JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 95 : The Man who sold The World (Partie 8)
1745 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a 2 mois
Quand Adam se réveilla de sa torpeur, ses paupières se levèrent sur une scène irréelle. Son visage restait figé face à l’inexpressivité du masque rouillé. Le pique du bras du Stand, encore à demi-humain, s’approchait dangereusement de la gorge nouée par la peur. Depuis l’autre bout de la pièce, Batya se mit à courir vers celui dont elle avait la responsabilité. Elle arracha une photographie instantanée de sa veste et la secoua pendant sa course.
Batya : Picture of Home ! Permutation !
Le Stand s’occupa de déchirer la photographie en deux puis il croisa ses poignets pour inverser la place des deux morceaux de l’image. La lame rouillée trancha le cou en un seul mouvement agile, laissant rouler la tête décapitée au sol. Un pantin avait pris la place du corps d’Adam, téléporté auprès de Batya.
Batya : Je ne vais pas te laisser mourir aussi facilement ! J’ai promis à Monsieur Polnareff de te protéger alors tu as intérêt à rester en un seul morceau. Vous deux, commencez à courir !
Ziggy eut à peine le temps de sécher sa larme que la silhouette fantomatique de son ancien ami s’était évanouie dans sa cécité de sans-Stand. Il se mit à courir avec la fillette sur ses épaules pour les éloigner du danger. Batya, quant à elle, avait également hissé Adam sur ses épaules, toujours en état de choc.
Shizuka : Tu as un plan, Batya ?! Ce Stand court beaucoup plus vite que nous !
Ziggy : J’en déduis qu’il est toujours là… Depuis qu’il a quitté la forme de Salomon, je ne peux plus le voir…on fait une cible parfaite pour lui !
La femme montra le bout du couloir du doigt où se trouvait la porte qui avait vu disparaître leurs deux compagnons.
Batya : Notre objectif, c’est cette porte ! Elle a téléporté les deux autres à un autre endroit du bâtiment…probablement très éloigné. Cela nous permettra d’élaborer une stratégie, le temps que le Stand nous rejoigne !
Shizuka : Il peut peut-être se téléporter ! Il faudrait mieux chercher un moyen de s’éloigner du couloir !
Batya toucha le bandeau de tissu qui recouvrait son œil en souriant avec une malice et une pointe d’arrogance.
Batya : On voit bien ton inexpérience, petite. J’ai eu le temps de l’observer pendant notre duel. C’est un Stand automatique donc il suit toujours le même motif d’attaque : Il se dirige en ligne droite vers sa cible en courant. Aucun obstacle ne peut l’arrêter : il se contentera de les traverser comme on ouvre une porte.
Adam avait repris ses esprits même si sa mine était toujours aussi sombre.
Adam : Je dirais qu’il court à 20 km/h. Cela fait environ 5 m/s. On peut le semer en sprintant mais pas pour très longtemps. Si la porte nous téléporte à une pièce très éloignée du bâtiment, on peut espérer gagner de précieuses secondes sur lui…Je ne me ferai pas avoir deux fois d'affilée. Cette fois-ci, je vais l’attendre de pied ferme.
Ziggy : Mais je ne vais pas pouvoir tenir jusqu’à la porte à cette vitesse ! J’ai la petite sur le dos !
Batya : Permutation !
Picture of Home prit une nouvelle photo et, pendant un court instant, Batya disparut avant de réapparaître au même endroit après la deuxième impression.
Batya : C’est une autre chose que j’ai pu tester tout à l’heure. Vu que le sacrifice n’est pas lié à une personne, le Stand fonce vers celle qui est la plus proche. Avec ma permutation, il me suffit d’inverser ma position avec le pantin, le temps de la prise d’une image pour le faire dévier de sa cible.
Shizuka : C’est génial, Batya ! Avec ça, on va pouvoir le ralentir. Tu es plus douée pour réfléchir qu’Adam !
La petite fille s’attendait à ce que la provocation sorte Adam de sa torpeur mais la toux, signe de son poumon manquant, fut le seul signe de vie que lui adressa l’esprit vagabond.
Ils finirent par atteindre le bout du couloir, passant devant les cadavres des agents de sécurité et descendirent les quelques marches pour arriver devant l’entrée de la cage d’escalier.
Batya : On est trop enfoncé pour que je puisse utiliser la permutation d’ici.
Ziggy : Dépêchons-nous de passer le seuil ! J’ai moyennement envie de mourir aujourd’hui.
Stardust - portant toujours sur ses épaules la fillette qui se contorsionnait pour que sa tête ne touche pas le plafond - s’avança vers le seuil, prêt à être téléporté comme les trois autres auparavant.
Salomon : Je vous déconseille de faire ça.
Une voix numérisée sortit de partout et de nulle part envahit la pièce de son ton glaçant. En retentissant, elle libéra un poids qui pesa sur les épaules de tous : le poids de mille yeux et de mille oreilles.
