Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 7 : Roxas - Pourquoi ?

10311 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/02/2024 18:51

Quelques jours ont passés depuis le retour de Roxas dans le corps de Sora… sans aucune manifestation de ce dernier, ni d'explication sur comment cela a pu arriver. Riku a tenté de parler au Simili, mais celui-ci a refusé toute discussion et s'est même emporté au point de l'attaquer violemment, obligeant Kairi à intervenir.

Sora a peut-être réussi à ramener Roxas, mais… était-ce seulement une bonne idée ?


Chapitre dédié à Lirae pour les interactions de Riku.

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 - Comment ça, il a attaqué Riku ? s'écria Lea.

Sa vive réaction fit sursauter Donald et Dingo alors que Mickey baissait la tête, Kairi serrant les mains sur le cœur et Riku se contentant d'afficher un regard navré. L'apprenti dévisagea chacun d'eux, cherchant le mensonge dans leurs regards : mais leurs attitudes et surtout les bleus sur le visage de l'aîné prouvaient leurs propos. L'adulte serra les poings, se refusant de les croire :

- Vous êtes sûrs que c'était pas un accident ? Ou qu'il l'a pas provoqué involontairement, je sais pas ?

Un court silence lui répondit avant que le jeune Maître ne prenne la parole :

- Je sais que Roxas et moi nous… nous entendons pas vraiment, fit-il d'un ton peiné, mais je ne l'ai pas délibérément provoqué. Cependant, j'ai insisté pour lui parler, et peut-être que… c'était pas le meilleur moment.

- Tu vas quand même pas dire que c'était une raison pour te taper ! s'exclama Donald très remonté.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit ! C'est plutôt que… vous êtes d'accord qu'il est plutôt secret, non ? Je me permettrai pas de prétendre savoir ce qui se passe dans sa tête, mais toute cette histoire avec Sora… Il ne sait pas plus que nous ce qu'il se passe, et je crois que c'est lui qui en souffre le plus. Il était peut-être sur les nerfs quand je suis arrivé, et…

- Et alors ? s'écria à son tour Kairi. Ça lui donnait le droit de te faire du mal comme ça ?

L'espace d'un instant, le jeune homme sembla sur le point de dire "Oui". Il fixa le sol un instant, avant de déclarer :

- Ce n'est pas une excuse, je le sais. Mais parfois, quand c'est trop… On s'en fiche de sur qui ça retombe, tant qu'on a quelqu'un sur qui rejeter toute la faute.

- Tu dis ça comme si tu avais quelque chose à te reprocher, remarqua doucement Dingo en le fixant l'air concerné.

Le regard turquoise de l'adolescent s'assombrit d'un voile mélancolique, comme une réponse muette. Mais ce silence fut bientôt coupé par l'ancien Simili :

- Et alors ? C'est pas le problème ! Roxas s'est enfermé dans le vestiaire depuis des heures et personne n'est allé voir comment il allait ou m'a prévenu du bazar avant que j'arrive !

- On a essayé, mais il a refusé de nous répondre ou de nous ouvrir. Il a même fermé la porte avec la Keyblade, répondit le Roi d'un air défait.

- Et vous pouviez pas genre la débloquer avec la vôtre ?

- Je pense que s'il s'est enfermé à clé tout seul, c'est pour qu'on le laisse tranquille, ajouta l'aîné. Inutile de le contrarier plus qu'il ne l'est déjà.

- Et s'il s'est enfui en utilisant un Couloir de Ténèbres ?

- Il ne l'a pas fait, déclara alors Yen Sid. Ces lieux sont sous ma surveillance, il est impossible d'y accéder en usant des Ténèbres sans que je ne détecte leur présence.

Lea serra les poings, crispé, et s'apprêtait à répliquer lorsque les battants du vestiaire s'ouvrirent en grand pour laisser apparaître un adolescent aux cheveux bruns en pétard arborant un énorme bleu sur le bras droit et de multiples coupures sur le côté gauche. Le groupe se figea, fixant l'adolescent avec stupeur ; ce dernier leva brièvement le regard, révélant quelques plaie et ecchymoses au-dessus d'yeux bleus et humides qui s'assombrirent rapidement. Il baissa la tête et se dirigea sans un mot vers la porte, comme évitant tout contact. Lea se précipita vers lui juste quand il atteignait la sortie :

- Roxas ? Ça va, tu-

- Pas maintenant Axel, le coupa froidement le plus jeune.

Cette réplique surpris l'adulte, permettant au garçon de quitter la pièce sous l'air stupéfait du groupe. Riku les devança et se lança à la poursuite du jeune homme.

- Roxas !

L'adolescent ne lui jeta même pas un regard et allait accélérer l'allure à un palier quand l'aîné le rattrapa et le retint doucement par la main.

- Je t'ai déjà dit d-

- Je suis désolé.

L'éclat de colère du garçon s'arrêta net, et il se retourna lentement pour dévisager Riku, décontenancé. Ce dernier le fixa d'un air sincèrement peiné, et poursuivit d'un ton repentant :

- Je suis désolé de m'être mis sur ton chemin quand tu as voulu libérer Kingdom Hearts. Je suis désolé de t'avoir attaqué et blessé. Je suis désolé de t'avoir enlevé et de t'avoir emmené à DiZ pour qu'il te place dans une fausse Cité du Crépuscule. Je suis désolé de t'avoir empêché d'aller à la plage et de t'avoir volé le cristal du trophée. Je suis désolé de t'avoir forcé à revenir dans Sora pour qu'il se réveille. Je m'excuse de t'avoir forcé à disparaître pour que Sora soit là. Je m'excuse pour tout ce que je t'ai fait, parce que je n'aurai jamais dû le faire, et je regrette ce qu'il s'est passé car ça aurait se passer autrement. Quoi que je fasse, ça n'effacera pas ce que je t'ai fait subir, mais je regrette de te l'avoir fait. C'est ce que je voulais te dire, Roxas. Tu as le droit de ne pas croire ce que je dis, mais je voulais te le dire. Je voulais que tu le saches. Je ne te demande pas de me pardonner. Je voulais juste… m'excuser pour tout ce que je t'ai fait. Pardon.

Un long silence s'installa, alors que l'adolescent continuait de fixer le plus âgé avec stupeur. Puis son expression se durcit, son regard devint à nouveau froid et blessé, et, se dégageant brusquement, il tourna les talons et disparut dans les escaliers de la tour.

Riku resta là immobile, le bras figé comme pour retenir une main qui était déjà bien loin.


Plus tard, alors que Kairi errait sans but dans les couloirs de la Tour Mystérieuse, elle passa devant le dortoir de Sora, Donald et Dingo et distingua dépassant de derrière un lit une familière tignasse brune. La jeune fille s'arrêta net, fixa le garçon, avant de rentrer sans bruit dans la chambre. L'adolescent était assis par terre, genoux recroquevillés contre sa poitrine et le visage caché dans les bras. La Princesse resta là un moment sans rien dire, avant de faire un pas. Il leva alors un œil couleur de ciel vers elle, pour aussitôt l'écarquiller de stupeur et rapidement détourner la tête dans la direction opposée. L'apprentie se frotta le bras, gênée, avant de finalement s'approcher et s'asseoir sur le lit. Elle le vit se tourner légèrement de l'autre côté, comme refusant de lui faire face. Kairi se mordit la lèvre, hésitante, son regard se perdant sur les bleus et plaies toujours visibles sur les bras nus du garçon, puis éleva la voix :

- Est-ce que… ça va, Roxas ?

