Kaboum : Le réveil des Karmadors

Chapitre 7 : Alliance incertaines

5203 mots, Catégorie: B

Dernière mise à jour 07/09/2024 18:08

Quelques mois s'étaient écoulés depuis l'attaque de Jean-François, laissant la famille Bordeleau dans un état de constante vigilance. Leur père était toujours dans le coma, et la vie, bien que semblant reprendre son cours, était marquée par une tension latente. Esther, qui avait mis de côté ses rêves, avait trouvé une nouvelle vocation en devenant espionne Karmadore, utilisant ses compétences pour mener des enquêtes discrètes.

Pendant cette période, elle avait été témoin de nombreux dangers : des transactions louches dans des ruelles sombres, des échappées de justesse à des rixes violentes, et des infiltrations dans des réseaux clandestins où régnait la loi du silence. Chaque nuit, elle écoutait les rapports de police, les bulletins d'information et les messages codés à la radio, à la recherche d'indices sur les activités criminelles qui pourraient la mener à Jean-François.

Fernand, observant les changements chez Esther, ne pouvait cacher son inquiétude. Il n'était pas habitué à voir la jeune femme aussi dure et déterminée, si différente de celle qu'elle avait été avant. La voir rentrer tard la nuit, parfois blessée ou épuisée, le laissait constamment sur le qui-vive. "Esther, fais attention à toi," lui disait-il souvent, la voix chargée de préoccupation.

Un après-midi, alors qu'Esther rentrait d'une de ses missions, elle trouva Fernand parlant avec un jeune garçon à l'épicerie Bordeleau. Le garçon, vêtu de vêtements simples et portant des écouteurs autour du cou, semblait à l'aise malgré la tension palpable.

"Esther, viens ici," appela Fernand en la voyant entrer. "Je voudrais te présenter quelqu'un."

Esther s'approcha, curieuse mais sur ses gardes. "Voici Greg Charbonneau. Il cherche un emploi et s'est arrêté ici en espérant trouver du travail."

Greg, un sourire sarcastique sur le visage, tendit la main. "Enchanté, mademoiselle Bordeleau. J'ai entendu dire que vous aviez besoin d'aide."

Esther serra sa main, notant immédiatement son attitude décontractée et son regard vif. "Enchantée, Greg. Vous êtes nouveau en ville ?"

Greg haussa les épaules. "Je traîne un peu partout. J'aime bien écouter de la musique et observer les gens. On peut en apprendre beaucoup juste en restant attentif."

Fernand, cherchant à rassurer Esther, ajouta : "Greg s'est proposé de nous aider ici. Je pense qu'il pourrait être un atout précieux."

Esther, malgré les assurances de Fernand, demeurait méfiante. Son esprit en alerte constante voyait des menaces potentielles partout. "Très bien," dit-elle enfin. "Nous verrons ça."

Les jours suivants, Esther et Greg eurent du mal à s'entendre. La méfiance d'Esther ne faisait que grandir à mesure qu'elle observait le comportement détendu de Greg. Elle commença à se demander s'il n'était pas un espion envoyé par les Krashmals ou même par Jean-François lui-même. Elle surveillait chacun de ses mouvements, analysant ses interactions et ses commentaires sarcastiques.

Un soir, alors qu'Esther discutait de ses soupçons avec Fernand, celui-ci la coupa brusquement. "Esther, tu dois arrêter. Greg n'est pas un ennemi. Tu ne peux pas suspecter tout le monde. Il cherche juste un emploi et un peu de stabilité."

Esther se tourna vers Fernand, les yeux brillants de frustration. "Mais tu ne comprends pas, Fernand. Avec tout ce qui s'est passé, je ne peux pas baisser ma garde."

Fernand posa une main rassurante sur l'épaule d'Esther. "Je comprends ton inquiétude, mais Greg est juste un garçon. Donne-lui une chance. Nous avons assez d'ennemis comme ça sans en créer de nouveaux là où il n'y en a pas."

Esther soupira profondément, luttant contre ses instincts protecteurs. "D'accord. Je vais essayer."

