L'école des démons acte 1
C’est avec une nervosité palpable que les élèves de premières années franchissent le portail de leur nouvelle école, Babyls. Certains se réjouissent de retrouver des connaissances. D’autres, quant à eux, sont complètement déphasés et sillonnent les couloirs afin de prendre leurs marques.
Les nouveaux étudiants sont conviés au réfectoire pour la cérémonie de bienvenue. Comme chaque année, c’est un élève promu qui est choisi pour faire un discours afin d’encourager leur camarade… Ou pas en fonction du caractère dudit élève.
La cérémonie de terminée, les élèves se rendent dans la cour où ils sont séparés en trois groupes, par les professeurs, dans le but de passer le rituel d’invocation de familier.
Parmi eux, une démone de petite taille suit nerveusement celui auquel elle a été assignée. Elle scrute les élèves aux alentours à la recherche d’un visage familier, qu’elle ne perçoit toujours pas. Elle soupire… Il avait promis de rester près d’elle, grommelle-t-elle intérieurement.
Elle écoute attentivement les explications données par le professeur quant à la méthode pour appeler le dit familier. Elle va recevoir un sceau et quand elle sera appelée, elle devra y tracer un cercle de son sang et demander à haute voix, la venue de la créature. Le pacte se renouvelle chaque année.
Son tour vient et elle rejoint le professeur, en espérant qu’elle parvienne à le faire apparaître, sans quoi, elle pourrait se faire renvoyer.
Une fumée se diffuse sur le milieu du sceau tracé au sol, un halo vert dessine une forme semblable à un canidé qui dévoile l’animal magique à sa propriétaire. Un renard végétal aussi gros qu’un chien de berger, un renard curae. Plutôt ravie de sa réussite, elle caresse nonchalamment la tête du canidé. Elle fait alors un bond sur le côté, surprise par l’intrusion soudaine d’un démon à la longue chevelure blanche portant un masque.
— Wow, un renard curae, ils sont spécialisés dans la guérison ! S’écrie le démon enthousiaste.
Elle n’a pas le temps de lui répondre que le jeune a déjà changé de cible pour aller admirer l’énorme chien électrique d’un autre démon. La démone observe le canin et son propriétaire, un démon à l’allure sombre tant par son expression, que ses vêtements. Certains se démarquent bien. Les classes seront faites dans les jours qui suivent et le rang assigné lors d’une course aérienne, pour aujourd’hui, ils en ont fini.
L’alarme du réveil tire immédiatement la rousse de ses songes qui se retourne pour couper la sonnerie de l’appareil. Elle s’étire tout en bâillant et dévie les yeux vers son frère qui n’a absolument pas bougé malgré le sifflement. Elle soupire découragée, cela relève de l’exploit de réussir à le faire lever, alors elle préfère laisser cette mission à son frère aîné, Azael.
Elle quitte ces couvertures pour rejoindre la salle de bain, s’y prépare rapidement et descend rejoindre le plus vieux dans la cuisine qui lui a déjà préparé un chocolat chaud. Azael a un an de plus qu’eux. C’est un démon d’apparence rustre, avec une carrure plutôt massive. Il avoisine le mètre nonante et trois. Il a une longue chevelure raide qui lui descend jusque-là moitié de son dos, de couleur rouge sur la base et roux sur la pointe. Comme ces cadets, il a les yeux verts. Azael porte un ensemble formel qui se constitue d’une élégante veste longue blanche et rouge. Par-dessous laquelle il porte une chemise et un pantalon blanc.
Assis sur une chaise, il sirote son thé tout en remontant les yeux vers sa sœur qui le salue. Remarquant l’absence de l’autre, il soupire et se lève pour se rendre dans leur chambre.
La cadette s’assied et boit une gorgée de son chocolat, puis grimace lorsqu’elle entend le boum caractéristique du réveil spécial Azael.