La question dût le surprendre car il sursauta, avant de relever un peu la tête, ses mèches cachant ses yeux. Il entrouvrit les lèvres, mais se ravisa et ferma la bouche pour se mordre la joue, comme honteux. La jeune fille inspira profondément puis redemanda de la voix la plus douce possible :

- Tu n'as pas mal ?

Cette fois-ci, il tourna la tête dans sa direction, hésita un instant, puis parla enfin :

- P… pourquoi tu me demandes ça ?

La Princesse resserra ses mains sur sa robe, ses yeux bleu violacé rivés sur l'énorme ecchymose qui recouvrait le bras du garçon en s'étendant presque jusqu'au coude.

- T… Tes blessures sont encore vives, finit-elle par articuler, la bouche désagréablement sèche.

- …J'ai vécu pire, dit l'adolescent après une pause.

La Princesse écarquilla les yeux, choquée ; elle se doutait que le Simili avait expérimenté des plaies plus sérieuses qu'une égratignure, et se savait elle-même bien moins aguerrie que lui ou Riku pour tolérer des blessures de combat ; mais l'étendue du bleu était beaucoup trop importante pour être bénigne. Et Riku avait précisé que le garçon s'était assommé quelques secondes durant la bagarre. Rien que ça était suffisamment inquiétant pour nécessiter des soins, ne serait-ce que basiques.

Pendant un instant, Kairi se demanda ce qu'il pouvait entendre par "pire", mais chassa aussitôt cette pensée. Peu importe qu'il dise avoir reçu pire, Roxas n'avait pas à rester blessé ainsi.

Même si c'était parce qu'il s'était battu contre Riku.

La jeune fille tendit la main vers le garçon en veillant à ne pas toucher son épaule blessée, et relâcha son énergie magique : une lueur verte illumina sa paume et enveloppa le corps du jeune homme alors que les plaies de son bras et son flanc se refermaient d'elles-même et que l'horrible bleu diminuait de plus de moitié en devenant marron clair. Roxas releva complètement la tête, révélant un visage stupéfait exempte de toute plaie ou ecchymose. Il examina ses anciennes blessures, dont la seule trace subsistante étaient les déchirures de ses vêtements et la marque jaunâtre, avant de lever un regard décontenancé vers la jeune fille :

- …Pourquoi ?

- Pourquoi ? Pourquoi "pourquoi" ? s'exclama-t-elle, à moitié abasourdie et indignée. Tu es blessé, je te soigne ; il me fallait une raison de plus pour le faire ?

Le Simili ne répondit pas, trop choqué, avant de finalement baisser la tête pour murmurer d'un air songeur :

- Non… tu dois avoir raison…

- …Roxas ? hésita la Princesse après un silence. Est-ce que… Qu'est-ce qu'il s'est passé a-avec Riku ?

Le garçon écarquilla les yeux, puis détourna le regard. L'apprentie se frotta le bras gênée en voyant son malaise, et allait ajouter qu'il n'était pas obligé d'en parler quand il reprit la parole :

- On s'est battu. C'est tout, dit-il d'un ton désagréablement froid.

- Vraiment ? fit la jeune fille avec un rictus sarcastique. Tu frappes les gens comme ça, maintenant ?

Kairi se gifla mentalement dès que les mots sortirent de sa bouche ; qu'est-ce qui lui prenait d'être aussi désagréable ? Elle vit Roxas se crisper et sut qu'elle avait dit ce qu'il ne fallait pas. Mais avant qu'elle n'ait pu s'excuser, le Simili lui demanda d'une voix sèche :

- Kairi… est-ce que tu m'en veux d'avoir frappé Riku ?

La Princesse se figea une seconde, mais répondit :

- Tu t'es battu violemment avec mon meilleur ami, et de ce que j'en sais tu l'as fait sans raison. C'est normal que ça me froisse, tu ne crois pas ? dit-elle d'une voix tremblante emplie de reproches. M… mais Riku semble essayer de te trouver des excuses… Alors, peut-être qu'avoir échangé ta place avec Sora sans savoir ce qu'il s'est vraiment passé te perturbe beaucoup, je veux bien l'admettre ; mais je suis pas sûre que ça en fasse une raison de taper sur les gens. S… S'il s'est passé quelque chose entre toi et Riku qui t'a énervé au point de vouloir le frapper, j-je veux bien entendre ta version. Mais je veux que tu me dises tout ce qui s'est passé, tu comprends ? conclut-elle en penchant la tête vers lui, la voix serrée par l'émotion.

L'adolescent fixa son regard blessé un instant, puis détourna la tête, comme honteux. Quand il éleva de nouveau la voix, ce fut pour parler d'un ton qui se voulait neutre mais se trouvait brisé par la colère et la honte :

- Je m'excuse de t'avoir blessé, Kairi. J'ai jamais voulu que ça arrive, je te le jure. Je m'excuse. Mais je dois aussi être honnête avec toi : je ne peux pas m'excuser d'avoir frappé Riku. J… Je peux pas te dire ce qui s'est passé pour que ça arrive, m-mais je… Je peux pas regretter ce que j'ai fait à Riku tout à l'heure. Je regrette que ça t'ai blessée, mais je… je regrette pas de l'avoir fait non plus. J… J'ai mes raisons de lui en vouloir, et je ne peux pas te l… Je peux pas t'expliquer. Je lui en veux, c'est tout. Je m'excuse de t'avoir blessée, mais je peux pas m'excuser de l'avoir blessé. T… Tu comprends ? fit-il en levant timidement les yeux vers elle.

Pendant un moment, la jeune fille resta figée, ses yeux profonds comme la mer plongés dans ceux couleur de ciel et presque implorants du jeune homme. Sans qu'elle ne sache pourquoi, le visage de Riku se superposa sur le sien… et elle se souvint. Le regard coupable de son meilleur ami. La honte qui animait chacune de ses paroles.

L'énorme bleu sur son œil gauche et le côté de sa mâchoire, ainsi que le sang qui ruisselait de son nez cassé.

La Princesse resserra les poings sur sa robe pour arrêter de trembler. Prenant une profonde inspiration, elle éleva enfin la voix :

- Non. J-Je… je ne comprends pas, Roxas. Je ne peux pas comprendre. T-Tu lui en veux, j'ai bien saisi. Mais je ne comprends pas pourquoi, e-et j… je ne comprendrais jamais si tu me dis rien d'autre. T… tu as parfaitement le droit d'avoir tes raison d'en vouloir à Riku. Mais… tu n… tu peux pas le frapper comme ça sans raison… S-S'il t'a attaqué, c'est normal que tu répliques, mais s'il n'est pas agressif envers toi, t… tu n'as pas le droit de lui faire du mal, tu comprends ? Peu importe ce qu'il y a entre vous, tu ne frappes pas quelqu'un qui ne t'a pas agressé. Est-ce que c'est clair ?

Kairi avait prononcé tout ces mots d'une voix brisée par la colère et l'incompréhension. L'adolescent la fixa un instant, yeux écarquillés, avant de détourner le regard en reprenant un air coupable. Il se mordit la lèvre une seconde, avant de murmurer :

- J-J'ai compris. J… Je n'attaquerai plus Riku. J-Je te promets de ne plus le frapper, Kairi. Je te le jure.

