JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 70 : Lake Shore Drive (Partie 8)
2320 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 30/06/2024 01:00
Les pieds posés sur l’eau, Adam et Shizuka retenaient Job, fixant l’hôtel de leurs yeux livides. La silhouette informe masquait la faible lumière du soleil comme une Lune organique. L’éclipse s’adressa une dernière fois à lui avant de le découper avec ses bras monstrueux. Job remuait ses membres encore humains pour tenter de se libérer de l’emprise mais sans succès, haletant de voir ses forces diminuer au fur et à mesure que la transformation progressait.
T.I.A.B : Quelle fin pitoyable. Uptown Funk, un Mystère trahi par les amis qu’il pensait s’être fait en chemin à tenter misérablement de se débattre avant d’être réduit au silence. Un soldat encerclé incapable de se déclarer vaincu.
Job : Malgré tous tes efforts pour paraître humain, tu ne touches pas un seul instant au génie de notre esprit. Ton corps tente d’imiter l’animal et le monde que tu as créé cherche à imiter le nôtre. Mais ton décor est sur le point de s’effondrer comme celui de tous les Mystères. Je le sais, je l’ai vécu.
T.I.A.B : Q-Qu’est-ce que tu racontes…? Quelle est cette étincelle dans ton regard qui ne veut pas s’éteindre…
Job : Tu ne connais rien à la musique. Tu n’y vois qu’une suite de sons sans cohérence. Si seulement tu avais su écouter le long du combat, l’issue aurait peut-être été différente. Si tu avais vu plus loin que des stratagèmes lâches pour s’échapper… tu aurais sûrement compris la mélodie qui se jouait devant toi !
Un des maillets qui servait de main à Job frappa une touche et le bruit qui s’échappa de l’instrument tonna dans l’esprit de la bête. C’était le bruit de l’interrupteur sur lequel Job avait appuyé qui commandait à la lumière de la pièce. En baissant le regard, recouvert sous une fine pellicule de terre, un câble électrique était tendu au sol depuis le manoir. Un éclair bleu scintilla à la surface du lac.
T.I.A.B : Sale vermine ! Je ne vais pas te laisser faire !
L’énorme bras hérissé de pointes métalliques et organiques abattit son ombre sur Job pour le réduire en poussière.
Job : J’imagine que tu ne m’en voudras pas si je t’emprunte ça.
Job s’empressa de se tourner vers Adam et de saisir la lame avec la main de son Stand en utilisant les dernières forces qu’il lui restait. Il se servit de sa jambe de bois pour propulser le câble en l’air et embrocha le fil et son adversaire au bout de la pointe. Les ustensiles de cuisine et le corps liquide de son adversaire firent une parfaite route pour l’électricité qui le traversa de part en part sans en faire autant à travers les doigts de bois d’Uptown Funk. L’énorme masse liquide s’effondra au sol comme un glaçon que l’on pose sur une poêle laissant s’échapper tous les objets qu’elle avait emporté dans son sillage et reprenant sa taille normale.
T.I.A.B : Tu… n’as… donc aucun cœur… Tu aurais pu… tuer ma manieuse…
Job : Tu fais encore erreur.
Job montra du regard le doigt sur son clavier. Il appuyait sur une touche à un rythme répété. Interloquée pendant une seconde, la bête se toucha la poitrine et comprit à quel son ce tempo correspondait.
T.I.A.B : Le cœur de Mathusalem… Au moment où tu l’as rattrapée dans l’escalier, tu as enregistré les battements de son coeur mais donc, depuis le début, tu aurais pu…
Job : C’est la différence que j’ai avec les autres Mystères. Désormais, je veux suivre mon objectif sans écraser les autres. C’est ça que Michelle voudrait et puis… la Signorina ne m’aurait jamais pardonné d’avoir tué une vecchia innocente…
Time in a Bottle se mit à rire de bon cœur devant le ridicule de la situation avec un air presque humain, sincèrement amusé d’avoir eu faux sur toute la ligne.
Ziggy : Job, ce n’est pas pour gâcher ta victoire mais on a plus le temps ! Tu as une solution pour retrouver ce poisson ?! Il reste 20… non 15 secondes !
Job : Mais voyons, Ziggy. C’est toi qui m’as donné la solution…
Au milieu du lac, une étincelle dorée brillait à la surface. Le poisson était de lui-même remonté comme s’il attendait la venue de Job.
