

- Quand quoi est arrivé ? demanda Léon.

- Il y a quelques jours, et pour une raison que j'ignore, je me suis réveillé avec le contrôle de son corps. Et Sora… semble avoir prit ma place dans son cœur. Il est toujours là, je sens sa présence, dit-il en portant la main au cœur, mais il ne se manifeste pas comme je pouvais parfois le faire… C'est pour ça que nous sommes ici. Personne ne comprend ce qu'il s'est passé, et la seule piste que nous ayons pour résoudre ce mystère réside dans les données d… qu'on vous a passées.

Un lourd silence s'abattit à nouveau dans le QG, avant que Léon ne le rompe à nouveau :

- Et pourquoi tout ces mystères ? Pourquoi nous cacher qui tu étais vraiment ? fit-il d'un ton suspicieux.

- À cause de l'Organisation, répondit cette fois Dingo. On sait pas ce qu'il s'est passé, et ils cherchent toujours un dernier membre pour remplir leurs rangs. Et s'ils apprennent que Sora a pu échanger sa place avec Roxas, ils pourraient très bien essayer de le capturer pour…

Le chevalier n'osa pas finir sa phrase, alors que tous comprirent la menace qui planait sur le jeune garçon. L'épéiste réfléchit un moment, avant de finalement décroiser les bras en fixant le Simili d'un regard non moins méfiant :

- Bon. Cette histoire est vraiment louche, mais si Donald, Dingo et le Roi te font confiance, je ne vais pas douter d'eux. Je vais vous conduire au bureau… Mais écoute-moi bien, Roxas, ou quel que soit ton nom : si tu fais quoi que ce soit de suspect, je serai le premier à t'arrêter.

Le Simili le dévisagea en retour d'un œil glacé, avant de se diriger vers la sortie d'un pas décidé, sous le regard soupçonneux du guerrier et de celui perplexe du comité de restauration.

- Soyez prudents, fit Aerith, les Sans-cœurs sont nombreux en ce moment.

- J'me demande bien ce qui peut les attirer autant, d'ailleurs… marmonna Cid en retournant à ses écrans.

Juste avant qu'ils ne sortent, l'adolescent s'arrêta net, et, se tournant vers Léon, lui demanda doucement, presque comme s'il hésitait :

- Une dernière chose… Comment as-tu su ?

L'adulte lui renvoya un regard impassible, avant de répondre :

- Premièrement, Sora sait pour mon nom… deuxièmement, il aurait compris tout de suite que je parlais de sa carte de membre du Comité de Restauration. Et dernièrement : vous n'avez pas du tout le même regard. Le tien est trop froid, trop distant, et trop préoccupé même pour Sora en ce moment. C'est ça qui te trahit le plus, dit-il en fixant le garçon droit dans les yeux d'un air dur mais inquiet. Si tu veux garder ton secret, tu ferais mieux de changer ça.

Roxas soutint son regard un moment, semblant presque blessé par sa dernière remarque, avant de briser leur contact et de repartir vers la forteresse.


Sur le chemin de la bâtisse renfermant le bureau d'Ansem, un petit groupe de Sans-cœurs fit son apparition. Les trois guerriers sortirent immédiatement leurs armes et foncèrent détruire les créatures ; Roxas sembla s'élancer, mais s'arrêta un instant et regarda sa main, comme incertain. Mais il finit par serrer le poing, mâchoire crispée, et d'un geste de bras invoqua Souvenir Perdu avant de rejoindre les autres à l'action.

Ou plutôt de tenter, car il n'eut pas l'occasion de toucher un seul Sans-cœur que tous furent anéantis par ses alliés temporaires. L'adolescent n'eut pas plus le loisir de s'en étonner que Léon leur intima de le suivre avant de repartir vers leur destination.