Roxas avait prononcé ces derniers mots en fixant la jeune fille droit dans les yeux. Pendant un instant, leurs regards restèrent plongés l'un dans l'autre, comme cherchant le pardon ou l'honnêteté dans les iris opposés ; puis la Princesse rompit le contact, resta assise un moment sans rien dire, avant de quitter la pièce en lançant un simple "À plus tard".

L'adolescent continua de fixer l'endroit où elle avait disparu un long moment, puis baissa la tête et cacha son visage dans sa main, la mâchoire crispée et tremblant de tout ses membres.


Le lendemain matin, Roxas fut surpris de se réveiller seul dans la chambre qu'il partageait avec Donald et Dingo. Il fut encore plus surpris de voir qu'il avait aussi fait sa première grasse matinée depuis son "retour", à en juger par le jour levé qu'il apercevait à la fenêtre.

S'asseyant sur le bord du lit, l'adolescent se gratta la tête, se demandant comment il avait pu dormir aussi longtemps ; sans trop savoir pourquoi, il s'éveillait toujours bien avant l'aube et avant les autres, ce qui permettait d'éviter leur contact. Il se rendit également compte qu'il n'avait pas non plus rêvé cette nuit ; son sommeil était toujours entrecoupé d'images étranges, la plupart se résumant soit à ce qu'il avait fait la veille, soit à ce qu'il avait pu entrapercevoir à travers Sora durant l'entraînement au Colisée.

Le garçon secoua la tête, se leva et se dirigea au réfectoire ; il renonça cependant à y entrer en entendant un léger brouhaha. Les évènements précédent ainsi que sa discussion avec Kairi avaient accentués la tension entre lui et les Gardiens, et le jeune homme, préférant les éviter encore plus, se rendit alors à l'extérieur pour se changer les idées.

Il s'assit sur les marches de l'entrée, replia ses genoux près de lui et cacha son visage dans ses bras. Mais avant qu'il n'ait pu mettre de l'ordre dans ses pensées, une voix lui fit relever la tête :

- Bonjour Roxas, comment vas-tu ?

L'adolescent se retourna pour voir Dingo, debout devant la porte. Le garçon resta muet quelques instants, avant de hausser les épaules en marmonnant une réponse. Le chevalier descendit quelques marches pour être à son niveau et continua avec un sourire amical :

- Donald et moi avons pensé à te réveiller, mais on s'est dit que si tu dormais encore, c'était pas la peine de t'embêter. Tu as passé une bonne nuit ?

Le jeune homme leva lentement un sourcil, de plus en plus perplexe.

- …Pourquoi ça t'intéresse ? finit-il par murmurer, à moitié méfiant.

- Pour rien, c'est normal, fit le compagnon de Sora en haussant les épaules.

Le Simili plissa brièvement les yeux, mais retrouva rapidement son air distant. Il reposa la tête sur les bras et détourna le regard en soupirant :

- T'es venu ici parce que tu me cherchais ? lâcha-t-il d'un ton las.

- Non, répondit le chien. En fait, j'étais venu chercher quelque chose dans le Gummi. Tu veux visiter ?

Roxas tiqua à la dernière phrase. Il reporta son air surpris vers Dingo qui toujours continuait de lui sourire gentiment :

- Pourquoi tu me pose cette question ?

- Oh, comme ça, répondit le capitaine en haussant les épaules. Je me suis dit que tu avais peut-être envie de voir notre vaisseau, si tu savais pas quoi faire. Bien sûr t'es pas obligé de le visiter avec moi, mais sache qu'il te sera toujours ouvert si tu le souhaite. Attends, je vais te montrer comment l'activer !

Roxas le suivit du regard, et le vit alors s'approcher du grand vaisseau flottant dans l'espace. Un deuxième vaisseau, bleu et beaucoup plus petit était également stationné à côté du Gummi, mais le garçon n'y prêta pas attention. L'adolescent observa le chevalier qui s'arrêta juste devant l'appareil et se mit à faire de grands gestes comme pour lui faire coucou, avant de taper dans ses mains, bras au-dessus de la tête.

À ce moment-là, des traînées lumineuses découpèrent le nez du vaisseau en quatre, avant qu'un lourd bruit de machines ne retentisse alors qu'il s'ouvrait lentement tel une fleur qui éclot. Les deux pans inférieurs s'abaissèrent jusqu'au sol, et une rampe d'accès se déplia depuis l'intérieur du bec où un pan du mur coulissa pour révéler l'entrée.

Roxas avait observé toute la scène d'un air ébahi. Dingo se retourna vers lui avec toujours ce sourire accueillant, sembla l'attendre, avant de finalement gravir la rampe pour pénétrer dans l'appareil.

L'adolescent resta immobile quelques secondes ; il avait des souvenirs de l'intérieur du vaisseau par le biais de Sora. Il n'avait donc aucune raison d'aller le voir. Mais…

Pour une raison inconnue, il était curieux. En fait non, il savait pourquoi ; il avait occupé toutes ses journées depuis son "retour" entre la salle d'entraînement et le vestiaire aux miroirs, en plus de s'occuper du corps de Sora. Faire autre chose, même d'aussi insignifiant, l'intéressait bien assez. Le garçon cogita ; après tout, il n'était pas obligé de visiter maintenant, surtout après que Dingo lui ait montré comment l'ouvrir. Il pouvait très bien revenir plus tard. Pourtant…

Roxas réfléchit quelques instants, puis soupira et rattrapa le capitaine avant qu'il n'entre dans l'appareil.


- Bienvenue dans le vaisseau Gummi ! déclara Dingo en invitant Roxas d'un large geste.

L'aéronef s'ouvrait sur un couloir au sol bleu nuit et aux cloisons d'un vert sombre avec une porte au fond à gauche. Des circuits jaunes couraient au bas des murs ainsi qu'autour du battant. Roxas remarqua que le passage donnait sur une pièce beaucoup plus grande où il distinguait une table, des chaises et un comptoir.

L'adolescent s'avança et eut un meilleur aperçu de l'espace de vie ; des fauteuil et canapés étaient installés à gauche, la grande table en bois était ornée d'un vase rempli de fleurs (en plastique), et tout l'espace de droite était occupé par une cuisine ouverte. C'était bien un bout du plan de travail que le garçon avait vu depuis le couloir, séparant l'espace culinaire du salon en se finissant par une table-bar. En s'avançant, Roxas remarqua que le comptoir accolé au mur de droite était coupé par une porte blindée qui semblait avoir servie de cible d'entraînement. Le plafond de la pièce était en forme de toit assez bas, mais pas assez pour s'y cogner. Les mêmes circuits brillants se prolongeaient dans toute la pièce en bordant les murs, le plan de travail, la porte et disparaissant en face dans un couloir plus étroit. Le jeune homme s'approcha du bar, effleurant du doigt la matière.

- Tu peux faire comme chez toi. Ici c'est le salon, salle à manger et cuisine, là c'est la salle de bain et là le garde-manger, fit Dingo en désignant la pièce, la porte du couloir et celle de la cuisine. Donald a essayé d'enchanter la porte pour empêcher Sora d'aller grignoter la nuit, mais je crois qu'il a un peu oublié qu'il avait une clé magique, glissa le chevalier avec un sourire.

Roxas ne l'écouta pas vraiment, perdu dans ses pensées. Une étrange sensation de détente l'envahit, comme si être dans ces lieux le relaxait.

