JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 89 : The Man who sold The World (Partie 2)
2477 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a 3 mois
Brandy fit ses adieux à toute la fine équipe en faisant un rapide signe de la main. Elle se réserva un peu de temps pour lancer un regard de mort à leur nouveau coéquipier puis se retourna avec un léger rictus. Même si ces quatre aventuriers étaient parfaitement insupportables et immatures, ils étaient presque attachants. Elle regardait le bus de tournée, la nouvelle apparence de la Mystery, s’éloigner et les silhouettes, à peine distinctes, déjà en train de se chamailler comme des enfants.
À bord de la Mystery, Adam restait silencieux. L’adresse de la société Monopolis semblait l’avoir réellement perturbé. Shizuka n’avait jamais entendu parler de cette entreprise, même de la part de son père, et pourtant les images de leur immeuble gigantesque, maintenant qu’elle les avait sous les yeux, lui semblaient impossibles à esquiver. Derrière la fenêtre, les paysages défilaient sur la route de montagne qu’il empruntait. Les silhouettes déshabillées des châtaigniers laissaient sa place aux robes éternelles des conifères. Une foule de petits flocons s'amassait sur le sol des deux côtés de la route comme une horde de fans venue accueillir leurs artistes favoris.
Derrière le voile blanc de la neige et les ténèbres de l’obscurité naissante, loin dans la brume, une Tour les attendait, comme une tombe sans pitié, dévorant la lueur de la lune. Shizuka se demandait l’intérêt d’installer le siège d’une société florissante dans un endroit aussi isolé du reste du monde. Qu’est-ce-qui avait pu motiver un tel choix ? Peut-être que Monopolis gérait des affaires qui ne devait pas trop attirer l’attention.
Adam : Oh non, qu’est-ce-qu’il fabrique ici ?!
La Mystery s’arrêta net, propulsant ses occupants aux quatres coins de l’habitacle. Job commença à grommeler des invectives avant de voir qui les attendait sur le bord de la route et de rediriger la cible de ses insultes.
Job : Pourquoi faut-il que ça soit toujours lui ?!
Shizuka passa la tête au-dessus de l’épaule de Job pour tenter d’entrapercevoir un morceau du mystérieux inconnu.
Shizuka : Ziggy, comment t’as fait pour arriver si vite ?!
Accoudé à la poignée de sa valise, le jeune homme à l’étoile attendait patiemment sur le bord de la route comme un touriste attendant son autobus. Adam sortit en trombe de la voiture et se dirigea directement vers l’intrus. Masqué par l’épais voile blanc, le plus âgé fit signe au benjamin de rentrer à l’intérieur de la voiture.
Ziggy : Merci, je commençais à congeler là-dehors…
Maneater qui nageait paisiblement dans le bassin spécialement aménagé de la Mystery regarda le nouvel arrivant avec perplexité.
Maneater : Alors c’est lui le Ziggy avec lequel vous parliez au téléphone ? Je l’aurais imaginé un peu plus…
Le nouveau venu au sein de l’équipe toisa l’informateur de la tête au pied : les vêtements du jeune homme étaient recouverts d’une épaisse couche blanche semblable à la fourrure d’un chien de traîneau. Comme ses congénères canins, il secoua sa veste pour se débarrasser de ce manteau de congères.
Maneater : Charismatique…
Shizuka : C’est quand même fou de porter une doudoune et de la garder ouverte pour être sûr de prendre froid…
Ziggy : Je vois que le petit ange ne connaît rien au véritable style… L’image publique vaut bien d’avoir un peu froid en hiver…et chaud en été…
Adam s’avança et fixa son ami d’enfance d’un regard inquisiteur. Il tira une chaise et s’asseya en face de lui, un coude sur la table et le menton dans sa main.
Adam : Tu peux m’expliquer ce que tu fiches ici à la fin ?!
Ziggy : C’est simple : quand j’ai appris que l’adresse de la société Monopolis, je me suis dit qu’il y avait un lien avec l’orphelinat dans lequel on a grandi. En cherchant plus d’informations, j’ai constaté qu’il n’y avait aucune raison stratégique pour implémenter une société à cet endroit. Aucune ligne de train à proximité, une seule route qui y mène…J’ai même trouvé un forum où les employés se plaignaient de devoir faire deux heures de transport pour atteindre le building. J’en ai donc conclu que…
Adam : Que les raisons qui avaient poussé le Mystère à s’installer ici étaient forcément personnelles…
Job s’avança et frappa sur la table comme le “méchant flic” pendant un interrogatoire. Si la vie criminelle lui avait appris quelque chose, c’était bien qu’il ne fallait jamais être suivi, surtout par un fouineur dans le genre de Stardust.
