JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 83 : Bridge over Troubled Water
2273 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 30/11/2024 21:11
Accroupie sur un banc de sable, Shizuka, réveillée depuis plusieurs douloureuses - mais rassurantes - minutes, enroulait ses ronces autour du corps d’Adam qui souffrait encore des attaques de The Second Law. Job, quant à lui, était déjà rétabli par les pouvoirs de la jeune Joestar et faisait face à la mer en fermant les yeux pour profiter de la sensation de son ouïe retrouvée.
Brandy : Vous avez eu une sacrée chance que j’ai pu vous retrouver. Je surveillais la baie quand vous avez eu la formidable idée de tirer votre fusée de détresse dans l’eau…Heureusement que je peux voir vos Stands, ça m’a sacrément simplifié le travail…
Adam : Je suis désolé, c’était la seule chose que j’avais pour… Aïe, aïe, AÏE ! Jojo, vas-y doucement !
La sensation de guérison était beaucoup plus désagréable qu’à l’accoutumé et la figure angélique se déformait dans une grimace d’agacement. Comme un fakir allongé sur un lit de piques, Adam frémissait à chaque mouvement quand les épines griffaient sa chair.
Shizuka : Arrête un peu de bouger, tu aurais moins mal.
Adam : Écoute, je suis désolé…
Shizuka : Je n’arrive pas à croire que tu aies transpercé la Mystery ! Imagine ce qu’elle a dû ressentir !
Adam : Mais elle m’a autorisé à le faire, je te dis ! Elle a joué une musique sur l’autoradio et puis…
Shizuka lui adressa un regard encore plus sombre comme si ses yeux voulaient l’exécuter sur place sans autre forme de procès. Ses épines se serraient autour de la chair d’Adam.
Shizuka : Je croyais que tu la considérais comme une machine ! Une machine, ça donne pas son autorisation !
Brandy : Du calme…du calme…S’il n’y a que ça, je peux la réparer. Les dommages sont seulement superficiels, cela n’a touché aucun élément important du bateau…enfin de la voiture.
La jeune fille quitta le chevet du jeune homme blessé pour se rendre à celui de la voiture, desserrant en vitesse ses ronces dans un dernier râle de douleur de son patient. Elle plaça sa tête contre le métal du camping-car comme un jockey contre le cuir d’un cheval.
Shizuka : Ça va aller…Brandy va réparer les méchantes blessures que le méchant Adam t’a fait…
Adam : C’est quand même moi qui ai vaincu l’ennemi, je pourrais avoir un peu de reconnaissance…d’ailleurs, il faut qu’on décide quoi faire de lui.
Accroché par la queue avec un hameçon, un étrange poisson d’un petit mètre de long donnait des coups hargneux de mâchoire dans les airs. Un éclat de rage brillait dans sa pupille animale, visiblement prêt à en découdre avec tous ceux qui s’approcheraient d’un peu trop près. Le squale possédait un aileron dorsal marqué d’une marque en forme de fleur de cerisier. Son corps luisant était lui-même recouvert de petites tâches brunes qui rendaient ses frétillements presque hypnotisant. Quand son œil droit se fermait, les petites cicatrices de part et d’autre de celui-ci le faisaient ressembler à un spectrogramme.
Brandy : Alors comme ça, c’est cette bestiole qui est la responsable de toute la panique chez les pêcheurs ?
Shizuka : C’est difficile à croire qu’un animal aussi mignon ait pu essayer de nous tuer…
Adam : Ne t’approche pas trop, Jojo ! Je l’ai privé d’eau mais on ne sait pas de quoi cette sardine est capable.
??? : Je suis une roussette ! Pas une vulgaire sardine, bande de primates mutants !
Instinctivement, Shizuka recula d’un pas en entendant l’animal qui venait de parler comme un humain. Pour prolonger la monstruosité, sa bouche n’avait même pas tenté d’imiter les expressions labiales d’un humain et continuait de mordre l’air.
Shizuka : I-il a parlé…Il a vraiment parlé…
Job s’avança d’un pas hésitant, encore atteint par ses blessures.
Job : Effectivement, Signorina, visiblement, il utilise son Stand pour manipuler le bruit du vent et former des mots. C’est comme ça qu’il a créé ses voix parasites que vous avez entendu, Adam et vous.