Encore plus loin surgirent de nouvelles créatures des Ténèbres, obligeant de nouveau le groupe à s'arrêter. Cette fois-ci, Roxas se jeta aussitôt dans la bataille, prêt à en découdre ; mais il n'eut pas plus l'occasion d'éliminer de monstres qu'avant. Dès qu'il tentait une attaque sur l'un d'eux, un coup d'épée, de bouclier-frisbee ou de sort lui volait sa cible et l'envoyait hors de sa portée s'il ne la tuait pas sur le coup. Roxas crut pouvoir en détruire un dernier blessé qui voletait maladroitement, mais une boule de glace l'annihila avant même qu'il n'ait pu abaisser sa Keyblade dessus. Le garçon cligna des yeux, abasourdi, avant de se tourner dans la direction du sort pour voir le magicien pointant de son bâton l'emplacement du Sans-cœur avant de reprendre leur route en se plaignant du nombre de Sans-cœurs dans les parages et de l'inefficacité du système de défense. Le Simili crispa la main sur la poignée de la Clé noire en lui jetant un regard tout aussi sombre que le canard ne vit pas, avant de suivre le reste du groupe alors qu'ils se rapprochaient de l'intérieur de la forteresse.

Un troisième bataillon d'ennemis leur barrèrent la route dès l'entrée dans les innombrables couloirs sous la bâtisse, se faisant tout aussi vite exterminés par le trio de Léon, Donald et Dingo, ainsi que les claymores qui pour une fois firent correctement leur travail. Roxas ne put toujours pas lever la Keyblade sur un ennemi et sentit son estomac se nouer étrangement, comme ayant la désagréable sensation qu'on l'empêchait délibérément de faire quoi que ce soit excepté rester à l'écart et suivre bien gentiment les autres sans rien dire.

Après plusieurs minutes de marches dans le dédale, Léon désigna un croisement devant eux en indiquant qu'ils étaient presque arrivés à l'ancien bureau d'Ansem, au grand soulagement du duo ; mais Roxas, quoique lui aussi rassuré de savoir que leur périple en quête de réponses allait enfin s'achever, restait dérangé par cette sensation de mise à l'écart.

Alors qu'ils atteignaient ledit croisement, un espace un peu plus vaste que le reste du couloir, un quatrième groupe de Sans-cœur apparu encore. Les trois combattants aguerris prirent de nouveau l'avantage sur les assaillants en décimant leurs rangs à la vitesse de l'éclair ; Roxas se jeta aussi dans le combat, plus prêt que jamais à en découdre. Mais alors qu'il pointait sa Keyblade vers un ennemi, quelque chose ou plutôt quelqu'un le poussa de côté ; il crut voir Donald se jeter dans sa direction en lançant un Brasier à bout portant sur le Soldat qu'il ciblait, lequel disparut en un instant.

Le sang de Roxas ne fit qu'un tour. D'un seul coup, toute cette sensation de mise de côté et d'injustice lui tordit le ventre, comprima sa poitrine et remonta dans sa gorge comme si elle voulait exploser dans sa tête.

Pourquoi personne ne le laissait-il faire quoi que ce soit ? POURQUOI ?

Sans plus prêter attention à son entourage, l'adolescent se retourna et lança sa Clé sur un Sans-cœur éloigné, l'éliminant en un seul coup sous le regard éberlué de Léon. Sans attendre qu'elle réapparaisse dans sa main, le garçon invoqua dans sa gauche Tendre Promesse et tira un jet de Foudre sur un autre ennemi que visait Dingo en le ratant de peu. Puis alors que la Keyblade noire se matérialisait dans sa paume, Roxas abattit l'épée de Lumière sur une troisième créature que Donald allait incendier.

L'adolescent enchaîna les coups et lacérations dans tout les sens, sans s'arrêter ni reprendre son souffle un seul instant, jusqu'à ce que chaque soldat des Ténèbres aient été détruits de sa propre main. Là seulement il s'arrêta, tremblant, essoufflé, mais enfin calmé. En lui la boule d'oppression s'était enfin dissipée, comme si tuer tout ces ennemis l'avait défoulé.

Les yeux rivés au sol, il mit quelques secondes à reprendre son souffle ; puis, relevant la tête, il tourna enfin son attention vers les trois autres combattants. Tous étaient figés, l'un stupéfait, l'autre inquiet, le troisième presque apeuré. S'apercevant enfin que c'était lui l'objet de cette réaction, le Simili se redressa, l'air impassible :

- Ben quoi ? Qu'est-ce que vous avez tous à me regarder, j'ai changé de couleur de cheveux ?