Ziggy et Job : “L’électricité l'assomme mais ne l’achève pas” !
Ziggy : Alors si tu m’as demandé les moyens de le tuer, c’était…
Job : Pour être sûr de ne pas le faire.
Job appuya à nouveau sur son écharpe noire et blanche tandis que ses membres et ses traits retrouvaient leur nature humaine. Il appuya sur le Do# et, dans le même rugissement qu’avait poussé la chaudière, il fut projeté vers le ciel. Après quelques secondes, suspendu en l’air loin des tourments de l’affrontement qu’il venait de vivre, il atteignit la lumière au centre du lac. Le vainqueur arracha la queue du poisson encore assommé et hurla comme un chant de victoire.
Job : Je souhaite que le voeu de Mathusalem et de Time in a Bottle soit annulé !
***
À un autre endroit de la bouteille, adossé à un arbre dans la forêt, un homme portant un masque de corbeau sur le haut de son visage fumait négligemment une cigarette en regardant sa fumée tourbillonner dans les airs. Son téléphone se mit à vibrer et il décrocha.
??? : Oui, allô patron. Vous n’avez plus besoin de moi, ils s’en sont sortis tous seuls ? Vous avez pas idée de la galère que ça a été de… oui, je sais, c’est vous le chef et… oh non, mince !
Dans un numéro de comédie très mal exécuté, il appuya sur le bouton “raccrocher” mimant une erreur de frappe. Il soupira, murmura une insulte dans une langue étrangère et écrasa sa cigarette par terre. Lorsque son pied toucha la fumée, elle semblait prendre une nouvelle forme comme un visage criant de douleur et une petite voix se fit entendre avant de se taire en même temps que les braises. D’ailleurs, la seconde suivante, le corbeau avait disparu.
***
La petite Joestar se réveilla et s’étira en baillant. Elle avait fait un rêve étrange. Enfin, même si elle n’en avait plus aucun souvenir, son cœur avait l’impression que sa nuit avait été agitée. La fillette se dirigea vers la chambre des deux autres membres du trio et n’aperçut aucune trace de son tuteur. Le français, quant à lui, dormait à point fermé en laissant un coulis de bave sur son oreiller. Inquiète, elle descendit rapidement les escaliers de bois en faisant craquer les marches à chaque pas, passa la porte en ne prenant même pas la peine de mettre ses chaussures et arriva dans le jardin, pieds nus, pour enfin voir Job.
Job : Oh, Signorina, vous êtes réveillée ? Vous avez bien dormi ?
Job était accroupi dans le jardin qui lui paraissait plus grand qu’auparavant. Comme si pendant la nuit, quelque chose d’autre avait disparu mais Shizuka se contenta de soupirer de soulagement.
Shizuka : Ouf… tu es là… j’ai eu peur, j’ai fait un rêve… et je ne m’en souviens pas très bien… mais je crois que tu étais en danger… et qu’on était incapable de t’aider !
Des petites larmes commençaient à briller dans les yeux de la petite fille. Le colosse se releva et l’enlaça pour la rassurer.
Job : Ne vous inquiétez pas, tout va bien, je suis là et… en pleine forme !
En reniflant, Shizuka remarqua les fleurs dans la main de Job et toutes celles derrière lui, disposées un peu partout par terre.
Shizuka : Oh, tu cueillais des fleurs ? Ce sont des bleuets, non ? Mais ce n’est pas du tout la saison !
Job regarda son téléphone sur lequel la date du 23 novembre était affichée et sourit à la jeune fille.
Job : Bien au contraire, Signorina, il n’y avait pas de meilleur moment pour les voir fleurir.
Shizuka n’eut pas le temps de se questionner sur la réponse mystérieuse de son tuteur qu’Adam, encore à moitié habillé, se précipita à l’extérieur.
Adam : HOPE ! HOPE a donné le nom d’un nouveau Mystère ! C’est bizarre, on a pourtant pas apporté de nouveau sang noir…
Shizuka : Ça pourrait être un piège ?
Job : Le Voyageur n’a pas d’intérêt à nous piéger. C’est peut-être que quelqu’un d’autre a résolu le Mystère pour nous…
Adam : Hum… c’est possible mais mieux vaut rester prudents. On devrait vite s’en aller. Dame ! Je sais pas pourquoi mais cet hôtel me fout les jetons !
