JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 51 : Road To Nowhere (Partie 7)

1987 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/02/2024 20:27




Dans un petit chalet, Tennessee lâcha son talkie-walkie et ouvrit le grand placard de bois dans lequel s’entassaient des dizaines et des dizaines de conserves.  Il prit une boîte de raviolis à la sauce tomate et une autre avec de l’ananas parmi la montagne de clones. 


C’était un homme qui avait été assez frêle mais dont la survie en solitaire avait dessiné le corps. Des muscles saillants avaient remplacé le costume d’employé de bureau qu’il revêtait quelques années en arrière. Le long de sa joue descendait une longue balafre comme une larme qui n’aurait jamais séché et sur son front, se trouvait l’inscription “memory” écrit sur un long morceau de papier semblable aux Ofuda japonais. Ses vêtements étaient grossièrement rafistolés et ressemblaient davantage à un patchwork qu’à un véritable ensemble uni.


 Il versa négligemment les pâtes dans leur bain rougeâtre et visqueux puis tourna le bouton du gaz. Ce geste quotidien lui provoquait toujours le même sentiment d’écoeurement. Après avoir mis son futur repas à cuire, Tennessee s’occupa de nettoyer sa plaie de laquelle l’encre noire ne cessait de jaillir comme d’un gisement de pétrole au milieu du désert.  


Tennessee : Je commence à manquer de désinfectant…Il  faudrait que je capture un de ces camions qui livrent les hôpitaux. Pour l’instant, recousons la blessure. Les agrafes…


Il déboutonna les boutons de sa chemise et retira tout le côté droit pour avoir un meilleur accès à l’entaille de son bras. Son corps était recouvert de plaies recousues avec plus ou moins d’attention qui lui donnait des allures de poupée de chiffon. Tennessee prit un torchon, le serra entre ses dents et le mordit à chaque nouvelle agrafe pour s’empêcher de crier de douleur. Après son office terminé, il prit trois assiettes et les disposa autour de la modeste table en les accompagnant de couverts. Il posa un cadre devant chacun des couverts vides, représentant une fillette et une femme. Le contenu de la casserole s’étala sur le disque de porcelaine et l’ancien père de famille dessina un visage souriant avec son doigt en se servant du liquide rouge comme d’encre. 


Tennessee : Et voilà ! Pour ma petite princesse, une bonne assiette de raviolis. Essaye de ne pas en laisser cette fois-ci ! 


Le cadre resta silencieux. 

Tennessee : Alors, où est-ce-que j’ai mis ce canif? Aaaaah le voilà…


Il se regarda dans le miroir qui trônait au-dessus du lavabo et badigeonna son visage de mousse à raser, passa le canif sur sa peau. A chaque nouveau passage de la lame, une nouvelle portion de sa peau se révélait. Il tourna son visage encore à moitié recouvert de blanc, vers la table pour voir les deux visages venant des cadres qui semblaient le regarder.


Tennessee : Ne vous inquiétez pas…Tant que je serai en vie, vous ne serez pas oublié. On se souviendra de vous et cet endroit sera notre maison…à tous les trois. 


Son regard se porta machinalement sur sa main sur laquelle était apparue une goutte noire au côté d’une petite entaille. La sphère parfaite de liquide noir atterrit sur la surface blanche écaillée de l’evier. L’homme prit un briquet qui traînait sur la commode et commença à cautériser la petite coupure. 


Tennessee : Mince…Papa devrait faire plus attention quand il se rase sinon il risque de se faire mal. On risque toujours de se blesser quand on ne fait pas attention aux risques qu’on prend… 




***



Les cinq concurrents de la course qui venaient de se terminer s'étaient cachés dans l’enceinte du supermarché abandonné. Ils voulaient se protéger des attaques mystérieuses qui frappaient les routes alentour. Là où, en quelques minutes, leur affrontement avait subi une multitude de rebondissements, la situation actuelle n’avait pas évolué depuis presque une demi-heure. Les rayons avaient été vidé depuis longtemps et il ne restait que quelques paquets de biscuits apéritif et autres conserves. Visiblement, ils n’étaient pas les premiers à s’être réfugiés dans cet endroit pour échapper aux attaques du Mystère. Shizuka s’occupait de soigner les deux blessés tandis que Job faisait les cent pas en marmonnant, à la recherche d’une solution.


Shizuka : Job, ne panique pas…on est en sécurité ici. On peut attendre de trouver une solution avant de sortir.


Kobain : J’en suis pas si certain. Effectivement il n’y a pas de routes qui peuvent nous atteindre ici…heureusement, il y a de la terre battue qui entoure le supermarché et qui le sépare du bitume du parking…cependant, on risque rapidement de se retrouver pris au piège et finir par mourir de faim ou de soif. 


Adam : Pris au piège? Qu’est-ce-que tu veux dire ? 


Kobain : Hum…même si je ne connais pas parfaitement les capacités de son Stand, je connais la façon dont Tennessee attaque…On ne le voit pas mais les routes qui nous entourent se resserrent peu à peu comme un filet. Autrement dit, si on attend trop, on finira bloqués ici, entourés de routes mortelles infranchissables…


Babylon : Tout un programme… 


Shizuka : Mais ce…Tennessee, c’est ça? Qu’est-ce-que tu sais sur lui ?


Kobain : Pas grand-chose, en réalité. Je sais qu’il a perdu sa famille dans des conditions tragiques et que, depuis ce jour, il est poursuivi par des gens qui veulent son sang noir…Il a donc décidé de se refugier dans cette région et a chassé tous les habitants avec son Stand. 