Il avait toujours aimé être en hauteur, balançant les jambes dans le vide en effleurant le sol de la pointe des pieds, à ne penser à rien en sirotant une boisson bien fraîche après une journée d'entraînement ou d'extermination de Sans-cœurs…

Une seconde…

Roxas serra le poing à s'en blanchir les phalanges. Cette sensation, cette émotion de bien-être ne lui appartenait pas. Il commençait à confondre les souvenirs de Sora avec les siens.

Lorsqu'il avait fusionné avec lui, sa conscience était d'abord restée vive, occasionnant des effets de déjà-vu chez son être d'origine face à certains stimuli ; le départ de la Cité du Crépuscule, où il avait pleuré au travers de Sora devant la bande d'Hayner, avait été le moment le plus marquant. Par la suite, Roxas avait finit par s'effacer totalement, ne voyant plus que de rares images lorsque l’Élu vivait des combats intenses, tel un élan d'adrénaline comme réflexe de survie. Seul la mort d'Axel l'avait brusquement éveillé, comme une soudaine réalisation. Il avait alors été plus ou moins conscient jusqu'à ce que Naminé n'ouvre un passage pour ramener le groupe aux Îles du Destin. À partir de ce moment-là, il n'avait vu des images que lorsque Naminé, ou plutôt Kairi, était avec Sora. Mais pendant l'Examen…

Non.

Roxas ne voulait pas y penser. C'était déjà assez dur de ressentir son double réagir au fond de son cœur comme s'il voulait en sortir. Et le Simili ne pouvait lui en vouloir ; après tout, lui aussi en avait fait autant pour reprendre le contrôle d'une vie qu'il n'aurait plus. Même s'il avait échoué face à la force du cœur de Sora, bien plus puissante que celle d'un être en étant totalement dénué

- Roxas ? Est-ce qu'il y a un problème ?

La voix de Dingo sortit brusquement l'adolescent de ses pensées. Il se rendit compte qu'il avait porté la main au visage, les poings serrés.

Saletés de souvenirs qui se mélangent…

- Non. Il n'y a rien, répondit froidement le garçon en baissant le bras.

Il se tourna vers le chevalier, qui le fixait d'un air inquiet en se tordant les mains, et se dirigea vers le couloir du fond. Les murs de ce dernier comportaient de nombreuses portes, lesquelles étaient entourées par les circuits et semblaient plus rapprochées à droite qu'à gauche. Tout au fond, un escalier-échelle doré aux rampes rouges était accolé au mur du fond. Contrairement au salon, le plafond du couloir était haut et parfaitement plat, et un léger ronronnement continu semblait s'en échapper.

- Par là, ce sont les chambres, dit alors Dingo en s'approchant du jeune homme. On a aussi une pièce un peu plus grande pour s'entraîner, et au-dessus on a la salle des machines ! Tu veux aller voir ?

Roxas hocha pensivement la tête, et le chevalier le dépassa pour monter les marches, rapidement suivit par le jeune homme. Le bruit des machines l'accueillit dans un grondement de rouages et de moteurs. C'était puissant, mais pas au point de lui casser les oreilles. Contemplant les innombrables mécaniques et autres canons de la pièce, l'adolescent remarqua une échelle identique à celle qu'il venait de monter juste au-dessus de cette dernière. Le garçon préféra épargner davantage de boucan à ses oreilles et se dirigea vers l'étage supérieur. Il arriva finalement dans le cockpit, un espace rond au plafond en dôme de verre offrant une magnifique vue sur toute la galaxie. Trois sièges étaient disposés en triangle, pointant vers le tableau de bord au volant noir ressemblant de loin à un cœur très anguleux.

Mais ce n'était pas ça qui intéressait Roxas. La myriade d'astres qui brillaient derrière la vitre de la cabine était bien plus attrayant à ses yeux. L'adolescent contempla la vue, les yeux remplis d'étoiles ; c'était certes pas aussi majestueux que ce qu'il avait eut la chance de voir le matin où il avait discuté avec Kairi, mais cela restait magnifique.

Sans trop savoir pourquoi, le garçon tendit la main vers le plafond, comme pour voir si la vitre entre lui et ces lueurs était bien réelle. Il sauta plusieurs fois sur place, tentant d'atteindre cette séparation invisible sans jamais pouvoir la toucher. Un rire familier lui fit tourner la tête vers Dingo, qui était lui aussi monté dans le cockpit ; depuis combien de temps d'ailleurs ?

- Quoi ? fit le garçon, agacé.

- Rien, répondit simplement le chevalier d'un air chaleureux qui en disait plus qu'il ne laissait entendre.

Roxas décida de l'ignorer et reporta son attention sur les commandes ; il chercha comme il put dans les rares souvenirs qu'il avait de Sora, mais rien de concluant sur l'utilisation des manettes ne lui vint. Assit sur le siège pilote, il testa doucement le manche à balai, le faisant distraitement tourner dans tout les sens sans effet.

- Tu veux que je te montre comment ça marche ? proposa alors le capitaine en s'approchant.

- …Pourquoi tu tiens à tout me montrer comme ça ? répliqua le jeune homme après un silence.

- Tu m'as l'air curieux, alors je veux bien t'expliquer, si ça t'intéresse, répondit aussitôt le chien d'un ton parfaitement naturel. Alors, tu veux savoir quelque chose ?

- Il est où le bouton d'auto-destruction ? demanda soudainement l'adolescent.

Roxas se surpris lui-même avec cette question ; d'où qu'il se mettait à chercher des mécanismes suicidaires comme ça ? Mais avant qu'il ait pu rattraper sa bourde, un bruit bien particulier lui répondit : au lieu d'être affolé, Dingo pouffait à sa question, mains sur la bouche pour contenir son hilarité. Le garçon lui jeta un regard incrédule, totalement stupéfait :

- …Je viens de te demander si ce machin pouvait se faire exploser, et toi tu RIGOLES ?

Le chevalier lui lança alors un regard brillant de rire, et répondit en se calmant quelque peu ;

- C'est ta façon de le demander d'un ton aussi détaché qui est marrante, fit-il en souriant toujours. Je sais que c'est bizarre, mais j'ai trouvé ça drôle. Ça me rappelait quelqu'un, en fait…

- Laisse-moi deviner, Sora ? répondit du tac au tac l'adolescent d'un ton froid et acéré.

- Non. C'est quelqu'un que je connais depuis beaucoup plus longtemps, tu sais.

Roxas fut très surpris par cette réponse. Il s'attendait à ce que toutes ses réactions évoquent celles de Sora aux yeux de ses amis. Cela voulait-il dire… qu'il ne réagissait pas toujours comme Sora ? Le Simili baissa la tête.

Était-il si différent de Sora, après tout ?

Bon, c'est vrai, Sora n'aurait sans doute jamais attaqué Riku à coup de Keyblade ou frappé de toutes ses forces simplement parce qu'il voulait lui parler. Mais Sora n'avait pas été enfermé dans une cité virtuelle avec les souvenirs d'une fausse vie, tout ça pour être voué à disparaître pour provoquer le réveil d'un autre… et peut-être que si ça avait été le cas, il aurait eut envie de tabasser le responsable.

Mais mis à part cela, et le fait qu'il étaient physiquement différents l'un de l'autre, n'était-il pas naturel qu'ils soient pareils ? Ils avaient tout deux été la même personne jusqu'à ce que l'être d'origine ne devienne un Sans-cœur, et ils auraient dû redevenir unique, ne faire plus qu'un lorsque le Simili avait fusionné avec ce dernier.