Salomon : Si vous passez cette porte, vous ne reverrez plus jamais vos amis. Si on décide de revenir en arrière, le prix à payer est encore plus fort. Mais libre à vous d’essayer, je vous en prie.
Shizuka : Mais si ces portes sont des Torii alors comment elles pourraient…
Batya : Il faut qu’on passe ce seuil vite ! On a plus beaucoup de temps !
Shizuka : Mais on ne peut pas prendre le risque ! Il a été volontairement flou, ça pourrait très bien signifier la mort de Job et Manny ! Il y a forcément une autre solution…
Batya hésita une demi-seconde afin de se résigner et de se tourner vers Adam. Quand elle regardait celui qu’elle devait protéger, la jeune femme ne pouvait voir que le visage de son père adoptif, des années plus tôt.
Batya : Adam, tu es le seul que je suis chargée de protéger. Ta décision fera foi.
Pendant une seconde, Adam resta silencieux, son cœur tiraillé entre son désir de vengeance et les souhaits de Shizuka.
Adam : Je pense…Il doit y avoir un autre moyen. Et puis…il faut absolument qu’on progresse si on veut atteindre Salomon. On fait demi-tour. Batya, tu peux réussir à le distancer avec ta permutation ?
Batya serra les dents mais acquiesça d’un léger mouvement de tête.
Batya : Je vais faire mon possible.
Le groupe s’engouffra à nouveau dans le couloir où la silhouette rouillée fonçait sur eux, le pique en avant. Le masque inexpressif reflétait la nature impitoyable de cette bête aux mouvements mécaniques. Batya, tout en courant, comptait les mètres qui la séparaient de la créature. Sa main était occupée à secouer des images instantanées de pantin. Comme le sable d’un sablier, une goutte de sueur coulait le long de sa joue, de son menton et de son cou avant de s’abattre au sol.
Batya : Picture of Home !
Un pantin apparut juste derrière elle et, en une pression sur le bouton de son appareil, elle échangea sa place avec l’être désarticulé. Le Stand se détourna de leur poursuite une seconde pour se ruer vers Batya qui disparut presque aussitôt. La poupée de bois fut réduite en pièces sans aucun effort par le chasseur robotique.
Shizuka : Qu’est-ce-que c’est ?!
Devant eux, de nombreuses arches rouges apparaissaient au fil de leur course à travers le couloir. Entre les deux piliers, des volutes de fumée blanche dessinaient toutes les mêmes lettres sinistres : M, O, R et T. Le sacrifice à payer.
Adam : On passe dans aucune de ces portes ! Notre objectif, c’est l’ascenseur !
Au loin, les portes d’acier scintillaient sous la lumière artificielle blafarde au bout du tunnel éclairé de lumières identiques. Batya continuait d’invoquer une armée de statues le long du couloir, le décorant de mille poses fantaisistes que leur poursuivant détruisait sans prendre le moindre plaisir sadique : une machine broyant tout sur son passage.
Adam : Ziggy, dépêche-toi !
L’informateur, en jetant des regards inquiets derrière lui, appuyait frénétiquement sur le bouton chromé en espérant que leur salvation en serait d’autant rapprochée. Dans un bruit grinçant, les deux mâchoires d’acier s’écartèrent pour renvoyer aux intrus leurs reflets soupirants.
Ziggy : Oh non…
Les lettres blanches écrivaient la même sentence et les bips de l’ascenseur criaient le même verdict : la mort.
Shizuka : Non, non, non, NON ! Pas ici aussi !
Adam se mit entre le reste du groupe et le monstre sans visage qui fonçait toujours inexorablement, les dévisageant de ses globes vides.
Adam : C’était ma décision. J’aurais dû écouter Batya…Je vais le retenir. Rejoignez vite Salomon, j’arrive dans 5 petites minutes !
Shizuka : Adam…
Adam se retourna pour sourire au reste du groupe, prêts à leur dire au revoir ou peut-être adieu. Shizuka s’accrocha désespérément au bras d’Adam.
Adam : Je suis désolé…
Prêt à accepter son destin, Adam regarda droit devant lui, voyant lentement le Stand s’approcher.
Dans le silence du drame, un clic innocent d’appareil photo brisa le calme.
Batya : Permutation.
Adam fut transporté derrière Batya. Avant qu’il n’ait pu réagir, elle poussa le groupe entre les portes d’acier. Le jeune homme tendit la main derrière le seuil de la porte de la cage de métal.
Adam : Batya ! Qu’est-ce-que tu fais ?!
Batya : Je te l’ai dit, Adam. Je suis là pour te protéger, je ne peux pas te laisser te sacrifier comme ça. Cet ascenseur vous mène au sommet, faites-moi confiance.
La silhouette rouillée atteignit Batya. Sa main était vide et, comme les autres pantins du destin, le Stand lui transperça le ventre. Les rideaux métalliques se refermèrent sur la scène tragique.