Les jours suivants, elle fit un effort conscient pour interagir plus normalement avec Greg, même si elle ne pouvait totalement se débarrasser de ses soupçons. Elle remarqua que, malgré ses airs désinvoltes, Greg était un travailleur acharné et semblait véritablement vouloir aider.

Un après-midi, alors qu'ils étaient seuls à l'épicerie, Greg tenta de briser la glace. "Esther, je sais que tu te méfies de moi. Et je comprends. Avec tout ce qui s'est passé, c'est normal. Mais je veux que tu saches que je ne suis pas là pour causer des problèmes."

Esther le regarda, essayant de lire dans ses yeux. "C'est juste que... je dois protéger ma famille. Et avec tout ce qui se passe, je ne peux pas me permettre de faire confiance facilement."

Greg hocha la tête, comprenant la position d'Esther. "Je comprends. Et je respecte ça. Je veux juste aider, si tu me le permets."

Esther resta silencieuse un moment, pesant ses options. "Très bien. Mais sache que je te surveillerai de près."

Greg sourit, un sourire sincère cette fois. "C'est tout ce que je demande."

Les jours suivants, Esther commença lentement à baisser sa garde. Greg, avec sa personnalité unique et son attitude décontractée, apportait une bouffée d'air frais à l'épicerie. Malgré ses soupçons initiaux, Esther se rendit compte que Greg n'était peut-être pas l'ennemi qu'elle avait imaginé. Il était simplement un jeune homme cherchant à trouver sa place, tout comme elle.

Un soir, alors qu'elle rangeait ses affaires dans la réserve, Greg s'approcha. "Esther, tu sais, je ne suis pas un espion, ni quoi que ce soit. Je suis juste quelqu'un qui veut aider. Et je pense que toi aussi, tu veux juste protéger ceux que tu aimes."

Esther le regarda, ses yeux adoucis par l'honnêteté de Greg. "Je sais, Greg. Et je te remercie pour ça."

Pour la première fois depuis des mois, Esther sentit un poids se lever de ses épaules. Peut-être que, malgré tout, elle pouvait encore trouver des alliés dans cette lutte.


 Le lendemain matin, Greg se leva tôt et partit explorer la ville avant d'aller à l'épicerie. En arrivant à l'épicerie Bordeleau, quelque chose attira son attention vers l'arrière-boutique, une partie de l'épicerie qu'il n'avait pas encore explorée en détail. Poussé par une curiosité insatiable, il s'aventura discrètement dans cette direction.

Alors qu'il s'approchait de l'arrière-boutique, Greg ressentit une étrange sensation, comme si quelque chose ou quelqu'un l'appelait. Il s'arrêta net lorsqu'une silhouette spectrale apparut devant lui, semblant émerger de nulle part. L'homme portait un habit Karmadore orange et noir et un masque argenté. Greg cligna des yeux, essayant de se concentrer, mais son regard était embrouillé, rendant l'identification difficile.

"Salut, jeune homme," dit l'homme d'une voix résonnante. "Je m'appelle l'Inspecteur. Je pense que tu pourrais m'être utile."

Greg recula légèrement, méfiant. "Et en quoi pourrais-je vous être utile, Inspecteur ?"

L'Inspecteur sourit derrière son masque. "Disons simplement que je connais des choses que peu de gens savent. Et j'ai le sentiment que toi aussi, tu cherches des réponses."

Greg fronça les sourcils. "Quelles réponses ? Vous parlez en énigmes."

"Les réponses que tu cherches depuis ton arrivée ici," répondit l'Inspecteur. "Les secrets enfouis dans cette ville, dans cette épicerie même. Je sais que tu es curieux, que tu cherches à comprendre."

Greg resta silencieux, incertain de ce que l'homme voulait vraiment. Mais une chose était claire : il ne pouvait pas ignorer cette rencontre. L'Inspecteur semblait en savoir beaucoup, peut-être même plus que Greg ne l'aurait imaginé.

"Je vais y réfléchir," dit enfin Greg.

L'Inspecteur hocha la tête. "Prends ton temps. Mais souviens-toi, le temps est un luxe que nous avons rarement."