Shizuka : S’il ne s’en était pas servi pour essayer de nous tuer, ça serait presque impressionnant…
??? : Craignez, le Léviathan. Dès que je serai libéré, je vous ferai griller pour avoir osé massacrer mes congénères.
Shizuka : “Massacrer tes congénères” ? Mais c’est toi qui a dévoré tous ces poissons qu’on a vu !
??? : Je l’ai fait uniquement parce que c’était le seul moyen de vous arrêter. Vous, les humains, vous n’avez aucun honneur. Vous pillez nos eaux jusqu’à nous faire disparaître. Il fallait que j’agisse !
Adam sortit son fleuret et le plaça au niveau du dos de la créature, frôlant le squelette de cartilage de sa lame comme un boucher qui tâte la viande de son couteau.
Adam : Bon, on récolte son sang noir pour “HOPE” et ensuite on le transforme en soupe à l’aileron. J’ai plus qu’assez d’entendre ces âneries.
??? : J-je le savais, vous voulez vraiment me m-manger… Vous allez m’électrocuter et…ensuite vous allez…
Les ronces de Shizuka arrêtèrent sa lame à quelques centimètres de son but. La jeune fille fermait les yeux semblant sentir quelque chose.
Adam : Jojo, qu’est-ce-que tu fais ?! Me dis pas que tu le prends en pitié !
Shizuka : Attends, Adam. Il y a de la colère envers les humains dans son cœur mais il y a aussi d'autres émotions : un mélange de crainte et…d’admiration ?
Brandy s’avança en serrant le poing, visiblement échauffée par la mansuétude et les bavardages de Shizuka.
Brandy : “D’admiration” ?! Qu’est-ce-que tu racontes, gamine ?! Je te rappelle que ce maquereau a fait bouillir vivants tous les pêcheurs qui vivaient ici !
Adam hésita avant de placer son bras devant la propriétaire du Kokomo Bar pour l’empêcher d’avancer. Malgré tout ce que cet animal leur avait fait subir, il avait confiance en Shizuka et regrettait toujours de l’avoir abandonné lors de leur combat.
Shizuka : Dis-moi…Comment tu as appris le langage des humains ? Est-ce-que par hasard tu utilisais tes pouvoirs pour capter les émissions humaines ?
Au moment où Shizuka prononça ses mots, le regard enragé du poisson se mit à devenir fuyant comme un banc poursuivi par un squale. Ses petites pupilles agitées lui donnaient des aspects félins méritant son surnom de “chat des mers”.
??? : Sale primate…comment oses-tu…jamais je n’aurais de l’admiration pour une espèce de singe qui est obligé de se recouvrir de tissus pour se protéger du froid !
La petite fille lui lança un peu d’eau en plein visage, la sensation bienfaisante d’humidité sur son corps privé d’eau ne suffisait à éteindre la rage provoquée par cette humiliation.
Shizuka : C’est amusant…Il y a beaucoup de poissons qui écoutent les Beatles…? Parce que tu as fait jouer “Here comes the Sun” à la Mystery…donc tu connaissais cette chanson et sa signification.
Adam avait oublié à quel point sa jeune acolyte était intelligente. Elle était en train d’étaler tous les détails et incohérences qu’elles avaient soulevés comme le personnage principal d’une série policière. Pendant ce temps, le vent, porte-parole de la bête aquatique, se terrait dans un grognement.
Shizuka : Je suis presque sûr que tu t’es trouvé un nom “humain” en bon fanboy du genre Homo…
Les trois autres Homo Sapiens étaient stupéfaits par la scène digne d’un mauvais dessin animé qui se déroulait sous leurs yeux. Ils n’avaient même pas la force d’intervenir.
??? : Tu m’as percée à jour, la petite sans-nageoire…Je m’appelle Maneater et j-
Shizuka : Maneater ! C’est trop violent pour un bébé requin comme toi, je vais t’appeler “Manny” !
Maneater : Je suis une ROUSSETTE ! Et j’ai atteint ma taille adulte depuis plusieurs années déjà… Bref même si je me suis juré de massacrer votre espèce…J’ai aussi compris que je ne pourrais pas atteindre mon objectif…
Shizuka : Ton “objectif”, de quoi tu parles ?
Job se retint de dire mot. Il avait appris de la bouche difforme de Time in a Bottle que les Mystères servaient chacun un “objectif” mais il n’en avait pas encore parlé à ses camarades. Il se contenta de baisser la tête pour que son regard ne trahisse rien.