Les démons ne font pas dans la finesse, et Azael ne déroge pas à cette règle. Le voici de retour dans la cuisine, il termine sa tasse de thé et s’adresse à sa cadette :
— Il va mettre du temps à se préparer, on mange et on y va.
— J’espère qu’il ne sera pas dans ma classe, il va être lourd, soupire la rousse.
— Assomme-le, réplique le plus vieux du tact au tact.
Leur demeure n’est pas très loin de l’école à vol de démon. Il existe des moyens de locomotion comme les carrosses, mais de manière générale, les démons préfèrent employer leurs ailes pour se déplacer.
Le deuxième jour se limite à un cours introductif au soin à apporter aux familiers. Ils sont séparés en trois groupes et se retrouvent dans une cour à l’extérieur du bâtiment.
La jeune démone s’est éloignée de la masse. Elle n’est pas franchement à l’aise quand son frère est absent, mais elle va devoir faire avec. Son regard accroche alors un démon qu’elle reconnaît, c’est celui qui a invoqué un chien électrique. Celui-ci vient à se tourner sur elle, qui lui sourit de ce fait. Le démon la dévisage avec un regard si froid, qu’il lui en donne des frissons dans le dos. Elle détourne aussi vite les yeux, se disant que ce démon, n’a franchement pas l’air commode.
Ils appellent à leur familier à la demande du professeur. La démone rousse regarde alors son renard au côté d’un chien géant. Il fait vraiment ridicule… Ils sont si bien concentrés sur le cours, qu’ils ne portent pas attention à leurs créatures et de toute manière, pourquoi le feraient-ils ?
Le cours se transforme alors en un vrai désordre ! Le chien électrique a pris en chasse le plus petit canidé. Le démon sombre s’énerve et crie après… Sans franc succès. La démone rousse est dans la même impasse, elle s’excuse à tour de rôle aux élèves percutés par le plus gros canidé. C’est le professeur qui met un terme aux hostilités en assommant le chien, alors que le renard retourne près de sa maîtresse. Encore une fois, la rousse s’excuse à n’en plus finir de ne pas savoir maitriser son familier, l’autre, lui, le fait uniquement avec le professeur.
— J’aurais dû penser que nos familiers ne s’entendraient pas, intervient la jeune démone.
— Cela n’excuse pas leurs comportements, vos familiers doivent vous obéir et faire abstraction du reste. Ce cours est fait pour vous apprendre à les contrôler. Ce sont des aides considérables, mais ils peuvent aussi être source de danger pour vos camarades si vous les éduquez mal, explique le professeur pas spécialement énervé contre eux.
Le chien ce réveil s’ébroue et recommence aussitôt à menacer le renard. Son maître écrase alors son point sur le crâne de l’animal, qui s’assoit sans demander son reste.
Alors que le professeur vient de leur expliquer qu’ils n’avaient rien avoir avec des animaux normaux et qu’il ne faut donc pas les traiter comme tel. Les voici pourtant, à leur lancer des balles et à brosser leurs pelages…
La démone à la chevelure rousse est néanmoins sceptique quant à l’utilité de brosser une créature composée de feuilles et de branches. Celle-ci lève les yeux vers l’autre démon… Ses joues se gonflent alors qu’elle tente de réprimer son fou-rire. Ce dernier, remarquant son changement de comportement, lui porte attention, tout en levant un sourcil perplexe. Il s’apprête à protester en la voyant sortir son téléphone pour le prendre en photo, jusqu’à ce qu’elle lui montre le cliché. Son familier est électrique et en le brossant, il en a accumulé sur lui-même et de ce fait, il ressemble à présent à un hérisson. Il tente de raplatir sa chevelure hirsute, qui ne semble aucunement coopérative.
La démone n’en peut plus, elle éclate à en avoir le souffle coupé, s’excusant au brun qui s’énerve… Le cours est terminé, mais le démon irascible a toujours son problème de coupe.