Alors que l'Inspecteur s'évanouissait comme une brume dissipée par le vent, Greg sentit un mélange de curiosité et de méfiance. Cette rencontre allait certainement marquer le début d'une nouvelle aventure, une aventure qui pourrait bien le mener au cœur des mystères entourant l'épicerie Bordeleau et bien au-delà.


Les jours suivants, Greg continua à travailler à l'épicerie, mais l'image de l'Inspecteur ne quittait pas son esprit. Un après-midi, alors qu'Esther et Greg fermaient l'épicerie, Greg s'approcha d'elle, l'air plus sérieux que d'habitude.

"Esther, il y a quelque chose dont je dois te parler."

Esther leva les yeux, intriguée. "Qu'est-ce que c'est, Greg ?"

Greg hésita un instant avant de parler. "Il y a quelques jours, j'ai rencontré un homme... l'Inspecteur. Il m'a dit qu'il pensait que je pouvais lui être utile. Et il y a cette étrange attraction que je ressens dans l'arrière-boutique."

Esther fronça les sourcils, son instinct protecteur se réveillant. "Greg, tu ne devrais pas t'approcher de choses que tu ne comprends pas. Ça pourrait être dangereux."

Greg hocha la tête. "Je sais, mais je ressens un besoin de comprendre. Peut-être que cela pourrait aussi nous aider, toi et moi, à protéger ce qui nous est cher."

Esther soupira, partagée entre son désir de le protéger et la reconnaissance de son propre besoin de réponses. "Très bien, mais fais attention. Et si tu décides de suivre cette piste, fais-le avec prudence. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un autre allié."

Greg fronça les sourcils, son ton devenant plus tranchant. "Esther, tu ne peux pas continuer à tout contrôler. Si nous voulons avancer, il faut parfois prendre des risques."

Esther serra les poings, son visage se durcissant. "Tu ne comprends pas, Greg. Ce n'est pas juste une question de contrôle. C'est une question de survie. Tu n'as pas vu ce que j'ai vu, tu n'as pas vécu ce que j'ai vécu."

Greg ne recula pas. "Peut-être pas, mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas aider. Tu dois arrêter de me traiter comme un ennemi potentiel."

"Et toi, tu dois arrêter de te comporter comme si tu savais tout," répliqua Esther, sa voix tremblante de colère. "Je suis responsable de la sécurité de cette famille, et chaque décision que je prends est pour nous protéger."

Greg soupira, tentant de garder son calme. "Je comprends ça. Mais tu dois aussi comprendre que nous ne pouvons pas rester dans la peur éternellement. Nous devons agir, même si cela implique des risques."

Esther se détendit légèrement, mais son expression restait sombre. "Très bien, mais fais attention. Et souviens-toi, certains secrets doivent rester secrets."


Quelques jours plus tard, alors qu'il fouillait dans de vieux journaux pour ranger l'arrière-boutique, Greg tomba sur un article mentionnant un certain Jean-François et une attaque tragique. L'article décrivait l'attaque qui avait laissé le père d'Esther dans le coma et parlait des dangers associés à cet homme.

Intrigué, Greg décida d'en parler à Esther. Ce soir-là, alors qu'ils étaient seuls à l'épicerie, il aborda le sujet. "Esther, j'ai trouvé quelque chose. Un article sur Jean-François et l'attaque de votre père. Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ?"

Esther se figea, ses yeux s'assombrissant. "Greg, ce n'est pas quelque chose dont je veux parler. C'est... trop douloureux."

Greg sentit la tension monter. "Mais si c'est si important, pourquoi me tenir à l'écart ? Je peux peut-être aider, si je comprends mieux ce qui se passe."

Esther serra les poings, luttant contre ses émotions. "Ce n'est pas une question de comprendre, Greg. C'est une question de sécurité. Tu ne sais pas à quel point c'est dangereux."

"Mais comment puis-je t'aider si tu ne me fais pas confiance ?" insista Greg, frustré. "Tu ne peux pas tout gérer seule, Esther."

