Retrieve Bass
Chapitre 2 : deux guignols de plus
3041 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a environ 1 mois
— Alors, tu as pu réfléchir à ma proposition ?
Le lendemain matin, je suis cueilli par mon professeur principal, avant le début de ma première heure de cours. Je baille un instant.
— Je n'ai pas changé d'avis. C'est toujours non.
— Ta sœur a tenté de te convaincre au moins ?
— Ça n'a pas marché.
Les élèves remplissent la salle alors que Gojo me retient toujours dans le couloir. Je n'ai même pas cours avec lui, mais il a quand même fait le déplacement pour venir me voir. Il a vraiment du temps a perdre.
— Megumi, mon petit, j'ai l'impression que penses que tu as le choix.
— Alors expulsez moi. Je trouverai un nouvel établissement.
Il me présente une expression qui veut vaguement dire "quel ingrat !" ou quelque chose du genre.
Je fais mine de vouloir entrer dans ma classe, mais Gojo fait un pas de plus pour me bloquer l'accès. De nous deux, j'ai encore du mal à croire qu'il est l'adulte.
— Quoi ? grince-t-il entre ses dents. Comment tu peux accepter cette situation ? J'ai du mal à te comprendre.
— Moi, c'est votre réaction que je ne saisis pas. Vous êtes mon prof, pas mon père. Qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?
— Ça me concerne aussi. Ça fait deux ans que je suis ton prof principal j'ai appris à te connaître. Je t'ai toujours défendu lors des conseils de classe et j'en passe. Sur ce coup, j'ai besoin que tu y mettes du tiens.
— Je dois aller en cours.
— Ça c'est le comble !
Gojo jette un coup d'œil à l'intérieur de classe avant de clamer à tous les élèves présent :
— Votre prof d'anglais est absent aujourd'hui ! Oui, je sais j'aurai aimé être prévenu plus tôt aussi, dit-il dès que les premières plaintes s'élèvent. L'info vient de tomber ce matin. Alors pour ceux qui veulent continuer leur sommeil, aller en permanence ou au CDI mais en silence !
La masse fait le chemin inverse, et très vide, la classe est de nouveau vide.
— Yuji, Nobara, attendez un instant vous deux.
Le prof enroule ses bras autour des épaules des deux élèves en question, tout en présentant un sourire qui ferait fuir n'importe qui :
— Ces deux étudiants ici présents, mon cher Megumi, vont être tes élèves à partir d'aujourd'hui.
J'ai du loupé un chapitre. Depuis quand je suis supposé donner des cours à ces deux là ? L'administration est aussi désespérée que ça pour ne pas trouver de candidature adéquate ?
— Vous partez monsieur Gojo ? s'interroge Yuji. C'est lui votre nouveau remplaçant ?
— Mais non imbécile, corrige la dénommée Nobara. Attendez un peu, dit-elle tout en se dégageant de Gojo, pourquoi ce serait à Megumi de jouer au prof ? Il a notre âge, je suis casie sûr qu'il n'est pas qualifié.
— Excellente observation mademoiselle Kugisaki ! Megumi, une remarque à faire ?
— Je refuse d'être leur prof. Quelqu'un m'explique à quoi rime toute cette histoire ?
Gojo se détache des élèves pour placer son poing sous son menton. Il prend un instant pour me servir la meilleure version possible :
— Le proviseur Yaga te propose t'intégrer le club de musique dont fait partie Nobara et Yuji.
— Ça, je sais.
— La seconde partie du deal est que, si tu acceptes de t'inscrire dans ce club, tu deviendrais leur prof de musique. Imagines-toi, tu serais... un être tout puissant doté d'une autorité indiscutable. Avoue, maintenant ça te branche un peu plus ?
Comment cet homme s'est retrouvé à devenir enseignant ? A l'entendre parler, pas pour les bonnes raisons en tout cas.
— Désolée, mais dans ce cas ça sera sans moi, objecte Nobara en remettant son sac à main sur son épaule. Yuji, tu devrais en faire de même. Il est hors de question qu'on accepte un type qui se voit obligé d'être notre prof. C'est pas réglo et ça donne pas très envie de continuer non plus.
C'est la première fois que je rencontre Nobara. Je n'avais jamais remarqué qu'elle était dans ma classe. Elle a de la jugeote et une bonne éloquence. Mais c'est son caractère qui pose problème. Je suis certaine qu'elle est une de ses personnes qui retourne leur veste au moindre problème. Elle n'a pas l'air fiable.
— Elle a raison. Je suis mal placé pour donner des leçons de musique - j'y connais rien. Ce serait une mauvaise idée de me donner ce rôle. Le club risque d'en pâtir.
