Les Adieux d'une Sorcière
* * *
Après ce long récit de ma mère qui n’étais pourtant qu’un début, je la redécouvrais par le récit de sa vie qu’elle me faisait, je pensais que ma mère était une enfant trouvée comme moi, je me suis rendue compte que je m’étais trompé. Je n’aurai jamais deviné qu’elle était la fille d’un seigneur local. Ma mère était loin de la région où elle est née, je me demande pourquoi ? Quel motif l’a poussée à partir vivre aussi loin ?
Je ne fus pas insensible au récit de la mort de son père partit trop tôt, elle avait vécu ça si jeune et sa Hikage qui été devenu la personnification de l’enfer physique et moral pour ma mère. Quelle horreur, moi qui n’est jamais vu Setsu, ma propre mère, en état de faiblesse jusqu’à présent. J’ai du mal à concevoir qu’il y a très longtemps, elle était faible et sans moyen de défense à cause de l’emprise qu’avais sa mère sur la mienne. Ma mère était le total opposé de ma grand-mère, elle était douce, gentille toujours attentive et attentionnée. Même si enfant il m’arrivait d’être fâché avec elle, ses intentions étaient toujours bonnes à mon égard. Même loin de moi, elle a toujours veillé sur moi. Je n’arrivais à pas à concevoir que Setsu ait souffert d’une telle mauvaise mère.
Pendant que maman me racontait sa rencontre avec celle qui a fait d’elle la sorcière qu’elle est maintenant, Yatsuba, son visage semblait s’épanouir. D’après le récit de ma mère je pense que Yatsuba était vraiment quelqu’un d’extraordinaire.
Quand ma mère eut fini son récit, je n’avais pas remarqué que le temps passait si vite! Quand on a commencé, on était en plein soleil d’après-midi de printemps, et quand elle avait fini, le soleil était déjà couché depuis un moment! On était dans le noir, je lui préparai à manger et ma mère alla se coucher, je pense qu’elle était très fatiguée.
Le lendemain, je profitai de ma matinée pour ranger la maison de ma mère, et faire un peu de ménage. Comme elle est en état de faiblesse, je ne veux pas trop qu’elle se fatigue. Je ne l’entendis pas, ma mère a toujours eu un vilain défaut : elle n’était absolument pas matinale! Mais elle était toujours levée juste avant le repas de midi, j’avais tout préparé avant son réveil. Mais je me demandai si aujourd’hui elle serait de nouveau debout. Je vis comme au jour le jour avec elle avant de la quitter à jamais. Je redoutais tellement ce moment, je ne voulais pas que pour elle et moi ça arrive si vite. Je fus soulagé quand j’entendis des pas assez lent sur le plancher de l’étage. Quand ma mère apparu, elle était toujours aussi livide, avec cette étrange teinte de gris dans son teint. Elle s’assit devant la table et on commença à manger, je remarquai un nouvel escarre noir d’encre sur son poignet cette fois-ci. Je me suis rendue compte que plus on avançait dans les jours, plus je verrai ce type de plaie causée par sa maladie. La voir aussi diminuée me fait du mal. Ma mère brise le silence entre nous en déclarant ceci en souriant paisiblement:
- Tu te fais trop de soucis Miwong.
- Maman !!!! Protestais-je dans l’embarras. J’avais deviné qu’elle avait lu dans mes pensées. Je détestais ça ! Quand j’étais enfant elle faisait ça pour savoir si je ne lui racontais pas de mensonges. C’était tellement gênant et indiscret !
Ma mère s’était mise à rire, puis elle m’aida à faire la vaisselle. Quand ont eu fini, ma mère alla dans le salon pour se coucher et sans doute pour fumer! Depuis qu’elle m’a prise sous son aile, je me rappelle qu’elle n’a jamais arrêter de fumer sachant que pour elle ce n’était pas vraiment un besoin, je savais qu’elle n’était pas psycho dépendante. Je n’ai jamais aimé ça! Je suis sûre que c’est mauvais pour ça santé en plus, je me rappelle qu’avec son tabac elle mettait des plantes médicinales dedans, je n’ai jamais vraiment su pourquoi.
Je la rejoignis moi aussi sur le balcon du salon et je m’assis sur un cousin, ma mère était assise les jambes pendantes sur le rebord en train de fumer. Je lui jetai un regard noir à la vue de la fumée.
- Je sais que tu n’aimes pas ça. disait-elle d’un air un peu narquois.
