JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 94 : The Man who sold The World (Partie 7)

2125 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 15 jours





Après avoir passé la porte, Maneater avait atterri dans une pièce sombre et humide dont l’ambiance était à des années lumières de celle des couloirs bien éclairés qu’ils avaient traversés. D’après la quantité d’ondes qu’il percevait, il devait se trouver à environ six mètres sous la surface, donc probablement au deuxième sous-sol. 


Maneater : Je suis enfin débarrassé de ces primates…ils n’ont aucune chance de s’en sortir vivants face à un Stand aussi puissant. Je vais en profiter pour fil-


Avant qu’il ait pu finir sa phrase, une vive douleur traversa son poitrail comme une attaque invisible. Son cri résonna en canon avec celui enregistré sur le clavier de Job. Le colosse - dont on ne pouvait voir s’il s’agissait du Chef d’Orchestre ou de son alter ego - émergea des ombres derrière le Stand doré.


Job : Tu disais quelque chose, la sardine ? 


Maneater : Je ne suis pas une…je veux dire, non rien du tout, Monsieur…


Job observa à son tour les alentours tout en tendant ses tympans aux tintements environnants. Le clapotis de l’eau qui tombait du plafond humide mis à part, aucun son ne résonnait dans la pièce. D’après les bruits lointains de l’agitation du hall principal, Job devait se trouver à environ six mètres sous la surface, donc probablement au deuxième sous-sol. 


Maneater : Tu penses qu’ils vont pouvoir s’en sortir tous seuls ? 


Job : Il y a deux minutes, tu voulais t’échapper et maintenant tu t’inquiètes pour eux ? La logique n’existe pas chez les poissons ?


Maneater : Bien sûr que si, espèce de sale…humain…c’est juste que cette petite fille-là…les ondes qui l’entourent ne ressemblent à rien de ce que j’ai senti avant…Je déteste toujours autant votre espèce mais Shizuka…a quelque chose de spécial. 


Maneater se sentait ridicule de parler d’une vulgaire enfant humaine et, même si son instinct de survie lui criait de s’éloigner, une petite voix intérieure lui disait qu’elle était peut-être une bonne piste pour le lieu qu’il recherchait. 


Job : Je crois que je comprends ce que tu veux dire…avant, moi aussi j’étais un prédateur qui dévorait les autres humains… Je les voyais souffrir mais je n’en avais rien à faire. J’ai uniquement suivi mon objectif sans me préoccuper de tous ceux que j’utilisais pour le faire. Le Chef d’Orchestre agitait ses bras en l’air sans écouter ceux qui jouaient pour lui…


La petite roussette aurait aimé ironiser sur le discours niais que lui tenait l’ancien mafieux à côté de lui mais, peut-être parce qu’il se reconnaissait dans ce portrait qu’il dessinait, il le laissa continuer.


Job : Si je n’avais pas rencontré la Signorina, je n’aurais sûrement jamais bougé d’un seul centimètre. Elle a de sacrées ressources. Ce Mystère tombera comme les autres…je ne me fais pas vraiment de soucis pour elle. 


Peu à peu, les yeux des deux compagnons d’infortune s’habituèrent à l’obscurité. Les formes bleutées se précisèrent pour former des murs, des gravats et une place circulaire au centre de la pièce. 


Maneater : C’est toujours dûr de voir où on est…The Second Law ! Rising Sun ! 


Le Stand doré se mit à irradier d’une lumière vive en tout point similaire à celle du Soleil. Si, sous l’effet des rayons, les silhouettes se détaillaient, les couleurs ne suivaient pas : au-delà de l’obscurité, la totalité de la pièce était couverte d’un voile noir.


Job : On dirait que tout a brûlé ici. Une arène centrale, des tribunes… Cela doit être les restes de l’orphelinat Dante dont le sale gosse et l’informateur véreux ont parlé. 


Les rayons de lumière artificiels vinrent s’arrêter contre des chaînes dont le métal était brûlé par les traumatismes du passé et effacé par la rouille du temps. Dans le coin de la pièce, adossé péniblement contre les tribunes, les vestiges d’un comptoir et d’une enseigne, dont on devinait, parmi les lettres couvertes de cendre, le mot “paris”. 


