JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Tennessee était rentré plus tôt du travail, ce jour-là. Officiellement, il n’était au courant de rien mais il se doutait qu’au vu de la date, une surprise l’attendait sûrement chez lui. Il traversa les rues identiques de la banlieue pavillonnaire où il vivait, baigné par les ombres orangées du soleil couchant et tapa à la porte de sa petite maison. Aucune réponse. L’employé de bureau commençait à s’inquiéter. Il se dépêcha d’enfoncer les clés dans la serrure et son corps dans l’embouchure de la porte.
Tennessee : Hé ho ! Est-ce-qu’il y a quelqu’un ?
La maison semblait totalement vide. Personne dans la cuisine. Personne dans le salon. Personne dans la salle de bain. A l’exception d’un étrange sifflement, l’écho de ses pas était le seul bruit de la bâtisse déserte. Il restait le garage. C’était de là que venait ce bruit strident qu’il entendait. Elles ne pouvaient pas se trouver à un autre endroit. Sa fille devait être rentrée de l’école à cette heure-ci. Il posa sa main sur la poignée, anxieux de ce qu’il allait trouver derrière. Tennessee poussa la porte et…
??? : JOYEUX ANNIVERSAIRE !
Dans l’humidité pesante du garage, une pluie de confettis venait de tomber devant lui recouvrant sa veste et sa chemise. Sa femme et sa fille se tenait, avec un grand sourire, devant une table pliante. Derrière elles, Tennessee pouvait vaguement distinguer la forme d’un gâteau avec des bougies encore éteintes sur sa surface.
Tennessee : Oh merci ! Vous êtes adorables ! Il ne fallait pas, vous savez. Je pensais que vous alliez oublier !
Une petite fille d’environ 5 ans s’avança devant lui avec le visage empli de joie et s’arrêta juste en dessous de la banderole festive portant un grand “30” qui était accrochée au plafond du vieux garage.
Petite fille : Pas possible, papa ! On se prépare depuis une semaine pour te faire la surprise !
Tennessee : Oh c’est vrai ? J’espère que ça n’a pas été une excuse pour ne pas faire tes devoirs, America !
Les deux eurent un éclat de rire innocent tandis qu’il la soulevait pour la faire danser en l’air. En tournant sur lui-même, il constata une pile de cadeaux posée près de la table sur laquelle se trouvait le gâteau. Le bonheur ambiant lui avait fait oublier l’anxiété qui l’avait traversé à la vue de la maison vide.
Tennessee : Vous avez dû avoir beaucoup de mal à accrocher cette banderole. Si j’avais essayé, je serais sûrement tombé trois fois de l’escabeau !
Sa femme, Havana, s’avança et défit la cravate qui étreignait son cou. Elle déposa un tendre baiser sur les lèvres sèches de l’employée de bureau.
Havana : Il n’y a vraiment que toi pour réussir à te blesser en accrochant quelque chose au plafond. Même America a insisté pour accrocher un des deux côtés et tout s’est bien passé. Allez, viens souffler tes bougies !
Tennessee s’avança vers la table. Sa femme sortit un briquet de sa poche pour allumer les deux bougies portant chacune une des chiffres de l’âge de son mari. Il leva la main pour lui faire signe de s’arrêter.
Tennessee : Laisse-moi faire ! Vous avez déjà tout préparé, je peux au moins allumer la bougie.
Sa femme lui donna le briquet. Sa fille s’approcha de la table. Ses yeux pétillaient à l’idée de manger le délicieux gâteau au chocolat qui se trouvait devant elle. Il alluma le briquet.
Le souffle de l’explosion les projeta tous en arrière dans un torrent de feu. Pendant ses dernières secondes de conscience, il aperçut le visage de sa fille et de sa femme se noyer dans les flammes tandis qu’il traversait le mur de plâtre séparant la maison du garage. Dieu soit loué, ses yeux finirent par se fermer comme pour le protéger du sombre spectacle qui se déroulait devant lui.
***
??? : Tu te réveilles enfin.
Tennessee était déboussolé. Il était allongé dans l’herbe humide et froide devant sa maison en flammes. Devant lui, se trouvait un homme enveloppé de ténèbres, que les braises peinaient à éclairer.
Tennessee : Monsieur, aidez-moi vite ! Ma femme et ma fille sont toujours à l’intérieur. Il faut vite que vous alliez les sauver ou que vous appeliez les secours !
??? : C’est inutile. Elles sont déjà mortes. Il n’y a que vous que j’ai pu sauver.
Tennessee : C-comment? Q-qu’est-ce-que vous racontez ? Ça ne peut pas être vrai…E-Elles ne peuvent pas être…C-comment vous pouvez en être aussi sûr…?
??? : J’ai vu leurs corps carbonisés. C’est fini.
Tennessee : Mais non ! Regardez-moi ! Je n’ai aucune blessure, même pas d’égratignures ! Elles sont forcément en vie ! Qui êtes-vous pour oser laisser ma famille mourir !?
??? : On m’appelle le Voyageur. Mon rôle est de sauver ceux qui en sont dignes. Visiblement, ton destin était de vivre quand celui de ta fille et de ta femme était de mourir. On ne peut rien y changer.
Tennessee : Comment oses-tu, salopard !?
Tennessee se leva et tenta de frapper la silhouette. Le voyageur se contenta d’un pas de côté pour laisser le corps du père de famille retomber lourdement au sol.
Voyageur : Je ne fais que te dire la vérité. Même si elle est douloureuse, tu n’as pas d’autre choix que de l’accepter.
Un torrent de larmes jaillit des yeux de Tennessee, presque aussi abondant que les flammes qui avaient dévoré sa famille quelques minutes plus tôt. Sa vie était ruinée. Il ne pouvait plus vivre sur cette Terre. Il remarqua un mystérieux revolver accroché à la ceinture du Voyageur.
Tennessee : C’est impossible…J-je ne pourrais jamais vivre sans elles…Tue-moi. Je ne peux plus supporter d’être dans un monde où elles sont mortes par ma faute.
Voyageur : Tu ne comprends rien…Être vivant est le plus grand cadeau qu’on puisse faire à quelqu’un. Au lieu de te lamenter, tu devrais te relever et comprendre que tu n’es pas en vie pour rien.
Tennessee : M-ma vie entière a été carbonisée sous m-mes yeux…
Le Voyageur se tourna vers lui, laissant presque apparaître son visage et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Dans cette ombre glaçante, on pouvait presque ressentir une chaleur humaine bienveillante. Tennessee sentait que son interlocuteur avait déjà tout perdu comme lui et avait réussi à se relever.
Voyageur : Tu es vivant et tu as un nouveau potentiel qui est né en toi. Pour honorer ce présent, il faut que tu continues de vivre. Je pense que te laisser la vie sauve était la façon pour le Tout-Puissant de te souhaiter un joyeux anniversaire.
La fumée noire volait vers le ciel et le bruit des sirènes de pompiers commençait à se faire entendre au loin. Ses voisins étaient tous sortis de chez eux, alertés par le bruit de l’explosion. Il voulut poser une nouvelle question à la silhouette mais elle avait disparu dès qu’il avait détourné le regard. Tennessee tomba à genoux tandis que les larmes continuaient de mouiller ses joues. Comment allait-il pouvoir survivre à la souffrance d’être toujours en vie ?