L'école des démons acte 2

Grapnir court, mais Shichiro n’a aucune idée d’où aller chercher les jumeaux ? En s’enfonçant dans les bois, il remarque la présence de professeurs pour les élèves en difficultés. Il s'immobilise alors qu'il repère le professeur Dandalion. En revanche, il n'est pas certain que le démon lui dira s'il a vu Aérin, ni même sa position.

— Monsieur Dali ! crie le démon.

L’adulte se redresse à son nom, décidément, il en croise des élèves de sa classe, mais c'est plutôt l'inquiétude dans la voix de son élève qui l'intrigue.

— Balam, un problème ? demande le professeur.

— Callego c’est fait toucher par l’onde du Pic Et Pêche, il a les tympans percés, aurez-vous croisé, les jumeaux Divalis ?

— J'ai croisé Aérin, il a peu, mais je ne sais pas si elle est toujours dans le même secteur, répond Dali.

— C'était loin ? demande le démon, impatient.

— Je ne te pensais pas du genre à stresser Balam ? Garde ton sang-froid, tu es le plus posé de ta bande, dit le professeur.

— Cela serait idiot que Callego reste sourd pour une bêtise, maugrée Shichiro.

Le démon adulte s'approche du familier de bois lui caressant le museau.

— Votre campement est loin ? demande alors, celui-ci.

— À quelques mètres, répond le garçon.

— Amène-moi à lui, je verrai ce que je peux faire, dit Dali, en souriant au jeune.

Balam acquiesce d'un mouvement de tête et escorte son professeur, jusqu’à leur tanière. Callego se redresse au retour de son camarade. Il en était certain qu’il était sorti à cause de lui. Les filles dorment, du coup Shichiro et Dali rejoignent Callego en silence.

— Balam m’a dit que tu avais les tympans percés, j’ai cru bon de faire un détour, explique l’adulte.

— Est-ce dans les règles ça ? dit le brun.

— Les profs sont là pour vous aider, répond simplement Dali.

Malgré le feu, il fait sombre et Callego peine à voir ce que dit le professeur. Le démon s'en approche, constatant le sang séché à ses oreilles. Il n'est pas aussi doué en sort de guérison que Buer, mais il devrait pouvoir faire retrouver son ouïe au brun. Il oriente les mains de chaque côté de sa tête, mentionnant la magie avancé pour aider le jeune. L'acouphène qu'il percevait n'est presque plus présent, mais il entend comme s’il était au fond d’une caverne…Shichiro s’assoit à ses côtés alors que le démon adulte retourne à sa mission.

— Tu ne râles pas plus que cela ? dit doucement Shichiro.

— Je ne râle pas tant que cela… Tu n’avais pas à t’en faire pour moi… Mais, merci, répond Callego.

Il en détourne les yeux et Shichiro se contente de lui sourire comme à son habitude. Soulagé, l’argenté s’allonge au côté du brun, se retenant tout de même de s’agripper à lui, cette fois. Callego le dévisage, puis ses joues vires aux rouges alors qu’ils glissent les doigts dans ceux de Shichiro, qui surprit, prend la même teinte, en riant à la fois de gêne et de satisfaction.

Dès l'aube, les élèves encore en jeu se remettent peu à peu en route. Shichiro et Callego ainsi que les filles en profitent pour aller faire un premier décompte de leur poids dans un des stands présents sur les zones de chasse. Les duos se séparent une nouvelle fois, chacun partant de son côté pour la suite. Shichiro et Callego se mettent d’accord sur le prochain boss à capturer, le cochon urticant, une sorte de sanglier, porc-épic. Les épines de la créature sont tranchantes et dure comme du béton, le blesser ne sera pas aisé. Ils s’enfoncent dans les bois, pour rejoindre une zone riche en baie ou ils décèlent enfin l’animal qui se repait. À peine l’approche-t-il, que la bête s’en retourne sur eux, énervée pour les charger. Callego invoque le Cerbère pour détourner l’animal d’eux bien que celui-ci ne semble pas montrer de faiblesse face à la foudre du chien.

— Alors, tu veux toujours tenter le coup ? réplique Callego à Shichiro posté sur une branche.

— Il est bien trop énervé, grommelle le démon.

L’animal vient percuter l’arbre sur lequel est perché Shichiro, faisant céder celui-ci. Précipitant le retour au sol du démon qui n'a pas spécialement envie de s'en retrouver coincé sous les branchages. Le Cerbère de Callego tente de percer sa gorge, aidé du dragon de bois de Shichiro qui arrivent à le tenir sur place. Le sanglier qui se roule sur le sol pour les coincer dans ses épines, perforant le chien et le dragon qui ne parviennent pas à garder leur prise sur la bête.

Shichiro serre les crocs, il peut maintenir l’animal figé quelques instants pour récupérer l’une des épines, mais la lui briser ne sera pas une mince à faire. Le chien et le dragon interceptent le sanglier, les lianes du dragon l’assaillent pour le maintenir sur place alors que la bête hurle de rage. Ni les crocs du clébard électrique ni celle du reptile de bois parviennent à briser les épines du porcin. Le plus ennuyant là-dedans, c’est que la créature se libère bien trop vite de son entrave et qu’elle parvient à soulever le Cerbère et à l’éjecter. Callego n’a pas le temps de reculer qu’il se fait charger à son tour !

Shichiro lui rentre dedans pour l’écarter et tente de retenir la créature qui lui perce l’un de ses bras. Son familier retourne à son tour le sanglier en le soulevant avec l’aide des végétaux, la défense de l’animal entaillant encore plus le bras du démon en se retirant.