Maneater : Des dizaines d’humains adultes qui se regroupent pour regarder des jeunes s’entretuer…c’est ça que vous appelez “civilisation” ?


Un goût meurtrier s'infiltra dans son palais de Job. Les souvenirs des mélodies commises par le Chef d’Orchestre frappaient sa langue d’un millier de martelets acides.   


Job : Au contraire, c’est la marque de ceux qui se sont perdus quelque part entre la bête et l’humain…


Le Stand brillant - dans lequel nageait toujours la petite roussette, s’approcha du milieu de l’arène où se trouvait un tas de gravats étrangement disposé. Contrairement au reste de la pièce, ces débris semblaient avoir été soigneusement retirés et mis de côté. 


Maneater : Ces gravats sont étrangement dispersés, on dirait qu’ils so-


Par réflexe, les deux Stands, azur et or, se mirent en position de combat. 


Job : Tu as entendu ça ?!


Maneater : Bien entendu, pour qui tu me prends, humain ? Il n’a duré qu’une demi-seconde et c’était quasiment imperceptible mais nous ne sommes pas seuls dans cette pièce.


Presqu’au moment précis où le requin eut fini sa phrase, l’air se fendit et une silhouette dissimulée dans les ombres chargea les deux visiteurs. D’un pas agile, Job esquiva et appuya sur son clavier. Un son de bourrasque s’échappa et une trombe de vent emporta les deux adversaires, le chasseur devenu chassé. Le colosse arma son poing et frappa un des murs de l’enceinte d’une ruée de coups de poing. 


Job : Il essaye de se cacher dans les ombres ! Éclaire-le vite, le gardon ! 


Maneater : La roussette va faire mieux que l’éclairer ! Envoie ta bourrasque vers les tribunes !


Job s’appuya sur le mur qu’il venait de frapper et se propulsa vers son partenaire, le regard agacé et las en total décalage avec ce mouvement extraordinaire qu’il venait d’exécuter. Aux ordres de son clavier, un nouveau mistral balaya la pièce. The Second Law s’illumina et une vague de chaleur accompagna le vent.


Maneater : On va voir s’il arrive à encaisser ma vague de chaleur…Bouffe-toi ça, primate dégénéré ! 


Sous l’effet du bombardement infrarouge, le vent devint ardent irradiant la pièce de chaleur. Même Job, en dehors de sa portée, suait à grosses gouttes face au changement soudain de température.


Maneater : C’était un autre effet du Stand du Mystère ?!


Job : Non, cela semble être un tout nouvel adversaire. Reste à savoir s’il travaille pour le prési-


La vague de chaleur impénétrable fut balayée en un instant par une impulsion inéluctable. Le souffle de l’attaque envoya Job et Maneater contre le mur dans un nuage de poussière. Le plus grand avait le souffle coupé et tentait péniblement de se relever.


Maneater : Cette force…Comment ?! Son attaque enfreignait les lois fondamentales de la physique. Il n’aurait jamais pu…Il nous a balayé comme des insectes !


La respiration de Job était saccadée comme une boîte à musique rouillée. La force de l’attaque aurait suffi à terrifier n’importe qui mais l’expérience de la scène l’avait immunisé face à ce type d’effet spécial. Non. Ce qui était le plus terrifiant avec cet assaut, c’était son son. Ce n’était ni une détonation, ni une explosion. C’était un silence. Un silence glacial. Un silence de mort. 




***



Salomon : Tu n’as pas changé d’un pouce, Adam. De grandes paroles pour aucune action.


Une large paroi transparente avait émergé du sol pour venir cueillir la balle qu’avait tiré Adam. Au dernier moment, il avait dévié son bras pour frapper à un mètre environ de la tête de Salomon. La vitre était légèrement fissurée mais n’avait presque rien. 