Pourquoi, alors qu'ils n'avaient plus aucune raison d'être séparés, étaient-ils toujours restés distincts l'un de l'autre ?

Pourquoi ce cœur refusait-il de se fondre à nouveau comme les deux faces d'une unique et même pièce ?

Un très léger contact sur son épaule fit sursauter le Simili qui recula par réflexe. Son regard croisa celui inquiet de Dingo qui retira doucement sa main, semblant s'excuser d'avoir surpris le jeune homme. Roxas le fixa un moment, avant de se lever et descendre sans dire un mot.

Alors qu'il se dirigeait vers la sortie, le garçon s'arrêta un instant pour regarder à la table haute de la cuisine. La sensation de tout à l'heure lui revint en mémoire, mais il ne tenta pas de la chasser. Il contempla le meuble un long moment, perdu dans ses pensées.

Il avait toute la journée devant lui, non ? Cinq minutes de plus ne feraient de mal à personne…

Balayant le doute d'un soupir, l'adolescent avança d'un pas décidé.

Lorsque Dingo repassa par le salon quelques temps plus tard, une silhouette familière attablée au bar attira son attention.

Assit sur un des tabourets, balançant les jambes et sirotant un verre d'eau, Roxas fixait le vide, plongé dans ses pensées.

Le chevalier le contempla un instant, comme surpris, puis eut un sourire chaleureux et quitta le vaisseau en laissant là le jeune garçon, seul et tranquille.


Roxas monta lentement les marches de la Tour sans trop savoir quoi faire. Il avait réfléchi aux dernier évènements, en particulier son comportement envers tout le monde. Certes, il n'avait guère envie d'être plus chaleureux avec Riku et préférait l'éviter, mais pour ce qui était des autres Gardiens… Il pouvait très bien faire des efforts.

Surtout envers Axel. Il n'avait pas voulu passer du temps avec lui parce que… parce qu'il se sentait de trop ici. Comme s'il ne pouvait pas profiter d'être là pour rattraper le temps perdu avec son meilleur ami. Comme si n'avait pas le droit d'utiliser le corps de Sora pour être avec la seule personne pour qui il aurait tout donné afin de revenir au bon vieux temps, aux fins de mission sur le sommet du clocher, une glace à la main et le crépuscule dans leurs yeux.

Roxas n'avait pas le droit d'usurper ainsi le corps de Sora. Même si c'était de sa faute s'ils se retrouvaient dans cette situation.

Une voix désagréablement familière l'appela au palier des dortoirs. Le garçon se figea, puis se retourna en faisant un terrible effort pour afficher un air parfaitement neutre.

- …Quoi, Riku ?

Ce dernier était devant sa chambre, comme jaugeant l'humeur du garçon, avant de s'approcher. L'adolescent serra la mâchoire pour retenir ses paroles, ses iris froids plantés dans ceux peinés de son interlocuteur ; il remarqua alors qu'il portait toujours la trace des blessures de la veille, comme à moitié guéries par un mauvais sort curatif. L'aîné s'était-il soigné tout seul ? Le résultat ne serait alors pas étonnant, Riku étant sans aucun doute bien plus doué pour faire du mal aux autres que leur faire du bien…

- J'aimerai te parler, Roxas, dit-il alors doucement.

- Quoi, c'est important ? fit le plus jeune d'un ton dédaigneux.

- Mickey, Maître Yen Sid et moi avons discuté de ce qu'il était arrivé durant les derniers jours, et nous sommes d'accord que nous ne pouvons plus rester ainsi sans rien faire.

Roxas sentit son poing se serrer encore plus.

Alors c'était ça. Les trois Maîtres avaient enfin décidé qu'il devait partir. C'était naturel, après tout ; n'avait-il pas volé le corps et l'identité de leur cher Élu sans rien demander ? Il était grand temps que le Simili retourne à sa juste place, profondément endormi et silencieux au fond du cœur de son être d'origine, n'est-ce pas ?

- Alors, siffla l'adolescent faussement enjoué, qu'est-ce que vous allez faire ? Replonger dans le cœur de Sora pour enfin le réveiller, je suppose ?

- Non, répondit aussitôt l'aîné en secouant la tête. Même si nous le voulions, nous ne pourrions pas le ramener comme ça. C'est beaucoup trop dangereux pour vous deux.

Le garçon sentit sa mâchoire tomber. Trop dangereux pour eux deux ? Ils s'inquiétaient donc pour lui aussi ?

- Maître Yen Sid l'a déjà dit, poursuivit Riku, forcer le réveil de Sora dans l'état actuel pourrait très bien encore plus compliquer les choses. Et vu que tu as le contrôle de son corps, cela pourrait t'expulser de son cœur par accident et qui sait ce qui t'arriverais si c'était le cas…

Roxas mit quelques secondes pour tout assimiler ; de un, les trois Maîtres de la Keyblade ne désiraient pas ramener Sora par la force. De deux, et contre toute attente, ils semblaient aussi bien décidés à prendre en compte son propre bien-être. Mais alors, qu'est-ce qu'ils comptaient faire ?

- Qu… qu'est-ce que vous avez décidé alors ? bredouilla l'adolescent en essayant de reprendre contenance.

- En premier lieu, tu vas arrêter de tourner en rond ici, répliqua l'aîné. J'ignore ce que tu fais de tes journées, mais il est clair que tu ne peux pas passer tout ton temps dans cette tour en attendant sagement que Sora décide enfin de se ramener. Ensuite… nous devons chercher des indices sur ce qui vous est arrivé. Il faut au moins qu'on arrive à rentrer en contact direct avec Sora. Il est peut-être incapable de revenir de lui-même, et si ça se trouve le ramener permettra de te ramener.

Le garçon sentit son poing se serrer légèrement à ces dernières phrases. Ainsi donc leur objectif restait toujours le retour de Sora, même s'ils semblaient vouloir en profiter pour ramener le Simili si c'était possible. Rien de bien étonnant. Mais… de quoi avait parlé Riku en première place ? D'arrêter de tourner en rond dans cette tour ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ? À propos de "ne pas passer tout mon temps ici en attendant Sora" ? fit le Simili en se tournant un peu plus vers l'aîné.

- Je sais pas si tu t'en rends compte, répondit ce dernier d'un ton extrêmement doux, mais cela fait plus d'une semaine que tu es dans cette tour sans en sortir. Tu ne peux pas rester cloîtrer ici éternellement, confiné dans un seul monde alors qu'il y en a tant d'autres à voir.

L'adolescent leva un sourcil, défiant :

- Qui te dis que j'ai envie d'aller les voir ?

- Rien, avoua le Maître. Et tu n'es pas obligé si tu le veux pas. Mais vu la situation… Je pense que ça peux faire du bien de changer d'air.

Le plus jeune fronça les sourcils, semblant peser le pour et le contre des propos de son ancien adversaire. Il finit par complètement se retourner vers lui, l'air consentant mais non moins méfiant :

- Et donc ? Qu'avez-vous trouvé pour me faire "changer d'air" ?