Maneater : Vous êtes décidément pathétique ! Tous les Mystères servent un objectif et, s’il ne le respecte pas, ils meurent !
Job : “M-meurent” ?!
Job ne put s’empêcher de réagir. Ce n’était pas ce que le loup de l’hôtel “American Pie” lui avait révélé. Est-ce-qu’il avait menti ? Ou peut-être que même ce Mystère n’était pas au fait de tous les pouvoirs du Voyageur. Après tout, il en ignorait lui-même beaucoup sur la nature du sang noir qui coulait dans ses veines.
Shizuka : M-mais c-c’est horrible ! Mais alors, Job, ton objectif à toi…C’est…sauver Michelle ?! Il faut absolument que tu y arrives sinon…sinon…
Le petit squale montra ses crocs d’agacement mais, malheureusement pour lui, ses centaines de petits cure-dents le faisaient ressembler davantage à une mascotte de boîtes de céréales qu’à une réelle menace. Job, pour calmer la fillette, s’agenouilla et lui ébouriffa les cheveux pour empêcher ses larmes de couler.
Job : Ne vous inquiétez pas pour moi, Signorina… Quand nous arriverons au bout de ce périple, je suis sûr que votre père acceptera d’aider Michelle.
Il lui adressa un sourire rassurant. Pendant un instant, son visage se superposa avec deux autres provenant de ses souvenirs. À tour de rôle, l’expression de Job fut remplacée par celle d’Ève et celle de Guns lorsqu’ils rassuraient la petite Joestar sur la gravité de leurs blessures.
Adam : Et puis, dans le pire des cas, ça nous fera une bouche de moins à nourrir…
Le Stand angélique apparut une demi-seconde pour infliger une claque de réprimande à l’arrière de la tête du français avant de camoufler à nouveau dans son invisibilité.
Maneater : Les émotions des mammifères…quand tu auras fini tes jérémiades, je pourrais peut-être reprendre…
Shizuka essuya rapidement la légère humidité qui avait embué sa vision et fit signe à “Manny” de reprendre.
Maneater : Je disais donc que si je veux poursuivre mon “objectif”, je suis obligé de m’allier avec des terriens peu importe à quel point vous me répugnez ! Je vous demande donc si je peux vous accompagner sur la terre ferme…
Tout l’auditoire faillit tomber à la renverse. Le Léviathan, la terreur des mers qui massacrait des pêcheurs et avait voulu les faire bouillir vivants à plusieurs reprises, leur proposait une trêve. Soit il était le traître le moins prudent du monde, soit la logique n’appartenait pas au règne animal.
Maneater : Attention, je n’ai que haine et dégoût pour vos corps secs et poilus et je désire toujours annihiler tous les individus de votre espèce. Mais si j’en crois Lost Sailor, c’est le seul moyen d’y arriver.
Adam : Job, va chercher le couteau de cuisine, on va transformer cette truite en filet…
Job : Signorina, vous ressentez de la sincérité dans son coeur…?
Shizuka : C’est difficile à dire…Il a effectivement une haine profonde en général…mais visiblement, pas plus que ça envers nous…à part envers Adam quand il parle de couteau bien sûr…
Job : Si vous n’êtes pas sûre de vous, mieux vaut ne pas prendre de risques. Son Stand est sournois, il pourrait nous tuer dans notre sommeil sans aucun problème.
Adam : Ça me fait mal de le dire mais le rital a raison. Mieux vaut prendre le sang noir et le laisser se désêcher ici. Ça vaut mieux pour nous et pour tous les touristes qui voudraient visiter la baie…
La petite fille, visiblement un peu déçue, acquiesça tristement de la tête. Bien qu’elle avait pu voir le bon dans le cœur de Job, d’autres âmes semblaient impossibles à sauver. La jeune gardienne de phare lui posa une main compatissante sur l’épaule comme un parent qui vient d’apprendre à son enfant que les gens ne vivent pas éternellement. Les quatres tournèrent les talons et partirent vers la Mystery pour récupérer “HOPE”. Maneater voyant que les humains étaient décidés à le laisser mourir au bout de cet hameçon, sa voix pleine de méchanceté et de mépris se transforma soudainement en une supplique pathétique.
Maneater : S-s’il vous plaît, sans vous, je ne pourrais jamais le trouver…l’“Endroit où l’Horizon se brise” !