Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 6 : Roxas - Prison corporelle

10047 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/02/2024 18:51

Roxas a mystérieusement prit le contrôle du corps de Sora, sans que personne ne sache ce qu'il s'est vraiment passé. En essayant de communiquer avec son être d'origine, le Simili a croisé la route de Riku. Comment réagira-t-il ?


Chapitre dédié à Lirae pour les interactions de Riku…

Et Roxas repose ces Keyblades immédiatement !

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 Le Simili fixa d'un œil de plus en plus froid et acéré le jeune homme aux courts cheveux argentés devant lui. Ce dernier s'avança, ses yeux turquoise détaillant l'adolescent de haut en bas :

- …T'as pas beaucoup changé depuis ton départ, fit-il doucement. Je suppose que je suis parti moins longtemps que ce que je croyais…

Roxas ne répondit pas, trop occupé à calmer ses mains tremblantes. Il serra les poings et la mâchoire, se retenant de dire quelque chose de trop. L'aîné remarqua le geste et leva les yeux vers le visage du Simili, sourcils froncés :

- Sora ? Il y a un problème ?

- Sora !

Les garçons se retournèrent vers Lea, qui venait apparaître dans l'encadrement de la porte, et qui se précipita vers le brun :

- T'étais passé où ? Yen Sid veut te parler tout de suite, c'est important ! dit-il en tirant le garçon vers la sortie.

- Yen Sid ? Mais je viens de le voir passer, il…

- C'est urgent, il veut voir Sora tout seul ! le coupa l'apprenti en entraînant son ami hors de la pièce.

Sans plus laisser le temps à Riku de protester, l'adulte traversa le bureau du mage et entraîna Roxas dans les escaliers. Ce dernier finit par ralentir à un palier, poussant l'apprenti à le lâcher. L'adolescent serra les poings, la mâchoire crispée :

- …Qu'est-ce qu'il fait là ? Pourquoi Riku est ici ? murmura-t-il d'un ton empreint de colère.

- Ils viennent de rentrer du Domaine des Ténèbres, répondit Lea. Riku et le Roi Mickey.

Les yeux du garçon s'écarquillèrent en se rappelant la mission des deux Maîtres. Comment avait-il pu oublier ça ?

- Mais alors… La mission ? Que s'est-il passé ?

- Ils ne nous ont pas encore tout dit, répliqua l'adulte. Yen Sid est descendu s'entretenir avec eux, mais Riku était déjà parti devant. Je crois que… qu'il voulait voir Sora, finit-il par murmurer.

Le regard de Roxas s'écarquilla à nouveau en comprenant pourquoi son ancien adversaire l'avait prit pour son être d'origine.

Il ne savait pas encore.

À ce moment-là, la porte du palier s'ouvrit, laissant entrer Kairi, Donald et Dingo, accompagnés d'une souris aux oreilles noires et rondes vêtue d'habits noirs et rouges à carreaux. Le groupe s'arrêta en remarquant les deux amis, et le Roi s'avança doucement vers le garçon aux cheveux bruns d'un air hésitant :

- …Est-ce que… est-ce que c'est vrai ? demanda-t-il après un silence. Est-ce que tu es Roxas ?

Le Simili eut un regard attristé, et hocha lentement la tête :

- C'est le corps de Sora, mais c'est bien moi qui ai le contrôle, dit-il sincèrement navré.

Mickey sembla réfléchir un instant, puis redemanda :

- Et Sora est toujours là, non ?

- Toujours, acquiesça Roxas en posant une main sur le cœur.

Le Roi fit une pause, puis finit par tendre une main vers l'adolescent en souriant gentiment :

- Eh bien, c'est peut-être une drôle de façon de te rencontrer, mais je suis ravi de pouvoir enfin faire ta connaissance, Roxas !

Le Simili resta surpris un instant, mais sourit doucement en retour et serra la main du monarque :

- Ravi de vous rencontrer, Majesté, dit-il avec respect.

- Roxas, est-ce que tu as vu Riku ? demanda alors Kairi en s'approchant.

Le Simili eut un bref regard surpris, avant de prendre un air froid en se relevant :

- Dans le vestiaire à côté du bureau. Je vous laisse lui expliquer ce qu'a fait Sora, ajouta-t-il en se dirigeant vers les escaliers.

- Où tu vas ?

- Ailleurs, répliqua un peu sèchement Roxas. J'ai besoin de réfléchir en paix.

- Yen Sid veut nous voir tous tout de suite ! annonça aussitôt Donald, visiblement agacé. Il faut qu'on parle de la mission du Roi et de Riku !

À ces mots, l'adolescent se figea ; les deux Maîtres étaient chargés de retrouver et ramener Aqua dans le Royaume de la Lumière. S'ils étaient de retour, alors…

- …O-Où est Aqua ? Est-ce qu'elle va bien ? demanda-t-il d'une fébrilité qui l'étonnait lui-même.

Mickey baissa alors la tête d'un air navré, sous le regard confus de Roxas et ceux tristes du reste du groupe, avant d'oser enfin lever les yeux :

- Nous… Nous avons pu retrouver Aqua, mais… tout ne s'est pas passé comme nous l'espérions…


Assis au pied de la tour, la tête cachée dans les genoux, Roxas attendait. Quoi donc ?

Il ne savait pas vraiment. Il ne savait même plus quoi penser des derniers évènements : son retour dans le corps de Sora, l'incapacité à pouvoir communiquer avec lui malgré sa présence, l'arrivée de Riku, et maintenant… Aqua.

Le Roi et Riku ne l'avait pas retrouvée. C'était elle qui les avaient trouvés.

Alors qu'ils venaient de combattre une armée d'Ombres à la Marge Noire, lieu où Sora et Riku avaient été envoyés après leur ultime combat contre Xemnas, une silhouette de Ténèbres avait frappé les Maîtres en traître, immobilisant Mickey et envoyant l'adolescent dans le décor. La figure avait ensuite dévoilé son visage… celui d'une jeune femme aux cheveux bleus décolorés et aux yeux jaunes perçants, vêtue d'habits de Ténèbres. Celui d'Aqua.

Riku avait tenté de se battre, dans l'infime espoir de faire revenir la femme à elle ou au moins de pouvoir la ramener avec eux dans le Royaume de la Lumière. Mais il avait échoué.

Le fantôme qu'était devenue la porteuse avait ensuite disparu dans l'obscurité, laissant derrière elle les deux Maîtres qui étaient venus la chercher, et une Keyblade réduite en pièces. Celle de Riku.

Bien qu'abattus par leur sauvetage raté, les deux amis n'avaient pas perdu espoir. Avec les restes de Point du Jour, Riku fit quelque chose que son soi d'avant aurait trouvé complètement stupide : suivre son cœur. Et l'arme brisée avait ouvert un chemin, celui du retour. Après avoir planté sa Clé cassée dans le sable de la plage, le jeune Maître et son camarade avaient suivit cette voie, une voie qui menait là où le jeune homme voulait à présent être : auprès de ses deux meilleurs amis.

Enfin, plutôt auprès de sa meilleure amie. Sora était toujours là, mais n'était pas vraiment présent non plus.

Mais ce que voulait Riku, Roxas s'en fichait pas mal. Sa mission avait été un échec, il fallait l'admettre. Aqua était toujours dans le Domaine des Ténèbres, et qui plus est elle semblait même avoir finit par y succomber. Ses années d'errance avaient finies par être trop dures à supporter.

