Demi-sang.

Shichiro n’est pas revenu, il entraine Sabro et Alice. Dire qu’elle se plaint de ne pas savoir retrouver un courant d’air. Elle soupire et se retourne encore et encore sur son matelas, ne parvenant pas à trouver le sommeil. Elle se relève, préférant attendre le démon dans le salon.

Revenu chez lui, Shichiro prenait garde à ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller Kikai. Enfin jusqu’à ce que celle-ci débarque dans son champ de vision et ne lui saute dans les bras, ce qui a pour effet de grandement surprendre le démon.

–Quelque chose ne va pas ? En est-il confus.

–C’est difficile de trouver le sommeil en se sachant seule, lui sourit-elle.

Il s’assoit, Kikai restant blottie contre lui, au point qu’ils viennent à s’endormir sur place. Le réveil fut brutal. Si Shichiro ne semble pas souffrir du manque de sommeil, ce n’est pas le cas de Kikai.

Elle somnole comme d’autres élèves de sa classe. Même Sabro et Alice, habituellement intransigeant, ont difficile à garder leurs attentions. Plusieurs fois, le blond bâille de manière bruyante, ce qui donne envie à Kikai de l’imiter et visiblement, ils contaminent les autres.

Depuis le début des cours, Kikai porte son attention sur Purson, il est assis à la gauche de Sabro tout au bout du banc. Personne ne semble le remarquer. Quand un élève se retourne vers eux. Il disparaît, quand la classe devient un peu plus mouvementée, la chanson se répète. Kikai a tenté d’avoir un contact visuel avec lui, mais dès que leur regard se croise, il s’évapore. La démone soupire attirant le regard du blond sur elle.

–L’entrainement est compliqué ?

–Non, j’ai mal dormi cette nuit. Et, toi, cela s'est bien passé ? Shichiro est revenu tard hier.

–Je n’ai jamais été aussi fatigué et ça ne fait que commencer, c’est génial ! S’en emballe le démon.

Kikai lui sourit alors que Callego lui demande le silence. Elle est à moitié allongée sur son pupitre, elle regarde vers Purson, attendant qu’il réapparaisse.

Le temps de midi vient à sonner, elle le surveille puisqu’il est toujours apparent. La violette demande à Sabro s’il peut lui prendre son plat le temps qu’elle s’occupe d’une chose. Le blond ne comprend pas, mais accepte sans se poser de question.

L’alizée attend qu’ils quittent tous la classe pour y aller à son tour, quelle belle aubaine ! Le démon range ces affaires et se retourne, prêt à s’en aller, du moins jusqu’à ce que Kikai lui atterrisse dessus, passant le bras dans son dos en le maintenant près d’elle. Le garçon devient instantanément rouge et confus quant au comportement de la dragonne.

–J’ignore si tu peux te volatiliser si je te tiens, alors je tente ma chance ! rie-t-elle. 

Il détourne les yeux et bien que son regard inexpressif ne change pas des masses, elle ressent sa gêne et le lâche, rétablissant les distances avec lui.

–Désolé, je ne pensais pas te mettre aussi mal à l’aise, s’en excuse, Kikai.

Cette fois-ci, il soutient son regard, semblant surprit par ces dires.

–Monsieur Callego t’en a peut-être parlé. Ma magie me permet de ressentir les émotions des autres. Plus elles sont fortes, plus il met facile de le faire, mais ce n’est pas automatique.

Il dévie de nouveau les yeux et Kikai ne sait pas comment le prendre. Il l’ignore où il a peur de lui répondre ?

–Nous formons un duo, Purson. Ce que nous demande de faire monsieur Callego nous met l’un ou l’autre en échec. Cela ne t’intéresse pas que nous tournions cet exercice à notre avantage ?

Le garçon soulève ces yeux vers elle, l’air intrigué, du moins le suppose-t-elle, parce qu’il reste peu expressif.

–Nous pourrions lui tendre un piège ?

–Permets-moi de poser un doute sur ton idée. Monsieur Callego nous a donné ces directives, comment pourrions-nous l’approcher ? C'est impossible, pas avec notre niveau, mon niveau. Tu ne sais pas te servir de tes pouvoirs. Je ne suis pas un combattant. Je ne fais que disparaître et Callego perçoit ma présence, le duper est impossible. L’exercice qu’il nous a imposé nous est utile à tous les deux. Ta magie peut me détecter si tu t’entraines. La mienne n’est pas continue, je peux forcer sur ma discrétion comme la faire moindre, alors ton idée n’est pas farfelue, c’est ce que je me dis. Mais, berner Monsieur Callego reste inenvisageable, alors je me dis que ce ne serait pas utile de le tenter.