— Arrête de passer les mains dedans, c’est encore pire, dit-elle en se retenant de rire.
— Je ne vais pas rester avec cette tête ! répond le jeune, plus qu’énervé.
— Humidifie tes mains et passe-les dans tes cheveux.
— Je vais être trempé, bougonne-t-il.
— Je n’ai pas dit de te mettre la tête sous l’eau, vient, l’attrape-t-elle par sa manche.
Elle l'emmène jusqu’à la première fontaine pour se mouiller les mains, qu’elle s’empresse de glisser dans les cheveux du brun, qui en sursaute dans un premier temps. Elle les lui arrange, alors qu’il reste figé face au naturel de la rousse qui reprend ces distances tout en lui souriant.
— Tu vois, c’est mieux.
— Merci, répond sobrement, le démon.
— Je m’appelle Aérin Divalis.
— Callego Naberius, dit le brun.
Aérin écarquille alors les yeux, un Naberius ! Parmi les clans de démons, la sienne fait partie des plus importantes. Tout le monde sait qui sont les Naberius. Elle comprend maintenant son ton froid et son allure distante, cela ne doit pas lui plaire qu’une personne de son statut soit familière avec lui.
Ils se rendent à la cantine en se suivant, bien que la rousse garde un peu ses distances avec lui. Callego tourne brièvement les yeux vers elle… Puis soupire, alors qu’ils rejoignent le self-service. Comme ils n’ont pas encore de rang, tout le monde a le droit au même plat, toutefois, une fois qu’ils auront leurs rangs, ils auront le droit à des plats de meilleures qualités, du moins en fonction, de leur niveau.
Aérin se sépare cette fois, de Naberius parti s’asseoir plus loin. Elle regarde les tables, cherchant une où il n’y a pas trop de monde et en repère une dans le fond avec seulement un seul élève assit. Elle s’en approche tout en écoutant les élèves qui refusent de s’asseoir près de lui. Elle avait entendu les fameuses rumeurs qui court sur ce démon déjà la veille…
— Je peux m’asseoir ? Demande-t-elle au garçon.
— Oui, bien sûr… Répond celui-ci, plus que surprit.
Elle le dévisage un instant… Ce n’est pas lui qui est venu voir son renard curea ? Le garçon n’ose même pas la regarder.
— Tu es venu voir mon familier hier, mais je n’ai pas vu le tient, converse la rousse.
— Oh, désolé, je le trouvais vraiment mignon, j’ai un dragon d’écorce.
— Vraiment ? Trop bien, tu veux bien me le montrer ?
Il tend la main vers elle et une petite créature reptilienne apparaît en boule dans le creux de sa main. Aérin regarde le familier se redresser pour la regarder, elle se tend alors pour caresser sa petite tête. Lui aussi est composé de feuilles et de branches, avec un genre de crinière qui couvre sa tête jusqu’au bout de sa queue.
— Il est trop chou ! Eux aussi ils ne sont pas courants en tant que familier ! De quelle famille es-tu ?
— Je suis un Balam, Shichiro Balam, répond le démon en souriant.
— Moi, c'est Divalis, Aérin Divalis.
Les Balam sont des démons faisant partie de la classe moyenne, le clan d’Aérin vient d’un milieu un peu plus aisé, uniquement parce qu’ils ont en lien avec la sécurité frontalière. La sécurité frontalière, c’est la milice du monde des démons. Le clan principal à y travailler sont les Azazel et les Naberius, ainsi que des clans de moindre importance comme celui des Divalis, qui sont plus bas dans la hiérarchie, bien sûr. Shichiro lit un livre auquel Aérin porte attention :
— Un livre sur les créatures imaginaires ?
— Je sais, c’est ridicule, dit Shichiro, qui se cache derrière l’ouvrage.
— Je ne trouve pas, lui sourit-elle.
