JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Quand Adam se réveilla, il était déjà assis sur le sol, adossé à un mur. La fillette était là, agenouillée devant lui avec un petit sourire bienveillant. Sa main était entourée de bandages. Elle lui humidifiait le front régulièrement avec un bout de tissu trempé, sûrement issu de son T-shirt qu’elle avait déchiré en bas. Elle avait perdu le luxe et le lustre qui était d’habitude son apparat. Ses cheveux étaient mouillés et sales comme une combattante de la Grande Guerre qui aurait rampé pendant des mois dans les tranchées. Une poilue qui aurait eu chacun des battements de son cœur en rythme avec l’explosion d’un obus ou le tir d’un fusil. Il ne savait pas s’il devait être fière de la voir grandir ainsi ou bien être attristée par la fin de son innocence. Cependant, il la sous-estimait peut-être toujours en la considérant comme l’enfant frêle qu’il avait recueilli sur les escaliers de cette rue parisienne.
Adam : Alors, tu as réussi à te débarrasser de lui toute seule, hein ? Je suis jaloux, j’aurais bien aimé voir sa tête quand tu l’as battu. Moi, tout ce que j’ai pu faire c’est lui donner une migraine.
Shizuka : ne t’inquiète pas, le graaaaand Adam Polnareff avait déjà bien commencé le travail, j’ai fait qu’apporter le point final.
Adam regarda le couloir de l’immeuble dans lequel il se trouvait. Il faisait froid et des tâches d’humidité parsemaient les murs. Juste devant lui, se trouvait une vieille porte blanche à la peinture écaillée qui portait une plaque dorée ornée de l’inscription “Golden Ticket” et du nom “A-Ha” écrit en lettres fantaisistes.
Adam : Alors, on y est enfin !
Shizuka : Oui ! Allons voir ce que cette sorcière cache au fond de son antre !
Light Butterfly défonça le verrou de la porte d’un coup de poing. Derrière celle-ci, se trouvait un décor rose enfantin digne d’une petite fille se prenant pour une princesse. Ils avaient devant eux une véritable galerie dont les œuvres étaient des confiseries issues de tous temps et de toutes les régions du monde. Des car-en-sacs par milliers triés par couleur se trouvaient dans d’énormes bocaux accrochés au mur. Des boîtes de métal contenant des bonbons à la menthe étaient empilées chaotiquement sur une table de chevet (très certainement une réserve de sucre pour les pulsions nocturnes de la propriétaire des lieux). Un sachet vert contenant une fine poudre blanche sucrée reposait, à moitié déchiré, sur le plan de travail de la petite cuisine et portait une vieille inscription “Mistral Gagnant”. De nombreuses plantes étranges peuplaient l’appartement et la jeune Joestar, intriguée, se rapprocha de l’une d’entre elles.
Shizuka : Adam ! C’est incroyable ! Elle est faite en pâte de sucre comme celle qu’on voit chez les grands confiseurs ! Tu crois que je peux en prendre un bout ?
Adam : C’est d’accord mais essaye d’en prendre un tout petit. On doit laisser le moins de traces possible de notre passage !
Elle n'écouta qu’à moitié la réponse d’Adam et se dirigea, bouche pleine, vers une étrange commode.
Shizuka : Regarde-moi ce nombre de produits de beauté ! Elle devait prendre un temps fou pour se maquiller.
Elle prit un peu d’un fond de teint et s’en étala sur la joue comme une enfant jouant avec le maquillage de sa mère. Elle était surexcitée d’avoir une telle quantité de jouets à sa disposition.
Shizuka : Je peux en garder, Adam ? C’est trop cool d’avoir du maquillage qui peut se manger !
Il soupira.
Adam : Huuuum… Si tu veux mais fais attention à n’pas attraper du diabète avec tous ces trucs. Je n’sais pas comment ton père réagirait si je lui rapportais une fille accro au maquillage sucré…
La fille tira la langue révélant par sa couleur violette, qu’elle avait subtilisé un autre bonbon quelque part dans l’appartement . Elle ouvrit un autre pot avec cette fois-ci une mixture violette brillante à l'intérieur.
Shizuka : Regarde ! C’est sûrement avec ça qu’elle colorait son nez en violet. C’était trop joli, je pense que je vais faire la même chose, ça épatera tous les garçons…et toutes les filles !
Adam : Elle se colorait le nez ? J’ai jamais remarqué ça pendant le combat…
Shizuka : Comment t’as pu ne pas le remarquer ? Ça s’voyait comme le nez au milieu de la figure !
Elle explosa de rire visiblement très fier de la pointe d’esprit qu’elle venait d’infliger à Adam. Il soupira et lui lança une réplique teintée de sarcasme.
Adam : Excuse-moi mais contrairement à certaines, je ne contemple pas le joli minois de mes ennemis quand il envoie des lions et des crocodiles contre moi.
La jeune fille quitta la pièce et se mit à fouiller les tiroirs du meuble à côté du grand lit aux draps roses et s’arrêta soudainement comme si elle avait découvert un indice.
