JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 87 : The Man who sold The World (Partie 1)

2080 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 3 mois





Batya se baladait dans les couloirs du building à la recherche d’informations sur les lieux. Il était si grand qu’il était possible de traverser ces longues étendues de carrelage sans croiser la moindre âme qui vive. De temps en temps, elle passait devant une porte avec un bureau désert : désert non pas parce que personne n’y avait travaillé mais plutôt vidé à la hâte comme si quelqu’un avait voulu fuir. Elle se décida à retourner rapidement un des bureaux pour voir ce qu’elle pouvait d’intéressant au milieu de cette paperasse inutile.


Batya : Je déteste ces open-space et ces bureaux en contreplaqué. Les designers de ce genre d’endroit n’ont aucun sens de l’esthétisme…


Sa méthodologie était chirurgicale : elle disséquait les lignes de comptabilité, analysait les tumeurs d’encre avant de dresser son diagnostic. En quelques secondes, elle connaissait sûrement mieux ce dossier que celui qui l’avait écrit.


Batya : Ces relevés de comptabilité… Tous les chiffres sont à la hausse, c’est presque surréaliste…Cela me ferait presque croire que les rumeurs entourant ce “Mystère” sont vraies…


Elle prit soigneusement une photographie des documents dispersés sur la table avec son polaroïd et attendit quelques instants que l’impression se termine avant de la ranger dans sa poche. 

Batya sortit du bureau doucement et continua à marcher jusqu’au fond du couloir en prenant garde de ne faire aucun bruit. Par réflexe, elle longeait les murs pour vérifier qu’elle n’était pas surveillée et profitait de chaque angle pour se protéger des regards indiscrets. Bingo. D’un coup d’oeil bref, elle avait remarqué un sclère blanc et une pupille rouge clignotant la surveillant d’un des coins du couloir : un cyclope mécanique, un HAL 9000 au milieu du hall. Par réflexe, elle voulut l’aveugler d’un coup de poing de son Stand mais, après réflexion, elle pouvait profiter du voyeurisme de la machine. Enfin, quelqu’un d’autre pourrait en profiter. 


Altamira : Tu vas me mener à un endroit beaucoup plus intéressant, toi. 


En quelques gestes agiles, Altamira avait noué un bandage autour de sa poitrine, enfilé sa veste et plaqué ses cheveux pour retrouver sa masculinité avant de regarder l’objectif droit dans son œil de verre. 


Altamira : N’oublie pas, David. La caméra t’adore ! 


Le garde chargé de la surveillance scrutait son moniteur où un numéro de transformisme peu banal venait de se dérouler. Avant qu’il ait pu contacter l’agent de sécurité, son nez rentra gentiment en contact avec le panneau argenté. La silhouette d’Altamira quitta enfin sa projection, traversant le voile de sang laissé par sa victime et repoussant son corps d’un geste dédaigneux.


Sur l’un d’entre eux, dans un coin de l’image, dans une police neutre, le texte “President’s Room” était écrit. Le signal vidéo était de mauvaise qualité mais on distinguait deux silhouettes : un homme debout en costume visiblement mal à l’aise portant péniblement un attaché-case face à un autre assis à un immense bureau de bois peint en blanc, le visage à peine visible dans l’ombre. Avec quelques observations, Altamira comprit comment fonctionnait la console presque instantanément et régla le son du bon moniteur pour entendre la discussion qui se déroulait. À coup sûr, cela lui permettrait de déterminer l’identité de ce Président qui voulait rester anonyme. Pour un journaliste d’investigation comme elle, il n’y avait pas de “mystère”, simplement des vilains petits secrets à dévoiler.


??? : Je t’ai demandé de faire un choix. C’est pourtant simple. Notre société est basée sur l’acceptation mutuelle : le contrat. Pour le finaliser, il est nécessaire que les deux parties soient libres en le signant. Je te laisse donc ta liberté de choix.