Les humains et leur monde sont pour les démons, un mythe. Il est dit que l’on pourrait se rendre chez eux, mais tout cela n’est que pure croyance…
Cette après-midi, il y a délibération pour composer les classes, alors les élèves peuvent retourner chez eux. Aérin et Shichiro se rendent jusqu’au portail de l’école, ou ils s’envolent parmi les autres démons pour retourner chez eux.
Le lendemain, le même scénario recommence, seul Aérin et Azael sont à l’heure à l’école. Tandis qu’elle salue son ainé, celle-ci se rend dans la cour pour regarder les affiches sur lesquelles sont renseignées les classes ainsi que leur professeur principal.
Elle a le professeur Dali Dandalion. C’est celui qui a fait l’ouverture le jour de la rentrée. C'est le superviseur des professeurs de l’école et donne également cours d’histoire.
Sa classe se trouve au troisième étage, couloir de gauche, troisième porte. La seconde E. Elle s’y dirige, monte les trois étages et s’adosse au mur pour reprendre son souffle. Elle regarde en direction de la classe ouverte et dont certains élèves sont déjà présents.
Elle inspire un bon coup, se redresse et entre à son tour, observant un peu les élèves présents. Elle reconnaît immédiatement Balam, seulement deux élèves viennent de s’asseoir à ses côtés… Pour sursauter et le fuir à cause des rumeurs qui circulent sur lui. Aérin hésite et sursaute à son tour, alors qu’un démon passe à côté d’elle. C’est Naberius, il est aussi dans sa classe ? Elle reste cependant étonnée de le voir directement aller se mettre à côté de Balam alors qu’il a dû entendre les dires des deux autres.
Shichiro se tourne alors surprit sur le démon, puisque celui-ci n’a pas encore fui à toutes jambes. Callego s'agace de son regard persistant et d’un ton sec lui dit :
— Quoi ?
— Heu, rien, cela m’étonne que tu viennes à côté de moi, répond Shichiro, perplexe.
— Ce sera la place la plus tranquille et la plus proche de la porte, si ça ne te plait pas, change de place.
— Heu, non… Je m’appelle Shichiro Balam, dit le démon à la chevelure pâle.
— Callego Naberius, réplique le brun, en lui accordant enfin un regard.
Aérin observe les autres élèves qui discutent à voix basse sur le fait que Naberius se soit mis au côté du fou de service. Aérin tourne une nouvelle fois les yeux sur eux, puis s’approche à son tour. Shichiro est en bout de table, mais il y en a deux à côté de Callego.
— Puis-je m’asseoir ? Demande-t-elle.
— Comme tu veux, réplique le brun, sur le même ton.
— Bonjour Divalis, dit Shichiro, en se penchant pour la saluer.
— Bonjour Balam et merci, Naberius, répond-elle en s’asseyant.
— Vous vous connaissez ? Demande le brun.
— On a dîné ensemble hier, répond le pâle.
— Tu n’avais pas encore connaissance des rumeurs qui tourne sur lui, réplique sèchement, Callego.
— Si, dit Aérin, confuse, tandis que Shichiro se raidit.
— Pourquoi avoir hésité à t’asseoir à ses côtés, aujourd’hui alors ?
— Je n’ai pas hésité, il y avait les deux garçons juste avant que tu n’arrives et tu es passé si vite à côté de moi que ça m’a figée.
Le professeur Dandalion Dali vient d’arriver et leur somme de se trouver une place pour qu’il puisse faire les présences :
— Abrahel Elisabeth.
— Présente !
— Balam Shichiro
— Présent.
— Baron Devy
— Ouais…
— Divalis Aérin
— Présente.
— Divalis Degan…
Le démon relève les yeux, en l'absence de réponse et la sœur vient à se laisser tomber sur l’établi, elle n’a pas regardé le nom des élèves…
— Divalis Degan ? Est-ce votre frère, miss Divalis ?
— Malheureusement oui, monsieur.
