JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 68 : Lake Shore Drive (Partie 6)

1785 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/06/2024 22:32




Le soleil peinait à traverser les épaisses vitres colorées de la vieille cathédrale. Les colonnes et les arcs-boutants écrasaient l’atmosphère poussiéreuse sous un poids séculaire. Les figures auréolées partageaient le même visage sombre dont le regard se perdait dans le vide de la pièce. Les grandes portes de bois poussèrent un cri grinçant comme pour repousser les visiteurs en dehors. Les ténèbres ambiantes se mirent lentement en mouvement pour dessiner timidement la silhouette d’une ombre. L’intrus n’existait qu’à travers la poussière que chacun de ses pas soulevait. Ses doigts frolèrent le liquide tremblotant du bénitier et d’un signe précis et quotidien, il pencha sa tête en avant et signa. L’habitué s’assit sur un des bancs et posa une Bible à ses côtés avant de se courber de douleur, pris d’un vertige.


Voyageur : Cette sensation…


Un goût ferreux recouvrait sa langue et tous ses muscles se crispaient. Deux Mystères s’étaient confrontés alors que leurs destins n’étaient même pas censés se frôler. L’arôme désagréable de l’échec et de la trahison se répandait en lui. 


Voyageur : Il faut que je fasse quelque chose. Le Tout-Puissant m’a chargé de les protéger.


Il ouvrit le livre saint pour révéler qu’il était vide. La seule chose présente entre les deux couvertures de cuir était un revolver.



***



Job tira sur le cadre de bois et arracha la tête de renard, suspendue à son bras. Il serra les dents et appuya sa main opposée sur la plaie pour arrêter le saignement. Un autre trophée à tête de sanglier tenta de lui mordre la jambe mais il le repoussa d’un violent coup de pied en plein milieu du groin. Un énorme bruit de choc se fit entendre derrière lui. Un objet lourd était tombé du trou béant du plafond. 


Job : Évidemment, la chaudière aussi. 


Les centaines d’yeux de vis et d’écrous d’un énorme cylindre de métal rouillé scrutait Job. De ses artères chromées déferlait un torrent d’eau brûlante et, de sa bouche béante, des volutes de vapeur s'élevaient, embrumant la pièce. Le colosse posa la main devant sa bouche pour empêcher la vapeur d’irriter ses poumons. Pendant un bref instant, la fumée se leva pour laisser passer une ombre qui, de ses trois griffes, lacéra la jambe de sa victime. 


Job : Ce chien utilise la fumée pour se cacher et le bruit de la chaudière m’empêche de l’entendre !  


Ziggy sourit en imaginant une solution à tous les problèmes de Job.


Ziggy : Tu as besoin d’aide pour le repérer dans la fumée ? Laisse-moi faire !


Job : Te laisser faire ?! Si je ne l’entend pas d’ici, qu’est-ce-que tu espères faire pour le repérer ?!


Ziggy : C’est tout simple : ton téléphone possède deux micros différents. Avec ça je peux capter une approximation de la direction du son et, surtout, avec mes logiciels, je peux faire quelque chose que tes oreilles ne peuvent pas faire…


Job laissa un silence interrogateur, presque intéressé par les explications de l’arnaqueur au bout du fil. 


Ziggy : Je vais filtrer les sons de la chaudière… évacuer les distorsions du son lié à la fumée… amplifier l’effet Doppler pour mieux spatialiser les sons… et voilà ! Je vais te donner la direction par rapport à l’orientation du téléphone… Eeeeet c’est bon, je l’ai repéré ! Il attaque entre 6 heures et 9 heures ! Désolé, je ne peux pas être plus précis ! 


Job garda d’abord son air perplexe pendant quelques instants avant de le perdre en entendant réellement un bruit étouffé à l’endroit indiqué par Ziggy. 


Job : Non, ne t’inquiète pas. C’est parfaitement suffisant. 


La jambe de Job frappa à l’endroit indiqué par son ouïe comme pour reproduire la petite aiguille d’une horloge. La bête sautant sur lui, se croyant en sécurité au milieu des volutes de fumée, fut violemment renvoyée dans la brume qui l’avait vu naître. 


Job : Il était à 7h15. 


Ziggy : Maintenant ! Entre 12 heures et 3 heures ! 


Job : 1h45 ! 


Cette fois-ci, c’est sa main de bois qui avait pris la place de l’aiguille lui permettant de voir le visage de la créature se déformer sous l’impact. C’était le moment rêvé. Job profita de l’accalmie pour courir vers la porte d’entrée. 


Job : Ziggy ! Dis-moi ce que tu peux trouver sur ces “exocets solaires” ! 


Ziggy : Alors de ce que je peux voir, c’est une légende urbaine. Certaines personnes pensent que les éruptions solaires sont liées à des bancs de poissons volants, des exocets qui surgissent de la surface de l’étoile. Parfois, ils atterrissent sur Terre et, en arrachant leur queue, ils exaucent un vœu. 


