L'école des démons acte 2

Chapitre 22 : Troisième jours de repos.

2678 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/02/2023 17:12

Aérin n'a pas dormi, même si Seth l'a lâché. La rousse serre la couverture contre elle, mal à l'aise, et garde cette impression désagréable d'avoir trahi les garçons.

Somnolent, le cramoisi se redresse et s'étire en donnant involontairement un léger coup de coude sur le haut du crâne d'Aérin. Il présente ses excuses à la démone, qui ne lui en tient pas rigueur. Elle lui demande ensuite s'il est d'accord pour qu'elle aille s'habiller. Il la laisse sortir, bien entendu, souriant alors qu'il entend encore une fois le bruit de verrouillage du loquet de la porte.

Seth se gratte l'arrière de la tête en soufflant. Il souhaitait que cela fonctionne entre eux pour ne pas avoir à vivre un calvaire quand ils seront mariés. Il s'assoit sur son lit, se masse les yeux et le nez, et attend qu'elle s'habille pour aller déjeuner. Après quelques minutes, elle revient vers lui, son expression toujours marquée par l'inconfort.

 

— Aérin, je ne voulais pas te mettre dans une situation inconfortable hier soir, dit-il, gêné.

— Ce n'est pas toi qui me mets mal à l'aise, c'est moi.

— Toi ?

— J'aurais dû réagir autrement... en te repoussant au lieu de me figer, grimace-t-elle.

— Je ne pense pas. Nos rangs ont un impact sur nous et nos comportements. Au fond de toi, tu sais que si je le voulais, je pourrais t’y obliger.

 

Elle relève les yeux sur lui en fronçant les sourcils.

 

— Je n’ai pas dit que je le ferais, déclare-t-il en levant les bras, sa parole ayant été plus rapide que sa pensée !

 

Il lui sourit alors qu’elle le regarde froidement et lui donne une petite tape sur l’épaule, cherchant à se faire rassurant.

 

— Je me suis arrêté, non ?

— Qui me dit que tu ne le feras pas la prochaine fois ?

— J’aurais pu, mais j’ai choisi d’écouter tes désirs et non les miens, répond-il, avec un clin d’œil.

 

Elle baisse les yeux et détourne la tête en se pinçant les lèvres.

 

— Aller, arrête de t’en faire, tu peux même leur dire que je t’ai embrassée pour le plaisir de te faire mal, plaisante-t-il.

— Ce n’est pas mon genre.

 

Seth se penche sur elle et la blottit contre lui, même si elle fuit les bras et lui fait un bisou sur le haut de sa tête, tout en lui frottant gentiment le dos.

 

— Croissants et thé au miel ? propose-t-il pour changer de sujet.

 

Elle acquiesce simplement et le suit jusque dans la cuisine ou Edna et son bébé sont présents. Le démon salue la démone et se penche alors sur le couffin pour prendre le petit démon dans ses bras. Aérin qui la suivit pour saluer Edna, le dévisage en prenant quelque couleur. C’est son frère, mais tout de même… Il est étrange de le voir aussi à l’aise avec un bébé.

 

— Tu veux le prendre ?

— Je n’ai jamais pris de bébé à bras, recule-t-elle.

— C'est facile, assieds-toi.

 

La rousse s’assoit alors qu’il s’en approche, elle ouvre les bras se raidissant tandis qu'il lui pose l’enfant tout en lui montrant comment soutenir sa tête. Aérin a son cœur qui bat et les joues en feu.

Edna, quant à elle, prépare le biberon du nourrisson tout en regardant les jeunes en souriant. Seth la rejoint et la démone lui donne le biberon… Elle a bien compris l’idée de son beau-fils. Il retourne près de la rousse qui, elle, pensait lui rendre le bébé, sauf qu’elle se retrouve à lui donner à manger.

 

— Garde le bien droit pour qu’il n’avale pas d’air, explique le démon.

 

Elle relève la tête vers Seth alors qu’il la prend en photo, puis sursaute en s’apercevant qu’il le fait avec son téléphone à elle !

 

— Que fais-tu ?

— Je l’envoie sur ton groupe pour voir la réaction des autres, dit-il, espiègle.

— Mais pourquoi ? dit-elle, voulant l'arrêter, cependant elle n’ose pas bouger.

 

Edna vient à sa rescousse en reprenant son fils qui ne semble pas plus déranger que cela d’être secoué. Elle récupère son téléphone et regarde la conversation ou la photo est bien affichée… Évidemment, ils sont presque tous connectés !

 

Degan : Tu sembles super à l’aise, ah ah !

Zya : C’est le petit frère de Seth, c’est trop mignon !

Azael : La tête que tu fais ! Je l’envoie aux parents !

Opéra : Le bébé aussi fait une drôle de tête.

Zya : Seth a pris la photo ? On pourrait l’ajouter au groupe, non ?

Azael : Shichiro, Callego, qu'en pensez-vous ?