Et savoir qu'Aqua avait cédé aux Ténèbres était insupportable pour Roxas.

Ou peut-être plutôt pour Sora. Il ne le savait pas trop lui-même.

Tant de choses étaient arrivés en si peu de temps. Aucune d'entre elles n'étaient prévues ou même à prévoir pour les Gardiens de la Lumière.

Et à présent, Roxas ne savait pas quoi faire de plus. Il n'était même pas censé être , conscient, dans le corps de Sora. Il ne savait pas quelle idée stupide son être d'origine avait trouvée pour le ramener à sa place, ni pour quelle raison il l'avait fait sans en parler à personne au préalable.

Un bruit de pas dans l'escalier lui fit relever la tête. Le Simili comprit, avec un regard mauvais, qu'ils appartenaient à Riku. Le jeune Maître s'arrêta devant lui, mains dans les poches et un air indéchiffrable sur le visage.

Un ange passa durant lequel les deux Porteurs se fixèrent sans rien dire, l'un serrant la mâchoire, l'autre semblant chercher ses mots.

- …Sora a finit par trouver un moyen de te ramener, finalement, soupira enfin l'aîné d'un ton sans reproches.

- Ramener ? fit le plus jeune d'un ton amer. J'aurais plutôt dit "me laisser le contrôle de son corps sans prévenir personne".

- Roxas, je…

- J'ai pas envie de te parler, le coupa sèchement le Simili en se relevant, poings serrés. Je n'ai pas demandé à être là à la place de Sora, ni à revenir dans son corps. Je n'ai rien demandé, à personne.

L'adolescent jeta un regard glacial au jeune homme, puis se dirigea vers l'entrée de la tour en bousculant au passage l'aîné qui ne réagit pas. Il pénétra dans la bâtisse sans plus prêter attention au jeune Maître, ne remarquant pas le regard navré qu'il lui adressait.

Roxas monta rapidement les marches, les nerfs en ébullition ; la dernière chose qu'il souhaitait faire à cet instant précis était de voir Riku. Le simple fait d'être en sa compagnie lui avait littéralement tordu l'estomac. Un estomac qui restait d'ailleurs étrangement comprimé depuis ce matin… Il finit par croiser le reste du groupe qui descendait.

- Roxas ! s'écria Lea en le voyant. Yen Sid a convoqué tout le monde pour faire le point.

- Est-ce que tu as vu Riku ? demanda doucement Kairi.

Le Simili se contenta de pointer les escaliers d'où il venait sans un mot, dérangé par l'étrange nœud dans son ventre. Mickey descendit aussitôt chercher l'aîné, laissant le reste du groupe se diriger vers le bureau. Mais au moment où ils reprenaient la montée, Roxas sentit son estomac se contracter douloureusement comme si on lui pressait les entrailles.

- …Roxas, ça va ? Qu'est-ce que tu as ? fit la jeune fille en remarquant l'adolescent mettre la main au ventre.

- Ç… Ça fait mal…

- Tu t'es blessé ? insista-t-elle.

- N-Non… ç-ça va aller…

Le Simili reprit l'ascension, mais son ventre continua de le torturer impitoyablement au point de le faire grimacer. La Princesse tendit alors une main vers lui en conjurant un Soin, qui étrangement n'eut pas d'effet :

- J-Je… je comprends pas… ça a pas marché… gémit l'adolescent.

Son estomac se comprima encore plus, le faisant se plier en deux sous le regard affolés de ses camarades. Kairi retenta un sort curatif, mais le jeune homme ne sentit aucune différence. Alors que tous se demandaient s'il n'avait pas quelque chose de grave, Lea réalisa quelque chose et se tourna vers son ami :

- Roxas, quelle est la dernière chose que tu ais mangé ?

- Hein ? B-Ben… la glace à l'eau de mer sur le clocher, quand tu es venu me chercher…

L'adulte poussa alors un soupir entre le soulagement et l'agacement, avant d'entraîner son ami vers l'étage de vie commune, suivis par le reste du groupe.

- T-Tu peux m'expliquer pourquoi c'est si important ? fit Roxas qui ne faisait pas le rapprochement entre son état et leur dernier moment "coucher de soleil et glaces".

- Roxas, tu n'es pas blessé et tu vas très bien. Tu as juste faim, c'est tout.

- QUOI ?

Tous se retournèrent au cri de Donald qui sautait maintenant sur place, furieux :

- D'abord Sora, puis c'est Roxas qui va mal parce qu'il oublie de manger ? Vous le faites exprès ?

- Pour Roxas, je pense que non, fit Lea sans arrêter son ascension. Je crois qu'il n'est pas encore habitué à…

- À quoi ?

L'ancien Simili sembla chercher ses mots, avant de murmurer :

- En tant que Simili, on n'existe pas, et on ne "vit" pas non plus. On est juste… Un corps qui ne fonctionne pas.

Il fallut quelques secondes au trio pour comprendre ce qu'il voulait dire. Roxas n'avait jamais été en vie ; être dans un corps vivant qui nécessitait d'être entretenu pour le rester lui était totalement inconnu. Lea arriva enfin à la salle à manger où il installa Roxas à une table, avant de partir fouiller dans la cuisine en laissant le groupe l'attendre. Kairi s'assit sur le banc, à côté de Roxas, et le regarda un instant : il était plié en deux en se tenant le ventre, yeux fermés et front appuyé sur le bord de la table. Il ne disait rien, ne gémissait pas, mais son expression crispée montrait qu'il souffrait énormément. Le voir dans un tel état fit mal à la jeune fille, et elle posa doucement sa main sur son épaule en signe de compassion et de réconfort. Il frémit à son contact, mais ne la rejeta pas.

- …C'est toujours aussi désagréable d'avoir faim ? finit par lâcher Roxas d'un ton amer en rouvrant des yeux fatigués.

- Tu n'as rien avalé depuis hier matin, répondit doucement la Princesse, alors c'est normal que ça fasse mal à ce point. Mais ça ira mieux dès que tu auras mangé, ajouta-t-elle avec un léger sourire.

Le Simili la regarda un instant, puis son expression se détendit un peu. Lea arriva juste à ce moment-là avec un bol de soupe à la main, qu'il déposa devant l'adolescent :

- Voilà, c'est ce que j'ai trouvé de plus rapide à faire, dit-il. Fait attention Roxas, c'est ch-

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le garçon, ayant porté sans attendre une cuillerée à la bouche, fit une grimace de douleur et porta la main aux lèvres, lâchant l'ustensile qui chuta dans le bol en éclaboussant copieusement sa veste au passage :

- Mais c'est brûlant !

- C'est ce que j'essayai de te dire avant que tu ne te jettes dessus, fit l'adulte semi-moqueur.

Le plus jeune lui jeta un regard vexé auquel il répondit d'un haussement d'épaules. L'adolescent se retourna vers le bol et touilla la soupe d'un air boudeur, jusqu'à ce que Donald s'impatiente :

- Bon, tu te dépêches qu'on aille voir Yen Sid ?

- Vous avez qu'à partir devant, répondit le Simili. Et s'il demande pourquoi je suis en retard, dites-lui que j'essaye de ne pas me suicider accidentellement en mourant de faim.