Bien que, comme à son habitude, Ziggy bavardait et ensevelissait Job sous une montagne de détails inutiles, son interlocuteur ne l'interrompit pas. L’ancien Chef d’Orchestre tolérait désormais la présence de la personne au bout du fil.


Ziggy : Le principale des informations qu’on a sur eux vient d’un sans-abri qui a publié un livre entier décrivant ces bestioles et comment il avait souhaité devenir riche.


Job : Mais si c’est toujours un “sans-abri”, c’est que son vœu n’a pas été exaucé ! Comment tout ce qu’il raconte pourrait être juste ?!


Ziggy : Justement, c’est ça le plus incroyable. Son livre est devenu un best-seller et l’a rendu millionnaire… comme si son souhait avait été exaucé ! Dans sa description, il dit que le seul moyen d’inverser le processus est avec un autre voeu.


Job : Donc il faut absolument que je rejoigne le lac si je veux les libérer.  


Job fut stoppé dans sa course quand son pied se prit dans un trou du parquet. Sa jambe ne ressemblait plus qu’à un pied de chaise ou de table complètement peint en noir. Par réflexe, il vérifia l’état de sa main en bois mais son aspect était resté le même.


Job : Je n’ai plus beaucoup de temps... Il ne doit rester qu'une quinzaine de minutes avant que la journée se termine.


Il continua à avancer en boitant et traversa les dernières volutes de vapeur. Avant de rejoindre l’entrée, une porte lui barrait la route. Il avait l’étrange sentiment que cette porte n’était pas à sa place. Quand la fumée se dissipa enfin, la salle à manger avait été remplacée. Le parquet du sol et les pierres des murs s’étaient retirés au profit d’un carrelage aux motifs abstraits et vieillots. 


Job : Comment j’ai atterri dans la salle de bain ?! Je suis presque sûr qu’elle était à l’étage ! 


Il repéra un canard en plastique qui flottait sur l’eau de la baignoire. Il le tira de l’eau d’un geste et le compressa entre ses doigts encore humains.


Job : Toi là, explique-moi tout de suite ce qu’il se passe !


L’animal en plastique dur resta silencieux comme on pouvait s'attendre de la part d’un jouet. Ziggy marmonna quelques mots au téléphone pour tenter de faire retrouver ses esprits à Job. 


Ziggy : Comment dire… peut-être que… que tous les objets ne sont pas des -


L’animal en plastique l’interrompit par une toux et des bruits d’étouffement comme on aurait pu s’attendre de la part d’un humain. 


Canard : T-très bien… j-je vais tout te dire… Mais lâche-moi ! 


Après avoir relâché un peu son emprise, les yeux exorbités du canard reprirent leur place et il put commencer à parler.


Canard : Vous n’avez aucune chance de partir d’ici. Vous allez vous transformer tôt ou tard… Il contrôle les murs. Tous les arbres de la forêt sont ses serviteurs. Vous allez être prisonnier de cette bouteille comme nous autres !


Job se contenta de jeter le canard qui lui avait donné les informations qu’il recherchait. Son pouvoir s’étendait donc à la structure de la maison. Il lui faudrait ruser s’il voulait sortir de ce manoir surtout que sa petite élève n’était pas là pour le dissimuler durant sa fuite. Il entendit le pas du monstre écrasant le parquet en s’approchant de la porte de la salle de bain. Cependant, de nouveaux sons s’étaient mélangés à ces percussions inquiétantes : le bruit désagréable d’un objet que l’on traîne au sol et un sifflement enfantin et discordant. Le petit jouet qui flottait à nouveau à la surface se mit à chanter en suivant le rythme du loup.


Canard : Cerf ! Cerf ! Ouvre-moi…


Une balle transperça la porte, propulsant des éclats de bois au quatre coins de la pièce. De l’ouverture, un rayon de lumière circulaire menaçait Job. L’éclat rouge de l’oeil du monstre bavait sur le carrelage blanc du sol.


T.I.A.B : Ou le chasseur me tuera.  




Nom du pouvoir : Holy Water(ホーリー・ウォーター)

Nom de l’espèce : Exocet Solaire


Les Exocets Solaires seraient nés au même moment que l’effondrement du nuage géant de gaz et de poussière qui a permis la fusion de notre étoile il y a 4,5 milliards d’années. Ils ne mesurent qu’une trentaine de centimètres de long mais se déplacent par banc de plusieurs millions d’individus. Leurs bonds simultanés sont souvent confondus avec les éruptions solaires depuis la Terre. 

Il est dit qu’ils ne peuvent atterrir sur Terre que lors du zénith quand le soleil se reflète parfaitement à la verticale dans une étendue d’eau. Si le poisson saute assez haut pour échapper à l’orbite du soleil, il tombera directement dans le puits de lumière. Lorsqu’une personne arrache la queue d’un individu et fait un vœu, il se réalisera et la queue du poisson repoussera. Le seul moyen de faire demi-tour est de prononcer un autre vœu à un exocet dans la limite d’une journée après le premier. 



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