JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 93 : The Man who sold The World (Partie 6)
1971 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a 28 jours
Orphelinat Dante, 13 ans auparavant.
Comme tous les matins, Ziggy - qui ne portait pas encore son étoile éponyme - se rendait, en se tenant à sa canne, à la grande grille de rouille forgée de l’entrée de l’orphelinat sur laquelle trônait la lettre “D” dorée. Il avait fait face au souffle du vent et aux morsures du froid pour venir regarder l’extérieur de ses yeux fatigués. Sa jambe le faisait encore plus souffrir les jours où la bise griffait sa peau. Cependant, l’entrée normalement solitaire avait accueilli un nouveau visiteur.
Ziggy : Euuuuh…B-bonjour, t-tu es le nouvel…arrivant…pas vrai ? Toi aussi…enfin…je veux dire…tu viens ici pour…
Un jeune garçon au visage encore indemne regardait les passants richement habillés marcher librement derrière les barreaux de métal. L’orphelinat faisait partie d’un domaine naturel gigantesque que les plus fortunés affectionnaient tout particulièrement pour son isolement des tumultes urbains.
??? : Tu vois tous les gens qui viennent ici ? Ce sont des personnes qui se sont hissées tout en haut du monde. C’est mon père qui m’avait expliqué ça…Ils ont l’air à la même hauteur que nous…mais, en vrai, ils sont plus hauts…
Ziggy : P-Plus haut…?
Le garçon d’un an plus vieux que Ziggy le regarda de bas en haut comme un animal de foire dont on cherche à estimer la valeur. Il cherchait à camoufler son regard balafré d’orphelin sous un orgueil et un dédain feints d’adulte.
??? : Tu crois vraiment qu’il suffit d’être adopté par un de ces aristos pour être tiré de ta vie minable ?! Si tu ne leur montres pas que toi aussi t’as ce qu’il faut pour t’asseoir en haut du monde… Jamais ils t’accepteront.
Adam : Arrête d’essayer de le traumatiser, le nouveau…
Le jeune Polnareff aux cheveux encore bien sages comparés à la coiffure qu’il portera des années plus tard était sorti des broussailles. Ziggy poussa un soupir de soulagement quand il vit que son grand-frère était arrivé à sa rescousse.
??? : Alors c’est toi le fameux Adam Polnareff ? Le cancre de l’orphelinat…Il paraît que tu passes tes journées dans un vieux terrain vague… t’es un sacré phénomène, toi…
Le nouvel arrivant ne prit même pas la peine de regarder le nouvel élève et se dirigea directement vers son petit-frère adoptif pour vérifier qu’il n’ait pas été malmené.
Adam : C’est ce gamin qui t’embête ? Tu veux que je lui règle son compte, Ziggy ?!
Ziggy : N-non ! Je veux dire…c’est gentil, Adam…mais…on faisait que discuter vraiment…
Le nouveau s’avança de quelques pas avant d’approcher son visage de celui d’Adam en affichant un sourire moqueur.
??? : Je me contentais de lui expliquer la vie…de comment les p’tits gars comme nous sont traités dans les familles de la haute…
Adam : Je pense que Ziggy est bien mieux placé que toi pour le savoir…et de toute façon, quel genre de famille de richards voudrait d’un gosse comme toi avec ton Stand débile…?
Face aux moqueries, le regard espiègle du plus vieux s’effaça brusquement en un instant. Il serra le poing et les dents et se rapprocha encore davantage du visage d’Adam comme deux cerfs prêts à se battre avec leurs bois invisibles.
??? : “White Flag”, un Stand débile ?! T’as intérêt à retirer rapidement, espèce de sale…Tu crois que le tien est vraiment meilleur ?! T’as perdu toutes les…
Ziggy, les yeux rouges et la jambe vacillante, tira la manche de son ami comme une réprimande. Le jeune garçon boiteux lui chuchota quelque chose. Timidement, Adam prit une mine d’abord renfrognée puis étonnée et, enfin, honteuse. Il s’avança vers le troisième. Alors que celui-ci s’attendait à une altercation, le jeune enfant impulsif qui lui faisait face lui tendit une main en signe de paix.
Adam : Euh…comment dire…désolé…je voulais pas t’blesser. Tu connais déjà mon nom, pas vrai…euh je peux avoir le tien ? Je pensais simplement que tu prenais plaisir à embêter Ziggy comme les autres ici…et puis…
Le jeune inconnu souffla une demi-seconde et desserra le poing pour étouffer le feu qui brûlait ses poumons.
Adam : Le Stand que le sérum t’a filé…c’est le même que ton père…pas vrai ? Visiblement ça reste dans les gènes ces choses-là…
Le nouveau sortit son Stand de la poche de sa veste. C’était un petit foulard de satin blanc avec un “S” cousu d’or.
Adam : J’ai vu ton Stand à l’arène…hier…je trouve ça plutôt cool…j’veux dire…un Stand qui empêche son manieur d’abandonner…J’aurais aimé savoir si le mien aussi, il ressemble à celui de mon père…
Le jeune garçon serra fort son foulard tandis que des larmes coulaient sur ses joues. Quand Adam s’en rendit compte, il commença à bredouiller.
Adam : Je suis vraiment d-désolé…j’ai joué les durs mais je voulais pas te b-blesser…arrête de pleurer…s’il-te-plaît…
Salomon : S-Salomon…c’est ça mon nom.
***
Adam : Après tout ce temps…comment tu as pu changer autant ? Qu’est-ce-qui t’es arrivé, Salomon ?! Comment tu as pu abandonner tout ce qui te représentait par avidité ?!
