Kaboum : Le réveil des Karmadors
Chapitre 10 : Le poids des héritages
3465 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a environ 1 mois
Dans la vaste salle de classe, les élèves étaient assis en cercle, entourés de livres anciens et d'artefacts mystérieux. L'atmosphère était plus intime que dans les autres cours, et Grosse Tête, leur professeur au crâne démesuré, se tenait au centre. Son regard vif scrutait chaque élève, comme s'il cherchait à sonder leurs pensées.
« Aujourd'hui, » déclara Grosse Tête, « nous allons parler d'un objet essentiel pour tout Karmador : la boussole des mystères. Elle ne pointe pas vers le nord, mais vers ce que vous désirez le plus profondément. Cependant, elle ne révèle pas toujours ce que vous espérez. »
Esther écoutait attentivement, ses yeux fixés sur l'objet que Grosse Tête tenait dans ses mains : une boussole antique en cuivre, finement ciselée avec des symboles cabalistiques.
« La boussole peut vous guider vers les vérités cachées, mais elle ne donne jamais de réponses directes. C'est à vous de comprendre ses indices, de lire entre les lignes. Je vais en distribuer une à chacun d'entre vous, et votre devoir est simple : trouvez ce qu'elle vous indique. »
Un murmure d'excitation parcourut la salle. Grosse Tête commença à distribuer une boussole à chaque élève, y compris à Esther. Lorsqu'elle la reçut, elle la tourna doucement dans ses mains, fascinée par la finesse des détails.
« Mais avant de partir, je vous pose une énigme, » reprit le professeur avec un sourire énigmatique. « Une porte a deux gardiens. L'un dit toujours la vérité, l'autre ment toujours. Vous pouvez poser une seule question à l'un des deux pour savoir quelle porte mène à la liberté. Quelle question posez-vous ? »
Un silence pesant tomba sur la classe. Esther réfléchit intensément. Les élèves murmuraient entre eux, cherchant la réponse. Après quelques instants, un étudiant leva timidement la main. « On doit demander à un gardien ce que l'autre nous dirait, et on prend la porte opposée. »
Grosse Tête hocha la tête avec un sourire approbateur. « Exact. Vous voyez, l'esprit est l'outil le plus puissant d'un Karmador. Ne l'oubliez jamais. »
Après la période de questions, où plusieurs élèves interrogèrent Grosse Tête sur la boussole et son usage, Esther rangea soigneusement la sienne dans sa poche. Alors qu'elle quittait la salle, elle ressentit un étrange pressentiment, comme si la boussole tenait déjà la clé d'un mystère à venir.
Dans l'arène d'entraînement, Martin se tenait face à Fulgure, le Karmador originaire d'Asie, reconnu pour son agilité et sa maîtrise du combat. Les autres élèves regardaient depuis les gradins, curieux de voir ce que cette confrontation allait donner.
Fulgure arborait un sourire narquois, faisant tournoyer une lance d'entraînement dans ses mains. « Alors, Cyclone, tu penses vraiment pouvoir me battre ? » Son ton était méprisant, et chaque mot semblait calculé pour déstabiliser Martin.
Martin resta silencieux, essayant de contrôler son souffle. Il savait que Fulgure cherchait à l'énerver.
« Je pensais que les Bordeleau étaient des légendes, » continua Fulgure en haussant les épaules. « Mais toi... tu es juste un amateur. Un vent sans force. »
Le sang de Martin ne fit qu'un tour. Les Bordeleau, même s'ils étaient maladroits parfois, portaient un héritage puissant. Il serra les poings. « Tu ne me connais pas. »
Fulgure rit doucement. « Oh, mais je connais ta famille. Ils étaient peut-être grands autrefois, mais toi et ta sœur ? Vous n'êtes rien. »
Cette provocation fit éclater la tension dans l'air. Sans attendre une seconde de plus, Martin se lança sur Fulgure avec toute sa force, balayant son bâton dans un mouvement large. Fulgure esquiva facilement, comme s'il dansait.
Le combat se déroula à une vitesse fulgurante. Fulgure frappait avec précision et agilité, tandis que Martin tentait tant bien que mal de parer et riposter. Mais à chaque attaque, Fulgure glissait hors de portée, moqueur et sûr de lui.