- OK, on te fera le résumé quand tu arriveras, acquiesça son meilleur ami. Mais tarde pas trop, hein ! fit-il en lui donnant une légère tape sur l'épaule.

Le canard voulut protester, mais Dingo posa sa main sur son épaule, lui faisant signe de ne pas insister. Alors que le groupe quittait la salle, Kairi s'arrêta un instant à la porte, jeta un dernier coup d’œil au garçon qui lui tournait le dos, puis s'en alla.

Roxas passa un certain temps à faire des ronds dans son bol en attendant que ça refroidisse, tentant d'ignorer les nœuds de plus en plus douloureux de son estomac. Il finit par porter une cuillerée de soupe à ses lèvres, s'attendant à de nouveau se brûler avec… mais non. C'était toujours chaud, mais largement supportable. La soupe était bonne, avec des petites lettres en pâtes qui flottaient dedans. À vrai dire, il ne savait pas trop quoi en penser, lui qui n'avait connu que le goût sucré-salé des glaces à l'eau de mer. Mais il aimait bien. Et les nouilles alphabet étaient amusantes.

Il bu d'une traite le reste de soupe et s'essuya la bouche d'un revers de main, l'air pensif. Il songea à ce qu'avait dit Axel tout à l'heure : "On est juste… un corps qui ne fonctionne pas". Un corps qui ne fonctionne pas… qu'est-ce que l'inverse impliquait, alors ? Quand il était encore dans l'Organisation, le Simili se contentait de faire des missions et rentrer à la citadelle pour dormir. C'était tout ce qu'il avait besoin de faire pour continuer son travail de récolte des cœurs sans tomber de fatigue.

Et Sora ? Qu'est-ce qu'il faisait de ses journées, en exceptant son entraînement ? Il dormait, mangeait… et éventuellement utilisait la salle de bain. Assez régulièrement, quand même.

Donc Roxas devait faire de même s'il voulait éviter un nouvel incident stupide. Et il se souvenait suffisamment des habitudes de Sora pour ne pas avoir à poser de questions gênantes à Axel sur le fonctionnement d'un corps humain.

Le Simili se gratta la nuque, songeant que c'était vraiment bizarre d'être dans un corps vivant avec tout ce qu'il fallait faire pour qu'il le reste, et s'apprêta à aller rejoindre les autres quand il sentit quelque chose d'étrange dans son cou. Il appuya ses doigts sur sa carotide, intrigué, et sentit une vibration brève sous ses doigts… et une deuxième… puis une troisième…

Non, ce n'était pas des vibrations, c'était des pulsations.

Le garçon, étonné, le fut plus encore lorsque, prêtant attention au phénomène, il sentit les pulsations se répercuter dans son cou en atteignant doucement sa tête. Par réflexe, il se boucha les oreilles pour tenter de mieux sentir ces battements. Et il l'entendit.

Ta-dum.

Ta-dum.

Ta-dum, Ta-dum, Ta-dum…

Qu'est-ce que c'était que ce bruit qui semblait résonner en lui ? Et qui accélérait, en plus ? Un bruit qui provenait de sa p…

Et soudain Roxas comprit.

C'était son cœur qu'il entendait battre.

Son cœur.

L'adolescent se figea, choqué. Il entendait son cœur battre. Son cœur.

Ce cœur qu'il n'avait pas, qu'il n'avait jamais eut, ce cœur pour lequel il s'était enrôlé dans l'Organisation XIII, ce cœur pour lequel il avait détruit des Sans-cœurs chaque jour de son existence, ce cœur pour lequel il s'était battu afin de l'avoir, afin de le retrouver.

Ce cœur d'où il était né, et où il était… où on l'avait forcé à y retourner alors qu'il n'avait rien demandé, rien voulut d'autre que passer les vacances d'été avec ses amis.

Le cœur de Sora, qui battait la chamade dans sa poitrine.

Ce cœur que Roxas n'avait pas.

Le Simili retira lentement les mains de ses oreilles, le regard froid. Il aurait dû s'en douter. C'était trop beau pour être vrai. Il n'était pas vivant. Juste coincé dans un corps qui vivait, et dont le propriétaire légitime était actuellement hors d'atteinte.

Sans attendre davantage, Roxas se leva, quitta la salle et monta tout droit au bureau de Yen Sid.


Je t'ai fait une promesse, n'est-ce pas ?

Qu'est-ce qu…

moi aussi ?

N… Arrête !

ROXAS !

L'adolescent ouvrit brusquement les yeux, haletant. Il scruta les alentours d'un regard fébrile, s'attendant à trouver deux iris luisants le fixer dans l'ombre ; mais rien. Juste le même plafond constellé d'astres, typique de la Tour Mystérieuse. Le garçon resta immobile un moment, reprenant son souffle, puis leva doucement la tête de l'oreiller pour observer ses alentours ; Donald était étalé sur le ventre en travers du lit, et Dingo ronflait sur le dos, comme à son habitude. Non, rien d'anormal. Rien n'avait changé depuis la veille au soir.

Roxas soupira en laissant la tête de Sora retomber sur l'oreiller, essayant d'oublier le rêve, ou plutôt cauchemar, qu'il venait de faire. Ou peut-être n'était-ce pas une si bonne idée… Quelque chose lui disait qu'il n'avait pas vu ces yeux jaunes et brillants en songe pour rien. Tout comme cette voix… C'était celle de Sora, il s'en souvenait. Elle était différente, cependant… plus grave, profonde, presque… menaçante, envieuse. C'était étrange.

L'adolescent secoua la tête et se tourna sur le côté en chassant de son mieux ces étranges pensées pour se rendormir. Ce fut à ce moment-là que Donald "décida" de rejoindre son camarade dans les ronflements, créant une magnifique cacophonie pour les oreilles du Simili qui tenta de s'enfouir sous les draps et oreiller pour y échapper, sans succès. Agacé par ces sons tonitruants, le garçon décida de trouver un coin plus tranquille pour espérer finir sa nuit et se leva du lit.

Le contact de ses pieds nus avec le sol l'arrêta dans son mouvement. Il ne s'était pas rendu compte de sa froideur la veille, ayant dormi tout habillé chaussures y comprises. Il resta là un instant, troublé par cette sensation, puis décida de l'ignorer et quitta la chambre, traînant derrière lui couette et oreiller.

Il songea à aller dans le vestiaire aux miroirs, mais y renonça, n'ayant pas envie de passer par le bureau de Yen Sid. Ne sachant pas où aller, il descendit machinalement les marches, frissonnant à chaque pas sur le sol glacé et lisse, et sans trop savoir comment atterrit à l'entrée de la tour. Roxas eut presque envie d'aller se coucher sous l'escalier, mais son regard fut attiré par la porte entrouverte. Intrigué, il sortit sur le porche.

L'air frais et humide de la nuit le prit par surprise. Un peu déboussolé, l'adolescent ferma les paupières un instant pour humer cet air, se surprenant à aimer cette odeur matinale, puis leva le regard vers la voûte céleste.

Ses yeux bleus s'écarquillèrent en voyant la myriade d'étoiles envahir ses iris. La voûte céleste de ce monde laissait toujours visible les astres stellaires ; mais là, à la faveur de la nuit, les cieux étaient tout simplement emplis de lueurs étincelantes. Captivé par ce spectacle, le garçon descendit les quelques marches, ses yeux rivés sur ces millions de lanternes qui éclairaient la nuit.

