Le fil d'Ariane
Chapitre 8 : Une Rose rouge
1558 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 13/07/2023 18:18
La route de terre cahoteuse malmenait la jeep. Le chemin défoncé par les roues des nombreux convois du Cartel sillonnait entre les entrelacs de cyprès et de pochotes, traversant de fins court d'eau, délaissant derrière elle de lourdes branches mortes et de vilaines roches. Les phares de Bond éclairaient à grand-peine la nuit qui se répandait dans la forêt tropicale. Par chance le hurlement du moteur tenait la faune à distance. Son arrivée ne serait pas discrète, ce n'était pas l'objectif.
James ne regardait plus vraiment le GPS de son nouveau portable qui glissait sur le siège passager. L'espion était occupé à fixer sa quatrième mine sur le tableau de bord. Les explosifs étaient imposants. Les synchroniser avec sa montre bracelet demandait une attention particulière.
Un point lumineux se précisa au bout de la route. Bond coupa ses phares.
Le vrombissement venu de la jungle attira l'attention des quelques gardes. Ils ne virent pas la silhouette du chauffeur se jeter dans les buissons, seulement l'animal d'acier faite un bond après avoir frapper à pleine vitesse un talus.
Le véhicule continua sa course jusque dans un hangar tout proche.
Bond manipula sa montre bracelet.
L'explosion qui en résulta éclaira au travers les arbres et résonna le long des parois de l'immense pyramide. Quatre soldats se précipitèrent pour sortir leurs camarades des flammes. Les balles ne firent aucun bruit, Bond venait de coucher quatre cibles. Une torche humaine sortit du brasier. Cinquième balle, cinquième cible. James ramassa près de l'un des corps un fusil AK-47 qu'il passa en bandoulière, et arma.
Cinq nouvelles ombres émergèrent d'un second hangar. Le AK était plus bruyant que son Walter Ppk, mais plus efficace dans ce genre de situation. Cinq mercenaires du cartel de plus gisaient au désormais au sol.
Bond disparu dans les ombres du temple, par une petite ouverture de pierre.
La mâchoire serrée, une main sur sa côte douloureuse, l'espion pris le temps de souffler. Sa tenue de camouflage lui permettait de se fondre sans peine entre ces murs ancestraux. Il sortit une petite boîte orange dont il sortit il poignée de cachet qu'il avala aussitôt. James activa la petite radio qui pendait mollement contre son torse :
-Ici Chevalier Blanc. Une quinzaine de cibles éliminées, l'infiltration est un succès.
L'appareil grésilla:
-Je suis sur place depuis dix minutes, j'ai déjà abattu une dizaine de cibles. Ne te vante pas trop, James.
Bond regarda sa montre :
-Je suis sur site depuis deux minutes. Je pense avoir battu un record.
La radio resta silencieuse. Bond venait de vexer son ami. Cela lui redonna le sourire. Double-zéro-sept activa une dernière fois le talkie:
-On est en mission, utilise les noms de code.
Piqué dans son orgueil, Alec Trevelyan lâcha :
-À vos ordres, M. James Bond. Le premier au sommet…
Avoir son frère d'armes sur le terrain avait quelque chose de rassurant.
Après avoir cheminé au travers quelques longs corridors, James déboucha sur une haute salle soutenue par de long pilier. Au cœur des ombres se trouvait un autel. Lentement, Bond rejoignit le corps qui reposait sur la roche. Une fine ligne rouge traversait de haut en bas le corps de Pénélope. Son doux visage avait subi une rude colère avant que l'Ariane ne fasse son office.
Ses grands yeux bleus fixaient un point quelque part dans le vide.
Il aurait dû la rappeler après Cologne.
Il aurait dû passer plus de temps avec elle.
Du bout des doigts, James referma les paupières de Penny.
Au pied de l'un des piliers, il trouva un long fusil noir. Celui qui avait tué son amie avait jeté le fusil au loin. Passer la jeune femme à tabac et la tuer n'avait pas apaisé la colère de l'assassin.
L'anglais ramassa l'arme. En dépit des quelques rayures, elle était fonctionnelle. Son Ppk glissé dans son holster, le AK en bandoulière, Bond montait péniblement l'escalier, armé d'un Ariane ronronnant et d'une colère bouillonnante.
...