Mais pour le moment, elle va dans mon sens. J'imagine que ça m'arrange.
— Yuji ? apostrophe la rousse sur le qui vive. Tu me suis ?
Yuji fourre ses mains dans les poches de son sweat-shirt qui dissimule une carrure assez musclée. Je l'ai déjà vu sur le terrain de sport quand je venais pour les séances d'athlétisme, même si je ne restais jamais toute l'heure. Il arrivait à accomplir des performances dignes d'un sportif de haut-niveau. Il avait les meilleurs notes dans ce domaine. La prof était raide dingue de lui. Contrairement à moi.
Je me demande ce qui l'a conduit à s'inscrire à un club de musique. Sa place se trouve sur une piste pas sur scène.
— Je m'en fous. Que Megumi devienne notre prof ou n'importe qui d'autre, ça m'importe peu. On peut pas dire qu'on puisse faire la fine bouche. Notre club est à deux doigt de se dissoudre.
— Oui et cette dissolution arrivera plus vite si ce dépressif devient notre prof !
— Doucement Nobara, réprimande monsieur Gojo, Megumi est toujours assez sensible concernant-
— Ça va. Je vais bien.
— Attends, reprend Yuji en me pointant du doigt, tu es Megumi Fushiguro ?
Je hoche la tête et les yeux de Yuji s'arrondissent.
— En même temps, il n'y a qu'un seul Megumi dans tout le lycée, remarque la rouquine qui s'impatiente. C'est le mec qui a fait a fait de l'absentéisme en début d'année et qui embrouille toutes les petites frappes pendant les pauses. Pas le modèle qu'on se ferait d'un potentiel prof.
— Oh je vois. Megumi Fushiguro. L'ex de Jena. Ça me dit quelque chose.
— L'ex de qui ?!
— Parfait, entonne Gojo en tapant dans ses mains. Vous êtes curieux à propos de Megumi ? Que dites-vous de faire connaissance avant de décider si oui ou non, il fera partit de votre club ? Un peu comme dans une bonne démocratie ?
— C'est quoi le rapport entre la démocratie et le club de musique ?
— Bref - demande a ton prof d'histoire - de cette manière, vous découvrirez un peu plus les uns des autres et, qui sais, votre opinion pourrait évoluer. Je suis certain que Megumi arrivera à ouvrir son cœur pour que vous l'acceptiez parmi vous...
— Non pas moyen, je lâche.
— Je ne pense pas non plus, embraie Nobara.
— L'ex de Jena, j'y crois pas, réitère Yuji toujours dans ses pensées. J'ai pas mal entendu parlé de toi tu sais, m'explique-t-il alors que je n'ai rien demandé. Tu es ce mec frustré qui fait la misère aux élèves, ça me revient. Apparemment, c'est parce que n'a pas encore digéré ta rupture que tu joues le mec balèze pour réconforter ton ego. C'est assez marrant.
Cette fois-ci, pour une raison toute trouvée, je place Yuji dans ma liste des choses dont j'éprouve de l'aversion.
— Marrant ? je répète ébété. Qu'est-ce qui te fait rire au juste ?
Ce n'est pas un secret que j'ai été en couple avec Jena. C'était un peu plus embêtant quand les gens ont appris pour notre rupture.
Disons que j'ai "mal géré" cette situation. J'étais devenu un connard fini, haïssant les couples heureux, et les films romantiques - et ça m'allait très bien. Alors, oui, je reconnais que j'étais - je suis toujours -, un cas désespéré, un vieux mec qui écoute Mr Brightside en posant ma tête contre la vitre d'un bus, un jour de pluie... Je ne le nie pas. Cependant, c'est bien la première fois qu'on décrit ma rupture et ce que je suis devenu comme étant quelque chose de marrant. Gênant, ok... mais marrant ?
— Eh Yuji, faudra que tu me racontes ce que tu sais, glousse Nobara en accrochant son bras autour de son cou. J'adore ce genre de potin. Partage un peu ta science.
— Haha, si tu veux. En échange, il faut que tu m'arranges un date avec ta pote.
— Laquelle ? Sois raisonnable. Moi, je ne peux pas faire des miracles.
— Je t'ai posé une question, j'insiste alors que les deux guignols sont déjà en train de planifier leur disponibilité. Je t'ai demandé ce qui te faisait rire ?
— T'es pas mon prof, me fait remarquer Yuji avec légèreté. J'ai aucune raison de te répondre.
Je le dévisage un instant, comme si j'avais le pouvoir de le déstabiliser d'un simple regard.
