Kaboum : Le réveil des Karmadors

Chapitre 6 : Révélation

3578 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 07/09/2024 18:06

Esther et Martin échangèrent un regard chargé de détermination renouvelée. Ils savaient que la bataille n'était pas encore gagnée. Ils devaient traverser l'incertitude et le danger pour rejoindre leur père, leur dernier espoir dans cette lutte contre les forces obscures qui menaçaient leur famille et leur monde.

Ils se précipitèrent à l'étage supérieur, montant les marches quatre par quatre. Arrivés devant la porte de l'appartement de leur père, Esther fit glisser la clé dans la serrure avec une main tremblante. La porte s'ouvrit dans un grincement lugubre, révélant une scène chaotique.

Leur père gisait au sol, pâle et immobile, une marque sur le visage et semblant blessé à l'abdomen. Esther s'agenouilla à ses côtés, les yeux remplis de larmes, tandis que Martin scrutait l'environnement, cherchant des indices sur ce qui avait pu arriver.

C'est alors qu'il remarqua Jean-François, l'ami de longue date de leur père, se tenant non loin de là. Ses traits étaient figés dans une expression sinistre, un gant étrange à une main et tenant un pistolet à l'autre.

"Jean-François ! Qu'as-tu fait ?" demanda Martin, la colère et l'inquiétude perçant dans sa voix.

Jean-François leva lentement les mains, un sourire déplaisant étirant ses lèvres. "Je ne voulais pas en arriver là, mais votre père ne voulait pas écouter raison. Il a découvert trop de choses, il devenait un danger pour nous tous."

Esther releva la tête, fixant Jean-François avec méfiance et détermination. "Tu nous trahis, Jean-François. Tu trahis tout ce en quoi notre père croyait."

Jean-François secoua la tête lentement. "C'est trop tard pour faire marche arrière maintenant. Je ne peux pas vous laisser interférer."

À ces mots, il pointa le pistolet dans leur direction. Esther et Martin échangèrent un regard rapide, leur esprit s'embrasant de plans pour protéger leur père et faire face à cet ennemi inattendu.

Le temps semblait s'être arrêté dans l'appartement plongé dans l'ombre. Les Bordelau regardaient leur père inconscient, impuissants face à Jean-François qui tenait l'arme dangereuse, prête à être déclenchée à tout moment. Le bruit lointain des sirènes de police commençait à se rapprocher, mais chaque seconde qui passait semblait une éternité.

Jean-François fixait Esther d'un regard empli de rancune et de défi. "Tu vois, Esther, c'est à cause de toi que nous en sommes là. Si seulement tu avais su pardonner et t'excuser, tout cela aurait pu être évité."

Les mots résonnaient comme un coup de poignard dans le cœur d'Esther, mêlant rage et culpabilité. Elle se mordit la lèvre, sentant une bouffée de colère monter en elle. "C'est toi qui as choisi cette voie, Jean-François. Tu as choisi de trahir notre confiance et de nous tourner le dos,"

Jean-François éclata d'un rire machiavélique, glaçant l'atmosphère déjà chargée de tension. "Oh Esther, tu es si naïve. C'est cela qui te perdra." Il leva l'arme, pointant maintenant directement vers eux.

Martin se redressa, prêt à protéger sa famille à tout prix. "Arrête ça, Jean-François ! Tu ne sortiras pas d'ici indemne."

À cet instant, les sirènes retentirent à l'extérieur, se rapprochant rapidement. Jean-François jeta un dernier regard rempli de mépris aux Bordelau avant de reculer vers la fenêtre, enveloppé soudain dans un nuage de fumée sombre. Son rire cruel résonna une dernière fois dans la pièce, avant qu'il ne disparaisse comme une ombre dans la nuit.

Esther se précipita vers son père, les larmes coulant sur ses joues. "Papa, nous allons te sortir de là, je te le promets."

Martin rejoignit sa sœur, soutenant leur père blessé. Ensemble, ils entendirent les bruits de pas lourds et les voix des secours qui envahissaient l'appartement. Dans le chaos et la peur, une seule certitude persistait : ils étaient maintenant seuls contre une menace qui avait infiltré leur vie, mais leur détermination à protéger leur famille n'avait jamais été aussi forte.


