JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 96 : The Man who sold The World (Partie 9)
1863 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a environ 2 mois
Le trajet de l’ascenseur parut une éternité. Une chape de plomb comprimait d’autant plus la cage métallique. Shizuka sanglotait, péniblement debout sur sa jambe valide. Le dernier regard de Batya la poursuivait dans leur ascension. Dans le silence de mort, les bruits abrupts du changement d’étage ramenait à la froide réalité chaque tentative de fuite de leurs pensées. Ziggy grattait nerveusement l’étoile qui entourait son œil. Seul Adam restait impassible. Ses yeux finirent par se relever vers son reflet. Ce lâche le regardait avec des yeux teintés de faiblesse et de regret. Il serra les dents.
Shizuka : Adam, arrête ça !
Il n’écoutait plus rien. Le poing d’Adam s’abattit sur le miroir en faisant trembler la totalité de la cage d’acier. Il frappa une demi-douzaine de fois sur le miroir. De plus en plus fort.
À chaque coup, le visage du fautif se multipliait, son regard complice dispersé entre les morceaux de verre brisé. Au troisième impact, un filet rouge se décolla de son reflet en même temps que son poing. Il l’avait enfin blessé. Le sang qui s’écoulait apaisait ses maux. Adam regardait sa main ensanglantée en faisant glisser ses doigts les uns contre les autres. Ses veines suivaient le chemin de ses phalanges dansantes.
Une légère pression contre son épaule le sortit de son aliénation et les deux Adam se rejoignirent dans une vive douleur à la main. Il tourna la tête et vit Shizuka, à nouveau accrochée à son bras.
Shizuka : Laisse-moi faire, Adam…Je vais soigner ta main…
Il sentit les ronces étreindre sa main ensanglantée. Le jeune homme regarda le miroir brisé de l’ascenseur recouvert de tâches rouges et réalisait peu à peu ce que les remords et les regrets avaient déchaîné contre son reflet.
Adam : J-je suis désolé…
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et Adam avança droit devant lui, laissant à peine le temps aux ronces de Shizuka de se desserrer. La jeune fille le suivit et, quand elle eut franchi le seuil de la porte de l’ascenseur, trois petites voix chantantes se firent entendre.
Heaven Bells : Il n’y a que des mensonges qui s’étendent devant toi !
Shizuka : Les Bells ? Mais pourquoi vous arrivez maintenant ?!
Heaven Bells : Tu t’es trop éloigné du foyer, petit chat.
Mais nous utilisons nos dernières forces…
Pour te sauver d’une destinée atroce.
Dans cette tour, les illusions t’entourent,
Et si tu ne fais pas rapidement demi-tour…
Ou que tu ne lèves pas la vérité sur tous ces mensonges,
Tu resteras prisonnière de tes songes.
Shizuka : Revenez, s’il-vous-plaît ! J’ai vraiment besoin de votre aide…pour aider Adam…
Avant que Shizuka ait pu formuler la moindre question, les trois Nepenthes fanèrent à l’unisson et tombèrent au sol dans un nuage de poussière. Ziggy s’approcha de la petite fille, visiblement intrigué.
Ziggy : A qui tu parlais, Shizuka ?
Shizuka se contenta de sourire en secouant la tête pour faire mine de se parler à elle-même. L’informateur regarda devant eux pour vérifier qu’Adam ne prenait pas trop d’avance avant de commencer à parler.
Ziggy : Tu sais…il ne faut pas en vouloir à Adam…C’est en partie de ma faute s’il réagit comme ça. Tu as dû le constater au cours de ton voyage mais il est très protecteur. Depuis qu’on est petits, il a toujours cherché à me défendre du reste du monde…même si ça voulait dire finir blessé ou même pire.
Shizuka ne savait pas quoi répondre. Elle ne s’était toujours pas remise du comportement d’Adam dans l’ascenseur comme si une autre personne s’était acharnée sur Salomon au sol. Les souvenirs du revolver pendant l’affrontement face à Job lui revenaient également en mémoire. Cependant, elle était persuadée qu’Adam ne lui ferait jamais de mal.
Ziggy : Quand il se comporte comme il l’a fait dans l’ascenseur, c’est à lui-même qu’il se fait du mal. Sa colère est dirigée contre lui-même. C’est la même chose pour Salomon, je pense qu’inconsciemment, il…
Adam : Jojo, Ziggy ! Dépêchez-vous.
Après un regard teinté d’une pointe de tristesse adressé à la jeune fille, Ziggy prit la petite fille sur ses épaules. Il se mit à courir pour rattraper Adam qui fonçait vers le point de sa fuite, la porte rouge matelassée au bout du couloir. Au fil de leur course, tout le long du hall, des portes identiques défilaient comme une douzaine de rappels funestes au Stand du propriétaire de cet immeuble. Entre chacune de ses ouvertures damnées et condamnées, une trace carrée témoignait de la présence passée d’un cadre, d’un passé absent. Seul un portrait survivait : un visage aux trois cicatrices qui toisait les trois intrus. Comme sortant de l’image inanimée, une nouvelle fois, une voix mécanique imitant celle d’un humain brisa le silence.
Salomon : Je vois que tu es enfin arrivé, Adam…
Adam : Je vais te faire regretter tout ce que tu as fait, Salomon…Tout ce que tu nous a fait.