Les deux compagnons du Roi se remirent de leur émoi et fixèrent leur camarade d'un air inquiet pour l'un et furieux pour l'autre :

- Et toi, ça va pas de frapper les Sans-cœurs juste sous notre nez ? T'as failli me couper les plumes !

L'adolescent roula des yeux comme agacé avant de lui lancer un regard signifiant "Te mets pas en travers de mon chemin alors", alors que Léon, visiblement remis de sa surprise, se rapprocha prudemment du trio :

- Le bureau d'Ansem est juste au bout de ce couloir, vous ne pourrez pas vous tromper, fit-il en désignant ladite allée qui tournait devant eux. Vous devrez continuer seuls pour l'instant, Cid vient de me signaler un incident. Je vous rejoins juste après, je serai dans les parages si vous avez besoin d'aide.

Les deux natifs du Château Disney acquiescèrent et le regardèrent partir avant de se retourner vers le couloir menant au bureau, pour s'apercevoir que Roxas les avait purement et simplement abandonnés sur place.


Roxas poussa lentement la porte du bureau d'Ansem, pénétrant prudemment en territoire inconnu. Les lieux étaient aussi dévastés que dans les souvenirs de Sora, mais quelqu'un semblait y avoir fait la poussière et déplacé toutes les feuilles et livres volants sur les meubles depuis la dernière visite. Le regard du jeune homme s'attarda sur l'immense portait d'Ansem l'imposteur, autrement appelé Xehanort, l'homme responsable des nombreuses calamités ayant frappé les mondes depuis une décennie ; bien qu'Ansem dit "le Sage" y avait aussi sa part de responsabilité…

- Ah, te voilà enfin ! fit une voix de jeune homme, sortant l'adolescent de sa rêverie.

Le garçon aux cheveux bruns tourna immédiatement le regard vers son interlocuteur et…

- …Zexion ?

Ledit Zexion, un adulte dans la vingtaine aux cheveux gris bleuté rabattus devant son visage et vêtu d'une tenue de scientifique, s'arrêta net dans sa phrase d'introduction, son unique œil visible brillant d'un éclat bleu surpris. Puis son expression passa de l'étonnement à un regard d'analyste perçant, alors qu'il croisait les bras, la main au menton dans une posture de réflexion intense :

- …Non, tu n'es pas juste Sora…

Roxas se figea à son tour, stupéfait de sa réaction : il avait spontanément appelé l'homme lui faisant face "Zexion", du nom du Simili auquel il ressemblait trait pour trait, sans même réfléchir. Un Simili qui faisait partie de la première Organisation XIII

Roxas se maudit soudain pour sa bêtise. Pourquoi était-il parti en avant tout seul ? Si seulement il pouvait s'enfuir et se mettre en sécurité tout de suite… Par instinct plus que par intention, le garçon recula devant l'homme lui faisant face.

- Attends ! fit soudain ce dernier en tendant une main vers lui. Je crois avoir compris ce que tu pense, alors laisse-moi te rassurer tout de suite ; mon vrai nom est Ienzo, et bien que mon Simili ait eu des liens avec l'Organisation, je ne suis pas avec eux. Je suis redevenu humain, comme tout les membres ayant été éliminés, et mon seul but à présent est d'aider à la restauration de notre monde. Je n'ai plus rien à voir avec l'Ordre, je suis de votre côté, conclut-il en posant la main au cœur tel un signe de confiance.

Roxas hésita un instant, scrutant l'individu de haut en bas ; il avait l'air parfaitement sincère, et quelque chose dans son attitude… non, plutôt une bonne sensation le poussait à le croire. Prenant une pose plus détendue mais non moins sur ses gardes, l'adolescent répondit :

- Alors tu… vos êtres d'origines sont revenus à la vie ?

- Comme tu peux le voir, confirma Ienzo d'un hochement de tête. Nous sommes redevenus ceux que nous étions, avec les souvenirs de notre existence de Simili. Mais toi, tu ne semble pas être qui l'on pourrait croire, rajouta-t-il en reprenant sa pose d'analyste.