Shizuka : Oh je vois…ça doit être dur de vivre seul dans un monde où toutes les personnes qui t’approchent peuvent vouloir te tuer…

 

Kobain : Notre boss m’a demandé de veiller sur lui pour éviter que quiconque mette la main sur son sang…Il a dit qu’il avait des “raisons personnelles” de ne pas vouloir le sang de Tennessee couler…mais il voulait aussi limiter le nombre de victimes. 


Job : Mais en nous aidant, tu trahis ton boss, n’est-ce-pas? Tu es prêt à te mettre ton ancien employeur à dos sans hésiter? 


Kobain : Haha…je pense que la priorité est de sortir d’ici vivants et, après, je penserai à mon avenir professionnel. 


Babylon : Surtout que maintenant qu’on s’est retrouvés, il n’a plus vraiment besoin de vivre au sein de la mafia ! 


Babylon serra son grand-frère avec force, ce qui semblait à la fois le gêner et le rassurer. Il eut un petit rictus mêlant subtilement sarcasme et inquiétude vainement dissimulée. En continuant d’utiliser ses capacités de soin, Shizuka étudiait scrupuleusement les dessins qu’elle avait faits pour identifier un motif ou une récurrence dans les droites et les courbes que formaient leur trajet sur la Road to Nowhere. Adam posa une main compatissante sur l’épaule de la fillette paniquée comme un étudiant face à un examen. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, signes de sa quasi-perdition. 


Adam : Ne t’inquiète pas, Jojo. Il n’y a peut-être rien à trouver dans tous ces dessins. Tu nous soignes déjà, Kobain et moi. Tu as le droit de te reposer l’esprit aussi…


Shizuka : Merci Adam…je meurs de chaud, ça doit être la pression…


Adam : Hum…c’est vrai que maintenant que tu le dis…la température a beaucoup augmenté depuis qu’on est là. 


Adam se dirigea vers la porte du magasin et quand il l’ouvrit pour faire rentrer de l’air, un liquide noir pénétra dans le bâtiment et dans leurs esprits comme un nuage orageux envahissant un ciel bleu. 


Adam : Du goudron ?! Mais comment ? Il y avait de la terre tout autour du bâtiment, il y a encore quelques minutes ?! 


Adam, troublé par sa découverte, se précipita sans réfléchir vers le manieur de Motorhead et l’attrapa au col en ignorant la douleur latente qui lui parcourait toujours l’épaule. 


Adam : Tu t’es bien foutu de nous, espèce de fourbe ! T’as utilisé ton Stand pour faire fondre le bitume et l’amener jusqu’à nous ! 


Job s’avança vers le liquide et y plongea le doigt avant de rapidement le retirer sous l’effet de la chaleur. 


Job : Non, tu te trompes, stupido ragazzino… Si c’était lui qui avait fait fondre le bitume, il aurait gardé la même température ce qui l’aurait rendu indétectable. 


Adam utilisa sa main libre pour se gratter la nuque et reposa doucement Kobain par terre avec un air désolé sur le visage. Le motard privé de sa monture avait à peine réagi à l’énervement soudain d’Adam et semblait pensif. 


Adam : Ah effectivement…Au temps pour moi…mais le pouvoir du mec qu’on affronte était pas simplement de faire bouger les routes…? Comment il a pu faire fondre le bitume comme ça? 


Kobain : Je dois bien avouer que j’en ai aucune idée…on ne m’a jamais parlé d’une capacité pareille…il devait garder des cartes au cas où, il devrait se débarrasser de moi !


Adam : Mais du coup, si t’es toujours le gentil Kobain et pas le méchant Kain - et que tu n'éternues pas dans les prochaines minutes - tu peux juste solidifier le bitume avant qu’il nous inonde, non? 


Kobain : Je peux mais c’est justement ça, mon problème… Pour vous, qu’est-ce qui définit une route? 


Adam : Hum…je sais pas c’est un truc sur lequel les voitures roulent, non? Ça suffit comme critères pour le définir, non? 


Job : Non, je pense que Kobain parle plutôt de comment le manieur ennemi identifie ce qu’il contrôle ou pas…donc pour lui, une route doit être simplement une bande de goudron solide.


Babylon : Mais alors, si Kobain solidifie le goudron qui est en train de rentrer dans le magasin…


Kobain : Exactement, je permettrais à Tennessee d’avoir une route menant directement à l’intérieur du supermarché. 


La marée noire avançait de plus en plus jusqu’à presque atteindre la jeune Joestar qui était accroupie à réfléchir. Shizuka ne s’occupait presque pas du nouveau péril qui les menaçait et était concentrée sur les dessins éparpillés devant elle. Elle les disposait et les redisposait dans tous les sens jusqu’à finalement s’arrêter sur une certaine forme. Son visage perdit toutes ses couleurs en un instant. 


Shizuka : Non, non…non ! Ç-ça ne peut pas être ça…


Adam : Jojo, on a pas le temps de regarder ça ! On va se faire submerger si on ne fonce pas au fond du magasin ! 


Shizuka : Tu ne comprends pas, Adam…on est fichus…


La petite fille qui était d’habitude si motivée et optimiste venait de perdre toute chance de victoire comme si la sonnerie sonnant la fin de l’examen avait déjà sonné et que tout était déjà joué. Adam regarda le motif sur la feuille et comprit instantanément la terreur de la petite fille. Les traits de leur trajet que la fillette avait scrupuleusement reproduit formaient une main droite et le bout d’un bras. 


Adam : Comment on est censé battre ça ?! Toutes ces routes…Cette région entière…depuis le début tout ça, c’était…? 


Shizuka : Son Stand… 



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