L'aîné sembla soulagé de cette réponse, car il esquissa un très léger sourire malgré le regard que lui adressait le plus jeune :

- Maître Yen Sid m'a chargé de t'emmener ailleurs, si tu es d'accord. Tu n'es pas obligé d'y aller aujourd'hui, si tu ne veux pas ; par contre, tu ne peux pas y aller tout seul. Nous ne savons pas où peuvent être les membres de la Vraie Organisation XIII, ni ce qu'ils comptent faire ; et si jamais ils essayent de t'attaquer alors que toi et Sora êtes toujours dans cet état-

- Je sais très bien me défendre tout seul, le coupa sèchement Roxas, le poing crispé.

- Je n'en doute pas un seul instant, ajouta Riku en secouant la tête, mais on peut pas risquer de vous perdre l'un ou l'autre. Pas maintenant. Tu comprends ?

Le garçon détourna le regard l'air de réfléchir, avant de replonger ses iris couleur de ciel dans ceux turquoise du jeune Maître :

- Où tu comptes m'emmener ?

- …C'est une surprise, finit par dire l'aîné. Mais je pense que tu aimeras.

Roxas se crispa un peu plus, mais se contenta d'inspirer profondément en hochant la tête. Riku sortit alors de sa poche une étoile bleue transparente dont une branche brisée était remplacée par une fine pointe de métal vert clair incrustée. L'astre sembla étrangement familier au garçon, bien qu'il n'en ait jamais vu auparavant. Le Maître lui tendit la main, se recevant aussitôt un regard glacial de la part du plus jeune, avant qu'il n'explique qu'il valait mieux être en contact pour éviter d'être séparé en plein milieu du vol. L'adolescent sembla considérer la chose avant de poser son doigt sur l'épaule de l'autre, lui faisant savoir d'un regard qu'il n'aurait pas d'alternative.

Riku leva alors l'étoile dans les airs, où elle brilla d'une lueur aveuglante qui enveloppa les deux adolescents ; Roxas sentit qu'il ne touchait plus terre, et l'étoile les projeta dans les airs, volant vers leur destination.


Riku atterrit violemment sur le sable, manquant de perdre l'équilibre. Se maudissant mentalement pour avoir décidé de voyager avec un Fragment d'étoile au lieu d'un vaisseau Gummi, il tourna le regard vers l'adolescent qui l'accompagnait… avant de se rendre compte qu'il avait disparu. Prit d'un doute soudain, le Maître regarda dans toutes les directions, craignant d'avoir perdu son passager en chemin.

Il n'en était rien. Roxas se tenait juste derrière, comme s'il n'avait pas bougé depuis son arrivée. Son regard de ciel fixait l'immensité bleue devant lui, comme hypnotisé. Ni l'odeur saline, ni l'intensité de la lumière ambiante ni la légère brise marine ne semblait pouvoir le détacher de l'horizon azur qui s'offrait à lui.

Riku le fixa un moment, puis s'approcha doucement ; le garçon nota assez vite sa présence et se tourna vers lui, une expression confuse sur le visage :

- Pourquoi les Îles du Destin ? Pourquoi ici :?

- …La Cité du Crépuscule était trop près de l'Entremonde, elle n'est pas protégée comme la Tour Mystérieuse. Les autres mondes comme le Jardin Radieux étaient beaucoup trop loin. Et puis… J'ignore pourquoi, mais mon monde… est comme à l'abri des Ténèbres. Il a été l'un des derniers à tomber lorsque les Sans-cœurs ont proliféré, et même après que Sora ait scellé la porte des Ténèbres, aucun n'est jamais venu ici. Comme si… sa Lumière était d'elle-même assez forte pour repousser les Ténèbres.

L'adolescent le fixa encore un moment, puis finit par reporter son attention sur la mer, semblant de nouveau hypnotisé par l'étendue marine. Le Maître songea à lui dire qu'il allait le laisser visiter et rester à l'écart au cas où, mais se retint et préféra le laisser tranquille ; Riku alla se mettre à l'ombre pour se rafraîchir, mais lorsqu'il se retourna une dernière fois vers le garçon, il se rendit compte qu'il s'était déjà volatilisé.


Les Îles du Destin étaient bien plus belles que Roxas n'aurait jamais pu l'imaginer.

Il avait déjà eut un aperçu de la terre natale de Sora à travers ses yeux, mais être présent soi-même… c'était vraiment différent.

La sensation du soleil sur la peau, la brise maritime qui fait voler les cheveux, le bruit des vagues qui s'échouent sur la plage, le crissement du sable sous les pas, l'odeur du sel marin, la luminosité presque aveuglante et l'horizon bleu s'étendant à l'infini…

Oui, c'était tout à fait différent.

L'adolescent avait marché sans but le long de la côte, sans se soucier de savoir si Riku l'avait suivi ; à vrai dire, il se fichait totalement de sa présence. Il était bien là tout seul, à déambuler sur cette plage en laissant ses yeux se remplir du spectacle éblouissant.

- Sora ? C'est toi, mon ange ?

La voix douce et tremblotante figea l'adolescent. Il se tourna lentement vers l'auteur de l'appel : c'était une femme de plusieurs dizaines d'années, aux longs cheveux dorés aux reflets de feu et aux yeux plus bleus que l'océan. Elle tremblait de tout ses membres malgré la longue robe sombre et la veste couvrant ses frêles épaules. L'inconnue serrait les mains sur son cœur, comme angoissée, mais son visage fatigué s'éclaira d'un sourire quand l'adolescent lui fit face. Sa main se tendit tout doucement vers lui, comme si elle craignait qu'il disparaisse à son contact :

- Oh Sora, si tu savais comme t…

Soudain sa main se figea, son visage se décomposa, et une expression de désarroi envahit ses traits alors qu'elle recula :

- Qu… Qui êtes-vous ? Qu'avez-vous fait de mon petit Sora ?

- J… Je-

- Madame Nozomu ?

Roxas se figea à nouveau en reconnaissant cette voix, et lui et la femme se retournèrent en même temps pour découvrir Riku, non loin d'eux. L'inconnue se précipita aussitôt vers lui, affolée :

- Riku ! Où est Sora ? Qu'est-ce qu-

- Madame, tout va bien, fit aussitôt le jeune homme en lui agrippant doucement les bras. Je peux vous expliquer ce qu'il se passe, mais je dois d'abord vous poser une question.

La femme sembla choquée, mais acquiesça malgré tout.

- …Est-ce que Sora vous a parlé de ce qu'il s'était passé durant son absence ? Après la grande tempête d'il y a deux ans ?

L'inconnue jeta un regard mi-désemparé, mi-révulsé envers Roxas qui se sentit extrêmement mal à l'aise, puis murmura d'une voix tremblante :

- I-Il… mon petit Sora m'a raconté qu'il avait reçu une sorte de clé, qu'il avait dû voyager pour aider des gens et les protéger de créatures sans cœur et que c'était pour ça qu'il n'avait pas pu rentrer plus tôt… et que c'était pour ça qu'il devait encore partir, pour aider des gens qui avaient besoin de lui et qu'il n'y avait que lui qui pouvait les sauver…

- …Madame Nozomu, c'est peut-être dur à croire, mais… Cette personne devant vous qui ressemble à Sora est une de ces personnes. Sora a trouvé un moyen de le sauver pour le moment, mais pour ce faire il… il a dû lui prêter son corps pour qu'il vive. Il est toujours là, ne vous inquiétez pas, mais… disons que pour le moment, c'est comme s'il était endormi. Il se réveillera, je vous le jure, mais… pas avant qu'on trouve un moyen définitif de sauver cette personne. Est-ce que vous comprenez ?