Le garçon serra la mâchoire, toujours méfiant et surtout vexé d'avoir bousillé sa couverture aussi facilement. L'adulte l'observa encore un instant, avant de déclarer :

- De toute évidence, tu es censé être Sora, qui ne m'a jamais rencontré en personne… Et pourtant, tu m'as spontanément appelé "Zexion", ce qui signifie que tu as connu mon Simili. Et ce regard… conclut-il en fixant l'adolescent droit dans les yeux. D'après ces observations, j'avancerai que tu es… Roxas, c'est bien cela ?

Le jeune homme écarquilla les yeux, impressionné par l'analyse précise du scientifique, mais se repris rapidement et allait ouvrir la bouche pour répondre quand une voix agréablement familière retentit derrière eux :

- Bravo Ienzo, dix sur dix !

Le garçon se retourna vers l'arrivant pour découvrir Ax-Lea ayant surgit de nulle part, adossé à la porte et un sourire mystérieux aux lèvres. Le plus jeune salua chaleureusement l'apprenti, rassuré de sa présence, tandis qu'Ienzo se contenta de salutations polies mais réservées, semblant se refermer quelque peu. Le rouquin donna une légère tape sur l'épaule de l'adolescent, avant de se tourner vers le scientifique :

- Mais si ça te dérange pas, évite d'aller crier ta découverte sur tout les toits, on a pas très envie que le petit secret de notre "Élu" préféré atterrisse dans une oreille indiscrète, si tu vois ce que je veux dire…

L'autre lui adressa un regard perçant un instant, ce qui surpris l'adolescent, avant de répliquer :

- Bien sûr… Je suppose que c'est pour cela que vous tenez à voir les données d'Ansem avant leur décryptage total, n'est-ce pas ?

- Oui, répondit le plus jeune, il faut qu'on comprenne comment S… comment est-ce qu'on peut ramener mon double parmi nous. Et le plus tôt sera le mieux.

Ienzo regarda tour à tour le garçon et l'apprenti, comme s'il n'avait pas réellement envie de leur montrer ce pourquoi qu'ils étaient venus, avant de hocher la tête et se tourner vers le couloir sans un mot. Les deux adultes pénétrèrent dans la pièce, une petite salle carrée aux portes vitrées avec une étonnante structure ronde sur le mur en face de l'écran, et le scientifique se mit à pianoter sur le clavier :

- Vous le savez sans doute déjà, mais les travaux de notre maître sont extrêmement bien protégés. Cid et moi avons consacré tout nos efforts et notre temps disponible pour les décoder, mais nous en avons à peine effleurer la surface. Nos seules découvertes sont des informations superficielles et générales sur les cœurs, les Ténèbres et la Lumière, mais absolument rien que nous ne connaissions déjà, hélas. Néanmoins, une de nos dernière tentatives nous a montré un très bref aperçu de ce que contient le noyau de données, et il semble que celles-ci concernent le cœur de Sora, conclut Ienzo.

Étonnés par le manque de réaction de Roxas suite à ces explications, les deux adultes se tournèrent vers lui… et se rendirent compte qu'il n'était pas là. Le cherchant du regard, ils finirent par rebrousser chemin jusqu'au bureau d'Ansem, et restèrent figés devant une scène invraisemblable : Roxas, mains sur les genoux, fixait avec curiosité un papillon battant doucement des ailes posé sur un meuble. Quelques secondes passèrent sans que l'adolescent ne semble les remarquer, avant que Lea ne décide de se racler la gorge :

- Hem… Roxas, ça, c'est un papillon. Y'en a plein d'autres dehors, tu sais.

- Un Papilio machaon pour être exact, aussi vulgairement appelé "Machaon" ou "Grand porte-queue", ajouta le scientifique. C'est étonnant d'en voir déjà en cette saison, d'ailleurs…

L'apprenti lui lança un regard circonspect tandis que le garçon se contenta de hocher la tête, visiblement très intéressé par l'insecte à quelques centimètres de son nez.

- …On pourra aller en voir plus tard, quand on en aura fini avec ces données, OK ? fit le rouquin d'un ton impatient.

- Mais j'en ai jamais vu d'aussi près, finit par souffler le plus jeune sans quitter des yeux l'objet de son attention.