Shizuka : Adam, regarde ! J’ai trouvé quelque chose d’intéressant !
La jeune fille prit dans sa main un mystérieux objet qui était entouré d’un tissu rose aux motifs de cœur. Elle referma le tiroir où elle avait trouvé le trésor et ouvrit sa paume pour découvrir à son partenaire une broche dorée qui semblait précieuse.
Shizuka : Tu sais ce que c’est ? Ça a l’air de coûter cher !
Adam : Pas tellement mais sa valeur est bien plus grande que du simple argent ! C’est un emblème de la Passione. C’est ce qui permet aux membres de s’identifier entre eux. Ça va nous être très utile pour nous infiltrer !
Shizuka : T’es sûr que c’est suffisant ? Personne n’a de liste des membres ? Ils ont pas un comité d’entreprise ou une amicale des grands méchants mafieux ?
Le jeune français s’asseya nonchalamment sur un fauteuil en forme d'œuf qui se trouvait à proximité et commença ses explications.
Adam : Pour des raisons de sécurité, aucun membre de la Passione n’a de liste complète des membres à l’exception, bien sûr, du boss.
Shizuka : Ils ne se connaissent pas entre eux même après des années ?
Adam : Si, bien sûr mais même après plusieurs années, en général, un membre connaît son supérieur hiérarchique, ses subordonnées directs et les membres les plus emblématiques.
Shizuka : Comment tu fais pour connaître autant de choses sur la Passione, Adam ?
Adam : Ça fait des années que je suis la trace de mon père donc j’ai pu remonter la piste de l’organisation de nombreuses fois.
Sur la table de la cuisine, un tas de feuilles attira l’attention de la jeune fille, caché sous des sachets de bonbons vides.
Shizuka : Des factures ? Y en a tellement !
La jeune Joestar ramassa un des feuillets et remarqua une déclaration de revenus où le logo des impôts était entouré au feutre rouge et muni d’un dessin d’un petit diablotin au style enfantin. Le français se leva également pour regarder les documents. Visiblement, l’auteure de cette étrange œuvre ne portait pas l’administration publique dans son cœur. Elle remarqua aussi une page qui listait des frais médicaux pour une certaine “Ya-Ya Harrison” née en 1962.
Shizuka : Regarde le nom de cette femme, tu crois que c’est sa mère ?
Adam : Hum, c’est bien possible…Il semblerait qu’elle avait bien une raison de jouer les chasseuses de prime.
Shizuka : J’essaierai de convaincre Papa d’envoyer un peu d’argent à l’hôpital…
Une pensée lui traversa l’esprit.
Shizuka : J’y pense, on fait tout ça pour retrouver ton père mais tu ne m’as jamais vraiment parlé de lui…
Adam : Hum…Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de lui. J’ai quelques flashs mais rien de plus. En réalité, la seule image qu’il me reste est celle d’un homme laissant sa famille derrière lui et des larmes sur leurs joues.
Shizuka : Tu ne te souviens d’aucun bon moment avec lui ? Pourquoi tu cherches autant à le revoir alors…?
Adam : Je ne sais pas vraiment. Même quand elle se sentait mal à cause de sa maladie, ma mère avait toujours des yeux emplis de bonheur quand elle parlait de mon père. Elle disait qu’il était sûrement en train de vivre une aventure dans un pays reculé pour sauver le monde…C’est cette image d’un père héroïque qui m’a fait tenir tout ce temps à l’orphelinat. Je l’attendais devant le grand portail en espérant le voir arriver derrière les grandes collines. Et même si je lui en veux de m’avoir laissé seul tout ce temps, je veux le remercier d’avoir incarné la dernière lumière d’espoir pendant tout ce temps-là.
Shizuka : L’orphelinat…Je suis désolé, Adam, je ne pouvais savoir que…
Le français lui adressa un grand sourire bienveillant plein de tendresse fraternelle.
Adam : Ne t’inquiète pas, tout ça est derrière moi. Et puis toi aussi tu es orpheline, non ? On est pareils au fond ! Et si mon père se révèle être un gros nul, on pourra toujours se partager le tien !
La jeune fille lui répondit avec un sourire à son tour même si elle sentait la tristesse qu’Adam cachait au fond de son cœur. Il n’y avait pas que leur nature d’orphelins qui les liait, leur solitude également.
Adam : Bon, visiblement, il n’y a plus rien à trouver ici ! Il faut vite qu’on s’en aille avec la broche avant que les membres de “Quest” ne reviennent. Allons-y, Jojo !
Il parcourut un dernier coup d'œil global sur la salle comme pour vérifier que la pièce n’avait rien d'autre à leur apporter. Au fond de lui, il était soulagé de quitter cette atmosphère faussement duveteuse et sucrée. Il s’apprêtait à ouvrir la porte pour sortir quand la jeune fille accourut de l’autre côté de l’appartement.
Shizuka : Adam, attends ! J’ai trouvé quelque chose là-bas. C’est sûrement ça que Vizioz nous envoyait chercher !