JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 77 : Smoke on the Water (partie 4)

2027 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 3 mois





Dans la ruelle déserte où se trouvait le “110”, Ziggy était adossé à un mur en train de discuter avec un grand homme à l’air ahuri. Stardust sortit du papier à rouler de sa poche et déposa une bonne quantité d’herbe brune le long de la feuille. Il tendit discrètement l’autre main à la personne à côté de lui qui glissa un petit sachet en plastique dans sa paume. 


??? : Vous êtes bien Ziggy Stardust, n’est-ce-pas ? 


Un homme avec un costume chic le regardait avec insistance. Sur la partie gauche de sa veste, une empreinte de main colorée en jaune était imprimée pour mimer une peinture rupestre. Une barrette en forme d'auroch tenait en place la mèche blonde qui tombait sur son front. 


Jeune délinquant : Vous êtes flic ? 


Il baissa la tête vers la feuille qu’il avait roulé et répondit par réflexe la phrase qu’il avait déjà dû grommeler une bonne centaine de fois.


Jeune délinquant : C’est juste du tabac, rien d’illégal, je vous l’jure, M’sieur…


L’homme en face d’eux regarda le sweat du jeune tout juste sorti de la puberté qui lui faisait face. Sur le vêtement blanc, une énorme feuille de cannabis trônait comme pour décrédibiliser son discours. Ziggy sentait bien que le quotient intellectuel de sa connaissance ne lui permettait pas de réaliser l’ironie de la situation.


Ziggy : Bon allez, je vais régler le souci avec Monsieur. Allez Manu, Ciao ! 


Ziggy poussa Manu d’un coup de coude animé par la bienveillance, la pitié et l’agacement. Quand le jeune homme se fut éloigné d’un pas hésitant, l’informateur alluma son joint de cannabis et souffla un cercle de fumée avec nonchalance.


??? : Ça ne vous dérange pas de fumer ça devant moi ? 


Ziggy : Vous n’êtes pas un flic…Si vous en étiez un, vous m’auriez déjà demandé 50 balles pour oublier ce que vous venez de voir. 


??? : Il n’empêche que je trouve que fumer devant un invité est particulièrement inesthétique. Ca nuit ton joli visage. 


Ziggy : Vous m’en direz tant…allez-y, rentrez dans la boutique. Vous allez attraper froid.


Ils rentrèrent dans la boutique remplies de pochettes de vinyles et de CD qui trônaient fièrement comme des trophées. Sur un poste de télévision accrochée au plafond, un film où un homme charismatique s’adressait à une foule de délinquants en criant “can you dig it?”. 


??? : Une sacré collection.


Ziggy : Plus personne n’achète en physique depuis qu’on peut tout télécharger sur le web…dommage, parfois j’aimerais bien raccrocher mon autre boulot et vivre honnêtement avec Layla…mais expliquez-moi plutôt ce qui pousse David Altamira, le journaliste star à quitter les beaux quartiers ? 


Altamira : Alors vous m’aviez reconnu depuis le début, c’est ça ? 


Ziggy : C’est mon boulot après tout…et puis bon vous n’êtes pas des plus discrets. 


Altamira : Mais pourquoi ne m’avoir pas dit tout de suite que vous m’aviez identifié ? 


Ziggy prit une nouvelle bouffée de fumée avant de sourire malicieusement.


Ziggy : Ca aussi, ça fait partie de mon boulot. Alors qu’est-ce-que vous voulez savoir ? 


L’informateur sentait le journaliste hésitant. Il restait sur ses gardes. Il n’était définitivement pas un client ordinaire.


Altamira : Je ne vais pas gaspiller mon temps précieux. Je suis venu obtenir des informations sur l’incendie de l’orphelinat Dante. Je veux savoir comment vous et votre ami Adam avez pu réapparaître après avoir été présumés morts pendant des années. 