Shichiro : Cela ne me dérange pas.

Callego : C’est à Aérin de le décider.

 

Elle se redresse vers Seth puisqu’elle lui montre la discussion.

 

— Tu n’es pas obligée si tu n’en as pas envie, dit-il.

 

Elle cherche son numéro dans son répertoire pour l’ajoutée au groupe. Le démon lui sourit tout en la remerciant, bien qu’en vérité, il ne pense pas avoir l’audace d’aller leur parler après ce qu’il s’est passé. Aérin reçoit alors un message privé venant de Shichiro. « Ça fait un petit quelque chose de te voir avec ce bébé dans les bras. » Elle en devient complètement rouge, Seth pensant qu’il s’agit toujours de la conversation de groupe se penche pour regarder.

 

— Au moins, tu sais qu’il y en a un qui à l’âme paternelle, déclare Seth, en riant.

— Parce qu’il me dit ça ?

— Tu crois que ça ne me fait rien ?

 

Aérin se crispe et dévie la tête, embarrassée. Il devrait réfléchir avant de parler… Il lui propose d’aller manger dans sa chambre. Aérin le suit, mais le regarde sceptique quand elle le voit fermer sa porte à clé.

 

— Ne t’en fais pas, j’aimerais juste te parler sans qu’un ou l’autre débarque dans la chambre.

 

Aérin s’assoit avec prudence sur le matelas alors que Seth vient se mettre à côté d’elle.

 

— Aérin, j’ai envie que cela marche entre nous, je t'apprécie, tu as du caractère, tes convictions et ta prothèse est cool.

— Tu ne vois que la surface…

— Et elle me plait ! J'aimerais tout autant ce que tu caches sous ta carapace. Accepterais-tu de me présenter tes compagnons ?

— Je peux le leur demander, mais ils risquent de se montrer agressif.

— Ce n’est rien.

— Je te préviens Seth, j’ai envie de te faire confiance parce que Zya semble y croire. En revanche, si tu fais un seul pas de travers, je t’assure qu’au péril de ma vie, je te le ferais amèrement regretter !

 

Il la regarde en écarquillant les yeux, puis rit doucement en aplatissant les oreilles.

 

— Je n’en attends pas moins de toi et je ferais tout pour ne pas me prendre de tes foudres… Sans mauvais jeux de mots, plaisante-t-il.

— C’est une décharge électrique qui a failli me tuer…

— Pardon ! Je disais ça parce que mon affinité magique est la foudre, dit Seth.

— Je le sais... Degan cède très rarement au cycle du mal, à l’inverse d’Azael. Ils se sont emportés et j’ai eu la stupidité de m’interposer. À cause de primera, je manque de résistance magique. L’éclair a parcouru mon bras, il a traversé mon corps et est ressorti par ma jambe en la réduisant en lambeau, même l’os a implosé.

 

Seth la dévisage, stupéfait, elle aurait dû y passer ! Aérin rigole ironiquement alors qu’elle détourne la tête.

 

— C’est tout de même un sacré coup de bol que tu as eu, je pense que ta magie doit y être pour quelque chose. Une magie qui met son utilisateur dans l’embarras, c’est tout de même bizarre. Pourquoi le clan voudrait-il de primera si elle n’occasionne que des dégâts ? Je n’ai rien trouvé comme information, mais je sais qu’il y a un autre porteur dans le clan.

— Mes parents m’ont dit que j’étais la seule ?

— Mon père est un imbécile, mais il a le bras long, je devrais pouvoir contacter l’autre porteur, peut-être qu’il pourrait aussi t’aider ? Au moins savoir si lui aussi rencontre des difficultés avec primera ?

— Peut-être… répond simplement la rousse.

 

Ils déjeunent et en début d’après-midi, Aérin s’envole pour retourner chez elle. Elle avait oublié que c’était loin, alors, elle sort son téléphone pour discuter avec les garçons :

 

Aérin : Je retourne chez moi, le chemin est long…

Callego : Il sera encore plus long si tu causes avec nous.

Aérin : Je ne verrai pas le temps passé au moins.

Callego : Ça a été avec l’enfoiré ?

Aérin : À vrai dire, je pense qu’il veut se racheter, il aimerait vous rencontrer.

Aérin : Shichiro n’est pas avoir toi ?

Callego : Il se lave. J’en parlerais avec lui quand il sortira, par-contre, il voulait te proposer de venir passer la nuit chez lui.

Aérin : Azael m’a demandé de venir pour discuter avant, mais après, je viendrais. Tu restes toi aussi ?

Callego : Oui, fais-nous un message dès que tu sais quoi, on t’attend.

 

Après une petite discussion avec ses compagnons, elle remet son téléphone dans sa poche, elle est presque chez elle. Elle se pose devant sa maison et se rue pour retrouver ses frères, Zya et Sybel. En rentrant, Aérin sent directement de la tension. Si Degan s’avance vers elle pour venir la prendre dans ses bras, Azael et Zya ne font que la saluer, alors que la rouge la gratifie d’un regard noir.