Lea s'apprêtait à refaire une remarque quand le lépidoptère se décida enfin à s'envoler, en plein dans la figure du jeune homme qui sursauta et recula pour l'éviter, avant que ce dernier ne se pose à nouveau… sur son nez. Roxas n'osa plus bouger, prit dans une drôle de posture en arrière et les mains figées en l'air, louchant et clignant des yeux sur le petit insecte perché sur son visage. Ienzo sembla contenir un sourire derrière sa main tandis que l'apprenti passait la sienne sur la figure, ne sachant pas s'il devait s'agacer ou rire de voir Roxas pétrifié par un pauvre petit papillon sur son nez.

- Mais qu'est-ce que tu fais encore ? Et c'est qui lui ?

Les deux adultes levèrent la tête vers la voix nasillarde qui s'était élevée de la porte pour y découvrir Donald et Dingo, qui semblaient autant surpris par Roxas que par la présence du scientifique.

- Ravi de vous rencontrer, je m'appelle Ienzo et j'assiste Cid au décryptage des données d'Ansem, se présenta poliment ce dernier.

Le magicien, visiblement exaspéré du comportement l'adolescent, répondit d'un rapide bonjour tandis que son camarade plutôt amusé par la situation salua plus joyeusement la nouvelle tête.

- Je crois que notre cher porteur s'est retrouvé aux prises avec un ennemi inattendu, ajouta Lea moqueur alors que le duo les rejoignait.

- On a pas le temps pour ça, plus tôt on aura vu les données, plus vite on pourra ramener S-Roxas ! marmonna le canard.

Il agita en passant une main agacée devant la figure du garçon, faisant s'envoler l'insecte sous l’œil surpris de Roxas qui bientôt fixa l’inopportun d'un regard noir comme voulant le foudroyer sur place. Le magicien ne le vit pas et se dirigea vers le bureau informatique, tandis que le capitaine lança un regard désolé vers le jeune homme, semblant s'excuser pour le comportement de son camarde. Ienzo vint reprendre son pianotage pour ouvrir les fichiers tant convoités :

- Comme je le disais, ajouta-t-il, nous avons pu décrypter très peu d'informations pour l'instant, et aucune d'entre elles ne représente une nouveauté pour nous. Mais il semble que les données les plus protégées concernent Sora.

- C'est super alors ! fit Donald, l'air ravi en contemplant impatiemment l'écran.

- Le problème est que nous n'y avons pas encore accès, justement, fit le scientifique d'un air désolé.

Le canard perdit aussitôt son sourire, l'air déçu, tandis que son camarade portait un regard navré au jeune garçon qui, étrangement, restait indifférent. Le chevalier tourna subitement son attention vers les centaines de capsules géantes accrochées aux murs qu'on distinguait derrière la vitre, vestiges de ce qui fut un jour l'usine à Sans-cœurs de Xehanort. Le capitaine alla se pencher au balcon qui surplombait toute la structure, l'air inquiet :

- Qu'est-ce qu'il y a, Dingo ? fit son camarade volatile en le rejoignant.

- Je sais pas, cette usine m'a toujours donné un mauvais sentiment, répondit le chien. Pourquoi Léon et les autres l'ont pas détruite ?

- Sa localisation ne nous permet malheureusement pas de la démolir de manière brusque, au risque d'endommager l'ordinateur central, expliqua alors le scientifique. Mais elle est totalement désactivée, à présent ; Cid a pu supprimer du système tout les programmes liés à l'usine. Si quelqu'un voulait l'utilisait, il devrait tout réinstaller, ce qui est quasiment impossible.

Tandis que les deux camarades jetaient un coup d’œil à l'énorme machinerie sous leurs pieds, Lea se rapprocha du jeune adulte, l'air réticent :

- Hem… Ienzo ? fit-il en se grattant l'arrière du crâne nerveusement. Comment ça va pour, euh… Even ?

Le scientifique se figea un très bref instant, avant de reprendre son pianotage, indifférent :

- Son état est stable. Il s'est remit au travail et a pu nous assister quelque peu dans nos projets, fit-il d'un ton désagréablement détaché, les yeux rivés sur l'écran.

L'apprenti se mordit la joue, embarrassé, puis lâcha :

- Ah… c… C'est bien.

