JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 6 : Achtung Baby, l’Ange Déchu (Partie 3)
1773 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 04/02/2023 21:06
Elle ouvrit les yeux. Instantanément, elle vit le canon de l’arme face à elle émergeant du mur blanc. C’était le moment. En gardant les yeux ouverts, elle s’assurait l’immobilité de son adversaire, de le garder à sa merci. Achtung Baby n’était pas un Stand de combat : il misait tout sur la discrétion et la vitesse mais, ici, la nature du Stand ennemi était un avantage. L’ange tira un coup avec son pistolet vers le bras qui sortait de la peinture avant qu’il ne puisse lui-même riposter. La détonation du tir quand il toucha sa cible, força la jeune fille à fermer les yeux et le mystérieux ennemi y vit comme à son habitude sa salvation. Cependant, cette fois-ci, c’était déjà trop tard. Être une peinture avait de nombreux avantages pendant un affrontement mais cela signifiait aussi qu’il n’y avait aucune différence entre ce qu’on peut voir du stand et ce qu’il est réellement. Le faire disparaître, c’est l’annihiler. La silhouette filant en deux dimensions sur les murs était maintenant privée d’un bras et surtout de son arme. Shizuka pensait avoir réduit sa menace à néant. Elle n’avait plus qu’à la viser à nouveau pour la faire totalement disparaître.
Un combattant a deux ennemis mortels : le défaitisme et l’arrogance. Si la jeune Joestar avait évité le premier péril, elle tomba dans le deuxième. Elle oublia de réprimer son clignement d'œil et son ennemi en profita pour faire émerger la totalité du reste de son corps du mur et, avant qu’elle ait eu le temps de réaliser sa situation, le colosse l’avait attrapée par le col et plaquée au mur. Elle mettait ses mains sur celle de son agresseur pour tenter vainement de se dégager. Elle suffoquait et son stand était également incapable de bouger. Le visage sans vie s’approcha d’elle et lui cracha des paroles qui semblaient venir d’outre-tombe.
??? : Tu es enfin à moi. Tu n’avais aucune chance de me vaincre avec ce pitoyable Stand, espèce de contrefaçon de Joesta-
Shizuka : Qu’est-ce-que tu viens de dire ?
Une flamme venait de s’allumer dans les yeux de la fillette. Toute peur avait disparu et une rage incommensurable était venue la remplacer. Elle était animée par une force démesurée qui allait s’abattre sur son adversaire. Cette force instinctive terrifiante lui permit de donner un violent coup sur le flanc de son adversaire avec une des ailes de son Stand. Il lâcha prise et fit un pas en arrière. Le stand rua sa cible de coups à une vitesse phénoménale.
Shizuka et Achtung Baby : NUNBANUNBANUNBANUNBANUNBA!!
L’ennemi disparaissait à chacun des coups qui gagnait en puissance à mesure que la rage la consumait. Il tenta un ultime assaut désespéré mais qui fut arrêté net par une nouvelle salve de coups de poing.
Shizuka et Achtung Baby : NUNBANUNBANUNBA !! NUMBER ONE !!
Lorsqu’elles prononcèrent le “Number One” final, le stand sortit son arme de son étui qui pendait à sa ceinture en la faisant tournoyer avec agilité entre ses doigts, tira trois fois faisant définitivement disparaître les restes de l'œuvre inachevée. Il ne resta qu’un doigt qui rampait péniblement par terre que le stand piétina pour l’empêcher de s’échapper.
Shizuka : Je ne sais pas qui est ton manieur, mais je lui ferai regretter chacune de ses pitoyables paroles. Je suis digne de porter le nom de la famille Joestar. Je ferai couler ton sang pour avoir osé me juger sur le mien.
Le combat avait sûrement attiré l’attention mais le bâtiment était assez grand pour les empêcher de trouver trop rapidement la salle où il avait eu lieu. La jeune fille, épuisée, trouva à nouveau sa sécurité dans la douce étreinte d’Achtung Baby et dans l’invisibilité que permettait son pouvoir. Le Stand agita ses ailes pour retirer la peinture qui les recouvrait. Elle franchit la porte et arriva dans le couloir où d’autres clones s’activaient, attirés par les bruits au sous-sol. Elle décida de se déplacer en toute discrétion malgré les frissons qui lui parcouraient l’échine. Les ennemis s’agglutinaient dans les escaliers et elle allait bientôt se faire encercler et sûrement découvrir. Les pas se rapprochaient de seconde en seconde. Elle commençait à paniquer. Elle pouvait encaisser un combat mais pas deux. Shizuka se retourna par réflexe pour évaluer son environnement et constata avec stupeur, gravé dans le mur, le plan du bâtiment montrant toutes les salles mais aussi les conduits d’aération. Elle parcoura le plan du regard et remarqua un conduit qui menait directement à la sortie qui devait se trouver à une quinzaine de mètres.