« C'est tout ce que tu as, Cyclone ? Tu fais honte à ta lignée. »
Martin, exaspéré, lança une attaque imprécise, ce qui laissa une ouverture fatale. Fulgure bondit, prêt à donner un coup décisif. Le regard de Martin se figea lorsqu'il réalisa qu'il ne pourrait pas bloquer l'attaque à temps.
Mais juste au moment où la lance de Fulgure allait toucher Martin, une autre lame vint s'interposer. C'était Anne Marie, apparue soudainement, tenant fermement une épée courte d'entraînement.
« Assez ! » cria-t-elle en fixant Fulgure. « Tu vas trop loin. Ce n'est plus un entraînement, c'est de l'acharnement. »
Fulgure recula, surpris mais toujours provocateur. « Alors toi aussi, Anne Marie ? Tu te ranges du côté des faibles ? »
Anne Marie ne répondit pas immédiatement, gardant son regard fixé sur Fulgure. « Il ne s'agit pas de faibles ou de forts. Il s'agit de respect. »
Fulgure grogna, mécontent. « Très bien, alors battons-nous tous les deux. Je vais vous montrer à tous ce qu'un vrai Karmador est capable de faire. »
Anne Marie et Martin échangèrent un regard rapide. Sans un mot, ils comprirent qu'ils allaient devoir s'allier. Le combat reprit de plus belle, mais cette fois, c'était une danse entre trois combattants. Anne Marie, avec sa précision et son calme, donnait des instructions subtiles à Martin, qui suivait son rythme.
« Attaque de côté. »
« Garde haute. »
« Maintenant ! »
Martin, galvanisé par cette alliance, trouva une nouvelle force en lui. Ensemble, ils réussirent à désarmer Fulgure plusieurs fois, le forçant à reculer. Le combat était devenu un véritable jeu d'équipe, et Fulgure, malgré son arrogance, commençait à sentir la fatigue.
Finalement, dans un ultime échange de coups, Anne Marie parvint à désarmer Fulgure une fois pour toutes. Celui-ci, désorienté, tomba au sol, le souffle court. Les regards des autres élèves étaient braqués sur lui, et Fulgure, mort de honte, resta immobile un instant, son regard flamboyant de colère.
« Ce n'est pas fini, » murmura-t-il entre ses dents, avant de se relever. « Je me vengerai. »
Mais avant qu'il ne puisse poursuivre, une présence imposante se fit sentir. Caoutchouc, l'un des professeurs les plus respectés de l'académie, observait la scène depuis l'entrée de l'arène. Son regard strict fixait Fulgure, qui déglutit, comprenant qu'il était sous surveillance.
Sans un mot de plus, Fulgure recula et quitta l'arène, la tête basse, mais les poings serrés de rage.
Quelques instants plus tard, alors que le calme revenait peu à peu dans l'arène, Esther arriva sur les lieux. Elle aperçut Martin, assis sur un banc à l'écart, légèrement essoufflé, avec une petite coupure au front. À ses côtés, Anne Marie s'occupait de lui avec délicatesse, appliquant un baume cicatrisant sur la blessure à l'aide d'un tissu.
Ce qui la frappa le plus fut la manière dont ils se regardaient. Pendant quelques secondes, ils semblèrent perdus dans les yeux l'un de l'autre, une complicité inattendue émergeant entre eux. Esther ne put s'empêcher de sourire légèrement, amusée par cette scène silencieuse mais chargée d'émotions. Son frère, habituellement si maladroit, paraissait à cet instant plus vulnérable, mais aussi plus proche de quelqu'un.
Sans vouloir les interrompre, elle resta un moment en retrait, observant discrètement cette nouvelle dynamique qui semblait se dessiner entre Martin et Anne Marie.
Tout à coup, la boussole qu'Esther portait autour du cou se mit à vibrer, émettant une douce lumière dorée. Elle sentit une énergie étrange l'envahir, comme si ses sens devenaient plus aiguisés, mais également plus chaotiques. Sa télékinésie, qu'elle contrôlait habituellement, semblait réagir d'elle-même, projetant de petits objets autour d'elle dans les airs sans qu'elle n'en ait l'intention. La lumière de la boussole la guida, et Esther, intriguée, décida de suivre cette nouvelle force mystérieuse.