Kikai cligne des yeux en restant bouche bée devant le débit de parole qu’il vient de sortir à une vitesse fulgurante, qu’elle n’en a compris que la moitié.

–Heu pardon ? Tu peux jouer sur l’intensité de ta disparition ?

–Je le peux, mais cela reste hors de porter d’approcher un professeur comme Callego. Il va me voir arriver et même si j’arrive à l’approcher, que faire après, quel est ton idée ? Le piéger, mais comment, quand, pourquoi ?

–Eh, calme-toi le moulin à parole ! Je dis juste que l’on pourrait chercher une façon de prendre cet exercice à notre avantage, mais il est vrai que je n’ai aucun plan pour le coup.

Purson grimace et disparaît alors en secouant négativement la tête. Visiblement, l’idée ne l’emballe pas plus que cela. Au moins elle a pu un peu lui parler et se faire une petite idée de son caractère. Elle s’en va à son tour et part retrouver Sabro et les autres. Le blond lui a gardé son plat. Elle le remercie et s’asseyant.

–Tu es toute seule pour passer l’épreuve ? Lui demande Sabro.

–Non, je fais équipe avec Purson.

–Purson ? Lui revendique en chœur Sabro, Jazz et Lied.

–Vous savez qu’il est dans votre classe depuis le début ? Se redresse Kikai en enfournant sa fourchette.

Les garçons s’échangent un regard. Aucun d’eux ne voit qui c’est.

–Il a pour magie héréditaire de dissimuler sa présence, visiblement, il est doué, rit la dragonne.

–Ça en a tout l’air, je ne vois vraiment pas de qui il s’agit, réfléchit Sabro.

–C’est Callego qui vous entraine ? Il n’est pas trop dur ? Demande Jazz.

–Bah… Je ne sais pas si tenter d’attraper un courant d’air, c’est facile ? Plaisante Kikai.

–Un courant d’air ? S’étonne Lied.

–Façon de parler, Lied. Je suis censé trouver Purson et lui faire en sorte que je n’y parvienne pas.

–Et que vous réserve Callego si l’un de vous deux échouent ? Demande Jazz.

–Aucune idée. J’aurais aimé qu’il m’aide à maitriser la forme offensive de ma magie plutôt, fait la moue la jeune.

–La forme offensive ? Continue le brun.

–Tu parles de tes écailles ? Intervient Sabro.

–J’ai plus ou moins réussi à m’en servir, explique la dragonne.

–Et cela donne quoi ? En est curieux le blond.

–Je matérialise mes émotions sous forme de dragon, les écailles que tu as vues à Walter Park, c’était l’amorce, le regarde, la violette.

–Tu peux créer un vrai dragon ? Ne comprends pas Lied.

–Non, c’est plutôt comme un fantôme, continue Kai.

–Mais… Les Bahamut. Leur pouvoir héréditaire, ce n’est pas de se transformer en dragon justement ? Remarque Jazz.

La violette grimace tout en baissant la tête.

–Mon père est un Bahamut, pas ma mère, murmure-t-elle presque.

–Pourquoi tu en as l’air gênée ? Demande Sabro.

–Je n’en suis pas gênée. Callego m’a dit que mon pouvoir héréditaire était sans doute une forme chimérique de celle de mes parents, explique Kai.

–Il n’y a pas un membre de ta famille qui peut t’aider ? Demande Jazz.

–Ma mère et mon père vivaient reclus, nous ne comptions que sur nous-même, ajoute Kai à voix basse.

Sabro dévisage Kikai glissant la main dans son dos en guise de réconfort, ce qui fait rougir Kikai. Jazz et Lied les dévisagent alors que Sabro vient de rapprocher la dragonne de lui.

–Vous semblez franchement proche, les taquines le brun.

–Pour peu ! Nous sommes ensemble, ricane Sabro.

Les trois se figent… Oui, même Kikai.

–Cela ne te gêne pas ? Lui demande Sabro.

–Je ne m’attendais pas à ce que tu le déclares ainsi, mais non, ri Kikai.

–Depuis quand ? Demande Lied qui vient de se pencher sur le banc.

–Une vingtaine de jours, si je ne me trompe pas, se tourne le blond sur la dragonne.

–17 pour être exacte, lui sourit-elle.