— Est-ce normal qu’il soit…
La porte vient à s’ouvrir avec fracas, laissant apparaître un démon à la chevelure rouge hirsute, qui entre alors avec un sourire niait dans la classe.
— C’est moi ! S’écrie-t-il.
— Monsieur Divalis, que nous vaut ce contretemps ?
— Ah monsieur, c’est tout l’art de savoir se faire désirer, dit le rouge, qui rigole.
— La seule chose qui vous désire, c’est votre chaise !
— Je me hâte, monsieur, je me hâte.
— Lamia Lili, continue Dali.
— Oui.
— Léonard Nicolas.
— Présent.
— Naberius Callego.
— Présent.
— Nibbas Star.
— Je suis là.
— Ob Lionel.
— Affirmatif.
— Scox Yoshi.
— Oui.
— Tunride Shishi.
— Présente, Monsieur.
Aérin s'est caché au fond de son siège à l’apparition peu discrète de son frère, qui bien sûr, est venu s’asseoir à côté d’elle. Celle-ci se tourne alors sur lui en restant basse, comme si elle pouvait disparaître de cette façon et chuchote à son frère :
— Azael t’a déconnecté les neurones ou quoi ? Tiens-toi tranquille imbécile !
— Tu trouveras les heures moins longues, plaisante Degan.
Il y en a un qui va effectivement les trouver longues… Degan est un pitre, mais pas irrespectueux pour autant. Il reste calme en majeure partie du temps et se permet ces fantaisies quand le prof pose des questions aux élèves. Ce qui l’amuse, c’est d’attirer l’attention sur lui et bien sûr, le fait qu’il amuse les autres ne l’aide pas à se calmer. Au passage, Degan et Aérin, sont faux jumeaux.
Le professeur va leur faire passer leur première épreuve, une course aérienne. La classe se rassemble dans la gorge, au lieu de départ. Un hibou magique va analyser les élèves et il leur octroiera leur rang.
Degan au côté de sa jumelle, elle-même derrière Shichiro et Callego, se penche sur elle pour lui dire :
— Tu n’es pas trop stressée ?
— Pourquoi le serais-je, remonte-t-elle les yeux sur lui.
— Avec ton poids, tu vas te faire emporter par le vent, ironise-le démon.
— Hilarant Degan, répond la démone, lasse.
Le top est donné et les élèves s’envolent. Aérin s’agace… Bon d’accord… Elle peine à lutter contre les rafales de la vallée. Elle se débat contre la houle, elle rattrape Shichiro immobilisé. Elle évite les épines projetées par une plante urticante présente sur le plateau qu’ils survolent, alors qu’elle se rapproche du garçon.
— Balam, que fais-tu ? C’est une course !
— Oups, répond-il.
Il reprend son vol et la démone le talonne avec difficulté. Elle a beau donner tout ce qu’elle peu. Elle ne parvient qu’à le suivre sans jamais le rattraper. Il a franchi la ligne d’arriver et elle le fait à son tour. Elle se pose, essoufflée, s’écartant un peu pour reprendre son souffle qui peine à revenir. Elle est arrivée troisième, Shichiro s’en approche, surprit de la voir aussi fatigué. Callego est arrivé en premier.
Degan franchi la ligne et se laisse tomber comme une masse sur le sol. Allongé sur le dos, il jette un œil aux premiers et se redresse d’une façon physiologiquement improbable et s’exclame sans aucune gêne « Faire partie de la crème ».
La démone roule les yeux au ciel, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre…
Les autres élèves ne tardent pas à arriver, les uns après les autres, et au dernier, le professeur, les guident jusqu'au hibou. Un volatile blanc, muni de trois yeux et d’une poche ventral dans laquelle il crée les badges révélant le rang aux élèves.
Il y a 10 niveaux et en général, les premières années sont de niveau Aleph ou Beth qui représente respectivement, le rang un et deux.
