JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 42 : Night on Bald Mountain

2135 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/12/2023 22:33




Dans le repère sombre et poussiéreux de la Passione, une télévision cathodique au son grésillant transmettait tant bien que mal une pub au refrain agaçant devant les yeux distraits de Mista de retour de mission à Gênes.


Publicité : Hey toi ! Tu perds ta vitamine C ? Alors essaye les boîtes de conserve CAN ! Elles sont enrichies en fibre et en vitamine ! With CAN, you CAN do everything ! 


Mista : Ces pubs étrangères sont vraiment de plus en plus débiles…


L’image changea sur un plateau lambda de journal télévisé au bureau bleu luminescent. Au centre, se tenait un homme assez petit au costume étriqué au torse devant un écran affichant les titres de l’information. 


Journaliste : Bonjour à tous, je suis David Altamira. Aux titres de l’actualité aujourd’hui, la victoire de la SSC Napoli contre l’Olympique de Marseille, deux à un. 


Mista : Ah génial ! On leur a appris le foot aux français. Si seulement j’étais pas en mission j’aurais pu voir leur bottage de cul directement depuis les gradins ! 


Altamira : L’industriel et parlementaire C.C.R. Dante est venu faire un discours avant l’arrivée des joueurs pour annoncer son rachat prochain du club et annoncer un immense gala de charité aux profits des orphelins. Ses détracteurs auraient dit que ce n’était que des tentatives de faire oublier ses liens avec la mafia. 


L’italien s’énerva et manqua de faire tomber le verre de vin qui se tenait sur le meuble à côté de lui. L’assiette de lasagnes qui se tenait sur ses genoux et dans laquelle barbotait ses Pistols, trembla comme sous l’effet d’un séisme.


Mista : Vraiment, ils ont un don pour nous mettre tout sur le dos dès qu’ils ont un politicien véreux! Comme si les entreprises les arrosaient pas déjà de blé, franchement !


Altamira : La deuxième information est bien sûr, la renonciation du pape Saül Ier suite à la découverte de stock important de la nouvelle drogue populaire “la Shock Berry” dans son logement dans la banlieue de Rome. C’est le deuxième pape qui renonce pour cause de corruption ou de lien avec des entreprises criminelles en moins d’un an. 


Mista : 3, arrête d’embêter 5! J’en ai préparé assez pour tout le monde donc arrêtez un peu de vous chamailler ! J’vous rappelle que je dois faire mon compte-rendu au boss après donc soyez présentables ! 


Altamira : Les fidèles perdent peu à peu l’espoir qu’ils avaient pour l’avenir du Saint-Siège et beaucoup parient sur le candidat au trône pontifical, Zarathustra, jeune nord-irlandais de seulement 21 ans qui promet une croisade contre la corruption et les criminels au sein de l’Eglise. Il est surnommé par ses adeptes le nouvel Urbain II, ou plus simplement U2


Le journaliste n’eut pas le temps de finir sa phrase que sa voix fut couverte par les hurlements de Mista. Les Pistols en chahutant venaient de renverser toute la sauce du plat sur le pantalon tigrée du Consigliere de la Passione. 


Mista : Cazzo ! Vous êtes vraiment insupportables ! Ce pantalon m’avait coûté 1 million 600 mille lires !* Et j’ai pas le temps de me changer avant d’aller voir Giorno. J’vais quand même pas aller le voir comme ça ! 


Numéro 5 : D-Désolé Mistaaaaaaa. C-C’est 3 qui n’arrêtait pas de m’embêteeeeeer.


Mista : Par pitié, 5, fais moins de bruit. Je réfléchis à une solution…


Le boss ouvrit la porte qui grinça tout le long de son mouvement. La crinière blonde de Giorno était comme un soleil au milieu de l’obscurité de leur QG lugubre. Il semblait moins torturé que la dernière fois même si Mista sentait toujours que son cœur était pris dans des ronces indicibles. Quand il vit l’énorme tâche de sauce sur le pantalon de son consigliere, il eut un sourire sincère avant de baisser les yeux à nouveau. 