Salomon : Moi ? Qu’est-ce-que j’ai bien pu vous faire ? Vous auriez pu repartir après la première porte. Vous avez décidé en votre âme et conscience de continuer alors que la mise devenait trop forte.
Shizuka : La “mise”...
Salomon : Vous aviez le contrat sous les yeux et vous avez délibérément choisi de le signer. Tous ces sacrifices, c’est votre responsabilité.
Adam : Tu sais très bien que c’est faux... On n’a jamais pu changer une foutue clause. Tu nous as toujours mis face à des dilemmes où une seule réponse était tenable, enflure !
Salomon : En tout cas, il est temps de faire face à ton dernier choix, Adam. On va enfin se voir en face à face, de touchantes retrouvailles. Les trois “frères” de l’orphelinat, les meilleurs amis du monde, à nouveau réunis !
Adam donna un coup de poing dans la porte, éclaboussant sa couleur de la plaie encore à demi-ouverte.
Adam : J’en ai assez de t’écouter…
Salomon : Ne t’inquiète pas, ce dilemme va te plaire. Si tu reprends la porte de l’ascenseur…
Un Torii apparut soudainement devant la porte métallique close, le Stand marquant les propos de son propriétaire.
Salomon : Tu perdras toute occasion de retourner ici…de retenter ta chance pour obtenir ta vengeance contre moi mais, si tu choisis de passer la porte devant toi…
La voix mécanique s’éloigna de la monotonie pour devenir monstrueusement mesquine, un sourire se dessinant dans les silences savamment choisis.
Salomon : Tu devras sacrifier le voile de mensonge que tu as devant tes yeux pour oublier le passé. Tu vas devoir faire face à la réalité de ce qui s’est produit cette nuit-là…
Adam s’apprêta à passer la porte devant eux sans hésiter mais Ziggy lui attrapa le bras pour l’en empêcher. Le plus jeune sembla totalement terrifié qu’il passe le seuil.
Adam : Qu’est-ce-que tu fais, Ziggy ?! Si tu n’as pas la force de voir ce que Salomon a fait, tu peux rester en arrière ! De toute façon, sans Stand, tu ne feras que me gêner…
Ziggy : Non, tu ne comprends pas…i-il ne faut pas qu’on c-continue…c’est sûrement un piège…Il essaye de nous avoir avec ces contrats. On a déjà trop payé, le mieux c’est de faire demi-tour et de trouver une autre solution pour l'atteindre !
Adam : Mais tu as entendu ce qu’il a dit ?! C’est notre unique occasion ! Je t’ai dit de rester en arrière. Je vais commencer à croire que tu as quelque chose à voir avec ce qui s’est passé cette nuit-là, si tu continues à te mettre sur mon chemin !
D’un mouvement de bras, il repoussa son ami qui tomba lourdement au sol. Ziggy resta silencieux quelques secondes avant de reprendre en regardant Adam.
Ziggy : Très bien, j’avoue, c’est moi qui ai mis le feu à l’orphelinat. Salomon n’a rien à voir là-dedans ! Donc éloigne-toi de cette porte, je t’en supplie !
Shizuka ne comprenait pas ce que Ziggy essayait de faire mais elle sentait que son cœur, d’habitude si calme, était pris d’un tourbillon d’émotions sincères. Peu importe ce qui se cachait derrière cette porte, le garçon à l’étoile était terrifié qu’Adam le découvre.
Shizuka : Adam, je pense que tu devrais écouter Ziggy…il doit y avoir une autre solution que de faire exactement ce qu’il nous demande de faire.
La petite fille se lança à nouveau vers son ami pour être repoussé aussi brusquement par le même mouvement de bras dédaigneux. Adam de l’ascenseur remontait.
Adam : Restez en arrière, vous deux. J’aurais dû y aller seul depuis le début. Light Butterfly.
Ziggy ouvrit la bouche mais le seul son qui résonna dans la pièce fut celui du battant gauche de la porte qui percuta le sol du bureau. Salomon était assis dans un rocking-chair qui faisait face à l’entrée, prêt à accueillir ses invités. Sur le sol, un large tapis de moquette rouge au style rétro ajoutait au décalage entre la pièce et la scène qui s’y jouait. Sur le mur derrière lui, des dizaines de petits flacons contenant des échantillons de Shock Berry étaient soigneusement disposés et étiquetés comme un étalage mortifère.
Adam : Salopard…
Dès qu’il vit le propriétaire du lieu lui jeter un regard de défi, Adam se lança dans le piège, le visage figé par la haine. Au moment où il passa le pas de la porte, il s’effondra au sol. Les deux autres rentrèrent immédiatement dans la pièce pour vérifier son état. Le jeune homme se tenait le crâne en hurlant, la main au-dessus de son œil. Les ronces de Shizuka descendirent le long de son bras et sondèrent l’orbite pour trouver la source de cette douleur lancinante. Rien n’y fit. Ce qui faisait si mal à Adam, c’était ce qu’il voyait.
Adam : Ziggy…je t’en supplie, dis-moi que c’est faux…
Ziggy restait lâchement silencieux et détournait le regard. Les yeux d’Adam étaient rouges de larmes.
Adam : Ca ne peut pas être vrai…Cet incendie…Grand-frère, s’il-te-plaît…
Il leva la tête vers son frère adoptif.
Adam : cette nuit-là, dis-moi que ce n’est pas moi qui ai brûlé l’orphelinat !