Employé : M-mais, Monsieur… Vous ne pouvez pas me demander de choisir entre ma mère et mon poste…Elle est malade depuis quelque temps mais je suis sûr que quand elle sera complètement rétablie, je pourrais…


Le poing de l’homme frappa violemment son bureau. Malgré la résolution moyenne de l’écran, Altamira distinguait parfaitement un filet de sang s'échappant de sa paume. 


??? : Je déteste qu’on me fasse perdre mon temps. Quand ta lâcheté t’empêche de faire un choix entre deux choses, ta destinée sera inexorablement de perdre les deux. Emmenez-moi cet incapable en dehors de mon immeuble. 


Sur l’écran, deux silhouettes vêtues de noir et de lunettes de soleil saisirent l’employé qui tentait vainement de se débattre contre la poigne des deux automates. 


Employé : Non, vous ne pouvez pas me renvoyer pour quelques retards. Cela ne se reproduira plus…Je vous en supplie ! 


Le Président appuya sur le bouton d’un microphone intégré à son bureau et s’adressa à une personne à l’autre bout du fil, probablement un subordonné.


??? : Publiez une nouvelle annonce sur le site de la compagnie. Nous allons avoir besoin d’un nouveau directeur de la communication.  


Tandis que son ancien employé était traîné en dehors de la salle, le voile d’ombre se leva et révéla le regard glacial de l’homme qui se tourna mécaniquement vers l’objectif de la caméra de surveillance. Batya - qui avait profité du temps assis devant le moniteur pour reprendre ses habits et sa personnalité - se sentait toisé malgré l’interface numérique qui les séparait. 


??? : À votre place, je passerais par la porte de droite et j’oublierais tout ce que je viens de voir. Cela vaut mieux pour tout le monde…


L’agent de sécurité s’était réveillé et la regardait, encore sonné et le nez couvert de sang. Cependant, malgré son air pathétique, le ton de sa voix semblait montrer sa bienveillance. 


Picture of Home : DAAAAAIDO ! 


D’un seul coup de poing, le Stand assomma à nouveau l’employé et cette fois-ci probablement pour plusieurs heures. Batya fit craquer son poing et sa nuque en signe de satisfaction. 


Batya : Je savais qu’Altamira frappait comme une femmelette. On est jamais mieux servi que par soi-même…J’ai eu les infos qui m'intéressaient. Je devrais pouvoir retrouver la salle qui apparaît sur la vidéo. 


Batya se leva et regarda le plan du bâtiment. D’après ce qu’elle avait pu déduire des caméras, il lui suffirait d’aller à gauche et d’emprunter l’ascenseur au bout du couloir avant d’arriver au dernier étage. La photographe s’empressa d’ouvrir la porte pour conserver le plus de temps possible. Si elle voulait respecter le temps limite qu’elle s’était fixé, elle devait atteindre au plus vite le Président. Elle ouvrit prestement la porte et, d’un pas assuré, la traversa.


Et son œil gauche explosa.


La jeune femme poussa un cri horrible qui résonna dans les couloirs déserts de l‘immeuble. Elle se plia en deux, la main posée sur son orbite en sang qui irradiait de douleur. 


Batya : Impossible…C’est une attaque de Stand ?! L’agent de sécurité est assommé, il ne devrait plus pouvoir m’attaquer ! Et je n’ai vu aucun projectile m’atteindre ! 


Essayant d’oublier la douleur, elle prit son polaroid dans les mains et le tourna vers elle. Le flash brûla son œil maintenant solitaire de sa lumière artificielle avant de ressortir une image reproduisant à la perfection l’expression de douleur qui imprégnait la totalité des traits de son visage. 


Batya : Picture of Home…I Palindrom I… 


Le pantin éborgné attrapa la photographie prise par sa manieuse et la plia au centre, rabattant les côtés l’un sur l’autre comme les couvertures d’un album dont on veut oublier les souvenirs figés. 