Intérieurement, cette révélation eut l'effet d’un coup de tonnerre pour Ziggy. Comment cet homme pouvait-il être au courant pour l’orphelinat ? Il avait bien pensé à effacer toutes les traces derrière eux. Cependant, de l’extérieur, l’homme à l’étoile répondit avec calme.


Ziggy : Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez, désolé. S’il s’agit d’un incendie, vous aurez sûrement plus d’informations en vous adressant à la mairie direct…


Altamira : Je t’ai dit que mon temps était précieux, Stardust. Tu n’es pas le seul à savoir enquêter. Je sais que toutes les histoires sur ton passé qu’on raconte sur le net sont fausses…et que c’est toi qui les a toutes propagées. 


Ziggy serra les dents. Visiblement, les stratagèmes habituels ne fonctionnaient pas sur ce fouineur. Normalement, l’asymétrie d’information jouait en sa faveur mais celui-là était aussi renseigné qu’agaçant. 


Altamira : Au départ, je pensais que vous n’étiez que deux à avoir disparu dans l’incendie. C’était ce que disaient tous les journaux mais j’ai appris qu’un troisième, un dénommé Salomon…


Ziggy serra son poing. Ce nom…il ne l’avait pas entendu depuis une éternité. 


Ziggy : Très bien, effectivement Adam et moi étions pensionnaires de l’orphelinat Dante. La vie là-bas était un calvaire, vous…vous devez déjà savoir pourquoi. Alors, on a profité de cet incendie pour s’enfuir avec lui. Salomon…il n’a pas pu s’en tirer…


Dans un réflexe de protection, l’informateur aspirait une bouffée de fumée euphorisante. La lueur sombre qui animait son regard se confondait avec l’étoile noire qui l’entourait. 


Ziggy : J’ai ensuite couvert nos traces…à Adam et à moi…j’avais déjà certaines compétences en information alors je m’en suis servie. C’était mon rôle de grand-frère de nous protéger.


Ziggy se dirigea vers la porte de la boutique et l’ouvrit nonchalamment en recrachant une nouvelle gorgée de vapeur.


Ziggy : Si vous n’avez pas d’autres questions…


Quand le fouineur eut enfin passé le seuil de la porte du magasin, un énorme poids libéra ses épaules. Il avait toujours un coup d’avance mais cette visite l’avait pris de court. Il dégaina son téléphone et composa un numéro.


Ziggy : Oui allô…c’est Stardust. Dis-moi, tu bosses toujours pour Dante News ? Oui j’aurais eu besoin d’infos sur David Altamira, tu pourrais me trouver ça d’ici à… hein ? Comment ça ? Personne ne sait rien sur lui ?!


Du point de vue du journaliste, toute cette scène et tous les actes de son interlocuteur ressemblaient à une bien étrange comédie. Une fois dans la rue, il regarda sa montre. La discussion avait duré 7 minutes 20 soit 2 minutes de moins que ses estimations.


Altamira : Il cache quelque chose. Il m’a donné les informations beaucoup trop facilement…mais je n’ai pas eu l’impression qu’il mentait au sujet de ce Salomon. Et je n’ai pas rêvé tout à l’heure, il s’est qualifié de “grand-frère”... Je dois compter sur ma dernière piste : la société qui a acheté les terrains de l’orphelinat… “Monopolis”.




***



Shizuka était cerclée de ténèbres. Seule une longue bande de lumière éclairait son chemin et une silhouette féminine au loin. Le visage de la femme était caché par les ombres mais elle tenait dans ses bras un nourrisson. La jeune Joestar ne connaissait pas la cause de cette impression mais elle savait que ce bébé était la Shizuka de dix ans en arrière. Les larmes aux yeux, elle courut le plus vite que ses forces lui permettaient, mais plus elle avançait, plus la silhouette s’éloignait, plus le mal-être qui nouait sa poitrine grandissait. Elle trébucha et, dans un dernier élan désespéré, elle criait de toute son âme mais aucun ne sortait de sa bouche.


Shizuka : Maman !