Job : Stardust, tu vas nous expliquer comment tu nous a pistés ?! T’as bourré la Mystery de traqueurs, c’est ça ?!
Ziggy : Hé oh calmos, Job ! Si t’avais écouté mon speech, t’aurais compris… Il y a une seule route qui mène ici…donc je vous ai juste attendus patiemment sur le bord de la route…
Shizuka : Mais on a fait une bonne heure de pause pour manger…Comment t’as pu deviner…
Pour simple réponse, Ziggy renifla et frotta ses mains pour se réchauffer, signes qu’il avait dû passer plusieurs longues minutes sous la neige automnale.
Shizuka : D’accord…Laisse tomber, Ziggy…
Après sa dernière phrase, Adam était resté silencieux. Il déglutissait chaotiquement comme si un poids lui pesait sur la gorge. Il semblait hésitant et les perturbations que Shizuka ressentait dans son cœur repartaient de plus belle. Cela ne la concernait pas directement mais elle s’était habituée à cette énergie qui animait l’âme de son ami.
Adam : Je dois vous parler de quelque chose…Je ne voulais pas le faire mais vu qu’on se dirige vers l’ancien orphelinat où on a grandi…et que le Mystère semble lié à nous…j’ai l’impression de ne pas avoir d’autre choix.
Ziggy bondit sur sa chaise comme s’il venait de voir un fantôme. Derrière son étoile noire, il écarquilla les yeux.
Ziggy : A-Adam…Ne me dis pas que tu veux leur parler de l’orphelinat ! Tu peux pas être sérieux !
Adam : C’est nécessaire, Ziggy. Je sais que tu es constamment sur tes gardes mais je leur fais confiance et je crois qu’ils ont le droit de savoir avant qu’on les envoie dans la gueule du loup…affronter un de nos anciens camarades ou qui sais-je d’autre.
Ziggy hésita quelques secondes en jouant avec le verre qu’on lui avait servi. Le propriétaire du “110” débattait silencieusement avec son reflet dans le liquide incolore. L’informateur se balança sur sa chaise en mettant les deux mains derrière la tête et en fermant les yeux, feignant le détachement.
Ziggy : Fais comme tu veux…de toute façon, c’est encore moi qui fait devoir rattraper les conséquences de tes lubies…
Adam regarda son petit-frère avec tristesse avant de baisser la tête et d’avaler sa salive, les mots prisonniers de sa gorge. Derrière lui, une grande silhouette cacha brièvement la lumière avant de poser une main compatissante sur son épaule. La petite fille, quant à elle, le regardait avec des yeux pleins de douceur en serrant fort Maneater entre ses bras comme une peluche qui tentait vainement de se débattre.
Shizuka : Si tu ne veux pas en parler Adam, c’est pas grave ! On ira affronter le Mystère de toute façon !
Adam se contenta de sourire malicieusement pour cacher ses véritables sentiments et commença à parler avec une voix teintée d’un peu plus d’assurance.
Adam : Je suis arrivé à l’orphelinat quand j’avais 7 ans. C’était le moment où mam…où ma mère était malade. Mon père lui avait juré de revenir mais il ne l’a jamais fait. Pendant toutes ces années à l’orphelinat, j’ai espéré le voir rentrer…mais ce n’est jamais arrivé…
Sa bouche s’asséchait davantage à chaque mot. Il prit une pause, reprit son souffle et continua son récit.
Adam : On était environ 300 enfants dans cet orphelinat…
Ziggy : 287 en réalité…pour effacer nos noms de tous les registres, j’ai…j’ai dû lire les listes un bon millier de fois.
Adam : Avez Ziggy, on a fini par comprendre que le couple Dante, les propriétaires de l’établissement cherchaient à générer des profits avec les enfants de l’orphelinat.
Shizuka : Du profit ? Il vous faisait tr availler ?! Mais c’est honteux !
Ziggy : Si seulement ce n’était que ça…
Les dents de Ziggy se serrèrent et les muscles de sa main se crispèrent autour de son verre, comme pour contenir sa rage.
Adam : À leur arrivée, les enfants recevaient une injection. Je n’ai jamais su ce qu’il y avait exactement dans cette foutue seringue mais tous ceux qui la recevaient finissaient par obtenir un Stand…enfin ceux qui s’en tiraient…
Ziggy : Je me souviens…Le gymnase était rempli de nouveaux arrivants fiévreux qui poussaient des gémissements pendant la nuit.
Maneater : Alors les Stands ne s’obtiennent pas uniquement par la Malédiction du Voyageur… Cela explique que la petite agaçante et le grand dadet en possède un sans être des Mystères.