— Les jeunes, interrompt Gojo, je ne veux pas que cette situation se dégrade alors que je suis ici. Si vous voulez régler vos comptes, attendez que je sois partit.
Mais soyons réaliste, Yuji se fout ouvertement de ma gueule, sous mon nez, et je ne trouve rien d'intelligent à lui rétorquer. A moins que...
— Monsieur Gojo, vous avez raison, je concède finalement Je pense qu'on a tout à gagner à apprendre à se connaître. Je suis partant pour faire connaissance avec eux. Mais rien de plus.
— Toi, tu as quelque chose derrière la tête. Mais bon, je prends ça comme une bonne nouvelle ! Nobara, Yuji ? Vous êtes de la partie ?
— En y réfléchissant bien..., commence la première en rectifiant et sa coupe de cheveux. Si c'est Megumi qui propose, je pense qu'on peut annuler notre deal Yuji. Je compte pas passer à côté d'informations croustillantes directement de la bouche de l'intéressé.
Là voilà qui change d'avis d'un claquement de doigt. Je le savais.
— Yuji, toi qui ne voyais pas t'inconvénient au départ, rappelle Gojo en faisant danser ses doigts, dis-moi que tu es toujours de cet avis.
Pour toute réponse, il gratte l'arrière de son oreille en faisant tenir un suspens inutile. Son visage se fend d'un sourire satisfait quand il conclut :
— Ça me va.
♭
Je n'ai pas raison particulière pour rester au lycée aujourd'hui. Surtout que ma bonne volonté de me pointer en cours ce matin n'a servit a rien. Il n'y avait pas l'heure anglais, pas plus qu'histoire après.
Je traîne en ville, plus habitué à entendre le bruit des voitures et du ronronnement des moteurs, que le brouhaha d'élèves amassés dans une salle de permanence. L'odeur des pots d'échappement et bien plus agréable que l'odeur d'une classe après deux heures de maths.
J'arrive devant une boutique familière, paumée au cœur d'une zone commerciale. Sans vraiment de plan précis, je décide d'y rentrer. Toutefois, je n'ai pas le temps de dépasser la caisse, que je suis arrêté par une voix derrière le comptoir :
— Megumi, c'est bien toi ? Quelle bonne surprise ! Je m'attendais pas à te revoir.
Bienvenue à Retrieve Bass. Le sanctuaire de la musique pas chère. Vente du plus petit médiator jusqu'à la contre-basse, en passant par des vinyles rares ou des disques bon marché. J'y travaillais l'été dernier.
— Je peux t'aider ? s'enquit le gérant, jovial comme à son habitude. Qu'est-ce qui t'amènes ?
— J'avais du temps libre. Je ne fais que passer rien de plus.
— Et ton cœur t'a poussé à venir jusqu'ici. Si c'est pas beau...
— On va dire ça, j'opine sobrement.
— Oh, j'ai un truc qui pourrait te plaire. Regarde un peu notre nouvel arrivage... Enfin, si ça t'intéresse toujours. Depuis le temps...Je veux dire, ça fait quoi ? 5 mois que je ne t'ai pas vu ? Tout va bien ? Le moral est bon ? Le lycée ? Tu es en quelle classe déjà..? M'enfin - comment se déroule les cours ?
Ce qui vous donnait le mal au crâne en fin de journée, ce n'était pas d'entendre le 30e test d'une guitare amplifiée, mais bien le patron et son débit de parole. Il s'entendrait bien avec Gojo.
— Oui tout va bien. Merci.
— En tout cas, ça me fait plaisir de te revoir. Tu étais féroce en vente ! Difficile de te surpasser. Si l'envie te reprend de bosser de nouveau, sache qu'il y aura toujours une place disponible. J'y pense, que deviens cette fille ? Jessica ? Jessie ? ...Jena ! c'est bien ça ? Ravissante cette demoiselle. Vous étiez un duo inséparable.
— Elle va bien aussi.
Il opine doucement et me regarde avec bienveillance. Il doit bien sentir que je ne suis pas enclin à m'épancher davantage :
— Oh, je suis trop vieux pour m'intéresser aux histoires d'ado. Oublie ça. D'ailleurs... Kinji ! Devine qui vient nous rendre une petite visite ! s'écrit-t-il. C'est le petit Megumi !
Bien plus loin, je reconnais la silhouette de mon ancien collègue. Kinji Hikari, le déscolarisé le plus célèbre du coin.