Salomon : En refusant de faire un choix, tu vas finir par tout perdre. Mais à quoi bon tenter de raisonner un idiot. Ce verre est blindé. Je me suis préparé au cas où un excès de courage t’aurait envahi…


Shizuka regardait le canon fumant de l’arme. Il avait senti la rage envahir le cœur d’Adam mais, au dernier moment, sa raison avait pris le dessus. Ziggy psalmodiait comme prisonnier d’une transe mnésique. 


Ziggy : Tout est de ma faute… si j’avais mieux agi cette nuit-là, on en serait pas là…J’ai essayé de faire au mieux. C’est ce que je pensais…


Adam avait le visage baissé. Des larmes coulaient sur ses joues mais ses poings étaient serrés, déterminés. Derrière la protection de sa vitre, Salomon le regardait avec des yeux empreints de mépris mais aussi d’un intérêt pervers comme le spectateur d’une proie agonisante.


Adam : C’est vraiment toi qui a mis le feu à notre orphelinat ce soir-là, Salomon, simplement pour servir tes desseins. Tu as toujours voulu écraser les autres pour monter plus haut. Tu nous regardes agoniser derrière ta vitre comme ils nous regardaient depuis leurs tribunes. Tu as blessé tellement de gens…

Salomon : Alors tu as déduit que c’était moi qui avait brûlé l’orphelinat cette nuit-là ? Tout ça pour que vous m’abandonniez dans les flammes ?! 


Adam : J’avais juré de ne plus jamais blesser quelqu’un pour les beaux yeux d’un public…mais j’imagine que si c’est pour mettre fin à tout ça, je peux bien faire une exception.


Batya : Non, Adam, ne fais pas ça ! 


Le pantin tenta d’attraper le bras du jeune homme mais un moment trop tard, il avait déjà foncé vers le rempart transparent. Light Butterfly apparut et enroula son pendule autour de son poing d’un geste adroit.   


Salomon : Tu imagines vraiment pouvoir briser la même vitre que celle qui a résisté à une balle avec ton Stand débile, tu es toujours aussi présomptueux ! 


Adam : Tu as vraiment cru que j’avais tiré uniquement sur un coup de tête tout à l’heure ?!


Le papillon donna un énorme coup à la vitre qui, partant de l’impact de la balle, se fissura sur plusieurs centimètres. Chaque coup était plus lourd et puissant que le précédent et, à mesure que la surface se craquelait, le sourire de Salomon s’effaçait. Au bout de quelques coups, la vitre se brisa en mille morceaux et Adam poussa son ancien ami sur le sol au milieu des éclats de verre brisé. 


Salomon : C-comment es-tu devenu si fort…? 


À terre, le regard d’Adam n’était animé que par la rage. Il ruait de coups le visage de l’étranger auquel il faisait face.


Adam : Tu t’es trompé sur un point, Salomon…je ne suis plus du tout le même. Toutes ces années m’ont rendu beaucoup plus fort.  


Chaque coup était plus lourd et puissant que le précédent et, à mesure que la figure de Salomon se recouvrait de sang et de bleus, son sourire refaisait surface. 


Salomon : Je reconnais que ton Stand est impressionnant mais tu fonces toujours aveuglément quand tes émotions prennent le dessus. 


Adam se retourna vers ce qu’il restait de la vitre qu’il avait traversée, deux portes étaient apparues  à l’intérieur. Les volutes blanchâtres, prisonniers du verre, écrivaient la sentence de “MORT”. La vapeur capiteuse qui s’en échappait embrumait son esprit. 


Salomon : Tu as évité le choix que les portes te proposaient. J’ai…J’ai dû me mettre en danger pour que le sacrifice soit si grand mais…mais maintenant que tu l’as ignoré…


Les émotions de Salomon se figeaient petit à petit comme l’image saccadée d’un vieil écran. Les traits de rouille du Stand reprenaient leurs droits sur le visage humain. La surface d’acier ocre ne lui renvoyait que son reflet déformé par la haine. 


The Doors : C’est moi qui choisirai qui doit mourir. Je…Je…Je vous conseille de courir. 



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