Une nouvelle sensation sur sa voûte plantaire lui fit baisser les yeux. Il venait de poser le pied sur l'herbe couverte de rosée. L'adolescent pencha la tête, puis, lâchant sa couette, se baissa, tendant la main vers ces brins d'herbe qu'il effleura des doigts. C'était mouillé, et frais. L'herbe était douce sous ses doigts. C'était agréable.

Une lueur lointaine lui finit lever le regard vers l'horizon. Là-bas, le ciel nocturne se transformait doucement, laissait le bleu sombre de la nuit se dégrader en un véritable arc-en-ciel sur le firmament. La lumière de l'aube envahit ses yeux. Le garçon s'avança doucement sur l'herbe, iris rivés sur cette lueur angélique, comme hypnotisé. Il resta là de longues minutes, regardant la nuit laisser doucement place au jour et les étoiles s'éteindre légèrement pour laisser place à leur comparse diurne.

L'adolescent ne sentait plus ni le froid ni l'humidité de la nuit. À cet instant précis, la lumière qui émanait de cette aube naissante accaparait toute son attention, et remplissait ses yeux couleur du ciel de sa lueur chaleureuse. Le Temps lui-même semblait s'être arrêté, juste l'espace d'un instant, pour contempler avec lui ce lever du jour.

- Roxas ?

Le Simili tourna instinctivement la tête vers la voix féminine au moment même où l'aurore projetait ses touts premiers éclats sur lui.

Et, assise au pied de la tour et illuminée par les premiers rayons du jour, se trouvait Kairi.

Les deux adolescents se fixèrent un moment, comme surpris de se voir. La jeune fille finit par se lever et s'approcha doucement du garçon, comme hésitante. Ce dernier pencha la tête sur le côté, la détaillant un instant ; elle était décoiffée et en pyjama, comme si elle sortait du lit. Sauf qu'au contraire du Simili, elle ne se baladait pas pieds nus avec un oreiller dans la main.

- Hum… Bonjour ? finit-elle par dire, gênée.

- Oh, bonjour Kairi, répondit machinalement l'autre en arrêtant de la dévisager.

- …Tu n'arrives pas à dormir toi aussi ? demanda-t-elle doucement.

- …Un peu…

Un ange passa. Roxas vit tout d'un coup le regard soucieux de la porteuse, et, se rappelant soudain quelque chose, fouilla dans sa poche. Les yeux de Kairi s'écarquillèrent lorsqu'elle aperçut ce que le Simili tenait dans sa main.

- …Kairi, je sais que tu l'as donné à Sora en symbole de votre promesse, commença le garçon en regardant le porte-bonheur en coquillages, et je sais qu'il est très important pour vous deux… Mais je ne suis pas Sora. Je ne peux pas garder ça avec moi. Ça serait beaucoup mieux si tu-

- Tais-toi.

Le jeune homme se figea en entendant le ton froid et sans appel de la Princesse de Cœur, alors qu'elle venait de saisir sa main dans les siennes, les serrant en tremblant. Troublé, l'adolescent fixa la jeune fille alors qu'elle baissait le regard, la mâchoire crispée.

Et, très lentement, Kairi prononça ces mots, insistant sur chaque syllabe :

- Sora est parvenu à te ramener parmi nous sans rien dire à personne. Il a disparu pour que tu sois . Peu importe qu'il soit se replié dans son propre cœur pendant que toi tu peux te servir de son corps à sa place. Peu importe que ce soit toi qui sois à sa place. Il ne peut pas se débarrasser de ce porte-bonheur sous prétexte que ce n'est pas lui qui a le contrôle.

Le Simili écarquilla les yeux en entendant cette dernière phrase. Il avait sentit la voix de la jeune fille trembler, alors que ses mains se refermaient encore plus sur l'amulette en coquillage. Elle releva doucement la tête, et le garçon pu voir des larmes briller dans ses yeux délicatement violacés.

- Ce porte-bonheur… est la seule certitude que j'ai sur son retour. Tant qu'il est avec lui, je sais que Sora reviendra tôt ou tard. Je n…

Sa voix finit de se briser, alors que les mots mourraient dans sa gorge.

Roxas se sentit de trop. Il ne devait pas, n'aurait jamais dû être là.

Ça devait être Sora. C'était lui qui devrait être , ça devait être sa main à lui que Kairi devrait serrer dans les siennes.

Le Simili se dégagea de l'étreinte de la Princesse, dont les paumes se tendirent un instant comme si elles voulaient rattraper ce porte-bonheur qui lui échappait. La jeune fille leva les yeux vers lui, comme surprise, et Roxas déclara, d'un ton sincèrement désolé mais solennel :

- Excuse-moi Kairi, j'avais pas pensé à voir les choses comme ça. Je le garderai jusqu'à ce que Sora soit de nouveau là. Et je ferai tout pour que cela arrive le plus tôt possible. C'est promis, ajouta-t-il en serrant doucement l'amulette dans sa main.

La Princesse écarquilla les yeux, et finit par lui adresser un sourire triste, mais reconnaissant. L'adolescent remit le précieux objet dans sa poche et se tourna vers le jour à présent totalement levé. Ses rayons rougeoyants éclairaient doucement le ciel de leur chaleur écarlate.

- …Il rougit au lever, aussi…

- Huh ?

- Euh, non, rien, bafouilla le jeune homme sorti de ses pensées. Kairi ?

- Qu'est-ce qu'il y a, Roxas ?

- Est-ce que… ça se passe bien avec Axel ? fit le garçon d'un ton hésitant, recevant alors un air interrogateur de la jeune fille. Je sais que… qu'il t'avait enlevée pour essayer de me ramener, et… Je voulais savoir si c'était pas trop dur de t'entraîner avec lui, après ça…

La Princesse eut un regard surpris, puis se tourna sur le côté en se tenant le bras, comme hésitante. Roxas se demanda s'il n'avait pas été trop indiscret lorsqu'elle prit enfin la parole :

- Je ne vais pas te mentir, mais… au début, j'avais peur. Je savais que ce n'était plus "Axel", celui qui m'avait enlevée, qu'il avait aidé à sauver Sora pendant l'Examen, qu'il voulait se battre avec nous contre Xehanort, mais… j'avais peur. J'hésitais à lui faire confiance, au début… mais…

La jeune fille s'arrêta un instant, contemplant l'aurore nouvelle, puis repris d'un ton confiant :

- Mais quand on s'est enfin vu pour la première fois, et qu'il s'est excusé pour ce qu'il m'était arrivé, qu'il s'est excusé, encore et encore… Je n'ai pas pu m'empêcher d'être un peu mal pour lui. Ce qu'il a fait n'était pas justifiable, mais… malgré tout, je comprenais pourquoi il l'avait fait. Ce qu'il voulait, c'était juste…

Elle se tourna alors vers le Simili, ses yeux plongés dans les siens :

- Il voulait te revoir une dernière fois, Roxas. Et, j'avoue que si j'avais été à sa place, je pense que j'aurai aussi voulut tout faire pour revoir Sora ou Riku une dernière fois. Je sais pas si je serai allée aussi loin que lui pour ça, mais je… j'aurais pu envisager de le faire.

Roxas écarquilla les yeux. Un souvenir lui revint, datant de bien avant l'Examen de Sora…

Je voulais revoir Roxas. Il était… la seule personne que j'aimais. Avec lui, j'avais l'impression d'avoir un cœur.

