JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chasseur : Hé, fais moins de bruit ! Je crois que j’en ai repéré un !
Fils du chasseur : Tu parles, p’pa... Avec les verres que t’as pris, tu confondrais un cerf avec un écureuil.
Sans écouter son fils, le chasseur plaça son fusil devant ses yeux et visa le buisson qui venait de bouger. La sueur perlait le long de son visage que Dionysos avait peint en rouge et ses mains aux veines violettes tremblaient et vacillaient. Au bout de quelques secondes à hésiter, le coup partit. Le coup partit dans un arbre à plusieurs mètres du buisson.
Chasseur : Saloperie de fusil ! C’est pas passé loin !
Iz sortit de derrière les feuillages suivi de près par le Docteur Wu qui portait toujours sa blouse même en pleine nature. Le chirurgien balaya nonchalamment les quelques feuilles qui s’étaient déposées sur son épaule.
Chasseur : Hého ! Vous deux ! Qu’est-ce-que vous faites ici ?! Personne vous a dit que c’était un un coin de chasse ?! Vous avez fait fuir le cerf que j’avais repéré !
L’homme en blouse posa une main sur l’adolescent qui l’accompagnait. Derrière son masque chirurgical, on devinait un rictus. Il se pencha à l’oreille d’Iz et, comme un diable perché sur son épaule, lui murmura une requête.
Wu : Il est temps, Iz. Débarrasse-nous de lui.
Iz s’avança vers l’homme qui continuait de marmonner des jurons et des reproches aux deux nouveaux arrivants. Sans y prêter une quelconque attention, le jeune adolescent continua son avancée, pas à pas, sous le regard inquiet du fils du chasseur. Son père réalisait à peine la présence d’Iz jusqu’à ce qu’il pose sa main sur son cœur.
Chasseur : Hé gamin, qu’est-ce-que tu m-
Iz : Heart of Glass.
L’instant suivant, l’homme n’était plus qu’une sculpture de verre figée dans une expression de surprise et d’incompréhension. Ses yeux sans émotion n'avaient pas beaucoup moins de vie une fois privés de leurs couleurs. Son fils resta figé, la bouche ouverte et le teint encore plus livide que celui de son père.
Fils du Chasseur : P-p-p-papa !!
Ses yeux se gorgèrent de larmes et ses mains se mirent à trembler comme si, à la vue de son père cristallisé, son corps voulait se rassurer de toujours pouvoir bouger. Iz, quant à lui, faisait face à sa dernière création, se retenant de regarder le nouvel orphelin.
Wu : Vas-y, Iz. Finis le travail.
Iz : J-je ne peux p-pas…Désolé, c-c’est trop pour moi…
Wu poussa un soupir puis la statue de verre avec nonchalance. Elle tomba en arrière et se brisa en mille morceaux contre une souche dans un grincement abominable, comme si un dernier cri d’agonie avait été emprisonné dans le cristal. Devant le meurtre de son père, le jeune garçon tomba à la renverse et ne put que pousser des hurlements stridents jusqu’à ce que sa voix se brise.
Iz : Qu’est-ce-qu’on fait du garçon ?
Wu donna un coup de pied dans la jambe de l’enfant comme on fait signe à un chien de filer. Dans un réflexe de survie, la bête affolée détala loin des prédateurs.
Iz : On le laisse filer ? Et s’il nous dénonce ?!
Wu : Calme-toi. Personne n’irait croire un gamin qui prétend que des sorciers peuvent changer les gens en verre. Et tu me sembles bien précautionneux pour quelqu’un qui était prêt à laisser une statue intacte de son père au milieu de la forêt.
Iz : E-excusez-moi, docteur…
Wu : De toute façon, l’entrée que nous allons prendre sera condamnée dès demain matin.
Ils avancèrent vers une petite maisonnette rongée par le temps et recouvertes de lierres. Des tessons de verre et des emballages de cigarettes jonchaient le sol aux côtés des restes des anciens meubles qui décoraient la maison.
Iz : Qui habitait ici ?
Wu : Sans doute un garde forestier, c’était un travail très populaire les siècles passés mais leur nombre a été considérablement réduit.
Au cours de sa brève existence, Iz n’avait connu qu’une poignée de quartiers et une dizaine de rues. Son champ de connaissance s’étendait à peine à la mécanique automobile. Depuis qu’il voyageait avec le docteur, sa vision du monde changeait peu à peu. Il avait vu tellement de lieux différents et accumulé tellement de savoirs dans tellement de domaines. Cependant, son objectif restait le même : il deviendrait assez fort pour arracher sa dulcinée des griffes de cette brute épaisse. A l’intérieur de la maison en ruines, une porte restait intacte, solidement attachée à ses gonds. Wu se plaça devant elle et chuchota.
