JoJo's Bizarre Adventures : Mood For a Day

Chapitre 2 : Haru Vinegar

3260 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/02/2024 23:53













Chapitre 2


Haru Vinegar










Le jeune garçon et cette même personne qui l’accompagne – Son amie ? Sa moitié ? On ne sait toujours pas. – se promènent alors de nuit dans cette belle ville qu’est Aurore. Ils arrivent alors face à une église, le jeune garçon la fixe douloureusement, puis tout deux s’assoient sur un banc, face à la façade droite de cette église. Le compagnon de promenade lui caresse la tête, avec une expression mêlant inquiétude et tristesse tout en lui susurrant quelques mots.


- Je le sais bien, mais je préfère m’obliger à faire face à mes actes, c’est pourquoi je nous ai emmenés ici, devant l’église.


- Non, je n’appellerais pas ça du courage… Plutôt une démonstration de ma volonté à vouloir enfin accepter le passé… J’essaye de me convaincre qu’il faut que je tourne la page, bien trop de temps s’est passé depuis. Il faut bien que j’aille de l’avant, et que j’assume.


- Bon, si tu veux, mais tu connais mon avis… Alors on va reprendre à là où je nous avais laissés hier soir.


Après avoir pris une grande inspiration et avoir longuement expiré le tout, il débute enfin :


- Donc… Ah oui, c’est vrai. Le marchand m’avait soulevé par le bras droit puis Père avait intervenu : il lui a collé un sacré uppercut dans le menton, ce qui avait eu pour effet d’évanouir directement cet homme.


- Non, pas à ma connaissance. Mais il est possible qu’il ait fait au moins une fois des arts martiaux effectivement, mais je doute qu’il ait fait de la boxe. Du judo peut-être ? Il m’avait appris une prise ou deux à l’époque, mais j’ai oublié depuis, haha…


- Tu rigoles vraiment à cause de ça ? Bien évidemment que ça m’arrive d’oublier des choses, j’ai des failles moi aussi, je suis humain apr- Enfin, oui, je suis ‘humain’ après tout. Alors… Après que l’homme se soit évanoui, Père m’avait rattrapé avant que je ne chute avec ce marchand puis il s’était assuré que j’allais bien. Il me posait des questions, mais je ne savais y répondre, ne parlant pas italien, mais je suis sûr qu’il me demandait si j’allais bien, si je n’étais pas blessé, et où se trouvaient mes parents. La seule chose dont j’ai su comprendre, puisqu’il l’avait demandé en anglais, c’est le fait qu’il ait demandé mon nom, ce à quoi je lui avait répondu ‘Haru’, évidemment et lui, ‘Doppio’. Suite à ça, voyant que je ne répondais pas et que j’étais très affaibli par ces deux jours passés, il m’avait proposé d’aller sur son dos. Là encore, j’obéissais bien sagement. Donc j’ai grimpé sur son dos et il m’avait emmené dans un restaurant assez luxueux : le restaurant Trussardi, tenu à cette époque par Aurora Trussardi, une sacrée femme d’ailleurs. Gentille, forte – elle tenait tête à des voyous assez fréquemment – et très bonne cuisinière. Non, ce serait l’insulter, c’était une excellente cuisinière, peut-être même la meilleure dans ce monde.


- Oui, t’as tout compris. C’est ce jour-là que j’ai pu goûter pour la première fois de ma vie une pizza calzone, préparée par Aurora elle-même. Un pur délice, rien que d’y penser me donne faim. Je me souviens avoir pleuré de joie pour la première fois de ma vie, c’était comme… Une libération d’un énorme poids. J’avais trouvé mon havre de paix juste en mangeant de la pizza, j’exagère à peine, vraiment.


- Je ne rigole vraiment pas. Bien dommage qu’il ne soit pas là pour te répliquer les plats d’Aurora, tu verrais, tu me prendrais tout de suite au sérieux.


- Oui j’insiste. Il le faut bien, je rends justice à ces plats divins que sont les plats d’Aurora. Je le cite, ‘Aurora c’est ma déesse je pense’.


