Kaboum : Le réveil des Karmadors

Chapitre 11 : Un Vent de Panique

2677 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Martin était assis sur le bord de son lit, les yeux fixés sur le plafond de sa chambre, perdu dans ses pensées. Les événements de la journée lui tourbillonnaient encore dans l'esprit : les entraînements, les cours de divination, et ses émotions envers avec Anne Marie. Il essayait de s'organiser, de comprendre comment se faire une place dans cette nouvelle vie d'étudiant à l'Académie des Karmadors.

Tout à coup, un bruit sourd venant du couloir le sortit de sa rêverie. C'était comme si quelque chose ou quelqu'un avait heurté un mur. Intrigué, il se leva et se dirigea vers la porte. La lumière des torches dans le couloir vacillait, projetant des ombres dansantes sur les murs. Martin se demanda s'il devait ignorer ce bruit ou s'en préoccuper. Après tout, l'Académie avait ses mystères.

Il sortit dans le couloir, le cœur battant légèrement plus vite. L'air frais et chargé d'une odeur de pierre et de mousse lui frappa le visage. Les couloirs étaient déserts, mais il pouvait encore entendre des murmures lointains provenant des chambres. Le bruit avait cessé, mais une légère agitation persistait dans son esprit.

Puis, il l'aperçut : la silhouette familière d'Esther avançant d'un pas rapide. Elle longeait le mur, ses cheveux bruns flottant derrière elle. Martin, curieux, commença à la suivre discrètement, se demandant où elle se dirigeait à une heure si tardive. Sans réfléchir, il décida de la suivre à l'intérieur, mais non sans une légère hésitation. Le passage était étroit et faiblement éclairé. Les murs de pierre étaient couverts de mousse, et une ambiance mystérieuse flottait dans l'air. Martin avança silencieusement, son cœur battant d'excitation et d'appréhension.


La nuit enveloppait l'Académie des Karmadors, sa silhouette majestueuse se découpant contre un ciel parsemé d'étoiles scintillantes. Le calme régnait, brisé seulement par le murmure lointain d'une rivière et le doux chant des nocturnes.

Martin émergea du passage et se retrouva dans une clairière bordée de grands chênes aux troncs noueux. Leurs branches se tordaient vers le ciel, formant un plafond naturel entrelacé de feuillages, où la lumière de la lune filtrait par endroits, créant des motifs scintillants sur le sol tapissé de feuilles mortes. L'odeur de terre humide et de végétation sauvage emplissait l'air, ajoutant à l'ambiance mystique de l'endroit.

Esther s'avançait plus loin, et Martin se glissa derrière un arbre, ses sens en éveil. La forêt semblait vivre autour de lui, chaque craquement de branche et chaque souffle du vent ajoutant une dimension presque surnaturelle à son enquête. Les ombres dansaient au gré des reflets lunaires, et les silhouettes des arbres prenaient des formes étranges, comme si elles racontaient des histoires oubliées.

La forêt, dense et mystérieuse, était parsemée de fleurs luminescentes aux teintes éclatantes, illuminant le sous-bois de lueurs douces et chaleureuses. Des lucioles voltigeaient en cercles, dessinant des motifs lumineux qui semblaient guider Martin, l'encourageant à poursuivre son chemin.

Martin ne pouvait s'empêcher d'admirer la beauté environnante. Chaque pas qu'il faisait était une danse silencieuse entre les ombres et les lumières, son cœur battant au rythme de la découverte. Malgré sa détermination à ne pas se faire repérer, il ne pouvait ignorer la magie palpable de cet endroit.


Alors que Martin observait, Esther s'arrêta soudainement au bord du ruisseau. Elle tourna la tête, vérifiant les alentours d'un regard perçant, son visage à moitié dissimulé par l'ombre de son capuchon. Elle portait une tenue noire moulante, chaque détail pensé pour se fondre dans l'obscurité environnante. Sous le halo pâle de la lune, elle ressemblait à une véritable espionne, calculant chaque mouvement avec une précision silencieuse.

