Kaboum : Le réveil des Karmadors

Chapitre 9 : l'Académie des Karmadors

4122 mots, Catégorie: B

Dernière mise à jour 07/09/2024 18:11

L'Académie des Karmadors, nichée au cœur d'une vaste forêt, semblait être un lieu hors du temps. Dès l'entrée, une atmosphère mystique imprégnait l'air, avec des brumes légères qui ondulaient autour des imposants bâtiments de pierre. Les tourelles gothiques se détachaient sur un ciel souvent couvert, ajoutant une note dramatique à ce cadre empreint de magie et de mystère. Les arbres centenaires, aux feuillages denses et sombres, entouraient l'Académie, créant un cocon de silence, seulement troublé par le murmure du vent ou le chant lointain d'une créature inconnue.

À l'intérieur, les couloirs étaient tapissés de lourds rideaux pourpres et de tapisseries anciennes qui racontaient des histoires oubliées. Les murs, parsemés de portraits de Karmadors légendaires, semblaient observer les élèves d'un regard perçant, comme pour jauger leur potentiel. Chaque recoin, chaque alcôve dégageait une énergie palpable, rappelant à tous que cet endroit n'était pas ordinaire. Ici, la magie régnait en maîtresse absolue.

Les dortoirs occupaient le pavillon ouest de l'Académie. Ils étaient composés de chambres classiques, où les élèves cohabitaient par groupes de quatre. Le rez-de-chaussée et le premier étage étaient réservés aux garçons, tandis que les deux derniers niveaux accueillaient les chambres des filles. Tout comme le reste de l'établissement, les dortoirs des enseignants et de la grande directrice étaient également situés dans cette partie.

Une fois de plus, les Bordeleau ne se faisaient toujours pas à l'idée qu'ils étaient à l'Académie des Karmadors. Le centre leur avait toujours été présenté comme un mythe, et ils n'auraient jamais cru qu'ils se retrouveraient un jour ici. Ils avaient été extrêmement surpris lorsque Sollonella leur avait proposé cette école, que l'on appelait aussi l'antre de la folie. En effet, même si c'était une académie pour les Karmadors, il se passait toujours des choses étranges dans l'enceinte de l'Académie. Les élèves se retrouvaient très souvent à l'infirmerie pour diverses raisons, allant d'explosions en cours de chimie à des luttes amicales.

Esther suivait l'intendant à travers les couloirs silencieux de l'Académie. À chaque tournant, de nouvelles œuvres d'art attiraient son attention, mais le serviteur continuait à avancer d'un pas décidé. Après quelques minutes, ils atteignirent enfin une grande porte en bois massif. L'intendant s'arrêta devant, tourna la poignée en fer forgé, et ouvrit la porte avec une révérence silencieuse, invitant Esther à entrer.

Le regard d'Esther s'illumina en découvrant la chambre qui s'offrait à elle. Le lit à baldaquin, centre de la pièce, était somptueusement décoré de rideaux en tissu or métallique qui captivaient la lumière naturelle, baignant la pièce d'une douce lueur dorée. La pièce était grande et parfaitement entretenue, chaque détail soigneusement pensé pour offrir un confort ultime. Esther resta immobile, absorbée par la beauté du lieu.

Un large bureau en chêne massif était placé près de la fenêtre, accompagné d'une chaise assortie. À côté, un sofa d'un bleu océanique trônait, entouré de deux fauteuils violets qui s'harmonisaient parfaitement avec les couleurs de la pièce. Une cheminée majestueuse complétait ce coin de détente, invitant à la contemplation.

Curieuse, Esther se dirigea vers le balcon attenant. Lorsqu'elle ouvrit les portes vitrées, un panorama époustouflant s'offrit à elle. Le balcon, perché très haut, offrait une vue imprenable sur la forêt environnante, où les premières lueurs de l'aurore dansaient entre les arbres. Chaque son, chaque souffle de vent semblait résonner avec douceur dans cet espace paisible, renforçant le sentiment d'émerveillement qu'Esther ressentait en ce moment.

Elle resta là un long moment, absorbée par la sérénité du paysage, avant de se tourner pour explorer plus en détail sa nouvelle demeure. En revenant à l'intérieur, son regard fut attiré par une bibliothèque imposante. Les murs étaient tapissés d'étagères regorgeant de livres anciens et d'objets tous plus étranges les uns que les autres.