Elle se retrouva bientôt dans une pièce spacieuse et chaleureuse : la salle commune de son dortoir. C'était un endroit tout en rondeur, avec de magnifiques vitraux qui filtraient la lumière dorée du soleil, créant une ambiance douce et apaisante. Une grande cheminée ovale trônait au centre, flanquée de deux immenses bibliothèques remplies de manuscrits anciens, copies précieuses des textes trouvés dans la grande bibliothèque de l'Académie. Le mobilier, en bois finement sculpté, et les tapis épais faisaient de cette pièce un véritable cocon. Esther se sentit immédiatement à l'aise dans cet environnement, chaque détail lui rappelant à quel point cet endroit était extraordinaire.
Mais elle n'eut pas le temps de s'attarder sur la beauté de la pièce. La boussole dans sa main se mit soudain à briller d'une lumière intense. Lorsqu'elle leva l'objet au-dessus de sa tête, les murs de la salle commune disparurent sous ses yeux. Elle se retrouva alors au milieu d'un paysage onirique : des champs d'herbes vertes s'étendaient à perte de vue, et des arbres en fleurs bordaient une rivière aux eaux d'un bleu profond. Des fruits exotiques pendaient des branches, et des pétales de fleurs chatoyantes dansaient sous un ciel sans nuages. Le doux murmure de la rivière, semblable à une berceuse, ajoutait à l'atmosphère paisible de ce lieu magique.
« Wow... » murmura Esther, émerveillée par la beauté de la scène qui s'offrait à elle.
Mais la magie ne s'arrêta pas là. La boussole dans sa main devint brûlante, et instinctivement, elle ferma les yeux, tendant les mains devant elle comme pour se protéger. Elle sentit l'objet s'élever doucement dans les airs, sa chaîne ondulant autour de lui tel un serpent. La boussole flottait maintenant à quelques centimètres de son visage, émettant une chaleur douce, presque rassurante, tandis qu'elle brillait d'un éclat jaune vif. Esther ouvrit les yeux pour voir l'objet suspendu devant elle, fascinée par le phénomène.
Avant qu'elle ne puisse comprendre ce qui se passait réellement, une voix familière la ramena à la réalité. C'était Sollonella, leur guide et mentor. Elle se tenait à l'entrée de la salle commune et parlait d'un ton calme mais déterminé.
« Il y a une fille dans le couloir qui n'ose pas entrer. Elle peut venir. »
Esther et les autres acquiescèrent, curieux de savoir de qui il s'agissait. Sollonella haussa les épaules, un geste qu'elle utilisait souvent, signifiant à la fois tout et rien. La porte s'ouvrit doucement, laissant entrer une adolescente aux traits timides. Elle avait un visage en forme de cœur, encadré par de longs cheveux blonds mêlés de mèches rouges. Elle avançait avec une grâce silencieuse, ses yeux fixés sur le sol.
Lorsqu'elle leva enfin les yeux, Esther remarqua ses iris d'un bleu pâle saisissant, qui contrastaient avec sa peau blanche et immaculée. L'inconnue hésita un instant avant de parler :
- Je vois des choses. Des choses que je ne pourrais décrire. Des choses que tu dois voir de tes propres yeux pour les comprendre. Comme par exemple un plafond... avec rien du tout. Absolument rien...'' souffla la mystérieuse adolescente. Salut, je m'appelle Dixie.
Sa voix douce et chantante trahissant un léger accent d'Europe de l'Est. Ses mots étaient hésitants, mais elle semblait déterminée à se présenter malgré sa timidité.
Toute la pièce l'observait en silence, fascinée par l'aura mystérieuse qui émanait d'elle.
Dixie se tenait là, face à Esther, mais son regard semblait ailleurs, perdu dans des pensées qu'elle seule pouvait comprendre. Il y avait quelque chose de mystérieux chez elle, une aura énigmatique qui l'enveloppait comme un voile léger. Elle paraissait souvent dans son propre monde, la tête légèrement inclinée, ses yeux bleus pâles flottant dans le vide, comme si elle contemplait des paysages que personne d'autre ne pouvait voir.
Esther avait remarqué dès son arrivée que Dixie avait cette étrange manière d'être présente physiquement tout en semblant être ailleurs, à des milliers de kilomètres. Elle rêvassait, souvent silencieuse, ses gestes hésitants, et son attention flottait parfois au gré des conversations, comme un papillon qui virevolte sans se poser. C'était un peu comme si elle dansait au bord du monde, sans jamais vraiment en faire partie. Esther l'observait avec fascination, essayant de suivre le fil de ses récits décousus, bien que cela ne fût pas toujours évident.
