JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Le boss était assis devant son grand bureau de bois dans l’obscurité toujours pesante de la pièce. Il tapotait avec impatience sur le meuble créant de petites touffes d’herbes à chaque impact. La porte qui lui faisait face finit par s’ouvrir laissant apparaître un visage familier.
Giorno : Fugo. Est-ce-que tu as une idée de l’heure qu’il est ?
Fugo : Excusez-moi du retard, boss. Il est de plus en plus complexe de trouver des assassins dignes de ce nom mais je pense que j’en ai trouvé qui pourront s’occuper des deux cibles que vous m’avez désignées. Cependant, “Vizioz” reste introuvable. Aucune piste ne semble mener jusqu’à lui…même Stardust n’a pas réussi à le pister.
Giorno se leva et fit quelques pas avant de perdre l’équilibre, pris d’un vertige. Son vieil ami se jeta sur lui pour l’aider à se relever. Ses forces semblaient peu à peu l’abandonner à mesure que les Mystères étaient résolus. Il posa ses bras sur les épaules de son aîné qui l’assit le temps qu’il puisse retrouver ses esprits.
Giorno : Merci beaucoup, je suis désolé. Je me sens de plus en plus faible. Mais les Mystères devront attendre. Pour l’instant, il faut s’occuper de l’opération “Crazy on You”. On doit à tout prix protéger l’enfant, c’est notre priorité absolue même si cela demande de faire des victimes collatérales.
En tant que responsable des assassins au sein de la Passione, Fugo avait eu connaissance de centaines d’histoires morbides - il était sûrement la source de nombreuses autres - mais entendre des mots comme “victimes collatérales” sortir de la bouche de son vieil ami lui laissait un goût amer dans la gorge. Cependant, en bon subordonné, il se contenta d’acquiescer et de tourner les talons. Giorno l’arrêta.
Giorno : Ah oui et Fugo…
Fugo : Boss ?
Dans un effort à peine dissimulé, le boss se leva à nouveau de sa chaise cette fois en réprimant son vertige et avança vers son ami en souriant.
Giorno : Je t’en supplie, fais attention à toi.
Fugo avait arrêté de se poser des questions mais Giorno posa une main compatissante sur son épaule.
Giorno : Je suis désolé de devoir te confier des tâches aussi pénibles…Mista a eu du mal à supporter les quelques fois où je lui ai demandé de te remplacer. Mais malheureusement, pour le bien de l’organisation…
Un léger sourire s’imprima sur le visage de Fugo. Il essaya de fuir le regard de son ami pour ne pas montrer son inquiétude.
Fugo : Ne t’inquiète pas, Giorno. Je m’en occupe.
Fugo ouvrit la porte sans se retourner en allumant un cigare avec la flamme discrète de son briquet. Comme un réflexe, il poussa un soupir vaporeux qui dressa un écran de fumée entre son supérieur et lui. Quelques secondes après avoir refermé la porte, la silhouette brumeuse s’était évanouie presque aussi vite que son propriétaire. Giorno laissa sa tête choir entre ses mains.
Voyageur : Tu n’es qu’un poisson volant de plus…
Golden Experience donna un violent coup de poing pour chasser la silhouette issue de sa mémoire qui disparut en un nuage de poussière.
Voyageur : Peu importe ce que tu feras, je finirais par te trouver et par te tuer. “HOPE” et Vizioz m’aideront à te retrouver et à te traîner devant le Tout-Puissant…
Le Stand doré donnait des coups au hasard dans la salle frappant les derniers volutes de fumée faisant tournoyer la poussière le long des rayons du jour. Le boss se tenait l'épaule, suffoquant à chaque mouvement. La croix sur sa peau brûlait comme une marque au fer rouge, symbole de son combat passé.
Golden Experience : MUDA !
D’un coup de poing, il frappa les grains de poussière qui se changèrent en petits moucherons fuyant dans une danse chaotique. Giorno haletant reprit ses esprits en dissipant les fantômes du passé comme une bruine. D’une main tremblante, il glissa ses doigts dans sa poche avant d’arracher deux photos et de les poser violemment sur son bureau.
Giorno : Shizuka Joestar… Adam Polnareff… Je n’ai pas le temps de m’occuper de vous pour le moment. Je vais être contraint d’attendre que vous perciez HOPE à jour et que vous découvriez tout par vous-mêmes…mais quand vous m’aurez trouvé…
Il transforma les deux photographies en un papillon et en une coccinelle qui volèrent dans la pièce, flânant naïvement dans les airs comme Adam et Shizuka avait flâné à travers la France.
Giorno : Ne vous attendez à ce que je me laisse tuer.
Les deux insectes s’écrasèrent sur la lampe et retombèrent sur le bureau, carbonisés.