Job : Une injection qui donne un Stand ? Si c’est le même procédé que Kain a décrit, c’est que la Passione doit être impliquée d’une façon ou d’une autre.
Le poisson avait réussi à échapper aux bras de la petite fille pour retrouver la sécurité de son aquarium, laissant la petite fille toute penaude, privée de son jouet.
Shizuka : Mais je ne comprends pas, Ziggy…Tu n’es pas manieur, si ?
Adam : Ziggy est un cas un peu spécial. Il a été jugé trop faible pour recevoir un Stand à son arrivée.
Ziggy : “Faible” ? T’aurais pu le tourner un peu mieux que ça quand même…
Job : Mais quel était leur objectif d’ainsi collectionner les Stands ? Il voulait monter une sorte de milice privée pour leur entreprise ?
Adam : Non, en réalité, l’orphelinat était un prétexte…Toutes les familles riches d’Europe s’y retrouvaient pour adopter des enfants…Les plus chanceux se retrouvaient adoptés par une famille aimante…Les moins malchanceux possédaient un Stand qui pouvaient servir dans la vie quotidienne et devenait domestique privé.
Shizuka : E-et pour les plus malchanceux…?
Adam ne répondit pas. Par réflexe, ses mains touchèrent ses épaules où des blessures enfouies s’étaient réveillées. La brûlure latente du martinet soudait ses lèvres, emprisonnant les souvenirs passés.
Ziggy : Ils étaient forcés à se battre…Adam n’arrivera pas à vous le dire…Il y avait une ancienne cave sous l’orphelinat avec…une arène aménagée au centre...Seuls ceux avec un Stand se battaient mais j’ai été forcé de regarder mes camarades se battre…des dizaines de fois…les voir se blesser juste pour être adoptés par un millionnaire sadique…Réduits à des bêtes de foire pour quelques ultra-riches…
Shizuka se précipita vers Adam et se serra contre lui. Elle voulait consoler l’enfant qui avait vécu tout cela des années en retard. Les yeux perdus dans le vide, plongés dans ces eaux ténébreuses, il reprit.
Adam : Puis un jour, lors d’un gala de charité, un incendie a éclaté à l’orphelinat. Tout est parti en cendres…
Ziggy : Heureusement, un anonyme a prévenu les personnes à l’intérieur que le feu se propageait dans le bâtiment et tous les enfants ont pu s’en tirer…enfin, tous sauf…
La chaleur du feu se réveilla sous la peau du jeune homme à l’étoile. Sous l’effet du stress, il gratta le dos de sa main compulsivement.
Adam : Salomon…le troisième membre de notre groupe…Salomon Veralyn…il a disparu dans les flammes de l’incendie. On a essayé de le faire sortir de la cave mais on a échoué…après ça, on a tous les deux fui…j’ai été retrouvé par Monsieur Jones qui était en voyage dans le Sud de la France et Ziggy a réussi à arriver à Paris en autostop…
Ziggy : J’ai pris plusieurs jours pour effacer nos traces…Il fallait que les Dante nous croient morts et n’essayent pas de nous retrouver et…c’est à ce moment-là qu’on a été sûrs du sort de Salomon.
Malgré la cohérence de l’histoire de Ziggy et Adam, pour l’empathie amplifiée de Shizuka, quelque chose clochait comme s’il cachait quelque chose d’autre. Toujours collée au flanc où il portait son fleuret, elle leva la tête vers lui.
Shizuka : Il n’y a aucun autre souvenir de ton passé dont tu voudrais parler, Adam ?
Adam : Bien sûr que non ! Pourquoi tu me poses ce genre d-
Il avait haussé le ton et les muscles de son corps s'étaient tendus d’un seul coup. Quand il comprit qu’il avait effrayé la petite fille, il baissa sa voix et tenta de se calmer.
Adam : Je veux dire…non, je crois que j’ai dit tout ce qui était important mais, si tu veux que je t’en parle davantage, je te raconterais tout ça…
Adam adressa à Shizuka un sourire empli de tristesse, tentant de dissimuler les épines hérissées sur son cœur que les ronces de Shizuka effleuraient.
Maneater : Et vous avez une idée de l’origine de l’incendie ? J’ai cru comprendre que ce qui vous différencie des autres primates est votre goût pour les combustions…
Ziggy : Non, aucune piste…ça pourrait être n’importe quoi mais je n’ai rien vu et Adam était inconscient la majeure partie du temps…
Job : Peut-être que le Mystère et l’auteur de l’incendie ne sont qu’une seule et même personne…
Adam : C’est aussi ma théorie. De toute façon, peu importe qui se cache derrière la société Monopolis ou derrière “The Man who sold the World”...
Ziggy : Nous allons devoir affronter notre passé.