Après tout je ne pouvais pas vraiment lui interdire…
Ma mère s’éclaircissait la voix en me demandant:
- J’en été où déjà ?
Je réfléchis un moment puis je lui annonçai:
- A l’enseignement de Yatsuba, tu avais treize ans je crois.
- Ah oui !
* * *
À cette époque, à cause de mon enseignement intensif chez Yatsuba, je fréquentais ma bande de copains. À cet âge-là, on commence à devenir apprenti pour avoir un métier. Tatsu était apprenti chez un charpentier, Aya, elle, allait entrer au couvent pour être sœur dans un temple shinto.
J’étais assez triste qu’elle parte si loin sachant que je devinais que je n’allais peut-être jamais la revoir, moi je n’osais pas parler de ce que je faisais par crainte d’être très mal vue ou de faire peur aux autre. Quand j’annonçais que ma maîtresse était la vieille Yatsuba, mes deux amis s’étaient figé dans un silence très pesant. Aya est Tatsu l’appelaient « la vieille sorcière ».
Il n’avait certes pas complètement tort, mais ils craignaient pour ma vie d’être son disciple. Je trouvais ça amusant et gentil de leur part, mais s’ils savaient à quel point elle était gentille. Quand le moment fut venu, Aya me renda visite devant la maison de Yatsuba. Elle n’osait pas rentrer par crainte de la vieille femme. Aya m’avait fait ses adieux. J’étais assez émue, j’osais espérer qu’elle soit heureuse dans sa profession. Quant à Moi, je l’avais vu jouer avec des jeunes de son âge, en courant après un enfant, il avait planté ses yeux dans les miens, dans une indifférence totale. J’avais deviné qu’il était passé à autre chose. J’ai vu mes amis partir chacun de leurs côtés. Après tout, moi aussi j’avais fait de même.
Ensuite, ce fût l’horreur dans la maison de ma mère. Le soir, je m’enfermais dans ma chambre quand elle avait la visite d’un autre de ses courtisant. Je bouillais de rage vis à vis de mon père. Tous les habitants du village pensaient que ma mère était quelqu’un d’intègre alors qu’il n’en était rien. Elle se prenait encore pour un seigneur et par je ne sais quelle diablerie, elle avait réussi à empêcher l’élection d’un nouveau seigneur. Je trouvais ça dégouttant le fait que parce que j’avais découvert son secret de façon fortuite, elle pensait qu’elle n’avait plus à se cacher. On recevait tout le gratin des seigneurs locaux dans la maison. Généralement, l’un d’entre eux restait dans la maison tard le soir, et la suite est facile à deviner... Ma mère, ivre de pouvoir, pouvait selon elle se permettre de mettre dans sa couche tous les beaux hommes des seigneuries locales. Je concevais un minimum qu’être veuve au Japon est quelque-chose de pas facile, elle m’avait abandonnée pour le saké, les hommes et surtout le pouvoir.
Le matin, donc, je passais dernière pour rendre la maisonnée décente, et si je ne le faisais pas, les coups allaient pleuvoir. Quoi que ? Même si je l’avais fait, ce ne sera jamais parfait. Je recevrais quand même des coups. Le cauchemar éveillé, pour moi, c’était de ranger de salon. Le sabre de mon défunt père trônait sur son présentoir au milieu d’une table contre le mur du fond. Je n’osais même pas le regarder. Je faisais en sorte de faire mes tâches vite et bien. Il m’était insupportable de rester plus d’une heure de plus dans cette pièce. Je sentais comme une espèce d’aura très malfaisante sur le sabre, j’étais très mal à l’aise dans le salon quand je nettoyais les sols. J’en frissonnais d’effroi.
Un jour, je cru même qu’il m’avait parlé. C’était une voix masculine assez séduisante avoisinant les vingt-cinq, trente ans. En sursautant, j’avais bouché mes oreilles, mais je réalisais qu’il me parlait à l’intérieur de ma tête.
- Tu sais que ta mère est indigne du pouvoir qu’elle a obtenu. Tues-là pour venger ton père.
Terrifiée, j’avais fuis pour m’enfermer dans la cuisine. De la sueur coulait sur mon front. Je n’avais jamais entendu quelque chose d’aussi maléfique. Je n’aime pas ma mère qui me bat mais je n’oserai jamais la tuer. Jamais jusque-là. J’avais décidé d’en parler à Yatsuba dans quelques jours, si toutefois je ne suis pas confiné par ma mère afin de la servir de nouveau.