Autour d’elle, sous un plafond de drap, Job et Adam la regardaient avec inquiétude. Le “Chef d’Orchestre” lui appliqua un chiffon mouillé sur le front, la tirant hors de son rêve fiévreux. 


Adam : Jojo, tout va bien ?


Shizuka : O-oui, je crois…je suis restée évanouie combien de temps ? 


Adam : A peine quelques minutes mais j’ai eu le temps de comprendre quelle était la capacité de son Stand.


Job donna un coup derrière la nuque d’Adam qui projeta sa tête légèrement en avant. Après s’être recoiffé, le jeune homme soupira plus de précision.


Job : Bon, l’autre rital m’a peut-être un poil aidé…


Shizuka regarda au-dessus d’elle où la voile de la nouvelle forme de la Mystery. Job et Adam avaient dû l’arracher et la placer là pour la protéger des rayons meurtriers du Soleil. Malgré l’ombre, elle percevait le chaos extérieur par les remous des vagues qui traversaient la coque et le son du vent à travers le tissu.


Shizuka : C’est les ondes, n’est-ce-pas ? Le Soleil, les hurlements qu’il pousse, les vagues… tout ça, ce sont les ondes qu’il manipule depuis le début.


Adam parut d’abord étonné de la perspicacité de la jeune fille à peine sortie de son évanouissement avant de sourire malicieusement en fermant les yeux.


Adam : J’oublie parfois que t’es un petit génie. On va sortir pour essayer de trouver un moyen de l’attaquer. Reste ici le temps qu’on s’occupe de ce fichu Mystère. Il fait presque dix degrés de moins qu’en plein soleil, reprend des forces.


Shizuka : Non, Adam, attends, je vous accompagne !


Adam : Mais, Jojo ! Tu viens de t’évanouir ! 


Shizuka : J’en ai marre d’être un fardeau et de rester à l’écart pendant que les autres règlent les soucis pour moi ! 


Un nouveau tremblement vint les déstabiliser et arracher leur abri de fortune. Au moment où l’ombre s’éteignit, les rayons glaçants du Soleil vinrent glisser le long des épaules de la jeune Joestar. Cependant, un détail suspect attira encore plus son attention.


Shizuka : Adam, Job ! Quelque chose cloche ! Mon Stand captait l’énergie vitale de nombreux poissons aux endroits où l’eau n’était pas bouillante mais… je ne ressens plus rien. Ils sont tous…


Adam regardait Shizuka avec un air circonspect tout en essayant en vain de faire tenir à nouveau la voile. Ses deux bras étaient  occupés à tenir les extrémités du long drap blanc. 


Adam : Écoute, on parlera de ta prise de conscience écologique plus tard. Pour l’instant, retourne sous la voile, il fait au moins quarante degrés de-


Avant qu’il ait pu finir sa phrase, une immense vague submergea le voilier mais cette fois-ci, elle ne charriait pas que des algues mais des centaines de squelettes de poissons de toutes tailles. Un carnaval funèbre proche de celui qu’il avait vécu dans les catacombes.


Shizuka : I-ils ont tous été dévorés…Q-quel genre de monstre peut en avaler autant en si peu de temps…Comment tu peux être aussi insensible Adam ?! 


Adam : “Insensible” ? 


Les yeux d’Adam alternaient entre le visage paniqué de la jeune fille et la boule de lumière mortifère qui les surplombait comme une épée de Damoclès géante. Job, quant à lui, se dépêchait d’écoper, les deux mollets sous l’eau pour leur empêcher de toucher le fond. A chaque nouveau seau rempli, il récoltait de nouvelles carcasses iodées. Tout à coup, un lourd bruit se fait entendre. Adam avait lâché toute l’armature qu’il tenait et se dirigeait vers l’avant du pont. Il hésita une demi-seconde puis se ravisa. Il tendit son poing fermé vers l’océan, lança un dernier regard vers le ciel, ferma les yeux et ouvrit sa main sur laquelle un petit éclat brillait.


Adam : Cloudy, envole-toi et sauve-nous !  



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