- Vraiment, il l’a déjà dit une fois. Je me souviens, c’était pendant l’arrivée de l’armée en ville, nous étions revenus dans le passé pour s’entraîner… Que de souvenirs… Mais je divague, j’en parlerai une autre fois sûrement. Donc je parlais de ma première fois au restaurant Trussardi… Suite à cette plus qu’agréable pause déjeuner, Père m’avait emmené chez lui, dans une modeste maison en banlieue de Rome. Cette maison était entourée d’arbres, et la cour était accueillante avec ses roses toutes d’une couleur différente. Un homme nous avait ouvert la porte, une sorte de majordome en somme, il s’appelait William Huston, et comme tu t’en doutes il était britannique et non italien. Père discutait alors avec lui alors qu’il me portait toujours sur son dos, puis je me souviens que Mr. Huston m’avait déclaré avec un grand sourire, en anglais évidemment ‘Bienvenue chez vous, jeune maître’. J’étais assez confus sur le moment, puis Père m’avait posé au sol et avait sûrement demandé à Mr. Huston de s’occuper de moi pendant son absence. Il m’avait donc emmené dans le salon de la maison, la décoration était simple, sobre, mais j’étais fasciné de voir un aussi grand endroit, aucune pièce de mon domicile au Japon n’était aussi grand. Il m’avait alors servi un thé au lait, il me semble que c’était de l’Earl Grey, du thé noir bien entendu. Il me posait alors des questions en anglais de façon à ce que je comprenne, bien que j’avais un peu de mal, je suis japonais après tout, nous n’apprenons pas énormément cette langue, du moins, on l’apprend plutôt mal. Mais je comprenais l’essentiel, et puis mes parents m’obligeaient à m’améliorer en anglais à l’époque. Il me demandait où étaient mes parents, ce à quoi je répondais que je ne savais pas, alors que si je le savait, ils étaient rentrés au Japon. Il me demandait si je voulais rentrer chez moi, ce à quoi je lui avait répondu que j’y suis déjà, chez moi. Il s’était mis à rire doucement puis m’avait caressé la tête en disant ‘C’est bien, c’est bien’. Et après ça il a commencé à m’enseigner l’italien, je ne m’y étais pas opposé, je voulais comprendre ce qui se disait autour de moi après tout. C’était agréable. Aucune pression. Aucun jugement. Il m’enseignait d’une façon si simple et posée, tous les enseignants devraient être comme lui. Je ne voyais pas le temps passer, et j’apprenais vite, trop vite. Ou bien le temps était ralenti ? Puisqu’au bout de quelques heures j’avais acquis les bases de l’italien, j’avais le même niveau qu’un enfant de mon âge, même peut-être le niveau d’un enfant de 12 ans. Peut-être qu’il possédait un stand ? Je ne le sais pas, même aujourd’hui. Dans les faits, ça ne m’étonnerait pas, Père devait bien avoir besoin d’un homme capable de défendre sa maison.


- Non, je n’ai pas pu le revoir après avoir acquis le mien, la maison était vide et l’est restée depuis. Je ne comprends toujours pas d’ailleurs… Pourquoi avoir complètement coupé les ponts ? C’est comme si… Me forcer à développer un stand faisait partie de leur plan dès le départ… J’ai… L’impression d’avoir vécu de faux moments joyeux…


- J’aimerais aussi me dire que je me trompe, mais les faits sont là, j’ai été abandonné, encore… C’est pourquoi j’ai peur que lui aussi meurt à son tour… Puisqu’il est mort, lui. Alors tout peut arriver, il suffit de répéter le même scénario et je pense… Que je serais au fond du trou, même avec toi et eux à mes côtés. Il m’a fait revivre, après que Père m’ait en quelques sortes abandonné… Mais j’en parlerai une autre fois de lui, je préfèrerai me concentrer sur mes années avec Père pour le moment. Donc… Oui, c’est ça. Après avoir bien appris les bases de l’italien, j’avais attendu avec impatience Père, pour lui montrer mes progrès et le remercier en bonne et due forme. Quand il était enfin revenu, je m’étais empressé de venir à l’entrée et lui crier mon plus beau ‘Buongiorno’ avec un grand sourire, je me souviens comme si c’était hier… Il m’avait tout d’abord applaudi puis m’avait répondu ‘Buonasera’ tout en m’expliquant que l’on était le soir, puis il s’était mis à rire tout en me caressant la tête comme signe de fierté envers moi. Suite à ça, Mr. Huston était venu, et Père lui avait montré un papier : il était très étonné sur le coup, puis avait demandé à Père s’il était sûr de lui, car ce n’était pas une chose qui se faisait sur un coup de tête. Ce à quoi Père lui avait répondu :