Giorno : Viens, Mista. J’ai hâte de savoir comment ta mission s’est passée. 


Ils entrèrent tous les deux dans le bureau éclairé par une timide ampoule vacillante à la lueur hésitante. La nuit était claire et la lumière de la lune perçait les carreaux usés de la fenêtre. Giorno s’assit à son bureau et joua avec une mèche de cheveux doré. Il la transforma en une petite couleuvre d’eau qui dansa dans sa paume et s’enroula autour de ses doigts. 


Mista : J’ai réussi à mettre fin au groupe dissident à Gênes. Ils s’étaient mis à vendre cette nouvelle drogue là la Shock machin truc…Ils en vendaient même aux gosses, je me suis dit que ça aurait déplu…


Il regarda la photo qui se trouvait sur le bureau et, plus précisément, le visage de Bucciarati avant de reprendre ce qu’il disait.


Mista : Bref. Je les ai eus mais je me demande comment ils ont pu faire la loi sur toute une ville. Ils avaient plus l’air de jeunes un peu paumés que de barons de la drogue, il y a forcément quelqu’un qui les a aidés. Ils ont exterminé toutes les escouades de la ville ou presque…


Au moment de la dernière phrase de son bras droit, Giorno déglutit comme s’il s’attendait à cette nouvelle funeste. Mista remarqua ce signe qui le troubla.


Mista : C’est pour ça que tu as décidé d’engager de plus en plus de manieurs, pas vrai ? Tu t’attendais à ce que quelqu’un cherche à décimer nos troupes ?


Giorno : Décidément, je ne peux rien te cacher…


Mista : Écoute, Giorno. Je ne sais pas quel secret tu gardes mais peu importe ce que c’est, on peut l’affronter ensemble. On a déjà vécu pire, on trouvera une solution ! 


Giorno sembla hésiter avant de se raviser.


Giorno : Ne t’inquiète pas, je vais régler ce problème par moi-même et mettre fin à cette période sombre de la Passione car je suis Giorno Giovanna ! Donc laisse moi faire Mista et aie confiance. 


Mista : Mais Giorno, je t’assure qu-


Giorno : C’est un ordre, Mista. 


Le boss avait perdu son ton amical et avait repris celui d’un parrain autoritaire mais aussi protecteur. Il se tourna vers la fenêtre et regarda le spectacle éphémère des lumières des réverbères à travers les rues désertes. 


Giorno : Et pour l’homme qui semblait connaître Monsieur Polnareff ? Tu as réussi à récolter des informations ?


Mista : La situation semble plus préoccupante que prévu. Il serait accompagné d’une fillette d’environ 10 ans que nous avons pu identifier comme l’héritière des Joestar, la fille de l’homme sur lequel tu m’as demandé de tirer. Il semble avoir réussi à s’allier avec le chef de Quest et pénétrer dans l’appartement d’A-Ha pour une raison inconnue.


Giorno : J’aurais dû anticiper ce retournement. Le Chef d’Orchestre a dû voir dans l’héritière des Joestar un moyen de se faire bien plus d’argent qu’en travaillant avec nous…J’espère qu’ils n’ont pas mis la main sur HOPE...


Mista : Sur…”HOPE”? Qu’est-ce-que c’est que ce truc ? 


Giorno : Disons simplement que c’est un moyen de me retrouver à coup sûr…c’est lié à ça.


Il se retourna et abaissa son haut au niveau de sa nuque pour laisser apparaître l’étoile des Joestar à moitié effacée. En son cœur, se trouvait un étrange symbole : un point central et trois traits partant dans trois directions et un point d’interrogation inversé dans la dernière comme une rose des vents simplifiée. 


Giorno : Et si mes suppositions sont correctes, ils devraient se diriger vers la Road To Nowhere…


Mista : Impossible ! Ils sont inconscients ! Personne n’a jamais réussi à la traverser, c’est un véritable cimetière !


Giorno : C’est justement ce qui m’inquiète le plus…


Mista : Comment ça ? Je ne comprends pas…Je croyais que tu voulais te protéger avant tout, peu importe ce que ça devait coûter !