Roxas remarqua cet échange et fronça les sourcils, intrigué. L'adulte reprit, hésitant :

- Ienzo… Je voulais te dire… au sujet de notre dernière mission…

- Je ne tiens pas à en parler ici ou maintenant, le coupa le scientifique concentré sur son travail.

- Ouais, je comprends… mais, euh-

- Nous avons autre chose à faire de plus urgent et important que de parler du passé, répliqua aussitôt Ienzo d'un ton sec.

L'adolescent les fixa tour à tour, complètement perdu :

- A… Axel ? De quoi vous parlez ?

- Ah, il n'est pas au courant ? fit le scientifique d'un ton détaché. Si tu tiens tant à en discuter, pourquoi pas le faire avec lui, Axel ?

L'intéressé détourna aussitôt la tête, comme honteux. Le garçon n'y comprenait plus rien :

- Axel ? Qu'est-ce qui se passe ?

- …Je crois que c'est pas le meilleur moment pour parler de ça, Roxas, répliqua doucement son ami en tournant la tête dans sa direction, sans toutefois le regarder dans les yeux. Plus tard, quand ce… truc avec Sora sera fini, conclut-il en posant une main sur l'épaule du jeune homme.

Ce dernier fixa la paume sur son bras, incertain.

Il n'aimait pas ça.

Déjà dans l'Organisation XIII, Axel lui avait caché des choses, et c'était en partie ce qui l'avait poussé à renier l'Ordre et le fuir. L'autre raison, c'était… c'était quoi déjà ? La vérité sur ses origines ? Non, ça, Axel avait déjà refusé en parler… mais pourquoi ça l'avait tant chamboulé, de ne pas savoir d'où il venait ? Sans doute parce qu'il était né sans les souvenirs de Sora et ne se rappelait de rien avant ça… ou après ça. Alors ça devait être parce qu'Axel lui avait menti… sur qui ? Non, sur quoi ?

Une désagréable sensation monta en lui, une sensation qui en plus ne lui était pas étrangère… et Roxas n'aimait pas du tout ça.

Son attention passa de la main sur son épaule à l'homme qui se tenait devant lui. Et il vit cette fois le regard brillant d'Axel le fixer dans les yeux, sans flancher. Il ne dit rien, mais ce regard parlait à sa place. Un regard empli de remords, et d'une demande de confiance.

Et Roxas sut que cette fois-ci, Axel ne lui mentirait et ne lui cacherait pas la vérité. Ce n'était simplement pas le moment d'en parler, c'est tout.

Une petite sonnerie attira alors leur attention vers l'écran. Ienzo appuya sur une touche qui ouvrit un petit cadre orné d'un microphone sur l'écran, et la voix quelque peu déformée de Cid retentit dans la salle :

- Ienzo ? C'est encore toi qu'es en train de trifouiller le programme du secteur D-C ?

- Bien sûr que non, c'est censé être ton secteur, répliqua l'intéressé.

- Te fiche pas de moi, y'a que deux personnes ici qui peuvent y avoir accès et c'est pas moi qui m'amuse à le bidouiller en ce moment même ! fit la voix agacée du mécanicien.

- C'est quoi le "bidule-truc secteur décès" ? S'incrusta Lea.

- Il parle du système de défense et du quartier qu'il protège, expliqua brièvement le scientifique. Écoute Cid, j'essaye d'ouvrir les données d'Ansem pour R-Sora, alors ce n'est vraiment pas le moment d…

Le jeune homme se figea soudain, les yeux écarquillés comme s'il venait de réaliser quelque chose.

- Une minute… Le secteur D-C ?

- Ouaip, fit Cid. Qu'est-ce que t-

- Cid ! Enclenche le protocole 7, immédiatement ! s'écria Ienzo, soudain en proie à un empressement paniqué alors qu'il se remettait à pianoter furieusement sur le clavier.

- De QUOI ?

- Attendez, il se passe quoi ? fit Lea.

Le scientifique n'eut pas plus le temps de lui répondre que l'écran d'ordinaire bleu de l'ordinateur se mit soudain à clignoter en rouge, alors qu'une alarme retentit dans l'enceinte.