Esther explosa, sa voix tremblante de colère et de douleur. "Tu ne comprends rien ! Jean-François... il nous a détruits. Il a plongé notre famille dans le chaos. Et chaque fois que je pense à lui, je revis cette nuit. Tu ne peux pas imaginer ce que c'est."

Greg recula, choqué par l'intensité de sa réaction. "Je suis désolé, je ne voulais pas te blesser. Je voulais juste... aider."

À ce moment, Martin entra dans la pièce, sentant la tension palpable. "Qu'est-ce qui se passe ici ?"

Greg, encore sous le choc, répondit. "J'essayais juste de comprendre ce qui se passe avec Jean-François et comment je pourrais aider. Mais..."

Martin leva une main pour l'interrompre. "Greg, c'est un sujet très délicat pour nous tous. Il faut laisser le temps à Esther."

Esther, les yeux brillants de larmes retenues, tourna brusquement les talons. "Je dois y aller. J'ai entendu des nouvelles à la radio. Quelque chose de potentiellement important."

Elle quitta précipitamment l'épicerie, laissant Greg et Martin dans un silence lourd.

Martin posa une main rassurante sur l'épaule de Greg. "Donne-lui du temps, Greg. Elle a traversé des choses que personne ne devrait jamais vivre. Tu veux aider, c'est noble, mais tu dois être patient."

Greg hocha la tête, réalisant à quel point la situation était complexe. "Je comprends. Merci, Martin."

Pendant ce temps, Esther se préparait pour sa véritable mission. Dans la discrétion de sa chambre, elle écoutait attentivement sa radio modifiée, un appareil qu'elle avait elle-même fabriqué pour capter des fréquences spécifiques. La voix crépitante de l'informateur anonyme résonnait dans la pièce, fournissant des détails cruciaux sur une réunion secrète des Krashmals.

"La réunion est prévue à 22h, à 48 Rue des Pâquerettes. Soyez prudents, les Bizz ne sont pas les bienvenus."

Esther savait que les Krashmals avaient une aversion particulière pour les "Bizz", leur terme méprisant pour désigner les gens ordinaires. Elle devait donc se fondre parfaitement dans leur environnement pour ne pas être découverte.

Elle sortit de son armoire une tenue sombre, conçue pour imiter l'apparence des Krashmals. Le tissu noir absorbait la lumière, et la coupe de la tenue permettait des mouvements rapides et silencieux. Elle ajouta une capuche profonde qui dissimulait la moitié de son visage, ne laissant entrevoir que ses yeux perçants.

Une fois habillée, elle se regarda dans le miroir, s'assurant que rien ne trahissait son identité. Elle était méconnaissable, une ombre parmi les ombres. Avant de partir, elle vérifia les outils qu'elle emportait : une petite lampe torche, un enregistreur portable, et quelques gadgets fournis par Karmadore pour assurer sa sécurité et faciliter son infiltration.

Esther quitta la maison silencieusement, s'engageant dans les ruelles sombres de la ville. La nuit était tombée, enveloppant les rues d'un voile noir. Elle avançait rapidement mais prudemment, son cœur battant à un rythme régulier malgré l'adrénaline qui commençait à monter.


La nuit était tombée depuis plusieurs heures lorsque Esther se retrouva devant la maison au 48 Rue des Pâquerettes. La façade, décrépite et envahie de lierre, donnait une impression sinistre, comme si les murs eux-mêmes renfermaient des secrets obscurs. Les fenêtres étaient barricadées par des volets lourds et les rares lueurs qui filtraient à travers laissaient deviner des silhouettes menaçantes à l'intérieur. Les arbres autour de la maison, aux branches tordues et dénudées, semblaient former une cage naturelle, renforçant le sentiment d'isolement et de danger.

Esther inspira profondément, sentant son cœur battre plus vite alors qu'elle franchissait les limites de ce territoire hostile. Habillée comme une Krashmale, avec des vêtements sombres et un capuchon dissimulant partiellement son visage, elle se fondait dans l'ombre. La transformation était nécessaire pour ne pas attirer l'attention des autres Krashmals qui pourraient la prendre pour une Bizz, une personne ordinaire, et ainsi la dénoncer.