Dans un coin de la pièce, un meuble accueillait un très vieux grimoire. Intriguée, Esther s'approcha, tira délicatement le livre de son écrin et l'ouvrit. À sa grande surprise, en feuilletant les pages, elle découvrit un album photo caché entre les feuilles anciennes. Les images, bien que jaunies par le temps, révélaient des visages familiers. Elle reconnut d'abord sa mère, Olivia, jeune et rayonnante, entourée de camarades. Puis, à la page suivante, son père, le regard fier, brandissant une médaille aux côtés d'autres Karmadors.

Les exploits accomplis par ses parents au sein de l'Académie étaient immortalisés dans cet album, des sauvetages héroïques aux médailles qu'ils avaient obtenues pour leur bravoure. Esther ignorait tout des pouvoirs de ses parents, surtout ceux de sa mère. Mais en voyant ces images, une vague d'émotions la submergea. Elle comprit qu'Olivia avait été une figure extraordinaire à l'Académie, une source d'inspiration pour bien des élèves.

Les larmes montèrent aux yeux d'Esther alors qu'elle caressait doucement les photos. Peu après, trois petits coups retentirent à la porte, et Martin entra doucement dans la chambre de sa sœur, apportant avec lui une présence réconfortante.

« Qu'est-ce qui ne va pas, Esther ? » demanda-t-il doucement. Après qu'Esther ait partagé avec Martin les souvenirs de leurs parents dans le grimoire, Martin sentit une curiosité grandir en lui. Il s'approcha à son tour du grimoire et le prit délicatement entre ses mains. Alors qu'il tournait les pages, il remarqua des détails qu'Esther n'avait peut-être pas vus dans son émotion initiale. Il tomba sur une section du grimoire qui contenait des lettres et des notes personnelles écrites par leurs parents lorsqu'ils étaient eux-mêmes élèves à l'Académie.

Une des lettres, signée par leur mère, Olivia, décrivait une mission particulièrement dangereuse où elle avait sauvé plusieurs vies en utilisant un pouvoir qu'elle avait maîtrisé à la perfection, une compétence rare même parmi les Karmadors. Une autre page révélait des schémas complexes et des croquis d'inventions que leur père avait conçues pour protéger l'Académie des menaces extérieures. Chaque mot, chaque dessin témoignait du courage et du génie de leurs parents, bien plus impressionnants que ce qu'ils avaient imaginé.

Martin, touché par ces découvertes, ressentit une fierté immense, mêlée à une douleur sourde en réalisant tout ce que leurs parents avaient accompli et à quel point ils étaient admirés. Mais il garda ces émotions pour lui, préférant partager un sourire rassurant avec Esther. Ils avaient un héritage puissant à honorer, et bien qu'ils se sentent petits face à l'immensité de cette tâche, Martin sut qu'ils étaient prêts à relever le défi.

Puis, Martin sortit un papier plié de sa poche. « Ah, et regarde ce que l'intendant m'a donné, » dit-il en dépliant la feuille. « C'est notre emploi du temps. Apparemment, on va avoir des cours de maîtrise des pouvoirs. Super... j'espère juste que je ne vais pas faire exploser quelque chose. »

Il marqua une pause pour observer la réaction d'Esther avant de continuer avec un sourire malicieux : « Ensuite, on a un cours sur comment reconnaître un Krashmal. Bon, ça, je pense qu'on est déjà pas mal au point. » Il fit une grimace en imitant un Krashmal, ce qui fit rire Esther.

« Et pour finir, un cours sur les noms des Karmadors. Sérieusement ? Comme si on avait besoin d'un cours pour ça. Mais bon, au moins, on aura le même prof pour tous ces cours. Un certain... Caoutchouc. J'espère qu'il est aussi flexible que son nom ! »

Martin éclata de rire, et cette fois, Esther ne put s'empêcher de le suivre. Malgré l'inquiétude qui planait au-dessus d'eux, l'humour de Martin parvenait toujours à alléger l'atmosphère. Ils savaient que leur nouvelle vie à l'Académie des Karmadors ne serait pas de tout repos, mais ils étaient prêts à affronter les défis ensemble, avec le même esprit taquin qui les avait toujours unis.


