L'école des démons acte 1

Le réveil n’est pas toujours facile, mais pour certains, cela relève de l’exploit ! Degan fait partie de ces personnes qui déteste le matin. Déjà, il n’entend pas la sonnerie et même s’il l’entend, il n’en est pas plus motivé que pour quitter le confort de son matelas. Ni les secousses de sa sœur ou les arguments frappants de son frère ne suffissent pas pour le réveiller. Donc, quand il se redresse d’un coup au moment où Aérin éteint l’appareil et qu’il sort de son lit, l’air maussade, cela surprend, en effet, sa jumelle. Est-ce mauvais présage ? Azael est en bas, lui, c’est son horloge interne qui le fait se lever cinq minutes avant la sonnerie. Point commun qu’il a avec Callego, bien qu’il l’ignore. Ils se préparent et s’envolent pour l’école :

— Alors, tu vas rester avec les garçons ou tu vas parler aux filles de la classe ? demande Degan.

— Pourquoi tu me demandes ça ? Je peux faire les deux.

— Elles sont mignonnes et ce serait cool que tu m’intègres à leur groupe, ricane son jumeau.

— Degan, soupire Aérin.

— Tu sais que tu es là pour travailler, rétorque l’aîné.

— L’un n’empêche pas l’autre, répond-il sournois.

— Tu fais surtout ce qui t’arrange, réplique la rousse.

— On n’a qu’une jeunesse, non ?

— Bien sûr…

Elle secoue sa tête et accélère pour dépasser ces frères et se poser devant le portail de l’établissement qu’elle franchit d’un pas rapide sans même prêter attention aux élèves de sa classe présents. Elle se rend à leur tour, monte les marches deux par deux et tourne d’un pas rapide à l’intersection du couloir pour aller dans l’aile où se trouve la classe. Elle s’arrête net, parce que son cœur ne suit plus et qu’elle vient de rentrer dans Callego, qui allait s’énerver, avant de se tourner sur elle.

— Tu es pressée ?

— Excuse-moi, Degan m’a un peu prise la tête.

Le brun relève les yeux vers les escaliers ou le mentionné, suivi de Shichiro, apparaît. Ils les rejoignent, Aérin se redressant bien qu’elle ait toujours mal au ventre.

— Salut les gars, s’écrie le rouge.

— Bonjour, dit Shichiro.

— Au fait petite sœur, tu es partie à toute vitesse, mais tu oublies que l’on n’a pas cours aujourd’hui, nous devons choisir un Batora.

— Je le sais, je voulais demander au professeur si nous pouvions rester en classe pour la chasse aux nouveaux.

–Idem, je voulais voir Monsieur Dali pour la même raison, dit Callego.

–J’avais demandé au prof de botanique hier, elle nous autorise l’accès à sa classe pour la journée, les rassure Shichiro.

Aérin et Callego sont plus que ravit de cette nouvelle ! Ils se rendent à la tour de botanique et la prof les laisses entrées comme accordé la veille à Shichiro, leur demandant d’être calme en échange. Les trois se retournent alors sur Degan, qui lève les yeux au plafond comme s’il cherchait ce qu’ils regardent. Ils posent leurs affaires dans un coin et se dispersent dans la salle.

Shichiro offre son aide pour arroser les plantes tout en bombardant de questions, le professeur.

Degan regarde les plantes que les élèves d'autres classes ont fait éclore et repère celle de sa classe.

Celle de Callego, D’Aérin et Shichiro sont l’une à côté de l’autre, tranquille, tandis que la sienne est sur le côté. Il la rapproche et elle se prend soudain des rires machiavéliques.

La plante d’Aérin se met à pleurer, celle de Shichiro ne réagit pas et celle de Callego tente d’attaquer la sienne.

Il remet immédiatement à sa plante en place en se retournant vers les autres pour s’assurer qu’ils n’aient rien vu.

Aérin a sorti un carnet et esquisse les plantes juste devant elle, jusqu’à ce que le brun recule dans son champ de vision. Il se retourne sur la rousse et baisse les yeux sur son carnet.

— Pardon, je n’avais pas fait attention… Tu prends des notes ?

— Oui, c’est pour... Un passe-temps, dit-elle gênée.

— Quel genre ?

— Personnelle, dit-elle, en s'éloignant, le visage rouge.

— Elle écrit des romans, intervient Degan.

— Cela parle de quoi ? demande alors Shichiro laissant souffler le professeur.

— C'est juste des choses que je fais comme ça, sans queue, ni corne, balbutie-t-elle.

Elle fusille du regard son frère, il le sait qu’elle n’aime pas le dire !

— Vous avez une idée du Batora que vous voulez rejoindre, détourne la rousse.

— Celui de gaming, s’écrie Degan.

— Ça ne m’étonne pas de toi…

— Je n'en sais rien, répond Callego.

— Tu devrais trouver un Batora pour apprendre à ranger tes notes, dit Shichiro en lui montrant le bloc qui sort de sa poche remplie de bout de papier.

Callego s’en pressent de les rassembler et de les placer avec le paquet qu’il a déjà dans son sac.