Alors qu'elle avançait prudemment, sa radio, qu'elle avait bricolée pour capter des fréquences spécifiques, émit un faible grésillement. Elle la vérifia rapidement, ajustant les réglages pour minimiser le bruit tout en captant les informations. Elle avait entendu des rumeurs de réunions de Krashmals à cette adresse, et chaque son étrange ou voix murmurée pouvait être une clé pour comprendre leurs plans.

À l'intérieur, la maison était encore plus oppressante. Les murs étaient ornés de symboles inquiétants, et l'air était chargé d'une odeur âcre, mélange de moisissure et de substances chimiques. Chaque pas faisait craquer le vieux parquet, et Esther devait constamment s'arrêter pour écouter les bruits environnants.

Soudain, elle entendit des voix distinctes provenant de la pièce principale. Elle s'approcha discrètement et jeta un coup d'œil à l'intérieur. Un groupe de Krashmals était réuni autour d'une machine étrange, une structure massive et complexe, illuminée par des lampes à huile.

Le professeur Nécrophore, aux cheveux blancs striés de mèches mauves, expliquait le fonctionnement de la machine à clone. Son allure frénétique et son attitude stressée trahissaient son impatience. "Avec cette machine," disait-il, "nous pouvons enfin créer un héritier digne de notre leader suprême."

Kiara Vipéria, vêtue d'habits en peau de serpent noir et orange, s'avança avec assurance. Elle tendit un tube contenant un cheveu soigneusement préservé. "Voici l'ADN de Beurk," déclara-t-elle avec un mélange de fierté et d'anticipation. "Nous avons besoin d'un héritier, et cette machine est notre solution."

Le professeur inséra le cheveu dans la machine, et celle-ci se mit en marche, émettant une série de bips et de cliquetis mécaniques. Esther, cachée dans l'ombre, observait avec une fascination horrifiée. La création d'un être vivant à partir d'un simple échantillon d'ADN était à la fois terrifiante et captivante.

Après quelques minutes, la machine termina son processus, et une capsule s'ouvrit, révélant un jeune homme. Ses cheveux noirs en forme de cornes, son œil bleu hypnotique et l'autre brun, ainsi que ses habits excentriques en peau de serpent, attiraient immédiatement l'attention.

"Il ne ressemble pas à Beurk," murmura un Krashmal, déçu.

"Silence," ordonna Kiara, posant une main protectrice sur l'épaule du jeune homme. "Il est parfait tel qu'il est."

Le professeur Nécrophore, visiblement stressé, s'adressa à Kiara. "Madame Vipéria, si Beurk découvre que son clone ne lui ressemble pas, il pourrait y avoir des conséquences graves."

Kiara hocha la tête. "Nous nous en occuperons en temps voulu. Pour l'instant, sa protection est notre priorité."

Esther savait qu'elle devait partir avant d'être découverte. Elle fit un pas en arrière, mais sa radio émit soudainement un bruit fort, attirant l'attention des Krashmals. "Qu'est-ce que c'était ?" cria l'un d'eux.

Paniquée, Esther se précipita vers la sortie, mais les Krashmals se lancèrent à sa poursuite. Elle se cacha dans une chambre à part, espérant échapper à leur vigilance. Alors qu'elle retenait son souffle, la porte s'ouvrit brusquement et Kiara entra.

 "Souillona ?" demanda Kiara, confondant Esther avec sa servante. "Que fais-tu ici ?"

Esther, tentant de masquer sa panique, adopta une attitude désinvolte. "Je... je vérifiais simplement que tout était en ordre, Madame."

Kiara la regarda d'un air suspicieux, puis hocha la tête. "Très bien. Viens, je veux te présenter à mon fils, Riu."

Esther suivit Kiara, son esprit travaillant frénétiquement pour garder son déguisement intact. En rencontrant Riu, elle réalisa à quel point il était différent des autres Krashmals, mais aussi combien Kiara l'acceptait tel qu'il était.

"Riu," dit Kiara, "voici Souillona. Elle s'occupera de toi."