Il a appris à rouler en moto depuis ses dix ans tout comme il a apprit à manier la batterie, en autodidacte, aussi bien que je pouvais jouer de la guitare. Pas étonnant, il a une poigne aussi robuste que celle d'un bûcheron expérimenté. Je me souviens qu'il avait déjà écrasé une pastèque à main nue, pour un vulgaire défi. Il avait empoché 50 euros.
— Va le voir, me conseille-t-il en se penchant sur le comptoir. Il va te montrer les dernière nouveautés si tu es curieux. Vous devez avoir plein de chose à vous raconter...
Moi, j'ai toujours apprécié Kinji. Mais pour une raison que j'ignore, ça n'a pas l'air d'être vraiment réciproque. C'est un euphémisme je précise.
— Salut, je lance après avoir traversé tout la boutique pour retrouver celui qui a été mon collègue pendant les vacances. Alors, tu as quelque chose qui pourrait m'intéresser ?
— Je parle pas aux tête d'oursins, déclare-t-il tout en organisant une pile de CD.
— Eum ok.
Peut être car je suis "frêle et gringalet" - comme il me l'a fait remarquer quand j'ai refusé d'écraser à mon tour cette pastèque - qu'il ne m'a jamais vraiment prit au sérieux. En même temps, nous avons bien 4 ans d'écart, lui étant plus âgé que moi.
Mais la remarque sur ma coupe de cheveux, c'est nouveau.
Il dispose une dizaine d'entre eux dans le compartiment promotion, avant de renchérir :
— Je plaisante. T'es vraiment toujours aussi coincé... Mate moi ça.
Derrière lui, il désigne une guitare électrique mise en exposition - que je n'avais pas loupé en arrivant jusqu'à lui. Que dis-je, que je n'avais pas loupé dès que j'ai passé la porte du magasin.
— T'en penses quoi ?
— Tu veux mon avis ?
Il essuie une couche transparente d'un CD avec toute la minutie que lui permet ses doigts de camionneur. Finalement, après l'avoir remit parmi les autres, il ouvre les bras en prenant un air impatient.
— C'est toi le pro, déclare-t-il comme seule justification.
Je brosse mes lèvres avec mon index tout en scrutant l'objet devant moi.
— J'avais reçu une Yamaha pour un de mes anniv, je raconte avec une certaine nostalgie. Enfin, c'est plutôt moi qui me la suis offerte en bossant après les cours. J'étais déjà aux anges d'avoir une guitare avec toutes ses cordes. Mais là, si tu me montre ça...c'est Noël avant l'heure.
— Bref.
— Bref, tu me parles d'une Fender Stratocaster, j'articule sans cacher mon excitation. Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre que de baver dessus ? Une américaine en plus. J'imagine même pas le prix.
Je dois avoir une idée de la fourchette, mais ce serait bien trop grossier de l'énoncer.
— Le vieux à pété son crâne, s'indigne Kinji en s'adossant sur un compartiment. Je l'ai prévenu que personne ne l'achèteraiy. Enfin, personne qui vit dans ce trou. Elle est hors de prix pour les pecno du coin.
— Elle va trouver acheteur, ne t'en fais pas. Elle attire l'œil. Qu'on soit fan de guitare ou pas, elle reste...remarquable.
— Si tu le dis. Continue de baver dessus, ça c'est gratuit...Tiens, regarde un peu.
Il me désigne un des CD qu'il a mit de côté, issu de la section promotion. Je fronce des sourcils en lisant le titre.
— Pearl Jam ? J'ai toujours cru que tu étais plus un fan de Nirvana. Tu comptes le prendre ?
— Oui. T'en penses quoi ?
— ...Tu sais que je préfère Smashing Pumkins.
Il secoue la tête tout jetant Yield sur sa pile.
— Tu n'as pas changé, remarque-t-il et impossible de discerner si c'est affectueux ou moqueur. Toujours aussi...toi.
Nda : Je ne connais pas du tout la platforme de fanfiction.fr.... J'ai publié le premier chapitre de RB et je vois que j'ai déjà quelques vues...que c'est gratifiant ! Sur wattpad et ao3 ont est dans une sorte de nébuleuse. Les histoires existent dans une faille spacio temporelle, donc faut pas compter sur les statistiques pour se motiver à écrire..! C'est un réel plaisir de publier mais il faut bien un an pour obtenir les premiers signe de visibilité - et encore (du moins me concernant lol) ! Ca n'enlève rien au plaisir d'écrire et de continuer à se faire kiffer ! Néanmoins, ici, je vous invite donc à interagir avec l'histoire - si les chapitres vous plaise évidemment - petit commentaire, un like, une pensée (?) - ce que vous voulez ! Très contente d'être ici, hâte de vous poster la suite ! xoxo