Les yeux de la femme s'étaient progressivement écarquillés durant le discours du jeune homme, mais elle hocha la tête en tremblant, comme prête à pleurer.

- R-Riku ?

- Oui Madame ?

- T-Tu… tu me promets de veiller sur mon fils ? Tu me promets de veiller lui jusqu'à son retour, comme tu l'as toujours fait quand je n'étais pas là ? implora-t-elle, les mains serrées sur son cœur.

- Comme je l'ai toujours fait.

La mère de Sora hocha à nouveau la tête et renifla, semblant contenir ses larmes. Roxas eut alors comme une pulsion soudaine, et, s'avançant doucement vers elle, dit du ton le plus doux du monde :

- M… Madame… J-Je, je ne vous connais pas vraiment, mais… je suis très reconnaissant envers Sora pour ce qu'il a fait pour moi, et je vous jure de le protéger, moi aussi… Je prendrais soin de lui, jusqu'à son retour. Et je ferai en sorte qu'il vous revienne très vite. Je vous en fait le serment.

La femme le fixa un instant, les yeux écarquillés de surprise ; puis son regard bleu océan s'adoucit, et une sorte de sourire triste étira ses lèvres pâles :

- Mon fils a toujours protégé les autres de tout son cœur, même si ça lui demandait beaucoup… S-S'il a accepté de te donner sa place pour t'aider, alors j… Je suis sûre que tu es quelqu'un de confiance. J… je remets mon fils entre vos mains, finit-elle d'une voix brisée, deux larmes coulant sur ses joues.

Le garçon se sentit étrangement troublé par ces paroles, comme s'il se rendait pour la première fois compte de la charge sur ses épaules. Un peu perdu, il remercia maladroitement la femme et s'apprêta à partir, quand elle l'appela :

- Attends un instant ! Jeune homme !

- O-Oui ?

- …Comment t'appelles-tu ?

L'adolescent écarquilla les yeux, choqué, mais finit par répondre :

- Je m'appelle Roxas.


Le soleil se couchait doucement sur les Îles du Destin, ses rayons colorant les vagues d'une teinte orangée dont le reflet illuminait les yeux bleutés de Roxas.

Assit sur l'arbre à Paopou, l'adolescent admirait les derniers éclats du jour, repensant à sa propre journée sur l'île d'enfance de son double ; après avoir rencontré la mère de Sora et évité avec l'aide de Riku leurs autres connaissances, le garçon avait finalement décidé de se rendre sur l'îlot de jeu pour essayer de passer le reste de la journée en paix.

Il y était resté jusqu'au soir. Le temps avait passé plus vite qu'il ne l'avait imaginé ; il avait tout juste pu visiter l'endroit dans tout les sens, explorant chaque petit recoin, s'étonnant des improbables constructions en bois qui structuraient les lieux, touchant chaque plante qu'il trouvait jolie et sentant les quelques rares fleurs qu'il avait trouvé. C'était bizarre, mais chaque nouvelle sensation tactile, olfactive ou sonore éveillait en lui d'étranges impressions. Comme s'il voyait tout, découvrait tout pour la première fois.

Cela ne menait pas qu'à des impressions positives ; une plante lui avait piqué le doigt et une autre l'avait laissé avec les mains toutes collantes et sentant mauvais.

Il y avait aussi eut ce moment à la baie… Roxas avait subitement eut envie d'aller marcher dans l'eau, et avait enlevé ses chaussures. Son premier contact avec le sable avait été à la fois agréable et regrettable, ses pieds appréciant sa douceur mais pas sa chaleur cuisante. Le contact avec la partie mouillée par les vagues avait calmé leur brûlure, et la fraîcheur de l'eau était une sensation plus qu'agréable. Il s'était avancé doucement vers la mer, ses vêtements se faisant éclabousser par l'écume qui s'échouait contre ses jambes… jusqu'à ce qu'il tombe dans un trou d'eau.

Sur le coup, Roxas avait paniqué et avalé de l'eau dans sa précipitation, remontant en vitesse sur un sol plus haut et moins traître. L'expérience d'être trempé n'était pas désagréable en ce jour de chaleur, mais la manière dont c'était arrivé avait laissé une vilaine impression ; l'adolescent avait mis plusieurs minutes à se remettre de la sensation. Sans compter le goût de l'eau de mer qui était bien moins agréable que celui des glaces. Après cela, le garçon avait décidé de rester sagement sur le sable pour y dessiner des formes.

Mais ce n'était pas grand-chose comparé à cette impression étrange qui lui avait serré la poitrine durant sa visite de la grotte. Le jeune homme s'était sentit inextricablement attiré par la cachette secrète ; mais lorsqu'il s'y était rendu, une sensation inexplicable lui avait hérissé les poils sur la nuque. Essayant de l'ignorer, il avait continué son chemin dans le petit couloir rocheux, mais quand il arriva au bout du passage, ses mains se mirent à transpirer et trembler sans qu'il puisse s'arrêter. Une sensation d'oppression lui écrasa la poitrine, et il s'était dépêché de rebrousser chemin avant que quelque chose d'autre ne le trouble davantage.

Toutes ces sensations étranges perturbaient Roxas ; il avait à chaque fois l'impression que quelque chose remuait dans sa poitrine pour en sortir de force, quitte à déchirer la chair et briser les os sur son passage.

Heureusement, le reste de la journée avait été suffisamment calme pour lui faire quelque peu oublier ces moments. Et le crépuscule lui rappelait ceux de la Cité du couchant, le soulageant un peu plus.

Un léger coup sur sa tête sortit cependant l'adolescent de ses pensées ; cherchant aux alentours le coupable, il vit un fruit jaune en forme d'étoile. Prenant le végétal dans ses mains, le jeune homme s'étonna de sa douceur ; la peau était souple et duveteuse, comme une plume. Le fruit n'était pas spécialement odorant, mais le parfum qui s'en dégageait éveillait agréablement l'appétit. Si ça ne tenait qu'à lui, Roxas aurait déjà croqué dans la chair pour goûter ce fruit étrange.

- C'est un Paopou, fit une voix qu'il ne connaissait que trop bien.

Retenant un soupir d'exaspération, Roxas se tourna vers Riku qui s'était approché sans qu'il le remarque, et lâcha agacé :

- Merci, tu savais que Sora y pense souvent tout haut ?

- Tu connais aussi la légende des Paopou, alors ? ajouta l'aîné sans la moindre once d'agressivité.

Un silence répondit à sa question, ce qui poussa le jeune Maître à poursuivre :

- Il est dit que lorsque deux personnes se partagent un de ces fruits, leurs destinées se fondent. Ils feront toujours partie de la vie de l'autre, quoi qu'il arrive.

Roxas resta indifférent à ses propos, avant de pousser un petit rire :

- Mieux vaut faire attention avec qui on le partage alors ? Manquerait plus que ce soit avec ton pire ennemi, et bonjour les ennuis pour le restant de tes jours…

Riku haussa simplement les épaules en faisant demi-tour :

- D'après ce que je sais, il y a aussi une partie qui dit que c'est plus un échange de Paopou qu'un partage d'un fruit unique, mais je ne suis pas très calé là-dessus. Il paraît qu'ils sont délicieux mais encore plus lorsqu'on le mange avec ceux qu'on chérit vraiment. Personnellement, j'en ai jamais goûté.

L'adolescent le regarda s'éloigner, avant de se retourner vers son fruit ; à vrai dire, il était plutôt affamé après cette longue journée, et ne refuserait pas une douceur… Mais quelque chose en lui le retenait.