Les lumières fluorescentes de l'hôpital étaient crues et impitoyables. Esther et Martin attendaient dans le couloir, leurs visages marqués par l'angoisse et la fatigue. Leur père venait d'être emmené en chirurgie d'urgence, et ils étaient maintenant plongés dans une attente insupportable.

Esther faisait les cent pas, incapable de rester immobile. Martin, assis sur une chaise en plastique, fixait le sol, ses pensées tourbillonnant autour des événements récents. La scène de leur appartement hantait encore leurs esprits, les mots de Jean-François résonnant comme une menace perpétuelle.

"Qu'est-ce que nous allons faire, Esther ?" demanda Martin, brisant enfin le silence. "Jean-François... c'est un traître.

Esther s'arrêta net, se tournant vers son frère avec une détermination farouche. "Nous devons le stopper avant qu'il ne fasse encore plus de mal."

À ce moment-là, les portes de la salle d'opération s'ouvrirent, et un médecin en blouse blanche s'approcha d'eux. " Il se passe quoi avec notre père !'' S'exclama avec appréhension Esther, la voix tremblant.

Le médecin resta cependant immobile, son visage sombre et grave. " Je dois vous informer que votre père a perdu beaucoup de sang, mais nous avons réussis a retirer la balle. Toutefois, ces autres blessures mystérieuses sont si profondes, qu'il est tombé dans un coma. Nous ne savons pas combien de temps cela durera, mais il est dans un état critique."

Les mots du médecin tombèrent comme une sentence. Esther sentit ses jambes se dérober sous elle et s'appuya contre le mur pour ne pas tomber. Martin, les yeux écarquillés, semblait figé par le choc, son visage se tordant de douleur et de tristesse.

"Un coma ?" répéta Martin, sa voix brisée par l'incrédulité. Esther prit la main de son frère, serrant fort pour lui donner du courage. "Nous devons être forts, Martin. Pour papa."

Le silence pesant de l'hôpital fut soudainement brisé par des bruits de pas précipités. Fernand apparut au bout du couloir, le visage déformé par l'angoisse. Il courut vers les enfants Bordeleau, la panique dans ses yeux.

"Esther, Martin ! Qu'est-ce qui s'est passé, tourtière ? Comment va votre père ?" demanda-t-il, la voix tremblante.

Esther, les larmes aux yeux, raconta brièvement les événements, la trahison de Jean-François, l'attaque, et maintenant l'état critique de leur père. Fernand écouta, le visage pâle et les mains tremblantes.

"C'est... c'est horrible," murmura-t-il. "Je n'aurais jamais cru que Jean-François serait capable de quelque chose de pareil. Câline !"

"Nous non plus," répondit Martin, la voix étouffée par les sanglots. "Fernand, nous avons besoin de ton aide."

Fernand hocha la tête, ses traits marqués par la détermination. "Vous pouvez compter sur moi. Votre père ne se bat pas seul."

Les trois se tinrent là, unis dans leur douleur et leur détermination, prêts à affronter les défis à venir. 


Esther et Martin attendaient dans la salle d'attente de l'hôpital, le cœur lourd et l'esprit troublé. Fernand était assis à côté d'eux, essayant de réconforter les enfants Bordeleau malgré l'inquiétude visible sur son visage. La douleur de voir leur père dans un état critique, plongé dans le coma, les submergeait.

Quelques heures plus tard, un inspecteur entra dans la salle d'attente, accompagné de deux policiers. Son regard sérieux parcourut la pièce avant de se fixer sur les Bordeleau. Il s'approcha, une expression de fausse sympathie sur le visage.

"Bonsoir. Je suis l'inspecteur Lemoine. Nous devons vous poser quelques questions au sujet de l'incident qui a eu lieu chez vous ce soir," dit-il en sortant un carnet de notes.

Esther et Martin échangèrent un regard, ressentant une montée de tension. Fernand, les bras croisés, se redressa légèrement sur sa chaise.

"Nous savons déjà ce qui s'est passé," dit Martin, la voix tremblante mais résolue. "Jean-François, un ami de notre père, l'a attaqué. C'est tout ce que nous savons."

Lemoine prit des notes, hochant lentement la tête. À la mention de Jean-François, son regard s'éclaira légèrement, comme s'il se souvenait de quelque chose d'important. "Jean-François, dites-vous ?" demanda-t-il, la voix plus grave.

Esther sentit une bouffée de colère monter en elle. "Notre père n'a jamais rien fait de mal. Il a été trahi par quelqu'un en qui il avait confiance."

