L'école des démons acte 2

Chapitre 21 : Des comportements intendus.

2586 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/01/2023 21:40

Ils sont à l’intérieur, Sybel et Zya sont assises sur le canapé avec Azael, en face d’elle, a écouté les explications de la jeune. Elle pleure toutes les larmes de son corps, mais Azael peine croire tout ce qu’elle dit. Opéra qui la repousse à cause d’une histoire de rang ? Qu’il l’a forcée à se donner à lui ? Si Zya la regarde avec effroi, le bicolore n’arrive pas à quitter cette expression douteuse qu’il a.

 

— Sybel, es-tu certaine de bien avoir compris ? demande Azael.

— Oui, il m’a embrassée devant Sullivan et lui a dit que j’étais sa copine, en suite, il m’a emmenée dans sa chambre et là, il m’a dit qu’il ne m’aimait pas. Il s’est moqué de moi parce que je n’ai pas encore de rang. Il a dit qu’il préférait Aérin et il s’est bien moqué de moi, puisqu’Opéra est une fille et pas un garçon !

 

Zya plisse les yeux et se tourne vers Azael confuse part l’histoire de Sybel. Opéra est une fille ? Elle en baisse les yeux sur ses genoux… Eh ben, elle n’aurait jamais pensé ça d’Opéra, mais par ailleurs, il est ami avec Azael. Il a envoyé des messages hier pour savoir si cela se passait bien, mais en y réfléchissant, s’il se faisait vraiment du souci pour elle, n’aurait-il pas dû directement venir ? Il s’assurait peut-être de son malaise parce que cela l’amusait ?

Azael dévisage Sybel septique, sûrement y a-t-il une pointe de vérité, toutefois il a l’impression qu’elle tente de faire passer Opéra pour le méchant. Cette histoire avec Aérin et surtout pourquoi lui aurait-il dit la vérité ? Il est taquin et il s’amuse à jouer les séducteurs, néanmoins, il est le mieux placé pour savoir que le félin est vite perdu lorsque l’on rentre dans son jeu.

 

— Sybel, je pense que tu devrais te calmer et on en reparlera à tête reposée, suggère Azael.

 

La jeune acquiesce et s’en va dans sa chambre accompagnée de Zya qui n’est pas mécontente de quitter Azael. Dans la pièce, elle s’assoit sur le lit alors que Sybel sèche ses larmes tout en affichant un drôle de sourire, qui fait encore une fois plisser ses yeux à Zya.

 

— Sybel, pourquoi tu dis qu’Opéra est une fille ?

— Oui, hier soir, quand je suis allée lui demander s’il venait dormir avec nous, il m’a proposé de dormir avec lui. J’étais contente-moi et sur l’instant, je n’ai pas réfléchi au fait que je me retrouvais seule avec lui. Quand il a commencé à jouer avec moi, j’ai été étonnée qu’il ne cherche pas à aller jusqu’au bout comme le ferait n’importe quel garçon. Le lendemain, il m’a dit la vérité, mais qu’il le cache parce qu’il est…

— Majordome, réplique Zya.

— Je lui ai dit que je ne le dirais à personne. Cependant, comme il se moque de moi depuis le début, je ne tiendrais pas ma promesse !

— Sybel, s’il t'a révélé une chose aussi importante, tu es certaine qu’il se moque de toi ? C’est un secret grave pour lui et même si tu lui en veux, il ne faut rien déclarer !

— Je m’en fous ! Il préfère les filles comme Aérin, elle qui est faible, c’est n’importe quoi.

— Le rang ne prend pas uniquement en compte la force physique du démon, elle sait se battre et elle est de très bonnes notes aussi, dit Zya.

— Oui, elle est intelligente, mais sans charme, ça ne lui sert à rien, à part séduire des mecs faciles. Callego est plus intelligent, il doit juste s’amuser avec elle, il va sans doute bientôt la lâcher pour une plus belle fille qui, elle, au moins couchera avec lui.

 

Zya reste estomaquée devant de la rouge, ce n’est pas la première fois qu’elle tient ce genre de propos, cela reste dans la logique des démons. La majorité penserait exactement comme elle. Ses dires choquent l’albinos. Elle voulait fuir Azael, mais elle prend son courage à deux mains pour retourner dans la salle de jeu où il passe un coup de fils à son frère pour lui expliquer la situation. À son entrée et son expression grave, le démon se tourne sur elle, interloqué. Elle lui explique alors ce que vient de lui dire Sybel et l’altercation qu’elle avait eue avec Aérin également. Degan, à l’autre bout du fils, entend tout.