Shizuka : C’est pas ce que tes ronflements semblaient vouloir dire.
La fillette tira la langue à l’adulte qui répondit avec le même geste enfantin.
Job : Quel est le nom du prochain Mystère à élucider ?
Adam : Alors son nom c’est… Smoke on the Water. Ziggy, tu en as entendu parler ? Ziggy !
Les ronflements au bout du fil cessèrent et le propriétaire du 110 sursauta.
Ziggy : D-désolé, Adam… Euh non… ça ne me dit rien mais je lance les recherches…
Adam : Bon sang, je suis sûr qu’il a encore passé sa nuit à jouer au Pinball Wizard à la salle d’arcade. Il pourrait être un peu plus investi quand même ! Je me demande ce qu’il ferait faire sans son grand-frère…
Mathusalem : vous partez déjà…? J’avais commencé à préparer des crêpes pour vous… J’ai rarement des visiteurs dans ce petit hôtel…
Shizuka : Ne vous inquiétez pas, Madame ! On va en emporter pour le trajet si vous voulez !
Job : Et puis, j’ai l’intuition que beaucoup plus de gens auront l’occasion de venir à partir de maintenant. Tenez, voilà un groupe justement…
De derrière les arbres, une vingtaine de personnes sortirent et se dirigèrent vers l’hôtel. Ils semblaient somnolant comme s’il sortait d’un rêve de plusieurs années dont ils n'avaient plus aucun souvenir. Après avoir dégusté quelques crêpes et en avoir emporté une bonne fournée, il fut temps pour l’équipe de Shizuka de quitter cette forêt claire et dégagée et cet hôtel chaleureux. Ils rejoignirent le village où les attendait bien sagement la Mystery.
Shizuka : Mystery ! Tu t’es pas ennuyé sans nous ?!
Shizuka, Adam et Job aperçurent des enfants autour d’elle qui semblaient attendre quelque chose. D’un seul coup, la voiture changea de forme et de couleur et ils sautèrent tous de joie, amusés par le spectacle. Toute l’équipe rentra dans la voiture après que les spectateurs se soient écartés et quittèrent lentement le village qui semblait avoir retrouvé un peu de ses couleurs et de sa vie. C’était presque comme si tout allait mieux après cette balade autour du lac.
***
Quelques heures après, lorsque tous ses anciens captifs eurent quitté son palais, le loup se mit à marcher d’un pas décidé vers l’arrière de l’hôtel. À cet endroit, dans une flaque d’eau, le poisson doré frétillait. La bête se saisit de l’exocet et lui arracha la queue en un seul mouvement violent. Il regarda un instant vers le ciel étoilé que le mur de verre ne distordait plus. Il hésita et prononça son souhait.
T.I.A.B : Je souhaite… Je souhaite que tu retournes d’où tu viens… à la surface du soleil.
Un éclat rayonnant apparut et tourbillonna autour du poisson comme un ouragan. Un puits de lumière apparut reliant directement la terre et le ciel. Un son strident perfora les oreilles de fortune de la bête. L’instant suivant, l’obscurité et le silence. L’exocet avait quitté le sol froid de la terre pour rejoindre son Soleil maternel. Un léger souffle de vent caressa les bleuets qui entouraient la scène.
T.I.A.B : J’espère que tu tiendras ta promesse, Job Fashek…
Mystère résolu : Lake Shore Drive/Time in a Bottle
Mathusalem, depuis la mort de son mari, a toujours voulu fonder une famille. Sa volonté de réaliser son rêve a donné naissance, en combinaison avec les pouvoirs du Voyageur, à un Stand sans qu’elle se rende compte de son existence. Ce Stand décide de kidnapper des personnes qui passent à proximité dans une bouteille dont il contrôle tous les aspects même le temps. Cependant, tous les visiteurs refusent et sont transformés en mobiliers et en bibelots de l’hôtel. Un jour, il met la main sur un exocet solaire et fait le vœu d’enfin trouver des petits-enfants pour Mathusalem. Peu après, Shizuka trouve ce même poisson et fait le vœu d’avoir une vie plus facile, capturant Adam et elle dans le piège de Time in a Bottle.
Job Fashek : Blessures superficielles partout sur le corps. (Vivant)
Mathusalem McLean : Indemne (Vivant)