Wu : Ozymandias.
Les deux passèrent le pas de la porte et Wu posa un étrange masque noir sur son visage formant deux mains qui cachaient ses joues et son nez. Ils arrivèrent dans un étrange lieu ressemblant à un parc d’attraction laissé à l’abandon. Deux jambes de plâtre immenses et dépourvues de buste se dressaient dans ce désert ubuesque. Près d’elles, sur une pile de détritus, à moitié enfoui, gisait un visage brisé dont le sourire figé semblait témoigner d’un bonheur perdu. De larges montagnes russes abandonnées encadraient le décor comme une illusion de paysage. Au milieu de la place, entourée de stands de fêtes foraines et de sept portes dépourvues de mur et de gonds semblables à celle qu’ils avaient empruntée, se trouvait une longue table de bois décorée de mosaïques.
Masque de corbeau : Vous êtes en retard.
Tout autour de la table, cinq personnes étaient assises. Chacune portait un masque différent : corbeau, mouche, buffle à corne, crâne et serpent au bout de la table.
Wu : J’avais certaines affaires à régler. Et je veille à la meilleure formation de notre prochain membre, ce qui est, tu le comprendras, mon cher Caym, très chronophage.
Masque de serpent : Voyons, Caym, ne sois pas rabat-joie. Nous n’avons pas assez l’occasion de nous réunir alors ne commençons pas à nous chamailler.
L’homme qui se faisait appeler Caym soupira. D’un seul coup d'œil, malgré son ton assez rassurant et doux, Iz comprit que celui au masque de serpent était le chef. S’il voulait avoir la force de sauver sa dulcinée, il devait tout faire pour l’impressionner.
Masque de mouche : Byleth m’a fait savoir qu’elle ne pourrait pas être là, patron. Elle s’excuse de ne pas pouvoir venir.
Masque de serpent : Aucun problème, Baal. Je comprends qu’elle soit occupée. Bon, passons au premier sujet d’aujourd’hui.
Dans un stand proche de la table, un homme colossal portant un masque avec un œil au centre était en train de trafiquer quelque chose sous le comptoir d’où provenaient d’étranges couinements. Le colosse retira un sac en toile et l’homme au masque de serpent sortit une balle de sa poche qu’il fit glisser entre ses phalanges. Iz s’avança d’un pas pour mieux voir le stand et fut horrifié de découvrir la tête d’un vieillard bâillonné placé à l’endroit habituel des conserves vides. Le reptile arma son bras avant de tirer à la manière d’un joueur de baseball expérimenté. Le projectile envoya la nuque de sa pauvre victime frapper l’arrière du stand, la brisant et laissant sa tête pendre misérablement le long de son cou, sans vie. Un néon s’alluma alors affichant une à une dans une pluie de couleurs artificielles le message : “YOU WIN”.
Masque de buffle : Il l’a tué du premier coup cette fois-ci ! C’est prodigieux, pas vrai, Samaël ?
La femme au masque de buffle applaudissait avec entrain en attendant la réponse de l’homme au masque de mort. Celui-ci éteignit le vieux téléphone sur lequel il était en train d’écrire. Avant que l’écran ne devienne noir, Iz remarqua un message reçu avec un nom commençant par un “K”. La bouche en dessous du crâne répondit à la voix de femme avec un mélange de désintérêt et de froideur.
Samaël : Il aurait pu tirer à côté que tu aurais quand même applaudi, Asmodée. Maintenant, laisse-moi travailler. J’ai bientôt une échéance importante moi aussi.
Iz n’en croyait pas ses yeux. Il ne voulait rien laisser transparaître mais cet enchaînement de scène qui paraissait banal aux autres membres de la tablée remettait en cause toutes ses certitudes.
Masque de serpent : Affaire suivante : l’opération “Crazy on You”. Chacun de vous a bien retenu ce qu’il devait faire.
Caym : Bien sûr, je me tiendrais prêt à affronter la Passione à la position B. Mon objectif est de faire le plus de bordel possible et de m’occuper de la cible 2. J’espère que ça ne va pas me porter malheur. Asmodée ne peut pas s’en occuper à ma place ?
Asmodée : Tu parles toujours de malchance, Caym mais ça se trouve c’est toi qui est maudit.
Baal : Et moi, patron. Je vais abattre les cibles 3,4 et 5 comme vous me l’avez demandé. J’ai aussi engagé certaines connaissances pour s’occuper des cibles restantes : 6 et 8. Toutes les cibles mineures ont également été assignées.