 

— Il s'est passé quelque chose ? demande-t-elle.

— Oui ! Par ta faute, je me suis fait jeter par Opéra ! crie Sybel.

— Sybel ! réplique Zya, choquée.

— Pardon ? réplique Aérin.

— Dire que tu ne dois même pas utiliser ton corps ou alors, ils aiment les filles dénaturées ! rétorque la rouge.

 

Aérin cligne des yeux… Elle n’a rien compris à ce qu’il se passe, si ce n’est que cela semble déjà finit entre elle et Opéra. Degan s’est assis à côté de sa sœur, Sybel est assise sur une chaise refusant de se mêler à ses hypocrites.

 

— Tu as fini ton cinéma ? Si Opéra t'a bazardé, c'est à cause de ton caractère Sybel, Aérin n’a rien avoir là-dedans, réplique Degan

— Oh non, ce n’est pas moi le problème ! Quand je serai Daleth l’an prochain, je redeviendrai intéressante et là, je le jetterai !

— Quelle mentalité, dit Aérin.

— Tu vois que tu t’y crois, sale garce ! réplique Sybel.

— Moi, la sale garce ? Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! renchérit Aérin.

— Sybel, si tu arrêtais d’insulter Aérin, peut-être que l’on ne te prendrait pas pour une mauvaise, intervient Zya, pour la calmer.

— Ah ça va, miss parfaite, Azael est de rang cinq et tu n’es que trois ! Tu as juste tes charmes pour toi, continue la rouge.

— Tu es désobligeante, Sybel ! Nous t’accueillons chez nous, nous te mêlons à notre groupe et tu es en train de tout détruire, réplique Degan.

— Si c’est seulement pour flatter vos égaux en incluant des éléments faibles, je ne vous en remercie pas ! Moi, au moins je ne vous cache rien ! Genre comme Opéra et le fait que c’est une fille !

— Tu vas arrêter avec tes insinuations douteuses, Sybel ! Pourquoi tu fais ça ? C’est la seule méthode que tu aies trouvée pour mettre mal à l’aise Opéra ? Tu crois qu’ainsi, nous allons nous en poser la question ? Tu penses que l’on va le mettre à nu pour en être certain, et que de cette façon, il s’en retrouvera humilié ? Parce que quand je t’écoute parler, Sybel, j’ai l’impression que tu veux tout faire pour qu’Opéra s’isole, rétorque Azael.

— Tu as beau être notre cousine, on connaît Opéra, on sait ce qu’il vaut. Peut-être manque-t-il parfois de tact, mais il ne te rejette pas pour une histoire de rang. Il ne te rejette pas parce qu’il a une préférence pour Aérin. Il n’a simplement pas aimé que tu la dévalorises pour te mettre toi en valeur. Tu n’as pas compris qu’il n’a pas besoin de ça et de quoi tu te plains, Sybel ? Toi-même, tu lui as dit que tu t’intéressais à lui parce qu’il est populaire, continue Degan.

— C’est évident, qui voudrait d’un mec nul ou qui se trimballe une sale réputation et défiguré, reprend de plus belle, la rouge.

— À qui tu fais allusion là ? gronde Aérin.

— Il n’y a qu’une balafrée pour aimer un mec défiguré et Callego, je n'en parle même pas… Un mec de son rang assez stupide que pour perdre son temps avec vous, crache la rouge, mauvaise.

 

Aérin se contenait jusque-là ! Son regard devient rouge et elle se met soudain à gronder. Degan et Azael l’attrape d’un commun accord et la traine alors qu’elle se transforme jusqu’à la salle de jeu avec difficulté puisqu’elle gèle tout autour d’elle. Ils parviennent à la faire entrer dans la pièce. La porte fermée, ils activent le sceau en espérant qu’elle se calme assez vite.

 

— Pauvre fille, la vérité fait mal ! continue Sybel.

 

Zya se retourne sur elle et en vient à lui mettre une claque en plein visage, ce qui fige les garçons.

 

— Tu as assez fait de dégâts, Sybel, monte dans ta chambre et restes-y ! La gronde Zya.

 

Sybel obéît bien qu’elle continue de râler dans ses dents. Degan et Azael soupirent, puis se regardent. C'est impossible, elle ne peut pas rester et risquer de mettre Aérin dans cet état à chaque fois. Azael appelle sa mère pour lui expliquer la situation. Degan lui retourne près de sa sœur qu’il sent toujours en colère et soupire. Peut-être que si elle entend Shichiro et Callego, elle se calmera ? Ce n’est toujours pas le bon moment pour parler à son frère, dans tous les cas. Il appelle Shichiro et lorsqu’il décroche, Degan lui expose le problème. Ensuite, il lance le téléphone sous la porte en espérant que sa sœur ne le piétine pas…

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