Cette légende. Deux personnes partageant un Paopou deviennent liés pour toujours, quoi qu'il advienne.

Et s'il le mangeait maintenant, dans son état actuel… cela voulait-il dire que Sora y goûterai aussi ? Et si c'était le cas, cela allait-il unir leurs destins à tout les deux ?

Roxas savait depuis longtemps que sa vie était mêlée à l’Élu d'une certaine manière ; il était son Simili, la moitié de ce qu'il était. Mais l'était-il pour toujours ? Pouvait-il, existait-il un moyen pour qu'il ne soit plus lié à lui un jour ?

Est-ce que manger ce fruit allait rendre cette éventualité irréalisable ?

Serrant le Paopou dans sa main et baigné par les rayons du couchant, Roxas ne savait plus trop quoi faire.


Assis aux commandes du Gummi, Dingo effectua les derniers réglages avant le décollage. Yen Sid avait convoqué tous les Gardiens la veille pour leur fait part des décisions concernant Sora et Roxas.

Attendre le retour de l’Élu n'ayant jusqu'à maintenant montré aucun résultat, il était temps de passer à la phase suivante ; chercher des indices sur ce qu'il était arrivé dans son cœur. Comme son Simili avait déjà dit tout ce qu'il savait, leur prochaine piste se trouvait dans les données que Riku avait trouvées lorsqu'il avait dû sortir son ami de son sommeil de Ténèbres. Données qui se trouvaient actuellement au Jardin Radieux, sous la garde du Comité de Restauration de ce monde. Mission fut donc donnée aux deux compagnons de Sora et à son Simili de se rendre sur place le lendemain dès la première heure.

Ainsi le capitaine se trouvait-il aux commandes, prêt à entamer le vol. Roxas n'avait pas souhaité apprendre à piloter, à la grande joie de Donald qui était resté en bas pour veiller sur lui comme le Roi leur avait demandé. Poussant un soupir en se rappelant l'entêtement de son camarade à suivre l'ordre de leur souverain malgré le fait que le jeune homme n'appréciait pas d'avoir constamment quelqu'un sur le dos, le chevalier entama le décollage.

Le vol ne dura pas plus de quelques heures, se passant sans encombre à l'exception d'une patrouille Sans-cœur qui faillit les prendre en chasse avant qu'ils n'arrivent à les semer. Dingo posa le vaisseau sur une grande place, puis rejoignit ses compagnons de voyage à l'étage inférieur. Donald ne semblait heureusement pas avoir trop embêté Roxas durant le trajet, et tous trois quittèrent le Gummi pour se faire accueillir par une vielle connaissance :

- Bonjour et bienvenue au Jardin Radieux, les salua joyeusement une jeune femme brune en rose. Merlin nous a prévenu de votre arrivée. C'est un plaisir de vous revoir.

- Bonjour Aerith, lui répondit gentiment le chevalier, ça nous fait aussi plaisir de vous revoir ! Comment ça va avec les restaurations ?

- Elles sont presque terminées, fit la demoiselle avec un sourire. Je sais que vous travaillez tous très dur pour combattre la nouvelle Organisation, mais j'espère sincèrement que vous trouverez le temps pour fêter avec nous la fin des travaux.

- On fera de notre mieux pour ne pas rater le rendez-vous ! répliqua le chien avec un sourire.

La jeune femme sourit à nouveau, mais son expression devint subitement plus soucieuse ; cherchant la cause de cette réaction, Dingo se tourna vers Roxas, dans le corps de Sora, qui fixait le sol, perdu dans ses pensées. Le capitaine se souvint avec amertume qu'ils avaient tous convenu que, tant que l’Élu ne serait pas revenu ou qu'on ne saurait pas ce qui avait causé l'échange entre les deux garçons, son identité réelle devait rester secrète. Personne ne devait savoir qui se baladait avec le corps de Sora, surtout avec la menace imminente de l'Organisation XIII.

- Quelque chose ne vas pas, Sora ? Fit doucement Aerith, sortant le garçon de ses pensées.

- Non. Il n'y a rien, répondit-il d'un calme presque effrayant.

La jeune femme ne sembla pas totalement convaincue, mais ne posa pas plus de question. Le groupe se dirigea vers le quartier général du Comité afin de retrouver Léon, qui devait leur servir de guide jusqu'à l'ordinateur central où se trouvaient les précieuses données.

- Salut tous le monde ! les salua Youfie, une jeune fille en tenue de ninja noire.

- Alors qu'est-ce que vous devenez, les jeunes ? fit Cid, un homme blond d'âge mûr mâchonnant un bâtonnet, assit devant un énorme ordinateur.

- On cherche les autres Gardiens de la Lumière et on vient voir s'il y a pas des indices dans les données qu'on vous a passées, répondit Donald après les avoir salués.

- Ah, les fameuses données d'Ansem ? fit l'adulte. Je veux pas vous décevoir, mais ces trucs sont cryptés comme pas possible. Ça fait des mois qu'on planche dessus et on a même pas décodé la moitié ! Un petit génie nous a bien aidé à avancer, mais sinon je miserai pas tout mes espoirs là-dessus si j'étais vous.

- Décodées ou non, il faut qu'on aille les voir, dit soudain le garçon d'une voix tremblante. C'est la seule piste qu'on a pour le retrouver.

- Retrouver qui ? s'exclama une voix derrière eux.

Le trio se retourna pour voir dans l'encadrement de la porte un jeune adulte brun portant une large épée avec une étrange garde en forme de revolver.

- Ah, Squall ! On te cherchait justement ! S'écria Youfie. Ils ont besoin de toi pour rejoindre le bureau d'Ansem.

- …Squall ? fit l'adolescent.

Ledit Squall jeta un regard furtif vers le jeune homme, puis reporta son attention vers la ninja.

- Il ne peuvent pas accéder au terminal de l'ordinateur depuis ici ?

- Non, répondit Aerith, ils sont là pour les données d'Ansem le Sage que nous avons reçues il y a un peu plus de trois mois, tu sais qu'elles ne sont accessibles que depuis le terminal de son bureau.

L'adolescent serra rapidement le poing à l'évocation du nom de l'ancien souverain, mais se força à se détendre. L'adulte aux cheveux bruns sembla réfléchir, puis hocha la tête :

- Très bien. Je vais les emmener là-bas.

- Parfait, fit aussitôt le garçon en se tournant vers la sortie. Plus tôt on y sera, plus tôt on saura où chercher.

- Sora ! l'appela alors Squall. Je crois que tu vas avoir besoin de ta carte.

- …Ma… carte ?

L'adulte plissa les yeux un bref instant, mais reprit du ton le plus naturel du monde :

- Oui, ta carte de membre.

- …Oh. Je vois. Je vais la chercher en chemin, d'accord ? fit l'adolescent en reprenant sa marche. On est un peu pressés, alors il vaut mieux qu'on se mette en route tout de suite.

L'épéiste ne dit rien alors que le jeune homme se dirigeait vers la porte. Mais au moment où ils se croisèrent, une lame s'abattit juste devant le visage du garçon, l'arrêta net. Fixant un instant son reflet surpris dans le tranchant, le jeune homme tourna lentement la tête vers la garde en forme de revolver et croisa le regard froid et acéré de Léon.

- Désolé, mais toi, tu n'iras nulle part.

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