La pyramide perdue abritait en son centre les appartements de Lucia et de son Campeón. La pièce de vie était éclairée par un lourd lustre de cristal qui se reflétait sur la surface calme d'une piscine. Il y avait également un coin détente composé de banquettes de cuir blanc et de petits meubles ouvragées. Au bord de la piscine, le ton montait entre les deux sœurs. Depuis que Maria avait quitté la chambre cérémonielle, elle n'avait pas cessé d'interroger sa sœur sur les agissements et les méthodes du Cartel. L'aura de l'organisation avait été grandement romancée lors de leur longue correspondance. Maria commençait à voir les choses sous un éclairage moins glamour. Elle qui rêvait de rébellion et d'aventure se trouvait désormais bien naïve. Lucia, elle, perdait patience. Au-delà des baies vitrées, la reine du cartel voyait ses hangars et ses réserves exploser, et ses hommes tomber sous les assauts des hélicoptères de la CIA et du MI6 assiégeants désormais la zone.
Les ouvertures, de part et d'autre de la pièce, étaient gardées par des géants de pierre. Ces guerriers aux regards sévères semblaient juger les nouveaux propriétaires des lieux, attristés du peu de respect témoigné à ce temple autrefois sacré.
Sous l'ombre de l'un de ces géants, l'Iguane se dressa. Le regard qu'il lançait à sa Reine était, lui aussi, plein de reproches.
-Tu n'as pas ton mot à dire! hurla Lucia en le pointant du doigt.
Il serra les poings avec tant de rage que le craquement de ses jointures résonna autour de lui. Lucia explosa :
-Ces hommes n'allait nulle part lorsque je suis arrivé, se justifia-t-elle en indiquant d'un mouvement de tête l'extérieur, par delà la baie vitrée. J'aurais pu conduire le Cartel à la gloire !
L'Iguane avait passé sa vie à faire de cette organisation une entreprise prospère. Il avait tout perdu.
Du coin de l'œil, l'homme au crâne rasé vit passer une lumière bleue. Il n'eut pas le temps de se retourner. Dans un grincement sourd, le géant guerrier s'affaissa et vint l'écraser. Dans un écho assourdissant, la statue se fracassa au sol en d'innombrables débris.
Sortant de ténèbres, Bond avança et jeta au sol le long fusil noir avec lequel il venait de découper le guerrier de pierre. Au milieu des roches, l'Iguane agonisait. Bond sorti son revolver. Sans lui adresser un regard, il l'acheva d'une balle au milieu du front.
L'espion reconnu la jeune « technicienne » du Palacio de Bellas Artes. Il comprit sans peine que Cortez avait eut une autre fille.
Lucia se résigna. Elle assena sa dernière bravade venimeuse, espérant ranger Maria à ses côtés :
-Vois-tu, ma sœur? Messervy ne nous honore même pas de sa présence.
Plus à l'attention de Maria, James statua froidement :
-Il n'a pas besoin de venir. Le MI6 est ici. Je suis ici. Ce qui s'abat sur ton petit groupe, c'est la colère de M.
Comprenant que sa cadette ne la protégerait pas, Lucia se réfugia derrière le silence. Bond conclut :
-C'est terminé Cortez.
Alec arriva par l'encadrement de la seconde ouverture. En sueur, boitant légèrement, le solide blond mis en joue les deux femmes de son automatique. Il salua James:
-Salut vieux frère. Alors? Quelle est la suite, Chevalier Blanc ?
Toujours sans un mot, Lucia s'approcha de Trevelyan, les points joint devant elle. L'agent lui saisit les poignées et les lui lia dans le dos.
Bond se laissa tomber dans l'une des banquettes.
Avant de quitter les lieux avec la prisonnière, Alec demanda à son ami :
-Tu as besoin de quelque chose ?
-D'une douzaine d'infirmières.
Maria était restée silencieuse. Comme une enfant attendant un châtiment qu'elle estimait légitime. Une larme roula le long de sa joue.
-Je suis navrée pour ton amie.
Reprenant son souffle sur le canapé, James la rassura :
-Ce n'est pas ton départ qui a causé sa mort.
Double-zéro-sept se redressa douloureusement, inspecta ses poches et en sorti le petit contenant en plastique qu'il avait fauché à l'infirmerie du Medway. La boîte était vide.
-Ta sœur avait de très certainement de bonnes intentions à ton égard, continua-t-il. Elle n'avait pas les bonnes méthodes.
La musicienne s'installa face à l'espion sur l'autre banquette. Elle s'excusa maladroitement, une fois de plus:
-Je ne sais pas comment te remercier.
D'un œil aguerri, James repéra un petit bar, similaire à celui qui se trouvait dans la chambre d'hôtel de Mexico.
-Si tu as là-dedans de quoi me préparer une vodka/martini, alors c'est moi qui te serais redevable.
Quelques minutes plus tard, la triste brunette s'installa au côté de son garde du corps lui offrant une coupe de vodka/Martini au cœur de laquelle reposait une olive sur un pique.
Au dehors, le tonnerre avait fini de gronder.
Elle déposa un baiser sur la joue de l'espion.