L’œil était réapparu, bien à sa place, dans l’orbite de sa propriétaire.


Cependant, Batya se tordait toujours de douleur. Si son Stand pouvait agir sur les choses apparaissant visuellement comme les membres ou les blessures, les photographies étaient inexorablement muettes sur les douleurs et les émotions. 

La jeune femme se tenait au mur en haletant. Malgré toutes les épreuves qu’elle avait traversées, cette douleur lancinante lui faisait perdre pied. Elle boita quelques pas, la main posée sur son œil retrouvé, ne laissant passer que quelques maigres rayons de lumière entre ses doigts. 


Devant elle, Batya vit le mur s’ouvrir comme si une porte imaginaire le traversait et une silhouette couleur rouille en sortit. Son visage n’avait rien d’humain et ne consistait qu'en un monochrome ocre parcouru de fêlures et de fissures. Son avant-bras gauche était normal - du moins, aussi normal que celui d’un Stand pouvait l’être - mais son membre droit n’était qu’un long pieu, semblable à une patte d’araignée. 


La silhouette se mit à courir vers Batya à toute vitesse. Lorsqu’il fut à portée, Picture of Home se prépara au combat et rua son adversaire de coups de poing. Au lieu de contre-attaquer, le Stand rouillé se contenta d'avancer et posa sa main humaine sur le torse du pantin. Il tira son bras vers l’arrière en emportant une partie parfaitement carrée du torse, laissant un trou béant au milieu du ventre de celui qui lui faisait obstacle. Après avoir créé cette trappe, il se contenta d’enjamber les jambes de son opposant et de passer ses épaules dans cet orifice exigüe pour continuer son chemin vers la manieuse. 


Batya : Mon Stand ne l’intéresse pas…c’est moi qu’il cherche à attaquer ! Mais il est hors de question que je me laisse faire !


Batya sortit une photographie instantanée de sa poche et la secoua avec impatience comme un aérosol dont on voudrait utiliser les dernières gouttes. Le calme et l’assurance de Batya venaient d’être chamboulés par la suite d’événements qui se passaient devant ses yeux.


Batya : Garde en tête que quand j’aurais trouvé ton manieur, je me ferais un plaisir de capturer sa détresse et sa souffrance sous tous les angles ! Shake it Off ! 


De la source du minuscule positif, de gigantesques trombes d’eau salée sortirent et vinrent se déverser dans le couloir, ralentissant fortement l’avancée du Stand, luttant contre le courant artificiel. 


Batya : C’était la dernière photo de la mer que j’avais prise quand j’habitais encore avec maman, tu me le paieras très cher…


Profitant du moment d’accalmie, Batya se jeta dans l’ascenseur et appuya frénétiquement sur le bouton du dernier étage pour presser la cabine d’acier à monter. Après une éternité de quelques secondes, le corps de fer se décida à grimper péniblement les étages. L’alternance entre l’ombre et la lumière dans l’interstice entre les deux portes métalliques rassurait Batya.


L’ascenseur s’arrêta. 


Batya appuya à nouveau sur le bouton de l’étage, agacée, mais la seule réponse de la cage d’acier fut un long bruit de grincement et de déchirement strident. Quand elle tourna la tête vers les portes, elle vit un long pieu de couleur rouille qui venait de transpercer le métal de l’ascenseur.




Nom du Stand : Picture of Home / Television Man

Nom du manieur : Batya Amon Düül / David Altamira 


S’il s’agit en théorie du même Stand, chacun est associé à une des deux identités de son manieur : une féminine et une masculine. Ainsi, les deux capacités sont totalement incompatibles : seule Batya peut utiliser Picture of Home et seul Altamira peut utiliser Television Man. 


Trivia : Batya considère la féminité comme en tout point supérieure à la masculinité. Inconsciemment, cela s’est exprimé en liant sa personnalité masculine à la forme la plus primitive d’art (les peintures rupestres) et sa personnalité féminine à une des plus avancées (la photographie). 



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