Dixie avait ce regard lointain, caractéristique de ceux qui perçoivent plus qu'ils ne disent, et qui semblent comprendre des choses invisibles aux autres. Elle racontait des histoires étranges, ponctuées de détails surréalistes, mais d'une manière si naturelle qu'Esther se sentait presque happée par cette réalité parallèle. Ce soir-là, en entendant Dixie parler, Esther s'efforçait de suivre, non seulement ses mots, mais aussi ce que ces récits révélaient d'elle.
« Tu vois, parfois je... je vois des choses que d'autres ne peuvent pas voir, » commença Dixie, sa voix toujours douce, mais son ton distant. Elle parlait avec cette lenteur rêveuse, comme si chaque mot était tiré des profondeurs d'un univers intérieur complexe. « C'est comme si... le monde que vous voyez n'était pas tout à fait réel pour moi. Il y a des choses... des choses que je ne sais même pas comment expliquer. Comme si, là, dans ce plafond vide... il y avait quelque chose que tu ne pourrais jamais voir. Mais moi, je le vois. »
Elle désigna vaguement le plafond de la salle commune. Esther leva les yeux par réflexe, mais il n'y avait rien d'autre que des poutres de bois poli. Pourtant, dans le regard de Dixie, c'était comme si cet espace vide contenait une profondeur insondable, une vérité cachée que personne d'autre ne pouvait percevoir.
« C'est... fascinant, » murmura Esther, cherchant à saisir les contours de ce monde invisible. Elle n'était pas sûre de comprendre, mais elle sentait une sorte de logique sous-jacente dans les mots de Dixie, quelque chose qui faisait écho à ses propres doutes et questions.
Dixie, perdue dans sa propre narration, ne sembla pas entendre la réponse d'Esther. Elle continua, ses pensées se déployant comme des nuages au gré du vent. « Les gens disent que je rêve trop. Que je suis ailleurs, que je n'écoute pas, » dit-elle, un sourire vague étirant ses lèvres, comme si cette critique ne la concernait pas vraiment. « Mais pourquoi être ici, quand là-bas, dans cet autre monde, il y a tellement plus à découvrir ? »
Ses mots flottaient entre elles, énigmatiques, presque hypnotiques. Esther, malgré ses efforts, avait du mal à la suivre, mais elle ne lâchait pas prise. Elle s'accrochait à chaque phrase, tentant de voir ce que Dixie voyait, d'entendre ce qu'elle entendait. Pourtant, plus Dixie parlait, plus Esther avait l'impression que ce monde lui échappait, comme du sable coulant entre ses doigts.
« Et tes parents, ils t'ont toujours... comprise ? » demanda finalement Esther, hésitante, cherchant à tisser un lien avec cette fille insaisissable.
Dixie s'arrêta, fixant un point au loin, sans réellement répondre tout de suite. Elle parut réfléchir longuement, son esprit flottant encore une fois ailleurs.
« Non, pas vraiment. Personne ne comprend, » finit-elle par répondre doucement, presque comme si la réponse était évidente. « C'est pour ça qu'ils m'ont enfermée. Parce qu'ils avaient peur. Moi, je n'avais pas peur. C'est eux qui ne pouvaient pas supporter de ne pas savoir. »
Esther ressentait une pointe de tristesse percer à travers l'armure énigmatique de Dixie. Elle semblait à la fois proche et incroyablement lointaine, comme si elle habitait deux mondes à la fois, mais n'appartenait pleinement à aucun d'eux.
« Mais ici, à l'Académie, est-ce que tu te sens... plus toi-même ? » risqua Esther, espérant que cette question aiderait Dixie à s'ancrer dans leur réalité, ne serait-ce que pour un instant.
Dixie tourna lentement la tête vers elle, ses yeux se posant enfin sur Esther avec une étrange intensité. « Ici, c'est différent, » répondit-elle finalement. « Je ne suis peut-être pas la seule à voir ce que je vois. Peut-être que... je trouverai quelqu'un qui me comprend. »
Un sourire timide étira ses lèvres, et Esther sentit un frisson la parcourir. Dixie était comme un puzzle, mais un puzzle fait de pièces qui semblaient changer de forme à chaque instant. Pourtant, Esther était résolue à comprendre cette fille étrange, à percer le mystère qui l'entourait.