Martin plissa les yeux pour mieux voir ce qu'elle était en train de faire. Avec une habileté minutieuse, Esther posa son grand sac au sol, en sortit une sorte de machine compacte aux reflets métalliques. Elle la déplia rapidement, dévoilant des ailettes repliables, des sangles, et une structure légère en métal luisant. Martin, fasciné, comprit qu'il s'agissait d'une machine volante – probablement une invention rare et ingénieuse, conçue pour des missions aussi audacieuses que discrètes.

Esther enfila le dispositif avec aisance, ajustant les sangles autour de ses épaules et de sa taille. Les ailettes se déployèrent en silence de chaque côté de son dos, semblant prêtes à l'emporter vers les cieux. Dans le silence de la nuit, Martin n'osait même plus respirer, de peur de rompre le moment.

Puis, sans un bruit, Esther pressa un bouton sur le dispositif, et le mécanisme répondit par un doux vrombissement. En une fraction de seconde, elle s'éleva dans les airs, ses mouvements gracieux contrastant avec la puissance silencieuse de la machine. Elle monta en flèche, s'éloignant du sol pour s'élancer dans le ciel étoilé, se confondant avec l'obscurité.

Martin, bouche bée, la regarda disparaître, son esprit en effervescence devant ce qu'il venait de voir. Esther, sa sœur, avait encore des secrets bien gardés, et cette nuit-là, il venait d'en découvrir un des plus impressionnants.




(Le lendemain matin)


Dans le quartier général des Karmadors, une atmosphère futuriste régnait, illuminée par la lueur bleutée de multiples écrans et les reflets métalliques d'inventions complexes. Esther, vêtue de son veston blanc, observait en silence. Devant elle s'étalaient ses créations : des dispositifs de surveillance de pointe, des armes non létales aux designs ingénieux, et un tableau de commande ultra-moderne qui captait les moindres informations du terrain. Le centre de commande bourdonnait d'activité sous ses doigts experts, chaque invention à la fois un prolongement de sa vision et de son génie.

Sur un écran particulièrement grand, une scène retint son attention. Elle afficha une vue d'un centre de formation où deux jeunes agents s'activaient : Greg, devenu un adolescent élancé, méthodique dans chaque geste et profondément concentré sur son travail, et Gina, une jeune fille au regard vif, l'énergie impétueuse et le visage marqué par une certaine gravité. Gina, reconnue pour son tempérament explosif et ses éclats de colère, attirait souvent l'attention des autres recrues. Pourtant, derrière cette façade rebelle, Esther percevait une profondeur, une volonté de bien faire. Les deux jeunes épiciers avaient été embauchés par Fernand, et ils se complétaient malgré leurs différences marquées.

Esther plissa les yeux, attentive à chaque détail de leur interaction. Greg semblait souvent jeter des coups d'œil hésitants à Gina, comme s'il tentait de la comprendre, de voir au-delà de son masque de colère. Quant à Gina, malgré ses airs farouches, elle semblait adoucie en sa présence. Son regard durcissait face aux autres, mais auprès de Greg, une lueur presque douce apparaissait dans ses yeux, une vulnérabilité qu'elle dissimulait avec difficulté.

Un sourire fin se dessina sur les lèvres d'Esther. Elle voyait en eux une force complémentaire, un équilibre que peu d'autres réussiraient à atteindre. Sa main glissa sur le tableau de commandes, et elle se demanda comment ils évolueraient dans cet univers exigeant.

Gina n'avait encore aucune idée de l'existence de ce quartier général des Karmadors, ni des liens secrets qui unissaient Esther à leur monde en apparence ordinaire. Quant aux trois anciens employés de l'épicerie, Sylvie, Patrice et Yannick, ils avaient quitté leur poste pour se consacrer à des projets personnels : Sylvie, qui attendait un enfant, Patrice, décidé à poursuivre ses études, et Yannick, en quête de nouveaux horizons professionnels. Esther s'assura d'un dernier regard que tout se déroulait comme prévu, puis tourna de nouveau son attention vers les écrans, guettant l'instant où l'histoire de Greg et Gina prendrait un tournant inattendu.

Esther se retourna brusquement en entendant la voix grave de Dixie s'élever derrière elle dans la salle de surveillance. Le visage de Dixie, habituellement vif, était grave, comme si une urgence venait de surgir.