Giorno sembla attristé par les intentions que lui prêtait son bras droit. Il prit un ton beaucoup plus pensif et regarda Mista droit dans les yeux comme pour sonder son âme. 


Giorno : Crois-tu que nous sommes des poissons volants ou des poissons-lanternes ? 


Mista : Hein ? Qu’est-ce-que tu racontes ? Je te suis plus. 


Il transforma en un exocet une carafe de vin et une petite lampe qui se trouvait sur le bureau en une baudroie des abysses dont la lanterne peinait à remplacer la lumière de sa prédécesseur. Les deux poissons frétillaient sur la table comme s’ils étaient sur le sol métallique d’un bateau de pêche. 


Giorno : C’est une histoire dont je ne suis plus sûr de la façon dont j’en ai eu la connaissance. Elle raconte qu’un jour Dieu créa deux poissons : le poisson volant et le poisson-lanterne. Le poisson volant ne cessait de bondir hors de l’eau pour tenter de rejoindre le ciel et son créateur tandis que le poisson-lanterne fonçait vers les profondeurs et semblait vouloir rejoindre les enfers. Un ange s’apprêtait donc à punir le poisson-lanterne et à le faire disparaître de la Nature. Dieu l’arrêta. Il lui dit que, bien au contraire, si l’animal nageait dans les abysses et même si son apparence semblait rappeler celle des pires créatures du Diable, il ramenait dans les profondeurs la lumière de Dieu. Quant à lui, le poisson-volant en voulant s’envoler et quitter la mer ne savait pas respecter la place qu’on lui avait donné dans ce monde comme les Hommes l’avaient fait en construisant la tour de Babel. S’il y avait un fautif, ce n’était donc pas celui que l’on croyait.


Giorno redonna leur forme d’objet inanimé aux deux animaux et lança à nouveau un regard à Mista qui ne semblait toujours pas comprendre où son boss voulait en venir. Quel intérêt cette histoire pouvait-elle bien avoir et quel lien avait-elle avec leurs affaires ? Devant ses yeux interrogateurs, le parain s’expliqua.


Giorno : La question que je te pose est de savoir si l’on se bat vraiment pour ce qui est juste. Apportons-nous de la lumière dans l’obscurité et de l’espoir à ceux qui souffrent ou, au contraire, sommes-nous insolents envers le Créateur en usurpant sa voix ? 


Mista resta sans voix. Comment son boss qui avait toujours été si sûr de lui pouvait-il douter maintenant après presque 10 ans à la tête d’une mafia d’ampleur international ? Est-ce-que de vieux démons du passé revenait le troubler ? 


Giorno : J’espère simplement que nous ne finirons pas par regretter les méthodes que nous utilisons… Préviens l’agent que nous avons sur la Road To Nowhere de les intercepter sans les tuer. Il s’agit de Kain, n’est-ce-pas ? 


Mista : Oui, tout à fait. Je le contacte tout de suite. Autre chose, boss ? 


Giorno : Non, tu peux y aller, Mista. 


Le bras droit commença à s’éloigner et se saisit de la poignée avec sa main gauche. Avant de pouvoir la tourner, son ami lui fit signe d'arrêter son geste. 


Giorno : Fais attention à toi, essaye de ne pas t’attirer trop de problèmes.


Mista lui répondit avec un sourire et fit tourner son revolver autour de son doigt comme pour montrer qu’il maîtrisait la situation. Il referma la porte qui conclut l’entretien par le même grincement qui l’avait commencé. Une fois que son bras droit eut quitté la pièce, le boss sortit du tiroir du bureau un dossier composé d'une dizaine de feuilles et d’images. Sur le carton usé qui servait de contenant, un simple nom était écrit au marqueur noir. 


Giorno : Vizioz, est-ce-que tu avais vraiment tout prévu depuis le début de cette histoire ?


*L’équivalent de 850 euros. L’euro était déjà la monnaie de l’Italie depuis 8 ans mais, ayant commencé ses activités mafieuses quand la Lire était encore en place, Mista continue de l’utiliser comme repère. 

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