- Tu vas m'expliquer ce qu'il se passe là ? s'énerva l'apprenti alors que son camarade tapait furieusement sur les touches comme si sa vie en dépendait.

- Quelqu'un essaye de pénétrer par effraction dans le système ! répliqua aussitôt Ienzo, ses yeux rivés sur l'écran qui affichait à présent en boucle des fenêtres marquées d'un sinistre "ERREUR CRITIQUE".

- QUOI ?

Alors que le scientifique tentait désespérément de régler le problème de sa machine, l'adulte vit quelque chose s'allumer derrière la vitre leur faisant face, et leva le regard pour écarquiller les yeux d'horreur. Devant eux, les centaines de capsules de l'usine à Sans-cœurs venaient de se rallumer une par une, telles de sinistres lucioles roses.

- Dites-moi que c'est pas vrai… fit Lea, pétrifié.

À ce moment-là, les portes de la salle coulissèrent toutes seules, piégeant ses occupants à l'intérieur. Ienzo regarda la porte, fixa à nouveau l'écran et ses messages d'erreur comme face à un dilemme, puis serra le poing et se précipita sans se retourner vers la vitre close, tâtant l'embrasure comme à la recherche d'un mécanisme secret.

- Qu'est-ce que tu fais ? s'écria l'apprenti.

- Rester ici est trop dangereux, le système risque de se retourner contre nous à tout instant ! répliqua le scientifique en tentant de pousser sans succès la vitre.

- Comment ça, le système va se retourner contre nous ? Y'a des canons laser dans cette pièce ?

- Pire… murmura Ienzo d'un ton angoissé.

Complètement prit de court, Lea se tourna vers l'autre porte, derrière laquelle Donald et Dingo s'agitaient frénétiquement pour essayer de les rejoindre, puis regarda de nouveau le scientifique un instant avant d'aller lui prêter main forte. Il ne remarqua pas l'étrange comportement de Roxas, fixant le vide et anormalement indifférent au chaos autour de lui. Brusquement, ses yeux furent comme captivés par l'ordinateur, et il avança lentement dans sa direction, fasciné, tel un papillon de nuit approche une flamme.

Quelques instants plus tard, Lea et Ienzo virent accourir Léon depuis le bureau, et tenter à son tour d'ouvrir la porte, sans plus de succès. C'est alors que la structure murale se mit à luire d'un air sinistre. L'épéiste le remarqua et cogna de plus belle contre la paroi, poussant des cris étouffés par la vitre et faisant des gestes désespérés pour avertir les occupants. Les deux adultes, alertés, se tournèrent alors vers la machine ; Lea vit enfin Roxas à l'écart et se précipita vers lui pour le protéger, à l'instant même où l'engin brilla d'une lueur intense. Des rais de lumière furent tirés de la structure et touchèrent les trois occupants de la pièce, les paralysant sur place. Un étrange quadrillage apparut sur eux, avant que les rayons ne les désintègrent petit à petit sous les yeux horrifiés de leurs camarades impuissants, ne pouvant rien faire d'autre que les regarder cloués sur place, comme figés dans le temps.

Ienzo, le bras levé devant lui comme tentant de se protéger d'une attaque fatale.

Lea, figé en pleine action, le bras tendu vers l'adolescent dans un tentative désespérée de l'atteindre avant qu'il ne soit trop tard.

Et Roxas, immobile face à la machine, la main sur le clavier et son regard couleur de ciel rivé sur l'ordinateur, comme hypnotisé, alors que s'affichait à l'écran les deux mots : CODE ANSEM.

La machine émit à nouveau une lueur intense, et tous disparurent de la salle.

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L'ordinateur d'Ansem vient d'aspirer Roxas, Lea et Ienzo à l'intérieur du système. Comment cela a-t-il pu arriver ? Et que va-t-il se passer ?

Lea : Eh, regardez ! Y'a Minecraft là-dedans ! …Euh c'est quoi ce truc vert qui fait un bruit bizarre ?

Sora à l'intérieur de Roxas : AAAAAH COURREZ POUR SAUVER VOS MISÉRABLES VIES !!!

…SORA COMMENT TU FAIS POUR PARLER ICI ? ET D’OÙ IL SORT CE CREEPER ??

*bruit d'explosion*

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