Riu, bien que perplexe, sourit timidement. "Je suis désenchanté de faire votre connaissance, souillon," dit-il avec une voix chargée de sarcasme.

Esther, essayant de suivre les coutumes des Krashmals, s'avança pour le saluer. Mais avant qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit, Riu prit les devants. Il leva son pied et le piétina violemment, puis cracha directement au visage d'Esther.

Les autres Krashmals éclatèrent de rire tandis qu'Esther essuyait son visage, visiblement choquée. "C'est une façon bien spéciale de saluer," dit-elle avec un sourire crispé.

Kiara, bien que légèrement amusée, intervint rapidement. "Riu, ce n'est pas ainsi que nous saluons, même Souillona mérite un peu plus de respect. Pourquoi as-tu fait cela ?"

Riu hocha la tête, encore agacé. "Je n'aime pas Souillona."

Kiara hocha la tête et regarda Esther d'un air sévère. "Souillona, tu as intérêt prouver ta valeur. Sinon, tu finiras comme notre précédente servante, jetée aux requins."

Dans l'obscurité oppressante de la nuit, Esther se retrouva plongée dans l'univers étouffant des Krashmals, une immersion qui devait durer toute une nuit. Habillée comme l'une des leurs, elle avait réussi à passer inaperçue jusqu'à présent, mais chaque instant passé parmi eux augmentait le risque de se faire découvrir.

Alors qu'elle se concentrait sur les gestes et les rituels des Krashmals, Esther utilisait également son pouvoir télépathique avec précaution. Elle essayait désespérément de contacter Martin ou même Greg, cherchant une connexion qui pourrait lui apporter des réponses ou, mieux encore, une issue à cette impasse dangereuse.

Pendant qu'elle tentait de nettoyer les planchers de la demeure, Riu, le fils de Kiara, semblait déterminé à rendre sa tâche encore plus difficile. À plusieurs reprises, il provoqua des accidents mineurs : renversant un pot d'eau qu'elle venait de remplir, laissant échapper des ustensiles de cuisine qu'elle tentait de ranger. Chaque fois, il observait ses réactions avec un mélange de curiosité et de mépris voilé.

Esther, gardant son calme malgré ces incidents, savait qu'elle devait rester concentrée. Elle n'avait pas le luxe de se laisser distraire par les provocations de Riu ou par les complications imprévues. Chaque geste, chaque mot, était calculé pour ne pas attirer l'attention non désirée.

Pendant une pause rare, alors que Kiara et les autres Krashmals étaient occupés ailleurs, Esther tenta à nouveau d'établir un lien télépathique avec l'extérieur. Elle ferma les yeux, se concentrant intensément, et invoqua l'image de Martin. Elle essaya de se souvenir de leur dernière conversation, des détails de sa voix, de ses expressions. Mais les interférences de l'environnement dense des Krashmals rendaient cette tâche extrêmement difficile.

"Martin," murmura-t-elle mentalement, espérant que ses pensées trouveraient un écho quelque part. "Greg, si vous pouvez m'entendre, aidez-moi..."

Les minutes s'écoulèrent en silence, seulement interrompues par les murmures lointains des Krashmals et le bruit lointain de la maison qui semblait respirer d'une vie sombre et mystérieuse.

Soudain, une voix résonna dans son esprit, mais ce n'était ni celle de Martin ni celle de Greg. C'était une voix inconnue, presque comme un écho lointain, murmurant des mots indistincts qui semblaient flotter dans les recoins sombres de son esprit.

Esther frissonna. Elle n'était pas seule dans ce réseau télépathique. Quelqu'un ou quelque chose d'autre essayait également de communiquer avec elle. C'était à la fois intriguant et effrayant, mais elle savait qu'elle devait rester concentrée sur sa mission.


La nuit était déjà bien avancée lorsque le calme précaire qui régnait parmi les Krashmals fut brusquement rompu par un tumulte inattendu. Esther, absorbée dans ses efforts pour établir une connexion télépathique, n'avait pas remarqué l'agitation croissante à l'extérieur de la pièce où elle se trouvait.

"Souillona !" La voix furieuse de Kiara résonnait à travers la maison, mêlée à des bruits de pas précipités et des murmures alarmés.