Axel… je suis désolé…. je suis tellement désolé…

L'adolescent détourna la tête, fixant le sol alors qu'une étrange sensation le picotait au niveau des yeux et du nez.

- J'ai mis encore un peu de temps avant d'accepter de lui faire vraiment confiance, mais… Au fil du temps, j'ai compris que je ne pouvais pas le haïr pour ce qu'il avait fait. C'était un geste stupide de sa part, mais c'était plus désespéré que malveillant. Et finalement, j'ai compris que nous avions aussi beaucoup de points communs…

- Lesquels ? se surprit à dire Roxas.

- Eh bien, pour commencer nous sommes tous deux nés au Jardin Radieux ! commença la jeune fille. Et nous sommes tous les deux débutants avec la Keyblade, aussi !

- Il n'est pas avantagé ? fit alors l'adolescent en levant un sourcil. Je veux dire, il sait déjà un peu se battre, non ?

- Je crois plutôt que c'est ça qui l'handicape, répondit Kairi avec un léger sourire. Il est tellement habitué à se battre avec des Chakrams qu'il ne peut pas s'empêcher de lancer sa Keyblade dans tout les sens ! Ça ne lui aurait pas posé problème s'il savait la rappeler sur commande ! Enfin, ça c'était au début…

- Et toi ?

Pour une raison inconnue, cette question sembla beaucoup surprendre la jeune Princesse. Elle fixa un instant le Simili, avant de répondre enfin :

- Eh bien… C'est vrai que j'avais du mal au début, je me n'étais jamais vraiment battue avant, pas comme Sora et Riku qui s'affrontaient tout le temps quand on étaient petits. Mais Léon et Tifa m'ont aidée à améliorer mes capacités de combat et d'endurance, et même si je ne suis pas encore aussi forte que Lea, j'ai réussi à invoquer ma Keyblade sur commande plus rapidement que lui !

- Tu me fais voir ? demanda Roxas, tête penchée comme s'il était curieux.

La jeune fille le regarda un instant, avant de tendre sa main devant elle en faisant apparaître Appel du Destin dans un éclat de Lumière. Le garçon observa l'acte d'un œil admirateur, un très léger sourire en coin. Une sensation bizarre monta alors en lui, comme une pulsion. Il sentit sa main trembler, et une énergie débordante s'accumuler au niveau de sa paume. Comme s'il avait envie, lui aussi, d'appeler son arme à ses côtés et de se battre. Il referma sa main pour se contenir, troublé par cette sensation inconnue.

- Ça va, Roxas ? demanda la jeune fille en remarquant son attitude.

- Oui, je…

Presque instinctivement, le Simili leva la main devant lui, paume tendue. Une étrange sensation l'envahi, comme un doute. Fermant les yeux, Roxas laissa l'énergie s'écouler dans son bras et invoquer l'arme légendaire dont il était un des rares porteurs. Un bruit métallique et le poids qui surgit au bout de son bras lui firent refermer les doigts sur la poignée froide et striée, et le Simili ouvrit doucement les yeux pour voir une clé noire à l'éclat terne finir de se former dans sa main.

Souvenir Perdu.

Pourquoi cette Keyblade ? se demanda immédiatement l'adolescent. Il s'attendait à invoquer Chaîne Royale, la Keyblade de Sora ; après tout, il avait bien le contrôle de son corps, non ? Il était logique qu'il ait aussi sa Keyblade, n'est-ce pas ? Alors pourquoi était-ce cette lame noire comme la nuit qu'il tenait dans sa main ?

Roxas contempla la clé un instant, fixant son regard surpris dans le reflet, puis abaissa sa clé sous le regard intrigué de Kairi qui avait regardé toute la scène d'un air perplexe.

- Roxas ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- J-Je… Je veux voir un truc, bredouilla le garçon.

Lâchant son oreiller, il tendit son autre paume devant lui et referma les yeux, se concentrant sur la même sensation qui lui avait fait invoquer Souvenir Perdu. Il sentit presque aussitôt un poids aérien apparaître au bout de son bras et referma la main sur la poignée tiède et lisse, avant d'ouvrir les yeux pour découvrir une Keyblade lumineuse et légère finir de se matérialiser dans un doux son cristallin.

Tendre Promesse.

Mais pourquoi ? Pourquoi c'est elle que j'invoque ? se demanda encore Roxas. Kairi ouvrit des yeux immenses en voyant la deuxième Keyblade dans la main du jeune homme.

- T-Tu… tu en as deux ? bredouilla-t-elle, sortant le garçon de ses pensées.

- Hum ? Euh, oui…

- Comment tu fais ? insista la jeune fille. La seule personne que j'ai vue en manier deux était Sora, et il devait utiliser ses Fusions pour ça !

- Oh, je… C'est naturel pour moi, répondit simplement le Simili. Je sais faire ça depuis qu…

Les mots se perdirent soudain dans sa gorge. Depuis quand savait-il manier deux Keyblades naturellement ? Roxas chercha dans sa mémoire, fouillant chaque recoin pour y trouver l'explication… mais rien. Il savait que c'était arrivé après sa fuite de l'Illusiocitadelle, et avant son combat avec Riku, mais… Il était incapable de se rappeler ce qu'il était arrivé entre ces deux évènements, incapable de se souvenir de la raison pour laquelle il maniait deux lames au lieu d'une unique.

Et étrangement, c'était comme s'il savait pourquoi, mais ne pouvait pas… ou ne voulait pas s'en souvenir.

Comme s'il voulait oublier, en s'en voulant d'oublier.

- Je sais faire ça depuis longtemps, se contenta-t-il de dire en baissant la tête.

- Pourquoi tu as invoqué tes Keyblades ? fit alors Kairi.

- …Je sais pas, avoua le garçon. C'est comme si… C'est bête, mais c'est comme si en te voyant appeler la tienne, j'avais voulu m'assurer que je pouvais toujours invoquer les miennes, conclut-il en haussant les épaules avec un espèce de petit sourire.

La jeune fille ne répondit pas, se contentant de détailler les deux lames qu'il serrait dans ses mains. Pour une raison inconnue, Roxas l'imita. Son attention se concentra sur les deux porte-clés ; une couronne noire, identique par sa forme à celle du pendentif de Sora, se balançait au bout de Souvenir Perdu, et Tendre Promesse…

Tendre Promesse avait l’Éclaireuse de Kairi.

Ou non, pas exactement. Le pendentif ressemblait beaucoup au porte-bonheur de la jeune fille, mais c'était une imitation. Ce n'était pas réellement la même Keyblade que Sora invoquait. C'était un faux.

Tout comme lui.

L'adolescent resta muet un instant, pensif, puis releva doucement la tête vers la jeune fille qui semblait ne pas plus savoir quoi dire que lui. Une idée lui traversa l'esprit lorsque son regard retomba sur Appel du Destin :

- Dis, commença-t-il doucement… vu qu'on a invoqués nos Keyblades, ça te dis un petit combat ?

La Princesse releva subitement la tête en ouvrant des yeux ronds, et Roxas se sentit complètement stupide. Qu'est-ce qu'il avait à invoquer ses Keyblades et à vouloir se battre comme ça ? Il ne put que rendre un espèce de petit sourire gêné au regard surpris de la jeune fille, qui contre toute attente sembla considérer la proposition et finit par hocher doucement la tête :

- D'accord… mais à une condition.