Lemoine leva un sourcil sceptique. "Vous avez mentionné quelque chose à propos des 'Karmadors' et des 'Krashmals' à l'hôpital. Pouvez-vous nous en dire plus ?"

À ces mots, Fernand roula les yeux, visiblement exaspéré. "Oh non, pas encore ces histoires. Les Karmadors et les Krashmals... ce sont des fanatiques, des gens obsédés par des légendes ridicules."

Les policiers derrière Lemoine échangèrent des regards amusés, ajoutant à l'ambiance de moquerie. La tension dans la salle augmenta d'un cran.

Esther serra les poings, les yeux remplis de rage et de frustration. "Vous ne comprenez pas. Nous ne savons pas tout, mais nous savons que notre père est en danger à cause de ces gens. Vous devriez nous aider au lieu de vous moquer de nous."

Martin, les larmes aux yeux, murmura : "Nous avons besoin de votre aide. Notre père pourrait mourir à cause de ces gens. Pourquoi ne nous croyez-vous pas ?"

Lemoine fixa Martin avec une expression indifférente. "Nous enquêterons sur toutes les pistes. Mais je vous conseille de rester réalistes et de nous fournir des informations tangibles."

Fernand se leva, fixant Lemoine avec détermination. "Les Bordeleau méritent mieux que ça. Vous devez les écouter et prendre leurs paroles au sérieux. Ce ne sont pas des histoires pour eux, c'est leur réalité."

Lemoine haussa les épaules, visiblement agacé. "Nous faisons de notre mieux. Sinon, je vous conseille de coopérer et de nous laisser faire notre travail."

Le silence tomba lourdement dans la salle d'attente. Esther, Martin et Fernand se sentaient acculés, mais ils savaient qu'ils devaient rester forts et continuer à chercher la vérité, peu importe les obstacles. Les noms de Jean-François, des Karmadors et des Krashmals résonnaient encore dans l'air, un rappel constant de la complexité et du danger de la situation à laquelle ils faisaient face.

Lemoine s'arrêta brusquement de prendre des notes et regarda fixement Esther et Martin. "Jean-François, dites-vous ?" demanda-t-il, le ton plus grave.

"Oui, Jean-François," répéta Martin, confus par le changement soudain d'attitude de l'inspecteur.

Lemoine poussa un profond soupir et rangea son carnet. "Il semble que vous ne soyez pas au courant de tout. Jean-François n'est pas simplement un ami de votre père. C'est un ancien criminel, impliqué dans plusieurs affaires louches par le passé."

Esther et Martin échangèrent un regard choqué. "Quoi ? Vous plaisantez ?" s'exclama Esther, la colère et la surprise se mêlant dans sa voix.

"Non, je ne plaisante pas," répondit Lemoine, son ton sérieux contrastant avec l'ironie précédente. "Votre père était peut-être en danger depuis bien plus longtemps que vous ne le pensez."

À ces mots, les policiers derrière Lemoine cessèrent de sourire. L'ambiance changea radicalement, devenant lourde de tension et de révélations choquantes.

"Et que faisiez-vous pendant tout ce temps ?" lança Fernand, visiblement irrité. "Pourquoi n'avez-vous rien fait pour protéger leur père si vous saviez que Jean-François était dangereux ?"

Lemoine évita le regard de Fernand. "Nous avons nos protocoles et nos enquêtes en cours. Mais maintenant que nous savons que Jean-François est impliqué, nous allons intensifier nos recherches."

Esther, toujours sous le choc, murmura : "Et ces histoires de Karmadors et de Krashmals... vous ne pouvez pas simplement les ignorer. Ils sont peut-être liés à tout cela."

Les policiers échangèrent de nouveau des regards amusés, mais Lemoine garda son sérieux. "Ces noms ne signifient rien pour nous. 

Fernand, exaspéré, roula les yeux. "Tourtière !

Le silence tomba lourdement dans la salle d'attente. Esther, Martin et Fernand se sentaient acculés, mais ils savaient qu'ils devaient rester forts et continuer à chercher la vérité, peu importe les obstacles. Les noms de Jean-François, des Karmadors et des Krashmals résonnaient encore dans l'air, un rappel constant de la complexité et du danger de la situation à laquelle ils faisaient face.

Lemoine soupira, observant les enfants Bordeleau avec un regard plus compatissant. "Nous allons faire de notre mieux pour résoudre cette affaire et protéger votre famille. Je vous le promets."