***
À quelques bâtiments de là, Jean-Pierre Polnareff, ignorant des événements qui venaient de se produire, manipulait avec précaution son téléphone d’un autre temps et composa prudemment le numéro à l’abri des regards et des écoutes indiscrets.
Polnareff : Allô, oui c’est moi, est-ce-que tu as pu rentrer ?! Je ne suis pas rassuré que tu t’aventures dans ce genre d’endroit sans protection.
À l’autre bout du fil, David Altamira s’agaçait d’attendre depuis plusieurs minutes dans la queue devant le gratte-ciel de la société Monopolis. Dans son costume hors de prix, Altamira soupirait de chaleur et de lassitude.
Altamira : Oui, je t’ai déjà dit que je m’en occupais dans les temps. Il me reste encore 20 minutes avant d’être en retard, décompresse, le vieux.
Polnareff : “Le vieux” ?
Impatient, le journaliste finit par passer devant tout le monde en jouant des coudes et des vocalises pour se faire entendre. Il arriva devant la porte d’entrée où un vigile a l’air peu commode l’accueillit. N’obtenant aucune réponse de son visage, Altamira observa le badge où on voyait une photographie de son propriétaire sans ses lunettes de soleil et arborant un grand sourire. Le plus petit releva le regard vers le colosse et sourit.
Altamira : “Photo non contractuelle” comme on dit. Et puis “Angelo Bailey” , c’est un vrai nom, ça ?!
Vigile : Écoutez, Monsieur. Si vous n’avez aucune autorisation, vous allez devoir faire la queue comme tout le monde. C’est la grande ouverture de notre siège aujourd’hui, beaucoup de gens attendent.
Altamira : Je suis vexé que vous ne m’ayez pas reconnu…Je suis David Altamira et je travaille pour Dante News. Je suis venu pour un reportage exclusif. Cela pourrait faire plaisir à vos actionnaires d’avoir du temps de cerveau disponible à heure de grande écoute…
Le vigile perplexe prit son talkie-walkie et grommela une question à l’intérieur. Après quelques bourdonnements dans ses oreilles, il finit par s’écarter et laisser passer le journaliste.
Vigile : Bienvenue au centre Monopolis, monsieur Altamira. Je vous souhaite une bonne visite.
Altamira fit un signe à ses deux caméramans et à son perchiste de la suivre et ils pénétrèrent dans l’enceinte de la bête d’acier. Au centre de la pièce, une gigantesque sculpture en marbre représentait une dizaine de silhouettes grises habillées en costume soulever un gigantesque complexe immobilier. Un “M” trônait fièrement au sommet du bâtiment miniature géant.
Altamira : Décidément, le capitalisme ne provoque que des abominations artistiques…
Le journaliste avança d’un pas pressé en laissant son équipe technique lutter pour garder le rythme et ne pas faire tomber leur matériel hors de prix.
Altamira : Attendez-moi ici, j’ai une envie pressante. Je serai de retour d’ici quelques minutes.
L’homme en costume avança d’un pas agile à travers le dédale de couloirs aseptisés en suivant les pictogrammes qui recouvraient les murs comme des peintures rupestres. Il arriva devant les deux portes, prit celle de gauche avec le pictogramme masculin et pénétra dans l’une des cabines.
Altamira : C’est bon, Monsieur Polnareff. J’ai réussi à rentrer à l’intérieur du bâtiment. Je vais échanger deux mots avec le président sur la raison de son rachat des terrains de l’orphelinat Dante à un prix aussi exorbitant.
Polnareff : Très bien, mais surtout sois prudent. Tu ne sais pas s’il n’a pas engagé des manieurs pour assurer sa protection. Tu as pris trop de risques précédemment, je ne me pardonnerai pas qu’il t’arrive à nouveau quelque chose.
Altamira : Ne vous inquiétez pas, tout ira bien.
Il enleva son costume et en enfila un nouveau qui lui convenait mieux. Un long bandage tomba de sa poitrine qu’il s’empressa de ranger dans sa mallette. Sa personnalité semblait également se modifier à mesure que les nouveaux vêtements le possédaient : plus de grâce, plus d’élégance imprégnait ses mouvements. Une nouvelle silhouette sortit des toilettes devant le regard interrogateur d’une secrétaire passant par là.
Secrétaire : Excusez-moi, je crois que vous vous êtes trompés de toilettes, Madame.
L’inconnue ne prit même pas la peine de répondre et s’éloigna le long du couloir avant de s’engouffrer dans l’ascenseur. Elle regarda le miroir et réajusta son chapeau et ses lunettes de soleil.
Batya : Il n’y a pas à dire : l’élégance est propre à la gent féminine.