- D-De quoi ? s'écria le garçon, surpris qu'elle ait accepté.

- Que tu n'utilises qu'une Keyblade à la fois, d'accord ? Sinon, ce n'est pas juste, n'est-ce pas ?

Le Simili resta un instant sans voix, stupéfait, avant de se reprendre et de hocher lentement la tête, encore sous le choc. Kairi alla alors se placer un peu plus loin, prête à se battre, et attendit que Roxas en fasse de même. L'adolescent fixa ses Keyblades, indécis : il n'avait aucun problème à se battre avec une seule d'entre elles, mais… Il ne pouvait pas décider laquelle il devait révoquer. Toutes deux signifiaient quelque chose de spécial à ses yeux, et aucune n'avait plus importance que l'autre. Il réfléchit un moment, puis fit tourner Tendre Promesse dans sa main et la tint à l'envers, se mettant dans une posture de combat. Kairi l'observa, l'air intrigué, et le garçon lui répondit :

- Je n'en n'utiliserai qu'une seule à la fois, c'est promis ! J'ai juste pas l'habitude de me battre sans une des deux !

La jeune fille leva un sourcil, puis soupira en haussant les épaules, l'air à demi amusée. Les deux combattants se fixèrent un moment, semblant attendre que l'un d'eux fasse le premier geste ; ce fut Kairi qui décida d'entamer les hostilités et se jeta sur le Simili, clé en avant. L'adolescent resta immobile, puis esquiva facilement l'assaut d'un bond de côté, laissant la jeune fille planter son arme dans le sol, quelque peu entraînée par son propre élan. Délogeant sa Keyblade du terrain, la Princesse tourna le regard vers le jeune homme, toujours immobile et semblant l'attendre. Kairi comprit la demande et fit valser son arme dans sa direction, en prenant soin cette fois-ci de ne pas mettre trop d'énergie dans ses coups. Roxas évita avec aisance toutes ses attaques, semblant admirer chacun des gestes de la jeune fille, et finit par se mettre hors de sa portée d'un bond en arrière.

Il fixa Kairi, un peu essoufflée mais pas épuisée pour autant, puis un léger sourire se forma sur son visage alors qu'il se remettait en posture offensive. La jeune Princesse s'élança à nouveau pour un assaut vertical, que le garçon choisit de parer cette fois. Clé contre clé, les deux adolescents forcèrent sur leurs armes, yeux dans les yeux, comme s'ils ne se jaugeaient pas seulement par la force mais aussi par la volonté. Kairi poussa de tout son poids sur Appel du Destin, s'étonnant presque de la puissance de Roxas qui parvenait à la retenir d'une seule main.

Soudain, dans un seul et même mouvement, Roxas repoussa doucement Kairi en arrière et fit valser Tendre Promesse vers la jeune fille qui déplaça sa Keyblade juste à temps pour la bloquer. Repoussant la clé, la Princesse jeta un regard vexé au garçon :

- Je croyais que tu avais dit que tu n'en utiliserai qu'une seule !

- C'est ce que je fais ! répliqua le jeune homme d'un ton qui semblait légèrement moqueur.

La porteuse voulut lui répliquer le contraire quand elle remarqua qu'il avait inversé sa posture ; Tendre Promesse se retrouvait maintenant dans le bon sens dans sa main gauche, tandis que Souvenir Perdu était à l'envers dans la droite. Face au regard perplexe de la jeune fille, Roxas s'écria :

- Tu l'as bien dit toi-même : une seule Keyblade à la fois !

Kairi ouvrit des yeux ronds, puis secoua la tête, l'air entre amusée et boudeuse. Cette fois-ci, ce fut Roxas qui s'élança ; préparant un revers, il frappa d'un geste vif que la jeune fille para avant de le repousser. Elle tenta un coup de taille qu'il arrêta d'un simple geste de Keyblade, avant de riposter à son tour par de multiples attaques qu'elle bloqua ou repoussa efficacement. Trouvant une ouverture, elle brandit sa Keyblade et lança un sort Glacier ; l'autre se protégea de sa lame avant d'esquiver l'assaut qui suivit. Changeant à nouveau de Keyblade, Roxas invoqua un Brasier que Kairi bloqua d'une barrière magique, obligeant le garçon à reculer pour éviter le contre. La jeune fille enchaîna avec une Foudre qui le manqua de loin, puis lança une Rafale qui tourbillonna dans sa direction.

L'adolescent roula au sol pour l'esquiver et s'arrêta un instant, iris rivés sur la Princesse ; celle-ci s'arrêta aussi, reprenant prudemment son souffle sans quitter son adversaire du regard. Ils se fixèrent, yeux dans les yeux, avant de se mettre à sourire, l'une d'enthousiasme, l'autre de satisfaction.

Elle avait du potentiel, il devait l'admettre. Peut-être plus faible que lui en attaque et en endurance, mais assez entraînée pour maîtriser et enchaîner les coups et les sorts de manière fluide. Et il ne savait pas pourquoi, mais se battre contre elle… non, se battre tout court lui procurait un sentiment puissant, comme une chaleur qui se répandait dans tout son corps depuis sa poitrine et lui faisait oublier la fatigue de l'effort et le froid de l'atmosphère.

Comme s'ils communiquaient par l'esprit, ils s'élancèrent l'un vers l'autre d'un seul mouvement ; leurs Keyblades s'entrechoquèrent dans un éclat cristallin, alors que chacun d'eux testait la force de l'adversaire pour voir qui céderait le premier. Leurs regards plongés l'un dans l'autre étaient remplis de détermination et d'un plaisir spécial, comme s'ils appréciaient tous les deux cette démonstration de force. Cette fois-ci, ce fut Roxas qui se montra le plus puissant, repoussant tout doucement la jeune fille sur ses appuis, comme pour la tester sans pour autant chercher à prendre l'avantage.

- BRASIER !

Le cri nasillard détourna l'attention de l'adolescent qui eut juste le temps de voir une boule de feu envahir son champ de vision. Il parvint à dégager son bras pour bloquer le sort avec Tendre Promesse, mais reçut une grande partie du choc qui échauffa son bras. Baissant son arme pour voir qui avait lancé l'attaque, il leva le regard vers l'entrée de la tour et se figea devant la silhouette qui brandissait un bâton de mage dans sa direction.

- D… Donald ? bredouilla Kairi, aussi stupéfaite que le jeune homme. Qu'est-ce que tu fais ?

- Ne t'approche pas de Kairi ! s'écria le magicien en pointant son arme vers le Simili, l'air furieux, alors que derrière lui Dingo semblait hésiter entre soutenir son ami ou l'adolescent.

- Qu'est-ce qui te prends ? lâcha le garçon, entre la surprise et l'incompréhension.

- Je t'ai vu attaquer Kairi ! renchérit le canard alors que son camarade avançait prudemment une main vers son épaule pour le calmer.

- Qu… Non ! Donald, c'est pas du tout ce que tu crois, il-

- Laisse tomber, Kairi.

La jeune fille leva un regard stupéfait vers Roxas, lequel fit disparaître ses Keyblades. Son expression était devenue dure, glacée, tranchante comme un rasoir.