Shizuka : Si je passe par les toilettes des hommes, je devrais pouvoir l’atteindre et m’échapper par les conduits. L’idée me ravit pas mais bon, il faut bien que je m’en sorte d’une manière ou d’une autre et ça me fera une histoire à raconter à papa quand il sortira de l’hôpital.
Sa victoire avait remis dans le cœur de Shizuka la tendre innocence des enfants et la situation tournait quasiment au jeu pour elle. En traversant le couloir, elle croisa des employés paniqués de la fondation et des scientifiques tenant dans leurs mains des montagnes de dossier contenant sûrement des recherches extrêmement importantes sur les Stand. Certains la sentirent sûrement les bousculer mais, tel un troupeau d’animaux fuyant un prédateur, ils étaient bien plus préoccupés à sauver leur propre vie qu’à protéger la fille du président qui se débrouillait sûrement très bien avec son stand. Elle atteignit les toilettes en se faufilant dans la nuée, s’assurant de passer inaperçue aux yeux des envahisseurs. La jeune Joestar ouvrit doucement la porte en regardant du coin de l'œil le clone qui fouillait les pièces tout au long du couloir à sa recherche.
On se dit souvent que toutes les pièces dans des centres de recherche ultra-secrets doivent être exceptionnelles mais, en réalité, les toilettes pour hommes ressemblaient exactement à celles de n’importe quel bureau. Elle s’avança vers la cabine qui donnait directement sur le conduit d’aération et la défonça d’un coup d’Achtung Baby. Elle tomba nez à nez face à un homme en pleine commission et ses joues devinrent tellement rouge qu’on pouvait presque voir leur couleur à travers l’invisibilité de son Stand.
Homme aux toilettes : Foutu courant d’air, j’ai dit au moins 10 fois à Monsieur Ferré de réparer cette porte !!
Shizuka se glissa à l’intérieur et se dissimula juste à côté du rouleau de papier-toilette, toujours aussi gênée par la situation. L’employé de bureau s’avança pour fermer la porte en tenant son pantalon avec sa main droite pour l’empêcher de tomber. La fillette dut réprimer son rire devant l’absurdité tragi-comique de la situation : elle venait d’échapper à une mort certaine et elle observait, silencieuse, le spectacle d’un homme dans une scène quotidienne qui ignorait sûrement tout de ce qu’il se passait en dehors de cette pièce. Elle lui donna une légère impulsion avec son Stand le faisant tomber de l’autre côté, le derrière en l’air. Elle put refermer la porte et profita du temps gagné pour monter sur le siège et défoncer la grille du conduit pendant que, de l’autre côté, l’employé tambourinait désespérément pour ouvrir la porte en grognant comme un chien enragé.
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Sa petite taille la fit grimper avec difficulté et le short en jean qu’elle portait n’était pas particulièrement étudié pour permettre les mouvements agiles et les exercices d’escalade. Le conduit l’oppressait et le métal froid lui faisait frissonner les jambes à chaque mouvement. Elle commençait également à manquer d’air dans ce couloir métallique sans fin. Elle était tellement serrée qu’elle était contrainte de retirer la protection des ailes de son Stand. Rien ne semblait pouvoir briser le spectacle qu’elle endurait depuis plusieurs mètres. Elle était comme dans un désert où le décor monotone empêche de bien apprécier les distances. Était-elle encore loin de la sortie de ce long tunnel ? Soudain, une silhouette connue apparut sur le fond du conduit : un autre clone de peinture en deux dimensions. Il semblait simplement vérifier qu’il n’y avait personne dans le conduit mais quand il repéra Shizuka, il se mit à foncer vers elle en enroulant son corps tout autour du conduit.
Shizuka : Oh non, pas encore !!
Achtung Baby : NUNBANUNBANUNBANUNBA
A chacun des coups, le métal du conduit se plissait sous l’impact. Il finit par céder et Shizuka traversa le faux plafond dans un déluge de poussière. La porte était juste là. Elle courut en ignorant la douleur et fonça vers la lumière rassurante des bâtiments extérieurs. La jeune fuyarde se retourna pour voir ses opposants la poursuivre dans une lumière aveuglante sinistre. Ces rayons lugubres émergeaient d’une silhouette qu’elle ne pouvait que deviner au milieu des ombres et du chaos. Un autre manieur la poursuivait-elle ? Elle poussa les portes de verre du bâtiment tout en se recouvrant des ailes d’Achtung Baby tandis que la fine brise automnale parisienne balayait les derniers grains de poussière qui ne s'étaient pas envolés durant sa course. Ses poumons se gorgèrent d’air dans une douce caresse de liberté et dans un long soupir de soulagement. Elle devait fuir. Se fondre dans la masse informe de la foule, dans le dédale du monstre urbain. Elle se dissimula dans une ruelle à l’abri, en haut de magnifiques petits escaliers de pierre où les touristes se succédaient pour graver leurs souvenirs uniques dans le marbre et sur les cartes mémoire de leurs appareils. La fillette invisible reposa son dos contre un mur de pierres et, peu à peu, glissa le long de sa surface avant de tomber à genoux et de s’assoupir, épuisée.