« Esther... il y a quelqu'un à l'épicerie Bordeleau. »

Le cœur d'Esther fit un bond. Elle tourna aussitôt les yeux vers un écran, cherchant fébrilement l'image de la boutique familiale. Une silhouette avançait dans la pénombre de l'entrée, hésitante mais déterminée. Elle s'approcha de l'écran, ses mains tremblant légèrement.

« Qui... qui est-ce ? » murmura-t-elle, la gorge serrée.

La silhouette entra dans le champ de la caméra, et Esther sentit une vague de soulagement mêlée de surprise l'envahir. Elle reconnut enfin son frère, Martin, scrutant l'intérieur de l'épicerie comme s'il cherchait quelque chose.

En découvrant que la silhouette n'était autre que Martin, Esther resta figée, un mélange de soulagement et de confusion dans les yeux. Pourquoi était-il là, seul et à cette heure-ci ?

Elle plissa les yeux, tentant de deviner ses intentions, son esprit tournant à toute vitesse. Ce comportement inattendu éveillait en elle un léger pressentiment : quelque chose l'avait sûrement poussé à revenir à l'épicerie en secret.

Martin fut aussitôt enveloppé par l'odeur réconfortante des produits locaux et la douce lumière des néons familiers. Derrière le comptoir, Fernand leva la tête, et un large sourire fendit son visage buriné.

« Eh bien, tourtière, c'est toi, Martin ! Que t'as changé, mon grand ! » lança-t-il avec un accent chaleureux et jovial. « T'es presque un homme, maintenant ! Qu'est-ce qui t'amène ici à cette heure-ci ? »

Martin lui rendit son sourire, hésitant, tout en glissant un regard autour de l'épicerie comme pour s'imprégner de chaque détail, de chaque souvenir qui s'y attachait.

« Oh, juste... de passage, » répondit Martin en haussant les épaules, feignant l'insouciance. « J'avais besoin de revoir un peu la vieille épicerie, ça fait si longtemps ! »

Attiré par la conversation, Greg, qui était en train d'aligner des conserves sur une étagère voisine, s'approcha avec curiosité. « Martin, ça fait plaisir de te voir ! On dirait que ça fait une éternité ! » dit-il en souriant.

Martin lui serra la main avec vigueur. « Oui, ça fait un moment ! Comment ça se passe ici ? Toujours la même routine ? »

Greg hocha la tête, un sourire malicieux aux lèvres. « Plus ou moins. On s'occupe, tu sais. Même si ça manque un peu de... » Il hésita, cherchant ses mots. « D'aventure, comme à l'époque où toi et Esther étiez dans les parages. »

À l'écart, Gina jetait des coups d'œil furtifs vers Martin, le jaugeant avec un mélange de réserve et d'intérêt. Fernand, remarquant son hésitation, fit un signe de tête dans sa direction.

« Eh bien, Gina, viens dire bonjour, allons ! » lança-t-il avec un petit clin d'œil. « C'est pas tous les jours qu'on accueille quelqu'un de la famille Bordeleau ! »

Gina soupira discrètement, avant de s'approcher d'un pas mesuré. « Salut, Martin, » dit-elle d'une voix douce mais assurée, ses yeux le détaillant avec une curiosité bien dissimulée. « J'avais entendu parler de toi, mais on s'était jamais croisés. »

Martin lui sourit, comprenant son hésitation. « Enchanté, Gina. Ça fait bizarre de revenir ici et de rencontrer de nouvelles têtes. T'as l'air de bien t'entendre avec Greg. »

Elle acquiesça, une lueur de fierté dans les yeux. « Ouais, on fait une bonne équipe. »

Soudain, un bruit de succion se fit entendre derrière, et tous se tournèrent pour voir entrer Esther, ses pas déterminés et son regard inquisiteur. Elle portait ses habits habituels, mais son expression semblait plus attentive que d'ordinaire.

« Martin ? » Sa voix trahissait à la fois surprise et légère inquiétude. « Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Martin se gratta l'arrière de la tête, un sourire malicieux se dessinant sur ses lèvres. « Juste... une envie de passer, comme ça, » dit-il en haussant les épaules, tout en essayant de dissimuler son véritable intérêt pour cet endroit et les gens qui le peuplaient désormais.