La véritable Souillona, revenant d'un voyage prolongé, venait de faire son entrée inattendue. Vêtue de vêtements exotiques et arborant un air de supériorité, elle avançait avec assurance, ignorant les regards perplexes et les exclamations choquées des autres Krashmals.

Consterné, Riu s'approcha de Kiara. "Euh... Mère Vipéria, il y a deux Souillonas maintenant ? Une pour chaque pied ?"

Kiara, les sourcils froncés, se tourna vers la véritable Souillona. "Souillona, que fais-tu là ? Tu n'es pas censée être en train de nettoyer les chambres ?"

La véritable Souillona, visiblement confuse par l'accueil, répondit d'une voix lente et traînante. "Euh... je viens juste d'arriver. Je ne nettoyais rien, moi. Pourquoi est-ce que je devrais nettoyer ?"

Un autre Krashmal se pencha vers son voisin et murmura : "Tu crois que c'est une nouvelle méthode de clonage ?"

Esther, toujours concentrée sur la voix télépathique qui flottait dans son esprit, n'était pas encore consciente de l'orage qui se préparait. La voix mystérieuse continuait de murmurer des mots indistincts, comme des fragments de pensées éparpillées. Elle tentait désespérément de capter un message clair, mais les interférences semblaient s'intensifier.

Kiara, furieuse, se tourna vers les autres Krashmals. "Où est l'autre Souillona ? Pourquoi y a-t-il deux Souillonas ?"

La véritable Souillona cligna des yeux, perplexe. "L'autre Souillona ? C'est moi, Souillona. Il y en a pas d'autre."

Les Krashmals échangèrent des regards confus. "Peut-être que l'autre Souillona est une espionne," suggéra un Krashmal en haussant les épaules.

Esther sursauta en entendant la voix de Kiara si proche. Elle réalisa brusquement qu'elle était en grave danger. Sa couverture était sur le point d'être démasquée, et les conséquences pourraient être désastreuses.

Soudain, une distraction inattendue détourna l'attention des Krashmals. Un bruit sourd retentit depuis l'extérieur de la maison, suivi de cris confus. La famille d'Esther, sans le savoir, venait de créer une diversion opportune.

"Que se passe-t-il ?" s'exclama un Krashmal, se précipitant vers la fenêtre pour voir ce qui causait le tumulte.

Profitant de la confusion, Esther se glissa discrètement hors de la pièce, son cœur battant à tout rompre. Elle devait trouver un moyen de sortir de cette maison avant que sa véritable identité ne soit découverte.

La voix télépathique se fit plus claire dans son esprit, comme si la distraction avait levé une partie des interférences. "Esther, c'est Greg. Nous sommes ici, dehors. Tiens bon, nous allons te sortir de là."

Esther se fraya un chemin à travers les couloirs sombres, évitant habilement les Krashmals paniqués. Elle devait rejoindre Greg et Martin, profiter de la diversion pour s'échapper.

Alors qu'elle atteignait la porte arrière, Kiara, furieuse et confuse, l'aperçut. "Fausse Souillona !"

Esther, sans se retourner, fonça vers la sortie, déterminée à ne pas être capturée. À l'extérieur, elle retrouva Greg, qui l'attendait avec impatience.

"Vite, par ici !" murmura-t-il en la tirant vers un passage dissimulé.

La véritable Souillona, toujours au centre du chaos à l'intérieur, se retrouva entourée de Krashmals désorientés et en colère. La confusion régnait, chacun essayant de comprendre ce qui s'était passé.

Kiara, exaspérée, pointa un doigt accusateur vers la véritable Souillona. "Si tu es ici, alors qui était l'autre Souillona ?"

Un Krashmal maladroit s'avança, se grattant la tête. "Peut-être qu'elle a juste appris à se cloner elle-même pour éviter le travail."

Les autres Krashmals éclatèrent de rire, mais Kiara, les sourcils froncés, n'était pas amusée. "Assez ! Souillona, tu as une semaine pour prouver ta valeur. Sinon, tu finiras comme notre précédente servante, jetée aux requins."