« Si ça te déplaît, je n’en ai que faire. Je changerai les papiers du garçon s’il le faut. »


- Puis il s’était accroupi pour me faire face et m’avait dit d’un grand sourire, sa main droite sur mon épaule gauche :


« Qu’est-ce que t’en dis, Haru Vinegar ? Tu veux bien que je devienne ton nouveau Père ? »


- Eh bien… J’avais… Refusé… C’est pourquoi je n’ai jamais utilisé le nom de Père jusqu’à lors… Enfin il fallait me comprendre, j’avais à la fois espoir que mes parents reviennent me chercher et à la fois je détestais être dans une famille car je pensais que famille rimait avec autorité et travail acharné, que des choses qui gâchaient ma vie en somme.


- Je regrette oui, bien que… Son nom me sied bien aussi, en soi. Mais je considérerai toujours Père comme tel, il le mérite bien après tout. Soit. Après mon refus, Père avait l’air abattu tandis que Mr. Huston riait doucement, avec moi entre-eux, complètement confus, je ne comprenais pas vraiment ce qu’il venait d’arriver. Il m’avait alors demandé de le suivre jusque dans sa chambre, ce que j’ai fait bien entendu, et il m’avait présenté un poignard. Il m’expliquait que je devais travailler un minimum pour profiter de ma nouvelle vie, chose totalement compréhensible. Il avait donc commencé à m’initier au maniement des armes, à commencer par le poignard comme tu peux t’en douter, et qu’est-ce qu’il en fallait du temps d’entraînement ! En plus le corps à corps n’est vraiment pas une chose faite pour moi, c’est tellement dur avec un petit gabarit comme le mien, c’est bien pour ça qu’on avait rapidement changé sur les armes à feu : j’apprenais à viser et tirer, à recharger rapidement et efficacement, à démonter et remonter une arme à feu, à en prendre soin… Bref. J’ai même eu à enregistrer dans ma mémoire des plans d’armes afin que je puisse en recréer à partir d’éléments que je pouvais trouver et qui collaient au modèle, bien entendu. Une vraie galère à apprendre mais bon, il fallait bien ça, et j’apprenais donc tout ça chaque jour… En parallèle, je passais du temps avec Père, sans avoir à étudier ce genre de choses.


- Bien deviné, on avait effectivement visité Rome dans les premiers jours, il me montrait chaque recoin de la ville et me disait de bien enregistrer ça car ça serait important pour mon futur travail. On s’amusait aussi, on allait dans des terrains de jeux, dans des casinos… Enfin dans des endroits ayant pour but de divertir en somme, et il s’occupait de moi comme un père devrait le faire, je suppose, enfin c’était déjà bien mieux que mon géniteur pour sûr. Oh ! Je viens de me souvenir, mais je l’avais rencontré durant ces jours pour la première fois en fait… Il avait l’air d’être un bon ami de Père, mais je n’avais pas fait plus attention que ça à l’époque, d’autant plus que j’avais un peu peur de lui d’une certaine manière, il semblait mépriser beaucoup de monde, mais je pense aujourd’hui que je me trompais, enfin, je le vois mal mépriser quelqu’un, je l’ai jamais vu faire d’ailleurs, bien trop gentil pour le faire.