 La matinée avançait à grands pas dans l'Académie des Karmadors. Martin, encore mal à l'aise avec ses pouvoirs, était plongé dans une série d'exercices dans la salle d'entraînement. Les éclairs autour de lui crépitaient de façon chaotique, déclenchant des rafales de vent qui renversaient des objets tout autour. Chaque mouvement qu'il faisait semblait empirer la situation, et l'anxiété se lisait sur son visage.

Alors qu'il luttait pour maîtriser ses pouvoirs, une porte s'ouvrit en grand, attirant tous les regards. Un groupe d'élèves entra, échangeant des regards amusés en voyant le désordre causé par Martin.

Martin, sentant les regards moqueurs posés sur lui, essaya de reprendre le contrôle, mais un puissant souffle de vent qu'il avait involontairement généré envoya voler des objets dans tous les sens. L'un des élèves murmura quelque chose à l'oreille d'un autre, et ils éclatèrent de rire.

 À cet instant, une silhouette apparut au bord du terrain d'entraînement. C'était une jeune fille à l'allure résolue, vêtu d'une tenue légère et pratique. Elle se précipita vers Martin, son regard alliant compassion et détermination. Sans hésitation, elle tendit la main à Martin pour l'aider à se relever.

« Hé, ça va ? » demanda-t-elle, un sourire amical sur les lèvres. « Je m'appelle Anne Marie. »

Martin, encore essoufflé, lui serra la main avec gratitude. « Merci, je suis Martin. C'est la première fois que je tente de maîtriser ces pouvoirs, et disons que ce n'est pas encore parfait. »

Anne Marie rit doucement. « Tu t'en sors plutôt bien, surtout pour quelqu'un qui débute. » Elle se pencha un peu plus près, l'air intrigué. « Qu'est-ce qui te pousse à te lancer dans cet entraînement intensif ? »

Martin haussa les épaules, un peu gêné. « J'ai toujours été confronté à des défis. Je veux juste prouver que je peux y arriver, même si j'ai encore beaucoup à apprendre. »

Anne Marie l'observa attentivement. « Je comprends. Je suis arrivée ici pour un but similaire. Mais parlons plutôt des choses intéressantes : as-tu déjà entendu parler des professeurs de l'Académie ? »

Martin secoua la tête, curieux. « Non, pas encore. »

Anne Marie sourit, l'air mystérieux. « Caoutchouc et Dr Grosse Tête sont deux noms à retenir. Caoutchouc est un professeur de défense redoutable, tandis que Dr Grosse Tête est un expert en stratégie et en gestion des pouvoirs. »

Avant que Martin puisse répondre, un changement d'atmosphère se fit sentir dans la salle. Un vent glacé sembla s'engouffrer brusquement, provoquant des frissons chez tous ceux qui étaient présents. Les visages se tournèrent vers l'entrée, où une silhouette imposante apparut. La lumière vacilla autour de lui, accentuant la froideur de son apparence.

La silhouette, vêtue de vêtements en cuir sombre qui semblaient absorber la lumière, fit son entrée avec une aisance presque malfaisante. Ses yeux, perçants et intransigeants, scrutèrent la salle avec une intensité qui ne laissait place à aucun doute. La tension monta immédiatement, l'air devenu plus lourd.

Anne Marie, le regard admiratif mais aussi légèrement inquiet, murmura à Martin : « C'est Huang. C'est un Karmador très respecté ici, mais il peut sembler intimidant. »

Huang avança d'un pas, son regard se fixant sur Martin. « Alors, tu es le fameux Cyclone, n'est-ce pas ? » lança-t-il avec une froideur presque palpable.