Alors que Martin et Esther se retrouvaient entourés de Fernand, Greg et Gina, Fernand posa soudain la question qu'il semblait retenir depuis longtemps.

« Alors, cette académie mystérieuse où vous étudiez, c'est comment ? Vous apprenez quoi là-bas ? »

Greg, visiblement intéressé, se pencha en avant, les yeux brillants de curiosité. « Oui, c'est vrai ! Vous avez l'air de cacher des choses fascinantes... C'est quoi, vos 'projets' là-bas ? »

Martin lança un regard vers sa sœur, cherchant ses mots, mais Esther prit les devants. Elle eut un petit sourire en coin, jouant le jeu avec une maîtrise tranquille.

« Eh bien... pour ces projets, Martin et moi devons justement en parler en privé. Allée 13, tu te rappelles, Martin ? »

Martin capta le regard d'Esther, comprenant aussitôt la diversion. Il acquiesça avec un air de complicité.

« Ah oui, l'allée 13... on doit vraiment y aller, ça ne peut pas attendre, » répondit-il, feignant l'urgence tout en hochant la tête vers sa sœur.

Fernand leva les mains en l'air avec un sourire amusé. « Allez-y, allez-y, je ne vais pas vous retenir. Mais je vais vous attraper un de ces jours pour tout savoir ! »

Les Bordeleau échangèrent un sourire avant de se diriger vers l'allée 13, où ils pourraient discuter à voix basse sans risquer de dévoiler trop de choses sur leur monde et leurs entraînements mystérieux.



Dans le QG des Karmadors, Esther finit par se pencher vers Martin, son ton plus grave.

« Tiens, » dit-elle, en le fixant d'un regard déterminé. « J'ai trouvé un exemplaire de la Gazpette, le journal des Krashmals. »

Martin haussa un sourcil. « Et ça vient d'où ? Tu n'as pas fouillé dans les affaires de quelqu'un, j'espère ? »

Esther soutint son regard sans hésiter. « J'ai trouvé le journal sans vraiment chercher, pour être honnête. Mais il se trouvait dans le sac de Gina, alors forcément, ça m'a intriguée. »

Martin soupira, un peu agacé. « Esther, fouiller dans les sacs des autres... vraiment ? »

Elle se redressa, assumant pleinement. « Oui, je l'ai fait, et j'assume. Je préfère être prudente. » Elle lui montra le journal à la couverture froissée et aux images mal imprimées. « Regarde ça, Martin. Ils parlent d'un Krashmal chanteur nommé Krashiux, membre d'un groupe étrange appelé Krashaka. »

Martin, malgré son hésitation initiale, se pencha pour lire l'article. « 'Hurleur des marais' ? C'est quoi ce surnom ? Ces Krashmals sont de plus en plus bizarres... »

Esther sourit avec un brin de malice. « Je suis d'accord. Et si Gina traîne ce genre de journal avec elle, ça mérite qu'on garde un œil sur elle. »

Alors qu'ils continuaient de parler, Esther éclata soudain de rire en se souvenant d'une scène récente. « Oh, et puis, tu ne vas pas croire ce que j'ai vu l'autre jour à l'épicerie. »

Martin sourit, intrigué. « Quoi donc ? »

« Un Krashmal nommé Gyorg est entré discrètement, pensant que personne ne le voyait. Il s'est dirigé vers les étagères du fond et a commencé à dévorer des pots de graisse colorée comme s'il n'avait rien mangé depuis des siècles ! »

Martin éclata de rire. « Quoi ?! Et Greg ? Il était là, non ? »

Esther hocha la tête en souriant. « Oui, et il n'a pas pu s'empêcher de le taquiner. Je crois même qu'il l'a surnommé 'Monsieur Pot-de-Graisse'. »

Martin secoua la tête, toujours amusé. « Et comment Greg a réagi Gyorg ? »

Esther haussa les épaules, un sourire aux lèvres. « Comme si c'était normal, il l'a pris en riant. Ils avaient l'air de deux vieux copains, à vrai dire. »

Martin secoua la tête, partageant le rire. « Bon, d'accord, fouiller dans le sac, ça reste discutable... mais je reconnais que ça a porté ses fruits. 








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