 

— Elle dit qu’Opéra est une fille ? Pour ma part, elle a tenté de le séduire et n’y est pas parvenue, elle est vexée, elle doit se chercher une excuse logique sur le refus d’Opéra, avance Azael.

« J'irai voir Opéra pour avoir sa version à lui, je trouve cela bizarre tout de même de sa part. »

— J’ai dit à Sybel que l’on en reparlerait à tête reposée ce soir. On attendra demain le retour d’Aérin pour mettre cette affaire au clair, conclu Azael.

 

Degan raccroche le téléphone tout en soupirant, la situation ne plait guère au jumeau. Il a déjà entendu Sybel avoir des propos blessant envers Aérin et même Shichiro, mais comme ni l’un ni l’autre n’y prêtait attention, il n’a pas rappelé à l’ordre la jeune.

Degan était proche de rentrer chez lui, mais il fait volteface pour aller au manoir tirer cela au clair. Le démon soupire tout en se disant que ses quatre jours de repos seront loin de l’être !

Il se rapproche et envoie un message au félin pour le prévenir de son arrivée imminente. À peine survole-t-il l’allée de la demeure, qu’il aperçoit Opéra qui l’attend à l’entrée. Degan se pose et une fois qu’il s’approche du félin, celui-ci l’invite à le suivre directement dans sa chambre.

Degan lui emboite le pas et entre dans la pièce qu’il voit pour la première fois. Il n’y a pas grand-chose hormis son lit, une commode et une bibliothèque. Doit-il avouer, être surpris d’y voir un ordinateur portable sur le bureau trop bien rangé du félin. Il s’assoit sur son lit puisque le démon l’y invite, et ce, avec délicatesse de peur de faire des plis dans cette couverture trop soigneusement entendue sur le matelas.

 

— Sybel a dit des choses étranges tout à l’heure à ton égard, explique Degan.

— J’ai été un peu condescendant avec elle, répond le félin.

— Un peu ? Tu la courtises puis tu l’envoies chier ? réplique le jumeau.

— Je ne l’ai pas courtisé, elle est venue vers moi et ce n’est pas ça qui a mis un froid entre nous, mais les propos qu’elle a tenus.

— Qu'a-t-elle dit ?

— On parlait de nos sentiments réciproques et du fait qu’elle est attirée par moi juste à cause de ma popularité. Je me suis un peu moquée d’elle en lui rappelant qu’elle ne connaît toujours pas son rang minimal. Elle s’est vexée et a commencé à dénigrer Aérin, Shichiro et Callego, ce qui ne m’a pas plus, je l’avoue.

 

Degan cligne des yeux, c’est semblable à ce qu’ont dit Zya, il observe le félin… Peut-être a-t-il pu avoir un comportement vexant, en revanche de là à être purement méchant avec elle, il n’y croit plus du tout.

Opéra ignore quoi en penser, il a joué avec elle, mais il a aussi été clair sur ses intentions. Il aurait pu jouer ce rôle de petit copain... Qu’elle puisse avoir un complexe d’infériorité, il aurait pu passer là-dessus, néanmoins, elle est bien consciente d’être mauvaise envers Aérin et de considérer cela comme normal, pas lui.

Degan soupir et Opéra dévie les yeux vers le démon alors qu’il sent son cœur vaciller et cette pression en lui revenir comme un coup de poing dans le ventre. Il se pince la lèvre en serrant les mains. Pourquoi cela recommence-t-il ? Il retient sa respiration pour que Degan ne se rende pas compte qu’il a un instant de faiblesse. Sauf que celui-ci vient à le dévisager alors qu’Opéra laisse passer sans le vouloir un souffle malaisé. Encore une fois, il n’adopte pas le bon comportement, il veut juste détourner l’attention de Degan, qu’il ne lui pose pas de question. Il espère le faire fuir comme il arrive à le faire avec Callego. Il s’est penché sur lui, venant sobrement l’embrasser alors que Degan s’en recule décontenancé.

 

— Heu, Opéra, je ne suis pas… dit-il en clignant des yeux.

 

Il le sait que Degan n’est pas attiré par les garçons, il s’attendait à le voir s’énerver, partir ? Or, il est là à le regarder, surpris alors qu’Opéra reste lui-même sans réaction.

 

— Ça va mec ?

 

Il continue à dévisager Degan troublé, puis cette pression dans son estomac le fait se pencher en avant et en vider son contenu. Le félin n’arrive plus à retenir ses tremblements, ni les larmes qui s’écoulent le long de son visage.

 

— Opéra, qu’est-ce que tu as ? dit Degan, tout en posant la main sur le dos du félin en soutient.

