JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 78 : Smoke on the Water (partie 5)

1597 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/10/2024 22:27




Dans les profondeurs de l’eau de la baie, une silhouette inhumaine était protégée des rayons meurtriers du soleil par les ténèbres l’enveloppant. Les yeux du Léviathan perçaient l’obscurité et distinguaient nettement l’ombre de la petite embarcation. Dans les flots glacials, son sourire carnassier brillait d’un éclat lugubre.


Léviathan : Ils ont déjà l’air d’avoir compris une partie des capacités de mon Stand…je ne pensais pas que de vulgaires humains pourraient être aussi perspicaces mais il est déjà trop tard. Ils sont prisonniers sur le petit bateau au milieu de la baie. C’est le Second Principe : dans un système isolé, le désordre, la panique ne peut qu’augmenter. 


Il attrapa un petit poisson qui passait par là et le dévora en une seule bouchée. Ses centaines de dents déchiquetèrent la chair du pauvre animal comme il l’avait fait avec tant d’autres auparavant. Son “objectif” était l’absolue priorité.


Léviathan : Heureusement que j’ai pensé à neutraliser le plus grand…Ces humains ont beau être plus futés que les précédents, ils n’auront pas assez de temps devant eux pour déjouer mon attaque finale…enfin, c’est dans l’hypothèse où ils ne se sont pas entretués avant. 



***


Adam : Toujours aucune nouvelle de Cloudy…


Sous l’éclat brûlant du soleil, le ciel restait muet. Les quelques nuages épars au milieu du ciel bleu méprisaient les lamentations des trois naufragés. 


Shizuka : Quelle idée débile de miser sur un papillon alors qu’on va sûrement être tous cuits vivants ! On va finir dans l’estomac de ce monstre comme tous ces poissons !


Adam : Si tu ne supportes pas la chaleur, je t’ai dit de res-ter sous la voile ! C’est toi qui insistes pour rester dans nos pattes au rital et à moi ! 


Job n’entendait toujours rien mais les expressions de visage de ses deux compagnons valaient mille mots. Il lisait sur leurs lèvres les invectives qui s’en échappaient. La chaleur semblait peser sur les esprits des deux plus jeunes. Plus la chaleur augmentait, plus la pression sur le bateau s’amplifiait.


Shizuka : Ce n’est pas parce que ton plan a échoué comme à chaque fois que tu as le droit de te défouler sur moi ! 


L’ancien Chef d’Orchestre n’avait jamais vu le visage innocent de la jeune Joestar se distordre de rage ainsi comme si un facteur extérieur à leur discussion provoquait cette colère. Un “fléau” qui ne pouvait pas l’atteindre. Peu importe la nature de ce “fléau”, il devait protéger ces deux compagnons de celui-ci.  



***



Malgré sa détermination, la chaleur distordait l’image de l’air ambiant et les pensées d’Adam. Jojo était de plus en plus agressive à mesure que les rayons de chaleur venaient percuter sa caboche. Il fallait trouver un terrain plus favorable. S’ils restaient ici, ils ne pourraient pas gagner. Adam balaya la totalité de la baie du regard avant de voir leur salvation à quelques centaines de mètres de là. La course du Soleil dans le ciel avait recouvert une partie de l’eau de la baie sous l’ombre rassurante de la falaise. S’il y avait un endroit où il pourrait établir un plan de bataille, c’était là-bas. 


Adam : Cette zone…il n’a pas pu laisser une zone d’ombre aussi évidente. Cela laisse deux options : soit son Stand n’a qu’une capacité réduite de créer des ondes et doit se contenter de celles préexistantes - il ne peut donc pas combler l’ombre avec des rayons artificiels - ; soit il en est parfaitement capable mais il tente de nous tendre un piège. 


Shizuka : Et le voilà reparti dans ces monologues idiots…


Adam : Jojo, tu as dit quelque chose…? 


Aucune réponse. Son comportement était de plus en plus étrange mais il devait se concentrer sur l’objectif de la mettre en sécurité. Ils discuteraient du reste plus tard. 


Adam : Dans tous les cas, notre adversaire mise sur notre paresse : de ne prendre aucun risque dans le premier cas et de vouloir fuir le combat dans le second. La priorité est de nous mettre à l’abri mais on va rester sur nos gardes. Prévenez-moi au moindre danger. 


Les deux autres membres de l’équipage acquiescèrent. Shizuka et Job s’accrochèrent aux parties de bois du bateau, préservées de la chaleur. La Mystery gravit les trombes d’eau qui s’étalait devant elle, manquant de trébucher sur chaque obstacle aquatique. L’écume blanche arrachait une poignée de lumière à chaque fois que le bras de la vague s’élevait en arrosant l’équipage d’eau de mer. L’air iodé étreignait leur gorge et les soufflets du vent fouettaient leurs joues. Le regard terrifiant du Soleil perçait toujours les nuages, les épiant comme un œil de feu du sommet de la falaise. 