— Tu sais que les carnets, ça existe ? Lui fait remarquer Aérin.

— Ou agrafe-les, ajoute Shichiro.

— Ça va, je me mêle de vos affaires, moi ? Râle le brun.

— Azael a repris le Batora ou il était l’an dernier ? Demande Degan.

— Il ne te laissera pas y aller, réplique Aérin, en riant.

— Qu’est-ce qu’ils y font ? Demande Shichiro.

— Il me semble qu’ils sont deux, ils n’y font rien à proprement parler. Il nous avait expliqué l’an passé, juste aider de temps en temps l’autre personne, mais je n’ai pas tout saisi, explique le rouge.

— Tu vois que tu n’écoutes que ce que tu veux ! Il a dit que le batora n’était pas vraiment ouvert, mais qu’ils squattent le local. C’est une idée de l’autre, apparemment, ils ne savent pas vraiment où ils veulent aller, ajoute Aérin.

— Et l’autre démon lui demande quoi comme aide ? demande Shichiro.

— Apparemment, ils s’occupent des délinquants, dit Aérin.

— Il devrait bien s’entendre avec Callego alors, lui qui passe son temps à écraser tous démons qui sème le trouble dans l’établissement, réplique Degan.

— Il a l’air déjà plus supportable que toi, rien que pour cette optique ! Réfute Callego.

Un crissement interrompt leur discussion, c’est l’estomac de Degan et celui de Shichiro semble être du même avis, il est midi, ils ont faim. Ils vont devoir affronter la foule et les années supérieurs en pleine chasse pour aller à la cantine, mais elle devrait également, bientôt se terminer. La chasse est une façon de déclarer que les élèves qui régissent leur Batora force les nouveaux à les rejoindre.

Dans le couloir, Aérin se place derrière son frère, Shichiro et Callego marchent derrière eux. Elle préférerait qu’ils soient un peu plus prêt, pour le coup. Elle se crispe alors que leurs aînés se jettent sur eux, à peine les remarque-t-il. Du moins jusqu’à ce que le chien de Callego ne les écrase sous ces pattes. Elle souffle rassurée, cela devrait aller si Callego et Degan reste avec elle. Elle se sent alors tirée en arrière par un démon qui a simplement attendu qu’il rappelle le familier, pour attraper celle qui lui semble être la moins contrariante à avoir.

Aérin se raidit alors que son cœur bat des records de vitesses. Degan intervient aussi sec, rattrapant sa jumelle qu’il recule vers les garçons, la faisant presque tomber sur eux. Le regard, mauvais, il remonte une mèche de cheveux, alors qu’il s’enflamme.

— Bouge ou je te crame ! Crache-t-il à l’élève.

Shichiro et Callego, étonnés, s’échangent un regard. Cela ne fait que quelques jours qu’ils se côtoient. Le voir devenir sérieux à son petit effet, même pour eux qui ne sont pas facilement impressionnables. Aérin est collée aux démons à un point que Shichiro en recule d’un pas. Il a réussi à cacher sa manie jusqu’à maintenant… Il vaut mieux ne pas le tenter ! En tous, le démon de classe supérieurs a préféré abandonner le quatuor.

— Je suis un pitre, en revanche, je ne supporte pas que l’on touche à ma sœur, vous y compris, dit Degan, en regardant les garçons alors qu’il redevient normal et ses vêtements en partie brûlés.

*C’est bien de le reconnaître* Pense Callego.

Degan reprend nonchalamment sa route, descendant les marches par deux, le groupe lui emboitant le pas. Shichiro se penche alors sur la rousse :

— Ton frère est protecteur.

— Il a toujours été comme ça, répond-elle avec un sourire crispé.

Ils parviennent enfin à la cantine, toutefois, il est impossible de manger tranquillement dans ce brouhaha. Callego leur suggère de prendre leurs plats et d’aller à l’extérieur. Aérin leur propose de directement rejoindre la classe où est Azael. C’est la dernière classe, près de la réserve de la section de biologie.

La porte est entre ouverte, Aérin passe devant et frappe à celle-ci en cherchant le bicolore des yeux. Celui-ci relève la tête, d’abord étonné que l’on ose venir le déranger avec sa réputation de démon peu sociable. Il sourit dès que le visage de sa sœur se dessine dans son champ de vision et déchante en apercevant celui de Degan. Les élèves sont restés sur le seuil de la porte, Azael s'est levé pour les rejoindre d’un pas décidé, il attrape son frère par les épaules et l’éjecte de la classe tout en faisant entrer les trois autres.

— Toi, je te vois assez sur une journée, s’énerve Azael.

— On est d’accord là-dessus, ricane Callego.

Shichiro lui fait signe alors que l’ainé vient de fermer la porte derrière lui. Ils l’entendent s’énerver derrière, puis un bruit sourd survient et la porte tombe lourdement au sol, le trio s’écartant pour ne pas se la prendre sur eux.