Masque de serpent : Quant à eux, Lilith et notre nouveau venu vont s’occuper d’aller chercher notre cible numéro 1. Je ne veux qu’aucun mal ne lui soit fait. On ne va pas se mettre au niveau de ces vulgaires mafieux. Byleth vous transmettra les informations elle-même. Ah et j’ai failli oublier, la Passione aurait mis trois assassins à vos trousses. Abattez-les sans laisser de trace même si ceux-là ne devraient pas te poser plus de problèmes que les autres, Lilith.
Wu: C’est entendu, Monsieur.
Iz : J-je ferai tout m-mon possible, M-monsieur.
Iz était toujours déterminé à sauver sa princesse des griffes du monstre mais toute la mise en scène qu’il avait vu devant lui le faisait douter. Était-ce vraiment nécessaire de faire des victimes ? Ces gens n’avaient-ils pas une famille ? Alors que les questions tourbillonnaient dans sa tête, une main compatissante vint se poser sur son épaule.
Masque de serpent : Je le sais…C’est dur… Un tas de questions se bousculent dans notre tête. Tout le monde ici a subi ces dilemmes et il n’y a aucune honte à faire preuve de faiblesse, crois-moi…Même celui qui croit le plus fort en son idéal hésite à prendre une vie…mais…
Il fit signe à une autre colosse à côté d’un autre stand. Iz ne connaissait pas le nom de l’attraction mais il s’agissait d’une barre recouverte de néon et d’un marteau gigantesque qui servait à mesurer sa force. Cependant, pour prolonger la mise en scène morbide, une tête humaine était placée à l’endroit de l’impact prête à être réduite en bouillie. Le masque noir lui plaça le marteau entre ses mains tremblantes. Les yeux d'Iz alternaient entre les deux visages. Qui était le dragon qu’il devait abattre ? Avait-il une tête de serpent ou une tête d’homme?
Masque de serpent : Cet homme te paraît être une victime ? Laisse-moi te conter son histoire… Il a monté une affaire florissante en proposant des crédits avec des taux d’intérêts faramineux à des familles voulant simplement s’acheter une maison. Il a ensuite fait fortune en spéculant sur les pensions de retraite des personnes âgées, laissant des personnes ayant économisé toute leur vie ramasser les feuilles pour pouvoir survivre.
Iz baissa les yeux vers l’homme qui gémissait à ses pieds implorant pour que sa tête ne soit pas tranchée par cette guillotine de fortune.
Masque de serpent : Sais-tu ce qu’est une “martingale” ? C’est un moyen de gagner à tous les coups au casino. Par exemple, à la roulette, double ta mise à chaque fois que tu perds et arrête de jouer dès que tu gagnes et tu seras sûr d’emporter quelque chose. Mais si tu essayes de faire ça dans n’importe quel casino, tu seras chassé par les vigiles. Pourquoi ? Tu ne triches pas ? Tu es juste plus malin qu’eux ! Oui mais le casino, c’est exactement comme le système. Tu auras beau être le plus malin, le plus fort, le plus docile. Peu importe, c’est toujours lui qui gagne. La seule vraie martingale, c’est de défoncer le crâne du patron du casino.
L’homme masqué posa ses mains au-dessus de celle d’Iz comme pour l’accompagner dans son exécution. Il s’approcha de son oreille pour lui chuchoter un dernier secret.
Masque de serpent : J’ai presque oublié de te dire…Cet homme a été gouverneur de son État. Son plus grand fait d’arme a été de retirer les forces de police et les commissariats des quartiers populaires pour faire des économies. La criminalité a prospéré mais il s’en fichait. Après tout, dans ce quartier, les vols…les meurtres n'étaient “pas inhabituels”.
Au moment où il entendit ses mots, Iz ferma les yeux et abattit le marteau de toutes ses forces contre la tête du monstre. Dans l’obscurité, il sentit sur son bras et sa joue la fraîcheur de quelques gouttes. Quand il ouvrit les yeux, les néons clignotaient pour féliciter le héros d’avoir écrasé la bête qui terrorisait les honnêtes gens.
Masque de serpent : Bienvenue au Comité de Salut Public, Abaddon.
Iz se tourna vers son nouveau mentor qui lui tendit un masque dont le visage déformée par la terreur rappelait un tableau dont le jeune garçon avait oublié le nom.
Masque de serpent : “Voyez mon œuvre, ô puissants, et désespérez.” Crois-moi…avec cette nouvelle force, tu feras trembler même les Rois de ce monde.