-Hm… De ce que je me souviens, ils parlaient simplement du travail au sein de la mafia, il se plaignait du comportement de certains, et Père était d’accord avec lui et il promettait de faire quelque chose à ce sujet. Enfin, des choses qui me dépassaient à l’époque. Mais Père parlait aussi beaucoup de moi, il avait l’air fier et content, bien que lui semblait ne pas avoir grand-chose à en faire au vu des réactions, et je comprends, j’aurais sûrement réagi pareil. Assez amusant de se dire ça, après tout ce qui s’est passé par la suite jusqu’à maintenant. Mis à part ça, il n’y avait rien de bien notable, ils avaient une discussion banale après les plaintes. Ils avaient l’air de se connaître depuis quelques années, mais même aujourd’hui je n’en sais pas plus, j’ai peur de demander, et je pense que ça me ferait plus de mal que de bien de savoir, parler de Père est difficile pour moi, même à cet instant… Mais passons. Parlons donc de mes bons moments avec lui, plutôt que de replonger là-dedans. Dans ces premiers jours il m’avait aussi emmené près de la côte, en Sardaigne. Mes parents m’avaient emmené en Sicile d’ailleurs, j’avais oublié d’en parler l’autre jour. Donc ça me faisait une seconde île italienne de visitée… C’était beau à voir, et c’était très plaisant. Il m’avait fait visiter le coin ainsi qu’un endroit où il avait fait une photo avec sa compagne, Donatella Una je crois qu’il avait dit, mais il m’avait rien dit de plus à son sujet, sûrement une rupture difficile, bien qu’à l’époque je ne comprenais rien à rien, je ne connaissais rien à l’amour… Il avait l’air à la fois content d’en parler avec moi et à la fois très mélancolique, il y avait une forme de souffrance dans son regard et dans le ton de sa voix, mais il souriait, et essayait de me faire sourire aussi. Malgré le fait que nous étions à la côte, nous nous étions pas baignés, aucun de nous deux le voulait de toutes manières. Il me montrait en revanche certains endroits où je pourrais me cacher à l’avenir, dans le cadre de missions que j’aurais eu à l’avenir, et ça a bien servi d’ailleurs. Père me gâtait beaucoup aussi, en dehors des entraînements à l’armement, au combat et à l’espionnage. Dès le départ j’étais entraîné pour faire tout sauf du deal. Il voulait sûrement faire de moi un assassin, avec pour talent la filature et la prise d’infos, mais il s’en est rapidement rendu compte que j’avais un talent au combat proche de 0, malgré ma capacité d’apprentissage plutôt rapide. Mon gabarit était bien trop petit, mon corps trop frêle, et il me manquait une chose, genre l’intention, la passion ou que sais-je.


- Oh Mr. Huston lui il m’apprenait encore l’italien bien que moins souvent puisque ma maîtrise de la langue s’améliorait de jours en jours. Mais il m’apprenait d’autres choses à la place, comme par exemple la fausse sincérité, et aussi savoir pleurer sur demande. Il m’apprenait aussi l’éloquence mais je n’ai pas vraiment accroché à cause de ma nature renfermée, je préférais me concentrer sur les cours de fausses émotions plutôt que ça, car je pouvais faire véhiculer des messages sans avoir à parler, je trouvais ça bien pratique, et puis le ‘théâtre’ c’est une chose que j’ai appris à apprécier je pense. Mais bon, aujourd’hui je ne le fais plus, j’essaie d’être le plus sincère possible pour ne plus avoir à regretter mes actes… Autant être honnête de A à Z, de ne rien cacher ou presque. Cacher des choses peut s’avérer mauvais, comme j’ai pu l’expérimenter. Mais je dois avouer que ça ne me déplaisait pas de mentir, je me sentais puissant d’une certaine manière. Je me sentais en sécurité aussi, le mensonge et la manipulation me servaient de bouclier. Je remercie Mr. Huston pour toutes ces leçons, sincèrement. Et je remercie aussi Père pour tout ce qu’il m’a appris et pour m’avoir élevé le temps d’une année du moins. Après cette année, j’ai enfin commencé mes missions et lui il devait souvent s’absenter pour des raisons que j’ignorait à l’époque, mais maintenant je pense savoir, et je m’en mords les doigts… Mes missions consistaient simplement à soit garder un endroit pour qu’un deal se passe sans accrocs, ou bien je devais prendre en filature un membre de la mafia qui ferait des choses allant à l’encontre de ce qui lui était autorisé ou demandé, donc je m’assurais que la mafia allait bien de l’intérieur, et dans les cas de mauvais comportement je les rapportais et une personne s’en chargeait, souvent le capo du secteur.


- Oui je pense m’arrêter ici aussi, puisque je ne vivais plus trop de moments partagés avec Père. Si tu le souhaites, on pourrait aller le voir la prochaine fois que je parlerai de mon passé, ça pourrait être sympa pour nous et pour lui vu que ça fait un moment. Et puis je risque de parler de notre rencontre, elle était arrivée assez tôt dans mes années de missions.


Le jeune garçon se leva alors et tendit la main à son compagnon de promenade qui se leva à son tour. Ils commencèrent alors à partir, en direction de chez eux sûrement, quittant ainsi les abords de l’église. La Lune veillait sur ces deux personnes, et par sa lumière, elle les guida jusqu’à leur destination.

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