Les Adieux d'une Sorcière
Quelques jours plus tard, je suis allé chez Yatsuba. Je lui avais expliqué ma terrifiante expérience avec le sabre de mon père. Mais contre tout attente, elle ne me prit pas au sérieux. La vieille femme pensait que je me faisais des idées et que j’avais fait une fixation sur le sabre de mon père. Je ne fus pas du tout convaincue par les paroles rassurantes de Yatsuba, j’étais vraiment très inquiète. Alors je faisais tout pour ne pas entendre les paroles diaboliques du sabre.
Chez ma mère, même la nuit je l’entendait, je ne pouvais pas me boucher les oreilles puisque j’entendais sa voix dans ma tête. M’appelant toujours au meurtre, je faisais d’affreux cauchemars lié au sabre ou je tuais ma mère, mes amis et Yatsuba de mes mains. Je ne dormais presque pas, le sabre m’obsédait malgré moi, comme s’il ne me donnait pas le choix. Malgré moi, je dormais plus chez Yatsuba que chez ma mère.
Un soir, un terrible événement changea à jamais ma vie : alors que ma mère me mettait des coups de pied dans le bas ventre elle criait :
- Tu n’es qu’une trainée ! Tu seras à jamais inutile ! Tu me dégoutes !
Dans sa rage, ma mère avait saisi le sabre et sorti la lame brillante de son fourreau. Terrifiée, j’avais commencé à réunir mes forces pour espérer fuir. Mais les douleurs dans le bas ventre m’empêchaient de me mettre debout. J’ai donc commencé à ramper comme je pouvais, je pleurais tellement. Je savais que c’était fini pour moi, quand je revis les bons moments avec mes amis, Yatsuba et les merveilleux souvenir que j’avais de mon père, je me demandais : Est-ce que j’allais finir comme ça ?
Ma mère me rattrapa par l’épaule de mon kimono. J’avais planté mes yeux dans les siens en désespoir de cause. Je luttai avec mes bras puis elle me cogna très fort la tête contre le plancher. Je continuais à me débattre en la suppliant :
- Maman ne fais pas ça !
Puis elle hurla :
- C’est de la faute si Reiji est mort ! Dit-elle en plantant le sabre dans mon épaule.
Blessée j’hurla. Puis elle fit ressortir la lame. Je pansais ma plaie avec ma main. Ma mère revint à la charge pour me porter le coup fatal, mais quelqu’un frappa à la porte.
Ma mère m’ordonna :
- Range-moi ce bazar et disparais ! et vite !
Je me dépêchais de cacher la tâche de sang sous le tapis tandis que ma mère remettait le sabre dans son fourreau. Je sortis du saké et des coupelles de la cuisine, les pausa, et me réfugia dans ma chambre.
- Que tu es succulente, jeune fille… murmurait le sabre dans ma tête.
Je chassai cette voix perverse de ma tête en la secoua et je me déshabillais pour regarder ma plaie. J’avais un trou entre l’omoplate et la clavicule, je saignais énormément et mon kimono était foutu. Je décidais de la déchirer pour en faire des bandages. Je ne dormis pas de la nuit tellement que j’avais mal et que je n’avais rien pour me soigner. Je n’avais que mes yeux pour pleurer. Au désespoir, je murmurais :
- Papa...
J’aurai tant voulu ses bras pour m’enlacer. Je fermais les yeux en me demandant quand est-ce que ce cauchemar allait finir.
Au matin, je décidai d’aller faire mes tâches mais la porte de ma chambre ne s’ouvrait pas, ma mère m’avait enfermée. De jour en jours, la plaie était de plus en plus laide, elle se teintait de noir dans mes veines au travers de ma peau blanche translucide. Je craignais pour ma vie, je pensais que la plaie s’infectait mais je n’avais rien pour me soigner. La chose étrange, c’est que je n’entendais pas un mot qui venait du sabre, son silence étrange et le fait que je sois enfermée m’angoissait. La nuit, j’avais des poussées de fièvre. Je ne pouvais pas dormir et il m’arrivait même de délirer. Chaque matin, je vis ma peau se rider continuellement comme Yatsuba et des escarres de noir de jais se formaient à chaque proéminence de mes os. Je me demandais ce qu’il m’arrivait ? Ou bien en quoi je me transformais ?
Quelques jours après, je n’étais plus capable de penser par moi-même. Je n’ai déduit que plus tard que le venin du sabre prenait possession de l’esprit de celui qui était blessé. Quoi que je faisais, ce poison dans mon corps avait tué en moi toute humanité et lucidité, je n’étais plus qu’une coquille vide obéissant au doigt et à l’œil de ma mère.
Quand Hikage se décida de me sortir de ma chambre, elle était comme rayonnante de beauté et de jeunesse, fière comme jamais, elle me ricanait au nez :
- J’ai enfin tout ce que j’ai rêvé depuis la mort de Reiji. Maintenant tu vas m’écouter : Tu es désormais la vieille Gaara, la bonne à mon service. De toute façon, si tu racontes toute cette histoire, qui te croiras ?
Elle me jeta avec mépris, des habits bleus foncés et noir avec un grand chapeau de paille recouvert d’un voile pour cacher au maximum le visage. J’habilla mon corps désormais fatigué par l’âge, ridée et tombant, couverte d’escarres noires d’encre à chaque proéminence de mes os. Le changement été radical, même ma voie avait changée. Plus tard, quand je vis mon reflet dans l’eau, je vis le reflet d’une vieille femme affreuse. Je ne me reconnaissais plus !
Le pire pour moi, c’était de sortir au village… les gens me regardaient avec dégoût, les enfants me jetaient des pierres en criant :
- Sorcière !!
Je ne faisais que tracer mon chemin en baissant la tête pour que personne ne voit mon visage. J’entretenais de la rancune envers les villageois. Les commerçants m’avaient pourtant vue avec des traces de coup significative. Tout le monde savait que ma mère me battait et personne n’avais levé le petit doigt. Tous m’avaient abandonné à mon triste sort. J’entendais certains qui se demandaient où été passé la fille de l’ancien seigneur. J’étais devenue Gaara la vieille sorcière. Ces journées étaient faites de tâches ménagères, de potion et d’entremise avec ma mère qui elle s’était élevée en tant que reine au sein du village. Beaucoup d’hommes de tout le conté venait rendre hommage à toute ses vertus retrouvées, en la couvrant de cadeaux inestimables. Elle donnait ses charmes à qui elle voulait.