Un sourire carnassier vint écorcher le visage balafré de son ancien ami. Il sortit le même tissu dont le blanc anciennement immaculé était tâché de rouge et avait perdu son éclat surnaturel. Salomon le serra dans son poing avec hargne comme s’il représentait un souvenir douloureux à broyer sous ses phalanges.
Salomon : C’est là que tu te trompes, Adam. Je n’ai pas changé d’un iota. J’ai simplement compris que pour servir ses objectifs…il fallait accepter d’écraser tout ce qui se dresse sur son passage. Faire des sacrifices pour pouvoir avancer comme vous l’avez fait cette nuit-là pendant l’incendie. Le Voyageur m’a fait comprendre que servir mon objectif était tout ce qu’il comptait et m’a confié un nouveau Stand pour atteindre mes fins !
Shizuka : Adam, de quoi il parle à la fin ? Qu’est-ce-qui s’est passé cette nuit-là ?!
Adam resta silencieux, le regard vide comme si la bande abîmée de son passé défilait devant son le blanc de ses globes. De temps en temps, la projection d’une braise éclairait brièvement son œil et le champ de ruines de ses souvenirs.
Salomon : Alors tu ne réponds pas à ta petite protégée, Adam ?! Tu as toujours été lâche…de toute façon, j’ai fait une croix sur vous deux au même moment où j’ai reçu ces balafres…
Batya, voyant celui qu’elle devait protéger tétanisé par les remords, se plaça devant lui prêt à intervenir au moindre signe de violence du Stand ennemi déguisé en son manieur. Ziggy, quant à lui, semblait anxieux et décontenancé. La sueur coulait le long de son front et les larmes le long de ses joues.
Ziggy : M-mais, qu’est-ce-que tu fais de notre promesse ?!
Salomon relâcha un court instant son attitude orgueilleuse et condescendante pour une tristesse visuellement sincère. Comme si la candeur de Ziggy avait percé la barrière des années pour frapper le bastion qu’était devenu le cœur de son ancien ami. À la mention de ce même mot, Adam sortit également de sa torpeur comme si cette simple évocation était plus forte que la présence de ce fantôme face à eux.
Adam : Z-Ziggy…
Le spectre n’arrivait même pas à relever la tête. Il se contenta de marmonner quelques mots entre ses dents serrées.
Salomon : Ziggy…t’as toujours été un gamin insupportable...je vois que toi non plus, tu n’as pas bougé d’un pouce. Cependant, j’imagine qu’ils n’ont pas vu ce qui se cachait à l’intérieur.
La main de l’informateur se crispa comme s’il attrapait un objet issu de ses souvenirs tandis que ses yeux rougissaient comme des années auparavant.
Batya : Alors c’est pour ça que tu as repris la société Monopolis et que tu as racheté les terrains de l’orphelinat ? Tu voulais te venger de tes anciens compagnons ?!
Salomon : Me venger ? Non, en réalité, quand je vous ai vu pénétrer dans l’immeuble, j’étais aussi étonné que vous de voir des mines aussi familières…Je me suis dit que ça ne me ferait pas de mal de me plonger un petit peu dans la nostalgie…Et puis de toute façon, je n’ai plus besoin de respecter cette promesse ridicule vu que mon avenir est garanti !
Salomon sortit un petit flacon dans lequel dansaient trois petits cristaux noirs. Lorsque Ziggy les aperçut, il eut un nouveau mouvement de recul.
Ziggy : Non, ça ne peut pas être toi qui…
Shizuka : Q-qu’est-ce-que c’est…?
Salomon : Ce sont des “Shock Berry”...C’est une drogue de synthèse particulièrement puissante. Elle a le bon goût de se dissoudre à la perfection dans l'éthanol. Les jeunes en raffolent pour leurs cocktails. On a réussi à la créer grâce au sang noir, une véritable source de créativité.
Batya : Donc c’est ça qui t’a permis de faire de tels bénéfices avec la société, te lancer dans le trafic de drogue ?
Salomon : Bien sûr que non. En réalité, si le sang noir est toxique pour l’extrême majorité des gens, en bon disciple de Paracelse, il a aussi un véritable potentiel de guérison… Monopolis va opérer son revirement pharmaceutique avec son tout nouveau produit : la “Cherry Bomb”. Elle a profité de l’essai clinique le plus ambitieux de tous les temps !
Adam : Espèce de salaud…Combien de gosses tu as intoxiqué avec ta foutue drogue ?! Comment tu as pu lancer ce poison dans les bas quartiers pendant que tu les observais du haut de ta tour d’ivoire ?! Tout ça pour vendre tes médocs à quelques riches dans les mêmes tours !
Plus cette confrontation avançait, plus les tumultes dans le cœur d’Adam que Shizuka ressentait se faisaient de plus en plus puissants. Sa haine des riches devenait aveugle et semblait tous les frapper d’opprobre sans distinction. Elle ne pouvait qu’imaginer ce que subissait Adam mais la petite fille laissait la tristesse envahir son âme, assourdie avec ces cris intérieurs lancés vers des silhouettes sans visage.
Salomon : Je ne sais pas… Peut-être cinq cent mille ? Malheureusement, on a très vite écoulé toutes les doses…mais le test a été concluant. J’imagine que les faits divers les plus sombres fabriquent les plus grands de ce monde !
Shizuka : Adam, ne fais pas ça !
Adam pointait l’arme qu’il avait dérobée à son ancien ami, son regard animé par une haine qui était le dernier moteur de son corps écorché.
Salomon : Je vois…finalement, vous êtes venus finir ce que vous m’avez fait il y a dix ans.
Adam : Je vais mettre un point à cette page du passé qui aurait dû rester dans les cendres où on l’avait laissée.