Esther hocha lentement la tête, serrant la main de Martin. "Merci, inspecteur. Nous voulons juste que notre père soit en sécurité."

Les policiers quittèrent la salle, laissant les Bordeleau et Fernand seuls avec leurs pensées, mais une lueur d'espoir commençait à poindre malgré les ténèbres qui les entouraient.



Esther et Martin restaient dans la salle d'attente de l'hôpital, leurs pensées hantées par les dernières révélations. Fernand les surveillait, son visage marqué par la tension et l'inquiétude. Quelques heures passèrent, puis l'inspecteur Lemoine revint seul, son expression plus grave que jamais.

Il s'approcha d'Esther et lui fit signe de le suivre. "J'aimerais vous parler en privé, si vous le permettez," dit-il doucement.

Esther hésita, jetant un coup d'œil à Martin et Fernand, puis acquiesça. Elle se leva et suivit Lemoine dans un coin plus calme de l'hôpital. Une fois à l'écart, l'inspecteur prit une profonde inspiration avant de parler.

"Je veux être honnête avec vous, mademoiselle Bordeleau," commença-t-il. "Il y a des choses que vous devez savoir sur Jean-François."

Esther sentit son cœur s'accélérer, la peur et la curiosité se mêlant en elle. "Qu'est-ce que vous voulez dire ?"

Lemoine hocha lentement la tête, comme pour rassembler ses pensées. "Jean-François n'est pas seulement un ancien criminel. Il était autrefois membre de notre force de police. Mais il a été renvoyé pour divers causes. Après avoir été viré, il a sombré dans des activités bien plus sombres et dangereuses."

Esther fronça les sourcils. "Pourquoi ne l'avez-vous pas arrêté ?"

Lemoine soupira profondément, luttant visiblement avec ses propres émotions. "Nous avons essayé, mais Jean-François est devenu extrêmement prudent et très dangereux. Il a des contacts dans des milieux que nous ne pouvons pas facilement infiltrer. C'est un homme sans scrupules, prêt à tout pour arriver à ses fins."

Esther sentit un frisson parcourir son dos. "Alors, pourquoi ne faites-vous pas plus pour nous aider ? 

Lemoine baissa les yeux, honteux. "Je comprends votre frustration, mais la réalité est que nos mains sont souvent liées par des contraintes bureaucratiques et des ressources limitées. Jean-François est une menace sérieuse, et nous devons avancer avec prudence. Si nous intervenons de manière précipitée, cela pourrait aggraver la situation."

Esther serra les poings, luttant contre les larmes de frustration. "Alors, que devons-nous faire ? Attendre que quelque chose de pire n'arrive ?"

Lemoine leva un regard triste vers elle. "Je suis désolé, mademoiselle Bordeleau. Je ferai tout ce que je peux dans le cadre de mes fonctions, mais je ne peux pas vous promettre plus. Jean-François est une menace non seulement pour votre famille, mais aussi pour quiconque tente de l'affronter directement."

Esther hocha la tête, sentant la colère et l'impuissance bouillir en elle. "Merci pour votre honnêteté, inspecteur. Mais sachez que nous ne resterons pas les bras croisés. Nous trouverons un moyen de protéger notre père."

Lemoine la regarda avec une expression de respect mêlée de tristesse, alors que cette retourna auprès de Martin et Fernand, la détermination brûlant dans ses yeux. 

"Je ne peux pas rester les bras croisés," déclara-t-elle, sa voix empreinte de résolution. "Je vais trouver un moyen d'arrêter Jean-François, quoi qu'il en coûte."

Fernand secoua la tête, inquiet. "Esther, tu ne peux pas affronter un homme comme Jean-François seule. Il est dangereux."

Martin, posant une main réconfortante sur l'épaule d'Esther, ajouta : "L'inspecteur Lemoine nous a avertis à juste titre. Nous devrions peut-être écouter ses conseils."

Mais Esther secoua la tête avec détermination. "Nous avons vu ce que ça donne quand on attend. Papa est là, dans le coma, à cause de lui. Si nous attendons plus longtemps, qui sait ce qui pourrait encore arriver ?"

Fernand soupira, comprenant la détermination farouche de sa nièce. "Esther, Jean-François n'est pas quelqu'un à sous-estimer."