Malgré ses moments de rêverie et ses récits décousus, il y avait en Dixie une profondeur que peu osaient explorer, mais Esther, curieuse et déterminée, était prête à essayer.
Esther observa Dixie, dont l'attitude décontractée contrastait avec l'aura de mystère qu'elle dégageait. Il y avait quelque chose de fascinant chez elle, une sorte de désinvolture face à tout ce que les autres auraient pu trouver inquiétant. Esther, elle, se sentait un peu plus réservée, une pointe de nervosité la parcourant.
« Tu sais, je me suis donnée une mission, » commença Esther, tâchant de rassembler son courage. « Sous la promesse de Sollonella. C'est important pour l'héritage de ma famille, et je crois que tu pourrais nous aider. Mais... je ne suis pas sûre de comment les autres vont réagir face à... enfin, face à ce que tu es capable de faire. »
Dixie, qui était en train de fixer le plafond comme si elle découvrait quelque chose d'invisible à cet endroit, tourna lentement la tête vers Esther. Un sourire léger apparut sur ses lèvres.
« Ce que je suis capable de faire ? » Elle haussa les épaules, indifférente. « Les gens ont toujours eu peur de ce qu'ils ne comprennent pas. Ça ne m'a jamais dérangée. Être mystérieuse, c'est un peu ma marque de fabrique. Pourquoi tu t'inquiètes pour ça ? »
Esther hésita, les doigts nerveusement agrippés à son vêtement. « C'est juste que... certains ici pourraient ne pas... enfin, ne pas comprendre, et ils pourraient te juger. Je ne veux pas que ça te retombe dessus. »
Dixie éclata d'un petit rire étouffé, presque moqueur, avant de fixer Esther de ses yeux bleus perçants. « Est-ce que tu penses vraiment que je me préoccupe de ce que les autres pensent ? »
Esther rougit légèrement, consciente que sa crainte semblait ridicule face à l'assurance tranquille de Dixie. « Eh bien, non... mais c'est juste que... je veux que ça fonctionne. Que l'équipe soit soudée, tu vois ? Et je crains que certains puissent avoir peur de toi, de tes visions, ou de ce que tu as vécu. »
Dixie sourit encore, cette fois avec une lueur de malice dans ses yeux. « La peur des autres, c'est leur problème, pas le mien. Si ça les dérange, tant pis pour eux. Moi, j'aime être un mystère. Ça garde les gens à distance, ça m'évite de devoir tout expliquer. »
Esther la regarda, partagée entre l'admiration et l'inquiétude. « Peut-être que ça fonctionne pour toi, mais... tu pourrais aussi être une grande Karmador. On a besoin de toi, et je veux juste que tu aies ta place parmi nous, sans que les autres te rejettent. »
Dixie haussa de nouveau les épaules, comme si tout cela n'avait aucune importance pour elle. « Si je décide de te suivre, ce ne sera pas parce que je veux plaire à qui que ce soit. Ce sera parce que je l'aurai choisi. Et si les autres ont peur de moi, eh bien... c'est eux qui devront s'y faire, pas l'inverse. »
Esther hocha lentement la tête, réalisant que Dixie avait une force intérieure différente, presque insolente, mais impressionnante. « Je comprends... Je crois que j'ai juste peur de ne pas être à la hauteur. »
« Toi ? » répliqua Dixie en riant doucement. « Tu es bien plus forte que tu ne le penses. Tu t'inquiètes trop pour des détails inutiles. Si tu as une mission, suis-la. Les autres finiront par comprendre. »
Esther la regarda en silence, se sentant un peu plus rassurée malgré elle. Peut-être que Dixie avait raison. Peut-être que le regard des autres ne comptait pas autant que la détermination qu'elle portait en elle.
« Merci, » murmura-t-elle enfin, touchée par la simplicité avec laquelle Dixie abordait des questions qui la tourmentaient tant.
Dixie répondit d'un sourire énigmatique, avant de tourner à nouveau son regard vers le plafond, comme si la conversation était déjà loin derrière elle. « Quand tu es prête à partir, tu sais où me trouver.