Martin se redressa, serrant les poings. « C'est moi. Tu sembles avoir une opinion très arrêtée sur moi. »

Huang le toisa avec un sourire en coin. « On dirait que je vais devoir te juger sur le terrain. » Il fit un geste grandiose, comme pour accentuer sa présence. « Peut-être qu'un défi serait la meilleure manière de voir ce que tu vaux réellement. »

Anne Marie se tourna vers Martin, l'air légèrement préoccupé. « Ne te laisse pas intimider. Huang est un excellent combattant et son surnom est Fulgure. Il a une réputation de redoutable adversaire. Mais je suis certaine que tu pourras lui prouver de quoi tu es capable. »

Martin regarda Huang avec détermination. « D'accord, je suis prêt à relever le défi. »

Anne Marie posa une main réconfortante sur l'épaule de Martin. « Ne t'inquiète pas, je serai là pour te soutenir. Et puis, il y a encore beaucoup à découvrir ici. »

Martin hocha la tête, son regard se durcissant. « Merci, Anne Marie. Je vais tout donner. »

Huang, restant en retrait, observa la scène avec une expression qui ne laissait transparaître aucune émotion. La confrontation entre Martin et Huang était sur le point de commencer, et l'atmosphère était chargée d'une tension palpable.

Alors que Martin se préparait à répondre au défi lancé par Huang, le son des cloches retentit dans l'Académie, marquant la fin des cours. Les élèves se rassemblèrent lentement, murmurant des conversations tout en se dirigeant vers leurs prochaines activités. Huang, avec un sourire froid, fit un léger geste de la main, comme s'il indiquait que la partie était remise à plus tard.

« On se retrouvera pour ce défi, Cyclone », déclara Huang avant de se tourner et de quitter la salle, laissant derrière lui une aura glaciale.

Martin, encore déterminé, hocha la tête. « Très bien. Je t'attendrai. »



Pendant ce temps, Esther s'apprêtait à quitter la salle des cours, satisfaite des leçons du premier jour. Le cours avait été riche en enseignements captivants sur les pouvoirs des Karmadors et les mystères des Krashmals. Alors qu'elle se dirigeait vers la sortie, elle croisa Sollonella au loin, qui l'attendait patiemment près des grandes portes ornées de symboles mystiques.

Sollonella, avec son regard perçant, observa Esther approcher. « Que veux-tu à présent ? » demanda la Sage, sa voix empreinte de curiosité.

Esther, les yeux brillants d'enthousiasme, répondit sans hésiter : « Je veux grandir, je veux changer. Je veux découvrir le monde et que le monde me connaisse. Et surtout, retrouver ceux qui ont causé tant de mal. »

Sollonella l'écouta attentivement, un léger sourire aux lèvres. « Des mots passionnés et une volonté très forte. Je vois de l'ambition et du dynamisme en toi. Certes, tu m'impressionnes déjà. Toutefois, ce que tu désires... vient d'un profond désir de comprendre. Devenir Karmador, ça se mérite, y compris recevoir de grands pouvoirs. Durant vos aventures à toi et ton frère, je vous accompagnerai. Cependant, je n'agirai en aucune façon en votre faveur. Je serai seulement spectatrice. Ce que j'attends de vous, c'est que vous réussissiez. »

Esther, touchée par les paroles de Sollonella, sentit un nouvel élan de motivation. « Merci, Sollonella. Je comprends. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour réussir et honorer l'héritage de mes parents. »

Sollonella hocha la tête avec approbation. « Très bien. Vous aurez de nombreuses occasions de prouver votre valeur ici. Maintenant, viens ! J'ai quelque chose à te montrer. »

Esther, les yeux écarquillés, observa les deux gigantesques portes derrière lesquelles s'ouvrirent doucement à son approche, révélant une salle immense, si vaste qu'elle semblait s'étendre à l'infini. Des milliers d'objets précieux et de statues étaient disposés avec soin, tandis que des colonnes finement ouvragées, couvertes de runes, retraçaient l'histoire du monde des Karmadors. Les candélabres projetaient des ombres vacillantes, donnant l'impression que les lieux étaient habités par des âmes errantes. Au centre de la salle, une bassine d'eau pure dispensait une lueur bleutée, dont les reflets cérulés dansaient sur le visage émerveillé d'Esther.

L'apprentie Karmador, fascinée, regarda Sollonella avec une nouvelle lueur d'admiration dans les yeux. « Qui êtes-vous vraiment, Sollonella ? » demanda-t-elle, sentant qu'il y avait beaucoup plus à découvrir sur cette femme mystérieuse.