Shichiro se le tient tout en exerçant une pression sur la blessure. Callego, agacé qu’il se soit fait blesser à sa place, renvoie son familier remit sur ses pattes, bien que cela reste inutile, le canidé ne parvient pas à percer les piquants acérés de la bête.

— Putain, on n’arrivera pas l’avoir ! rage Callego.

— On bat en retraite ? crie Shichiro.

— On n’a pas le choix !

C’est ce qu’ils pensaient faire, mais le sanglier urticant ne les lâche pas et ils ne sont pas assez rapides, même en se perchant dans les arbres pour le fuir. L’animal charge les arbres qui ne sont pas assez épais que pour lui résister. Encore une fois, Callego lui envoie une attaque de foudre en lui visant les yeux cette fois-ci. Cela aveugle la bête, mais la rend également plus agressive qu’elle ne l’est déjà. Malgré sa cécité soudaine, elle parvient à poursuivre les démons. Si elle ne peut plus les voir, elle a cependant bien ancré leurs odeurs dans sa tête.

— Bordel, elle est plus bornée que moi ! hurle Callego.

— Je savais les cochons urticants rancuniers, mais pas à ce point-là, affirme Shichiro.

— Tu ne connais pas un moyen pour la calmer ?

— Malheureusement, c'est impossible, répond l’argenté.

Shichiro vacille, le sang qu’il perd l’affaiblit… Callego se presse vers lui, pour le rattraper en vol alors qu’il pique vers le sol, évitant à ce dernier d’être écrasé par la bête sauvage. Ils se posent, Shichiro n’en peut plus, l’entaille de son bras est profonde et le vide de ses forces, il a besoin de soin !

Callego se tourne vers la créature et l’emprisonne dans sa cage électrique, espérant au moins le retenir assez longtemps pour s’éloigner avec Shichiro... Il ne prend pas la peine de regarder derrière lui, il l’entend se débattre et après quelques minutes un bruit sourd annonce la délivrance de la bête. La voilà déjà de retour, il se place devant Shichiro et au moment où il veut faire appel au Cerbère, une gerbe de flamme passe à côté de lui, s’écrasant sur le sanglier qui se la prend en pleine face. S’il s’est arrêté, les flammes ne semblent pas plus le préoccuper que cela, si ce n’est lui donner une troisième cible !

— Ah ! réagit Degan, qui voulait les aider.

Il est sous sa forme monstrueuse, s’il ne peut le brûler, il tente néanmoins de contrer sa charge tout en faisant de même. Le crâne des créatures s’entrechoque violemment, mais même pour lui, le sanglier arrive à le forcer à reculer, un pas après l’autre.

Une deuxième créature, plus petite et couverte de plume se joint à Degan, elle se place sur le côté pour venir mordre le sanglier dans le cou et l’agrippe de ses griffes. L’air devient subitement froid et mordant. Degan relâche aussi vite le porcin qui se débat en vain face à sa congélation… Aérin relâche la bête tout en soufflant.

— Je n’étais pas certaine que cela fonctionnerait ! dit-elle, alors qu’elle rejoint les garçons, semblant nerveuse.

Elle invoque son familier pour qu’il guérisse la plaie de Shichiro. Callego les dévisagent, puis détourne les yeux en tiquant… Bordel, encore une fois, il n’a servi à rien ! Degan reprend sa forme normale...

— Tu n’as pas envie d’enfiler un caleçon, l’exhibitionniste ! rétorque Callego.

— Tout le monde a déjà vu une paire de fesses, plaisante Degan.

Aérin secoue la tête, son renard a guéri Shichiro qui la dévisage comme un enfant qui vient de voir un truc incroyable, elle en penche la tête, confuse.

— Quoi ?

— Bah, c'est la première fois que je te vois transformée, on dirait une grande peluche ! dit Shichiro, en la caressant.

— Une grande peluche avec des griffes et des crocs, ricane Degan.

Callego se rapproche d’eux et regardant le bras de Shichiro, qui est guéri, mais garde tout de même une séquelle.

— Heureusement que vous étiez dans le coin, dit-il, froidement.

— J’ai reconnu les aboiements de Cerberion, répond Aérin.

— Je vois, répond, le brun.

— Ce n’est qu’un coup de bol si la glace a fonctionné sur le sanglier, répond la démone.

— Nous aurions dû réfléchir au fait que notre magie ne serait pas suffisante, dit Shichiro.

— Même la tienne Shichiro ? demande Degan, surpris.

— Ses épines coupaient trop vite les lianes, explique celui-ci.

— Degan, tu ne reprendrais pas ta forme de monstre ? suggère sa sœur.

— Bah non, pourquoi ?

— Pour arrêter de jouer les nudistes ! rétorque Callego, agacé.

— Ça veut dire que techniquement, toi aussi, tu es nue ? dit Shichiro à Aérin, en riant, bien qu’il rougisse également.

— En plumes, Shichiro, je te prie ! dit-elle, à nouveau nerveuse.

— T’en as d’autre des questions de ce genre, réplique Callego, en regardant Shichiro.

Shichiro lui sourit bêtement tout en se grattant la tête. Ils prennent une pause rapide pour reprendre des forces dans un premier temps. Callego vérifie sur la carte les zones sur lesquelles sont notées les créatures les plus coriaces, réfléchissant avec le groupe pour savoir s'ils continuent leurs coopérations pour les avoir ou non. À compter que Shichiro lui préfère éviter la manière forte, bien qu'ils en soient obligés pour les "boss".

Comme ils ont amassé assez de point individuellement, ils se concentrent maintenant sur les créatures dont l'approche douce sera impossible. Et ce jusqu’à la fin de journée où ils passeront tout de même la nuit ensemble, avant de repartir chacun de son côté, le lendemain matin.