- J'ai compris, souffla-t-il d'un ton froid en jetant un regard glacial au mage, avant de s'avancer vers l'entrée de la tour.

Donald le suivit du regard, visiblement méfiant, alors que Kairi tenta de retenir le jeune homme qui ignora ses appels. Dingo tendit doucement une main vers lui d'un air compatissant, mais le Simili évita délibérément son geste et pénétra dans la bâtisse sans prononcer un seul mot. La Princesse lança un regard furieux au canard qui se fit soudain tout petit, et partit à la suite de Roxas ; mais il avait déjà disparu dans les escaliers de la tour.

Il resta introuvable jusqu'à midi, heure à laquelle il réapparut brièvement au réfectoire pour manger. Kairi eut juste le temps de traîner Donald devant lui pour qu'il présente des excuses que le garçon s'éclipsa tout aussi vite qu'il était venu, lançant au passage au mage un glacial "C'est pas la peine, j'ai compris".


Roxas resta tout aussi discret et fantomatique les jours qui suivirent cet incident. Personne ne savait où il était la plupart du temps, et les rares fois où on le voyait, il était soit en train de s'entraîner tout seul, soit de passage à la salle à manger, soit encore déjà couché et endormi avant tout le monde. Quand on essayait de lui parler, ne serait-ce qu'une minute, il s'en allait aussi vite que possible en lâchant des répliques du genre "Je suis occupé", "Je suis fatigué" ou "J'ai pas envie de parler". Il était toujours distant, mais son attitude était différente selon qui l'abordait : avec Lea ou Kairi, il semblait peiné, voire honteux d'être avec eux ; tandis qu'il restait fermé avec Donald et Dingo, et carrément glacial envers Riku. Quant au Roi Mickey et Yen Sid, il démontrait toujours un certain respect à leur égard. Ce dernier le convoquait quotidiennement pour savoir si quoi que ce soit avait changé, ou si Sora s'était finalement manifesté, mais rien.

Chaque matin, Roxas se réveillait dans le corps de Sora. Et chaque soir, le Simili s'endormait avec le corps de son être d'origine.

Et rien ne semblait s'améliorer ou laisser penser que ça allait s'améliorer.


Environ une semaine après l'arrivée de Roxas, Riku tenta le tout pour le tout. Il fallait qu'il parle au Simili, coûte que coûte.

Il monta jusqu'au bureau de Yen Sid pour lui demander de convoquer l'adolescent ; mais étrangement, il ne trouva personne dans la pièce. En regardant par une fenêtre, il s'aperçut que le sorcier se trouvait pour une fois hors de sa tour, manifestement en train de converser avec Mickey dans le jardin.

L'aîné s'apprêta à rejoindre les deux Maîtres quand la porte du vestiaire s'ouvrit… laissant passer Roxas, l'air songeur. Les deux jeunes hommes se fixèrent droit dans les yeux, tout deux aussi surpris de trouver l'autre ici ; mais le regard du plus jeune devint rapidement froid et fermé, et il se dirigea vers l'escalier.

- Roxas ! Attends !

L'intéressé ignora l'appel et s'apprêta à ouvrir la porte, quand le jeune Maître lui attrapa doucement l'épaule. Le Simili se retourna brusquement, se dégageant violemment de la main du jeune homme :

- Ne me touche pas ! siffla-t-il en lançant un regard perçant à ce dernier.

L'aîné rétracta sa main, fixant l'adolescent d'un œil désolé, avant que ce dernier ne se retourne vers la porte. Avant qu'il n'ait posé sa main dessus, Riku déclara d'un ton neutre mais ferme :

- Roxas, je dois te parler.

- J'ai pas envie de te parler, répliqua l'autre d'un ton sec en agrippant la poignée.

- Ce n'est pas nécessaire, je veux juste que tu écoutes ce que j'ai à te dire, dit d'un ton plus compatissant le plus âgé en se positionnant face au plus jeune.

Ce dernier leva lentement un œil acéré vers l'importun qui soutint son regard, l'air triste mais déterminé, et murmura entre ses dents :

- Fiche-moi la paix.

- Je suis désolé Roxas, je ne peux pas, fit l'aîné en secouant doucement la tête. C'est très important.

- J'ai pas envie de t'entendre, cracha Roxas en serrant les poings, l'air de plus en plus sur les nerfs.

- J'ai bien compris ça, répondit Riku en soutenant son regard, mais il faut que je te dise quelque chose.

- Je ne veux pas t'entendre, c'est clair ? cria l'adolescent, ses yeux lançant des éclairs.

L'aîné ne répondit pas, se contentant de fixer en retour le garçon qui semblait serrer la mâchoire au point d'en avoir mal. Le Maître s'apprêtait à répondre quelque chose quand le plus jeune siffla lentement entre ses dents :

- Pour la dernière fois, fiche-moi la paix et dégage.

- Non.

La réponse de Riku était ferme, mais non agressive. Le regard déjà tranchant de Roxas se durcit, et sa main se mit à trembler. L'aîné inspira profondément, prêt à entamer son discours quand un éclair noir comme la nuit se matérialisa dans la main du Simili en prenant la forme d'une clé sombre à l'aspect lourd et acéré. Le jeune homme ouvrit brièvement des yeux surpris en voyant apparaître Souvenir Perdu, mais n'en démordit pas.

- Roxas, écoute…

- Tu veux te battre, c'est ça ? le coupa sèchement l'adolescent, main resserrée sur sa Keyblade.

- Non, répondit lentement l'aîné. Je ne veux pas me battre avec toi, Roxas, je veux juste-

- Mais moi, je veux me battre, siffla d'un air mauvais l'adolescent, levant des yeux perçants vers l'autre.

- Roxas, calme-toi, fit doucement Riku en levant prudemment les main devant lui d'un air pacifique, tu dois-

- NE ME DIS PAS CE QUE JE DOIS FAIRE !

Riku eut juste le temps de baisser sa tête que Souvenir Perdu se planta dans le bois de la porte, à quelques centimètres de lui. L'aîné reporta son attention sur Roxas, qui le fixait à présent avec des yeux bouillant de rage, sa main crispé de colère sur son arme. Le Maître se décala doucement pour mettre un peu de distance entre lui et l'adolescent qui retira sa lame du bois, et leva les mains en signe d'apaisement :

- Roxas, je sais qu-

- La ferme !

L'aîné esquiva un nouveau coup en sautant en arrière, alors que le garçon abattait rageusement sa Keyblade au sol, faisait jaillir des étincelles. Le jeune Maître tenta de parler, mais dû éviter une autre attaque quand Roxas invoqua Tendre Promesse pour le frapper.

- Roxas ! Je refuse de me battre avec toi ! fit l'aîné en évitant d'autres attaques.

- J'ai dit la ferme !

- Roxas, s'il te plaît, arrête ! Je veux juste te dire quelque ch-

- J'en ai rien à faire ! cria l'adolescent en abattant violemment ses Keyblades sur l'aîné qui évita de peu.

Le plus jeune enchaîna les coups rapides et désordonnés, l'air enragé, alors que Riku évitait chacun de ses assauts sans jamais répliquer. Cependant, ses esquives finirent par le bloquer entre un mur et Roxas ; ce dernier brandit ses Keyblades au dessus de sa tête, prêt à le frapper, et abaissa ses armes d'un seul mouvement sur l'aîné.