Les élèves piochent : Callego est de rang quatre, Daleth, ce qui est une exception, bien que pour sa famille, cela ne surprenne pas tant que cela le prof. Degan et Shichiro sont de rang trois, Gimel, ce qui déjà plus surprenant. Les autres sont Aleph et Beth ce qui rentre déjà plus dans le commun, bien qu’Aérin soit plutôt déçue de n’être qu’une Aleph.
— Ne t’en fais pas, il y a d'autres examens pour monter ton rang, dit Degan, pour la rassurer.
— Je le sais, réponds Aérin, la voix basse.
— La plupart des premières sont Aleph, ça ne veut rien dire, intervient Callego.
Elle le sait, mais elle pensait tout de même être de même rang que son frère… Enfin, peut-être est-il temps de décrire nos compères à présent :
Des trois garçons, Degan est le plus grand. Il fait à peu près le mètre septante. Il a les épaules larges et malgré sa longue veste rouge et blanche, cela se voit qu’il est plutôt musclé. Il a les cheveux d’un rouge écarlate d’une dizaine de centimètres de long et brossé en pointe sur l’arrière de sa tête. Ses iris sont d’un vert tendre marqué par une fine pupille ovale.
Comme tout Divalis, il possède une paire d’oreilles fines et duveteuses ainsi qu’une longue queue reptilienne couverte d’un pelage rouge et ses pieds sont pourvus de trois doigts dont le pelage monte jusqu’aux genoux.
Les traits fins de son visage lui donnent un côté autant doux que malicieux, il a du charme et il le sait !
Il porte un sweat rouge à longue manche, retroussée jusqu'à ces coudes, avec une fine bande blanche sur le milieu qui se divise sur le col. Ce dernier est décoré d’une fourrure pâle. Il possède une ceinture décorative sur la taille et un pantalon blanc avec des chaps en cuir au mollet à défaut de savoir porter des chaussures. Il porte plusieurs bracelets d’argent à ces poignets et en bout de queue.
Comme son frère, Aérin possède les mêmes caractéristiques animales. Elle fait un mètre trente, un visage encore enfantin et rond. Elle a une chevelure flamboyante raide qui descend presque jusqu'à ses épaules au carré. Son visage témoigne d’une délicatesse ainsi que d’une certaine fragilité.
Elle porte l’uniforme féminin de l’école pour le haut, mais avec un pantalon long à la place de la jupe qui cache les pieds. Elle porte une veste longue, rouge, pour concorder un minimum avec ses frères, le rouge étant la couleur de leur famille.
Callego se distingue par une chevelure noire avec un reflet violet, comme ses iris. Il possède une paire de petites cornes sur le haut du crâne qui se dissimule dans sa chevelure mi-longue en dégradé. Il a des traits efféminés, des yeux fins et une expression froide. Callego, par son allure et son comportement, semble être un démon colérique et peu sociable. Il porte une version modifiée de l’uniforme de l’école et d’un ensemble formel, semblable à un long manteau, bleu foncé.
Pour Shichiro, celui-ci a une épaisse chevelure blanche qui lui arrive un peu en dessous des épaules. Il avoisine le mètre trente et comme Aérin, il a un visage enfantin et doux. Il a des iris violets et est d’apparence calme. Shichiro cache sa silhouette sous un pull à manches longues de couleur bleu foncé, décoré sur le haut et le bas d’une fourrure couleur corbeau. Il porte un bermuda de la même couleur, cintré sur les genoux, qui laissent apparent ces pattes d’oiseaux, typique de sa lignée. Il porte de longs gants allant jusqu'à ces avant-bras et poste un masque de métal, au niveau de sa bouche.
L’heure de table est annoncée et le quatuor rejoint de ce fait la cantine. Degan marche devant eux, les bras croisés derrière la tête, à lorgner sur les filles qui passent dans le sens inverse de leur marche. Aérin à ces côtés le voit alors s’immobiliser :
— Continuer sans moi, je vais à la pêche, s’exclame-t-il, avant de rejoindre des démones.