Shizuka : Regarde, Adam. Il y a de l’écume partout à cet endroit!


Adam : Ce sont des “moutons”. C’est ce que les marins utilisent pour estimer la puissance du vent en haute-mer mais surtout ils sont plus fréquents dans les zones où les rochers sont nombreux. Ils se forment lorsque les vagues déferlent contre eux. Il faut redoubler de prudence. Si on s’échoue, on sera pris au piège ! 


Adam donnait de larges coups de gouvernail à gauche et à droite à chaque fois que le retrait de l’écume révélait un nouveau rocher. Entre chaque rotation, ses doigts agrippaient agilement la roue avant de la faire tourner rapidement. Quand la vague redescendait, elle laissait une mer de piques prêts à les transpercer. Il plissait ses yeux pour les distinguer, aveuglé par le soleil lui-même empalé au bout du pic de la falaise. La musique de l’autoradio continuait mais, à chaque fois qu’il frôlait une pointe de roche, le son se brouillait un court instant comme si la Mystery serrait les dents de douleur au milieu de sa chanson. 


Shizuka : Adam, attention à droite ! 


Dès qu’il entendit le cri, le jeune homme braqua à l’opposé pour éviter la menace devant lui, écrasant la coque contre des rochers. Le navire avança dans un grincement lancinant - un cri de douleur recouvrant totalement la musique - et finit sa course sur un petit ban de sable blanc, immobilisé. 



***



Ils étaient échoués. A quelques mètres seulement de leur objectif, l’ombre du pic soulevée par la houle les narguait d’avoir ainsi échoué si près du but. Affolée, elle se tourna vers Adam.


Shizuka : Adam, pourquoi t’as fait ça ?! On y était presque et la voie était libre ! Pourquoi t’as fait ça ?! 


Adam : Mais Jojo, qu’est-ce-que tu racontes ? C’est toi qui m’as dit d’aller à gauche ! Tu l’as même hurlé ! 


Shizuka était totalement perdue. Pourquoi Adam se mettait à l’accuser ? Il était sur les nerfs depuis quelques minutes et il pouvait avoir un sale caractère mais jamais au point de faire des fausses accusations pour se dédouaner. Est-ce-que c’était cette amertume contre elle que son Stand avait ressentie qui refaisait surface? Elle devait le confronter. Elle ne pouvait pas laisser cette tension s’installer.


Shizuka : Qu’est-ce-que t’y arrives ? Depuis qu’on est sur le bateau, tu es agressif envers moi. Est-ce-que j’ai fait quelque chose de mal ?


Adam ne se retourna même pas pour la regarder. Il se contenta de continuer à crier contre elle comme un forcené.


Adam : Tu crois que ça me plaît de devoir continuer à me coltiner une fillette pleurnicharde comme toi? Devoir supporter une intello qui me rabat les oreilles avec des idées inutiles. 


Shizuka : M-mais Adam…c-comment tu peux dire une chose pareille. On forme une équipe…


Par réflexe, elle chercha à nouveau les yeux de son ami mais son regard s’écrasa contre le dos d’Adam qui restait figé face à la mer. Comment pouvait-il dire des choses horribles sans même la regarder ? Des larmes brillaient sur ses joues avant de s’évaporer quelques secondes plus tard en tombant sur la coque du bateau. De nouvelles insultes venaient percuter son tympan : “lâche”, “pleurnicheuse”, “peureuse”, “pas à la hauteur”, “tu devrais sauter par-dessus bord”. Parmi ce brouhaha de chuchotements, un mot se fit entendre plus fort que les autres jusqu’à emplir ses pensées : “saute”, “saute” de plus en plus fort. Elle commença à avancer sur le pont au fur et à mesure que la voix d’Adam lui criait de se jeter à la mer.


Adam : Vas-y, saute ! Tu ne manqueras à personne ! 


 Elle posa ses mains sur le bord et se hissa sur le bord métallique surélevé aux limites du bateau. Ses pieds peinaient à rester sur le rebord sans glisser. Elle regarda vers le bas, vers l’eau bouillante dont la vapeur venait chatouiller ses narines. La chaleur rendait son corps amorphe : elle ne pouvait presque plus tenir debout et sa vision se distordait. Elle leva sa jambe droite au-dessus du vide. 


Léviathan : Mes “Réflexions Basses” vont les déchirer et ils se jetteront eux-mêmes par-dessus bord. 


Et Shizuka sauta à l’eau. 



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