Degan est pied levé et comme figé, il regarde la porte d’un air coupable, puis se tourne vers son frère, devenant blanc comme un linge. Il sourit comme un enfant qui a fait une bêtise et laisse un oups s’échapper. Il se tourne sur sa jambe et détale encore plus vite qu’un lévrier sur un champ de course, hors de la vue de son frère. Azael soupire, il se penche, ramasse la porte qu’il remet en place en l’enfonçant dans le chambrant… Sinon, il suffisait de remettre les écrous dans les rivets. Aérin les invites à s’asseoir sur les chaises et la longue table de présente dans la pièce, qui est en vérité un débarras.

— Tu abandonnes déjà ? dit Aérin.

— Il court trop vite… Vous venez faire quoi ici ?

— Se cacher pour être franc, rit Aérin, vous avez une meilleure idée de ce que vous voulez faire ?

— Pas vraiment, on est souvent à l'extérieur à surveiller certains élèves, dit Azael.

— Quel genre d’élèves, demande Callego.

— Les délinquants. La salle nous serre juste à être tranquille quand tout le monde est à son batora.

— Ce n’est pas censé devoir faire partie d’un batora ? Demande Callego.

— Si, mais le directeur ne nous dit rien, il nous a juste demandé de trouver un moyen d’en faire un batora, mais j’avoue qu’aucun de nous deux, ne cherchons pas à le faire.

Azael sort son téléphone, en parlant du démon, le voici qui lui demande son aide… Il abandonne de ce fait les trois autres. La porte s’ouvre lentement et le rouge se glisse en riant dans la classe, venant s’asseoir à côté de sa sœur en face de Shichiro, Callego se crispe de l'avoir devant lui.

— Tu ne voulais pas rejoindre la Batora de gaming ? Lui demande la rousse.

— Si, si. Tant qu’Azael est absent, je profite un peu de mon adorable sœur, dit-il en ébouriffant les cheveux.

— Tu n'as pas envie d'aller draguer ? Râle Callego.

— Il faut savoir se faire désirer, mon cher, afin de les cueillir aux meilleurs moments !

Ils remontent tous les trois, leurs têtes vers le rouge... Il n’est pas toujours obligé de partager ses pensées.

— Si ton frère et l’autre démon s'occupent de faire la police dans l’école, peut-être que l’on pourrait créer un batora pour faire régner l’ordre ? Dit Callego.

— Faire régner l’ordre ? Les démons ont peur de toi, mais ils passent tout de même leurs temps à venir te chercher misère, tu penses vraiment qu’ils se montreraient plus respectueux si l'on fait partie de la milice de l’école ? Dit Aérin.

— Si nous avons l’aval des professeurs et du directeur, peut-être les élèves nous prendront-ils au sérieux ?

— Il faut d’abord créer un dossier pour expliquer ce que l’on veut faire et une charte à suivre, mais nous ne pourrons pas nous, ouvrir le batora, cela devra être Azael ou son camarade, s’ils acceptent, que des premières fassent ce qu’eux devraient faire, dit Shichiro.

— Aérin, je doute que ce genre de batora te convienne, intervient Degan.

— Pourquoi ? dit la rousse, d’un ton sec.

— Tu n’es qu’Aleph, Callego et Shichiro sont Daleth et Gimel, cela passe pour des nouveaux, mais toi, sans vouloir t’offenser, dit-il en grimaçant.

Aérin le regarde vexer, elle sait très bien à quoi il fait allusion et cela l’agace… Oui, elle a été évaluée Aleph, mais elle peut toujours se battre au corps à corps, même si Azael et lui, ne croient plus en elle !

— On devrait penser à quoi mettre en place et proposer aux deux autres après, dit Callego, tout en regardant Aérin, qui fait la moue.

La chasse est terminée, comme la journée. Degan marche devant, débordant d’énergie… Celle qui vole a Aérin visiblement. Plus Callego le regarde, plus sa veine du lion se creuse.

— Il est toujours tel quel ? Demande Shichiro.

— Même quand il dort, il ne sait pas rester tranquille. Combien de fois, il ne s'éjecte pas du lit, explique Aérin.

— J'ignore comment tu fais pour le supporter, j’aurais demandé ma propre chambre depuis longtemps, rétorque Callego.

— Une question d’habitude, je suppose ?

Ils sont arrivés au portail et s’envolent… La demeure des Divalis est la plus proche de l’école. Shichiro et Callego se séparent quelques mètres plus loin.

Comme Azael ne rentre pas immédiatement, ils ont mis le dîner à feu doux. Degan est allé dans la salle de détente où il y a console de jeux, karaoké et plusieurs instruments de musiques, comme une guitare électrique, une acoustique, une basse, un violon, un synthétiseur et une batterie.

Aérin, elle, remet ses cours au propre puisqu’ils n’ont pas eu de devoir. Elle saisit son téléphone et appelle sa mère pour lui décrire un peu sa journée et les nouveaux exploits de son jumeau. Son père derrière est en fou-rire. Aérin leur passe un peu Degan qui s’empresse de parler des deux « conquêtes » de sa sœur.

Azael est rentré et après avoir brièvement salué ses parents, ils passent à table. La journée se termine par l’habituel rituel du passage à la salle de bain et le moment du couché.