— Il est insupportable, râle Callego.
— Il a parié avec mon frère aîné qu’il aurait plus de filles que lui comme il n’a pas son caractère, explique Aérin.
— À chacun ses priorités, soupire Callego.
Le trio s’assoit à la première table qui se présente à eux une fois leurs plats acquis. Degan est toujours avec le groupe de démones, ce qui suscite le désarroi de sa sœur. Celui revient vers le trio et se baisse en se tenant sur la table face à sa sœur, avec un large sourire au visage.
— Et sœurette, le démon là-bas, tu trouves à son goût, dit-il en pointant du doigt l’intéressé.
— Tu m’en vois ravie, Degan, répond Aérin, d’un ton lasse.
— Je vois, tu as le béguin pour un de ces ceux-là, dit-il narquois, sa sœur devenant rouge, Laisse-moi devin… BAM
Son visage vient d’embrasser la table si soudainement que les garçons en sursautent tout en dévisageant le démon responsable de cette rencontre forcée.
— Salut Azael… Dit Degan, agonisant.
— Apprends à te lever seul, abruti, avant d’en merder ta sœur, réplique sèchement Azael.
L’aîné dévisage le duo, alors que Degan s’assied, sa tête lui tournant étrangement. Aérin lui fait remarquer, qu’il a du sang qui coule de son nez. Callego et Shichiro restent silencieux.
— Tu es Daleth, dit Azael, remarquant le badge de Callego.
— Il est arrivé premier à la course, Aérin, elle a triché, elle a été emportée par le vent, ricane Degan.
— C’est toujours mieux que de se prendre le décor, rajoute Aérin.
— Tu l’as vu ! dit Degan, en se redressant sur elle.
— Moi aussi, ajoute Shichiro, en riant.
Callego en lève les yeux au plafond, Azael est reparti… Ils mangent puis se rendent jusqu’à la classe de botanique. Le professeur leur explique qu’ils vont devoir faire éclore une fleur en la nourrissant de leur magie, tout en prononçant une incantation : «Kuan Kuan. »
Tout le monde se met à l’ouvrage, chacun créant une fleur différente… Degan a fait une fleur de flamme qui se trémousse et dance en faisant de petits bruits plutôt agaçants. Aérin a une fleur blanche duveteuse avec de gros yeux de chat qui regarde tout le monde à tour de rôle. La fleur de Shichiro ressemble à des lianes qui se tortillent. Celle de Callego est un cactus au regard renfrogné, qui tourne le dos à ceux qui la regardent.
— Un cactus pour Naberius, certes, tu ne donnes pas envie d'être approché, ricane Degan.
— On en parle de ta fleur de clown, l’abrutit ? Réplique le brun, nerveux.
— La tienne à l’air toute douce, on dirait qu’elle est faite de petites plumes, dit Shichiro à Aérin.
— Toi, on comprend facilement avec quel élément tu as une affinité, Balam, dit Aérin en riant.
— Tu peux m’appeler Shichiro, dit-il en se grattant le sourcil.
— Fais en de même alors, répond la rousse, en lui souriant.
— Les familiarités qui commencent, ohlala, dit Degan, narquois, tout en s’attrapant les bras et se dandinant, vers Aérin et Shichiro.
— Ce n’est pas pour te courtiser, je ne me permettrais pas, dit alors Shichiro paniqué.
— Tu es lourd Degan, Naberius, ça ne me dérange pas que tu sois familier avec moi, toi aussi.
Celui-ci ne fait que hocher du chef… Elle aussi ou pas, alors ? La journée est finie, au portail de l’école, Azael attend ces cadets. Aérin salue Callego et Shichiro pour leur dire au revoir et se retourne vers ces frères… Elle baisse la main, excédée. Degan agace son frère et cela va encore mal se finir.