–Ah depuis vacances alors ! Vous n’avez pas perdu votre temps, plaisante Jazz.

–Un futur roi se doit d’avoir une reine à ces côtés, souri Sabro fière de ces dires.

–Ne dit pas ce genre de chose à voix haute ! Vire instantanément au rouge vif, Kikai.

Sabro rigole en la serrant contre lui, joueur, sous le regard amusé des deux autres. Ils reviennent en cours, celui d’astronomie.

La classe est sombre, peut-être qu’Alizée restera visible ? Kikai s’assoit à côté de Sabro. Picero et Gaap juste à sa droite. Purson est à la gauche de Kikai écarté d’une place. Devant eux, il y a Lied, Kamui, Elisabeth et Kerori et encore devant, Alice, Iruma, Clara, Jazz et Allocer. Ainsi que d’autres premières qui ont leurs cours en communs.

Kikai donne un petit coup de coude discret à Sabro pour lui dire que Purson, c’est le mec à sa gauche. Sabro relève les yeux vers le démon. Mais, depuis quand il est là lui ? Celui-ci se retourne sur eux, sentant leurs regards peser, disparaît.

–Ah ouais, je vois ce que tu veux dire, chuchote Sabro.

Kikai lui sourit et observe mine de rien le démon durant le cours. Il réapparait à un moment et, dès qu’il la regarde, elle lui fait un petit signe de la main. Ce qui le fait repartir de nouveau. Elle ne devrait pas s’en amuser, mais il lui semble qu’il revient plus vite et mets un peu plus de temps à disparaître. La dragonne pouffe, mine de rien, Sabro se baissant sur elle.

–Tu as fini de narguer ce pauvre gars, ricane ce dernier à voix basse.

Les regards montent sur eux. Oups. Le prof n’en fait aucune remarque. Kikai vient de répondre à la question qu’il posait, du coup, il continue son explication.

La fin du cours approche, elle regarde une nouvelle fois vers Purson qui n’est de nouveau plus apparent. Merde, il anticipe pour qu’elle ne le coince pas cette fois-ci. De ce fait, elle accompagne Alice et Sabro jusqu’à la salle dans laquelle les entrainent Shichiro.

–Kikai, tu ne vas pas près de Callego ? S’étonne Alice.

–Il m’a déjà confié une mission. Je vous accompagne et je repars attraper mon courant d’air, lui explique-t-elle.

–Attraper un courant d’air ? Cligne des yeux le rose.

–J’aurais préféré être avec vous pour améliorer mon corps à corps, soupire Kikai.

–Monsieur Balam est doué au corps à corps, mais je ne pense pas qu’il soit le mieux placé pour t’aider, se penche Alice vers elle.

–Pourquoi, tu la penses faible ? S’énerve presque Sabro.

–Je n’ai pas dit ça ! Il lui faudrait plutôt une personne comme Opéra. Pourquoi ne pas demander à maître Iruma ? Propose Alice.

–C’est vrai qu’Opéra a une technique semblable à la mienne. Je devrais d’abord en parler à Callego, avance Kai.

Ils sont arrivés à la salle. Shichiro les y attend et se redresse à leurs arrivées, plutôt surprit de voir Kikai avec les garçons.

–Kai, tu n’es pas avec Callego ?

–Si, je vais y aller, amusez-vous bien les garçons, les salue-t-elle.

Kikai s’apprête à tourner les talons, cependant Sabro la rattrape pour l’embrasser un peu abruptement. Kikai a de nouveau changé de couleur, elle tourne les yeux sur Shichiro qui a un sourcil levé et Alice qui est bouche-bée. Elle s’en va d’un pas rapide et s’éclipser de leurs vues.

Sabro la regarde partir, inspire un bon coup et revient vers Alice et Shichiro, dont il vient à croiser le regard. Shichiro le fixe et Sabro déglutit. Il tente de faire semblant de rien. Avec l’entrainement, ils ne se voient qu’à l’école. Il voulait être discret au début, pour une question de savoir vivre plus qu’autre chose, mais bon, la classe finira par le remarquer…

Le blanc se retourne et se dirige vers la salle d’entrainement. Le démon s’inquiète tout de même pour la demi-sang et cette part humaine qu’elle devra sans doute révéler à Sabro à un moment. Court-elle un danger avec lui, s’il apprend ? Il devrait en parler avec le démon. Et, lui dire d’apprendre à se tenir avec sa fille, quand il est devant sa personne !