 

Opéra secoue la tête et s’écarte du démon, salissant par mégarde sa chemise et s’éclipse vite fait dans la salle de bain, sous le regard confus de Degan. Opéra est bien la personne qu’il s’attendait le moins à voir craquer. Il est toujours stoïque et sans problème ? Hier soir, quand son frère est entré dans son cycle, Opéra était avec lui… Il tourne les yeux sur la porte où est allé ce dernier et sans réfléchir, y entre.

Opéra sursaute alors qu’il frotte sa chemise, puis se met à crier contre le démon pour qu’il sorte tandis qu'il se couvre avec le tissu. Degan a vu le bandeau, mais il reste lent d’esprit… Il ne se rend pas de suite compte du problème et s’approche malgré les cris du félin, de lui.

 

— Mon frère t’a blessé ! dit le jumeau, prenant le tissu pour un pansement.

— Va-t’en Degan !

 

Le chat se laisse tomber contre le sol, genou recroquevillé. Le rouge n’a pas remarqué ce qu’il tente de cacher. Sa position est pourtant équivoque, mais dans l’esprit de Degan, il ne veut simplement pas lui montrer sa plaie. Degan est un pitre, il passe son temps à ennuyer les autres, parler de manière crue. On en oublie presque, que derrière cet idiot heureux et bagarreur, se cache aussi un démon plus compatissant que les autres. Pour lui, il est normal d’attraper son camarade, de le serrer dans ses bras et de lui faire comprendre qu’il n’est pas seul. Qu’il ait le droit de demander du soutien, s’il en a besoin. Oui, Degan est un clown, mais il sait aussi faire preuve de compréhension, que ce soit sa sœur ou un de ses camarades, il ne supporte pas de les voir souffrir.

Opéra est complètement perdu, il ne repousse pas le démon, mais il le regarde sans savoir que faire, comment réagir. Ses yeux vont de son visage aux éléments qui décore la salle d’eau. Pourquoi Degan fait ça ? Il ne comprend pas pourquoi il le tient contre lui ? Sullivan a été le premier à le sortir de sa solitude, à lui apprendre ce qu’est la confiance, cependant jusque-là, Opéra ne considérait pas les autres comme étant un soutien. A-t-il l’air aussi faible pour que Degan agisse avec lui, comme il le fait avec Aérin ? Il attrape la manche de sa chemise de colère et se blottit contre lui en serrant les crocs, lâchant le tissu qu’il tient fermement contre lui, pour entièrement se hisser contre le rouge.

Degan lui caresse le dos, tout en le tenant contre lui.

 

— Pardon de t’avoir embrassé, souffle Opéra.

— Ce n’est rien… Qu’est-ce que t'as fait Azael ?

 

Opéra secoue la tête, refusant d’aborder le sujet.

 

— Pour que tu réagisses ainsi, il a dû faire quelques de grave, dit le démon.

 

Opéra se voute un peu en espérant qu’il ne descende pas son regard.

 

— Je n’ai pas besoin d’en parler… Il était dans son cycle, ce n’est pas si grave, dit Opéra.

— Tu sais, toi aussi, tu pourrais céder à ton cycle à force de tout cacher.

— Il m’a… Humilié.

 

Degan écarquille les yeux, mais à vrai dire, c’était ce qu’il craignait. Il soupire, ce n’est pas la première fois que son frère le fait lorsqu’il entre dans son cycle.

 

— Tu veux que je reste un peu avec toi ?

— Pourquoi ?

— Ne pas te laisser seul, dit Degan.

— J’avais mis un film en route…

 

Il laisse le félin remettre un autre chemisier et part s’allonger sur le lit. Opéra revient vers le rouge et joue le film, puis s’allonge à son tour. Degan lève les yeux sur le démon qui garde, ce qui est rare chez lui, les oreilles basses. Il se rapproche de lui tout en passant le bras dans sa nuque pour le blottir contre lui, sous l’étonnement d’Opéra.

 

— Ça ne me pose pas de problème de te réconforter, mais ne prend pas mon comportement pour une ouverture, je ne suis vraiment pas attiré par les mecs, dit Dagan, avec embarras.

— Je le sais, réponds Opéra.

 

Degan n’avait jamais fait ça auparavant, à vrai dire, Opéra n’avait jamais eu un instant de faiblesse non plus. Il le sait que le démon est attentionné, cela lui arrive souvent d’attraper Shichiro dans ses bras puisqu’ils savent tous que le démon est câlin. Mais, envers lui, c’est une première, Opéra remonte les yeux vers le rouge qui en fait de même et il sourit à pleines dents comme il en a l’habitude de faire. Le félin baisse les yeux sur l’écran… Doit-il avouer que cela lui fait tout de même du bien un peu affection.


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