La véritable Souillona, visiblement choquée, balbutia une réponse incohérente tandis que les Krashmals la regardaient avec une curiosité mêlée de cruauté.

Esther, Greg et Martin s'éloignèrent rapidement, laissant derrière eux la maison sombre et inquiétante du 48 Rue des Pâquerettes. Ils savaient que leur évasion n'était que le début d'une nouvelle série de défis, mais pour l'instant, ils étaient libres, prêts à affronter ce qui viendrait ensuite.


Esther, Greg et Martin quittèrent précipitamment la maison des Krashmals, leurs cœurs battant la chamade. Ils traversèrent les ruelles sombres et défavorisées, l'adrénaline les poussant à courir plus vite. Les bâtiments délabrés semblaient se resserrer autour d'eux, ajoutant une couche de claustrophobie à leur fuite désespérée.

Leurs pas résonnaient contre le pavé irrégulier, se fondant dans les bruits lointains de la ville endormie. Ils se glissèrent dans une ruelle particulièrement sombre, espérant y trouver un moment de répit. Le souffle court, ils s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle, leurs regards se croisant avec une compréhension tacite de la gravité de leur situation.

"Nous devons rester cachés pour le moment," murmura Martin, les yeux scrutant l'obscurité environnante.

Esther acquiesça, mais son visage était marqué par la peur et la détermination. "On ne peut pas rester ici longtemps. Ils vont nous chercher."

Soudain, un rire machiavélique retentit, glaçant le sang de tous les trois. Ce rire, cruel et familier, résonnait à travers les ruelles étroites, enveloppant le trio dans une atmosphère d'angoisse. Martin et Esther se figèrent, leurs visages pâlissant instantanément.

"Jean Francois..." murmura Esther, la terreur perçant dans sa voix.

Greg, bien qu'ignorant tout du passé sombre qui liait ses compagnons à cet homme, ressentit la même panique. "Il est ici ?!" demanda-t-il, la voix tremblante.

Martin, le visage tordu par l'angoisse, répondit d'une voix à peine audible. "Nous avons déjà eu affaire à lui, et il n'a rien d'humain."

Le rire s'amplifia, se faisant plus proche. "Mes chers amis," la voix de Jean Alexandre résonna dans la nuit, suave et cruelle. "Vous pensiez vraiment pouvoir m'échapper ?"

Les ombres semblaient se mouvoir autour d'eux, créant une atmosphère oppressante. Esther tenta de rester calme, cherchant désespérément une solution. "Il faut partir, maintenant !"

Ils se remirent en marche, tentant de fuir l'ombre qui les poursuivait. Mais Jean Francois ne comptait pas les laisser partir si facilement. Son rire résonnait toujours, sinistre et oppressant.

"Je vois que vous avez trouvé un nouvel ami," continua la voix, moqueuse. "Mais cela ne changera rien. Vous ne pourrez jamais m'échapper."

Greg, bien qu'inexpérimenté, se sentit déterminé à protéger ses amis. "Nous trouverons un moyen. Nous devons être plus malins que lui."

Esther, malgré sa peur, savait qu'ils devaient agir vite. "Nous devons trouver un endroit sûr, quelque part où nous pourrons nous cacher et réfléchir à un plan."

Alors qu'ils avançaient dans la ruelle sombre, une sensation étrange s'empara de Greg. Il sentit une présence invisible, comme si quelqu'un ou quelque chose essayait de l'attaquer. "Vous avez senti ça ?" demanda-t-il, sa voix trahissant son inquiétude.

Esther et Martin échangèrent un regard alarmé, comprenant que la menace de Jean Francois était plus proche qu'ils ne le pensaient. Ils savaient qu'ils devaient rester unis et vigilants pour espérer échapper à ce cauchemar.

"Ne perdez pas espoir," murmura Esther, serrant la main de Greg pour le rassurer. "Nous avons déjà survécu à lui une fois. Nous le ferons encore."

Le rire cruel du traite continuait de résonner dans leurs esprits, marquant le début d'une nouvelle épreuve terrifiante pour le trio.


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