Sollonella resta silencieuse pendant un moment, ses yeux fixés sur un point invisible dans la salle. Puis, d'une voix calme mais teintée de souvenirs douloureux, elle commença à parler :

« J'étais autrefois membre d'une équipe d'aventuriers, des Karmadors comme toi. Nous avons mené d'innombrables batailles contre les Krashmals. L'une des plus terribles se déroula sur les flancs du Mont Everest. Nous étions en quête d'un artefact puissant. Kasimador, un précieux membre de notre équipe, faisait partie de cette expédition. »

Elle fit une pause, ses yeux se remplissant d'une profonde tristesse avant de reprendre :

« Nous avons été attaqués par une horde de Krashmals redoutables. Les montagnes se sont effondrées sous la violence de leurs assauts. La destruction fut telle que la montagne explosa, emportant la moitié de notre équipe. Je me suis retrouvée seule, plongée dans une obscurité si totale que je pouvais à peine respirer. Tout autour de moi, les roches effondrées formaient un labyrinthe oppressant. Je sentais le poids de la montagne sur mes épaules, chaque respiration devenant un supplice, chaque mouvement une lutte pour la survie. Kasimador, malheureusement, a disparu dans le chaos. »

Elle baissa les yeux, se remémorant les événements marquants. « Alors que je me croyais perdue, une étoile étrange et lumineuse apparut devant moi. Elle n'était pas seulement une lueur dans les ténèbres, elle était une présence, une force venue d'ailleurs. Lorsque cette étoile me toucha, j'ai ressenti un flot d'énergie incommensurable envahir mon être. En un instant, je fus changée. Mon corps, mon esprit, tout ce que j'étais, se transforma. Cette étoile m'a permis de quitter cet enfer sombre, mais elle a également fait de moi ce que je suis aujourd'hui. »

Esther écoutait, captivée par le récit, sentant à quel point cette expérience avait marqué Sollonella. Une question brûlait ses lèvres. « J'ai entendu parler d'un Krashmal appelé Beurk au 48 rue des Pâquerettes. Est-ce que cela a un lien avec ce que vous avez vécu ? »

Sollonella sembla hésiter un instant, puis répondit avec une voix teintée de gravité. « Beurk est devenu Krashmal Suprême grâce à sa cruauté et à sa puissance redoutable. Il est l'une des figures les plus terrifiantes parmi les Krashmals. Mais il existe un autre Krashmal dont les mystères sont encore plus profonds. Viak Guedillux est un maître de la manipulation subtile, connu pour ses inventions et ses clones redoutables. Sa cruauté est moins directe mais tout aussi pernicieuse. »

Elle marqua une pause, les yeux perdus dans le vague. « Viak a disparu au même moment que l'attaque sur le Mont Everest. Il est devenu comme un spectre dans les annales de l'histoire, ses véritables intentions restant obscures. On dit qu'il poursuit des objectifs plus grands et plus mystérieux, mais aucune preuve concrète n'a été trouvée depuis sa disparition. Ses inventions et ses clones restent un sujet d'inquiétude constant pour ceux qui connaissent son passé. »

Esther fronça les sourcils, fascinée par ce personnage mystérieux. « Donc, Beurk est une menace immédiate et brutale, tandis que Viak... est une énigme plus complexe, presque comme une enquête à résoudre ? »

Sollonella acquiesça lentement. « Oui, et il est crucial de comprendre que, bien que Beurk représente une menace immédiate et brute, Viak Guedillux reste une menace plus subtile et complexe. Chacun d'eux a une influence qui grandit chaque jour, et leur impact peut changer le destin du monde entier si nous ne sommes pas vigilants. »

Esther réfléchissait à tout ce qu'elle venait d'entendre, comprenant que le monde des Karmadors était bien plus complexe et dangereux qu'elle ne l'avait imaginé. Elle savait maintenant que Beurk représentait une menace immédiate, mais Viak Guedillux, avec ses mystères et ses intentions obscures, pourrait bien être une énigme cruciale à résoudre pour prévenir de futurs dangers. 

L'air était chargé de mystère et d'attentes, comme si les murs eux-mêmes étaient témoins des conversations cruciales qui s'y déroulaient.