Mais à sa surprise, ce dernier leva les bras et attrapa les lames à mains nues, les stoppant net dans leur course. Surpris, mais pas prêt à s'arrêter, l'adolescent força sur ses Keyblades, obligeant Riku à plier un genou ; cependant, l'aîné resserra sa prise sur les clés et parvint à se redresser lentement. Alors que tout deux semblaient être à forces égales, le Maître décala les armes d'un mouvement souple, se dégageant de sa position acculée et faisant lâcher les Keyblades à Roxas dans le même mouvement.

L'adolescent resta figé un instant, comme stupéfait de ce qu'il s'était passé, et Riku leva à nouveau les mains en position d'apaisement, s'apprêtant à reprendre doucement la parole quand Roxas lui lança un regard empli de haine, le déstabilisant. Sans prévenir, le garçon se jeta sur lui et le plaqua contre un mur ; Riku eut le temps de parer un coup de poing avec le bras et se servit de l'élan pour se dégager sans le frapper avant de mettre de la distance entre eux deux.

- Roxas, ça suffit ! Je n-

L'aîné n'eut pas le temps de poursuivre que l'adolescent attrapa un récipient sur une étagère proche et le lui balança à la figure ; le Maître évita l'objet qui se fracassa contre le mur derrière, mais pas la charge du jeune homme qui les envoya tout les deux au sol. Plaqué à terre, Riku se prit une violente droite dans l’œil, mais parvint à se protéger des attaques suivants avec ses bras. Il bloqua ou détourna les coups de poing, sans jamais tenter de frapper Roxas ; celui-ci tapait au hasard, de toutes ses forces, comme si son seul but était de faire le plus de mal possible. Il parvint à asséner un puissant crochet dans la mâchoire de l'autre, le sonnant un instant ; alors qu'il s'apprêtait à recommencer, l'aîné reprit ses esprits et saisit son poing, le bloquant par la même occasion. L'adolescent tenta de se dégager violemment, mais Riku en profita pour pousser Roxas sur le côté avec lui, inversant leurs positions ; attrapant l'autre poignet du garçon, il le cloua au sol, planquant ses mains de chaque côté de la tête. Le plus jeune se débattit farouchement, donnant des coups de pieds dans le vide alors que l'aîné le maintenait fermement mais sans violence à terre.

- Lâche-moi ! Lâche-moi je te dis ! hurla l'adolescent, les yeux brillants de fureur.

- Roxas, calme-toi ! Je ne veux pas te faire de mal ! répondit son aîné sans desserrer sa prise. Tout ce que je veux c'est qu-

Sans prévenir, Roxas se redressa violemment, donnant un coup de tête dans le nez de Riku qui recula sous le choc en portant une main au visage. Le plus jeune en profita pour repousser le Maître et essayer de reprendre l'avantage, mais ce dernier recula dans un réflexe et parvint à se mettre hors de sa portée. Il se releva en titubant, encore sonné par l'attaque, et eut le temps de voir l'adolescent le charger sauvagement ; l'aîné l'évita de justesse en plongeant sur le côté, le laissant malgré lui cogner de plein fouet un meuble de l'épaule.

Sonné par le choc, le garçon s'effondra contre l'armoire en se tenant le bras, tremblant de douleur. Riku l'observa à distance, espérant qu'il ne se soit pas trop blessé, et s'apprêtait à faire un pas dans sa direction lorsque Roxas leva des yeux emplis de colère vers lui, mâchoire et poing serrés dans une expression de haine intense.

D'un seul bond, l'adolescent se rua sur lui comme s'il voulait le tuer.

Plus par réflexe que par intention, Riku saisit Roxas au vol, se servit de son propre élan pour effectuer un tour sur lui-même et le poussa au sol tout en s'écartant de son chemin. L'adolescent finit violemment sa course au pied du mur, en plein milieu des éclats du récipient brisé. Un bruit sourd retentit dans la pièce, et l'aîné eut juste le temps de comprendre que le garçon venait de se cogner la tête contre le mur avant de le voir s'effondrer, inerte.

Quelques secondes interminables passèrent. Riku était figé, n'osant pas croire ce qu'il s'était passé.

Et puis, un frisson parcourut le corps de l'adolescent, qui se redressa lentement en grognant, main à la tête.

Sans réfléchir, l'aîné se précipita auprès de lui pour s'assurer qu'il allait bien. Il se reçut immédiatement un coup dans les côtes qui le fit reculer, alors que Roxas se redressait lentement en titubant, son regard toujours aussi haineux. Le jeune Maître, un peu sonné mais pas K.O., leva une main pacifique devant lui pour essayer de le calmer :

- Roxas, arrête, tu vas te-

- Je t'ai rien demandé !

Saisissant l'aîné par le col, l'adolescent arma un poing vengeur, prêt à frapper. L'aîné s'apprêta à bloquer le nouveau coup en approche quand une voix familière brisa le silence :

- ARRÊTEZ !

Au même moment, deux bras fins se glissèrent entre les deux jeunes hommes et les séparèrent l'un de l'autre, tandis qu'une figure humaine se plaçait entre eux. Roxas s'apprêtait à contre-attaquer celui qui avait osé intervenir lorsqu'il entendit à nouveau la voix crier, brisée par l'émotion :

- Arrêtez ! Arrêtez de vous battre !

Levant alors les yeux vers la silhouette, l'adolescent écarquilla les yeux de stupeur en découvrant Kairi dressée entre eux, bras tendus pour les garder encore plus éloignés. Elle tourna alors la tête dans sa direction, et il découvrit sur son visage d'ordinaire radieux une horrible expression de colère mêlée de larmes qui perlaient dans ses yeux profonds. Roxas se figea, plus choqué par le regard furieux et effondré de la jeune fille que par le coup qu'il s'était prit à la tête. Il resta sans voix alors que la Princesse élevait la sienne :

- Qu'est-ce qui vous prend de vous battre comme ça ? dit-elle furieuse et tremblante.

- Kairi, je ne voulais pas ça non plus, mais R-

- Riku ! Comment as-tu osé faire ça ? répliqua la jeune fille en tournant son regard empli de larmes vers l'aîné.

- Je ne l'ai pas attaqué, je te le jure ! se défendit son ami. C'est un accident, je ne l'ai pas touché !

Kairi le fixa un instant, semblant chercher le mensonge inexistant dans les yeux clairs de son meilleur ami, puis reporta son attention sur l'adolescent qui fut déstabilisé par son regard :

- Et toi, Roxas ? Pourquoi ? Pourquoi t'es-tu battu avec Riku ? Dis-moi !

Les mots brisés mais durs de la jeune fille et la tristesse emplie de colère de ses yeux bleus prirent le garçon au dépourvu. C'était comme s'il ne pouvait plus rien dire, rien faire pour expliquer son geste, comme si… s'il ne savait même plus pourquoi il l'avait fait. Comme si aucune raison au monde ne pouvait justifier son geste.

Roxas bredouilla, regardant tour à tour Kairi et Riku. Il serra lentement les poings en tremblant, alors que son regard se mêla de haine, de tristesse et de douleur.

Et puis, sans un seul mot, il tourna les talons et se réfugia dans la salle aux miroirs.

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Sora semble avoir pu ramener Roxas parmi eux, mais son arrivée semble poser plus de problèmes que prévu… La situation va-t-elle s'améliorer, ou seulement empirer ?

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