Esther regarda Fernand droit dans les yeux. "Je ne le sous-estime pas. Je sais que c'est dangereux. Mais je ne peux pas rester sans rien faire pendant que notre famille est en danger. Nous devons agir maintenant."

Fernand réfléchit un moment, puis soupira de nouveau. "Très bien, mais promets-moi de faire attention. Ne prends pas de risques inconsidérés."

Esther acquiesça solennellement. "Je promets."

Martin se leva, se joignant à eux dans leur résolution. "Nous sommes avec toi, Esther. Ensemble, nous trouverons un moyen de faire en sorte que justice soit faite."

Ils se serrèrent tous les trois dans une étreinte silencieuse, conscients des défis qui les attendaient mais déterminés à affronter l'adversité ensemble.

Pendant ce temps, Lemoine observait discrètement depuis le bout du couloir, son visage marqué par une expression mêlée d'inquiétude et de respect. Il savait que malgré ses mises en garde, Esther était déterminée à suivre son propre chemin. Il ne pouvait qu'espérer qu'elle resterait prudente et qu'elle réussirait là où les forces de l'ordre avaient échoué jusqu'à présent.


De retour chez elle, Esther se coucha sur son lit, son esprit empli de détermination et de tristesse contenue. Les larmes qu'elle avait retenues toute la journée avaient finalement trouvé leur chemin, témoignant de la douleur qui la déchirait intérieurement. À travers la fenêtre, la lueur du crépuscule baignait sa chambre d'une ambiance dorée, mais pour Esther, tout semblait plongé dans l'obscurité.

Elle repensa à la journée passée au studio de danse, où chaque pas, chaque mouvement, lui rappelait douloureusement la vie qu'elle devait momentanément abandonner. Chaque enchaînement était un adieu silencieux à la grâce et à l'art qui avaient été sa raison de vivre. Elle se revoyait dans le miroir, son reflet trahissant la lutte intérieure qui la consumait.

Assise sur son lit, elle caressa délicatement ses chaussons de danse, symboles d'une passion qu'elle devait sacrifier pour une cause plus grande. Les sons lointains de musique résonnaient encore dans sa tête, comme un écho des jours heureux où la danse était sa libération, son refuge.

Une vague de tristesse l'envahit alors qu'elle prenait conscience que ce n'était pas simplement une pause dans sa carrière de ballerine, mais bien un adieu. Un adieu à tout ce qu'elle avait aimé et chéri depuis son enfance, un adieu à ses rêves de briller sur scène, un adieu à cette part d'elle-même qui s'exprimait à travers chaque arabesque et chaque plié.

Les émotions la submergèrent, et elle se laissa aller aux larmes, laissant le chagrin se déverser comme un torrent. Chaque sanglot était une prière silencieuse pour son père, pour sa famille, pour tous ceux qui avaient été touchés par les ténèbres de Jean-François. Elle savait que ce sacrifice était nécessaire, que la vérité et la justice exigeaient un prix élevé.

À travers les sanglots, une détermination renouvelée émergea. Esther savait qu'elle devait se concentrer sur la tâche qui l'attendait, sur la lutte à mener contre l'homme qui avait plongé sa famille dans le chaos. Mais même dans ce moment de douleur et de renoncement, une étincelle d'espoir brûlait encore dans son cœur meurtri.

Elle essuya ses larmes d'un geste décidé, se promettant silencieusement qu'un jour, elle retrouverait la danse. Que cet adieu ne serait pas définitif, mais simplement un chapitre de plus dans son histoire. Elle savait que la route serait longue et parsemée d'embûches, mais elle était prête à affronter l'obscurité avec la même grâce et la même force qui avaient fait d'elle une ballerine.

Dans la pénombre de sa chambre, Esther fit son adieu silencieux à ses chaussons de danse, à ses rêves de scène étoilée, à tout ce qu'elle avait été avant que le destin ne la pousse sur un chemin plus sombre. Mais au fond d'elle-même, elle savait qu'elle retrouverait un jour la lumière, que cette pause dans sa carrière de ballerine ne serait qu'un intermède dans une vie encore à écrire.

Et alors que la nuit tombait doucement à l'extérieur, Esther se coucha avec une résolution nouvelle, une promesse muette de revenir un jour sur scène, plus forte, plus déterminée, prête à faire justice sous le nom d'Esther Bordeleau, laissant derrière elle le pseudonyme d'Eureka


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