Sollonella, observant Esther avec une intensité nouvelle, brisa le silence. « Esther, tu as déjà montré un potentiel exceptionnel, mais il y a encore quelque chose qui te retient. Un fardeau que tu portes depuis longtemps. »

Esther baissa les yeux, la mention de son passé éveillant des souvenirs douloureux. « Il y a des choses que je n'arrive pas à oublier. Ce jour dans le laboratoire de mon père... J'ai voulu tester quelque chose, prouver que je pouvais être à la hauteur, mais ça s'est retourné contre moi. Depuis, je n'arrive pas à me pardonner. »

Sollonella hocha la tête, une lueur de compréhension dans son regard. « Ce que tu as fait n'était pas de la faiblesse, mais de l'ignorance. Tu as pris des risques pour apprendre, pour grandir. C'est cela qui te rend unique, Esther. Mais tu dois aussi accepter que grandir, c'est apprendre à se pardonner. »

Esther releva la tête, son regard empli de détermination. « Je veux changer les choses, Sollonella. Je ne veux pas seulement devenir une Karmador accomplie, je veux aussi aider à réunir ceux qui se sont éloignés de cette voie. Ceux qui ont abandonné après la bataille du Mont Everest... Je veux les retrouver, les ramener. Je veux leur montrer qu'il y a encore une place pour eux dans ce monde. »

Un léger sourire apparut sur le visage de Sollonella. « C'est une tâche difficile que tu t'imposes là, mais une tâche noble. Il est vrai que plusieurs Karmadors se sont retirés après cette bataille, certains ont choisi de mener une vie normale, loin des conflits. Pourtant, le monde a encore besoin d'eux, tout comme il a besoin de toi. »

Esther prit une profonde inspiration, réfléchissant aux implications de ce qu'elle venait de proposer. « Greg... c'est un bon exemple. Je sais qu'il a l'air d'un adolescent ordinaire, mais j'ai toujours senti qu'il y avait quelque chose de spécial en lui. Quelque chose qui pourrait faire la différence. Si je pouvais le convaincre, et d'autres comme lui, peut-être que nous pourrions faire renaître la force des Karmadors. »

Sollonella fixa Esther de son regard perçant. « Greg est effectivement particulier. J'ai surveillé son développement, et je ressens en lui un potentiel immense. Mais ce n'est pas à moi de le guider. Cela doit venir de toi. Ce que tu proposes, Esther, n'est pas seulement une mission, c'est ton destin. C'est une voie qui te mènera bien au-delà de ce que tu imagines. »

Esther, galvanisée par les paroles de Sollonella, sentit une résolution nouvelle se former en elle. « Alors, je le ferai. Je rassemblerai les Karmadors. Je les retrouverai, les convaincrai de reprendre leur place. Nous sommes peut-être dispersés, mais ensemble, nous sommes invincibles. »

Sollonella s'avança d'un pas, posant une main légère sur l'épaule d'Esther. « Souviens-toi, Esther, que chaque Karmador a son propre chemin à parcourir, et tous ne voudront peut-être pas revenir. Mais si tu suis ton cœur, si tu crois en ta mission, alors tu seras capable d'accomplir ce que beaucoup croient impossible. Le monde des Karmadors a besoin d'une nouvelle lumière, et cette lumière, c'est toi. »

Les mots de Sollonella résonnèrent profondément en Esther, allumant en elle une flamme qu'elle savait ne jamais pouvoir éteindre. « Je n'échouerai pas, » murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour Sollonella.

La Sage acquiesça doucement, ses yeux brillants d'une fierté contenue. « Tu ne seras pas seule, Esther. Tu as ton frère, et d'autres alliés viendront. Mais n'oublie pas, le chemin sera parsemé d'obstacles, et parfois, même les plus courageux ont besoin d'un moment pour se reposer et réfléchir. »

Esther hocha la tête, absorbant chaque mot. « Je comprends. Et je suis prête. »

Sollonella recula légèrement, laissant ses paroles s'imprégner dans l'esprit d'Esther. « Bien. Alors, que ta quête commence. N'oublie jamais que tu es la fille de tes parents, et que leur force coule en toi. Utilise-la bien, et que les étoiles te guident. »

Esther, sentant le poids et l'honneur de sa mission, se retourna vers les grandes portes, prête à affronter le monde avec une nouvelle détermination. Alors qu'elle sortait de la salle, les mots de Sollonella résonnèrent encore une fois dans son esprit, renforçant sa résolution à chaque pas.




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